Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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lundi 31 mai 2021

The deadly Mantis de Nathan Juran (1957) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Petit voyage dans le temps pour ce long-métrage datant de 1957 et réalisé par le cinéaste américain Nathan Juran qui après avoir exploré le drame, l'aventure mais aussi et surtout le western jusque là va durant une très courte période s'intéresser au fantastique avec pas moins de cinq longs-métrages et huit épisodes de séries télévisées en l'espace de quatre années. Tout commence en 1957 avec The deadly Mantis traduit chez nous sous le très appétissant titre, La chose qui surgit des ténèbres... des ténèbres qui ne sont rien de plus, rien de moins que les conséquences d'une éruption volcanique située dans une toute petite zone du pôle sud ayant des répercussions en Arctique, là où est emprisonnée depuis des siècles une immense créature. Ce n'est pas trahir le mystère qui entoure celle-ci que de révéler qu'il s'agit d'une énorme mante religieuse puisque l'affiche d'origine ne fait aucun mystère quant à son apparence et donc, sa ressemblance avec cette espèce d'insecte connue pour sa voracité. Après une introduction étonnamment longue évoquant l'installation de trois lignes de radars positionnées entre les États-Unis et le Canada dont un système de surveillance baptisé ''ligne DEW'' prévue pour donner l'alerte en cas d'attaque provenant des régions polaires (il vaut mieux en effet se prémunir d'une éventuelle attaque du peuple esquimau !!!) , une station est attaquée par une ''entité'' qui pour le moment demeure mystérieuse. Puis c'est au tour d'un avion de connaître le même sort. Dans les deux cas, toute trace de l'homme à disparu. En enquêtant sur les disparitions, deux hommes mettent à jour une étrange ''épine'' qui paraît être d'origine organique.


Ne sachant cependant pas de quelle créature celle-ci provient, l'armée décide de faire appel au docteur Nedrick Jackson (l'acteur William Hopper ) du Museum d'histoire naturelle de Washington. En étudiant ''l'épine'', il découvre bientôt qu'il s'agirait d'un appendice appartenant à une mante religieuse aux proportions monstrueuses... Les films de créatures géantes se comptant par dizaines, on ne va pas chipoter en passant la brosse à reluire sur ce petit film relativement décevant. En effet, à côté de Des monstres attaquent la ville de Gordon Douglas ou de Soudain... les monstres de Bert I. Gordon, deux ''classiques'' du genre, aussi nanardesques qu'ils puissent être, The deadly Mantis fait peine à voir. Vu les proportions et la structure de la mante religieuse, celle-ci peine à se mouvoir lors de séquences en incrustation qui semblent pour l'équipe en charge des effets-spéciaux, compliquées à mettre en œuvre. À dire vrai, tout ou partie de l'intérêt du long-métrage de Nathan Juran repose dans sa première partie, lorsque les spectateurs sont censés n'avoir encore aucune idée des origines de la créature. Se situant tout d'abord au pôle nord, sur un glacier, le vent et la neige fouettant en permanence le visage des soldats installés sur place, il est possible de se passionner pour cette enquête qui pousse les hauts gradés de l'armée américaine à se creuser les méninges. La découverte de la station éventrée, de l'épave de l'avion militaire et la disparition de toute trace d'humains faisant tout le reste.


Comme le veut la tradition pour ce genre de longs-métrages, on n'échappe évidemment pas à l'idylle entre le représentant de l'autorité militaire et l'assistante du scientifique, ici incarnée par le séduisant Colonel Joe Parkman (l'acteur Craig Stevens) et par la charmante Marge Blaine (Alix Talton)... Si la mante religieuse est d'une laideur repoussante, ça n'est pas simplement pour des raisons évidentes mais parce que sa plastique est rudimentaire et fait davantage sourire qu'elle n'effraie. Même si à grands renforts de cuivres la partition musicale de Irving Gertz et William Lava tente de renforcer l'aspect dramatique des événements, elle n'y parvient jamais vraiment. À dire vrai, l'exploitation d'une créature capable de dévorer sans discontinuer ou d'attaquer aussi bien au sol que dans les airs était riche d'interaction. Malheureusement, une fois son identité établie, les scènes de ''guerre'' se succèdent mais s'avèrent relativement redondantes. The deadly Mantis est donc répétitif et passablement ennuyeux, agrémenté d'une séquence finale qui tente un dernier sursaut mais sans y parvenir. De plus, on sent bien que le budget dont bénéficie alors le réalisateur est plutôt maigre car des décors à la photographie en passant par les effets-spéciaux, tout ou presque est d'une laideur absolue. Reste des interprètes acquis à la cause de Nathan Juran et dont les personnages sont pourtant caractérisés de façon rudimentaire...

 

dimanche 30 mai 2021

Slugs de Juan Piquer Simón (1988) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Petit artisan du cinéma d'horreur et d'épouvante nous ayant habitué à des œuvres de sinistre mémoire d'un point de vue qualitatif (Supersonic Man en 1979, Mil Gritos Tiene la Noche en 1982 ou le pire d'entre tous, Los Nuevos Extraterrestres l'année suivante), le réalisateur espagnol Juan Piquer Simón, auteur d'une grosse dizaine de longs-métrages, signait pourtant en 1988, l'adaptation d'un ouvrage culte écrit par le romancier britannique Shaun Hutson connu sous le titre original de Slugs et traduit chez nous sous celui de La mort visqueuse. Un ouvrage que les amateurs de littérature horrifique auront le plaisir de découvrir en France à la toute fin de l'année 1986 grâce à la collection Gore des éditions Fleuve Noir. Sans doute l'un des dix ou quinze plus importants romans parus dans la dite collection entre 1985 et 1990. Signifiant limaces, Slugs est sans doute également né des suites du succès rencontré par Les dents de la mer de Steven Spielberg en 1975 ou du Piranhas de Joe Dante sorti trois ans plus tard mais très certainement plus encore de toute la vague de films d'horreur mettant en scène d'innombrables créatures de taille modeste mais qui par leur grand nombre deviennent de véritables dangers pour de petites communautés. D'un point de vue scénaristique et de mise en scène, Slugs demeure des plus conventionnel. Rien de bien original, donc, le film reprenant quelques aspects des classiques dont il s'inspire comme le maire refusant de mettre en pratique une opération devant permettre aux habitants de la ville de demeurer en sécurité...


