Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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vendredi 30 avril 2021

L'odyssée du Hindenburg de Robert Wise (1975) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Catastrophes naturelles, maritimes, ferroviaires, aériennes... De ces dernières est demeurée la plus célèbre d'entre elles la franchise Airport. Comme le fut en son temps le Titanic dans le milieu maritime et le récit de l'épouvantable tragédie qui découla de son premier et unique voyage en mer, la simple évocation du Hindenburg est un spoiler à lui seul. Car au même titre que le fameux paquebot transatlantique d'origine britannique qui le 14 avril 1912 heurta un iceberg et causa la mort de 1491 passagers sur les 2201 (équipage compris), le sort du Hindenburg est d'ors et déjà scellé lorsque les passagers de cette Odyssée du Hindenburg montent à bord du plus célèbre des dirigeables. Le plus connu d'entre tous et le plus grand également et dont la destruction lors d'un incendie le 6 mai 1937 causa le décès de trente-cinq voyageurs dont plus de la moitié faisait partie de l'équipage. C'est donc en tout état de cause que l'issue est inscrite dans le marbre. Reste pour le réalisateur Robert Wise (La maison du Diable) et pour ses scénaristes Nelson Gidding (un fidèle du réalisateur) et Richard Levinson (la série Columbo) qu'à composer avec son casting et un script digne de ce nom pour que L'odyssée du Hindenburg ne repose pas simplement sur l'unique reconstitution d'un drame qui à l'époque, chose incroyable, fut filmé, mais sur un script suffisamment étoffé pour justifier une durée avoisinant les deux heures de long-métrage...


Alors qu'il y a huit ans des ingénieurs sont arrivés à la conclusion que le LZ 129 Hindenburg (nom complet du célèbre dirigeable) avait pris feu après avoir été chargé en électricité lors de son passage dans une zone orageuse, les scénaristes Nelson Gidding et Richard Levinson envisagent plusieurs solutions dont certaines font directement et bien des années avant, référence aux conclusions des ingénieurs. En effet, si la charge en électricité est officiellement due au passage du dirigeable dans une zone orageuse, dans L'odyssée du Hindenburg, la charge en question est due à son passage au cœur d'un nuage. Une séquence mise en images et lors de laquelle l'on assiste au phénomène dit des ''Feux de Saint-Elme'' qui se produit dans certaines conditions météorologiques. Autre explication ici transformée pour les besoins du récit, la rupture d'un câble qui selon John Duggan aurait été causé par des essais répétés sur les turbulences et qui auraient fragilisé le câble en question. Dans le film de Robert Wise, la séquence prend une toute autre allure puisque c'est l'auteur présumé d'un attentat (William Atherton dans le rôle du gréeur Boerth) qui par accident amène à la rupture du câble, provoquant ainsi une déchirure dans la toile de l'une des ailes de l'Hindenburg. Mais le film n'évoque pas uniquement l'hypothèse d'un accident mais bien d'un attentat comme semble le désigner le personnage du gréeur et la bombe qu'il détient et place dans la structure du dirigeable...


Les vraies grandes stars du cinéma américain ne se bousculent pas ici. Pas de Steve McQueen, de Paul Newman, de Charlton Heston, d'Elizabeth Taylor ou d'Ava Gardner, mais tout de même, la présence de George C. Scott dans le rôle du colonel Franz Ritter chargé de la sécurité du Hindenburg. Vedette des films de guerre Docteur Folamour de Stanley Kubrick en 1964 et Patton de Franklin J. Schaffner en 1970 ainsi que du chef-d’œuvre de l'effroi The Changeling de Peter Medak dix ans plus tard, il incarne un officier allemand soupçonneux très éloigné du héros auquel on aurait pu s'attendre. C'est d'ailleurs ce que partagent tous les protagonistes dont aucun n'est véritablement séduisant et ne crée aucune forme d'empathie. Aux côtés de la star, l'actrice Anne Bancroft dans le rôle de la comtesse Ursula, Burgess Meredith dans celui d'Emilmion Vogel, Charles Durning en Capitaine du Hindenburg Max Pruss ainsi que Roy Thinnes, le David Vincent de la série télévisée de science-fiction Les Envahisseurs. Si le pari d'exposer la catastrophe en toute dernière partie du long-métrage s'avère particulièrement osé, Robert Wise nourri suffisamment son œuvre de situations diverses et variées pour que l'on n'ait pas vraiment le temps de s'ennuyer. La majeure partie de l'intrigue se situe donc dans les entrailles de la bête et dans les incroyables coursives constituées d'innombrables et impressionnants embranchements. Quant à la catastrophe elle-même, Robert Wise a l'ingénieuse idée de la filmer en noir et blanc et de mêler aux séquences de tournage par un astucieux montage, les effroyables images d'archives de la catastrophe...

 

Drakulics elvtárs de Márk Bodzsár (2019) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Héros de la révolution cubaine, le camarade Fábián Elvtárs organise une collecte de sang à l'attention du peuple vietnamien. Il a pour escorte la jeune et séduisante Magyar Mária qui durant les trois semaines à venir va l'accompagner dans une tournée ayant donc pour but de récolter la précieuse sève. Mais alors que Fábián Elvtárs est censé avoir soixante ans, il n'en paraît que trente. Le flair aiguisé et un goût prononcé pour le précieux liquide qu'il récolte auprès de la population hongroise, c'est peut-être grâce à cette ''boisson'' dont il s'abreuve qu'il parvient à conserver sa jeunesse. Magyar Mária, elle, est chargée de mettre en confiance l'ancien héros tandis que son compagnon Kun László veille en retrait à ce que tout se déroule dans les meilleures conditions. Mais le temps presse car pour le camarade Kádár János et son épouse, c'est le goulag qui leur pend au nez s'ils ne découvrent pas très rapidement le secret de la vie éternelle que leur exige le camarade Brejnev... Comme l'indiquent le script et l'univers dans lequel sont plongés nos protagonistes, nous sommes au tout début des années soixante-dix. Pulls en acrylique et à col roulé pour les hommes, chignons pour les femmes, à l'époque de l'Union Soviétique, bien avant sa dissolution...


