Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


lundi 31 août 2020

Indiana Jones et la Dernière Croisade de Steven Spielberg (1989) - ★★★★★★★★★☆



Après le Caire et l'Arche d'Alliance, après l'Inde et son temple maudit abritant la secte des Thugs à la gloire de la déesse Kâlî, Indiana Jones revenait sur les écrans de cinéma en 1989 avec Indiana Jones et la Dernière Croisade. Bien que le second volet sorti cinq ans auparavant sous le titre Indiana Jones et le Temple Maudit ait connu un énorme succès en salle, il faut reconnaître qu'en comparaison avec l'excellent Les Aventuriers de l'Arche Perdue, il demeurait relativement décevant. Mais qu'allait donc entreprendre Steven Spielberg pour retrouver la grâce du premier volet de cette saga d'aventure qui jusqu'à aujourd'hui compte quatre épisodes ? Et bien, tout simplement, revenir aux fondamentaux. Tout d'abord, en abandonnant l'esprit un peu trop cartoonesque du second épisode qui nuisait au personnage d'Indiana Jones. Car en forçant trop le trait de cet archéologue aventurier, le réalisateur américain avait finit par n'en faire qu'une caricature grotesque. Autre aspect fondamental : le retour de quelques-uns des personnages les plus emblématiques du premier épisode ayant sans doute concouru au succès de l’œuvre séminale. À commencer par le Docteur Marcus Brody, toujours interprété par l'acteur britannique Denholm Elliott. On assiste également au retour de Sallah Faisel el-Kahir qu'incarne lui aussi pour la seconde fois l'acteur anglais John Rhys-Davies qui depuis le succès des Aventuriers de l'Arche Perdue n'a pas attendu que Steven Spielberg fasse à nouveau appel à lui pour retourner vivre de folles aventures puisqu'on le reverra notamment dans Allan Quatermain et les Mines du Roi Salomon en 1985 et Le Temple d'Or l'année suivante, les deux longs-métrages ayant été tous deux réalisés par J. Lee Thompson...

Et parce que le contexte dans lequel baignaient les premières aventures d'Indiana Jones était beaucoup plus revigorant que celles, parfois sans doute trop sombres du second épisode, retour à l'Allemagne Nazie. Deux ans après qu'Adolf Hitler ait missionné un contingent de soldats allemands lancés à la recherche de l'Arche d'Alliance avec les conséquences que l'on connaît, le voici désireux d'acquérir (par tous les moyens), le mythique Graal, objet de quête des Chevaliers de la Table Ronde afin d'asseoir sa suprématie mondiale. Mais avant cela, Indiana Jones et la Dernière Croisade nous plonge dans le passé d'Indiana Jones à l'époque où il n'était encore qu'un scout dérobant à des pilleurs de tombes, la croix de Coronado. Le film débute donc en 1912 alors qu'il n'est qu'un jeune adolescent. Indiana Jones et la Dernière Croisade s'ouvre sur une séquence absolument formidable qui laisse présager le meilleur. Une course-poursuite dans l'Utah à bord d'un train convoyant les animaux d'un cirque lors d'une incroyable séquence. Vingt-six ans plus tard, nous retrouvons notre héros à bord d'un navire portugais afin de récupérer la Croix qui lui avait échappée presque trois décennies plus tôt. Là encore, la mise en scène se veut d'une inventivité folle. De retour aux États-Unis à l'université où il enseigne l'archéologie à ses élèves, il fait la connaissance de Walter Donovan qui l'informe au sujet de son père, le Professeur Henry Jones lequel a consacré toute sa vie entière au Graal. En voyage à Venise, il fait la connaissance de l'autrichienne Elsa Schneider, ancienne collaboratrice de son père avec laquelle il va se lancer à sa recherche et tenter ensuite de découvrir où se trouve le Graal...

Si l'on est en terrain conquis, le scénario de Jeffrey Boam ne fait heureusement pas l'économie d'idées nouvelles. En effet, Indiana Jones et la Dernière Croisade a beau voguer dans un contexte similaire aux Aventuriers de l'Arche Perdue, ces troisièmes aventures d'Indiana Jones fait la part belle à des séquences originales qui ne laissent au spectateur, aucun répit. Outre la séquence d'ouverture chorégraphiée de main de maître, Indiana Jones parcourra une somptueuse bibliothèque, des catacombes infestées de milliers de rats, longera une rivière de pétrole, sera poursuivi par bateau sur la lagune de Venise par des gardiens de la confrérie de l'épée cruciforme veillant au secret du Graal, délivrera son père d'un château autrichien dans lequel celui-ci est retenu prisonnier par les Nazis, prendra la fuite à bord d'un ballon-dirigeable, puis à bord d'un avion, parcourra Alexandrette au Hatay en compagnie de son père et enfin, pénétrera le temple qui renferme le Graal. Plutôt que de tourner une partie de son long-métrage en studios, Steven Spielberg se décide enfin à tourner en décors naturels. En effet, la séquence d'ouverture fut réalisée au parc national des Arches dans l'Utah, celle de la bibliothèque à l'Église San Barnaba de Venise. Plus loin, de nombreux passages se situèrent dans le désert de Tabernas en Andalousie, quant à la séquence finale, on peut y reconnaître le magnifique site de Pétra en Jordanie, là où se situe l'extraordinaire et célèbre monument de cette cité antique, Khazneh...