L'action se situe donc dans une petite localité des États-Unis généralement tranquille, dont la sécurité est assurée par un shérif ventripotent, dirigée par un maire ambitieux et dans laquelle les jeunes aiment faire la fête. Rien que de très banal au fond. Sauf qu'une série de décès particulièrement étranges éveille la curiosité de Mike Brady (l'acteur Michael Garfield), un agent des services sanitaires qui se rend sur les lieux pour constater le désastre. L'homme parvient à faire le lien entre les morts et l'apparition sur les lieux des faits, de traces de baves laissées par des limaces. Des légions de gastéropodes qui bientôt vont s'en prendre à la ville toute entière, passant par les égouts et s'introduisant chez les gens par les canalisations. Aidé par un scientifique qui va pour lui concevoir un agent chimique permettant de faire exploser les vilaines bestioles au contact de leur humidité, Mike va devoir faire également face à l'incrédulité du maire et du shérif... Comparé à bon nombre de films d'horreur sorti durant cette décennie, Slugs peut paraître comme un accident de parcours. En effet, si on le compare aux longs-métrages d'horreur, d'épouvante ou fantastiques sortis la même année tels que le chef-d’œuvre de Jack Sholder Hidden, Génération perdue de Joel Schumacher, Prince des ténèbres de John Carpenter ou Aux frontières de l'aube de Kathryn Bigelow, Slugs peut paraître anodin...


Sauf qu'en fait, il en est tout autre. Alors, si bien entendu la mise en scène et le scénario font quelque peu défaut en comparaison des longs-métrage cités ci-dessus, lesquels ne bénéficient pas toujours d'une écriture forcément très pointue, l’œuvre de Juan Piquer Simón nous réserve quelques séquences gratinées dignes de l'ouvrage dont il s'inspire. Reprenant le thème éculé de la nature se vengeant d'une humanité pas vraiment à son écoute, nos gluantes bestioles s'insinuent à peu près partout, et même dans les organismes vivants, un peu à la manière de Frissons de David Cronenberg sans qu'elles n'aient cependant de conséquences sur la libido de leurs victimes. Tout l'intérêt de Slugs provient en fait des quelques séquences gores que le réalisateur espagnol nous offre généreusement. Pas toutes réussies, il en demeure deux ou trois que les fans de petites séries B horrifiques ne sont pas prêt d'oublier. L'un des sommets reste sans doute la séquence lors de laquelle l'un des amis du héros meurt à la table d'un restaurant, l'orbite droit explosant sous la pression de dizaines de vers qui s'échappent alors de leur logement. Rudimentaires et pourtant très efficaces, ces quelques saillies sanglantes valent à elle seules l'intérêt de découvrir ce qui demeure sans doute l'une des rares réussites de leur auteur. Et même si Slugs n'a jamais l'intensité du roman de John Hutson, le film vaut bien mieux que tout ce que nous avait proposé jusque là le réalisateur espagnol...

 

samedi 29 mai 2021

Revenge of the Ninja (Ultime Violence : Ninja 2) de Sam Firstenberg (1983) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Franco Nero éclipsé, le ninja blanc est désormais remplacé par le noir (on parle ici de leur tenue et non pas d'une éventuelle couleur de peau), incarné cette fois-ci par l'acteur japonais Shô Kosugi qui deux ans auparavant tentait de faire la misère au héros de Enter the Ninja mais terminait la tête séparée du re ste de son corps. Celle-ci ayant miraculeusement repoussé, le voici deux ans plus tard passé du statut de méchant ninja à celui de... gentil ninja. Intitulé Revenge of the Ninja (Ultime Violence : Ninja 2), le titre original de ce long-métrage et sa traduction en français laissent envisager que cette fausse suite du film réalisé deux ans auparavant par le producteur et réalisateur israélien Menahem Golan puisse être effectivement sa séquelle. Sauf que les deux longs-métrages n'entretiennent aucun rapport en dehors du fait qu'ils mettent tous les deux en scène des ninjas. À part ce petit détail, Revenge of the Ninja enfonce littéralement Enter the Ninja. En effet, Sam Firstenberg réussi là où Menahem Golan incarnait le petit artisan sans grandes ambitions. L'une des principales qualités de Revenge of the Ninja est d'avoir mis en vedettes de véritables professionnels des arts martiaux. Et cela se ressent lors des innombrables combats qui émaillent le long-métrage de son ouverture jusqu'à sa conclusion. À noter que la qualité des chorégraphies qui n'ont aucun équivalent aux piteuses démonstrations de Enter the Ninja gagnent en intensité au fil de l'intrigue...


Une intrigue dont le scénario tient d'ailleurs sur un simple bout de papier : Après que sa famille a été entièrement massacrée par des ninjas en dehors de son plus jeune enfant et de sa mère, Cho Osaki accepte d'accompagner son ami Braden (l'acteur Arthur Roberts) jusqu'en Amérique afin de refaire sa vie. Les années passent et six ans plus tard, son fils Kane a bien grandi et connaît les arts martiaux sur le bout des doigts (étonnant Kane Kosugi qui, pas plus haut que trois pommes, sait se battre et se servir de différentes armes avec brio). Quant à Cho, il est désormais propriétaire d'une galerie où il expose des poupées d'origine japonaises importées de son pays natal sans savoir qu'elles renferment de l'héroïne. Ce dont il ne se doute pas non plus, c'est que celui qui est responsable de ce trafic n'est autre que son ami Braden et sa petite amie de moment, la blonde Cathy (Ashley Ferrare). Braden est en affaire avec un mafieux d'origine italienne qui se fait appeler Caifano (Mario Gallo), lequel tente de l'escroquer en refusant de le payer pour la marchandise. Braden n'ayant pas pour habitude de se laisser arnaquer, il entre dans une fureur meurtrière, vêtu d'une tenue et de tout un attirail de ninja. L'homme part alors en guerre contre Caifano et les nombreux hommes formés autour de lui. Quant à Cho, après que ses poupées aient toutes été volées par certains d'entre eux, il décide lui aussi de poursuivre Caifano et ses hommes afin de récupérer son bien...


