Trente ans après avoir
réalisé le mythique La Maison aux fenêtres qui rient (La
Casa dalle Finestre che Ridono), le cinéaste italien Pupi
Avati mettait en scène Il Nascondiglio.
Une œuvre qui reste encore inédite en France mais qui n'est pas
loin de rappeler le plus célèbre de ses longs-métrages... Alors
qu'en 1976, le personnage de Stefano (incarné à l'époque par
l'acteur Lino Capolicchio) était convié à se rendre dans la
province de Ferrare afin de restaurer la fresque d'une église
locale, en 2007, Francesca Sainati part s'installer à Davenport aux
États-Unis afin d'y établir un restaurant italien dans un ancien
établissement religieux où fut commis un triple homicide. Mais
alors que la jeune femme a passé les quinze dernières années dans
un hôpital psychiatrique après le suicide de son mari, en pénétrant
l'établissement en question, du nom de Snakes
Hall,
il lui paraît entendre des voix. Francesca mène alors sa propre
enquête bien qu'un certain nombre de personnes semblent vouloir l'en
empêcher... Tandis que la quasi totalité du film a été tournée
aux États-Unis, les scènes d'intérieurs se situant dans la demeure
où eurent lieu les meurtres ont été reconstitués dans les
célèbres Studios
Cinecittà
de télévision et de cinéma situés à Rome, en Italie. Œuvre
d'origine américano-italienne, Il Nascondiglio
mêle en outre giallo et épouvante. Mais du premier, elle en retient
moins cette habitude de ponctuer le récit de meurtres perpétrés
par un inconnu souvent et entièrement vêtu de noir. Et si trois
meurtres ont bien été commis et qu'un quatrième échappe à l'une
des rares protagonistes à vouloir aider notre héroïne, l'un des
aspects propres au giallo est effectivement présent lors du récit.
Ce retour à un passé trouble qui dans le cas de Il
Nascondiglio
est démultiplié puisque Francesca va elle-même devoir se
confronter à son propre passé... La capacité de Pupi Avati à
maintenir suspens et frissons est ici demeurée intact même si
depuis il s'est penché sur d'autres courants du septième art. Il
Nascondiglio
reste d'ailleurs ancré dans le cinéma de genre des années
soixante-dix et quatre-vingt pendant que certains de ses compatriotes
ont amené le genre vers des rivages beaucoup plus contemporains. Aux
côtés du scénariste Francesco Marcucci avec lequel il a écrit le
script, Pupi Avati aborde la folie, la religion et ce silence qui
entoure parfois certains faits-divers touchant des membres
''prestigieux'' de la communauté...
Le
longs-métrages semble en outre être imprégné par la vague de film
de fantômes japonais qui alors et depuis quelques années
maintenant, ont submergé le cinéma d'horreur et d'épouvante
mondial jusqu'à pousser certains réalisateurs du monde entier à
copier la J-Horror
dans des remakes ou des reboots parfois fadasses signés à
l'occasion par les auteurs originaux eux-mêmes. Sans jamais
retrouver véritablement l'inconfort de La Maison
aux fenêtres qui rient,
Pupi Avati parvient malgré tout à signer une œuvre qui emprunte
autant aux genres évoqués plus haut qu'au film policier même si
dans le cas présent, l'héroïne est l'une des anciennes
pensionnaires d'un hôpital psychiatrique. Une œuvre débordante de
féminité car si même l'intervention d'un homme d’église semble
prouver que la corruption ne touche pas systématiquement que la
gente masculine, seules deux autres femmes viendront en aide à
Francesca. Véritable personnage à part entière, la fouille du
Snakes Hall
promet quelques séquences plus ou moins oppressantes. Comme cet
ascenseur qui mène à des étages ''interdits'' de l'établissement.
Ou ces vieilles tapisseries qui cachent des panneaux de ventilation.
Pupi Avati emploie de nouveau le concept de pièces cachées comme il
le fit notamment avec La Maison aux fenêtres qui
rient
lors d'une séquence qui à l'époque marqua assurément les
spectateurs et s'emploie à transformer le concept des fantômes en
une réalité encore plus saisissante. Côté casting, le film est
réellement surprenant. Aux côtés de la sublime actrice italienne
Laura Morante l'on retrouve notamment ses compatriotes Yvonne Sciò
dans le rôle d'Ella Murray) et Giovanni Lombardo Radice (Frayeurs
de Lucio Fulci, Cannibal Ferox
d'Umberto Lenzi, Bloody Bird
de Michele Soavi) dans celui de Vincent Natali, l'anglaise Rita
Thushingham dans la peau de la mythomane Paula Hardyn ainsi que les
américains Burt Young (la saga Rocky,
Amityville 2 : le possédé
de Damiano Damiani) et Treat Williams (Hair
de Milos Forman, Flic ou Zombie
de Mark Goldblatt) dans celles, respectives, de l'agent immobilier
Muller et du Père Amy... Notons enfin la présence au générique du
compositeur italien Riz Ortolani dont les amateurs de films d'horreur
se souviennent très bien puisqu'il fut l'auteur de la bande
originale qu'il composa en 1980 pour le film culte Cannibal
Holocaust de
Ruggero Deodato...
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