Bourré jusqu'à la lie d'aventures et d'action, Indiana Jones et la Dernière Croisade prône un retour à l'humour parfois foudroyant. Exemple : lorsque Walter Donovan (l'acteur Julian Glover) évoque le fait de mettre la main sur Marcus Brody, Indiana Jones rétorque : '' N'y comptez pas trop. Il a deux jours d'avance sur vous.C'est plus qu'il n'en faut. Brody a des amis dans chaque ville et village d'ici jusqu'au Soudan. Il parle une douzaine de langues, connaît toutes les coutumes locales. Il va se mêler à eux, disparaître, et vous ne le reverrez jamais. Avec un peu de chance, il a déjà retrouvé le Graal''. CUT. Et qu'aperçoit-on juste après ? Un Marcus Brody perdu en pleine ville, ne sachant à qui s'adresser et ne parlant que sa propre langue. Autant dire qu'après le pitch d'Indiana Jones, découvrir Brody dénué de tout repère est irrésistiblement drôle ! Après Karen Allen et Kate Capshaw, c'est désormais l'actrice Alison Doody qui malgré les apparences, n'est pas originaire d'Allemagne mais d'Irlande et qui interprète la ''figure'' féminine de ce troisième opus. Plus froide, elle incarne également un personnage beaucoup plus ambigu que les deux précédentes interprètes. Le jeune et regretté River Phoenix (Explorers de Joe Dante, Stand by Me de Rob Rainer) incarne quant à lui Indiana Jones adolescent. Mais la plus-value de cet Indiana Jones et la Dernière Croisade reste encore sans doute la présence de l'immense acteur britannique Sean Connery dans le rôle du Professeur Henry Jones, le père d'Indy.

Il apporte à ce troisième volet une profondeur supplémentaire qui permet d'en apprendre davantage sur son fils. Et même si Steven Spielberg nous épargne les écueils de souvenirs larmoyants, on ne peut qu'être touchés par la relation qu'entretiennent Indiana Jones et son père. Un Sean Connery dont le statut de star ne l'empêche pas de s'effacer lorsque cela est nécessaire au script. Après un Indiana Jones et le Temple Maudit en demi-teinte, on pouvait craindre que le mythe d'Indiana Jones ne soit définitivement écorné. Mais c'était sans compter sans le scénario de Jeffrey Boam, l'excellence de l'interprétation, des décors absolument fantastiques, une action et une aventure à tambour battant (auxquelles on ajoutera de superbes séquences reposant sur le principe des énigmes) et une remise en question du réalisateur. Maintenant, c'est à chacun de se faire sa propre opinion. Sans nul doute Indiana Jones et la Dernière Croisade est éminemment supérieur au volet précédent. Mais l'est-il aux Aventuriers de l'Arche Perdue ? Personnellement, j'oserai un grand OUI !!!

dimanche 30 août 2020

Indiana Jone et le Temple Maudit de Steven Spielberg (1984) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Les nouvelles aventures d'Indiana Jones débutent un an avant celles du premier volet intitulé Les Aventuriers de l'Arche Perdue. Une logique qui s'explique peut-être dans le fait que la dite arche est considérée comme l'objet ultime que puisse convoiter le héros. Par conséquent, faire évoluer le personnage à travers un récit dont l'aboutissement serait d'une efficience moindre étant illogique en terme d'intensité, il valait mieux pour Steven Spielberg et ses scénaristes Willard Huyck et Gloria Katz évoquer un retour vers le passé si récent soit-il par rapport au premier volet. Nous sommes donc désormais en 1935. Indiana Jone et le Temple Maudit débarque sur les écrans américains le 23 mai 1984 et dans notre pays le 12 septembre de la même année. Cette fois-ci, le réalisateur ouvre les hostilités en conviant les spectateurs à une introduction se situant non plus dans une forêt dense de l'Amérique du Sud mais en Chine, dans un cabaret situé à Shanghai où l'archéologue-aventurier fait affaire avec le parrain de la mafia locale, Lao Che (l'acteur hongkongais Roy Chiao, notamment interprète d'un moine shaolin dans Opération Dragon de Robert Clouse aux côtés de Bruce Lee et de Senzo Tanaka dans Bloodsport de Newt Arnold aux côtés de l'acteur belge Jean-Claude Van Damme) auquel il doit remettre les cendres de l'empereur chinois Nurhachi contre lesquelles Indiana Jones doit recevoir en échange un très gros diamant. Mais les choses tournent mal. Après avoir bu un verre empli de poison, Indiana Jones n'a que quelques minutes pour récupérer l'antidote qui est entre les mains de Lao Che s'il veut rester en vie. Mais alors que la situation dégénère et se transforme en fusillade, ''Indy'' parvient à prendre la fuite au bras de Wilhelmina Scott, une proche de Lao Che que le chinois abandonne apparemment sans regrets...

Voici donc telles que débutent les nouvelles aventures de l'aventurier au chapeau modèle ''traveller'' vissé sur la tête, toujours aussi mal rasé et vêtu de sa légendaire tenue couleur beige. Après un long générique dont la grandiloquence est égale à son ambition, à sa démesure en terme de chorégraphie mais sans doute encore davantage à son aspect totalement désuet, voire ringard, les choses commencent vraiment mal. Et si l'on perd un peu de l'aspect sauvage qui ouvrait les hostilités dans le précédent épisode, on sent déjà que Steven Spielberg n'a pas l'intention de se reposer sur ses lauriers. Profitons-en pour évoquer tout d'abord la partition musicale de John William avant d'oublier d'en parler comme ce fut le cas dans l'article consacré aux Aventuriers de l'Arche Perdue. C'est avec grand plaisir que les fans de la saga retrouveront donc le thème principal qui comme dans l'épisode précédent connaîtra quelques variantes. Le casting étant entièrement remanié en dehors de Harrison Ford qui assure toujours le rôle d'Indiana Jones, le public aura la tristesse de constater la disparition de la charmante Karen Allen et du personnage de Marion Ravenwood au profit de la toute aussi séduisante Kate Capshaw qui joua notamment aux côtés de Michael Douglas dans Black Rain de Ridley Scott en 1989 et dans la comédie noire de Todd Solondz, Life During Wartime en 1997...

