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dimanche 25 novembre 2018

Jeder für sich und Gott gegen Alle de Werner Herzog (1974) - ★★★★★★★☆☆☆



Sujet de nombreux ouvrages, Kaspar Hauser n'est pas le personnage d'une fiction mais un individu ayant réellement existé durant la première moitié du dix-neuvième siècle. Découvert le lundi de pentecôte de l'année 1828 dans la rue de la Fosse-des-Ours à Nuremberg une lettre à la main par deux hommes sortant d'une taverne, il demeure encore aujourd'hui au centre d'une énigme. Qui est donc Kaspar Hauser. D'où vient-il ? C'est sur le cas de cet homme que le cinéaste allemand Werner Herzog tentait en cette année 1974 d'apporter un certain éclairage. Werner Herzog, l'auteur des sublimes Aguirre, der Zorn Gottes, Herz aus Glas, ou encore Fitzcarraldo. Un cinéaste à part entière, qui ose expérimenter des approches bien différentes. Lorsqu'il use par exemple d'une grande majorité d'acteurs de petite taille sur le tournage de Auch Zwerge haben klein Angefangen, son deuxième long-métrage, ou lorsqu'il insiste pour que ceux de Herz aus Glas tournent sous hypnose. Werner Herzog ou le cinéaste de la contemplation... tourné en Bavière, Jeder für sich und Gott gegen Alle est une œuvre visuellement riche. Et si le cinéaste allemand ne se préoccupe pas vraiment de la texture appliquée aux images, il possède cependant un sens aiguisé lorsqu'il s'agit d'y induire une certaine poésie. Poésie que l'on retrouve notamment dans plusieurs de ses plus grands chefs-d’œuvre.
Jeder für sich und Gott gegen Alle s'ouvre sur un Kaspar Hauser enfermé dans une grange et n'ayant que pour unique occupation, un cheval de bois. S'exprimant à peine, ne sachant ni lire, ni écrire, c'est son tuteur d'alors qui lui met entre les mains une feuille de papier et un crayon afin qu'il apprenne lui-même à y inscrire son prénom. Après une longue et épuisante épreuve consistant à marcher (Kaspar passe le plus clair de son temps assis ou allongé), c'est l'heure pour ce jeune homme de retrouver sa liberté. Ainsi donc, celui qui le recueillit il y a longtemps l'amène jusqu'à la grande place de Nuremberg, une lettre à la main, et l'y abandonne...

Après les nains, mais avant les acteurs sous hypnose, Werner Herzog tente avec Jeder für sich und Gott gegen Alle, une nouvelle expérience. Et qui mieux, pour incarner le personnage de Kaspar Hauser, que l'acteur allemand Bruno Schleinstein, interprète d'un peu moins d'une dizaine de longs-métrages dont celui-ci. A l'époque, il n'a tourné qu'un documentaire auprès de Lutz Elsholz. Bien avant cela, à l'âge de trois ans, il se retrouve enfermé dans divers instituts psychiatriques, arraché à une mère prostituée qui ne cesse de le battre. C'est en découvrant le documentaire de Lutz Elsholz que Werner Herzog décide d'en faire son principal interprète pour Jeder für sich und Gott gegen Alle. Bien que l'on aurait pu croire que le lien étrange et unique qui liait le cinéaste à Klaus Kinski aurait pu faire dire à Werner Herzog que celui-ci était le meilleur qu'il eut rencontré durant sa carrière, c'est pourtant bien Bruno Schleinstein qui bénéficia de ses éloges suite à son décès le 11 aout 2010.

Dans le long-métrage que Werner Herzog lui a consacré, Kaspar Hauser y est décrit comme un individu n'ayant connaissance que de peu de choses, enfermé qu'il fut dans une écurie, à l'abri du monde extérieur. Ce n'est qu'au contact de ses semblables qu'il va apprendre à s'exprimer et à comprendre le monde qui l'entoure. Intéressant de très près les nantis du village qui l'a recueilli et prisé des villageois, curieux de découvrir un individu qui jusque là ne s'exprimait pratiquement qu'à travers des borborygmes inintelligibles. Werner Herzog réalise une oeuvre forte, mais qui ne plaira pas à tout le monde. Encore faut-il être un adepte du style Herzog. Lent, contemplatif, hypnotique, Jeder für sich und Gott gegen Alle n'échappe pas à la règle. Quant à Bruno Schleinstein, il incarne à merveille le personnage de Kaspar Hauser. Avec sa sensibilité d'homme, lui-même abandonné dès son plus jeune âge. L'un des points cruciaux de l'univers d'Herzog, c'est la musique. Après et avant d'avoir accordé une très grande importance à la musique du groupe allemand Popol Vuh, le cinéaste nourrit certains tableaux vivants de majestueuses compositions écrites par Johann Pachelbel, Orlando di Lasso, Tomaso Albinoni et Mozart. Au final, Jeder für sich und Gott gegen Alle est une excellente surprise. Peut-être pas à la hauteur d'un Aguirre, d'un Herz aus Glas ou d'un Fitzcarraldo, mais tout de même passionnant pour qui adhère au style du cinéaste allemand...

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