Spécialisée dans
l'horreur, le surnaturel et le thriller, la plateforme de streaming
américaine Shudder propose
souvent du contenu inédit. Et parmi ses dernières acquisitions l'on
peut notamment découvrir l'étrange Fréwaka,
le second long-métrage de la réalisatrice originaire de Dundalk
dans le comté de Louth en Irlande,
Aislinn Clarke. Auteure d'un premier film d'horreur en
forme de Found Footage en 2018 avec The Devil's Doorway,
l'irlandaise prouve une nouvelle fois son intérêt vis à vis de la
religion chrétienne même si de son propre aveu elle n'est pas
religieuse et n'a pas la foi même si elle respecte celle des autres.
Si son premier long-métrage fut pour elle l'occasion d'aborder
l'influence sociétale de l’Église
catholique ainsi que ses pouvoirs institutionnels, Fréwaka
qui lui-même aborde la religion sous une forme en revanche beaucoup
plus archaïque, s'inscrit dans un sous-genre du cinéma d'horreur
connu sous le nom de Folk
Horror.
Un type de cinéma qui convoque en général des traditions païennes
cultivées par des communautés refermées sur elles-mêmes. Des
œuvres qui confrontent ainsi en général un certain atavisme
ancestral au monde moderne. L'un des grands classiques, du moins
celui que tout le monde nomme systématiquement lorsqu'il s'agit
d'évoquer le Folk
Horror
demeure bien évidemment The Wicker Man
que réalisa en 1973 le cinéaste britannique Robin Hardy. Le film
n'est peut-être pas le premier du genre mais aucun autre que lui ne
soutient mieux la thèse selon laquelle l'horreur et une certaine
idée des rites anciens peuvent parfaitement s'allier et ainsi donner
naissance à une œuvre authentiquement culte ! Depuis, beaucoup s'y
sont essayé. Avec plus ou moins de bonheur. Et parmi ceux-ci, nous
citerons par exemple les excellents Black Death
de Christopher Smith en 2010, Le bon apôtre de
Gareth Evans en 2018 ou encore le stupéfiant Midsommar
d'Ari Aster l'année suivante... Fréwaka
est donc la dernière ''engeance'' d'un sous-genre riche de
chefs-d’œuvre mais ne rejoint malheureusement toutefois pas la
liste de ces quelques trop rares exceptions. Notamment soutenu
par Screen
Ireland,
TG4
et Cine4,
le second long-métrage d'Aislinn Clarke a semble-t-il bénéficié
d'un petit budget ne lui permettant pas de déployer au delà de ses
maigres moyens un sujet pourtant fort passionnant. Car au delà des
traditions qui persévèrent au sein d'un village isolé et situé en
Irlande, la cinéaste s'intéresse aussi et surtout à l'histoire
personnelle de son héroïne prénommée Shoo....
Personnage
féminin incarné par l'actrice originaire de Dublin Clare Monnelly,
celle-ci est accompagnée durant toute l'aventure par Peig
qu'interprète de son côté Bríd Ní Neachtain, née à Rosmuc dans
le comté de Galway, situé lui aussi en Irlande. L'occasion pour
Aislinn Clarke de faire interpréter les deux rôles principaux ainsi
que les personnages secondaires en langue gaélique ! Avec
Fréwaka,
la réalisatrice et scénariste opère un méticuleux travail de
mémoire collective. Prenant ainsi des formes diverses dont la plus
obscure et ancestrale représentation sera dévoilée en fin de récit
lors d'un festival qu'Aislinn Clarke n'aura malheureusement pas eu le
temps, le goût, l'envie ou les moyens financiers et techniques de
traiter à sa juste valeur. Et c'est bien dommage puisque les
quelques sorties extérieures de Shoo permettent de découvrir des
autochtones au comportement parfois étrange. De cet exotisme qui
justement fait toute la différence avec le monde civilisé tel qu'on
le connaît dans les grandes villes. Un vent froid s'abat alors sur
le récit sans que pour l'instant rien de vraiment surnaturel ne
s'invite au sein de la relation entre Peig, cette vieille femme
légèrement impotente et prétendument sénile et Shoo, c'est jeune
aide à domicile dont la mère s'est récemment suicidée... Fréwaka
se déroule en majorité à l'intérieur de la demeure de Peig.
Personnage qui aura ouvert le récit en disparaissant durant des
années le jour même de son propre mariage. Si Aislinn Clarke
réunit ces deux personnages féminins, c'est pour une raison bien
précise qui évidemment nous sera dévoilée en toute fin de récit.
Si le long-métrage n'est pas foncièrement mauvais, il lui manque en
revanche une donnée fondamentale : la peur. En effet, même si
Aislinn Clarke tente certaines choses, chaque tentative est
malheureusement vouée à l'échec. Pour une raison d'ailleurs
difficile à définir puisque les actrices sont plutôt convaincantes
et que la mise en scène est typique de ce que l'on a l'habitude de
voir depuis au moins deux décennies en matière d'horreur et
d'épouvante.......... Tiens ! La voici donc sûrement, la
véritable raison : cette répétitivité qui à force de
redondance ne parvient plus à générer le moindre frisson chez le
spectateur. Visible désormais sur Arte,
Fréwaka
est au final un sympathique petit film qui se regarde sans déplaisir
mais qui risque cependant de terminer son existence dans les tréfonds
de l'oubli...
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