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vendredi 18 octobre 2019

Nocturama de Bertrand Bonello (2016) - ★★★★★★★☆☆☆



Étrange expérience que ce Nocturama, avant dernier-long métrage du cinéaste français Bertrand Bonello, qui semble se vouloir autant une réflexion esthétisante d'une opposition entre la République et la jeunesse révoltée de notre pays qu'un hommage contemporain à ¿Quién puede matar a un niño? réalisé par Narciso Ibáñez Serrador en Espagne quarante ans plus tôt. Plutôt que de filmer une jeunesse s'abandonnant au triste sort des banlieues, le cinéaste donne à ses personnages un but illusoire et doré qui débute par des travelling répétés nous présentant une poignée d'individus n'excédant sans doute pas les dix-huit ou dix-neuf ans. Des garçons et des filles de tout âge, de toutes origines, et de tous milieux qui tendent vers un même but. Si l’œuvre de Bertrand Bonello ne s'étend que sur un peu moins de vingt-quatre heures, il étire cependant son premier acte jusqu'au moment même où il précédera le détachement du spectateur le moins patient et donc le plus excédé qui sera libéré de cette accumulation de séquences pourtant bien vivantes et partageant avec nous les longs couloirs du métro parisien lorsque le monde s'éveille pour aller gagne sa vie.

On est d'abord saisi par le regard froid et brut du cinéaste qui filme ses interprètes avec beaucoup d'attention tout en évitant de les caractériser (les dialogues sont rares), ce qui, dans un certain sens nuira à l'éventuelle empathie ressentie lors du tragique final. David, Greg, Yacine, Sabrina, Mika, Sarah et les autres tendent vers un but unique donc. Et même si dans un premier temps ils ne partagent que dans de rares occasions le même plan, on devine assez rapidement qu'à un moment du scénario, tous vont finir par se rejoindre. On assiste alors à un drôle de manège dont chaque séquence aurait pu donner lieu à de superbes plans-séquences, mais que le découpage nous refuse. Tant pis, puisque de toute manière, le montage se révèle très bien construit. Vient ensuite le second acte suivant une série d'actes criminels commis par le groupe lors duquel ces derniers se réunissent dans un centre commercial de luxe en pleine capitale. Si on en apprend davantage sur certains personnages à travers quelques timides échanges verbaux accompagnés de gestes, cette facette de Nocturama s'avère assez pesante et ne repose sur rien de véritablement concret.

Quel est donc le but de ces adolescents ? Pourquoi avoir commis les actes terroristes désormais diffusés en boucle sur les chaînes de télévision ? Et sont-ils conscients des enjeux de leurs agissements ? Bien que cela ne soit pas immédiatement évident, Nocturama est nimbé d'un perpétuel climat de noirceur dans lequel l'absence d'explications et surtout, le comportement d'adolescents qui davantage que de s'amuser de la situation (celle d'être enfermés dans un centre commercial rempli de victuailles et d'objets de divertissement) agissent comme des individus majoritairement dénués d'émotions, constituent l'essentiel du malaise que l'on pourra ressentir tout au long de la projection. Un sentiment d'oppression qui culmine avec l'horreur absolue d'un dernier acte dérangeant qui rétrospectivement, lorsque l'on repense à l'absence de caractérisation des personnages, est finalement beaucoup moins sinistre qu'il aurait pu l'être même s'il demeure assez épouvantable dans son traitement. Froid et pessimiste, Nocturama s'avère une très bonne expérience cinématographique même si elle s'avère un peu longue à certains endroits (le film dure cent-trente minutes).On notera la présence de l'acteur Luis Rego en ''guest''.

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