Remplacez l'employée
d'une banque qui vient de dérober la modique somme de quarante-mille
dollars par une jeune étudiante passionnée de sciences occultes. Un
motel planté au bord d'une route par l'hôtel d'une petite
communauté rurale plongée dans une brume permanente. Un complexe
œdipien par une malédiction jetée sur tout un village par une
sorcière voilà plus de trois-cent ans. Un meurtre par un sacrifice
et l'enquête d'une sœur par celle d'un frère et vous obtenez une
étrange alternative surnaturelle du chef-d’œuvre réalisé par le
britannique Alfred Hitchcock la même année en 1960, (Psychose).
C'en est même parfois troublant. À tel point que l'on se demande si
certains des aspects du long-métrage n'ont pas fuité durant son
tournage tant The City of the Dead
de John Llewellyn Moxey paraît être construit de la même manière
tout en abordant un sujet radicalement différent. Exit Norman Bates
qui ici est remplacé par Elizabeth Selwyn, une sorcière qui en 1692
fut brûlée sur le bûcher pour sorcellerie mais qui eut le temps de
jeter un sort sur tous les habitants de Whitewood. Là où va
justement se rendre l'étudiante Nan Barlow (l'actrice Venetia
Stevenson) qui pour son mémoire et sur les conseils du professeur
Alan Driscoll (Christopher Lee) se rend dans cette étrange petite
ville afin d'y faire des recherches sur les sciences occultes pour
son mémoire. Très vite accueillie par des habitants au comportement
fort étrange, la jeune femme s'installe à l'hôtel le soir de la
chandeleur, date qui coïncide avec un événement auquel les
habitants de Whitewood
sont contraints de participer depuis qu'une sorcière les maudit plus
de trois-cent ans auparavant...
Dans
un noir et blanc brumeux, au cœur d'un village ancestral où de
vieilles demeures centenaires tiennent encore sur leurs fondations,
John
Llewellyn Moxey réalise une œuvre relativement curieuse qui comme
Psychose
déploie son intrigue à travers différents étapes similaires au
long-métrage d'Alfred Hitchcock. Un mimétisme qui se retrouve même
jusque dans le plan final comme pourront le constater les
spectateurs. Nous sommes pourtant bien loin des qualités de l’œuvre
du célèbre réalisateur britannique. Sorti quelques mois seulement
après Psychose,
The City of the Dead
(qu'il ne faut surtout pas confondre avec l’œuvre du réalisateur
italien Lucio Fulci, Frayeurs,
et dont le titre en anglais est City of the
Living Dead)
n'en est qu'une pâle figure sabbatique qui pourtant, mérite un
certain intérêt de la part des amateurs d'horreur, d'épouvante, de
fantastique en général et d’œuvres portées sur la sorcellerie
en particulier. Entre un cimetière aux crucifix bancals duquel sort
une brume permanente, la gérante d'un hôtel (l'actrice Patricia
Jessel dans un double rôle) dont la ressemblance avec une sorcière
brûlée voilà trois-cent ans n'est pas anodine, l'ombre d'habitants
reflétée par les phares des voitures, un étrange auto-stoppeur qui
disparaît aussi subitement qu'il est apparu, des cérémonies
sacrificielles, un révérend aveugle (interprété par l'acteur
Norman Macowan qui renvoie ici directement vers le gardien
d'angoissant La sentinelle des maudits
de Michael Winner, sorti sur les écrans en 1977) et quelques autres
petits détails fort alléchants, The City of the
Dead
possède autant de qualités qu'il a de défauts. Visuellement, cela
va du pire au meilleur, et l'on ne retiendra que les jeux de lumières
et d'ombres parfois saisissants plutôt que l'indigence d'un noir et
blanc dont les contrastes sont insuffisamment prononcés...
L'acteur
britannique Christopher Lee incarne donc l'un de ses innombrables
personnages au cinéma. Ici, un professeur d'histoire versé dans les
sciences-occultes. Visage émacié, silhouette menaçante, le célèbre
vampire du Cauchemar de Dracula
n'est pas très loin mais l'acteur n'usera pas ici de ses prothèses
pour saigner ses proies. Dans le cas présent, il est moins question
de vierges victimes d'exsanguination que de jeunes proies livrées à
des rite sacrificiels devant permettre à tout un village de survivre
au delà de la mort. Pas de vampirisme, ou alors sous une forme
inédite, mais plutôt un récit surnaturel tournant notamment autour
de la vie éternelle. Visages hystériques et grimaçant filmés en
gros plans et lumière rase afin d'accentuer les traits. Ambiance
lugubre. Sourires inquiétants. Hurlements. Curées. John Llewellyn
Moxey sait s'y prendre pour nous filer certains frissons comme il le
prouve à certaines occasions tout comme d'autres séquences peuvent
laisser dubitatif. Quelques passages font en effet regretter que la
totalité de The City of the Dead
ne parvienne pas à maintenir un niveau de qualité constant. Le
film se verra donc comme une curiosité et pour ses quelques
fulgurances visuelles plus que pour son récit écrit par George
Baxt d'après un scénario de Milton Subotsky...
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