Presque dix ans après Ma
Petite Entreprise, le
cinéaste français Pierre Jolivet revenait en 2008 avec un scénario
s'approchant de celui qui opposait à l'époque Vincent Lindon à une
inspection des assurances à la suite d'un incendie ayant ravagé son
entreprise. Cette fois-ci, le scénario de Pierre Jolivet et Simon
Michaël installe son intrigue à une échelle beaucoup plus
importante puisqu'il ne s'agit plus d'évoquer l'histoire d'un
menuisier tentant de sauver sa menuiserie et les employés qui
travaillaient pour lui, mais celle de plusieurs commerces qui
après la pollution d'un lac ont été contraints de fermer boutique.
Faisant clairement référence au film cité précédemment, La
Très Très Grande Entreprise
met cette fois-ci en scène trois victimes de dégâts causés par
une multinationale en agrochimie qui après avoir pourtant gagné
individuellement la somme de 12 000 euros ont décidé de ne pas en
rester là et de découvrir de nouveaux éléments afin d'étayer
l'hypothèse selon laquelle la société Naterris
était au courant des dégâts qu'elle avait causé.
C'est
ainsi donc que Mélanie, Zacharia et Denis décident de monter dans
la capitale, jusqu'au siège de l'entreprise et de s'y infiltrer afin
de mettre la main sur des documents compromettant Naterris.
Même
si Pierre Jolivet ancre son œuvre dans la critique sociale, il est
clairement établit que le film cherche avant tout à distraire le
public plus qu'il ne cherche à révéler le réalisme des thèmes
qu'il aborde. Ne serait-ce qu'à travers l'invraisemblance de
certaines situations. Ou comment accepter le fait que les personnages
que se créent Mélanie, Zacharia et Denis afin d'infiltrer Naterris
aux étages les plus élevés y parviennent aussi facilement.
La Très Très
Grande Entreprise,
c'est l’éternel combat entre la multinationale et les petits
commerces. D'un côté, Naterris,
de l'autre, des patrons de petites structures qui ont le courage de
faire face au lion en employant des méthodes risquées mais
néanmoins efficaces. Au final, le long-métrage de Pierre Jolivet
est aussi réjouissant à visionner que l'était presque dix ans
auparavant Ma Petite Entreprise.
Le scénario déroule une intrigue sensiblement identique sans que la
redite ne soit au final véritablement gênante. Cela étant dû en
grande partie à l'interprétation des quatre principaux
protagonistes puisque outre la charmante Marie Gillain dans le rôle
de Mélanie, le toujours formidable Roschdy Zem dans celui de
Zacharia, et Jean-Paul Rouve dans la peau de Denis, il ne faudrait
surtout pas oublier la présence indispensable d'Adrien Jolivet
incarnant le jovial Kevin, l'acteur, fils du cinéaste, pour lequel
le jeune homme acceptait de jouer pour la seconde fois.
L'un
des atouts majeurs de La Très Très Grande
Entreprise
est pour son auteur d'avoir réussi le pari de réaliser une comédie
débarrassée de tout moralisme démagogique et superflu. S'il possède une réelle
profondeur sociale sous-jacente, la vocation première de l’œuvre
de Pierre Jolivet est de divertir. Et elle y parvient de bout en bout
grâce à un quatuor dont la complicité crève l'écran. Entre
joutes verbales et portraits acides (les vigiles sont de fieffés
abrutis et certains responsables de libidineux exploitants), La
Très Très Grande Entreprise est
un régal qui éveille l'esprit tout en injectant une très forte
dose d'humour. Ou comment révéler certaines inégalités au public
sous la forme d'une farce. Un film, déjà à l'époque, dans l'air
du temps, entre mondialisation et pro-écologisme. Savoureux...




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