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vendredi 30 mars 2018

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Jean-Claude Romand - L'Adversaire de Nicole Garcia (2002) - ★★★★★★★☆☆☆



Jean-Marc Faure, c'est d'abord Daniel Auteuil. Mais Jean-Marc Faure, c'est aussi et surtout Jean-Claude Romand. Et même si l'actrice et cinéaste Nicole Garcia a choisit de changer le nom des protagonistes de l'une des affaires judiciaires françaises les plus remarquables, Faure représente indéniablement le double fictionnel d'un homme qui durant dix-huit ans a construit son existence sur un immense mensonge. Et même une succession de mensonges. Toute la difficulté de l'entreprise que s'est chargée d'adapter au cinéma Nicole Garcia à partir de l'ouvrage écrit par le scénariste, écrivain et réalisateur Emmanuel Carrère, est de rendre charnelle l'histoire de cet homme. Pari réussi, car c'est bien le poil dressé et la chair de poule que le spectateur assiste au déroulement d'une intrigue aussi réelle qu'incroyable. Comment, en effet, un homme a-t-il pu si bien tromper son entourage et cela, pendant de si nombreuses années ? Épouse, enfants, parents, belle-famille et amis ont tous découvert que Jean-Marc Faure a bâtit la totalité de son existence sur des mensonges. Comme Romand dans la vraie vie, le personnage de fiction admirablement interprété par Daniel Auteuil a en effet caché aux siens la vérité sur sa vie. Jamais il n'a travaillé à l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Jamais il n'a gagné le moindre sou. 

C'est ainsi que Nicole Garcia décortique le procédé mis en place par un homme qui ne pouvait de toute manière échapper à son funeste destin, et malheureusement, à celui de ses proches. Trop aimant, et n'assumant pas les faits dans toute leur monstruosité, il franchit un cap supplémentaire dans l'horreur, et c'est ainsi ce que nous propose de raconter L'Adversaire. D'abord inspiré de l'ouvrage d'Emmanuel Carrère, mais aussi du fait-divers qui marqua la chronique judiciaire au début de l'année 1993 lorsque l'on découvrit les corps de Florence Crolet, l'épouse de Jean-Claude Romand, et de leurs deux jeunes enfants, Caroline, sept ans, et Antoine, cinq ans dans leur demeure, ainsi que les corps des parents de Romand dans leur maison, le long-métrage de Nicole Garcia sonne comme une longue plainte. Le gémissement sans fin d'un homme désespérément seul dans son malheur. Contraint de mentir, de voler ses proches (parents et beaux-parents) pour pouvoir subvenir à son couple et leurs deux enfants. Un chemin de croix terriblement douloureux extraordinairement incarné par un Daniel Auteuil atteint physiquement et moralement.

Entouré d'une belle brochette d'interprètes tels que Géraldine Pailhas, François Cluzet, Emmanuelle Devos, ou Bernard Fresson (et j'en oublie), l'acteur incarne un personnage à fleur de peau, miné par ce mensonge sans cesse grandissant. Une vie remise en question au quotidien et qui va connaître sa première anicroche le jour où son beau-père lui réclame une part de l'argent que son beau-fils a semble-t-il placé pour lui. Sauf que comme dans la vie réelle, cet argent, ainsi que celui des propres parents de Faure-Romand aura servi à cet homme sans emploi à nourrir sa petite famille. Avec toute la sensibilité qui la caractérise, Nicole Garcia réalise une œuvre forte, troublante, étonnamment déprimante (le spectateur ressent tout le poids du mensonge et la tristesse incarnée par Daniel Auteuil). La musique d'Angelo Badalamenti participe à l'état dépressif qui règne au sein d'une famille dont le bonheur factice risque à tout moment de s'effondrer. Faure, dans le dernier acte, et au delà du mensonge et des actes impardonnables dont il se rend coupable afin d'échapper au regard et au jugement de ceux qu'il aime et qui l'aiment, demeure devant la caméra, un individu remarquablement touchant. L'Adversaire est une franche réussite et l'un des portraits de tueur les plus implacables et les plus émouvants que le cinéma français ait porté à l'écran jusqu'à ce jour. Bouleversant...

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