Autre fait qui lui, pourra s'avérer quelque peu gênant durant les toutes premières minutes : en effet, dans cette séquelle en forme de préquelle, ça n'est plus Claude Giraud qui double en français Harrison Ford mais Francis Lax, celui-là même qui fut notamment (et à plusieurs reprises) les voix de Michael Caine, de Ronny Cox, de Chuck Norris et de Jerry Lewis au cinéma, ainsi bien entendu que celle de David Soul dans la célèbre série policière américaine Starsky et Hutch entre 1975 et 1979. Ce qui peut apparaître comme une anecdote demeure en fait comme un indice de l'évolution que vient de prendre en l'espace de ce seul épisode, la saga. Le ton enjoué et pas vraiment sérieux du doublage est malheureusement significatif de l'esprit de cette préquelle qui tout au long du récit reposera majoritairement sur un humour pas toujours très fin et même, très enfantin. On s'y perd donc un peu, à ne plus vraiment retrouver ce mélange entre action, aventure, fantastique et comédie qui dans Les Aventuriers de l'Arche Perdue était parfaitement dosé. En conséquence de quoi, Kate Capshaw s'avère agaçante dans le rôle de Willie. Pourtant écrit à quatre mains, le scénario de cet Indiana Jone et le Temple Maudit est pittoresque, mais dans le mauvais sens du terme...

Si Harrison Ford assure sa part de marché, le spectateur sera plus circonspect en ce qui concerne l'histoire et la mise en scène. À trop vouloir œuvrer dans le divertissement, Steven Spielberg use et abuse d'un humour aussi potache qu'inefficace. Car trop d'humour tue l'humour. Le film a beau nous faire voir du pays, entre la Chine et l'Inde, l'ennui s'installe après seulement une demi-heure. Et lorsque l'on sait que Indiana Jone et le Temple Maudit approche les deux heures, le sentiment que l'on va inutilement perdre un temps infini se fait rapidement ressentir. Alors que Les Aventuriers de l'Arche Perdue proposait toute une séries d'aventures et de situations débordant d'imagination, ce second volet ressemble parfois davantage à un catalogue de voyage à destination de terres inconnues et dépaysantes. Évidemment, les décors demeurent souvent impressionnants. Bien que l'illusion soit souvent parfaite, le tournage n'a pas eu lieu en Inde mais au Sri Lanka puis dans les studios d'Elstree où furent notamment tournés tout ou partie de 2001, l'Odyssée de l'Espace de Stanley Kubrick en 1968, Danger, Planète Inconnue de Robert Parrish la même année, Qui veut la Peau de Roger Rabbit de Robert Zemeckis en 1988 ou encore les séries Le Saint, Le Prisonnier et Chapeau Melon et Bottes de Cuir.

Une grande partie du long-métrage se déroule dans le temple maudit du titre dans lequel nous assistons notamment à un sacrifice humain lors d'une cérémonie païenne, à une course-poursuite à bord d'un wagonnet de mine, Indiana Jones, Willie et le jeune asiatique Demi-Lume (l'acteur Jonathan Ke Quan que l'on retrouvera notamment dans Les Goonies de Richard Donner en 1985 ou à la télévision dans la troisième saison de l'anthologie fantastique Les Contes de la crypte en 1991) parvenant même à s'extraire d'un piège à base de pics acérés descendant d'un plafond directement inspiré par le film La Maîtresse du Désert réalisé par William Witney en 1942. L'une des excellentes idées du script fait en outre référence au premier volet en forme de clin d’œil. En effet, rappelez-vous : dans Les Aventuriers de l'Arche Perdue, Harrison Ford étant en mauvaise état lors de la séquence qui devait l'opposer à un homme armé d'un sabre, celle-ci avait été abrégée.

Dans Indiana Jone et le Temple Maudit, notre héros tente une nouvelle fois d'écourter le combat face à deux hommes armés de sabres avant de se rendre compte qu'il ne porte pas sur lui son fameux pistolet !!! Une autre séquence plutôt appréciable : Celle qui voit Indy, Willy et leur jeune compagnon tenter de traverser un pont de singe avant d'être confrontés au prêtre Mola Ram (l'acteur indien Amrish Puri) et ses hommes. Comme on peu le voir, tout n'est pas raté dans ce second épisode. Simplement, en comparaison des Aventuriers de l'Arche Perdue, cette préquelle sent souvent le rance et s'avère au final beaucoup moins divertissante. Et si on la compare au premières aventures d'Indiana Jones, les recettes furent un peu moins importantes puisqu'en coûtant vingt-huit millions de dollars (quand le premier fut financé à hauteur de vingt), Indiana Jone et le Temple Maudit a rapporté à l'échelle mondiale la modique somme de trois-cent trente-trois millions de dollars alors que Les Aventuriers de l'Arche Perdue en accumula environs cinquante-cinq de plus. Cinq ans plus tard, un troisième épisode verra le jour, toujours réalisé par Steven Spielberg, mais cette fois-ci écrit par le scénariste Jeffrey Boam. Son titre : Indiana Jones et la Dernière Croisade...

