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dimanche 22 juillet 2018

Unsane de Steven Soderbergh (2018) - ★★★★★★★☆☆☆



Et bien voilà. Nous en sommes arrivés là. Plus besoin d'aucune espèce de caméra, plus ou moins lourde, plus ou moins performante et professionnelle puisqu'un simple cellulaire suffit désormais pour tourner un long-métrage. Un outils bien dans l'air du temps, rendant assujettis ses propres utilisateurs dans ce que l'on pourrait comparer à une forme d'esclavage numérique moderne. Après l'utilisation de l'ordinateur comme unique outil de filmage en 2014 avec le film de Levan Gabriadze, Unfriended, le scénariste, producteur et réalisateur américain Steven Soderbergh pousse les limites du concept dans ses derniers retranchements en filmant son dernier-né à l'aide d'un Iphone 7 Plus. De quoi inspirer des carrières de cinéastes à nombre d'utilisateurs n'ayant aucun talent en matière de mise en scène. Ce devait être fort logiquement l'auteur de Sex, Lies, and Videotape qui devait s'attaquer à la chose, remplaçant ainsi ses vieilles cassettes vidéo par un outil autrement plus commode à utiliser.
Le contexte du dernier long-métrage de Steven Soderbergh, s'il est lui aussi commun à cette nouvelle forme de communication qui rend un peu plus chaque jour nos concitoyens paranoïaques à force de vivre reclus derrière leur ordinateur ou leur téléphone mobile, rappellera sans doute aux fans de Clint Eastwood ou de son héroïne d'alors, l'un des passages les plus marquants de The Changeling, réalisé par le premier et admirablement interprété par Angelina Jolie, lors duquel le personnage qu'elle incarnait est enfermé contre son grès dans un hôpital psychiatrique.

Steven Soderbergh traite ici d'un sujet délicat qui concerne des milliers d'enfants, d'adultes et d'adolescents aux États-Unis, lesquels sont abusivement enfermés dans des instituts psychiatriques alors même que cela ne s'avère pas nécessaire. Principalement interprété par l'actrice britannique Claire Foy dont la filmographie ne se résume jusqu'ici qu'à un peu moins d'une dizaine de longs-métrages, Insane (chez nous le film a été retitré Paranoïa) évoque différents points de vue quant à l'éventuelle réalité des faits qui sont 'reprochés' à l'héroïne.

L'intrigue tourne autour de Sawyer Valentini, nouvelle employée dans un agence qui après avoir été harcelée par un individu s'est vue contrainte de quitter sa ville natale pour la Caroline du Nord. Victime de névroses, elle se rend un jour au Highland Creek Behavioral afin de partager avec un spécialiste ses angoisses et ainsi en être soulagée. Après l'entretien, Sawyer accepte de signer un document sans l'avoir consulté au préalable. Sans le savoir, la jeune femme vient de donner son accord pour être enfermée et étudiée durant vingt-quatre heure dans l'institut. Mais les choses vont très mal se passer pour Sawyer qui au contact d'hommes et de femmes, eux, réellement atteints de troubles comportementaux, va se révéler violente, rallongeant ainsi son passage entre les murs du Highland Creek Behavioral puisque son séjour est rallongé d'une semaine...

L'expérience est rude. Aussi forte que fut celle de The Changeling sauf qu'ici, le cauchemar s'éternise. Les difficultés qu'éprouve l'héroïne dans sa tentative de fuir sa nouvelle condition est plutôt bien menée par un Steven Soderbergh qui réalise un long-métrage propre, et finalement assez réaliste. Il oppose à l'enfermement de Sawyer l'hypothèse que ses ennuis avec son harceleur ne font peut-être pas totalement partie du passé. Le cinéaste n'attend pas la moitié du long-métrage pour nous éclairer sur ce point et cela se révèle plutôt dommageable, l'effet de suspicion tournant autour d'un employé du service de nuit du Highland Creek Behavioral s'en trouvant nettement réduit pour ne pas dire totalement anéanti.

On se dit alors que pour sabrer un tel suspens, Steven Soderbergh doit avoir de la suite dans les idées. Outre l'évidente critique annoncée dès le début et faisant (volontairement ou pas) écho à l'enquête que mena la députée américaine Patricia Schroeder en 1992 sur certaines pratiques dans les hôpitaux psychiatriques, il faut reconnaître tout son charme au style parfois épuré de Steven Soderbergh. Lors du flash-back évoquant le harcèlement dont fut victime l'héroïne, musique minimaliste et plans fixes génèrent une curieuse impression. Entre réalisme du sujet évoqué et l'aspect fantasmé que revêtent les images. Le cinéphile appréciera sans aucun doute la participation de l'actrice Amy Irving (Carrie, le seul, l'unique réalisé par Brian de Palma) dans le rôle d'Angela Valentini, la mère de Sawyer, et la courte (mais géniale) apparition de Matt Damon dans celui du détective Ferguson. Insane est une œuvre qui marque par ses changements de style permanents. Passée la première moitié, Steven Soderbergh transforme le drame paranoïaque en une sorte de psychokiller redoutablement efficace, mettant l'héroïne face à ses angoisses. Angoisses qui prennent le visage de David Trine, excellemment interprété par l'acteur et réalisateur américain Joshua leonard. Petite mention pour l'acteur, rappeur, humoriste Jay Pharoah qui dans la peau de Nate Hoffman campe un compagnon d'infortune très attachant. En 2011, las, Steven Soderbergh évoquait son désir d'arrêter le cinéma lors de l'émission radiophonique américaine Studio 360. Sept ans plus tard, on le remercie de n'avoir pas mis son projet à exécution car Insane est une excellente surprise...

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