Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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samedi 31 juillet 2021

The Little Things de John Lee Hancock (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Vingt-six ans après sa sortie sur les écrans de cinéma du monde entier, le thriller crépusculaire de David Fincher Seven continue à faire des émules. Et parmi eux, le Resurrection de Russell Mulcahy en 1999 et en 2013, l'excellent Prisoners de Denis Villeneuve. On pourrait en réalité citer des dizaines de longs-métrages dont l'approche est aussi sombre et désespérée. Et même trouver dans cette liste, des œuvre antérieures à celle réalisée par David Fincher. À commencer par la plus grande d'entre toutes. Le sublime et glaçant Manhunter de Michael Mann en 1986 ou le non moins traumatisant Bad Lieutenant d'Abel Ferrara en 1992. Dernier exemple en date, The Little Things et son tire passe-partout est signé du réalisateur John Lee Hancock, notamment auteur du biopic The Founder consacré aux frères Richard et Maurice McDonald, les fondateurs de la célèbre enseigne de fast food américaine mais s'appuyant surtout sur celui qui leur rachetea pour une poignée de pain, Ray Kroc. Avec The Little Things (sorti chez nous directement en vidéo sous le titre Une affaire de détails), on ne peut pas dire que John Lee Hancock ait conservé le même ton puisque son film plonge ses protagonistes dans une affaire criminelle particulièrement sordide : une série de meurtres sur laquelle enquête le jeune inspecteur de police de Los Angeles Jim Baxter. Ambitieux, celui-ci semble vouloir mettre toutes les cartes de son côté et se sert de l'expérience du shérif-adjoint Joe Deacon du comté de Kern, lequel est très provisoirement dépêché à Los Angeles...


Parfaitement intègre, Jim Baxter va devoir composer avec un ''Deke'' aux méthodes peu conventionnelles. Car l'important est de mettre une bonne fois pour toute la main sur celui qui jusqu'à maintenant a fait quatre victimes... Ici, pas de meurtres rituels basés sur les sept péchés capitaux mais un tueur qui comme le John Doe de Seven (interprété par le génial Kevin Spacey) joue avec les autorités. Mais le mimétisme avec l’œuvre de David Fincher ne s'arrête pas là. Car outre une ambiance mortifère accentuée par la partition musicale du compositeur Thomas Newman (Beignets de tomates vertes en 1991, Skyfall 2012, Spectre en 2015, etc...) et les nombreuses séquences tournées de nuit, le duo formé par Denzel Washington (que l'on ne présente plus) et Rami Malek (qui incarna notamment le chanteur du groupe Queen Freddie Mercury dans le long-métrage de Bryan Singer Bohemian Rhapsody en 2018, devenant par là-même, un acteur mondialement célèbre) rappelle sensiblement celui que formèrent Morgan Freeman et Brad Pitt dans Seven. D'un côté, le jeune loup blanc, impulsif, un peu trop sûr de lui et de l'autre le noir vieillissant et expérimenté. Tout comme Kevin Spacey, l'acteur Jared Leto (oui, oui, le héros de Requiem for a Dream, ce ''tout petit film'' signé de Darren Aronofsky qui traumatisa des légions de spectateurs et que l'on ferait bien de faire étudier aux élèves dès leur entrée en classe de 6ème...) incarne un cas de tueur typiquement américain.


Sans être une étude approfondie basée sur la psychologie du serial killer tel que les médias le décrivent en général, celui de The Little Things semble au moins être inspiré par l'un des plus célèbres d'entre tous, même s'il n'a au fond, jamais directement été au contact avec ses victimes : on parle ici bien évidemment de Charles Manson face auquel Jared Leto n'a absolument pas à rougir de la comparaison. Charismatique, nanti d'un look de redneck au regard totalement fou, à la voix traînante et au cynisme jusqu’au-boutiste, l'acteur marque véritablement le film de sa présence. Un long-métrage qui d'ailleurs se décompose en deux parties. Entre l'enquête difficile de deux flics que tout semble opposer et une seconde phase qui intègre totalement le tueur supposé. Tiens ! D'ailleurs tout comme dans Seven. Encore une circonstance dénuée de toute volonté de la part de ses auteurs ? Un sentiment d'incertitude dont les verrous sauteront forcément lors des vingt dernières minutes tant The Little Things semble vouloir approcher sa conclusion de celle, hautement saisissante, de Seven. Au final, un bon film mais qui ne restera malheureusement pas dans les mémoires pour les mêmes bonnes raisons que l’œuvre de David Fincher car à se cacher dans l'ombre du géant, le film de John Lee Hancock en deviendrait presque invisible...

 

Le dernier Mercenaire de David Charhon (2021) - ★☆☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Ben voilà, fallait s'y attendre. L'acteur belge Jean-Claude Van Damme dans un film réalisé par le français David Charhon, fallait s'attendre à ce que le résultat à l'écran ne soit pas à la hauteur. Encore heureux que Le dernier mercenaire ne soit pas sorti en salle. Mon dieu, quelle purge. Il faut vraiment que le réalisateur ait été aux abois pour se servir comme référence élogieuse, la réaction du public... américain !!! Comme source, hein, on a déjà trouvé plus fin... Parce qu'en réalité, le dernier étron réalisé par David Charhon est sans doute l'une des pires ''comédies'' de ces cent-vingt dernières années. Bref, l'une des pires depuis le tout début du cinématographe. Pire que Brillantissime de Michèle Laroque, et même, oui, oui, pire encore que Les Municipaux, trop c'est trop ! que les Chevaliers du Fiel ont osé commettre il y a trois ans en arrière. Le dernier mercenaire est encore plus mauvais que Cyprien et Les Naufragés, deux autres de ses piteuses réalisations. C'est dire si ce tâcheron de David Charhon a su repousser très loin les limites de l'indigence. Ceux qui abhorrent les plate-formes de streaming en général et Netflix en particulier vont pouvoir se réjouir et surtout se répandre. Ça n'est certes pas moi qui me fâcherait cette fois-ci avec ceux qui vomissent les comédies françaises en faisant des navets qui chaque année sortent sur grand écran, une généralité...


Et David Charhon d'en rajouter, de passer la pommade sur son immonde film en tentant de faire passer Le dernier mercenaire pour un blockbuster. En évoquant le fait qu'il ait été sélectionné au ''Comic con'' de Paris. Comme si cela pouvait faire de lui, une référence alors que le film est, je le répète, une véritable purge ! Pourtant, c'est avec l'espoir d'y retrouver un Jean-Claude Van Damme s'auto-pariodant volontiers que j'ai perdu deux heures de ma vie, à me demander ce que lui et les autres interprètes avaient pu consommer comme substance réprouvée par la loi pour en arriver à accepter de tourner pour un réalisateur qui n'a de connaissance pour le métier que le nom. David Charhon est le genre d'individu qui pousse un genre vers le bas et le fait décliner quand déjà sont rares ceux qui parviennent à relever le niveau. Dialogues de demeurés et mise en scène terriblement plate (pour un film qui se veut une comédie d'action), Le dernier mercenaire s'offre un casting intéressant mais qui malheureusement sent très vite le rance. Imaginez donc sur un même tournage la star belge, Miou-Miou, Patrick Timsit ou Valérie Kaprisky venus se corrompre aux côtés d'Eric Judor ou Alban Ivanov, eux-même suivis de près par une jeune garde pas franchement rigolote en les personnes de Samir Decazza, Assa Sylla (qui ne semble n'avoir aucun rapport avec l'humoriste Ahmed Sylla) ou Djimo, ce dernier étant un transfuge du Jamel Comedy Club...