samedi 29 août 2020

Les Aventuriers de l'Arche Perdue de Steven Spielberg (1981) - ★★★★★★★★☆☆



Pérou, 1936. L'archéologue américain Indiana Jones pénètre un temple à l'intérieur duquel il s'apprête à mettre la main sur une idole en or appartenant au peuple des Chachapoyas. Mais pour pouvoir y accéder, celui-ci doit faire face à divers pièges parmi lesquels des fléchettes empoisonnées sortant des murs lorsque est activé un mécanisme placé au sol. Accompagné de Satipo (l'acteur Alfred Molina), un porteur de bagages, Indiana Jones est trahi lorsque après s'être saisi de la statuette, le temple commence à s'effondrer. Une fois retourné à l'extérieur, il se retrouve nez à nez avec les indiens Hovito qui le menacent à l'aide de lances et de sarbacanes, lesquels sont accompagnés de l'archéologue René Belloq, son éternel concurrent qui lui dérobe alors l'idole. Parvenant à prendre la fuite mais poursuivi par les Hovito, Indiana Jone retourne jusqu'à l'hydravion piloté par son ami Jock Lindsey et les deux hommes repartent pour l'Amérique... Voici donc comment débutent les toutes premières aventures d'Indiana Jone. Un projet à l'initiative duquel se trouve tout d'abord le réalisateur, scénariste et producteur George Lucas qui après le succès de Star Wars s'imagine déjà prendre les commandes d'un nouveau projet inspiré des serials d'aventures dont les origines remontent au début du vingtième siècle et qui consistaient à proposer un type de films reposant sur le principe du roman-feuilleton...

Les Aventuriers de l'Arche Perdue (Raiders of the Los Ark) sera donc le premier volet d'une mythique saga cinématographique dont George Lucas abandonnera cependant la réalisation au profit de Steven Spielberg qui jusque là, aura rencontré un immense succès avec Les Dents de la Mer en 1975 et Rencontre du Troisième Type en 1977 avant de faire un bide avec 1941 deux ans plus tard. C'est pourtant très confiant que George Lucas lui confie les rennes de ce nouveau projet que Steven Spielberg accepte de réaliser si le producteur lui accorde le ''Final Cut''. L'écriture du scénario est confiée les yeux fermés à Lawrence Kasdan qui avait déjà participé à l'écriture de celui de Star Wars, épisode V : L'Empire contre-attaque d'Irvin Kershner l'année passée en 1980 ainsi que celle de La Fièvre au Corps que le scénariste réalisa lui-même. Reprenant un scénario aux commandes duquel on retrouvait George Lucas et Philip Kaufman (réalisateur du paranoïaque L'Invasion des Profanateurs en 1978), Lawrence Kasdan propose une aventure riche en rebondissements qu'adoubent et le producteur, et le futur réalisateur...

Le rôle-titre est proposé à Harrison Ford auquel pensent immédiatement le scénariste et le réalisateur. Étrangement, George Lucas est lui, d'un autre avis. La production envisage alors plutôt Tom Selleck, puis Jeff Bridges et Nick Nolte. Mais si les deux derniers refusent, c'est le contrat qui le lie à la série télévisée culte Magnum qui empêche Tom Selleck d'endosser le costume de l'archéologue. Changement radical d'univers pour Harrison Ford qui après avoir notamment incarné Han Solo dans les deux premiers volets de la saga Star Wars et le Lieutenant David Halloran dans Guerre et Passion de Peter Hyams assume cette fois-ci la responsabilité d'endosser le costume d'un personnage qui sera amené à devenir l'une des légendes du cinéma d'aventure en particulier et du septième art en général. L'un des principaux atouts du personnage façonné tout d'abord par l'écriture de Lawrence Kasdan et peaufiné par l'acteur demeure dans la double facette qui le caractérise. Nous avons effectivement d'un côté un professeur en archéologie plutôt lisse, bien habillé, bégayant et objet de convoitises parmi la grande majorité d'élèves de sexe féminin qui suivent ses cours. De l'autre, on se retrouve avec un aventurier courageux, inventif, instinctif, et beaucoup plus charismatique. Chapeau vissé sur le crâne, blouson de cuir, pantalon de treillis et chemises beiges, il a le visage quelque peu tanné, en sueur, et en partie recouvert d'une barbe de trois jours. Pas vraiment le super-héros ultra clean qu'arbore le cinéma de nos jours...

À la réalisation, Steven Spielberg propose aux spectateurs une aventure épique, moite, dangereuse, romanesque, opposant le héros et ses ennemis à certains éléments fantastiques. Imaginez-donc : rien de moins que la recherche de L'Arche d'Alliance, qui selon la Bible renferme les tables de la loi mieux connue sous le nom des Dix Commandements. Et vue la période durant laquelle se déroule le récit, pourquoi ne pas opposer Indiana Jones aux nazis ? Des nazis qui sur ordre de leur führer Adolf Hitler sont chargés de retrouver et mettre la main sur l'Arche en question. Tout ou partie du concept de Les Aventuriers de l'Arche Perdue repose donc sur cette quête à laquelle vont donc participer Indiana Jones ET Marion Ravenwood, fille de son ancien mentor malheureusement décédé. En possession d'un pendentif permettant de situer très exactement la position de l'Arche dans le Puits des Âmes, la jeune femme tout d'abord très en colère vis à vis d'Indiana Jones participera finalement aux aventures de l'archéologue. Interprétée par l'actrice Karen Allen (Starman de John Carpenter en 1984, Terminus de Pierre-William Glenn en 1987, En Pleine Tempête de Wolfgang Petersen en 2000), l'actrice apporte cette petite touche de féminité et de romantisme nécessaire à une œuvre très majoritairement masculine. L'archéologue français Émile Belloq, l'ennemi juré d'Indiana Jones, est quant à lui interprété par l'acteur Paul Freeman. Ronald Lacey interprète le nazi Arnold Ernst Toht tandis que le futur Maximilien Arturo de la série culte Sliders et le nain Gimli de la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, John Rhys-Davies, interprète le personnage de l'excellent Sallah Faisel el-Kahir...

