L'année suivant la
sortie du Père Noël est une Ordure de Jean-Marie
Poiré, les acteurs Thierry Lhermitte et Gérard Jugnot se retrouvent
à nouveau sur le plateau de La Fiancée qui Venait du Froid.
Changement de ton cette fois-ci pour le second long-métrage du
cinéaste Charles Nemès qui comme pour son précédent film, Les
Héros n'ont pas Froid aux Oreilles s'applique à proposer
une comédie douce amère. Plus amère d'ailleurs que drôle
puisqu'il met en scène un Thierry Lhermitte dont le personnage de
Paul Monet, réalisateur de publicités, s'investit dans un projet
pour le moins risqué : épouser une jeune polonaise pour lui
éviter la prison. Aux côtés de l'acteur français, Gérard Jugnot
donc. Dans le rôle de l'ami pot de colle. Et surtout, l'actrice
néerlandaise Barbara Nielsen, laquelle se fond à la perfection dans
celui de Zocia, la jeune polonaise en question. Une délicieuse
enfant comme l'aurait sans doute décrite un certain Serge
Gainsbourg. D'un naturel confondant. D'une émouvante naïveté. Et
très certainement plus encore, d'une attachante douceur. Lhermitte
en publicitaire acceptant de l'épouser pour un mariage blanc. En
France. Mais les choses se compliquent car Paul tombe amoureux de
Zocia. Elle aussi d'ailleurs, tombe amoureuse de celui qui l'a aidée
à fuir son pays. Mais pour la jeune femme, les choses sont plus
difficiles encore à dénouer. Paul n'entretient pas de relation
sérieuse avec les femmes tandis que le fiancé de Zocia l'attend
là-bas, au pays.
Beaucoup moins dépressif
que le pas vraiment drôle Les Héros n'ont pas Froid aux
Oreilles,
La Fiancée qui Venait du Froid passerait
,presque pour une œuvre bouleversante. La faute (ou grâce) au duo
que forment les deux principaux interprètes. On a en effet très
envie de croire en cette histoire d'amour dépassant les frontières
géographiques, de la langue, et des coutumes avant de se concrétiser
à force de s'apprivoiser.
A
l'époque où le film est tourné, l'Union Soviétique fait encore
partie du paysage politique et social en Pologne. D'où l'idée pour
Charles Nemes d'écrire un scénario tournant autour de cette
histoire franco-polonaise dans l'air du temps. A l'époque où déjà,
le mariage blanc n'était pas qu'une fiction. Si l'intrigue tourne
donc autour de ces préoccupations durant un temps, le cinéaste
s'intéresse encore davantage aux rapports qu'entretiennent Paul et
Zocia. Le Paul des débuts, le publicitaire, se mue peu à peu en
prince charmant. Bon samaritain acceptant durant un temps de laisser
de côté sa propre personne pour venir en aide à une étrangère en
difficulté. On découvre alors un personnage beaucoup moins dur
qu'il n'y paraît. Le parfait complément d'une Zocia émouvante,
dont l'accent ne laisse pas indifférent.
Le
charme agit presque instantanément. Charles Nemes instaure une
confiance presque immédiate entre ses deux principaux interprètes.
Le duo fonctionne à merveille. Le personnage incarné par Thierry
Lhermitte cabotine, et réinvente perpétuellement son rôle de
charmeur protecteur face à une Barbara Nielsen naturelle. Tellement
convaincante que l'on en viendrait presque à douter de ses origines
néerlandaises. Que mille kilomètres, et même un peu plus, séparent
son pays d'origine de celui du personnage qu'elle interprète.
Si
La Fiancée qui Venait du Froid ne
prête pas forcément à rire aux éclats (on demeure très loin de
la bouffonnerie que tournera bien plus tard Charles Nemes, La
Tour Montparnasse Infernale), l’œuvre demeure pour autant fort divertissante. Le cinéaste ménage
toutefois quelques moments très amusants comme lors de la scène se
déroulant au restaurant avec, en arrière plan, un couple de vieux
bourgeois un peu coincés et dérangés par les propos que tiennent
Paul et Zocia. Trente-quatre ans après sa sortie, La
Fiancée qui Venait du Froid demeure
donc une excellente comédie que l'on prendre un immense plaisir à
revoir...
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