Le dernier mercenaire est d'une lourdeur absolue, renvoyant les bouffonneries de Michael Youn et de son ancienne équipe de pitres de M6 sur les bancs d'école afin d'y prendre des leçons de singeries de la part de David Charhon et de ses interprètes. À moins d'être chargé en protoxyde d'azode durant toute la projection, c'est la gêne plutôt que les rires qui émerge de situations terriblement affligeantes puisque stériles en matière d'humour. À titre d'exemple, Patrick Sébastien (auquel je voue cependant une certaine admiration) et ses chansons pour bals musette, foires agricoles et fêtes de fin d'année trop arrosées s'en sortent nettement mieux que l'hallucinante (parce que pathétique) séquence lors de laquelle (faute de moyens, par envie d'économiser ou plus simplement par fainéantise) Alban Ivanov se trimballe une tronche en biais après que Jean-Claude Van Damme lui ait mis son poing dans la gueule. De quoi se rendre compte de l'immense vide que représente la scène et le film dans son ensemble. Une œuvre à laquelle, le réalisateur encore une fois tente honteusement de raccrocher quelques références cinématographiques des milliers de fois plus cohérentes et sympathiques. Que l'on soit fan de l'acteur belge ou des autres, rien n'y fait. À moins d'avoir mis des billes dans le projet afin d'en récolter des fruits, à moins d'être de la famille ou un proche du réalisateur, de l'un de ses techniciens ou de tel ou tel interprète, je ne vois pas comment on pourrait adouber cette chose infâme qui ne mériterait au pire, que le vide-ordure ou les chiottes et au mieux, une indifférence polie. Beurk !

Jungle Cruise de Jaume Collet-Serra (2021) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Jaume Collet-Serra...  Jaume Collet-Serra... Ça me parle... Ca serait pas l'un des deux auteurs du film d'horreur espagnol [•REC] ? Mince, non, je confonds avec Jaume Balagueró. Mais alors... ? Bon sang mais c'est bien sûr : c'est le gars qui a attiré ma curiosité il y a douze ans en salle avec Esther. Un long-métrage dont je n'ai pourtant conservé aucun souvenir. Ce soir, j'avais le choix entre rester enfermé entre les murs de mon appartement et me farcir les quasi deux heures de Le dernier Mercenaire, le dernier ''Van Damme'' et Jungle Cruise de Jaume Collet-Serra . Mais après avoir assisté cet après-midi aux vingt premières minutes sur Netflix du premier, j'ai compris que ça n'allait pas voler bien haut et surtout, que la tendance allait trop tirer du côté ''djeuns'' pour me convenir. Mais j'y reviendrai, c'est certain. C'est donc en traînant des pieds que j'ai transporté ma carcasse jusqu'à la première salle de cinéma pas trop éloignée de chez moi pour y découvrir ce que je n'attendais pas comme le nouveau messie du film d'aventures façon Indiana Jones mais plutôt comme une épopée comique et bourrée d'action. Pourtant pas spécialement fan de l'hypertrophié musculaire Dwayne Johnson malgré un San Andreas aussi réjouissant qu'improbable en 2015, c'est plutôt le joli d'Emily Blunt minois qui m'a fait passer la porte du cinéma. En réalité, plutôt l'évocation de certains longs-métrages dans lesquels j'avais pu la découvrir auparavant. Non pas le surestimé Sans un Bruit de  John Krasinski mais plutôt Sicario de l'un de mes chouchous, le canadien Denis Villeneuve, Looper de Rian Johnson ou encore un peu plus loin, L'agence de George Nolfi...  

 

Pas trop de monde dans la salle, deux ou trois couples, quelques solitaires et une famille, enfants et adolescents compris. Fondu au noir dans la salle... Cent vingt-huit minutes plus tard, qu'en est-il du long-métrage de  Jaume Collet-Serra ? À dire vrai, pas grand chose. Un long-métrage friqué pour familles nombreuses, comportant des clins d’œil plus ou moins ouvertement officiels. Si la bande-annonce promettait une action sans fin, sans coupures ainsi que des myriades de séquences à effets-spéciaux, la durée de Jungle Cruise impose de longs passages de bavardages pas vraiment passionnants. On sourit gentiment et le trio formé par Dwayne Johnson, Emily Blunt et Jack Whitehall est relativement attachant. On a droit à l'évocation de l'homosexualité de MacGregor Houghyon, le frère de l'héroïne Lily. Trop pour un film qui ne s'y prête pas forcément mais pas assez pour la communauté LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres) qui aurait aimé qu'en dehors de quelques (vulgaires) références, le mot Gay imprime le récit.  Jack Whitehall et son allure de Kyle MacLachlan rajeunit de trente ou quarante ans, Emily Blunt et son agaçant personnage emprunté à celui de À la poursuite du diamant vert (Kathleen Turner interprétant le rôle de Joan Wilder dans le film de  Robert Zemeckis en 1984), Dwayne Johnson et sa silhouette, son visage qui lui donnent l'allure d'un Mads Mikkelsen bodybuildé permettent de ne pas trop s'ennuyer même si un énorme ventre mou s'installe au bout d'une heure et quart et pour les trente minutes suivantes. Et autant de temps qu'il aurait peut-être été de bon ton de nous épargner en l'expurgeant afin de rendre le film aussi attractif que sa bande-annonce...  

 

Jungle Cruise est une comédie d'aventures qui emprunte autant aux Aventuriers de l'arche perdue de Steven Spielberg avec ses allemands dirigés par un certain Prince Joachim (l'acteur Jesse Piemons dans une sorte de grotesque croisement entre Matt damon et Benny Hill) qu'à  Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar de  Joachim Rønning et Espen Sandberg puisque le personnage de Aguirre interprété par Edgar Ramirez et ses hommes évoquent immédiatement celui du capitaine Armando Salazar qu'incarnait quatre ans plus tôt l'acteur espagnol Javier Bardem. Rien de transcendant, donc, ni rien de véritablement innovant en matière d'aventure, de mise en scène, d'interprétation ou d'effets-spéciaux. La faune recréée en images de synthèse s'avère peu crédible (à chaque apparition du jaguar Proxima, le fauve pue littéralement les CGI). Le film, censé se dérouler sur le fleuve Amazone a en réalité été tourné à des milliers de kilomètres de là, dans l'archipel d'Hawaï. L'illusion y est cependant parfaite et les décors de toute beauté. Sûr que les plus jeunes et celles et ceux qui ne connaissent toujours pas les grands classiques du cinéma d'aventures risquent de se réjouir en partie de ce spectacle haut en couleurs. Les autres risquent par contre de faire grise mine et peut-être même de s'y ennuyer. Sans être totalement inconsistants, les personnages (et le film, issu d'une attraction disponible dans certains parcs Disney) s'avèrent plutôt fades au regard de leurs ancêtres dans le domaine. Un film que l'on aura tôt fait d'oublier... Ce qui n'empêche pas l'acteur Dwayne Johnson de rêver déjà d'une séquelle...

