Ça a tout l'air du bon
gros Body Horror dont la
formule est bien connue des amateurs de cinéma d'horreur et
pourtant, ça n'en conserve la saveur que dans une temporalité
réduite à sa plus simple expression. Disponible sur la plateforme
Netflix depuis le 24
juillet dernier, A Normal Woman
du réalisateur et scénariste indonésien Lucky Kuswandi flirte donc
avec un genre dont le canadien David Cronenberg offrit ses lettres de
noblesse dès le milieu des années soixante-dix avant que son fils
Brandon ne reprenne le flambeau familial en ayant pour le moment
réalisé trois longs-métrages relativement marquants entre 2012 et
2023 avec Antiviral,
Possessor
et Infinity Pool.
D'autres cinéastes se sont eux aussi penchés sur cette très
épidermique facette du cinéma d'épouvante qui parfois laisse sur
le carreau celles et ceux qui sont atteint d'hypocondrie. Qu'ils se
rassurent, ça n'est certainement pas A Normal
Woman
qui causera chez eux vomissements, troubles respiratoires, éruptions
cutanées ou malaises vagaux ! Car bien que les débuts du récit
laissent à penser que l'héroïne incarnée par l'actrice Marissa
Anita va connaître les affres d'une maladie dont les symptômes
seront visuellement de plus en plus impressionnants, l'évolution de
l'affection en question sera finalement beaucoup moins intimidante
aux yeux des névrosés du tout petit bouton ou de la minuscule tâche
qui se déclare chez eux du jour au lendemain que bien d'autres
œuvres qui elles visent très clairement à déclencher chez les
spectateurs, nausées, frissons, hurlements et évanouissements !
À dire vrai, le film de l'indonésien entre davantage dans la
catégorie du drame domestique. Relatant tout d'abord le quotidien
d'une très charmante jeune femme mariée à un homme qui a réussi
dans les affaires. Belle demeure et domestiques au services de leurs
maîtres. La vie rêvée, sans doute, pour une certaine catégorie de
personnes ayant vécu une partie de leur existence dans le besoin.
Mais plus que le confort d'une propriété qui vaut son pesant d'or,
la jeune femme veut pouvoir vivre en tout sérénité la vie de
couple qu'elle partage avec son mari Jonathan (Dion Wiyoko).
Seul
hic : la présence de Liliana Gunawam interprétée par
l'actrice Widyawati. Mère de Jonathan, elle impose systématiquement
son point de vue à une Milla totalement soumise. Une soumission à
laquelle n'échappe d'ailleurs pas le fils de cette vieille femme
infecte dont chaque regard et chaque parole transpire l'inimitié
qu'elle ressent pour sa belle-fille. Au sein de ce trio s'ajoute
Angel (MimaShafa), la fille du couple. ''Influenceuse'' au physique
pas vraiment avenant, l'adolescente va assister à la lente
dégradation physique et mentale de sa mère sans pour autant pouvoir
y faire grand chose. Milla fait en outre des cauchemars où elle
croise une gamine au visage affreusement mutilé. Un rêve récurrent
qui trouve sans doute sa raison dans le passé de la jeune femme. Un
passé dont elle n'a d'ailleurs conservé aucun souvenir. Mais alors
que Milla semble perdre la tête tandis que son mari ne cesse de se
ranger du côté de sa mère, l'arrivée d'une certaine Erica
(Gisella Anastasia) va tout changer... On devine assez rapidement que
A Normal Woman
n'entre pas exclusivement dans le registre du drame mais flirte
également avec le thriller. S'agissant des origines du long-métrage,
Lucky Kuswandi a majoritairement su capter l'esprit de ce genre de
productions que l'on a plutôt l'habitude de découvrir de l'autre
côté de l'Atlantique. Afin d'appuyer la thèse selon laquelle le
cinéaste a tenté de coller au genre tel qu'il nous est généralement
présenté, les dialogues ne sont pas tous exclusivement prononcés
en indonésien puisque une partie d'entre eux sont déclamés en
langue anglaise. D'une durée avoisinant presque les deux heures, le
long-métrage tire un peu trop sur la corde en étirant certaines
séquences tandis que d'autres auraient très bien pu être évitées.
Il y a donc ici quelques exemples de redondance dans le script mais
au final, Lucky Kuswandi parvient à mettre en scène des acteurs
dans une œuvre qui n'a pas vraiment à rougir face à la féroce et
parfois très gore concurrence. Simplement, coincé entre le meilleur
et le pire du genre, A Normal Woman
maintient un certain niveau de qualité plutôt appréciable. Notons
enfin la très belle partition musicale de Abel Huray qui accompagne
le long-métrage...
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