Et ce n'est là que le début d'un film d'action proprement hallucinant. Culte dans son improbabilité mais aussi, tellement jouissif qu'on lui pardonnerait presque tous ses défauts. Que le montage soit aussi haché et conçu à l'arrache, que les acteurs soient PRESQUE aussi talentueux que notre Hélène et ses garçons nationaux, que le scénario tienne sur un ticket de caisse, que la caractérisation passe à l'as ou que la mise en scène soit en ne peut plus basique, Revenge of the Ninja n'en demeure pas moins un pur et véritable moment de plaisir coupable. De ces bobines vénérées très justement par les amateurs de séries B aux budget riquiqui (deux millions de dollars seulement) qui n'ont sans doute pas les atours des grosses productions du genre mais qui transpirent cependant la générosité dans toute sa vertu. Alors, pour pallier aux différents manques, Revenge of the Ninja accumule les scènes de combats et rendrait jaloux n'importe quel slasher au moment de faire le bilan du bodycount qui se chiffre ici à plusieurs dizaines de morts. Le film recense à peu près tout ce qui existe en terme d'armes de ninjas, des plus communs aux plus étonnants. Le long-métrage de Sam Firstenberg se paie le luxe de partir dans toutes les directions, parfois (et même très souvent) en dépit du bon sens. Le spectacle culmine à deux occasions. La première se situant aux abords de la cinquantième minutes lorsque l'ami flic de Cho (le lieutenant Dime interprété par Virgil Frye) veut lui présenter quatre ex-taulards qui pourraient éventuellement leur apporter des renseignements mais qui au final, rechignent à la tâche. Quatre pseudo Vllage People dont la présence à l'image est aussi amusante que pittoresque. Grosse tranche de rigolade avant que ne débute l'une des sempiternelles parties de gifles et de coups de pieds du long-métrage. Pour la seconde occasion, je vous laisse tout loisir de découvrir la chose par vous-même. Si sous divers points techniques Revenge of the Ninja s'avère à la ramasse, le film est en revanche parfaitement rythmé, sans presque aucun temps mort et les combats sont pour une fois plutôt correctement chorégraphiés. Et pour ce type de films, c'est tout ce que l'on demande...

 

vendredi 28 mai 2021

Enter the Ninja de Menahem Golan (1981) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Lorsque l'on s'appelle Menahem Golan et Yoram Globus, que l'on rachète une petite compagnie de cinéma à l'agonie du nom de The Cannon Group Inc. et que l'on a l'ambition de rivaliser avec les plus grands et pourquoi pas dompter Hollywood, encore faut-il s'en donner les moyens. Nos deux producteurs israéliens rachètent la compagnie en 1979, réalisent (pour le premier) et produisent des dizaines de longs-métrages dès le début des années quatre-vingt. Beaucoup de ceux-ci deviendront pour les amateurs de séries B, de véritables objets de culte. Les passionnés de nanars s'y retrouveront également, et notamment à travers Enter the Ninja (L'implacable Ninja) que réalise lui-même Menahem Golan en 1981. Premier volet d'une trilogie fantasmant logiquement sur le succès d'un certain Bruce Lee et des classiques qu'engendra sa participation à une poignée de longs-métrages d'arts martiaux révérés par les fans du genre (parmi lesquels, The Big Boss de Lo Wei, Opération Dragon de Robert Clouse ou Le Jeu de la mort de Robert Clouse). Un sous-genre qui sera surtout popularisé par l'acteur Michael Dudikoff et la série de films intitulés American Ninja et initiée quatre ans plus tard par le réalisateur Sam Firstenberg. Mais avant cela, retour en 1981, donc, avec le réalisateur/producteur aux commandes et l'acteur italien Franco Nero (oui, oui, il s'agit bien de celui qui incarna le rôle-titre de Django de Sergio Corbucci en 1966) dans le rôle principal...


Lorsque débute Enter the Ninja, on constate une chose : la présence au générique du logo Metro-Goldwyn-Mayer, laquelle entreprise qui, faut-il le savoir, devient propriétaire de The Cannon Group Inc. en 1993. Mais rassurons-nous puisqu'une toute petite poignée de seconde après apparaît celui de notre petite compagnie spécialisée dans le cinéma d'action, ornée d'un symbole japonais qui ne laisse aucun doute sur le produit devant lequel nous allons nous positionner en tant que spectateurs. Franco Nero qui dans la peau de Cole vient de parfaire et d'obtenir son titre de Ninja dans une école spécialisée située au Japon (malgré l'avis contraire de l'un des élèves, Hasegawa qu'interprète Sho Kosugi) se rend ensuite en Thaïlande où il retrouve l'un de ses anciens compagnons d'arme de l'Angola, un certain Frank Landers (l'acteur Alex Courtney) qui vit dans une luxueuse propriété avec son épouse Mary Ann (la britannique Susan George qui apparu notamment dans la série Amicalement votre en 1970 et fut l'épouse à l'écran de Dustin Hoffman dans Les Chiens de Paille de Sam Peckinpah l'année suivante). Malheureusement pour lui, le couple est très régulièrement pris à partie par les hommes de main d'un certain Venanius qui veut s'emparer des terres de Frank et Mary Ann car elles recèlent des nappes de pétrole. Devant le refus des Landers de lui céder leurs terres, ses hommes s'en prennent à leurs employés qui finissent par abandonner leur travail laissant seuls les deux propriétaires. Mais heureusement, Zorro.... Oups ! Cole est arrivé, sans s'presser. Le grand Cole, le beau Cole, avec sa moustache et son sabre blanc...


En passant du rôle de cow-boy à celui de Ninja, l'italien Franco Nero n'a pas tout à fait perdu de son charisme. ''Pas tout à fait'' puisque malgré un regard toujours aussi intense, l'acteur se voit affublé d'une moustache toute ''villagepeoplienne'' du plus ridicule effet. Mais passons. Arborant toute la panoplie du ninja (kusarigama, épée, shurikens, Makibishi, aiguilles et sarbacanes, Shikomizue), la liste étant complétée par son ancien camarade mais désormais ennemi Hasegawa, Cole et cette première et dernière œuvre dans laquelle intervient son personnage peuvent être considérés comme les ancêtres d'Hannibal Smith et de son équipe d'anciens membres d'une équipe de soldats américains ayant servi durant la guerre du Vietnam de la célèbre série télévisée L'Agence tous risques. Deux ans avant eux, Cole est typiquement le genre de héros aidant ''la veuve et l'orphelin'' face aux voyous et aux criminels en tous genres. Ici, ces derniers sont sous les ordres de Venanius qu'interprète l'acteur Christopher George que les amateurs de films d'horreur connaissent et apprécient pour l'avoir vu dans l'un des chefs-d’œuvre du cinéma d'épouvante italien, Paura nella città dei morti viventi du maître Lucio Fulci. À ses côtés, un curieux personnage interprété par l'acteur Zachi Noy, ici sorte de Capitaine Crochet d'un mètre cinquante à peine et claudiquant que l'on aurait sans doute mieux vu chez le Quasimodo de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo.


Concernant l'action à proprement parler et donc des scènes de combats que les spectateurs ont le droit d'exiger, Enter the Ninja ne risque à aucun moment de leur faire oublier Bruce Lee et même tous ses succédanés. Si elles sont en nombre, les séquences lors desquelles Cole fait usage de la technique qu'il a acquise lors de sa formation sont rarement convaincantes. Franco Nero a bien du mal à se battre lors de scène, de plus, généralement mal chorégraphiées. Ce qui donne à l'ensemble du long-métrage, présence de Zachi Noy en nain nanti d'un crochet à la main droit et de Christopher George en chef de gang en roue libre compris, de faux airs de comédies façon Terence Hill et Bud Spencer. Tout cela n'est pas très sérieux, assez ennuyeux même au final, avec un scénario relativement plat. Et pourtant, Enter the Ninja sera à l'origine de deux fausses suites intitulées Revenge of the Ninja et Ninja 3 the domination toutes deux réalisées en 1983 et 1984 par le réalisateur Sam Firstenberg...