vendredi 30 juillet 2021

The Curse of Frankenstein de terence Fisher (1957) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Allez, on quitte l'univers de la science-fiction (quoique...) mais l'on reste dans celui de Terence Fisher et dans celui de l'épouvante et de l'horreur. Ces films qui font claquer des dents, provoquent des insomnies ou de terribles cauchemars. Qui vous glacent les sangs et accélèrent votre rythme cardiaque... du moins, en théorie. Parce que dans la pratique, ça arrive quand même assez rarement. Terence Fisher toujours, donc. Finis les extraterrestres ridicules... !!! Ah mince ! Je viens tout juste de percuter que j'ai déjà quitté l'univers des étoiles récemment avec l'excellent The Two Faces of Dr. Jekyll de 1959. Bon, c'est pas grave. On va faire avec et ne surtout pas reculer parce que là, on aborde pas n'importe quelle créature du bestiaire fantastique mais l'une des deux ou trois parmi les plus emblématiques. Car aux côtés du mythe de Dracula, celui du docteur Frankenstein et du roman de Mary Shelley Frankenstein ou le Prométhée moderne qui parut pour la première fois au tout début de l'année 1818 fait partie des poids lourds qui ont été et continuent d'être adaptés au cinéma et à la télévision. Le réalisateur britannique Terence Fisher s'est coltiné à lui tout seul la réalisation de cinq longs-métrages mettant en scène ''Dieu'' et sa créature/puzzle. Le premier d'entre eux s'intitule The Curse of Frankenstein, fort curieusement transformé en Frankenstein s'est échappé dans notre pays, comme si nous avions loupé avant lui, un épisode fantôme des aventures du Baron Victor Frankenstein dont le projet, aussi fascinant que morbide, est de créer l'homme parfait à partir de différentes parties de corps humains appartenant à différents individus. Le corps d'un bandit découvert pendu à une potence, les mains d'un sculpteur ainsi que le cerveau d'une sommité intellectuelle...


Et parce qu'il faut obligatoirement passer par l’œuvre originale si l'on veut aborder avec un tant soit peu de crédibilité l'univers de Mary Shelley, les débuts de ce qui deviendra au fil du temps une pentalogie démarre de manière relativement classique. Le fan du roman en particulier et l'amateur de cinéma d'horreur et d'épouvante en général sont donc en terrain conquis. Avant toute chose, une bonne nouvelle. Peter Cushing, l'un des interprètes fétiches du réalisateur sera au rendez-vous sur les cinq longs-métrages. Mauvaise nouvelle en revanche : Christopher Lee n'apparaîtra que dans ce premier film, enchaînant dès l'année suivante sur le tournage de Horror of Dracula dans lequel il incarnera pour la première mais pas la dernière fois le personnage aux dents longues et pointues qui le rendra mondialement célèbre. Dans le cas présent, la créature ne s'offre qu'une partie congrue puisque The Curse of Frankenstein est surtout centré sur l'interprétation de Peter Cushing. Démarrant par la rencontre entre un prêtre et le Baron Frankenstein enfermé dans une cellule, le film est un long flash-back revenant sur les événements qui ont mené à l'arrestation de Victor Frankenstein. Pour la toute première fois, le mythe apparaît sur grand écran en couleurs. Ce qui n'en fait malheureusement pas un sommet du genre puisque le réalisateur James Whale mis la barre très haute vingt-six ans auparavant avec son chef-d’œuvre sobrement intitulé Frankenstein...


The Curse of Frankenstein décrit la folie d'un homme qui rêvait de devenir Dieu à la place de Dieu et qui accouche en fin de compte d'une créature monstrueuse parfaitement ingérable et meurtrière. Loin d'atteindre l'acteur Boris Karloff dans son interprétation de la créature, Christopher Lee fait ce qu'il peut avec les moyens du bord et un maquillage nettement moins marquant. Heureusement, le film est porté par l'interprétation de Peter Cushing qui déploie des trésors d'imagination afin de rendre crédible cet homme aussi fou que génial qu'est le docteur Frankenstein. Décors baroques, laboratoire encombré de fioles et de substances chimiques, quelques fonds en matte painting, le spectateur n'échappera pas à la présence d'une touche féminine en la personne d'Elizabeth (l'actrice Hazel Court que l'on retrouvera à plusieurs reprises chez Terence Fisher mais également chez Roger Corman) et de la gouvernante Justine qu'interprète l'actrice Valerie Gaunt. Également aux côtés du scientifique, son assistant Paul Krempe qu'incarne Robert Urquhart et auquel le scénario offre un temps de présence ainsi qu'une importance plus grands que ceux de la créature elle-même. Le directeur de la photographie Jack Asher offre un visuel pour l'époque remarquable, d'autant plus que la Hammer Film Productions qui produit le long-métrage a choisi de confier à Terence Fisher le projet, lequel aura alors en charge la délicate mission de réaliser le tout premier long-métrage de la société entièrement en couleur. Aujourd'hui non dénué d'un certain charme désuet, The Curse of Frankenstein est dans les grandes lignes relativement classique et respectueux de l'ouvrage de Mary Shelley même si le scénario prend certaines libertés concernant des personnages et plusieurs situations issus du roman. Terence Fisher n'attendra pas bien longtemps avant de remettre le couvert puisque dès l'année suivante il réalisera le second volet de sa pentalogie, le bien nommé The Revenge of Frankenstein...

 

The Two Faces of Dr Jekyll de Terence Fisher (1959) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

En 1964, le réalisateur britannique Terence Fisher adapte à son tour le livre de Robert Louis Stevenson Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde (L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde). L'un des plus célèbres et des plus fameux romans fantastiques qui depuis le début du siècle dernier fascine les réalisateurs du monde entier. Entre films d'épouvante et d'horreur, comédies ou parodies, ce double personnage a été trituré de toutes les manières possibles. Dans le cas de The Two Faces of Dr Jekyll, Terence Fisher inverse une constante qui voulait que jusqu'à maintenant, le séduisant docteur Jekyll se transforma en un hideux monsieur Hyde. Une chose ne change pas cependant. Le caractère nocif de ce dernier, un être abjecte qui bien que dans cette version il puisse arborer les traits d'un gentleman n'en est pas moins un individu extrêmement dangereux. Dans cette adaptation d'une rare noirceur, c'est l'acteur canadien Paul Massie qui incarne le double rôle du docteur Henry Jekyll et d'Edward Hyde, et dont la ressemblance avec un autre acteur de même origine est assez troublante (Michael Sarrazin que l'on a notamment pu découvrir dans l'excellent téléfilm fleuve Frankenstein: The True Story de Jack Smight en 1973). Rien à voir ici ou si peu entre les deux hommes donc, Paul Massie incarne un docteur Jekyll dont la profession aurait dû le rendre fascinant mais dont l'attitude envers son épouse et ses proches le rend plutôt inintéressant, fade et ennuyeux. Laid, également, puisque plutôt que d'arborer un visage sympathique ou gracieux, Paul Massie/ Henry Jekyll est affublé d'une fausse barbe et de faux sourcils qui lui offrent une apparence particulièrement hideuse (renforcée dans la version française par un doublage qui le rend antipathique!)...