À l'esthétique austère, le réalisateur hongrois originaire de Budapest Márk Bodzsár oppose un ton humoristique très noir et sarcastique. Avec son intrigue tournant autour d'un vampire dont l'identité et la particularité ne demeurent à aucun moment une inconnue (voir le titre qui même dans sa version originale laisse transparaître sa filiation avec un célèbre suceur de sang originaire des Carpates), Drakulics elvtárs tente avec plus ou moins de bonheur de mêler tout ou partie des poncifs relatifs à l'ère de l'Union Soviétique, allant même jusqu'à se lancer dans une allégorie particulièrement saignante de l'Amérique avec ce breuvage plasmatique qui versé dans des bouteilles de soda fera illusion pour quiconque y verra un allusion au plus célèbre des sodas vendus dans le monde. En 2020, le long-métrage de Márk Bodzsár remportera le prix du meilleur scénario au Festival du film de Sitges. Si Drakulics elvtárs est effectivement original, c'est sans doute davantage parce que son auteur inclus cet élément fantastique au cœur d'une intrigue certes humoristique mais entrant cependant dans un cadre historique. L'absurdité se mêle au thriller tandis que l'apparent sérieux des événements est contrecarré par une succession d'épiphénomènes qui tendent à faire du film un pastiche des longs-métrages de (contre)-espionnage...


Drakulics elvtárs est donc farfelu, inspiré (même si l'idée de la Mustang apparaît comme un emprunt grossier au véhicule que conduit Ivan, l'un des personnages charismatiques du chef-d’œuvre de l'américain Brad Anderson The Machinist), qui d'un point de vue cinématographique se veut référentiel (y sont notamment évoqués Buster Keaton ou Bela Lugosi), cynique, historique (évidemment, la référence à l'Union Soviétique y est parfaitement claire). Les interprètes sont particulièrement bien campés, à commencer par l'acteur Zsolt Nagy, charismatique et qui interprète le vampire, la charmante Lili Walters qui joue la délicieuse Magyar Mária ou celui qui tient de compagnon à la jeune femme, l'acteur Ervin Nagy dans le rôle de Kun László. Le vampire du second long-métrage de Márk Bodzsár après Isteni müszak semble avoir retenu la leçon et accumule là aussi, quelques-uns des poncifs relatifs au genre. Cela n''étonnera donc personne de retrouver un Fábián elvtárs craignant le soleil, l'ail, les crucifix ou l'eau bénite. Déjà plus amusant, notre suceur de sang semble avoir une aversion pour les saucisses et n'est pas affublé des fameux crocs dont tout vampire qui se respecte se doit d'être doté. Au final, Isteni müszak est une œuvre sympathique et originale qui souffre peut-être cependant d'un manque d'inspiration sur la durée...

 

jeudi 29 avril 2021

New Rose Hotel d'Abel Ferrara (1998) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Attention ! Risque de Spoilers ! Jusqu'à ce que la fin du monde ne vienne mettre un terme à l'existence de tout être humain sur Terre avec son dix-septième long-métrage cinéma 4:44 Last Day on Earth réalisé en 2011, le cinéaste américain Abel Ferrara se fit le chantre d'une humanité déchirée et corrompue de quelque manière que ce soit, à la recherche de la rédemption. Dans un univers underground sans cesse en mutation parcouru par des individus déviants (du peintre-tueur à la perceuse de Driller Killer à la victime muette d'un double-viol se transformant en une justicière tueuse d'hommes dans L'ange de la vengeance jusqu'au flic corrompu de Bad Lieutenant), ce cinéaste particulièrement bien cerné dans le documentaire de Rafi Pitts Not Guilty fut un lion en cage libéré de ses entraves qui en dehors du circuit hollywoodien (hormis les deux longs-métrages Body Snatchers et Snakes Eyes tous deux réalisés en 1993) produisit une succession de films particulièrement sombres. Et qui trouvèrent pour la plupart d'entre eux, des fans pour ériger l'un ou l'autre au statut de chef-d’œuvre ultime. Certains citeront donc Bad Lieutenant, d'autres The King od New York, ou encore The Addiction. Il y en aura même pour évoquer New Rose Hotel, son treizième long-métrage, qui plutôt que de révéler l’œuvre maudite qu'aurait pu revêtir son classement dans la filmographie cinématographique d'Abel Ferrara, fut le signe d'une sensibilité élevant l’œuvre au rang de chef-d’œuvre... Ce qui au départ, n'est pas une mince affaire. Car en effet, New Rose Hotel semble n'avoir bénéficié que d'un budget des plus infime...


Ce que retranscrit l'image, sorte de compromis entre le grain très marqué de caméras de surveillance et l'horrible direct-to-video qui accorde à bon nombre de films un sort peu enviable. Pourtant, si l'on se réfère à l'historique de New Rose Hotel, le film a bien connu une sortie en salle, même limitée. L'aspect du long-métrage tranche bizarrement avec son casting que l'on considérera en partie de cinq étoiles. On y retrouve en effet l'acteur Christopher Walken, prodigieux chez le David Cronenberg de The Dead Zone en 1985 et icône du monstrueux The King of New York dans lequel Abel Ferrara lui offrit le rôle-titre cinq ans plus tard). La sulfureuse italienne Asia Argento (fille du maître du giallo Dario Argento), dont la côte est, faut-il le rappeler, hautement surestimée ( Le Livre de Jérémie, en 2004) et qui interprète ici la prostituée Sandii. Enfin, Willem Dafoe qui allait devenir l'un des fidèles interprètes du cinéaste avec pas moins de sept longs-métrages en commun, documentaire compris... New Rose Hotel est ici, plus sombre dans le traitement visuel que dans la thématique généralement développée par Abel Ferrara. Amour, passion, manœuvres et trahison sont au cœur d'une intrigue pas toujours intelligible au centre de laquelle sinuent nos trois principaux interprètes. Christopher Walken et Willem Dafoe y incarnent respectivement Fox et X, deux espions industriels. Et Asia Argento, la prostituée à laquelle il vont faire une très alléchante proposition : celle de gagner un million de dollars en séduisant un généticien japonais du nom de Hiroshi. C'est la base d'une intrigue qui laissera peu à peu entrevoir le jeu de séduction ET de trahison des uns et des autres, Fox et X faisant finalement figures d'apprentis plongés dans une affaire dont ils ne soupçonneront pas les ramifications...