Entre le Pérou, son ancien temple, sa jungle, ses indigènes, l'université du Connecticut et sa flamboyante ''rusticité'', le Népal et son blanc manteau où notre héros retrouve la belle Marion, le Caire et ses marchés, sa faune, ses ruelles et ses dangers, la séquence située sur un cargo, ou celle se déroulant sur une île de la Mer Égée, Les Aventuriers de l'Arche Perdue offre aux spectateurs une aventures remarquable, qui, si elle s'inspire souvent des serials d'antan, saura elle-même être la source d'inspiration de nombreux longs-métrages à venir. De A la Poursuite du Diamant Vert de Robert Zemeckis, jusqu'aux divers longs-métrages issus de la série de jeux vidéos Tomb Raider dans lesquels est mise en vedette l'aventurière Lara Croft. Comme dans tout bon film d'aventures, les anecdotes ne se comptent ici pas simplement sur les doigts d'une seule main. Sans faire le catalogue de celles qui couvrent l'entièreté du long-métrage, il est certainement intéressant de revenir sur quelques-une d'entre elles. Et parmi les plus intéressantes, celle qui concerne la séquence lors de laquelle Indiana Jones est censé combattre un homme armé d'un sabre lors de son passage au Caire. Après que ce dernier ait montré son aisance dans le maniement du sabre, Indiana Jones se saisit de son pistolet et l'abat d'un seul coup de feu.

Il faut savoir qu'à l'origine, le duel devait proposer un combat épique entre les deux hommes. Seulement, Harrison Ford se sentant mal au moment de tourner la scène, l'acteur demanda à ce qu'elle soit écourtée. En résulte une séquence vraiment amusante. Autre anecdote : lors de la séquence située dans le Puits des Âmes, les fans de la saga Star Wars pourront reconnaître parmi les hiéroglyphes, certains ''dessins'' à l'image des androïdes C3PO et R2D2. Il serait peut-être également intéressant de revenir sur l'une des plus impressionnantes séquences du film qui voit certains nazis mourir dans d'horribles circonstances lorsque le couvercle de l'Arche et retiré. Le premier Poltergeist que Tobe Hooper réalisera en 1982 mais dont certaines séquences furent considérées comme le fruit de l'imagination de Steven Spielberg demeure encore le sujet de polémiques. Si certains s'attardent à s'accorder que la scène durant laquelle un scientifique s'arrache le visage devant un miroir est indubitablement l’œuvre de Tobe Hooper, la séquence durant laquelle des esprits échappés de l'Arche tuent les nazis des Aventuriers de l'Arche Perdue tenterait à prouver que Steven Spielberg pourrait tout à fait être à l’origine de celle de Poltergeist... Mais pour en revenir au film sorti l'année précédente, Les Aventuriers de l'Arche Perdue est une œuvre mythique qui malgré les années n'a rien perdu de son charme, de son inventivité et de son attractivité. Presque quarante ans après, le film de Steven Spielberg demeure l'un des meilleurs de sa catégorie. À la suite du succès phénoménal qu'il rencontra, une séquelle fut évidemment envisagée. Intitulée Indiana Jones et le Temple Maudit (Indiana Jones and the Temple of Doom), elle verra le jour trois ans plus tard, toujours sous la houlette de Steven Spielberg, le scénario étant cette fois-ci l’œuvre de Willard Huyck et Gloria Katz...

vendredi 28 août 2020

Divorce Club de Michael Youn (2020) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



Après cinq ans de mariage, Benjamin Catala découvre lors d'une cérémonie commémorant son union avec Vanessa que celle-ci le trompe avec son patron, Blaise. Humilié en public alors qu'un micro diffuse sur de grandes enceintes les ébats amoureux entre les deux amants, Ben est anéanti et se refugie chez son ami Patrick qu'il n'a pas revu depuis de nombreuses années. Installé dans l'immense demeure de son ami d'enfance, Ben est toujours aussi amoureux de Vanessa et ne parvient pas à faire un trait sur leur mariage. Et ce, même si un jour, alors qu'il fait découvrir à une cliente un établissement mis en vente, il tombe sous le charme de Marion Rush, elle-même divorcée. Alors que dans la luxueuse demeure de Patrick tout semble dégénérer avec l'arrivée de nouveaux pensionnaires tous profondément touchés par leur propre problème de couple, Ben émet tout à fait par hasard l'idée de transformer les lieux en club pour divorcés. Une idée que Patrick trouve lumineuse. Le jour où Ben s'aperçoit qu'il fréquente l'ex-épouse de Patrick en la personne de Marion, les choses se compliquent. Incapable d'avouer à l'un et à l'autre qu'il les connaît respectivement, Ben va bientôt découvrir la dure réalité de la vie : qu'il est parfois difficile en effet de mettre en application pour soi les conseils que l'on donne aux autres...