En matière d'artifices, c'est tout ce à quoi le spectateur aura droit. Pas d'effets-spéciaux donc. Pas de transformation aussi saisissante qu'ait pu être celle de l'acteur américain Fredric March dans la version de 1931 signée du réalisateur américain d'origine arménienne Rouben Mamoulian. Une économie de moyens et de temps qui permettent au réalisateur et ses interprètes de se concentrer sur l'intrigue et notamment sur l'image renvoyée par le scénario de Wolf Mankowitz sur une ville de Londres particulièrement décadente. Car en effet, au delà du simple sujet de la double personnalité (l'une bonne, l'autre mauvaise) dont le docteur tente de prouver l'existence, Terence Fisher explore une capitale dont les rues sont investies par des mendiants et des voleurs et où les petites gens se retrouvent pour boire jusqu'à plus soif et danser dans une maison des plaisirs ou travaillent à la chaîne des femmes de petite vertu. Pas la moindre trace ici d'aristocratie. Ce quartier de Londres qui pourrait tout aussi bien figurer le tristement célèbre district de Withechapel où eurent lieu les crimes atroces perpétrés par le tueur connu sous le nom de Jack l'éventreur en 1988 laisse planer une ombre perpétuellement menaçante. Le réalisateur insiste tant bien que mal sur le pessimisme ambiant et l'affaissement généralisé de la moralité en faisant des quelques personnages qui auraient pu inverser la vapeur, des êtres que la morale réprouve...


Dans The Two Faces of Dr Jekyll, il est difficile de trouver un quelconque personnage attachant, qu'il soit secondaire ou non. De l'épouse même du docteur (Kitty Jekyll qu'interprète l'actrice britannique Dawn Addams, en passant par son amant Paul Allen qu'incarne un Christopher Lee qui dépense sans compter l'argent de son meilleur ami tout en le trahissant avec sa propre épouse, jusqu'aux prostituées, conducteurs d'attelage et client du Sphinx, cette maison des plaisirs où l'on découvrira le temps d'une scène le tout jeune Oliver Reed dans l'un de ses premiers rôles au cinéma). Terence Fisher en rajoute une dernière couche en évoquant indirectement l'addiction aux drogues puisque dans sa version, le docteur Jekyll ne boit pas le sérum qu'il a mis au point mais se l'injecte directement dans les veines avec toutes les conséquences que cela peut induire. The Two Faces of Dr Jekyll est une excellente adaptation du roman de Robert Louis Stevenson. Sans doute l'une des meilleurs, du moins, l'une des plus sombres et pessimistes. Paul Massie y impose son inquiétant charisme et surtout, un sinistre sourire qui exprime à lui seul toute l’ambiguïté du personnage de monsieur Hyde. Terence Fisher injecte en outre quelques séquences divertissantes qui permettent de faire baisser la température (ou de la faire monter, c'est selon), entre la danse lascive d'une charmeuse de serpent que s'arrachent les grands de ce monde (l'actrice Norma Maria dont les traits auront tout de même un peu de mal à coller avec l'image d’icône de sensualité que lui prête le récit) et le spectacle façon ''Crazy Girls'' du célèbre cabaret de Paris, le Crazy Horse...

 

The Earth dies screaming de Terence Fisher (1964) - ★★★★★★★☆☆☆


Poursuivons le cycle consacré au réalisateur Terence Fisher et remontons de deux année supplémentaire dans le temps pour aborder The Earth dies screaming de 1964. Scénario de Harry Spalding, musique d'Elisabeth Lutyens, photographie d'Arthur Lavis. En remontant dans la filmographie du réalisateur britannique, il fallait s'en douter, il y avait de fortes chances pour que l'on passe de la couleur au noir et blanc. Et c'est effectivement le cas avec ce long-métrage qui comme les deux précédemment évoqués mélange science-fiction et épouvante. Tout commence comme un ersatz de Village of the Damned que Wolf Rilla réalisa quatre ans auparavant. Dans les deux cas, un étrange phénomène voit hommes et femmes s'effondrer au sol. Sauf que dans le cas présent, les choses s'avèrent beaucoup plus dramatiques puisqu'ils ne font pas que s'évanouir mais passent de vie à trépas. L'ampleur n'y est plus non plus d'ordre régional mais mondial. C'est ainsi qu'après une ''attaque'' au moyen d'un gaz, hommes et femmes tombent au sol, au volant de leur véhicule. Que des voitures finissent leur course contre un mur, qu'un train déraille ou qu'un avion s'écrase au sol. C'est là qu'entre en action Jeff Nolan qu'interprète l'acteur américain Willard Parker qui, arrivé en ville, constate que ses habitants sont tous morts. Ou presque puisque quelques survivants vont bientôt se joindre à lui...


Mais alors que l'on aurait pu espérer une variation sur le thème du roman de Richard Matheson The Last Man on Earth dans lequel un homme semble apparemment être le seul survivant d'une épidémie et qui de surcroît va devoir se méfier de la présence de créatures vampiriques, The Earth dies screaming semble lui, beaucoup plus ''terre à terre''. Ou en tout cas moins invraisemblable puisque la catastrophe semble due à des êtres venus d'une autre planète. L’œuvre de Terence Fisher frise le statut de moyen-métrage avec sa durée qui n'excède pas les soixante-deux minutes. Un format qui aurait pu combler l'une de ces fameuses séries de science-fiction qui firent la joie des amateurs du genre dans les années 50-60 (et notamment The Twilight Zone et The Outer Limits pour les plus célèbres d'entre elles). Avec un format aussi court, le spectateur ne devrait fort logiquement pas avoir le temps de s'ennuyer. The Earth dies screaming développe plusieurs sous-intrigues dont l'une des plus intéressantes se penche sur les relations humaines qui se développent entre les divers personnages. Des individus de tous horizons dont un Dennis Price aux allures de Ray Milland dans le rôle d'un personnage aussi abject que celui rencontré dans le classique de l'épouvante signé en 1968 par George Romero, Night of the Living Dead...