Filmé comme un cauchemar intemporel situé dans un univers tortueux que les différentes approches visuelles et esthétiques empêchent de voir autrement que comme un mauvais rêve, New Rose Hotel cherche sans doute à se comporter comme une histoire d'amour underground tout en ayant comme résultat que d'apparaître comme un soap déliquescent peu aidé, il est vrai, par des moyens qui s'apparentent au mieux, à de la technique au rabais. On notera l'absence du fidèle compositeur Joe Delia qui après The Black Out l'année précédente ira faire carrière chez d'autres réalisateurs. En prenant comme principaux interprètes deux des plus charismatiques acteurs de leur époque en la personne de Christopher Walken et Willem Dafoe, Abel Ferrara fait le lien entre celui qui quittera l'aventure ''Ferrarienne'' et le second auquel sera transmise la lourde tâche de prendre le relais. Comme un salut à l'artiste, Christopher Walken disparaîtra alors derrière un sourire narquois et désabusé lors d'une séquence qui, si elle n'était pas si tragique, ferait sourire tant elle semble absurde. Séduisant non seulement Willem Dafoe/X, la caméra mais également le spectateur, Asia Argento envoûte littéralement le cadre, ce qui n'empêche pas le réalisateur d'en faire l'un des atouts essentiels d'un drame auquel X ne survivra peut-être pas. Prolongeant l'errance de son ''héros'', jusqu'à rendre douloureuse la séparation, Abel Ferrara signe sans doute effectivement, l'un de ses plus beaux films. Non dans le sens esthétique, mais bien dans l'humanisation de ses protagonistes...

 

mercredi 28 avril 2021

Torremolinos 73 de Pablo Berger (2003) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Marre des blockbusters ? Envie de se laver l'esprit et de se reposer la rétine ? Retour en 2003, et même pourquoi, dans les années soixante-dix lors desquelles se situe l'action de Torremolinos 73, premier long-métrage du réalisateur, scénariste et producteur espagnol Pablo Berger. Bienvenue dans ce pays merveilleux qu'est l'Espagne, terreau fertile qui vit éclore nombre de génies du septième art tel le Alex de la Iglesia de El día de la bestia, La comunidad ou Crimen ferpecto. Exemple parmi tant d'autres même si l’œuvre de ces deux-là n'ont rien de tout à fait comparable. Ou bien le premier est-il en comparaison le pourvoyeur d'un humour tout en retenue, moins hystérique, mais sans doute pas moins passionnant et original. Comme son titre l'indique, l'action de Torremolinos 73 se situe dans la ville du même nom, sans doute en 1973 (année à laquelle semble faire référence une séquence lors de laquelle le héros du long-métrage est contraint de faire un prélèvement de semence). C'est dans ce contexte, cette reconstitution des années soixante-dix plutôt agréable à l’œil, qu'Alfredo Lopez et son épouse Carmen se retrouvent plongés. Petit vendeur d'encyclopédies à domicile, l'entreprise de son patron Don Carlos est en grande difficulté. C'est alors que ce dernier invoque une échappatoire des plus étonnante. Aux rares employés qui la composent, Don Carlos leur propose de passer à la vitesse supérieure en abandonnant la vente d'encyclopédies pour réaliser de petits films ''scientifiques'' en super 8 à l'adresse des pays scandinaves. Alors que leur propriétaire les menace de les faire virer de leur logement s'ils ne paient pas leurs trois mois de loyer de retard, Alfredo et Carmen vont accepter de réaliser chez eux, ces petits films dont la vocation sera d'exposer les mœurs sexuelles espagnoles...


Quelque part, le long-métrage de Pablo Berger évoque On aura tout vu que réalisa Georges Lautner en 1976 avec ce photographe publicitaire qu'incarnait Pierre Richard (époux, dans le film, de l'actrice Miou-Miou) dont le rêve était de réaliser un long-métrage sensible et touchant qui entre les mains du savoureux Jean-Pierre Marielle allait se transformer en œuvre pornographique ! Un film doux-amer en réalité, drôle et tendre à la fois, incarné par un Javier Cámara au charisme aussi particulier que pu l'être celui de Michel Blanc des Bronzés ou de Viens chez moi, j'habite chez une copine. À ses côtés, la délicieuse et touchante Candela Peña (notamment découverte chez Pedro Almodovar avec Tout sur ma mère) dont le personnage de Carmen rêve d'avoir un enfant, ainsi que Juan Diego dans le rôle de Don Carlos, un patron faussement aimable dont les intentions ne sont pas si nobles qu'elles en ont l'air. Si Torremolinos 73 semble dérouler avec la plus grandes des tranquillité son récit, il évoque cependant des thèmes très humains qui contrebalancent avec ce sujet apparemment central que constitue la réalisation de petits films érotiques. Car au delà du voyeurisme qui tendrait à faire de Torremolinos 73 une alternative récente aux comédies sexy des années soixante-dix auxquelles même le cinéma français ne put échapper, le long-métrage de Pablo Berger est d'abord l'histoire d'un couple et de son amour réciproque. Ce qui en terme visuel se manifeste par une œuvre plus cynique que véritablement amusante. Un chemin de croix qui trouve sa consécration lors d'une séquence finale qui aurait pu s'avérer insoutenable si la finesse de la mise en scène et du scénario (signé lui aussi de Pablo Berger) n'étaient pas venus s'interposer avec l'épouvantable et inextricable situation dans laquelle se sont positionnés Carmen etAlfredo...


Il y a dans Torremolinos 73 de ces répliques qui à elles seules valent le coup d’œil. Comme lorsqu'Alfredo reproche à Carmen d'avoir passé du temps avec une star du cinéma (Máximo Valverde, dans son propre rôle) lors d'une soirée, que celle-ci lui rétorque ''Arrête, Alfredo. Maximo est un gentleman'' avant que son époux ne lui assène un imparable ''Oui... Et Dracula, un comte !'' On notera la présence à l'écran de l'acteur danois Mads Mikkelsen, jeune étalon et acteur porno étonnamment sensible participant au leurre que revêt le premier vrai film que doit tourner Alfredo à partir de son propre scénario et que son patron est prêt à financer. Surtout, parfois formidable d'audace est le récit de Torremolinos 73, lequel trouve une justification qui dans ses derniers retranchements s'avère parfaitement indéboulonnable. Ou comment consolider le couple Carmen/Alfredo en leur octroyant à chacun leur part de rêve...

