Disponible sur Netflix
depuis le 26 octobre dernier, le
long-métrage polonais Ostatnia Wieczerza de
Bartosz M. Kowalski est un film d'horreur et d'épouvante dont le but
ultime semble être de s'approprier le même type d'atmosphère que
le chef-d’œuvre du français Jean-Jacques Annaud, Le
nom de la rose.
L’œuvre du polonais maintenant habitué depuis quelques années à
produire des longs-métrages directement diffusés sur la célèbre
plate-forme (Nobody Sleeps in the Woods Tonight:
Parties 1 et
II)
exsude un parfum où se mêlent culte satanique, sacrifices,
religion, enquête policière et anthropophagie. Des éléments
réunis dans un contexte sacrément immersif puisque l'intrigue se
déroule tout d'abord en 1957 en Basse-Silésie (partie sud d'une
région historique se partageant entre la Pologne, la république
Tchèque et l'Allemagne) lors d'une tentative échouée de sacrifice
sur un bébé avant de principalement plonger ses protagonistes
trente ans plus tard au cœur d'un monastère on ne peut plus
anxiogène. En partie basé sur l'affaire concernant le prêtre
d'origine polonaise Jerzy Popiełuszko qui passa sa vie à combattre
le régime communiste en Pologne avant d'être assassiné le 6 juin
2010 à Varsovie, Ostatnia Wieczerza (sorti
sur notre territoire sous le titre L'abîme de
l'enfer)
est moins un film politique que le témoignage d'événements
paranormaux se déroulant dans un lieu sacré protégeant des hommes
de foi en robes de bure. Des moines engloutissant une nourriture
infecte (du moins en apparence) dont les origines retourneront sans
doute quelques estomacs. Le rôle principal de Marek est tenu par
l'acteur Piotr Zurawski qui sous ses faux airs d'homme de dieu est en
réalité un policier infiltré entre les murs de l'édifice afin
d'enquêter sur la disparition de huit femmes. Mais entendons nous
bien : celles-ci ne faisant pas partie des membres de cette
curieuse communauté, elles sont toutes considérées comme des
possédées que le prieur Andrzej (Olaf Lubaszenko) et la totalité
des moines se chargent d’exorciser...
Bartosz M. Kowalski charge la mule aussi lourdement que possible et
imprègne son œuvre d'une ambiance crépusculaire permanente. Pas le
genre d'endroit où les jeunes séminaristes aimeraient effectuer
leur stage pastoral avant de devenir prêtres ! C'est glauque,
pesant, délétère, sombre mais finalement, assez peu effrayant
puisque le long-métrage se montre bien trop explicatif (les
personnages passent leur temps à justifier n'importe lequel de leurs
actes) et que l'on devine longtemps à l'avance ce qui va se
produire. D'une manière générale, le film est plutôt bien
interprété et malgré ses dizaines de moines, seule une toute
petite poignée de leurs interprètes bénéficie d'un véritable
rôle. Ostatnia Wieczerza souffre peut-être
malheureusement de la comparaison avec l’œuvre de Jean-Jacques
Annaud tant le polonais semble vouloir s'y raccrocher comme à une
bouée de sauvetage. Car au fond, le produit brut servant de scénario
au long-métrage paraît n'être réduit qu'à une fonction limitée.
De l'enquête policière nous ne retiendront que quelques courtes
séquences d'investigation puisque le subterfuge est très rapidement
révélé. Le film accumule une quantité relativement appréciable
de séquences silencieuses où est invoquée la présence éventuelle
du Mal à travers les habituels gimmicks (les croix, têtes en bas,
étant l'élément le plus significatif) tout en observant une drôle
d'attitude de la part de la congrégation qui à la suite d'un
sacrifice apparemment inopérant semble incapable de poursuivre leurs
macabres desseins. Une note d'humour clairement involontaire qui ne
réchauffera cependant pas l'atmosphère ! Si Ostatnia
Wieczerza est déjà visuellement très chargé en
connotations morbides, la bande-musicale signée de Carl-Johan
Sevedag ne va rien arranger et alourdir davantage le propos. Bref,
Ostatnia Wieczerza satisfera en priorité les amateurs
d'ambiances glauques mais décevra sans doute ceux qui espéraient
découvrir une œuvre véritablement dantesque...
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