Au départ de cette
onzième aventure mettant en scène le valeureux et héroïque rônin
aveugle Zatôichi, ce défenseur de la veuve, de l'orphelin ou de
toute victime innocente rencontrée sur son chemin est en très
mauvaise posture. Zatôichi Sakate-Giri
ou La Légende de Zatoïchi : Le Maudit
marque tout d'abord le retour du réalisateur japonais Kazuo Mori qui
avait signé en 1962 le second volet de la franchise intitulé Zoku
Zatōichi Monogatari
(La Légende de Zatoïchi : Le Secret)
et qui en 1972 réalisera le vingt-troisième opus du nom de Zatōichi
Goyō-Tabi
(La Légende de Zatoïchi : Voyage à Shiobara).
Lorsque les nouvelles péripéties de l'excellent sabreur toujours
incarnées à l'écran par l'emblématique Shintaro Katsu débutent,
notre homme est à genoux et subit de très nombreux coups de fouets
après avoir été reconnu coupable pour jeu illégal. Notons que la
séquence, abordée sous cette même forme humoristique qui préserve
parfois la franchise de tout sérieux demeure l'une des plus drôles
que le spectateur puisse imaginer parmi toutes les œuvres qui
précèdent jusqu'à maintenant cette dernière... Zatôichi
présentant presque ainsi, une indifférence à la douleur, plus
préoccupé par les nombres de coups qui lui reste à subir. La
séquence est également l'occasion d'un flash-back lors duquel nous
est présenté un personnage secondaire dont l'existence aura malgré
tout son importance. En effet, lui-même emprisonné pour avoir été
injustement accusé de vol, d'incendie volontaire et du meurtre d'un
villageois, Shimazo (Koichi Mizuhara) demande à son compagnon de
cellule d'avertir à sa sortie de prison son frère de sang Senpachi
Kurouma de Oarai ainsi que le chef du clan Araiso, Jubei (Kenjiro
Ishiyama), situé quant à lui à Choshi afin qu'ils lui viennent en
aide. Mais alors que rien ne le prédispose à aider ce dernier
puisqu'il doute de la véracité de ses propos, Zatôichi va
naturellement être porté vers sa seconde ville de destination après
avoir fait la rencontre de Hyakutaro et celle du porteur d'un
certificat qui doit lui assurer la préservation de son commerce. Un
contrat qui placé entre les mains de Jubei Araiso devrait permettre
à ce dernier de prendre le contrôle d'un territoire. L'on comprend
alors que celui-ci n'est pas l'homme décrit par un Shimazo trahit
par les deux seuls hommes sur lesquels il pensait pouvoir avoir
confiance...
Kazuo
Mori signe pour l'instant avec Zatôichi
Sakate-Giri,
l'un des tout meilleurs épisodes. Bourré d'humour, accompagné de
combats au sabre propres à la saga, avec un Shintarô Katsu toujours
aussi drôle et attachant, le long-métrage, dont le script est dû
au scénariste Shôzaburô Asai qui fut l'auteur de ceux des épisodes
sept (Zatōichi Abare Tako)
et neuf (Zatōichi Sekisho Yaburi)
est effectivement l'une des plus formidables aventures de notre
héros. Un protagoniste qui malgré sa cécité est capable de viser
juste lorsqu'il s'agit de gagner de l'argent dans un concours visant
à atteindre une cible à l'aide d'une flèche de reconnaître un
personnage féminin rien qu'à son odeur (l'actrice japonaise Eiko
Takashiro dans le rôle de la ''prostituée'' Yone). Le récit
introduit en outre le personnage de Monk Hyakutarô qu'incarne à
l'image Kanbi Fujiyama. Ajoutant à ce onzième long-métrage une
petite note façon Buddy
Movie
qui n'est pas pour déplaire. D'autant plus que celui se fait alors
passer pour un moine est un escroc de petite envergure, relativement
peu courageux et qui en usurpant l'identité de notre héros va se
retrouver au centre de savoureux quiproquos (Hyakutarô qui
sous l'identité de Zatoïchi ordonne qu'on lui amène un masseur qui
ne sera autre que Zatoïchi lui-même !!!).
Zatôichi Sakate-Giri,
c'est aussi une photographie et une bande originale absolument
magnifiques. La première est due au directeur de la photographie
Hiroshi Imai, lequel magnifie les côtes japonaises jusqu'à ce final
brumeux et grisâtre sublimé par les décors de Seiichi Ôta. Quant
à la seconde, elle est due au compositeur Seitarô Ômori, auteur de
près de cent-quatre dix bandes-sons durant sa carrière. Ses
compositions emportent littéralement le spectateur lorsque l’œuvre
prend parfois une tournure beaucoup plus grave. Le scénario de
Shôzaburô Asai et Kan Shimozawa choisit de délivrer les
informations au compte-goutte. Et c'est donc au fil du récit qu'on
en apprend davantage sur le positionnement des divers personnages qui
enrichissent tous et à leur manière le récit. Le douzième opus
Zatōichi Jigoku Tabi (La Légende de Zatoïchi :
Voyage en enfer)
arrivera peu de temps après la sortie de celui-ci mais sera cette
fois-ci réalisé par Kenji Misumi qui fut l'auteur du premier, du
huitième et sera plus tard celui du dix-septième, du dix-neuvième
ainsi que du vingt et unième...



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