 

jeudi 27 mai 2021

Hibotan bakuto: isshuku ippan (La Pivoine rouge : La Règle du jeu) de Norifumi Suzuki (1968) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Au décès de Naoji Katagiri et après avoir vengé la mort de son père assassiné par le chef du clan Sennari Gozo Kakurai, Ryuko Yano surnommée Oryū La Pivoine Rouge intègre le clan Togasaki afin de parfaire sa formation de yakuza dans l'objectif de pouvoir reformer le clan Yano dont son père était le chef. Dans ce second volet intitulé Hibotan bakuto: isshuku ippan (La Pivoine rouge : La Règle du jeu), l'héroïne de cette saga constituée de huit longs-métrages sera plus que jamais sollicitée afin de mettre un peu d'ordre entre divers clans de yakuzas. Désormais, le grand méchant du premier volet ayant perdu la vie, la relève est assurée par l'acteur japonais Tomisaburo Wakayama qui incarne à son tour un Torakichi Kumazaka absolument épouvantable, faisant fi des règles établies par les yakuzas, manipulateurs, trahissant l'image de celui qui fut son maître et aujoud'hui chef du clan Kumazaka. Comme le fit déjà le réalisateur Kōsaku Yamashita avec le premier volet Hibotan bakuto, Noribumi Suzuki mêle diverses sous-intrigues qui, si elles ne semblent apparemment entretenir aucun rapport entre elles vont avoir cependant des conséquences communes. Le clan Yano étant dissout, Oryū n'en est cependant pas pour autant seule à combattre le mal qui s'attaque désormais au peuple, Hibotan bakuto: isshuku ippan politisant le débat puisque le chef du clan Kumazaka n'a d'autre ambition que de régner sur une région toute entière. Et pour cela, l'homme sera capable de se comporter de la manière la plus ignominieuse...


Arborant toujours son magnifique tatouage à la pivoine rouge, l'actrice Sumiko Fuji incarne pour la seconde fois le personnage de Oryū dont les valeurs sont plus que jamais respectables. Toujours armée d'une lame, d'un pistolet et même beaucoup plus étonnant, d'une ombrelle, la jeune femme peut désormais compter sur la présence de Sasagawa qu'interprète l'acteur Kojirô Kawanami, valeureux chevalier en lieu et place de Naoji Katagiri qu'interprétait avec autant de charisme et de bonnes intentions Ken Takakura dans le premier épisode. Avec Hibotan bakuto: isshuku ippan, Noribumi Suzuki noircit encore davantage le tableau. Le long-métrage se révèle bien plus violent et graphique que Hibotan bakuto ne l'était lui-même. La cruauté de certaines séquences dont une tricheuse battue au sang sur ordre de son chef (toujours le cruel Torakichi Kumazaka) alors qu'il l'avait lui-même contrainte de duper Oryū, son adversaire aux cartes, son parfois terribles. Le compositeur japonais Takeo Watanabe assure une fois de plus la partition de ce second volet. Des thèmes merveilleux qui imprègnent parfois l’œuvre d'un profond sentiment d'amertume et de mélancolie...


Dans la lignée de son prédécesseur, il y a peu de choses à reprocher à Hibotan bakuto: isshuku ippan, sinon rien. L'émotion qui s'en dégage parfois est la même, certaines actions étant éminemment théâtralisées afin de renforcer leur aspect dramatique. Les décors et les costumes traditionnels participent du dépaysement et de l'attrait de cette saga décidément très attachante. Si la plupart des interprètes du premier volet ont forcément disparu, la présence à nouveau de l'acteur Shingo Yamashiro dans le rôle de Yoshitaro, le fils d'Otaka est un tel plaisir que l'on aurait pu rêver d'une saga de longs-métrages lui étant entièrement consacrée. Repoussant davantage encore la caricature et le cabotinage, l'acteur est à l'origine de séquences irrésistiblement drôles. On pourra cependant reprocher à Hibotan bakuto: isshuku ippan sa construction qui n'est pas loin d'être similaire à celle du premier volet. Tout n'étant ici effectivement qu'histoire de vengeance et donc de combats au sabre, entre traîtres et fidèles avec pour intermèdes, de longues séquences de dialogues qui n'entachent fort heureusement pas l'intérêt du long-métrage de Noribumi Suzuki. L'année suivante en 1969, trois longs-métrages mettant en scène La Pivoine Rouge seront mis en scène, à commencer par Hibotan bakuto: Hanafuda shōbu (La Pivoine rouge : Le Jeu des fleurs) de Tai Katō, lequel prendra donc la relève à trois reprises...

 

mardi 25 mai 2021

Hibotan bakuto (La Pivoine Rouge) de Kōsaku Yamashita (1968) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

En 1968, le réalisateur japonais Kōsaku Yamashita inaugurait l'une des plus belles sagas de yakuza eiga de l'histoire du cinéma asiatique avec le premier des huit volets consacrés à Oryū, surnommée la Pivoine Rouge en rapport au tatouage qu'elle porte à l'épaule gauche. Hibotan bakuto démarre l'aventure avec celle qui à la mort de son père ne se considère plus comme une femme, mais comme un homme. Car c'est bien connu, les clans de yakuzas sont une histoire qui en général ne concernent pas la gente féminine, ici reléguée au titre d'épouse ou de geisha. Mais d'un fort caractère, Oryū considère les choses autrement. Après la mort de son père, chef du clan Yano respecté, tous ceux qui lui avaient juré fidélité sont partis, laissant seule la jeune femme excepté son fidèle bras droit Fugushin. Désormais abritée par le clan Doman dirigé par Otaka, Oryū n'a qu'un seul désir : retrouver l'homme qui a tué son père afin de venger sa mort. La jeune femme a pour seul indice un portefeuille qu'elle soupçonne d'appartenir à celui qui a commis le meurtre. Limitant les affrontements avec le despotique et fourbe chef du clan Sennari, Oryū fait notamment la connaissance de Naoji Katagiri, lequel semble en savoir plus qu'il n'en dit sur l'identité du tueur. Frère d'arme de Gozo Kakurai, le chef du clan Sennari, Katagiri se tait. Mais bientôt l'inévitable se présente lorsque après s'être rendue chez Kakurai afin de lui demander de laisser libre la fiancée de Fujimatsu, autre fidèle membre du clan Yano autoproclamé immortel, le chef du clan Sennari subit un affront de la part de Oryū qu'il n'est pas prêt de lui pardonner. Si jusqu'ici les clans Sennari et Doman sont parvenus à divers accords, l'affrontement semble désormais inexorable...