 

L'acteur Quinn Taggart incarne un type violent et orgueilleux, équipé d'une arme qui lui donne toute la puissance nécessaire sur ses compagnons d'infortune et notamment sur Peggy qu'interprète l'actrice Virginia Field. Un individu finalement peut-être plus inquiétant que ces robots venus de l'espace et à l'accoutrement un peu ridicule marchant avec peine mais capable de foudroyer quiconque a le malheur d'entrer en contact avec eux. Sous ses allures de petit film de science-fiction, The Earth dies screaming est surtout un film d'épouvante plutôt convaincant. Car une partie de ceux qui meurent au début du film se relèvent, comme guidés par les extraterrestres, arborant une attitude de morts-vivants avec des yeux révulsés du plus effrayant effet. Terence Fisher connaît ses classiques par cœur et certaines mises en situation s'avèrent parfois relativement flippantes (on pense notamment à la séquence lors de laquelle Peggy se retrouve seule piégée dans une maison où deux de ces ''zombies'' la traquent). Angoissantes, certes, mais pas toujours crédibles puisque la lenteur des envahisseurs et de leurs ''esclaves'' devraient permettre aux survivants de notre espèce de survivre sans trop d'efforts. Un sympathique petit film...

jeudi 29 juillet 2021

Island of Terror de Terence Fisher (1966) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Malgré un Night of the Big Heat de triste mémoire, poursuite du petit cycle consacré au réalisateur britannique Terence Fisher et remontée dans le temps d'une année de plus puisque cette fois-ci, Island of Terror date de 1966. Dans celui-ci, on retrouvait déjà l'acteur Peter Cushing qui à cette occasion incarnait le rôle principal du docteur Brian Stanley. Là encore, l'action se situe sur une île. Non pas à Fara en Écosse mais sur l'île de Petrie, en Irlande. C'est là que le docteur Brian Stanley a choisi de venir s'installer afin de poursuivre ses recherches sur le cancer. Rien que la musique de Malcom Lockyer et les sons électroniques produits par Barry Gray permettent de comprendre très rapidement dans quel contexte les personnages du film vont être plongés. Entre science-fiction, épouvante et horreur. À vrai dire, seules les présences du réalisateur et de l'un de ses acteurs fétiches dans le courant des années 50/60 suffisent à entrer de plain-pied dans ces genres qui furent en outre la matière première de la célèbre firme britannique Hammer Films à laquelle Peter Cushing et son ami Christopher Lee apportèrent énormément. Terence Fisher n'attend pas longtemps avant d'intéresser les spectateurs au mystère qui entoure la découverte d'un corps débarrassé de son ossature. Comme il le fera l'année suivante avec Night of the Big Heat, le réalisateur accompagne certaines séquences de sonorités électroniques avant-gardistes qui laissent supposer la présence de créatures sinon extraterrestres, mais n'ayant du moins aucun rapport avec le genre humain ou la faune terrestre connue...


La description d'un cadavre découvert dans une grotte située aux abords d'une péninsule par un agent de police est fort intéressante. Malheureusement, celle-ci demeure verbale, le film ne reposant tout d'abord pas sur des effets-spéciaux saisissants, quelques soient la qualité qu'ils auraient pu revêtir à l'époque. Un corps gélatineux, sans squelette, le spectateur n'a alors d'autre choix que de faire travailler son imagination. Du moins jusqu'à ce que nos trois valeureux enquêteurs (les docteurs Brian Stanley, David West et Reginald Landers, respectivement interprétés par Peter Cushing, Edward Judd et Eddie Byrne) ne débarquent dans un laboratoire pour y découvrir plusieurs cadavres fabriqués à partir de ce qui semble être l'ancêtre du latex. Un visage, une main, et même plus tard le corps d'un cheval, les uns et les autres ayant l'apparence de gants en caoutchouc Mapa ! L'aventure ne se fera bien entendu pas sans une présence féminine comme cela est de coutume à l'époque dans ce genre de productions foisonnantes. Ici, c'est l'actrice Carole Gray qui interprète le rôle de la charmante Toni Merrill...


Si le récit de Island of Terror ressemble sous certains aspects à celui de Night of the Big Heat, le niveau de qualité y est en revanche beaucoup plus élevé. Les créatures qui apparaissent à l'écran sont bien moins ridicules et pour se faire une idée assez précise de leur apparence, disons qu'elles ressemblent à des raies de type ''Raja Montagui'' à la peau verruqueuse, nantis d'une unique tentacule/ventouse et capables de se diviser en deux pour se reproduire et se propager. S'il est généralement de bon ton de découvrir un film dans sa version originale, le doublage en français est là encore, d'excellente qualité. On reconnaîtra notamment la voix de Jean-Claude Michel qui doubla notamment Sean Connery dans nombre de longs-métrages ainsi que l'incroyable timbre de Jean Topart, lequel excellera dans la narration et le doublage pour le cinéma puisque l'on entendre sa voix sortir des lèvres du Don Gaspar de Carvajal d'Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog en 1972, du Doc de L'évadé d'Alcatraz de Don Siegel en 1979 ou encore du Juggernaut de Terreur sur le Britannic de Richard Lester en 1974. Terence Fisher a l'excellente idée de nous épargner l'amourette entre la belle de service et le beau docteur David West. Une habitude qui en général nuit au rythme et n'apporte rien aux longs-métrages du genre. Cette absence de romance qui nous fait d'ailleurs dire en contrepartie que la présence de l'actrice Carole Gray n'a d'autre intérêt que d'éviter un film 100% masculin. Un long-métrage sympathique au final même si l'on aura une toute petite pensée pour Peter Cushing et Edward Judd qui pour les besoins du récit devront à un moment donné porter des combinaisons anti-radiation fort évocatrices. Mais pour en savoir plusà ce sujet, un seul conseil : acquérir le film le plus rapidement possible...

 

Vivre pour Survivre (White Fire) de Jean-Marie Pallardy (1984) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

De l'action, des sentiments incestueux, un trafic de diamants, des gentils et des méchants (dont un chef de police corrompu), des américains, des turcs tous plus ou moins moustachus, une opération de chirurgie esthétique et des acteurs américains, britanniques, italien et français pour un long-métrage dont son auteur, le réalisateur français Jean-Marie Pallardy a débuté sa carrière dans l'érotisme avant de la poursuivre dans le cinéma d'action. Considéré comme l'un des plus fameux nanars de l'histoire du cinéma, Vivre pour survivre (ou White Fire, du nom d'un énorme diamant convoité par tous les personnages) est au regard de bon nombre de longs-métrages de la catégorie, nettement plus regardable que certains d'entre eux. Pourtant, évoquer la longue liste des défauts qu'il arbore pourrait prendre des plombes. Entre ses incohérences scénaristiques, sa mise en scène approximative et son indigente interprétation, le film de Jean-Marie Pallardy reste effectivement un joyau du genre nanar. Pourtant, le réalisateur a su s'entourer de ''célèbres'' interprètes. À commencer par l'acteur Robert Ginty qui, si son nom ne nous parle pas forcément, est connu pour avoir tourné dans nombre de séries télévisées parmi lesquelles on retiendra surtout Le têtes brûlées dans laquelle il a tenu l'important rôle du lieutenant T.J.Wiley entre 1976 et 1978. il interprète dans le cas présent le personnage principal Mike Donelly qui en compagnie de sa sœur Ingrid et de Sam qui leur sauva la vie vingt ans auparavant opère un trafic de diamants prélevés dans une mine proche qui lors d'un éboulement va révéler la présence du White Fire, une gemme légendaire d'une valeur de plusieurs millions de dollars que va tenter de s'approprier une certaine Sophia (qu'interprète l'actrice italienne Mirella Banti)...


