Actrice depuis l'âge de
cinq ans où elle débuta sa carrière avec L'Année
prochaine... si tout va bien de
Jean-Loup Hubert, Maïwenn Le Besco est aussi et surtout une
brillante cinéaste qui depuis l'aube des années quatre-vingt dix
n'est plus connue que sous son prénom. Maïwenn est donc l'auteur
de Mon Roi,
son quatrième long-métrage en tant que réalisatrice. Une œuvre
forte et ambitieuse sur le couple, son histoire, ses amours et ses
travers. L'histoire de Marie-Antoinette Jézéquel qui aperçoit un
soir en boite de nuit, Georgio Milevski qu'elle avait d'abord
furtivement rencontré quelques temps auparavant. De ce deuxième
contact va naître entre ces deux individus, une véritable histoire
d'amour. Passionnée, orageuse, faite de hauts, mais aussi de
beaucoup de désillusions. Surtout de la part de ''Tony'', follement
amoureuse d'un Georgio séduisant mais qui très vite va se révéler
instable. Naissent entre eux, des tensions qui ne s'amélioreront pas
avec leur mariage, et encore moins lorsque viendra au monde leur fils
Simbad. Bien que chacun tente d'y mettre du sien, et bien qu'ils
suivent ensemble une thérapie de couple, leur union semble
malheureusement, et inéluctablement, partir à la dérive...
Beaucoup
de nominations à la cérémonie des César 2016, mais
malheureusement, aucune récompense pour le dernier long-métrage en
date de Maïwenn. L'honneur fut cependant sauvé lors de la remise
des prix du Festival de Cannes l'année précédente puisque le jury
fut moins frileux et offrit à l'actrice incarnant le personnage de
Tony, le prix d'interprétation féminine. Et dieu sait combien
celui-ci fut mérité car en effet, Emmanuelle Bercot y est en tout
point remarquable. Un prix que l'on aurait aimé voir partager avec
Vincent Cassel qui lui, partit les mains vides au profit du tout
aussi brillant Vincent Lindon qui remporta donc celui du meilleur
acteur pour La Loi du Marché
de Stéphane Brizé. Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel incarnent
donc ce couple en phase de rupture après de longs mois de passion
amoureuse. D'un côté, il y a Tony, cette jeune femme fragile, peu
confiante en elle et envers les autres, éprise de Giorgio au point
de tout accepter quitte à mettre en jeu sa santé psychologique. De
l'autre, un Vincent Cassel absolument formidable qui incarne un
Giorgio orgueilleux, possessif et immature, ce qui ne l'empêche
pourtant pas d'être touchant. Au moins autant que celle qui lui
donnera un enfant.
L'un
des aspects les plus convaincants de ce long-métrage dans lequel
sont contrebalancés des moments d'un bonheur communicatif avec des
séquences terriblement tragiques, est à mettre au profit de
dialogues savoureux. Et c'est bien évidemment Vincent Cassel qui
bénéficie des joutes verbales les plus remarquables, Emmanuelle
Bercot étant ''cantonné''
dans son rôle de femme qui subit et exécute les volontés de son
compagnon plus qu'elle ne dirige le couple. Entrecoupé de nombreuses
séquences situant l'intrigue autour de l'histoire qu'ont vécu ces
époux atypiques, parfois proches du cinéma d'Andrzej Zulawski mais
dans une forme moins outrée et délirante, nous retrouvons l'héroïne
dans un centre de rééducation (elle s'est gravement blessée au
genou droit) dans lequel, plus que de suivre une thérapie lui
permettant un jour de pouvoir retrouver son entière motricité, elle
va surtout pouvoir se ressourcer et enfin vivre auprès d'un groupe
d'adolescents d'un milieu social différent du sien.
Maïwenn
filme Mon Roi
avec une sensibilité toute féminine sans pour autant juger ni l'un,
ni l'autre de ses personnages. La réalisatrice cultive d'ailleurs à
certains égards l’ambiguïté. À tel point qu'il arrive au
spectateur de s'interroger sur les responsabilités de chacun :
Alors que le spectateur prendra fort logiquement fait et cause pour
la jeune femme, il pourra aussi parfois se questionner sur la
responsabilité unique de Giorgio quant d'une autre manière, Tony se
révèle peut-être également trop pressante, suspicieuse, voire
même abusivement exclusive. C'est avec tout autant de pudeur que
Maïwenn abandonne en fin de compte ses personnages, les livrant aux
spectateurs, seuls juges de ce couple qui s'est tant aimé. Et quoi de
plus beau et de plus touchant que ce dernier plan fixe sur le visage
de Tony... ?
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