Interprété pour la première fois à l'écran par l'actrice Junko Fuji qui assurera le rôle tout au long de la saga, Oryū est décrite comme une femme volontaire mais parfois fragile. À ses côtés, le charismatique Naoji Katagiri dont endosse le costume l'acteur Ken Takakura et les sympathiques Fujimatsu et Fugushin qu'interprètent respectivement les acteurs Kyōsuke Machida et Rin'ichi Yamamoto. Face à eux, Minoru Ōki interprète le rôle du veule Gozo Kakurai dans une fin de dix-neuvième et début du vingtième siècle, le long-métrage de Kōsaku Yamashita situant son action au milieu de l’Ère Meiji (1868 et 1912) dans la petite ville d'Iwakuni au Japon. Lieu où vivent côte à côte divers clans de yakuzas comme ceux cités plus haut ou encore celui des Iwatsu, le film y décrit certaines des habitudes de ses habitants, comme les clubs de jeux ainsi que les ancestrales coutumes japonaises. On y sacrifie une phalange pour l'honneur ou l'on défend l'un de ses membres qui vient de mourir au combat. Enfin, ça c'est parfois pour les touristes car même si la plupart des clans sont constitués ''d'honorables'' individus, il est une vermine que le spectateur rêvera de se voir pourfendre par la lame aiguisée d'un sabre. Si Hibotan bakuto est essentiellement constitué de dialogues, quelques combats (malheureusement assez mal chorégraphiés) assurent tout de même un minimum d'action.


Malgré un contexte où les conflits sont légion (pour un territoire, pour une femme ou pour vanger une humiliation), Kōsaku Yamashita et son scénariste Norifumi Suzuki ménagent quelques séquences formidablement émouvantes. On pense notamment à quelques morts tragiques mises en scène avec une pudeur et une sensibilité bouleversantes. Évidemment, la formidable partition musicale du compositeur japonais Takeo Watanabe participe de cette vague d'émotions qui submerge le spectateur couplée à une mise en scène délicate. Mais la tragédie n'empêche cependant pas le réalisateur d'y adjoindre d'authentiques séquences humoristiques, telles celles qui voient notamment l'excellent Shingo Yamashiro déambuler comme un charlot ventripotent et rougeot dans le rôle du fils d'Otaka, Yoshitaro. Pour ce premier long-métrage de la saga, Kōsaku Yamashita met donc la barre très haut. La même année sortira la première séquelle intitulée Hibotan bakuto: Isshuku ippan. Et bien que l'original soit un modèle du genre, le second volet sera réalisé par Noribumi Suzuki et non par Kōsaku Yamashita qui attendra à nouveau son tour pour revenir au coeur de la saga et réaliser le cinquième volet l'année suivante. En attendant, savourez ce véritable chef-d'oeuvre qu'est Hibotan bakuto...

lundi 24 mai 2021

Borgman d'Alex van Warmerdam (2013) - ★★★★★★★☆☆☆

 



 

On ne l'a peut-être pas couramment évoqué mais la palme d'or du festival de Cannes 2019 Parasites de Bong Joon-ho tout auréolé qu'il fut de diverses récompenses et du succès auprès de la presse et du public est peut-être l'une des plus grandes escroqueries du septième art. Si l'on range les qualités de ce long-métrage sud-coréen sur le plan de l'interprétation ou de la mise en scène, alors tout va bien. Mais dès que l'on fouille un peu dans le passé, on se rend très rapidement compte que le scénario repose sous de nombreux aspects sur celui de Borgman que le réalisateur néerlandais Alex van Warmerdam réalisa six ans auparavant. Un plagiat, Parasites ? Peut-être... Mais revenons plutôt en 2013, année de sortie de Borgman qui à ce jour demeure l'antépénultième long-métrage d'Alex van Warmerdam dont on attend le dernier effort intitulé Nr. 10 tourné six ans après Schneider vs. Bax et dont on espère la sortie dans le courant de l'année 2021. Borgman et son récit aussi drôle, intriguant que pittoresque. Étrange récit que celui de Camiel Borgman qu'interprète l'acteur belge Jan Bijvoet, clochard vivant sous une trappe située en plein cœur d'une forêt comme quelques congénères du même statut social que lui. Poursuivis par des hommes armés dont les intentions ne sont pas commentées (veulent-ils les abattre ou simplement les déloger?), Borgman est rapidement séparé des autres et frappe aux portes d'un quartier bourgeois afin de trouver une âme charitable qui acceptera de lui laisser prendre un bain. Si personne n'est disposé à accéder à sa requête, une femme dont le mari a brutalement frappé Borgman devant sa porte décide de l'accueillir dans leur remise durant quelques jours le temps de panser ses blessures et de guérir. Sachant se faire apprécier de Marina (l'actrice néerlandaise HadeWych Minis) et de ses enfants, Borgman se méfie tout de même du mari prénommé Richard (le belge Jeroen Perceval) qui ne se doute pas que le clochard dort sur leur propriété. Ce qui ne l'empêche pas de vouloir bientôt s'imposer au cœur de cette famille aisée. Avec la complicité de ses compagnons et de Marina, Borgman va mettre au point un plan déjà bien rôdé par le passé afin de s'incruster dans la vie de ses hôtes pas toujours volontaires...


Borgman figure tout d'abord une forme d'immigration à toute petite échelle dans un quartier chic par des immigrés peu recommandables (tuer ne leur fait effectivement pas peur), rustres dans leur attitude, mais surtout déterminés dans leur action. ''Je veux savoir qui est sous mon toit'' révèle Marina à la jeune fille au pair Stine (l'actrice danoise Sara Hjort Ditlevsen) qui s'entend refuser l'option d'inviter son petit ami militaire en permission pour le week-end chez ses employeurs sous prétexte que Marina ne le connaît pas. Mais de son côté, la maîtresse de maison sait-elle qui est réellement Borgman ? Ce qui paraît classique chez le commun des mortels, Alex van Warmerdam le retourne comme un gant pour créer une logique qui n'appartient qu'à lui. Si Borgman sort de l'esprit fertile et unique de son metteur en scène, le long-métrage propose un spectacle pas toujours inédit dans son approche. Comme s'il avait réuni autour d'un guéridon les réalisateurs Michael Haneke, Todd Solondz et Ulrich Seidl pour une partie de cartes et qu'à l'issue du jeu, les quatre hommes avaient convenu d'une histoire en commun. Car il y a en effet chez Alex van Warmerdam en général, mais aussi très sûrement dans ce long-métrage, un message social enrobé d'une couche d'humour froid et cynique. Les sourires sont donc timides et les rires même absents. On ne se gausse donc jamais même si à priori certaines séquences devraient prêter à sourire devant leur absurdité. Imaginez donc des cadavres s'accumulant sous les eaux d'un étang, la tête plongée dans un seau au préalable rempli de ciment frais. Ou une charmante petit fille qui plutôt que de venir en aide à un mourant lui écrase sur le visage, une lourde plaque de pierre. Chez Alex van Warmerdam, il est logique qu'un clochard malodorant s'impose dans une famille bourgeoise. Comme il est logique de faire tout d'abord connaissance avec ses semblables non pas dans des abris de fortune situés sur le bitume mais sous le parterre de feuillages d'une forêt.


