Je me souviens encore
très bien des quelques vidéoclubs dans lesquels je puisais
régulièrement des cassettes VHS horrifiques sur Paris dans les
années quatre-vingt. Du mythique Movies 2000
dans lequel je dénichais au hasard, La Porte de l'Enfer
qui n'était autre que La Maison aux Fenêtres
qui Rient
de Pupi Avati, en passant par un vidéoclub de plus grande importance
(en surface) de la place d'Italie qui allait me permettre de remplir les rayons de mon
étagère de classiques de l'horreur, de l'épouvante, du fantastique
et de la science-ficton, jusqu'à cette petite boutique obscure de
Strasbourg Saint-Denis dans laquelle régnait une quantité
impressionnante de films X, mais surtout, une copie unique et en
français du Schizophrenia
de Gerald Kargl. Et puis, bien sûr, il y a avait le marché de
Chelles, en Seine et Marne, où je me rendais chaque dimanche afin de
compléter ma collection Gore
de chez Fleuve Noir et dans lequel venait vendre de vieilles bandes
magnétiques, un passionné avide de partager ses connaissances en
matière de cinéma. C'est là que je découvrais Massacre
à la Tronçonneuse,
sous une jaquette que je n'ai plus jamais vu ailleurs depuis ce
jour-là (un collector? Une rareté?), Maniac
de William Lustig, Du sang pour Dracula de
Paul Morrissey ou encore Inseminoïd
de Norman J. Warren. Oui, je sais, tous sortis chez René Chateau
vidéos auquel j'étais plutôt fidèle. Du moins, quelques temps
puisque j'y découvrais également des films édités par d'autres
sociétés : American
Video, Fil à Film, etc... Et puis, un jour, je mettais la main sur
L’éventreur de New York
de Lucio Fulci. Tout un programme passant d'abord par la réputation
de l'auteur de L’Au-delà,
de L'Enfer des Zombies,
de La Maison près du Cimetière
ou encore de Frayeurs,
mais également de part un titre alléchant.
Pourtant,
après l'avoir enfin découvert, j'en suis très rapidement revenu,
notamment déçu par l'atroce doublage de l'éventreur en question.
La faute à une version française pas toujours crédible. Je crois
que mon goût pour les versions originales est né de cette déception.
A moins qu'il ne fit suite à l'extraordinaire expérience que fut la
vision du chef-d’œuvre de Tobe Hooper ? Je ne m'en souviens
malheureusement plus. Ce dont je me souviens par contre très bien,
c'est la promesse que je m'étais faite à l'époque : dénicher
et voir enfin L’éventreur de New York
en version originale. Il aura fallut que je patiente jusqu'à
aujourd'hui, environs trente-cinq ans plus tard pour enfin assouvir
le fantasme de découvrir l’œuvre de Lucio Fulci dans ce que
j'estimais à tort ou à raison comme la plus confortable des
manières...
Exit
la version française pour accueillir enfin, la version....
anglaise !?! d'une œuvre italienne. Bon, a priori, je n'ai pas
encore mis la main sur la bonne. Mais des efforts ont été fait.
Tout d'abord, le tueur en série à la voix de canard assez
exaspérante dans la version française est un peu moins agaçant à
entendre désormais. Mais ce qui fâche en premier lieu, c'est la
post-synchronisation des interprètes pas vraiment au top. Pourtant,
il semble qu'ils s'expriment tous en anglais, mais dans une langue
sans doute si approximative qu'ils ont été doublés. D'où la
question : existe-t-il une version italienne avec la vraie voix
des interprètes ? Je laisse les spécialistes répondre à
cette question tout en espérant que je n'aurai pas trente-cinq
années de plus à patienter avant de la découvrir car alors j'aurai
dépassé les quatre-vingt bougies.
Concernant
l'histoire, la mise en scène et l'interprétation, cette version
« originale »
paraît plus longue que celle que je découvrais au beau milieu des
années quatre-vingt comme si celle-ci fut tronquée de plusieurs
scènes particulièrement sanglantes. Un point positif pour la
version découverte aujourd'hui qui laisse donc une plus large place
aux effets gore. Quelques éventrations et égorgements plus tard,
que reste-t-il de cet Éventreur de New York qui
cancane au téléphone, provoquant ainsi une police incapable de
mettre la main dessus ? L'un des aspects les plus appréciables
de cette péloche qui dans la filmographie de son auteur s'inscrit
tout juste entre La Maison près du Cimetière
(Quella Villa accanto al Cimitero)et
de 1981 et le pitoyable La Malédiction du
Pharaon
(Manhattan Baby)
signé l'année suivante, soit la même que L’éventreur
de New York,
c'est l'image d'un New York crasse, dont les rues sont jonchées de
sex-shop, de peep show, de petits voyous et de vieilles rombières, bourgeoises
et nymphomanes. On comprend alors que de cette ville malade surgisse
un dingue s'attaquant en priorité à celles qu'il estime
responsables de l'état actuel du monde. Lucio Fulci cultive le
mystère autour de son tueur en évoquant plusieurs fausses pistes
comme le veut la tradition. Alors que l'actrice fétiche du cinéaste
italien Catriona McColl devait à l'origine incarner le personnage de
Fay majors, l'héroïne, c'est finalement Antonella Interlenghi qui
l'interprétera. A ses côtés, nous retrouvons l'acteur britannique
Jack Hedley (Lawrence d'Arabie,
Les Enquêtes de Remington Steele,
etc...), Andrea Occhipinti dans le rôle du petit ami de l'héroïne,
Howard Ross dans celui du supposé tueur en série, Mickey
Scellenda, et surtout Paolo Malco qui incarnait notamment le
personnage du Docteur Norman Boyle dans La Maison
près du Cimetière un
an auparavant. Au final, si L’éventreur de
New York
n'est pas le meilleur film de son auteur, son style réaliste, parfois
dérangeant et les quelques scènes gore qui le ponctuent lui
permettent de demeurer du bon côté de la barrière entre les
classiques de Lucio Fulci, et les navets qu'il accumulera
malheureusement par la suite....
Ce n'est pas Antonella Interlenghi qui interprète Fay Majors mais Almanta Suska... ;-)
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