Film d'action non dénué de scènes gore et de sexe ambigu (le personnage de Mike étant ouvertement attiré par sa propre sœur), le scénario écrit par Jean-Marie Pallardy est un foutoir sans nom se traînant sur plus de cent minutes, entre gunfights, scènes chaudes (l'actrice britannique Belinda Mayne et sa très... intéressante plastique prenant un bain de minuit pour notre plus grand plaisir), bagarres et dialogues improbables. Le tout enrobé d'une bande-son ultra répétitive composée par Jon Lord et reprenant en outre sans cesse les deux thèmes musicaux White Fire et One Day At A Time qu'interprète le groupe Limelight (à ne pas confondre avec le groupe de heavy metal originaire de Mansfield, en Angleterre). Œuvre franco-britannico-turc, Vivre pour survivre se déroule en Turquie comme le soulignent un grand nombre de figurants moustachus au teint basané et le son des clarinettes et autres Kaval, instruments typique joués en Turquie et notamment à Istanbul où se situe plus précisément l'action. Le film ne nous fait malheureusement pas vraiment voyager. Les décors sont en général relativement navrants en dehors de quelques exceptions. Fort heureusement, l'inaptitude des interprètes à jouer convenablement rattrape le tout, transformant ce petit film d'action inepte en une comédie involontaire. Il faut voir l'ancien joueur de football américain et ancienne vedette de la Blaxploitation Fred Williamson débarquer avec ses gros sabots dans une parodie de ses incarnations passées. Jouant avec les pieds (au sens propre comme au figuré), l'acteur est sans doute le plus mauvais d'entre tous. À noter qu'au tout début du film, en forme de trip bizarre accentué par une bande son inspirée par les nappes ''floydiennes'' de l'époque, apparaît le réalisateur lui-même dans la peau du père de Mike et Ingrid...


Un petit air de la série.... V ?
Aux côtés de Robert Ginty et de Belinda Mayne l'on retrouve l'acteur américain naturalisé français Jess Hahn, bien connu des plus anciens chez nous puisqu'il joua notamment aux côtés de Francis Blanche, Lino Ventura ou Jean-Paul Belmondo et pour Georges Lautner, Philippe de Broca ou encore Jean-Pierre Mocky. Sa participation à un film de Jean-Marie Pallardy ne sera ici ni la première ni la dernière. Notons également la présence de Gordon Mitchell, acteur américain interprétant nombre de rôles dans le cinéma italien, surtout dans des westerns, apparaissant même dans le rôle du tueur à gage de la comédie de Gérard Oury en 1980, Le coup de parapluie aux côtés de Pierre Richard et de Gérard Jugnot. Jean-Marie Pallardy use d'une astuce plutôt maline mais carrément improbable pour aborder le sujet de l'inceste sans choquer les âmes sensibles. Il fait du personnage d'Olga (interprétée par Diana Goodman), la remplaçante d'Ingrid qui après avoir rencontré DEPUIS TRES PEU DE TEMPS son frère accepte de s'allonger sur une table d'opération pour se faire refaire le visage à l'effigie de la sœur de Mike. Le genre de détail invraisemblable qui participe de la légende d'un film tel que Vivre pour survivre. Si c'est pas beau l'amour...

 

mercredi 28 juillet 2021

La nuit de la grande chaleur de Terence Fisher (1967) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Petit cycle consacré au réalisateur britannique Terence Fisher versant dans le cas présent dans la science-fiction horrifique. On commence avec La nuit de la grande chaleur (Night of the Big Heat) dont le titre français n'a absolument rien à voir avec la nuit du même nom qui eu lieu il y a de cela dix ans en arrière à la Cinémathèque de Paris٭. Une nuit qui fut consacrée au cinéma pornographique lors de laquelle trois longs-métrages furent projetés. Non, ici on demeurera plus raisonnable avec un genre qui ne demande plus vraiment que l'on confirme avant d'entrer dans une salle de cinéma son âge à l'aide d'une pièce d'identité. En dehors du désagréable sentiment d'être atteint d'acouphène, La nuit de la grande chaleur n'apportera pas grand chose de positif à l'amateur de science-fiction et (ou) d'épouvante tant le long-métrage de Terence Fisher s'avère d'un ennui sidérant. En effet, il ne s'y passe pas grand chose. L'action, si tant est que l'on puisse appeler cela ainsi, se déroule dans la campagne écossaise et plus précisément sur l'île de Fara. C'est là que de curieux phénomènes se produisent. Des sons désagréables y résonnent à intervalles réguliers tandis qu'une chaleur étouffante s'impose alors que l'on y est en hiver. L'intrigue tourne autour d'un auberge où se retrouvent réunis le scientifique Godfrey Hanson (Christopher Lee), le docteur Vernon Stone (Peter Cushing), le couple formé par Frankie et Jeff Callum (respectivement interprétés par Sarah Lawson et Patrick Allen), ainsi que la maîtresse de ce dernier, Angela Roberts (Jane Merrow)...


La situation rend fou les hommes et provoque parfois des attitudes inattendues. Comme la tentative de viol d'Ezra Mason (l'acteur Kenneth Cope) sur la personne d'Angela. Mais bientôt Godfrey Hanson révèle la raison de sa présence à l'auberge : La chaleur écrasante ne semblerait pas être le fruit d'un phénomène naturel mais d'une espèce d'extraterrestres qui pour survivre sur notre planète auraient besoin de chaleur. Pas grand chose à retenir de cette Nuit de la grande chaleur si ce n'est le rôle de garce interprété par Jane Merrow qui donne lieu à une drôle de relation entre elle et son amant Jeff Callum. Du genre : ''suis-moi, je te fuis. Fuis-moi, je te suis''. Pas de quoi sauter au plafond à vrai dire et le viol semble être finalement la seule véritable scène un brin ''sexy'' du long-métrage. Basé sur le roman de l'écrivain John Lymington publié en 1959, La nuit de la grande chaleur est un sous-Envahisseurs qui aurait oublié de prendre partie pour une quelconque approche de cette paranoïa ambiante que l'on rencontra en outre et justement dans la célèbre série télévisée incarnée par Roy Thinnes entre 1967 et 1968 ou plus tard dans le chef-d’œuvre de Philip Kaufman, Invasion of the Body Snatchers en 1978...