En terme de qualité, qu'il s'agisse d'interprétation ou de mise en scène, l'acteur et réalisateur Michael Youn joue involontairement aux montagnes russes. Et Divorce Club ne semble malheureusement pas là pour nous convaincre du contraire. Capable d'interpréter de petits rôles (dans Carbone d'Olivier Marchal en 2017) comme des plus importants (Chamboultout d'Eric Lavaine en 2019) avec un talent qui peut parfois paraître inattendu (surtout si l'on demeure hostile à ses débuts de carrière à la télévision), capable aussi d'être l'auteur complet d'un authentique ovni cinématographique moyennant un humour qui tâche mais une écriture plus que plausible (Fatal qu'il réalisa en 2009), Michael Youn est parfois victime de cette légèreté qu'il injecte dans son œuvre comme cela pu être le cas avec le très anecdotique Vive la France en 2013 dans lequel il interprétait l'un des deux rôles principaux aux côtés de José Garcia. Son dernier long-métrage en tant que réalisateur est donc Divorce Club. Plutôt que d'élever le débat tout en restant dans le genre ''comédie bouffonne'' qu'il semble chérir depuis le début de sa carrière, l'acteur/réalisateur déçoit...

Non seulement, Divorce Club n'est pas drôle, contrairement à ce que d'une manière générale la presse spécialisée semble s'accorder à dire, mais en plus, il ne bénéficie pas du même soin accordé à l'écriture que Fatal dix ans en arrière. Une déception, effectivement. Car pas même la présence du pourtant excellent Arnaud Ducret, de François-Xavier Demaison, d'Audrey Fleurot (à laquelle les mésaventures du personnage de divorcée qu'elle interprète donne des ailes), de Caroline Anglade, de Youssef Hadji (excellent dans Problemos d'Eric Judor en 2017) ou de Frédérique Biel, Benjamin Biolay et de la transfuge de l'équipe des Babysitting Charlotte Gabris n'y changent rien. C'est plat même si une certaine vigueur dans la mise en scène empêche l'ennui de s'installer définitivement. Pourtant, à bien écouter les dialogues, dans leur ensemble ils n'apportent rien de vraiment frais et semblent avoir déjà été mille fois proposés par le passé. Pas drôle ? Ouais, bon, j'exagère peut-être un peu car parmi des interprètes que l'on apprécie en général, les deux à vraiment sortir du lot sont le lémurien Michel ainsi que la bruyante cafetière. Deux ''interprètes'' qui arrachent littéralement la minuscule poignées de sourires (voir de rires gênés) que Divorce Club parvient au final à générer...

Pink Flamingos de John Waters (1972) - ★★★★★★★★☆☆



Pink Flamingos est LE film culte de John Waters. Ce qui ne doit bien évidemment contraindre personne à le préférer à n'importe quel autre de ses treize longs-métrages réalisés entre 1969 et 2015. L'un des papes du cinéma trash réalisait en 1972 ce qui allait devenir l'un des monuments du genre et l'un des représentants du courant ''Midnight Movie'' parmi lesquels on retrouve notamment Freaks, la Monstrueuse Parade de Tod Browning, El Topo d'Alejandro Jodorowsky ou bien Eraserhead de David Lynch. En 2015, John Waters réalise ce qui demeure encore jusqu'à aujourd'hui son dernier ''méfait''. Le remake de son propre ''chef-d’œuvre'', intitulé Kiddie Flamingos et malheureusement toujours demeuré inédit chez nous. Mais revenons en 1972 avec Pink Flamingos dont la réputation demeure un tout petit peu galvaudée, surtout si on le compare à Female Trouble ( 1974) ou à Desperate Living (1977) que votre serviteur considère comme les meilleurs films de John Waters dans sa période la plus trash !

Le réalisateur originaire de Baltimore où il tourna tous ses films nous y conte les mésaventures de Babs Johnson que la presse locale surnomme ''The filthiest person alive'' (La personne la plus sale du monde). Le couple de fétichistes formé par Connie et Raymond Marble va tout tenter afin de détrôner Babs de son statut en usant de tous les stratagèmes. Comme à son habitude, John Waters s'entoure de familiers. C'est ainsi donc qu'outre la présence de l'indispensable Divine (la star travestie du cinéma indépendant Glenn Milstead), nous retrouvons à l'écran tous ceux qui dès les débuts de carrière du réalisateur, participèrent à l'explosion de son univers décadent. Edith Massey incarne notamment le rôle d'Edie, la mère de Babs Johnson/Divine, Mink Stole et David Lochary le couple Marble, Mary Vivian Pearce l'amie des Johnson, quant à Cookie Mueller, elle interprète le rôle de Cookie, une détective chargée de surveiller les activités de Babs pour le compte de Connie et Raymond Marble...