 

mardi 27 avril 2021

La Tour Infernale de John Guillermin (1974) - ★★★★★★★★★★

 


 

Auteur de plusieurs classiques parmi lesquels King Kong en 1976 (on oubliera très vite la suite réalisée par ses soins dix ans plus tard) et Mort sur le Nil (adaptation du roman éponyme de la romancière britannique Agatha Christie) en 1978, le réalisateur américain John Guillermin signa en 1974, par moins que le plus grand film catastrophe de toute l'histoire du septième art avec La tour infernale. Et même si le film célébrera bientôt son demi-siècle d'existence, difficile d'imaginer quel que film que ce soit capable de rivaliser avec ce chef-d’œuvre absolu même si les plus grandes sociétés d'effets-spéciaux sont aujourd'hui capables de produire un résultat repoussant sans cesse les limites du réalisme. En comparaison, le long-métrage de John Guillermin est équivalent au support vinyle (ou disque microsillon) auquel le disque compact vola la vedette dès son apparition dans les années quatre-vingt mais qui aujourd'hui connaît un certain regain d'intérêt auprès des vrais amateurs de musique. Au cinéma, c'est un peu la même chose. Encore faut-il être de ces générations qui dans le cas du film qui nous intéresse ici, découvrirent La tour infernale tel qu'il fut pensé à ses origines. Une méthode de production astreinte à des limites qui désormais n'existent plus. Pourquoi donc revenir là dessus ? Sans doute pour avertir celles et ceux qui voudraient un jour acquérir ce véritable monument sans avoir réfléchi un seul instant de l'intérêt de s'offrir le film au format Blu-ray. Car si ce support possède d'indéniables qualités, le film de John Guillermin fait partie de ces œuvres victimes d'une ''chasse aux sorcières'' qui condamna bon nombre de classiques à se voir imposé un nouveau doublage. Lorsque la nécessite peut éventuellement s'envisager lorsque celle-ci est ''augmentée'' de scènes jusque là demeurées inédites (L'exorciste de William Friedkin), il est d'autres occasions ou toucher aux doublages fait figure de véritable trahison...


La tour infernale est donc de ceux-ci. Déjà, nettoyer une bande vidéo de son grain si particulier pour en proposer un matériau dénué de toute imperfection est une chose. Une histoire (faute?) de goût. Mais lorsque l'on s'attaque au doublage parce que le son mono ''ça ne le fait plus trop'' de nos jours, je vous laisse imaginer la réaction de celles et ceux qui découvrirent le film de John Guillermin notamment doublé à l'époque par Jacques Thébault, Marcel Bozuffi, Jean Martinelli ou Perrette Pradier. Il reste alors une solution pour quiconque veut profiter d'une image ''propre'' mais des voix d'origine : redécouvrir le film dans sa version originale sous-titrée. Sauf que, ben, La tour infernale fait partie de ces longs-métrages qui à l'époque se découvraient doublées en français. Un doublage remarquable que l'on ne peut donc pas concevoir comme étant remplacé sur le mode du ''downgrade''. Passé sur ce piège dans lequel sans doute certains sont tombés, redécouvrir le film dans les meilleures conditions qu'il se doit demeure une expérience extraordinaire. Cent-soixante cinq minutes... deux heure quarante-cinq de pur bonheur. Comment tenir en haleine un public qui à l'époque n'était sans doute pas encore coutumier de longs-métrages dépassant les quatre-vingt dix ou les cent minutes ? Et bien, tout d'abord, en réunissant sur un même plateau parmi les acteurs américains les plus célèbres d'alors. Steve McQueen, Paul Newman, William Holden, Richard Chamberlain, Robert Vaughn ou Robert Wagner pour les hommes ainsi que les magnifiques Faye Dunaway, Susan Blakely et Susan Flannery pour la gente féminine...


Ensuite, le cadre. L'inauguration d'une magnifique tour de plus de cent-trente étage où va avoir lieu un tragique incendie. Hauteur vertigineuse, peur du vide, du feu... claustrophobie... de quoi alimenter les phobies de centaines de convives à une soirée qui va vite tourner au cauchemar ainsi que celles des spectateurs. L'architecte Douglas Roberts et le colonel des sapeurs pompiers Michael O'Hallorhan face à une catastrophe dont l'ampleur est exceptionnelle. Des héros ordinaires pour certains, et des individus, parfois, sans la moindre morale comme les personnifie à merveille l'acteur Richard Chamberlain qui interprète ici l'ingénieur électricien Roger Simmons, fiancé à Patty Simmons, la fille du promoteur Jim Duncan. Infidèle et surtout responsable d'avoir voulu économiser des frais d'installation électrique dont les conséquences seront terribles. Comme tout bon film catastrophe, La tour infernale démarre par une bonne grosse demi-heure de caractérisation. Vous savez ? Ce concept qui permet de s'attacher aux personnages et de ne surtout pas demeurer indifférent au sort tragique dont ils pourraient être les victimes. À ce titre, justement, et même s'ils ne se voient offrir que des rôles mineurs en comparaison de certains autres interprètes, la mort du couple formé par Susan Flannery/Lorrie et Robert Wagner/Dan Bigelow s'avère absolument tragique. C'est dans le détail que s'attaque parfois John Guillermin à certains traits de caractère. Car au fond, qui se soucie vraiment de la relation qu'entretiennent Fred Astaire/Harlee Claiborne et Jennifer Jones/Lisolette Mueller ? Peu de monde sans doute, mais pas le réalisateur dont la relation de la quasi-totalité des couples se délite au fur et à mesure que l'histoire développe son implacable scénario (le film ayant été scénarisé par Stirling Silliphant sur la base des romans The Glass Inferno et The Tower respectivement écrits par Thomas N. Scortia, Frank M. Robinson et Richard Martin Stern. Et quand enfin un nouveau couple se forme, que John Guillermin lui offre-t-il en contrepartie ? La mort de l'une et le désespoir de l'autre...


L'une des qualités majeures de La tour infernale est pour John Guillermin de n'avoir surtout pas privilégié les effets-spéciaux au détriment de ses interprètes. Et même si visuellement, on en prend plein la figure durant les deux heures qui suivent la présentation des personnages, ceux-ci demeurent au centre de l'intrigue. Steve McQueen et Paul Newman campent un formidable duo de sauveteurs sans que ni l'un ni l'autre ne tente de tirer à lui la couverture. Parfaitement dirigé, l'intégralité du casting s'avère magistral de retenue. Même en cherchant la petite bête, il y a peu de chose à critiquer concernant l'interprétation. Mais bien entendu, ce que le public est venu également chercher, c'est ce feu que les courageux pompiers auxquels rendent hommage le film, le réalisateur et ses interprètes vont avoir bien du mal à maîtriser. Multiples incendies, fumée opaque, victimes tombant par les fenêtres, ascenseurs en panne, cages d'escalier impraticables, sauvetages en urgence par différents moyens, transport des victimes d'un immeuble à l'autre, il y a là de quoi passer deux heures et quarante-cinq minutes de spectacle total. Rarement l'on aura eu l'impression d'être directement plongés au cœur de la fournaise. Ajouté à cela, la formidable partition musicale de John Williams, le montage de Carl et Harold F. Kress et les décors de William J. Creber et La tour infernale fait figure de film catastrophe définitif ! Et vous savez quoi ? Tout cela pour quatorze petits millions de dollars...


