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jeudi 12 mai 2016

2H37 de Murali K. Thalluri (2006)



Dans un lycée, à 14h37 très précise, le corps ensanglanté d'un(e) étudiant(e) et retrouvé dans les toilettes de l'établissement. Plus tôt dans la matinée, les élèves entrent en cours. Chacun avec ses rêves et ses propres appréhensions. Marcus est très fier de son père. Il espère devenir aussi respectueux et investit dans son futur métier que lui. Sa sœur Melody est une jeune adolescente angoissée qui aime les animaux et rêve de devenir institutrice. Luke est un beau jeune, sportif et très populaire. Il se masturbe régulièrement dans sa chambre dont les murs sont tapissés de posters de femmes en bikini. Il passe du temps assis devant son ordinateur à contempler des photos érotiques. Il se sait bien fait, rêves de devenir footballeur professionnel, et se fiche totalement des cours qui lui sont prodigués. Sean quand à lui est un jeune homosexuel qui s'assume entièrement et qui consomme de grande quantités d'herbe.
Il aime et fréquente en secret un camarade à lui qui par contre n'assume pas sa propre homosexualité et cela désespère Sean. Sarah est une jeune adolescente, jolie, mince, et très attachée à son apparence. Elle est également fiancée à Luke. Elle rêve de mariage et adore l'idée d'être amoureuse. Et enfin Steven. Originaire d'Angleterre, ce jeune garçon a deux sérieux handicaps qui le placent irrémédiablement dans la catégorie des souffre-douleur. Steven tente bien de relativiser mais le poids qui pèse sur lui est chaque jour plus dur à supporter. Comme l'idée d'avoir encore quatre-vingt dix jours à passer dans ce lycée avant que n'arrive la fin de l'année scolaire...

Tout ce petit monde se croise, se frôle, se provoque ou s'évite. Jusqu'à aujourd'hui, 2H37 est l'unique réalisation du cinéaste Murali K. Thalluri. Tentant probablement de surfer sur le succès de la Palme d'or du Festival de Cannes en 2003, Elephant, le film narre le quotidien de sept adolescents mal dans leur peau. Si certains des portraits dressés nous apparaissent dans un premier temps comme ceux d'une adolescence touchant du doigt le "rêve américain", cette impression s'efface assez rapidement pour laisser un étrange goût amer. Thalluri semble être uniquement intéressé par les adolescents à problèmes. Et dieu sait que son film en regorge puisqu'il règne une atmosphère de pessimisme que rien ne semble pouvoir endiguer. Traité de manière relativement crue, on assiste à un étalage assez complaisant des maux qui touchent Marcus, sa sœur Melody, Luke, Steven et les autres. Le cinéaste en profite pour aborder des sujets aussi divers que l'homosexualité, le handicap, l'intégration ou encore le viol et l'inceste.

A partir de ce constat, le spectateur à une heure trente pour essayer d'identifier le candidat potentiel au suicide. Filmé à la manière de l'excellent film de Gus Van Sant, 2H37 suit des personnages longeant les couloirs d'un établissement qui se vide à mesure que la journée avance. Les cris des adolescents (toujours filmés hors champ) disparaissent. Tout comme les nombreuses silhouettes qui finissent par ne plus se compter que sur les doigts d'une seule main. Ici pas de longs plans-séquences. L'intrigue est régulièrement entrecoupée de pseudos-interviews des sept principaux interprètes, histoire d'en savoir un peu plus sur ce qui les ronge.

Se voulant certainement réaliste, Murali K. Thalluri en rajoute peut-être un peu trop. Steven a une jambe plus courte que l'autre, et donc, il boite. Mais comme si cela ne suffisait pas, le jeune garçon possède deux urètres dont l'un fonctionne très mal. Ce qui provoque chez lui une incontinence qui se voit lorsqu'il s'urine dessus. De quoi en faire bouc émissaire des sportif et le sujet de remarques de la part des belles jeunes étudiantes du lycée. Melody quand à elle tombe enceinte. Non seulement on apprend qu'elle est régulièrement violée depuis ses treize ans mais que le responsable n'est autre que son frère Marcus. On sombre alors dans une atmosphère particulièrement glauque, le film dressant le portrait de futurs névrosés.

Interprétés par des acteurs pour la plupart amateurs, ces derniers s'en sortent relativement bien même si l'on peut s’énerver de certains détails (le viol de Melody sans véritable impact sur l'émotivité des spectateurs). Si un seul acteur pourra retenir notre attention, il s'agira sans doute de Charles Baird (qui interprète Steven), l'un des rares qui parvient à véritablement nous toucher. Comparé à Elephant, 2H37 ne fait malheureusement pas le poids. Pourtant, le film se laisse voir sans véritable rejet. Tout au plus l'envie de savoir qui se cache derrière la porte close poussera les plus réticents à tenir jusqu'à la conclusion...

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