Qui du manipulateur ou de la naïveté incarnée l'emportera ? Alex van Warmerdam crée l’ambiguïté à travers certaines ellipses. Ses intrus sont dénués de toute empathie et de la moindre émotion. Nihiliste dans sa conception avant-gardiste du ''grand remplacement'' (la sortie de Borgman ne coïncide d'ailleurs-t-elle pas étrangement avec la création par l'écrivain et militant politique français Renaud Camus du mouvement NON au changement de peuple et de civilisation la même année ?). Le film peut être vu comme une charge se désolidarisant du concept d'immigration, d'intégration et d'assimilation tout en faisant référence au nombre d'allochtones (environ le quart de la population totale du pays) sans cesse grandissant sur le sol néerlandais. Raciste, et même plus encore xénophobe, Alex van Warmerdam ? Si l'on peut en douter puisque les véritables héros de ce sinistre conte sont ces intrus qui révèlent les tares d'une famille bourgeoise, Borgman et ses semblables agissent au premier plan dans la lente déliquescence du couple formé de Marina et Richard. On ne sait d'où ils viennent ni où ils vont. Ni même quels sont leurs objectifs principaux. Prendre la place des propriétaires ? Non, certainement pas. Mais alors... ? Un indice pourra cependant aiguiller les spectateurs. Tendez bien l'oreille lorsque Borgman racontera à la progéniture de leurs hôtes une histoire dont les enfants sont friands...

 

dimanche 23 mai 2021

Swallow de Carlo Mirabella-Davis (2019) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur et cinéaste, l'américain Carlo Mirabella-Davis jusqu'ici auteur d'une poignée de courts signe une œuvre puissante sur les conséquences d'un passé traumatique et obsessionnel qui se révèlent à l'héroïne merveilleusement interprétée par l'actrice Haley Bennett le jour où elle apprend qu'elle est enceinte. Swallow qui dans notre langue se traduit par le terme avaler décrit la révélation d'un traumatisme enfoui dans l'esprit d'une femme mariée à un homme d'affaire depuis sa plus tendre enfance. Fruit d'un viol, Hunter Conrad cherche à trouver sa place au sein d'un couple et d'une belle-famille dont elle ne semble être qu'une part négligeable. Alors que son époux Richie est populaire, entouré de nombreux amis et directeur d'une grande entreprise familiale transmise par son père Michael (David Rasche), Hunter tourne en rond dans leur luxueuse demeure, joue sur son téléphone portable et se sent, au fond, inutile. Apparemment heureuse de vivre ainsi, la jeune femme va cependant développer un étrange trouble du comportement alimentaire connu sous le nom de maladie de Pica. En effet, Hunter avale de petits objets qu'une échographie va bientôt révéler. Mais ce que va aussi mettre à jour ce mal se situera dans le comportement de son entourage. Celui de ses beau-parents mais aussi et surtout de l'homme qu'elle aime. Hunter plonge alors peu à peu dans ce qui s'apparente à la folie, mettant en jeu sa propre existence et celle de son futur enfant...


Avec un tel synopsis, Carlo Mirabella-Davis avait le choix entre deux options : soit tourner un film d'horreur psychologique, soit un drame. Et pour notre plus grand bonheur, le réalisateur a choisi la seconde option et évite donc à Swallow de tomber dans les travers habituels qu'impose en général ce genre de production. Porté par une Haley Bennett absolument bouleversante et magnifique, le long-métrage est d'une sobriété aussi dépouillée dans la description du mal qui ronge l'héroïne que peuvent être glaçants certains aspects de second ordre. À commencer par Austin Stowell, l'époux en question, qui interprète un Richie souvent absent, pris par ses responsabilités professionnelles, ainsi que par David Rasche et Elizabeth Marvel qui interprètent respectivement Michael et Katherine Conrad, les parents du jeune homme. Dès le départ, Carlo Mirabella-Davis instaure un climat relativement dérangeant lorsqu'il oppose Hunter à ceux qui sont censés prendre soin d'elle. À commencer par une séquence située dans un restaurant, début d'une longue dérive psychologique pour Hunter qui ne cessera alors de se comporter de manière étrange et parfois même, assez choquante. Si la consommation de petits objets est traité de manière plutôt délicate, ce qui n'est qu'un drame aurait très bien pu rapidement verser dans le thriller...


Mais cet aspect lointain qu'aurait pu revêtir Swallow n'intéressant apparemment pas Carlo Mirabella-Davis, le réalisateur s'attarde avant tout sur le personnage de Hunter, sur sa relation avec les autres, ses sentiments, ses doutes et sur une rencontre future qui devrait potentiellement la libérer du poids immense qu'elle porte sur la conscience. C'est aussi la raison pour laquelle l'entourage de l'héroïne fait souvent figure de matière négligeable, aussi peu soient caractérisés les uns et les autres. Tout ce qui importe à Carlo Mirabella-Davis semble tenir en six lettres : H.u.n.t.e.r. Cette jeune femme à laquelle il accorde toute son attention, fragile, d'abord. Puis déterminée par la suite. Swallow pourrait presque faire figure d'anachronisme à une époque où le comportement de certains seconds rôles dénote totalement avec les valeurs actuelles. Si Carlo Mirabella-Davis aurait pu, au choix, définir le traumatisme de son héroïne à travers l'un des nombreux autres troubles psychologiques qui existent, la maladie de Pica (nom latin donné à la pie, oiseau connu pour avoir ce genre de comportement) et le titre même du long-métrage renvoient comme un signe cruel aux tous derniers instants d'une œuvre bouleversante, réalisée de manière pudique, accompagnée par la superbe partition du compositeur Nathan Halpern et interprétée avec force une très grande forcé par son interprète féminine principale... Remarquable...