C'est un monde à part auquel nous convie John Waters. À l'extrême opposée de la Californie et de ses plus belles plages, Pink Flamingos expose des marginaux. À l'image d'Edie, qui vit dans un parc pour enfant et qui est obsédée par les œufs de poule qui constituent son unique repas. Pire actrice de la ''famille Waters'', elle éructe son désir de manger des œufs de son timbre criard parfois insupportable. De Crackers (l'acteur Danny Mills, dont Pink Flamingos sera le seul fait d'arme) aux mœurs étranges. Pires demeurent les Marble. Le couple enlève de jeunes femmes et les enferment dans leur cave où leur serviteur Channing (Channing Wilroy) les engrosse. Le but ? Vendre les bébés à des couples homosexuels afin d'en retirer des bénéfices qui leur permettront de financer un réseau de vente d'héroïne dans les écoles. Et puis, il y a Divine. Toujours sexy, ventripotente, maquillée à outrance, vêtue de costumes éveillant la curiosité d'anonymes dont certains badauds aperçus en ville ne semblent pas se douter que le tournage d'un film a lieu. Objet de curiosité, de fascination ou de rejet, elle compose un personnage évoluant dans un univers vraiment, vraiment dégueulasse.

John Waters ne s'économise pas lorsqu'il s'agit de mettre en scène des séquences parfois absolument abjectes. La nudité y est souvent repoussante, l'exhibition y est reine et la vulgarité un mode de pensée. Ici, tout est affaire de mauvais goût. Les actrices et acteurs jouent mal, mais en même temps, quel fan du réalisateur ou de ses interprètes s'en plaindrait ? Le principal intérêt de cette ''Monstrueuse Parade'' réside dans la surenchère à laquelle s'adonnent des interprètes tous voués à la cause immorale de John Waters. Fascination ou rejet, oui, lorsque David Lochary s'exhibe une saucisse suspendue au bout du pénis. Lorsque Danny Mills/Crakers viole Cookie Mueller/Cookie lors d'un ébat où deux poules font les frais de sa dérangeante libido. Mais LA scène culte de Pink Flamingos, celle qui ne fit appel ni à l'imagination de John Waters ni à la fiction mais à l'inspiration exclusive de Divine est celle qui clôt Pink Flamingos et qui, selon les versions proposées, est soit visible sous forme de diaporama, soit a tout simplement été coupée, soit est visible dans son intégralité. L'anecdote veut que John Waters ne sachant comment mettre un terme à son récit, Divine, en voyant un chien déféquer en pleine rue, décida d'aller ramasser la crotte afin de la manger et ceci, pour de vrai. Pour avoir eu le ''privilège'' d'assister à la chose, je peux affirmer que la scène ne souffre d'aucun subterfuge visant à faire croire qu'il s'agit d'un acte fictionnel. Une ''proposition'' qui symbolise au fond l’œuvre à laquelle on vient d'assister. Un acte d'une totale liberté, trash et irrévérencieux. Un sommet du genre...

Shot Caller de Ric Roman Waugh (2017) - ★★★★★★☆☆☆☆



Lors d'un moment d'inattention alors qu'il est au volant de son véhicule, Jacob Harlon provoque un terrible accident qui heureusement les épargne lui et son épouse Kate mais coûte la vie à Tom, son meilleur ami. Lors du procès, Jacob est jugé coupable du décès de Tom et il est condamné à plusieurs années de prison dans un établissement de haute sécurité. Là bas, il n'a pas d'autre choix que de faire ses preuves et se montre d'une très grande violence à l'égard de certains prisonniers. Ayant rejoint le gang des blancs, il est désormais sous les ordres de Bottles, leur chef. À sa sortie de prison, Jacob n'est plus l'homme qu'il était à son arrivée. Bardé de tatouages reflétant son histoire derrière les barreaux, il est contraint par ses anciens codétenus de participer à un dernier coup après que l'un d'entre eux l'ait menacé de s'en prendre à Kate et leur fils auxquels il n'a pourtant pas donné la moindre nouvelle depuis sept ans. Divorcé depuis, Jacob ne le sait pas mais il est surveillé par la police et notamment l'inspecteur Kutcher. Ce dont il ne se doute pas non plus, c'est que Frank, dit ''Shotgun'', un ancien codétenu qui lui aussi est sorti de prison est en lien avec la police et s'apprête à trahir Jacob. Shot Caller raconte l'histoire de Jacob, de l'accident qui l'a mené en prison jusqu'à ce dernier ''coup'' auquel il est obligé de participer...

Étrange cas de film de prison que ce Shot Caller signé par le réalisateur américain Ric Roman Waugh, notamment auteur du récent et très réussi thriller/catastrophe Greeland – le Dernier Refuge. Sur un scénario écrit de ses propres mains, Ric Roman Waugh apporte sa contribution à un genre presque aussi encombré que les prisons elles-mêmes. Traduit chez nous sous le titre L'Exécuteur alors même qu'il signifie ''Coup de feu'', Shot Caller est une œuvre longue de cent-vingt minutes environ et d'une violence parfois extrême. Servie par un casting des plus intéressant, on retrouve dans le rôle de Jacob Harlon l'acteur danois Nikolaj Coster-Waldau dont la carrière débuta brillamment en 1994 lorsqu'il interpréta le rôle principal de l'excellent thriller Nattevagten de Ole Bornedal. Vu dans la série à succès Game of Thrones, le danois a également notamment joué dans le dernier et misérable long-métrage de Brian de Palma, Domino l'année dernière. Sa transformation dans Shot Caller est stupéfiante. De l'homme d'affaire sympathique et relativement lisse, son personnage se mue en un prisonnier violent, gagnant en muscles, tatoué un peu partout sur le torse, nanti d'une moustache renforçant son inquiétante apparence et surtout d'une froideur terrifiante. À ses côtés, on peut notamment citer la présence de Omari Hardwick dans le rôle du flic Kutcher, de Lake Bell dans celui de Kate, l'épouse du héros, de Jeffrey Donovan dans la peau de Bottles ou encore de Emory Cohen dans celle de Howie. Mais outre l'interprète principal, celui qui tire véritablement son épingle du jeu, c'est l'acteur américain Jon Bernthal (rendu célèbre chez nous grâce à son rôle de Shane Walsh dans la série The Walking Dead), absolument génial dans le rôle de ''Shotgun''. Le crâne rasé, le corps tatoué de partout, il incarne à merveille le stéréotype du criminel que l'on imagine enfermé dans les prisons américaines...