 

lundi 26 avril 2021

Monster Hunter de Paul W. S. Anderson (2021) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Lorsque l'on veut passer des vacances bien pourries, il suffit de chercher sur n'importe quel moteur de recherche et la Syrie se situe en bonne position. Lorsque l'on veut mater un bon gros blockbuster bien naze, il suffit de taper Milla Jovovich pour être certain de toucher au but. Car on ne peut pas dire que l'ancienne épouse de Luc Besson soit une actrice de premier choix. C'en devient même tragique lorsque l'on énumère les purges dans lesquelles elle traîne sa silhouette depuis qu'elle a croisé la route de l'auteur du génial Subway mais aussi de tout un tas de nanars (dont Valérian et la Cité des mille planètes est sans doute la quintessence). Héroïne de la franchise Resident Evil depuis 2002 et jusqu'en 2017, du nanardesque Le Cinquième Élément de Luc Besson, capable de transformer un sujet passionnant (Phénomènes Paranormaux d'Olatunde Osunsanmi, 2010) en un bousin involontairement drôle, Milla Jovovich est le genre de virus cinématographique dont devrait se prémunir tout cinéphile qui se respecte. À moins, bien sûr, de ressentir parfois ce besoin vital de ''relâche'' qui ne peut se concevoir que devant ce genre de long-métrage. Avant même que le tournage du film ne commence, le scénario de Paul W. S. Anderson s'est perdu sous des tonnes de sable. Celui du désert dans lequel se situe l'action. Une fois encore le réalisateur et son actrice se retrouvent sur un projet inspiré d'un jeu vidéo. Et comme cela est souvent le cas (excepté pour l'excellent Silent Hill de Christopher Gans, en 2006), le résultat ne se fait pas longtemps attendre. Monster Hunter est mauvais. Paul W. S. Anderson n'étant de toute manière pas un réalisateur brillant par la qualité de sa production (on accordera tout de même quelques qualité à son Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà réalisé en 1998), on ne pouvait s'attendre à rien d'autre qu'à une bouillie visuelle sans cohérence aucune et interprétée à l'arrache par des acteurs de seconde zone (parmi lesquels est malheureusement venu se perdre Ron Perlman)...


Action, guerre, fantastique, heroic-fantasy, Monster Hunter cherche évidemment à rapatrier le plus grand nombre de spectateurs avec son budget de soixante-millions de dollars et ses effets-spéciaux qui dans la bande-annonce donnent l'illusion d'un grand film épique. Tu as raison Paul. Laisse nous dans le flou. Ne nous donne aucune indication quant au pourquoi du comment... Il est d'ailleurs probable que l'auteur du scénario lui-même ne sache pas de quoi il parle. Un groupe de soldats en mission est soudainement projeté dans un monde parallèle où les créatures gigantesques sont légion. Entre arachnides et tricératops démoniaque, Monster Hunter bénéficie tout de même d'effets-spéciaux CGI de qualité. Malheureusement, le film s'égare entre Mad Max, Le Sixième Continent et une pléthore de films d'action, tout ceci enrobé de riches décors désertiques. Une fois que l'on a fait connaissance avec les monstres du titre, on en a malheureusement fait le tour au bout de cinq minutes et le long-métrage n'est alors plus d'aucun intérêt si ce n'est suivre l'héroïne dans sa quête pour retourner dans son monde. Quarante minutes après le début, on se dit que les trois-quart du long-métrage sont passés et que le plus gros du chemin a été parcouru. Mais c'est sans compter sur l'heure qu'il reste à subir. Si le confinement a fait des ravages sur le mental de beaucoup d'entre nous, la fermeture des cinémas a tout de même eu du bon. Imaginez s'il avait fallut débourser une dizaine d'euros pour aller voir Monster Hunter sur grand écran ! Le film tourne rapidement en boucle mais offre quelques sympathiques moments de rires involontaires à l'image de Ron Perlman et de sa perruque façon ''feu'' Patrick Juvet ! Paul W. S. Anderson mangeant à tous les râteliers, le réalisateur se prend en fin de parcours pour le Peter Jackson du Seigneur des Anneaux avec son dragon fançon dark-fantasy, ajoutant ainsi une nouvelle corde à l'arc de son dernier joujou. Et dire qu'une suite éventuelle risque de voir le jour comme semble l'indiquer la séquence pré-générique de fin... Au secours !!!

dimanche 25 avril 2021

Dracula et ses femmes vampires de Dan Curtis (1973) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Moi qui pensais que le plus célèbre des suceurs de sang Dracula était un séduisant jeune homme à la silhouette gracile, au visage doux, voire androgyne, j'avais tout faux. Le portrait qu'en fait le réalisateur Dan Curtis s'éloigne d'ailleurs lui aussi de l'image décrite dans le roman de Bram Stoker, Dracula. Le cheveu blanc chez l'écrivain, il arbore chez le cinéaste une crinière brune et des sourcils qui contrairement au personnage littéraire ne se rejoignent pas. Mâchoire carrée et pas vraiment le visage très accueillant, Jack Palance incarne pourtant à son tour le célèbre prince des ténèbres originaire de Transylvanie. L'entrée en matière de Dracula et ses femmes vampires (quelle traduction affreuse pour un film qui à l'origine s'intitule sobrement Dracula) respecte assez bien l'ouvrage du romancier britannique d'origine irlandaise. On y retrouve donc le personnage de Jonathan Harker, clerc de notaire, qui se rend en Transylvanie dans le château du comte Dracula avec lequel il doit discuter de l'acquisition d'une demeure en Angleterre. Alors que nombre de similitudes font coïncider le roman et cette adaptation télévisuelle diffusée pour la première fois le 8 février 1974 aux États-Unis et en mai 1976 chez nous, Dan Curtis et son fidèle scénariste, le romancier Richard Matheson, imaginent trois femmes vivant sous le même toit que le célèbre comte inspiré par le prince de Valachie Vlad III Basarab dit ''Vlad l'empaleur''...


