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samedi 9 mai 2020

De Lift de Dick Maas (1983) - ★★★★★★★★☆☆



Après toute une série de courts films et de moyens-métrages tournés entre 1975 et 1981, le réalisateur, scénariste et producteur néerlandais Dick Maas réalisait en 1983 son tout premier long-métrage, De Lift. Soit, L'Ascenseur, petit film d'horreur au budget de trois-cent cinquante mille dollars seulement, ce qui ne l'empêcha cependant pas de remporter le Veau d'or du meilleur réalisateur au festival du film d'Utrecht l'année de sa sortie dans son pays d'origine ainsi que le grand prix du mythique festival international du film fantastique d'Avoriaz l'année suivante. Bénéficiant donc de moyens financiers plutôt restreints, c'est sur l'imagination du cinéaste lors des différentes séquences horrifiques que L'Ascenseur repose mais également sur l'humour noir dans lequel baigne son premier long-métrage. Tourné dans la capitale des Pays-Bas Amsterdam, le film se déroule en grande partie dans une tour immense où le mécanisme de ses ascenseurs a tendance à réagir de manière autonome. C'est lors d'une enquête menée par le réparateur d'ascenseur Felix Adelaar de la société Deta Liften et de la journaliste Mieke de Beer qui travaille pour le De Nieuwe Revu qu'ils vont mettre à jour la terrible vérité...

Le microprocesseur faisant fonctionner les ascenseurs aurait en effet été conçu en partie avec des éléments organiques. Ce qui explique donc le fait qu'il soit mu d'une vie propre alors que plusieurs indices laissent d'abord le spectateur supposer que l'ascenseur puisse être possédé par un démon. L’œuvre de Dick Maas est de ces longs-métrages qui firent beaucoup parler d'eux dans la presse spécialisée à l'époque de leur sortie. Il faut dire qu'aidé par son prix au festival d'Avoriaz y a beaucoup contribué. Mais si d'aventure l'on évoque aujourd'hui ce qui à l'origine aurait pu n'être qu'une énième petite production horrifique, c'est sans doute parce que Dick Maas a su tout comme le réalisateur suisse Carl Schenkel avec l'excellent Abwärts un an plus tard exploiter l'une des peurs parfois irraisonnées de l'homme : se retrouver enfermé durant des heures dans un ascenseur tombé en panne. Jusqu'ici, rien d'extraordinaire. Cela arrive tous les jours mais n'est dû qu'à un dysfonctionnement tout à fait naturel. Mais pour expliquer le comportement étrange de son triple ascenseur, le réalisateur Dick Maas évoque un mécanisme relevant du fantastique. Face à cette... ''entité'' hybride, mélange de matières organiques et de circuits imprimés, l'acteur Huub Stapel qui jusque là n'avait interprété que peu de rôles au cinéma et à la télévision néerlandaise interprète dans L'Ascenseur le rôle du réparateur Felix Adelaar.

La journaliste Mieke de Beer est quant à elle interprétée par l'actrice Willeke van Ammelrooy. Si l'on ne reverra pas celle-ci chez Dick Maas, on retrouvera par contre Huub Stapel dans plusieurs longs-métrages du réalisateur néerlandais dont l'autre excellent film d'horreur qu'il réalisa cinq ans plus tard en 1988 sous le titre malicieux de Amsterdamned. Mais pour l'instant, l'enquête qui est confiée à son personnage de réparateur d'ascenseur est face à un cas particulièrement difficile à aborder. D'abord parce que le réalisateur ne fait pas qu'évoquer la confrontation entre son personnage principal et un ascenseur retors mais parce qu'il décrit également les rapports qu'il entretient avec son épouse qui finit par se demander s'il n'entretiendrait pas une relation avec la journaliste qui mène l'enquête à ses côtés. Si le déroulement des événements s'avère relativement classique, L'Ascenseur repose également sur une succession de séquences horrifiques rondement menées.

De l'intro qui montre deux couples enivrés mourir d'asphyxie alors que leur ascenseur est tombé en panne, en passant par le vieil aveugle qui chute d'une très grande hauteur sans s'être rendu compte à l'ouverture des portes de l'ascenseur que celui-ci était absent, jusqu'à la petite fille que l'on redoute d'être la prochaine victime d'un mécanisme qui joue avec les nerfs du spectateur. Mais L'Ascenseur est surtout l'occasion d'une séquence qui marqua profondément ceux qui purent y assister à l'époque de sa sortie et qui dénote avec l'approche relativement cynique qui touche en général la plupart des scènes. En effet, lorsque l'un des gardiens de la tour se retrouve la tête coincée entre les portes de l'un des trois ascenseurs et que celui-ci, placé à l'étage supérieur, descend peu à peu, on devine l'horrible destin accordé au pauvre homme... Une scène véritablement traumatisante. En évoquant le thème de l'ascenseur ''diabolique'', Dick Maas rendait concrète la peur des ascenseurs. Depuis, son film n'a pas perdu de son intérêt et a gagné au fil du temps ses galons de petit film culte auprès des amateurs...

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