Après toute une série
de courts films et de moyens-métrages tournés entre 1975 et 1981,
le réalisateur, scénariste et producteur néerlandais Dick Maas
réalisait en 1983 son tout premier long-métrage, De Lift.
Soit, L'Ascenseur,
petit film d'horreur au budget de trois-cent cinquante mille dollars
seulement, ce qui ne l'empêcha cependant pas de remporter le Veau
d'or du meilleur réalisateur au festival du film d'Utrecht l'année
de sa sortie dans son pays d'origine ainsi que le grand prix du
mythique festival international du film fantastique d'Avoriaz l'année
suivante. Bénéficiant donc de moyens financiers plutôt restreints,
c'est sur l'imagination du cinéaste lors des différentes séquences
horrifiques que L'Ascenseur
repose mais également sur l'humour noir dans lequel baigne son
premier long-métrage. Tourné dans la capitale des Pays-Bas
Amsterdam, le film se déroule en grande partie dans une tour immense
où le mécanisme de ses ascenseurs a tendance à réagir de manière
autonome. C'est lors d'une enquête menée par le réparateur
d'ascenseur Felix Adelaar de la société Deta
Liften
et de la journaliste Mieke de Beer qui travaille pour le De
Nieuwe Revu
qu'ils vont mettre à jour la terrible vérité...
Le
microprocesseur faisant fonctionner les ascenseurs aurait en effet
été conçu en partie avec des éléments organiques. Ce qui
explique donc le fait qu'il soit mu d'une vie propre alors que
plusieurs indices laissent d'abord le spectateur supposer que
l'ascenseur puisse être possédé par un démon. L’œuvre de Dick
Maas est de ces longs-métrages qui firent beaucoup parler d'eux dans
la presse spécialisée à l'époque de leur sortie. Il faut dire
qu'aidé par son prix au festival d'Avoriaz y a beaucoup contribué.
Mais si d'aventure l'on évoque aujourd'hui ce qui à l'origine
aurait pu n'être qu'une énième petite production horrifique, c'est
sans doute parce que Dick Maas a su tout comme le réalisateur suisse
Carl Schenkel avec l'excellent Abwärts
un an plus tard exploiter l'une des peurs parfois irraisonnées de
l'homme : se retrouver enfermé durant des heures dans un
ascenseur tombé en panne. Jusqu'ici, rien d'extraordinaire. Cela
arrive tous les jours mais n'est dû qu'à un dysfonctionnement tout
à fait naturel. Mais pour expliquer le comportement étrange de son
triple ascenseur, le réalisateur Dick Maas évoque un mécanisme
relevant du fantastique. Face à cette... ''entité'' hybride,
mélange de matières organiques et de circuits imprimés, l'acteur
Huub Stapel qui jusque là n'avait interprété que peu de rôles au
cinéma et à la télévision néerlandaise interprète dans
L'Ascenseur le
rôle du réparateur Felix Adelaar.
La
journaliste Mieke de Beer est quant à elle interprétée par
l'actrice Willeke van Ammelrooy. Si l'on ne reverra pas celle-ci chez
Dick Maas, on retrouvera par contre Huub Stapel dans plusieurs
longs-métrages du réalisateur néerlandais dont l'autre excellent
film d'horreur qu'il réalisa cinq ans plus tard en 1988 sous le
titre malicieux de Amsterdamned.
Mais pour l'instant, l'enquête qui est confiée à son personnage de
réparateur d'ascenseur est face à un cas particulièrement
difficile à aborder. D'abord parce que le réalisateur ne fait pas
qu'évoquer la confrontation entre son personnage principal et un
ascenseur retors mais parce qu'il décrit également les rapports
qu'il entretient avec son épouse qui finit par se demander s'il
n'entretiendrait pas une relation avec la journaliste qui mène
l'enquête à ses côtés. Si le déroulement des événements
s'avère relativement classique, L'Ascenseur
repose également sur une succession de séquences horrifiques
rondement menées.
De
l'intro qui montre deux couples enivrés mourir d'asphyxie alors que
leur ascenseur est tombé en panne, en passant par le vieil aveugle
qui chute d'une très grande hauteur sans s'être rendu compte à
l'ouverture des portes de l'ascenseur que celui-ci était absent,
jusqu'à la petite fille que l'on redoute d'être la prochaine
victime d'un mécanisme qui joue avec les nerfs du spectateur. Mais
L'Ascenseur
est surtout l'occasion d'une séquence qui marqua profondément ceux
qui purent y assister à l'époque de sa sortie et qui dénote avec
l'approche relativement cynique qui touche en général la plupart
des scènes. En effet, lorsque l'un des gardiens de la tour se
retrouve la tête coincée entre les portes de l'un des trois
ascenseurs et que celui-ci, placé à l'étage supérieur, descend
peu à peu, on devine l'horrible destin accordé au pauvre homme...
Une scène véritablement traumatisante. En évoquant le thème de
l'ascenseur ''diabolique'', Dick Maas rendait concrète la peur des
ascenseurs. Depuis, son film n'a pas perdu de son intérêt et a
gagné au fil du temps ses galons de petit film culte auprès des
amateurs...
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