Sans doute moins passionnant que la variation que Werner Herzog réalisa sous le titre Nosferatu: Phantom der Nacht (remake du long-métrage Nosferatu, eine Symphonie des Grauens que signa en 1922 son homologue allemand Friedrich Wilhelm Murnau dont le nom du vampire tenait d'une question de droits d'auteur), Dracula et ses femmes vampires est franchement agréable à suivre, d'autant plus que pour un téléfilm, il bénéficie d'une jolie reconstitution puisqu'il situe son action à la fin du dix-neuvième siècle. Mais le long-métrage de Dan Curtis n'est pas qu'un film fantastique teinté d'épouvante puisqu'il s'agit également d'une tragique histoire d'amour au centre de laquelle notre vampire cherche par tous les moyens à mettre la main sur l'épouse d'un homme dont les traits sont parfaitement identiques à ceux de celle qu'il aima voilà des siècles et qu'on lui arracha. Dracula et ses femmes vampires s'amuse également à évoquer Vlad Tepes dont le lien avec Dracula semble plus que jamais évident. Les décors de Trevor Williams (fidèle à Dan Curtis depuis ses débuts puisqu'il conçu notamment ceux de La fiancée du vampire et de Night of dark shadow) et les costumes de Ruth Myers participent de l'excellente reconstitution tandis que Jack Palance incarne un vampire tel celui du Dracula, prince des ténèbres de Terence Fisher dans lequel le célèbre suceur de sang est interprété par Christopher Lee. Y intervient le personnage d'Abraham Van Helsing (Nigel Davenport), célèbre chasseur de vampires lui-même créé par Bram Stoker, ainsi qu'Arthur Holmwood (Simon Ward), l'époux de Lucy Westenra (Fiona Lewis), sosie parfait de l'épouse décédée de Dracula que vampirisera le vampire. S'entourant toujours et encore de sa fidèle équipe, c'est une fois encore le compositeur Bob Cobert qui se charge de la partition musicale du téléfilm...

 

The Reincarnation of Peter Proud de J. Lee Thompson (1975) - ★★★★★★☆☆☆☆




Hanté par des cauchemars dont il ne comprend pas la signification, le professeur d'université Peter Praud contacte le docteur Samuel Goodman, un spécialiste des rêves qui lui propose de participer à une expérience lors de laquelle les résultats révèlent qu'en fait, les cauchemars récurrents que fait Paul n'en sont pas. Du moins les tests n'en ont révélé aucun durant ses phases de sommeil pourtant agitées. Le laboratoire du sommeil n'ayant abouti à rien de concret, Paul décide de se lancer à la recherche de Marcia Curtis, une femme qui dans ses rêves tue son époux Jeff, un ancien champion de tennis blessé à la guerre. Paul apprend que l'homme en question a bien existé et qu'il est effectivement mort voilà une trentaine d'années dans d'étranges circonstances. Retrouvé noyé, son épouse fut un temps soupçonnée de l'avoir tué mais n'a pas pour autant été reconnue coupable de meurtre. Les cauchemars l'assaillant continuellement, Paul est désormais persuadé d'être la réincarnation de Jeff Curtis car lors de ses nuits agitées, il voir en rêve un pont et une église qui existent réellement et qui se situent dans la ville de Springfield où il n'a pourtant jamais mis les pieds. Accompagné par sa compagne Nora Hayes qui finit par se décourager et décide de retourner chez eux, Paul se débrouille désormais seul pour entrer en contact avec Ann Curtis, la fille du défunt afin de se rapprocher de Marcia...


The Reincarnation of Peter Proud bêtement traduit chez nous sous le titre La mort en rêve est le trente et unième long-métrage (télévision comprise) du réalisateur américain J. Lee Thompson qui plus tard finira sa carrière en offrant plusieurs rôle à l'acteur Charles Bronson. Mais pour l'instant, la vedette de cet étrange long-métrage qu'est The Reincarnation of Peter Proud, c'est l'acteur Michael Sarrazin dont le rôle le plus important sur grand écran fut celui de Robert Syverton dans On achève bien les chevaux de Sydney Pollack et dont le plus marquant à la télévision fut celui de la créature de l'excellente mini-série en deux parties Frankenstein: la véritable histoire réalisée en 1973 par Jack Smight et dans laquelle il jouait aux côtés de Leonard Whithing, Jane Seymour et David McCallum. Auprès de Michael Sarrazin, on retrouve l'actrice Margot Kidder, Lois Lane dans la saga Superman entre 1978 et 1987, Barbie Coard dans Black Christmas de Bob Clark en 1974 (que certains considèrent comme le tout premier slasher), mais aussi et surtout les effrayantes jumelles Danielle et Dominique Breton dans l'angoissant Sœurs de sang de Brian de Palma un an auparavant. Comme l'indique le titre, l’œuvre de J. Lee Thompson tourne autour du thème de la réincarnation. Le réalisateur signe un long-métrage intriguant et parfaitement mis en scène bien que certains raccourcis s'avèrent parfois gênants.


Mais à dire vrai, connaître la vérité sur la mort de Jeff Curtis dès les premières minutes est une option dont on se serait bien passé. Car alors, les investigations menées par le héros ne trouvent plus vraiment de justification autre que la simple curiosité. C'est l'écrivain Max Ehrlich qui adapte ici son propre ouvrage. J. Lee Thompson crée un étrange climat qu'accentue encore le montage parfois épileptique réalisé par Michael F. Anderson. Parfois construit sous forme de flash-back, The Reincarnation of Peter Proud est une œuvre intéressante mais malheureusement sans réelles surprises. Margot Kidder a beau avoir été vieillie de quelques décennies pour les besoins du récit, l'actrice conserve son charme étrange et son caractère proche de la déviance. En épouse meurtrière et alcoolique, son personnage se rapproche sensiblement de celui qu'elle interpréta deux ans auparavant dans le long-métrage particulièrement morbide de Brian de Palma...

Street Fighter - L'ultime combat de Steven E. de Souza (1994) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

En attendant la sortie prochaine du reboot de Mortal Kombat, je vous propose un tout petit cycle consacré aux adaptations sur grand écran de la franchise........ Street Fighter ! Oui, sa principale concurrente. Deux longs-métrage en tout et pour tout si l'on ne compte pas le film d'animation Street Fighter II, le film de Gisaburō Sugii sorti en 1994 ou les quatre OAV produits entre 1999 et 2010. Et pour faire les choses comme il se doit, commençons par le commencement avec Street Fighter - L'ultime combat de Steven E. de Souza (réalisateur, scénariste et producteur n'entretenant bien entendu aucun rapport avec la célèbre propriétaire d'une valise en carton!). Un titre français qui laisserait presque envisager qu'il s'agit de la séquelle d'un premier long-métrage, mais il n'en est rien. Au passage, on appréciera le titre Québécois Le Bagarreur de rue qui comme le veut la grande tradition canadienne est parfaitement ridicule. En fait, nous retiendrons surtout le titre original Street Fighter dont l'épure et la simplicité se suffisent à elles-mêmes. Une simplicité qui comme on s'en doute, se retrouve également dans le scénario de Steven E. de Souza. Ça n'est certes pas en fan du jeu vidéo original (et l'on parle bien là de l'énorme succès Street Fighter II qui connu une seconde vie sur Super Nintendo après avoir fait la joie des amateurs de baston sur les bornes d'arcade en 1991) sur lequel je m'acharnais inutilement que j'ai décidé d'aborder son adaptation mais en cinéphile impatient de découvrir le reboot de Mortal Kombat n'ayant rien trouvé de mieux à se mettre sous la dent en attendant !


