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samedi 29 janvier 2022

Bedevilled (Kim Bok-nam salinsageonui jeonmal) de Jang Cheol-soo (2010) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Pour son premier long-métrage réalisé en 2010, le réalisateur sud coréen Jang Cheol-soo signait une véritable bombe. Le genre de film qui bénéficie immédiatement d'un statut d’œuvre culte amplement mérité. Sous les oripeaux d'un drame social comme il en existe tant, Bedevilled (Kim Bok-nam salinsageonui jeonmal), il faut dire que pour sa première incartade dans le monde du cinéma, le bonhomme n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. Si l'aventure qui met bien moins au centre du récit la jeune Hae-won que son amie d'enfance qu'elle va bientôt retrouver démarre plutôt calmement, Bedevilled, à travers sa séquence d'ouverture sonne comme un mauvais présage. Et cela, même si l'action se déroulera très rapidement non plus à Séoul mais dans l'un de ces petits villages reculés, fixés pour l'éternité sur des îles ne communiquant avec le continent que ponctuellement. C'est là-bas qu'ira se réfugier la citadine Hae-won (l'actrice Ji Sung-won), retrouvant ainsi Bok-nam (Seo Young-hee), véritable vedette d'un shocker dont l'auteur ne s'accorde aucune concession. Vivant loin de toute civilisation, les villageois ont donc appris à vivre selon leurs coutumes et leurs méthodes. D'abord chair à canon d'une tribu de vieillards et d'un époux violent et adultère qui ira jusqu'à commettre un acte d'une violence inouïe, Bok-nam est la souffre-douleur d'une matriarche autoritaire, d'un époux qui la bat et l'humilie ainsi que de tout un village qui l'asservit. Autant dire que Bedevilled ne transpire pas vraiment le glamour !


Et se trouve même être nihiliste dans son approche de la lâcheté. À commencer par celle dont fait preuve celle qui tient tout d'abord d'héroïne et qui jusqu'à la dernière minutes abandonnera tout idée de rédemption avec pour conséquences, des regrets beaucoup trop tardifs. Face à nos deux jeunes interprètes dont une Seo Young-hee un brin sauvageonne et sans doute pas très maline mais qui à l'écran illumine de son sourire un décor austère dominé par des visages inquiétants, des acteurs masculins dont les personnages se révèlent immédiatement douteux. Mâchant une herbe aux ''vertus'' étonnantes mais aux effets secondaires préoccupants, ceux-ci vivent selon des règles où la femme n'est que l'objet de penchants plus ou moins déviants. Regard salace envers la nouvelle venue, la présence de Hae-won ne servant finalement qu'à révéler cette part de lâcheté et de trahison dont certains se munissent en cas de danger. Le long-métrage de Jang Cheol-soo se décompose en diverses parties, allant donc du drame social virant à l'outrance dans sa moitié (lorsque l'on dit que le sud coréen ne ménage pas ses effets, la meilleure des preuves en est la mort de la fille de Bok-nam) jusqu'à se muer en une chasse à l'homme vengeresse où le sang coule à flot lorsque la mère décide de s'occuper de celles et ceux qui durant de longues années s'en sont servit comme d'une serpillière...


À grands coups de faucille ou de couteau, la jeune femme parcourt l'île et décime un à un ceux qui n'ont eu de cesse de la maltraiter. Un soulagement pour le spectateur qui d'ici là devra subir le calvaire de Bok-nam. Brut et sans ambages, Bedevilled confine alors au film d'horreur version gore avec, à la clé, des meurtres moins sanglants que dans n'importe quel film du genre mais qui réserve tout de même quelques séquences particulièrement gratinées et comment dire.... hautement jouissives. L'on n'oubliera cependant pas que le film est tout d'abord un drame qui disperse ça et là quelques effluves émotionnelles qui l'empêchent de sombrer dans le film d'horreur purement gratuit. Lentement, mais sûrement, Bedevilled s'élève graduellement pour atteindre différents niveaux de cruauté dont les exactions de Bok-nam paraîtront finalement bien moins dérangeantes que l'attitude de ses voisins ou de son propre mari. L’œuvre de Jang Cheol-soo peut se définir comme une sorte de Rape and Revenge par procuration (inceste et pédophilie sont effectivement discrètement évoqués) gore et parfois bouleversant. Cru et pessimiste, et dont certaines séquences risquent de demeurer longtemps gravées dans nos mémoires. En tout cas, un véritable coup de poing et coup de cœur...

 

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