Après le Caire et
l'Arche d'Alliance, après l'Inde et son temple maudit abritant la
secte des Thugs à la gloire de la déesse Kâlî, Indiana Jones
revenait sur les écrans de cinéma en 1989 avec Indiana Jones
et la Dernière Croisade.
Bien que le second volet sorti cinq ans auparavant sous le titre
Indiana Jones et le Temple Maudit
ait connu un énorme succès en salle, il faut reconnaître qu'en
comparaison avec l'excellent Les Aventuriers de
l'Arche Perdue,
il demeurait relativement décevant. Mais qu'allait donc entreprendre
Steven Spielberg pour retrouver la grâce du premier volet de cette
saga d'aventure qui jusqu'à aujourd'hui compte quatre épisodes ?
Et bien, tout simplement, revenir aux fondamentaux. Tout d'abord, en
abandonnant l'esprit un peu trop cartoonesque du second épisode qui
nuisait au personnage d'Indiana Jones. Car en forçant trop le trait
de cet archéologue aventurier, le réalisateur américain avait
finit par n'en faire qu'une caricature grotesque. Autre aspect
fondamental : le retour de quelques-uns des personnages les plus
emblématiques du premier épisode ayant sans doute concouru au
succès de l’œuvre séminale. À commencer par le Docteur Marcus
Brody, toujours interprété par l'acteur britannique Denholm
Elliott. On assiste également au retour de Sallah Faisel el-Kahir
qu'incarne lui aussi pour la seconde fois l'acteur anglais John
Rhys-Davies qui depuis le succès des Aventuriers
de l'Arche Perdue
n'a pas attendu que Steven Spielberg fasse à nouveau appel à lui
pour retourner vivre de folles aventures puisqu'on le reverra
notamment dans Allan Quatermain et les Mines du
Roi Salomon en
1985 et Le Temple d'Or l'année
suivante, les deux longs-métrages ayant été tous deux réalisés
par J. Lee Thompson...
Et
parce que le contexte dans lequel baignaient les premières aventures
d'Indiana Jones était beaucoup plus revigorant que celles, parfois
sans doute trop sombres du second épisode, retour à l'Allemagne
Nazie. Deux ans après qu'Adolf Hitler ait missionné un contingent
de soldats allemands lancés à la recherche de l'Arche d'Alliance
avec les conséquences que l'on connaît, le voici désireux
d'acquérir (par tous les moyens), le mythique Graal, objet de quête
des Chevaliers de la Table Ronde afin d'asseoir sa suprématie
mondiale. Mais avant cela, Indiana Jones et la
Dernière Croisade
nous plonge dans le passé d'Indiana Jones à l'époque où il
n'était encore qu'un scout dérobant à des pilleurs de tombes, la
croix de Coronado. Le film débute donc en 1912 alors qu'il n'est
qu'un jeune adolescent. Indiana Jones et la
Dernière Croisade s'ouvre
sur une séquence absolument formidable qui laisse présager le
meilleur. Une course-poursuite dans l'Utah à bord d'un train
convoyant les animaux d'un cirque lors d'une incroyable séquence.
Vingt-six ans plus tard, nous retrouvons notre héros à bord d'un
navire portugais afin de récupérer la Croix qui lui avait échappée
presque trois décennies plus tôt. Là encore, la mise en scène se
veut d'une inventivité folle. De retour aux États-Unis à
l'université où il enseigne l'archéologie à ses élèves, il fait
la connaissance de Walter Donovan qui l'informe au sujet de son père,
le Professeur Henry Jones lequel a consacré toute sa vie entière au
Graal. En voyage à Venise, il fait la connaissance de l'autrichienne
Elsa Schneider, ancienne collaboratrice de son père avec laquelle il
va se lancer à sa recherche et tenter ensuite de découvrir où se
trouve le Graal...
Si
l'on est en terrain conquis, le scénario de Jeffrey Boam ne fait
heureusement pas l'économie d'idées nouvelles. En effet, Indiana
Jones et la Dernière Croisade a
beau voguer dans un contexte similaire aux Aventuriers
de l'Arche Perdue,
ces troisièmes aventures d'Indiana Jones fait la part belle à des
séquences originales qui ne laissent au spectateur, aucun répit.