Pas d'extraterrestres se camouflant sous l'apparence tout à fait anodine d'hommes et de femmes dont seul le petit doigt révèle leurs origines mais sous celle de créatures particulièrement laides (oui, dans le sens péjoratif du terme!) auquel le scénario offre une fin, sinon ridicule, du moins pas davantage que celle qu'offrait le roman de H.G.Wells dans lequel ses belliqueux envahisseurs mourraient tous au contact de microbes terrestres. Ici, la conclusion est certes moins ''fine'' mais peu tout de même s'envisager (les rires des spectateurs étant alors de mise). Pour du Terence Fisher, celui-là même qui tourna bon nombre de classiques de l'épouvante, La nuit de la grande chaleur est une véritable verrue dans sa filmographie. Chiant comme la mort, dénué d'effets-spéciaux crédibles (une fois conquis les aliens ressemblent à des vessies de porcs translucides, pouah!), il n'y a guère que l'interprétation et les environnements pour ne pas totalement gâcher la pellicule. Il n'empêche que La nuit de la grande chaleur est d'un inconfort total. Le genre de production que l'on quitte rapidement ou dont on attend courageusement le générique de fin en trépignant d'impatience... à noter que le public se rua ''en masse'' à hauteur d'un demi-million de spectateurs, rien qu'à Paris à l'époque de sa sortie au cinéma !!! Pour une raison simple : il sorti sur les écrans augmenté de séquences pornographiques.٭ Comme quoi, ce qui peut sembler n'avoir aucun rapport peut en avoir tout de même un peu...

 

Location Africa de Steff Gruber (1987) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Après avoir accompagné l'acteur Klaus Kinski et le réalisateur Werner Herzog dans les aventures du personnage de Cobra Verde dans le film du même nom, quoi de plus indispensable que de poursuivre cette exceptionnelle expérience en y ajoutant juste derrière, l'excellent documentaire du réalisateur et photographe suisse Steff Gruber ? Bien avant tout le monde, ce dernier crée le premier fournisseur d'accès à internet suisse, Cultnet au tout début des années quatre-vingt. C'est lors du tournage de son documentaire-fiction Fetish & Dreams en 1982 qu'il fait la connaissance de Werner Herzog avec lequel il collaborera cinq ans plus tard pour donner vie à Location Africa, un documentaire exclusivement consacré aux coulisses du tournage de Cobra Verde. Le formidable témoignage d'une amitié compliquée entre deux hommes, le réalisateur et Klaus Kinski qu'il engagea là pour la cinquième et dernière occasion. Des coulisses à ciel ouvert puisque le documentaire est entièrement tourné au Ghana et s'intéresse en fait surtout à l'une des pièces maîtresses du long-métrage : la séquence d'entraînement d'un millier de figurants de sexe féminin, toutes leurs représentantes incarnant alors les centaines de guerrières amazones qui aux côtés de Cobra Verde auront la charge de défaire l'autorité du roi du Dahomey. La voix-off de Steff Gruber nous explique le cheminement qui l'a amené à tourner avec sa propre caméra ce documentaire. Une caméra portée à l 'épaule par l'un de ses collaborateurs puisque lui-même apparaît à diverses reprises devant l'objectif.


Une attitude qui pourra parfois paraître sinon envahissante, du moins étonnante lorsque l'on prend en compte le fait que le projet tourne tout d'abord autour de ses deux vedettes et du film qu'ils ont la lourde tâche de mener à bien... ''Ils'' puisque comme le veut la légende et comme le confirment les images, Klaus Kinski se voit une fois n'est pas coutume comme le prophète à la place du prophète. S'insinuant un peu trop souvent dans la tâche qui incombe en vérité à Werner Herzog, l'acteur veut décider de tout. Et pas seulement en ce qui concerne sa propre direction d'acteur mais concernant également la manière de filmer. De placer la caméra à tel ou tel endroit. Bizarre d'ailleurs. Car si dans certaines circonstances Klaus Kinski se veut au premier plan de l'image comme la star qu'il revendique être, il laisse parfois tout latitude pour que soient filmées en priorité ces dizaines, ces centaines de figurantes à la peau couleur d'ébène. Ces dernières, justement. Que Steff Gruber filme et questionne à intervalles réguliers. Leur demandant à tour de rôle ce qu'elles pensent du tournage, livrant pour certaines leur rêve illusoire de devenir des stars de cinéma. Avec sa technique toute particulière de filmer, on découvre un Werner Herzog otage de promesses que la production ne semble pas prête à tenir. Une question d'argent bien entendu, qui mènera un millier de figurantes à menacer le réalisateur de refuser de porter leur costume et d'arrêter de tourner l'indispensable séquence d'entraînement des amazones s'il n'accepte pas de leur accorder le double de ce que la production (qui avait tout d'abord décidé de couper la poire en deux) leur avait promis...


Mais un documentaire avec au centre le charismatique interprète allemand ne pouvait en être véritablement un que si on pouvait le voir entrer dans ses légendaires colères. Pour des raisons parfois futiles, cet éternel besoin de reconnaissance qui s'exprime tantôt de manière inquiétante, tantôt de façon infantilisante. D'une durée dépassant à peine les soixante minutes, Location Africa est un documentaire fascinant qui témoigne d'abord des difficultés rencontrées par un cinéaste pourtant rompu à la chose (on sait les expériences passées d'Aguirre, la colère de Dieu et de Fitzcarraldo ô combien éprouvantes), humaniste (puisqu'il prend sur lui de promettre aux figurantes qu'elles toucheront bien l'argent exigé), patient (il faut voir le temps qu'il passe à tenter de faire comprendre à Klaus Kinski ses choix artistiques, au détriment, parfois, de figurants qui perdent patience à brûler sous l'implacable soleil) et très libre dans sa conception du cinéma. Un Werner Herzog que l'on aurait sans doute aimé voir plus souvent à l'image. Seul petit défaut d'un documentaire que tout fan de l'acteur et (ou) du réalisateur se doit d'avoir vu au moins une fois dans sa vie de cinéphile...

 

mardi 27 juillet 2021

Il Mostro de Roberto Benigni (1995) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Roberto Benigni. Acteur, réalisateur, scénariste qui à Cannes en 1998 cru avoir emporté la palme d'or du festival pour La vie est belle alors qu'il n'allait repartir ''qu'avec'' le Grand prix du jury. Couvert de prix dont trois Oscars l'année suivante, l'italien fut l'auteur en 1995 de la comédie Il Mostro dans lequel il tient lui-même le rôle principal de Loris, un homme maladroit soupçonné d'être ''le monstre'', un individu qui au démarrage du long-métrage en est déjà à sa dix-huitième victime de sexe féminin. Si Il Mostro possède au départ tous les atouts pour devenir une parodie de giallo, genre typiquement italien qui mêle le policier au cinéma d'horreur avec en général, une légère pointe d'érotisme, l’œuvre de Roberto Benigni se contente à dire vrai de tourner autour du personnage principal. Suivant des cours de chinois auprès d'un professeur ventripotent (l'acteur Franco Mescolini), rendant de menus services à son ami Pascucci (Ivano Marescotti), voleur à l'occasion, Loris est suivi sans le savoir par le psychiatre Paride Taccone (l'acteur français Michel Blanc). Acculé par un propriétaire (Jean-Claude Brialy dans le rôle de Roccarotta) qui tente de le jeter dehors en revendant l'appartement qu'il lui loue, le pauvre homme fait bientôt la connaissance de la détective Jessica Rossetti qui sous l'impulsion du psychiatre et de Frustalupi (Laurent Spielvogel) va se rapprocher de lui et même s'installer dans son appartement afin de le confondre...