D'un point de vue logique, historique, chronologique et pour éviter l'effet ''downgrade'' que pourrait engendrer la vision postérieure au titre tant attendu d'un long-métrage datant de 1994 d'un point de vue strictement artistique, mieux vaut donc reprendre les choses dans l'ordre. Il y a plus de vingt-cinq ans sortait sur les écrans de cinéma la toute première adaptation de la franchise Street Fighter. Sachant que le jeu en lui-même était dépossédé de tout scénario et ne faisait qu'enchaîner les duels les uns derrière les autres, deux options se présentent à Steven E. de Souza. Soit le réalisateur et scénariste reprend ce concept outrageusement simple et risque de ne combler que les fans purs et durs, soit il apporte un peu de poids à un sujet qui à l'origine ne semble engager rien de bon. Cela n'étonnera personne si l'on trouve dans le rôle principal du colonel William F. Guile l'acteur belge Jean-Claude Van Damme, immense star du cinéma d'action américain qui derrière lui a déjà tourné nombre de classiques du genre, tels Full Contact et Double Impact de Sheldon Lettich, Universal Soldier de Roland Emmerich ou Chasse à l'homme de John Woo. Plus étonnante est par ailleurs la présence de l'irrésistible chanteuse australienne Kylie Minogue dans le rôle de Cammy White. Si le personnage de Guile reprend celui du jeu original, Cammy White apparaît pour la première fois dans le jeu Super Street Fighter II: The New Challengers qui est la quatrième version de Street Fighter II édité à l'époque par la société japonaise Capcom...


On retrouve bien sûr les personnages emblématiques de la saga de jeux vidéos parmi lesquels M. Bison, la charmante Chun-Li Zhang, le yogi Dhalsim, l'hypertrophié Sagat, le sumotori Honda ou encore le lutteur sibérien Zangief. Nous retrouvons même l'acteur Robert Mammone dans le rôle de Blanka, cet homme dont l'apparence dans le long-métrage résulte d'expériences génétiques, mais un look, au final, assez peu fidèle au personnage du jeu vidéo. À la question du simple portage ou de l'ambitieux scénario, Steven E. De Souza répond en signant un long-métrage extrêmement mauvais. Ambitionnant de réaliser une œuvre dépassant son seul statut de film d'arts martiaux, le voici rêvant d'un hybride entre Star Wars et James Bond. Deux franchises auxquelles, on s'en doute, Street Fighter ne ressemble absolument pas. On regretterait finalement presque la première option qui aurait consisté à ne proposer qu'une succession de combats entre les divers protagonistes issus du jeu vidéo. Car à dire vrai, le long-métrage n'a que de très, très, très lointains rapports avec celui-ci. Ôtez les Guile, Bison, Zhang, Ryu, Zangief, Blanka et autres personnages de la franchise et Street Fighter ne ressemble alors guère plus qu'à un vulgaire film d'action, de surcroît, très mauvais. Les combats sont tristes à mourir et dénués de toute chorégraphie digne de ce nom. Certains personnages du jeu vidéo sont à peine reconnaissables, l'humour tombe à l'eau et quant à la caractérisation des personnages, elle demeure simplement inexistante. À part quelques sympathiques plans tournés à Bangkok en Thaïlande, Street Fighter est une purge. Un nanar qui a tout de même coûté la modique somme de trente-cinq millions de dollars à la production...

 

La Traque d'Yves Rénier (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Il est mort, le commissaire Moulin... ce personnage qui demeurera éternellement lié à l'acteur Yves Rénier. Un interprète qui aura majoritairement voué sa carrière au petit écran même s'il fut l'interprète ponctuel d'une vingtaine de longs-métrages en soixante ans de métier. Acteur, mais aussi réalisateur qui depuis le milieu des années 2010 est revenu à quatre reprises sur des affaires criminelles françaises parfaitement authentiques. Flic tout simplement revenait en 2015 sur le tueur en série Guy Georges et sur la fonctionnaire de police Martine Monteil qui participa à son arrestation. Je voulais juste rentrer chez moi se penchait en 2017 sur l'étonnante histoire de Patrick Dils, adolescent de seize ans qui se retrouva accusé du meurtre horrible de deux jeunes enfants et passa quinze années derrière les barreaux alors même qu'il était innocent. Quant avec Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi, Yves Rénier s'intéressait à ce fait-divers entourant une femme condamnée à dix ans de prison pour avoir abattu son époux, un homme violent qu'elle affirma avoir tué en état de légitime défense. Enfin, devait sortir sur le petit écran un mois avant son décès, la dernière réalisation d'Yves Rénier inspirée de l'enquête menée par deux policiers au sujet du tueur en série Michel Fourniret, La Traque. Si jusqu'à maintenant Yves Rénier avait fait un sans faute, aborder le sujet de l'un des pires serial killer hexagonaux était un pari éminemment risqué et sujet à d'éventuelles polémiques concernant l'aspect moral d'une telle entreprise...


Connaissant la sensibilité du bonhomme pour les victimes et pour leurs familles, nous n'attendions pas moins qu'une approche du sujet loin de l'aspect racoleur qui fleurit parfois dans les magasines et les émissions de télévision spécialisés dans ce genre d'affaires criminelles. Le plus délicat dans le cas présent (sachant que Michel Fourniret est encore vivant et que l'évocation d'un téléfilm mettant en scène ses méfaits pourrait s'avérer pour lui comme une consécration) et donc tout le problème, est d'aborder le fait-divers sans faire du tueur une icône comme pu l'être notamment le Hannibal Lecter de Jonathan Demme dans Le silence des agneaux en 1991. Pour incarner Michel Fourniret, Yves Rénier confie le rôle à l'acteur Philippe Torreton. Un comédien discret malgré une importante carrière au cinéma et à la télévision dont l'apparente rareté de ses apparitions lui permet de se fondre à la perfection dans ce personnage au point de lui ressembler parfois de manière particulièrement troublante. Face à Michel Fourniret aux côtés duquel sévissait Monique Olvier (excellente et méconnaissable Isabelle Gélinas), deux flics qui ne lâcheront rien, jusqu'à épuiser leurs dernières cartouches. François-Xavier Demaison et Mélanie Bernier interprètent respectivement le Commissaire Declerck et le capitaine Nielsen. Deux personnages de fiction pour une Traque qui n'en a que le nom. Ici, pas de chasse sur les territoires français et belge ni sur les différents lieux des meurtres perpétrés par celui que la presse surnomma L'Ogre des Ardennes et par sa compagne, mais d'innombrables interrogatoires se déroulant sur une année entière.