 

The Shrine de Jon Knautz (2010) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Auteur de The Cleaning Lady il y a trois ans, le réalisateur Jon Knautz possède pour l'instant à son actif cinq longs-métrages dont The Shrine qui date lui, de 2010. Mélange de tout un tas de longs-métrages situant apparemment leur action à la fin du dix-neuvième siècle ou au début du suivant alors qu'ici l'intrigue se déroule au présent dans un vieux village polonais dans lequel le temps semble s'être figé. Avec ses allures de téléfilm, The Shrine n'engage apparemment à rien de transcendant. En ouverture, le sacrifice d'un jeune américain tombé on ne sait comment entre les mains d'un prêtre visiblement sataniste et celles de ses apôtres. Rien que de très commun à nombre de longs-métrages horrifiques qu'ils proviennent des États-Unis, d'Angleterre ou comme ici, du Canada, terre d'origine du réalisateur qui s'est fait une spécialité dans le cinéma d'horreur et d'épouvante. Entrent alors en scène les journalistes Carmen et Sara ainsi que le photographe Marcus qui vont quitter leur pays pour se rendre là où a disparu un certain Eric Taylor (l'acteur Ben Lewis), dans le village fictif d'Alvainia dont le nom est proche de celui d'Alvernia, une ville authentique située en Pologne. Comme le veut l'image parfois négative renvoyée par les habitants de villages reculés, ceux d'Alvainia demeurent tout sauf accueillants. Les scénaristes Jon Knautz, Brendan Moore et Trevor Matthews usent d'une pirouette relativement astucieuse pour permettre aux trois principaux personnages interprétés par Aaron Ashmore, Cindy Sampson et Meghan Heffern de communiquer avec les villageois. Enfin, dans la mesure où cela leur est autorisé...


Visuellement, The Shrine est quelconque. Comme évoqué ci-dessus, les performances techniques n'étant ici pas à l’œuvre, seuls quelques intérieurs s'avèrent efficaces. La forêt au coeur de laquelle se concentrent certaines séquences ne possède quant à elle aucun charme particulier. Peu gore au regard de l'affiche du film, The Shrine bénéficie d'effets-spéciaux de maquillage rudimentaires, certains ayant été conçu avec un surcroît d'attention par rapport à d'autres déjà beaucoup moins convaincants. Le long-métrage de Jon Knautz tente de jouer sur le malaise inhérent au dépaysement découlant d'un voyage dans une contrée inconnue et surtout, particulièrement hostile. Mais alors que le scénario semble guider les spectateurs vers une voie classique, The Shrine trompe son monde lors d'une dernière partie carrément hystérique. Pour revenir aux effets-spéciaux constitués en général de maquillages faciaux réalisés en latex, si la plupart d'entre eux rappellent ces masques que l'on trouve en général dans les magasins de farces et attrapes, celui que porte sur le visage l'actrice Aaron Ashmore est déjà beaucoup plus convaincant. On croirait presque retrouver Linda Blair de L'exorciste de William Friedkin mais âgée de dix ou quinze années supplémentaires.


Autre références plus ou moins affichées : La maschera del demonio du réalisateur italien Mario Bava auquel renvoie l'emploi de masques de fer pour conjurer les cas de possession. Mais aussi Evil Dead de Sam Raimi, surtout pour la séquence située dans l'une des demeures d'Alvainia dans laquelle les villageois dont le véritable visage est enfin révélé vont combattre le Malin. D'une manière générale, The Shrine laisse une curieuse impression et laisse à penser qu'avec un surcroît de folie et d'imagination, le long-métrage de Jon Knautz aurait pu devenir un put... de bon film d'horreur alors qu'il n'est au final qu'une honnête série B horrifique. Le trio de tête fait le taff, l'acteur originaire de Cracovie en Pologne Vieslav Krystyan possède un charisme incroyable, parfait pour tenir le rôle du gourou de ce qui s'apparente tout d'abord à une secte sataniste. Il est cependant des choix artistiques sur lesquels on pourrait revenir. Comme ce brouillard épais dont on aurait sans doute aimé qu'il recèle des visions démoniaques allant au delà de la simple représentation du Diable. Notons qu'il existe un fin alternative de The Shrine dans laquelle Marcus, seul survivant en ce pays étranger, est accueilli par les habitants d'Alvainia et auquel est offert le choix de vivre parmi eux. The Shrine est au final une œuvre sympathique mais pas transcendante non plus...


 

The Cleaning Lady de Jon Knautz (2018) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Minuit, l'heure des sorcières. Le moment venu de lancer la projection d'un film d'épouvante lorsque l'on n'arrive pas à fermer les yeux. Dehors, les ténèbres ont pris d'assaut le toit au dessus de nos têtes et toutes lumières éteintes, c'est ainsi que démarre The Cleaning Lady, le dernier long-métrage en date de Jon Knautz qui deux ans auparavant avait signé un Goddess of Love plutôt brillant. Pour son retour dans le domaine de l'effroi, le réalisateur se penche sur le cas d'Alice, une jolie jeune femme accroc au sexe qui essaie de s'éloigner de l'homme qu'elle aime, Michael, lui-même déjà marié et père d'un fils. Là, déjà, on se dit, mince, ça va pas vraiment le faire. Mais mieux que de s'attarder sur toute une série de plans-cul entre les amants, Jon Knautz ajoute un troisième personnage qui dans l'ordre d'importance va très rapidement prendre la place de Michael. À l'issue de The Cleaning Lady, une chose au moins survivra à cette expérience particulièrement anxiogène : ''qu'il n'est pas toujours de bonne augure de proposer à une inconnue de venir faire le ménage chez vous deux fois par semaines pour la somme de cent billets''. L'arrivée dans l'existence d'Alice de Shelly qui dans l'immeuble est chargée de faire le ménage va avoir de très lourdes conséquences sur la jeune femme ainsi que sur son entourage. Relativement classique, le scénario est surtout renforcé par une interprétation et une mise en scène absolument remarquables que de légères invraisemblances ne parviendront cependant pas à miner...


Minuit, donc, cette heure plus ou moins tardive selon que l'on se couche tôt en début de soirée ou tard dans la nuit, et qui permet de vivre des expériences sous des apparences totalement différentes qu'exposées à la lumière du jour. Pour se faire une idée totalement objective de The Cleaning Lady, encore faudrait-il faire l'effort de le redécouvrir dans un contexte moins ''obscure''. Ce qui, n'en doutons pas, n'a aucune chance de révéler le même type d'angoisse. Le long-métrage de Jon Knautz s'avère alors réellement terrifiant. Car après une première partie que d'aucun considérera de superficielle, les spectateurs auront le plaisir ou la désagréable sensation de vivre auprès de Shelly et de son visage atrocement défiguré. Sorte de home invasion au féminin, l’œuvre de Jon Knautz n'est rien moins que cauchemardesque, le réalisateur s'entendant pour filmer l'un des caractères les plus gravement atteints psychologiquement de toute l'histoire du cinéma d'horreur. Shelly fait peur, terriblement peur. Et ça n'est pas tant le masque figé qu'elle porte en permanence que dans son comportement. Sa voix douce, ses litanies, répercussions d'un passé hautement traumatique auquel les spectateurs assisteront durant divers flash-back, ses silences même, et ses regards, l'actrice Rachel Alig porte en elle tous les stigmates d'une folie qui ne laisse entrevoir aucun espoir. Car lorsque une femme attentionnée, précautionneuse et aussi douce et délicate qu'Alice risque de ne pas survivre au contact de Shelly, c'est les yeux écarquillés et l'oreille attentive que l'on se positionne soit-même comme une victime potentielle de ce personnage tellement dément qu'il crève l'écran jusqu'à nous filer réellement la trouille...