Outre la séquence d'ouverture chorégraphiée de main de maître,
Indiana Jones parcourra une somptueuse bibliothèque, des catacombes
infestées de milliers de rats, longera une rivière de pétrole,
sera poursuivi par bateau sur la lagune de Venise par des gardiens de
la confrérie de l'épée cruciforme veillant au secret du Graal,
délivrera son père d'un château autrichien dans lequel celui-ci
est retenu prisonnier par les Nazis, prendra la fuite à bord d'un
ballon-dirigeable, puis à bord d'un avion, parcourra Alexandrette
au Hatay en compagnie de son père et enfin, pénétrera le temple
qui renferme le Graal. Plutôt que de tourner une partie de son
long-métrage en studios, Steven Spielberg se décide enfin à
tourner en décors naturels. En effet, la séquence d'ouverture fut
réalisée au parc national des Arches dans l'Utah, celle de la
bibliothèque à l'Église San Barnaba de Venise. Plus loin, de
nombreux passages se situèrent dans le désert de Tabernas en
Andalousie, quant à la séquence finale, on peut y reconnaître le
magnifique site de Pétra en Jordanie, là où se situe
l'extraordinaire et célèbre monument de cette cité antique,
Khazneh...
Bourré
jusqu'à la lie d'aventures et d'action, Indiana
Jones et la Dernière Croisade
prône un retour à l'humour parfois foudroyant. Exemple :
lorsque Walter Donovan (l'acteur Julian Glover) évoque le fait de
mettre la main sur Marcus Brody, Indiana Jones rétorque : ''
N'y comptez pas
trop. Il a deux jours d'avance sur vous.C'est plus qu'il n'en faut.
Brody a des amis dans chaque ville et village d'ici jusqu'au Soudan.
Il parle une douzaine de langues, connaît toutes les coutumes
locales. Il va se mêler à eux, disparaître, et vous ne le reverrez
jamais. Avec un peu de chance, il a déjà retrouvé le Graal''.
CUT. Et qu'aperçoit-on juste après ? Un Marcus Brody perdu en
pleine ville, ne sachant à qui s'adresser et ne parlant que sa
propre langue. Autant dire qu'après le pitch d'Indiana Jones,
découvrir Brody dénué de tout repère est irrésistiblement
drôle ! Après Karen Allen et Kate Capshaw, c'est désormais
l'actrice Alison Doody qui malgré les apparences, n'est pas
originaire d'Allemagne mais d'Irlande et qui interprète la
''figure'' féminine de ce troisième opus. Plus froide, elle incarne
également un personnage beaucoup plus ambigu que les deux
précédentes interprètes. Le jeune et regretté River Phoenix
(Explorers
de Joe Dante, Stand by Me
de
Rob Rainer) incarne quant à lui Indiana Jones adolescent. Mais la
plus-value de cet Indiana Jones et la Dernière
Croisade reste
encore sans doute la présence de l'immense acteur britannique Sean
Connery dans le rôle du Professeur Henry Jones, le père d'Indy.
Il
apporte à ce troisième volet une profondeur supplémentaire qui
permet d'en apprendre davantage sur son fils. Et même si Steven
Spielberg nous épargne les écueils de souvenirs larmoyants, on ne
peut qu'être touchés par la relation qu'entretiennent Indiana Jones
et son père. Un Sean Connery dont le statut de star ne l'empêche
pas de s'effacer lorsque cela est nécessaire au script. Après un
Indiana Jones et le Temple Maudit en
demi-teinte, on pouvait craindre que le mythe d'Indiana Jones ne soit
définitivement écorné. Mais c'était sans compter sans le scénario
de Jeffrey Boam, l'excellence de l'interprétation, des décors
absolument fantastiques, une action et une aventure à tambour
battant (auxquelles on ajoutera de superbes séquences reposant sur
le principe des énigmes) et une remise en question du réalisateur.
Maintenant, c'est à chacun de se faire sa propre opinion. Sans nul
doute Indiana Jones et la Dernière Croisade
est éminemment supérieur au volet précédent. Mais l'est-il aux
Aventuriers de l'Arche Perdue ?
Personnellement, j'oserai un grand OUI !!!