Pourtant, le téléfilm d'Yves Rénier (qui s'offre ici un tout petit rôle en la personne d'Arnaud Costenoble, le supérieur du Commissaire Declerck) n'est pas aussi puissant que pu l'être des décennies auparavant l'excellent Garde à vue de Claude Miller. Et même si les interprètes sont tous convaincants, il manque à La traque de cette tension qui aurait pu en faire un excellent téléfilm policier. L'acteur/réalisateur préfère aux monstruosités commises par le duo, décrire les méthodes de deux flics pour faire avouer à l'une les horreurs perpétrées par Michel Fourniret afin de le compromettre avant que la loi n'oblige les autorités à le remettre en liberté. Si La traque déroule son récit de manière relativement froide, ce n'est que pour en tirer tout l'aspect clinique de ses interrogatoires. Surtout, Yves Rénier éloigne aussi souvent que cela lui est possible du champ de la caméra, le monstre Fourniret qui dès lors n'est pas dans la lumière mais dans l'ombre de la seule qui puisse encore aider la police à le faire condamner. Plus que Philippe Torreton, François-Xavier Demaison ou Mélanie Bernier, c'est bien Isabelle Gélinas qui brille dans ce téléfilm en deux parties de quarante-cinq minutes chacune. Inspiré du roman La mésange et l'ogresse de l'écrivain français Harold Cobert, le scénario qu'il en tire lui-même en compagnie de Jean-Luc Estèbe et Benoît Valère nous fait grâce des détails concernant les meurtres et s'attache surtout à rendre hommage à celles et ceux qui participent à l'arrestation des plus grands criminels. La traque est une surprise agréable même si l'on a tout de même connu Yves Rénier plus inspiré...

 


Yves Rénier

(1942-2021) 

samedi 24 avril 2021

Il fiume del grande caimano de Sergio Martino (1979) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Der Fluss der mörder Krocodile, Kœmpekrokodillen, Ultra gator, Caiman, Alligator, The great alligator, Le grand alligator, faites votre choix parmi tous ces titres mais retenez une chose : Tous ont en commun un seul et même long-métrage : Il fiume del grande caimano du réalisateur italien Sergio Martino. L'auteur de de gialli cultes (Lo Strano vizio della Signora Wardh, Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave, Torso) et de quelques bobines plus ou moins légendaires et empiétant dans des genres aussi divers que le film d'aventures cannibales (La montagna del dio cannibale), le western (Mannaja), la comédie (Zucchero, miele e peperoncino) ou la science-fiction post-apocalyptique (2019 - Dopo la caduta di New York). Il fiume del grande caimano, lui, est un film d'horreur dont le genre est régulièrement prisé depuis les années soixante-dix. De fait, il met en scène un immense crocodile dont la particularité est d'être un dieu invoqué par une tribu africaine, les kumas, qui dans le contexte présent sont peut-être imaginaires puisque rien ne vient confirmer le fait qu'ils puissent avoir un lien quelconque avec les habitant du canton de Kuma situé au Togo, dans la préfecture du Kloto... Un détail me direz-vous puisque l'essentiel est ailleurs...


Principalement interprété par l'ex James Bond Girl Barbara Bach (L'Espion qui m'aimait de Lewis Gilbert, 1977), Mel Ferrer (l'un des clients de l'hôtel sordide du morbide Eating Alive de Tobe Hooper où déjà sévissait un énorme crocodile en 1977) et Claudio Cassinelli (le giallo La polizia chiede aiuto de Massimo Dallamano, 1974), Il fiume del grande caimano est également l'occasion de retrouver la toute jeune Silvia Collatina dont le regard très particulier aura laissé des souvenirs émus aux fans de Lucio Fulci et de son Quella villa accanto al cimitero (La Maison près du cimetière, 1981). Mais pour l'heure, direction l'Afrique et ses autochtones. Alors que Mel Ferrer qui dans la peau de Joshua est heureux de pouvoir accueillir les premiers clients de son tout nouvel hôtel, Barbara Bach et Claudio Cassinelli forment à l'écran un couple particulièrement séduisant. Silhouette de mannequin pour l'une, look de baroudeur pour l'autre. Mais alors que le film a débuté depuis plus d'une demi-heure, il ne fait pour le moment, pas la moindre vague. C'est même, faut-il l'avouer, assez ennuyeux puisque l'on se fiche en général de ces nombreuses et inconséquentes séquences lors desquelles des touristes semblent faire la promotion de la région. Costumes et musiques traditionnels tentent de nous intégrer dans cet univers exotique où il ne se passe pour l'instant pas grand chose de passionnant...


Les apparences sont trompeuses, la marchandise frauduleuse et le contenu frelaté. Soit l'on évalue Il fiume del grande caimano (qui traduit en français signifie La rivière du grand caïman) comme pouvant être un pur film d'horreur et d'agression animale dans le plus pur style des Dents de la Mer de Steven Spielberg et la déception est grande, soit l'on prend le long-métrage de Sergio Martino pour ce qu'il est en réalité, soit un film d'aventures, et là encore, on peut, et l'on se doit même, d'être dépités. Barbara Bach a beau être sexy et Claudio Cassinelli hyper charismatique, cette carte postale trop longue sur la durée s'avère souvent remarquablement insipide. Dommage car certains interprètes semblent particulièrement inspirés. À l'image du britannique Richard Johnson qui s'offre un vrai rôle de composition avec le personnage du père Jameson, un vieux fou vivant dans une caverne. Des inserts de stock-shots animaliers tentent puérilement de renforcer le contexte exotique d'un récit qui ne sait pas vraiment sur quel pied danser. D'une durée de quatre-vingt dix minutes environ, Il fiume del grande caimano aurait mérité d'être ''nettoyé'' des innombrables séquences mettant en scène des touristes dansant sur une bande-son de très mauvaise qualité. Le caïman du titre ne sert que de prétexte à confronter des indigènes à des êtres civilisés (l'homme blanc en particulier) venus s'installer sur leur territoire. Se réveille alors le Dieu Kruna qui sous la forme d'un crocodile en ''carton-pâte'' n'effraiera pas grand monde...

 

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