Souvent sombre, The Cleaning Lady n'en est pas pour autant dénué de quelques rares défauts. Et parmi eux, le comportement de Michael lors d'une séquence particulièrement tendue qui voit Shelly lui verser de l'acide sur une cuisse, l'entrejambe puis dans la bouche. Hurlant à peine quand on imagine combien doit être intolérable la douleur, il s'agit là du seul véritable point noir du long-métrage. Pour le reste, l'expérience s'avère incroyablement sinistre, d'une noirceur parfois absolue (le passé de Shelly, note spéciale pour l'actrice JoAnne McGrath qui incarne la mère de la gamine. Un monstre d'infamie vraiment inquiétant), le duo Alexis Kendra/Rachel Alig fonctionnant à la perfection. Le film maintient certes un rythme plutôt lent, parsemé de quelques saillies graphiques et violentes mais parvient à tenir en haleine grâce à son climat de peur permanent qu'entretiennent l'obscurité, les jeux d'ombres et de lumières (la silhouette de Shelly dans le garage ou son reflet dans un miroir), ses deux héroïnes ainsi que la partition musicale de Russ Howard III. À noter qu'à l'origine, The Cleaning Lady fut d'abord un court-métrage déjà réalisé par Jon Knautz deux ans auparavant en 2016. Un réalisateur qui semble pour l'instant réussir tout ce qu'il entreprend. Vivement donc la suite...

 

Šílení de Jan Švankmajer (2005) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

De l'aveu même du réalisateur tchèque Jan Švankmajer, Šílení est un film d'horreur. Mais la conception du genre pour ce cinéaste surtout connu pour ses films d'animation surréalistes dont les origines remontent au milieu des années soixante n'est sans doute pas la même que la notre. Bien que dans ce cinquième long-métrage réalisé en cette année 2005 (et ce quarante ans après les débuts de sa carrière jusque là constituée d'un nombre important de courts-métrages), l'aspect horrifique n'y est semble-t-il pas vraiment commun au genre qui nous préoccupe habituellement, Jan Švankmajer, s'inspire cependant effectivement de divers ouvrages dont au moins deux appartenant à l’œuvre du romancier américain Edgar Allan Poe. Le plus significatif d'entre eux demeurant sans doute The System of Doctor Tarr and Professor Fether. Dans le cas de Šílení comme dans celui de cette nouvelle d'une cinquantaine de pages, il y est question de folie mais également d'absurde. Cette seconde matière dont le réalisateur tchèque nourri son œuvre depuis ses débuts. D'ailleurs, Jan Švankmajer a beau avoir passé la vitesse supérieure depuis maintenant un certain nombre d'années en mélangeant ses collages et ses animations à des prises de vue réelles, ces dernières n'interdisent fort heureusement toujours pas la présence de séquences typiques de ce réalisateur décidément hors du commun...


Dès l'entame, Jan Švankmajer nous prévient : convoquant également les écrits de Donatien Alphonse François de Sade plus connu sous le nom du Marquis de Sade, il indique qu'il existe deux manières de gérer un institut psychiatrique. L'une en laissant une liberté absolue et l'autre étant plus conservatrice. Mais avec tout l'humour et le cynisme qui le caractérise mais aussi très sûrement, une certaine rancœur, Jan Švankmajer évoque une troisième option qui consiste à faire du monde dans lequel nous vivons, un asile. Ce qui effectivement n'est pas faux et s'avère même plus vrai que cela ne l'était il y a encore seize ans en arrière, lorsque fut réalisé Šílení en 2005. Si plus que jamais le monde perd la tête, celle de Jan Švankmajer repose pourtant bien sur ses épaules. La patte graphique de ce cinquième long-métrage renvoie au cinéma de l'un des plus grands cinéastes allemands de notre époque. Un certain Werner Herzog dont les Herz aus Glas (1976) et Nosferatu, Phantom der Nacht (1979) semblent parfois planer au dessus de Šílení. Certains personnages sous hypnoses du premier renvoient au héros du long-métrage tchèque quand beaucoup de décors du second semblent avoir simplement servi au film de Jan Švankmajer. Ce soucis du détail qui fait également tout l'intérêt de l’œuvre du réalisateur qui met encore une fois (on se rappelle notamment certains visuels proprement incroyables de Lekce Faust, son second long-métrage réalisé en 1994) tout son talent au service de son art et convoque des décors souvent stupéfiants...


De Sade, Jan Švankmajer retient la légende qui entoure son goût de la subversion, la sexualité et le libertinage prenant ici une forme savoureusement blasphématoire. Dominé non pas par le ''héros'' incarné par Pavel Liska mais par Jan Triska, acteur tchèque, mais surtout une gueule à faire pâlir les grenouilles de bénitier (il sera amusant de noter qu'il ne se contenta pas uniquement de tourner dans son pays puisqu'on le verra plus tard et notamment chez Warren Beatty (Reds, en 1981), Sam Peckinpah (Osterman week-end, en 1983) ou Peter Hyams (2010 : L'Année du premier contact, en 1984). Sa présence nimbe l’œuvre d'une ambiance trouble. Un rire et un regard qui en disent long sur la perversité de son personnage, lequel figure justement le célèbre Marquis de Sade. Quant au voyage auquel nous propose d'assister Jan Švankmajer, il n'est pas de tout repos. De la demeure ''carpathienne'' où auront lieu une inhumation et une renaissance très clairement inspirées de certaines pratiques égyptiennes jusqu'à un asile dirigé par des fous dont le directeur et les employés furent enfermés dans les sous-sols après avoir été enduis de goudron et recouverts de plumes (!!!), Il y a, avec Šílení, de quoi perdre parfois son latin mais d'apprécier en revanche la langue tchèque lors de longs monologues particulièrement inspirés et proférés par ce substitut du Marquis de Sade. Le film compte un nombre important de séquences animées lors d'une grande majorité desquelles, Jan Švankmajer met en scène des pièces de boucherie. Si le sens de certaines séquences parait immédiatement évident (les marteaux broyant les os se référant au corps redevenant poussière après la mort), d'autre conservent en revanche tout leur mystère. Une œuvre totalement folle qui prend le risque de faire vaciller la santé mentale de ses spectateurs. Étonnant !

 

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