Roberto Benigni en fait des tonnes, agissant comme le suspect idéal. Du grain à moudre pour la police et le psychiatre qui peinent à mettre la main sur le tueur. D'où d'innombrables situations où le comique l'emporte sur l'aspect dramatique d'événements qui sont de toute manière relégués au second plan. Tout le génie comique de l'acteur italien s'y révèle à travers des séquences diverses et improbables lors desquelles il se met lui-même dans des situations qui dans d'autres circonstances apparaîtraient comme profondément ambiguës mais qui en rapport avec l'approche du film tiennent plutôt du quiproquo. C'est ainsi que l'on découvre un Loris se secouant la nouille devant une femme exposant son postérieur, ayant l'air de s'accoupler avec un mannequin d'exposition devant une Jessica proprement écœurée, se suspendant sous le balcon d'une femme s'apprêtant à arroser ses fleurs, penchée en avant comme de bien entendu... Et pourtant, le doute s'installe dans l'esprit de la détective qui une fois installée chez lui entreprend tout ce qu'elle peut pour le ''tenter'' et lui faire baisser la garde...


Souvent très drôle, voire pittoresque, Il Mostro souffre peut-être d'une durée un peu trop importante. D'autant plus que le concept est rapidement digéré par le spectateur. Un peu à la manière des plus anciens comiques du cinéma muet et en noir et blanc, l'acteur-scénariste-réalisateur nous offre une comédie burlesque qui rapproche Il Mostro de l'univers de notre Pierre Richard national et propose en outre un sympathique casting constitué d'interprètes français et italiens. Fameux !

 

Cobra Verde de Werner Herzog (1987) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

L'acteur Klaus Kinski et le réalisateur Werner Herzog ont en commun leurs origines, cinq longs-métrages de fiction (Aguirre, la colère de Dieu en 1972, Nosferatu Fantôme de la Nuit et Woyzeck en 1979, Fitzcarraldo en 1982 et enfin Cobra Verde en 1987), ainsi qu'une poignées de documentaires les mettant en scène tous les deux lors de leurs divers tournages en commun dont les fascinants Burden of Dreams de Les Blank réalisé en 1982 et My Best Fiend signé de Werner Herzog lui-même en 1998. Après avoir écrit il y a de cela quelques années des articles consacrés aux quatre premiers longs-métrages coopératifs entre les deux hommes, il fallait bien que j'aborde enfin le dernier d'entre eux. Cobra Verde fait voir du pays aux deux hommes, à l'équipe technique et aux spectateurs puisque le film partage son intrigue entre le Sertão qui est une région du Brésil située dans l'arrière pays, le Ghana et enfin le Bénin. Werner Herzog et son acteur fétiche quittent le Pérou de Aguirre, la colère de Dieu et Fitzcarraldo, traversent l'océan Atlantique pour se rendre dans des régions particulièrement arides pour donner vie à l'adaptation du roman The Viceroy of Ouidah du romancier britannique Bruce Chatwin sorti au tout début des années quatre-vingt. Égal à lui-même, Klaus Kinski va y incarner un personnage outrancier dans la démesure. Caricatural diront certains mais toujours aussi impressionnant malgré ses soixante ans passés. L'acteur allemand n'est pas l'unique interprète du réalisateur à avoir déjà collaboré avec Werner Herzog. On y retrouve effectivement José Lewgoy et Peter Berling qui tous deux tournèrent dans Fitzcarraldo, le second ayant même tenu le rôle de Don Fernando de Guzman dans Aguirre, la colère de Dieu)...


Le long-métrage situe tout d'abord son action à la fin du dix-neuvième siècle dans le Sertão tandis que l'éleveur Francisco Manoel da Silva (qu'interprète donc Klaus Kinski) perd ses récoltes et son bétail suite à la sécheresse. Devenu plus tard un voleur redouté par les habitants de la région, il est pris sous l'aile de Dom Octávio Coutinho (José Lewgoy), riche propriétaire d'une très vaste plantation de canne à sucre. Après avoir découvert que ses trois filles ont été engrossées par Francisco Manoel da Silva que tout le monde surnomme Cobra Verde, l'un des proches conseille à Dom Octávio Coutinho d'envoyer ce dernier sur les terres d'un certain Bossa Ahadee, roi du Dahomey (campé par Son Altesse l'Omanhene Nana Agyefi Kwame II de Nsein, un petit village du Ghana) afin de négocier l'achat de nombreux esclaves. Mais ce que ne sait pas Francisco Manoel da Silva, c'est que le producteur de sucre l'envoie en fait à la mort. En effet, le roi du Dahomey ne supportant pas que l'homme blanc ou que de quelconques étrangers foulent ses terres, il a pour habitude de les faire tuer par ses soldats. Mais alors que les jours de da Silva semblaient comptés, celui-ci va collaborer auprès du neveu du roi, bien décidé à prendre le pouvoir avec l'aide de l'homme blanc dont il vient de sauver la tête...


Et à Klaus Kinski et Werner Herzog de débarquer maintenant en Afrique, sous une chaleur torride qui se lit sur le visage en sueur de l'acteur qui pourtant, malgré l'étouffante atmosphère, ne se ménage pas. Comme il le fit avec les indigènes du Pérou plus de dix ans en arrière, le réalisateur emploie désormais des centaines d'autochtones de la région, donnant une couleur toute particulière à sa dernière collaboration auprès du colérique Klaus Kinski. Parfois à la limite du documentaire, Cobra Verde est surtout un somptueux voyage en terres africaines que le réalisateur nous fait découvrir à son rythme, sans trop se presser, avec ce sentiment très étrange que nous fait ressentir la partition musicale de l’indécrottable groupe phare du rock choucroute auquel le réalisateur faisait régulièrement appel à l'époque. En effet, sous l'égide de Florian Fricke (disparu maintenant depuis vingt ans à seulement cinquante-six ans), le fondateur du groupe, la musique de Popol Vuh épouse parfaitement les contours visuels de certaines séquences réellement ''trippantes''. Une œuvre mêlant une certaine idée du colonialisme (l'homme blanc prenant possession ici d'une stupéfiante bâtisse et agissant comme l'ambassadeur d'un peuple jusqu'ici abandonné à son triste sort). Plutôt que de clore avec Cobra Verde un cycle de cinq films, Werner Herzog semble davantage mettre un terme à une trilogie au centre de laquelle la nature y exprime toute sa beauté. Sans doute moins impressionnant que Aguirre, la colère de Dieu ou Fitzcarraldo, Cobra Verde souffre en outre d'un doublage en allemand tantôt approximatif, mais plus assurément en inadéquation avec les autochtones du pays. Malgré tout, cette dernière collaboration entre l'acteur et son réalisateur demeure une très belle expérience cinématographique...

 

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