Suite des courts-métrages
mettant en scène l'actrice espagnole Macarena Gómez. Et là, on ne
plaisante plus. On entre dans le dur. Dans le désespoir le plus
absolu. Dans l'horreur la plus abjecte. Dans le fait-divers le plus
cru et le plus nihiliste. Bref, je vous ai gardé le meilleur pour la
fin. Si vous pensiez avoir vécu le pire avec Contracuerpo,
il ne fut qu'une mise en bouche afin de vous préparer à
l'expérience Merry
Little Christmas
de Manuel Marin et Ignacio Martin Lerma. Unique contribution des deux
hommes à l'anthologie The
Horror Network Vol.1
en 2015, leur court-métrage date en réalité de 2011. Le public est
d'emblée averti. Surtout les spectatrices qui après avoir assisté
à ce terrible spectacle de vingt minutes risquent désormais de voir
leurs proches de sexe masculin d'un autre œil. Si le sujet central
de Merry
Little Christmas est
lié à un traumatisme remontant à l'enfance de sa jeune héroïne
qu'interprète donc Macarena Gómez, ça n'est pas tant le
développement de ce concept qui vous percute mais bien la vision
brute de l'horreur dont elle fut une spectatrice involontaire. Un
acte d'une barbarie sans nom qui la marquera à vie. Tandis que son
frère de cœur Miguel (l'acteur Jan Cornet) tente de la soulager des
mauvais démons qui lui pourrissent l'existence, Cristina ne peut
s'empêcher d'évoquer ce qu'elle n'avait pas été censée voir
alors qu'elle n'était qu'une toute jeune enfant. Tandis que le jeune
homme tente de la rassurer, dans la salle de bain, la mère de
Cristina se plonge dans une baignoire vide pour s'y scarifier. Le
visage balafré, l'on devine d'où viennent ces affreuses cicatrices
qu'elle porte sur tout le corps lorsque les deux réalisateurs nous
replongent dans le passé traumatique de Lola et de sa fille... Et
là, mes amis, vous n'êtes probablement pas prêts à subir cette
violence conjugale dont on se doute bien qu'elle existe mais que
Manuel Marin et Ignacio Martin Lerma nous assènent lors d'un acte
sans doute aussi puissant que la séquence de viol du Irréversible
de Gaspar Noé. On serait même tenté de dire qu'aussi marquante fut
la scène où Alex (Monica Bellucci) était violée par le Ténia (Jo
Prestia), la jeune femme avait encore eu la ''chance'' de ne subir
''que'' des violences d'ordre sexuel ! Car dans le cas de Merry
Little Christmas,
le viol perpétré par le père de Cristina sur sa mère n'est que le
point d'orgue d'une violence qui se poursuit aujourd'hui à travers
les stigmates que porte sur elle la pauvre Lola ! Les deux cinéastes
en rajoutent alors pour finir, une couche supplémentaire lors d'un
acte théoriquement anodin (un coup de téléphone) mais qui dans le
cas des deux héroïnes sera le point de non retour. Bref, un choc !
Probablement
plus léger, La
Hora del Baño d'Eduardo
Casanova est typique de cet univers qu'il déploie maintenant depuis
un certain nombre d'années. Une vision rose-bonbon qui perdure dans
le temps et qui déjà au début de sa carrière de cinéaste
pointait le bout du nez. Un monde presque monochrome. Rose, bleu
pastel, qui ne cache en revanche pas une certaine déviance chez ses
personnages et à commencer par ceux de La
Hora del Baño,
justement. Curieusement, ce court d'une petite vingtaine de minutes
rappelle plus ou moins le Eraserhead
de David Lynch mais dans une version très colorée (le film était
alors filmé en noir et blanc) et où la petite amie du héros ne se
serait pas résolue à abandonner son enfant aux bras de son
compagnon. Ici, Margot (Macarena Gómez, dotée d'une coiffure
totalement exubérante mais qui au fond, lui va à ravir) et Dario
(Gonzalo Kindelán) sont les parents d'une petite fille qui ne cesse
de pleurer. Tandis qu'ils se sont organisés pour s'occuper du bébé,
la tension monte lorsque le père n'assume pas le fait de devoir se
lever pour la calmer. Une échauffourée éclate alors entre Margot
et Dario qui s'invectivent, se disent leurs quatre vérités avant de
se rabibocher et de faire l'amour lors d'une séquence où le
réalisateur espagnol filme en gros plan le coït ! Un acte que
d'aucun pourrait considérer de ''pornographique'' s'il n'entrait pas
dans la logique provocatrice du cinéaste qui filme la scène sans
forcément chercher à exciter son audimat. Bref, avec son univers
''enfantin'', son engueulade et sa réconciliation, La
Hora del Baño
aurait pu se terminer sur une bienheureuse conclusion. D'autant plus
qu'une fois entre les bras de son père, le bébé (Aria Wrana)
finira par cesser de pleurer. C'est alors qu'intervient la toute
dernière séquence, laquelle donne tout son sens au titre qui pour
les non-hispanophones veut dire chez nous L'heure
du bain.
Il ne faudra sans doute qu'un très court laps de temps pour deviner
ce qui va se produire et renvoyer les pires horreurs s'affichant dans
les salles de cinéma au rang de contes pour enfants. Vous êtes
avertis...




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