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mardi 30 juillet 2019

Godzilla de Gareth Edwards (2014) - ★★★★★★★★☆☆



La première fois qu'est projeté sur grand écran celui qui allait devenir la plus célèbre et la plus prolifique des créatures du genre Kaijū Eiga, nous sommes au Japon en 1954, le film s'intitule simplement Godzilla (Gojira) et c'est le réalisateur japonais Ishirô Honda qui le met en scène. L'histoire n'étant qu'une longue répétition, c'est à plus de trente cinq occasions que l'immense créature est apparue à l'écran depuis ses origines. Parfois dans le rôle du gentil défenseur de l'espèce humaine combattant d'autres Kaijū aux proportions elles aussi disproportionnées, et parfois dans celui du méchant, destructeur redoutable de villes entières qu'il parcourt de son imposante stature. Fondamentalement lié à la peur du nucléaire, il fallait bien qu'un jour l'Amérique s'empare du phénomène. Alors que dans les années quatre-vingt le réalisateur Steve Miner est approché afin de lancer le projet d'une adaptation américaine du mythe de Godzilla, il faudra cependant patienter jusqu'en 1998, année durant laquelle sort sur les écrans le médiocre long-métrage du réalisateur Roland ''tâcheron'' Emmerich, Godzilla. Après cette ''erreur de parcours'', les japonais reprendront le pouvoir et réaliseront six longs-métrages mettant en scène leur Kaijū vedette avant que les États-Unis ne reviennent à la charge en 2014 avec le Godzilla de Gareth Edwards. Un auteur qui contrairement à son homologue Emmerich possède une filmographie relativement maigre puisque n'étant constituée jusque là que d'un seul long-métrage (Monsters en 2010).

Le Godzilla de 2014 signe donc le retour des États-Unis sur le devant de la scène du genre Kaijū Eiga et le résultat est au delà de nos espérances. Même si la vision de Gareth Edwards qui de toute évidence et fort logiquement s'adapte aux progrès en matière d'effets-spéciaux (ici, pas d'acteur engoncé dans le costume de la créature mais un Godzilla entièrement créé en images de synthèse), perd ce qui faisait le charme des premiers longs-métrages sortis dans les années cinquante au Japon (le premier Godzilla date de 1954), le cinéaste redéfini à l'aide de ce seul épisode, tout ce que l'on a pu jusque là découvrir en matière de Blockbusters. En égalant, et même, en surpassant certaines des séquences emblématiques du Jurassic Park de Steven Spielberg en matière d'effets-spéciaux et de tension, Gareth Edwards assis sa nouvelle suprématie. 

On pourra toujours juger du faible scénario qui n'est une fois de plus que le combat perpétuel de l'homme contre le nature revêche et des implications du nucléaire et de la cause environnementale sur les désastres à venir, mais l'intérêt de ce Godzilla repose ailleurs et notamment sur le travail effectué sur les effets-spéciaux qui tranchent avec ce que proposent en général les blockbusters. Ici, jamais ils n'explosent de couleur et sont même parfois difficiles à déchiffrer. Gareth Edwards préfère le réalisme et plonge souvent ses créatures dans l'obscurité de la nuit, dans un épais brouillard, ou dans les millions de tonnes de poussière et de gravas que soulèvent les affrontements qui opposent non pas l'homme à l'animal, mais Godzilla à une paire de Muto, deux nouveaux Kaijū créés à l'occasion de ce nouveau Godzilla. Deux créatures immenses et terrifiantes qui plus que celles de son premier Monsters, évoquent d'abord l'effroyable créature du Cloverfield du sensationnel Matt Reeves (Let Me In, War for the Planet of the Apes). Un mâle et une femelle se nourrissant d'éléments radioactifs et cherchant à se réunir afin de procréer.

Cette cuvée 2014 n'échappe pas à l'habituelle caractérisation du héros (Aaron Taylor-Johnson) cherchant à retrouver son épouse et leur enfant, plongés en plein cœur du chaos. Mais là où Gareth Edwards maîtrise totalement la ''bête'', c'est dans sa manière d'aborder chaque segment d'une histoire à tiroirs. Confié à Bob Ducsay, le montage permet au spectateur de ne jamais se perdre entre intrigue principale et sous-intrigue. Même lorsque le calme apparent permet d'accentuer la caractérisation de tel ou tel personnage avant que le prochain événement spectaculaire ne colle le spectateur à son siège, le danger est perceptible. Filmé à hauteur d'homme, Godzilla donne une ampleur encore plus spectaculaire à ses créatures. La somme de séquences de bravoure est telle que le spectateur ne s'est pas encore remis du choc visuel précédent que le film lui assène une nouvelle vague d'effets-spéciaux en plein visage. L'extraordinaire photographie de Seamus McGarvey appuie les choix artistiques de Gareth Edwards. Tableaux vivants de destructions massives et à répétition, combats d'anthologie entre titans charismatiques... 

Gareth Edwards mêle les genre avec une spectaculaire aisance. Entre film catastrophe, Kaijū Eiga, post-apocalyptique, implications écologiques et drame humain, ce Godzilla est un aboutissement dans la grande Histoire du Kaijū Eiga en général et dans celle de Godzilla en particulier. Si les interprètes et leur personnage respectif sont tous d'une facture remarquable (Gareth Edwards nous épargne le patriotisme américain dégoulinant de Roland Emmerich), la star du film est bel et bien l'immense et célèbre dinosaure qui finalement n'apparaîtra que durant un peu moins de dix minutes. Mais à côté de cela, le spectateur aura l'occasion de voyager dans une cité japonaise fantôme et réinvestie par la nature, sur un porte-avion américain, des eaux tourmentées, ou des cités ravagées servant de ring aux trois créatures. Godzilla 2014 est une gifle monumentale et un juste retour aux origines puisque lorsque est né le tout premier Godzilla au Japon, il faut le savoir, c'est une toute autre créature qui servit d'inspiration à ses créateurs : celle du long-métrage américain The Beast from 20,000 Fathoms d'Eugène Lourié qui sortit en 1953, soit un an avant le premier Godzilla de Ishirô Honda...

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