Il faut savoir que Shot Caller fut visible ici dans une version doublée en français avec accent canadien. Ce qui peut paraître un détail mais qui se révèle parfois déstabilisant. L'interprétation de Nikolaj Coster-Waldau et du reste du casting est absolument irréprochable. Sur le thème de la vie en milieu carcéral, le réalisateur Ric Roman Waugh convie tout un panel de ''Gueules'' incroyablement charismatiques. De quoi ne surtout pas donner envie aux criminels en herbe d'aller faire un tour en prison ! La violence est souvent extrême et parfois dérangeante dans sa mise en œuvre. Les meurtres au couteau artisanal n'y sont pas rares mais Shot Caller culmine sans doute lors de l'éprouvante séquence lors de laquelle Jacob élimine le traître ''Shotgun''. Un meurtre long, douloureux, sanglant, qui poussera très certainement le spectateur à avoir pitié de cet individu pourtant peu recommandable. Si Ric Roman Waugh tente d'apporter sa part d'expertise sur la psychologie de son principal personnage, il en oublie quelque peu celle des autres. Là où le bât blesse véritablement avec Shot Caller concerne le montage. En choisissant de passer à intervalles réguliers de séquences montrant Jacob lors de son séjour en prison à celles pointant le présent et le dernier coup auquel il participe, Ric Roman Waugh évité sans doute à son œuvre une approche par trop classique ; En revanche, le montage s'avère parfois, et même très souvent, chaotique et désordonné. On en ressort avec l'impression d'avoir échappé à une œuvre qui aurait pu devenir culte mais qui au fond, ne s'avère être qu'une intéressante proposition mais non dénuée de défauts rédhibitoires...

jeudi 27 août 2020

Greenland de Ric Roman Waugh (2020) - ★★★★★★★☆☆☆



Les films catastrophes, c'est un peu comme n'importe quel genre au cinéma. Il y a à boire et à manger. Concernant ce genre à proprement parler, il y a pléthore d'exemples permettant de faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre même si elle a tendance à choisir le mauvais d'entre eux. Si certains films ont l'excuse d'avoir manqué de moyens financiers, d'autres n'ont pas la chance de pouvoir s'accrocher à cette bouée de sauvetage pour justifier le néant artistique qu'ils représentent. Ceux qui me lisent ou qui plus simplement me connaissent savent mon aversion face au cinéma du réalisateur allemand Roland Emmerich. Surtout depuis quelques années puisqu'avant cela, on ne pourra pas lui reprocher d'avoir réalisé le plutôt réussi Le Jour d'Après. Serait-ce dû à une forte carence en matière grise, mais comment expliquer 2012 en 2009 ou, pire encore, Independence Day : Resurgence en 2016. Ce furoncle qui défigure la science-fiction mais dont on aura heureusement tôt fait de mettre un drap sur la tête pour très vite l'oublier. Parmi les films catastrophe, il est un type qui revient régulièrement sur le devant de la scène. Celui qui met en scène une météorite ou un astéroïde à destination de notre planète. L'un des plus anciens et des plus ''fameux'' reste le Meteor de Ronald Neame tourné en 1979, soit sept ans après qu'il ait mis en scène l'excellent L'Aventure du Poséïdon, un autre film catastrophe jouant cependant dans une autre catégorie. Beaucoup plus proches de nous et sortis, hasard du calendrier, la même année, Armageddon de Michael Bay et Deep Impact de Mimi Leder ont fait parler d'eux lors de leur sortie en 1998. Et pourtant, si l'on veut être parfaitement honnêtes, ces deux célèbres représentants du genre s'avèrent relativement médiocres...

Il faudra attendre en fait jusqu'en 2020 et la ''catastrophe'' du Covid-19 pour voir débarquer dans les salles obscures un blockbuster un peu particulier puisque ne jouant pas tout à fait la carte de la surenchère visuelle mais plutôt celle de la caractérisation de ses principaux personnages. Dans un monde où les médias et les politiques relèguent de fausses informations concernant une immense météorite se dirigeant tout droit vers notre planète, un certain nombre de familles sont sélectionnées en fonction de certains critères afin de rejoindre un abri devant assurer leur survie. Car dans Greenland, il n'est plus question de collaboration internationale afin de faire péter un astéroïde avant qu'il ne s'écrase sur Terre. La météorite du long-métrage de Ric Roman Waugh va, quoi que l'on dise, quoi que l'on pense et quoi que l'on fasse, s'écraser sur notre planète et détruire la majeure partie de la faune et de la flore mondiales. John Garrity, son épouse Allison et leur fils Nathan ont la chance d'avoir été choisis. Cependant, ce qui devait s'avérer n'être qu'une formalité va devenir l'enjeu principal d'une course-poursuite lors de laquelle les membres de cette famille vont être séparés...

Très rapidement, on constate que l'intérêt de Greenland ne repose pas (que) sur les effets-spéciaux qui parfois, font grise mine. Les effets pyrotechniques reproduits en images de synthèse sont vraiment de très mauvaise qualité. On remercierait presque le réalisateur d'avoir opté pour une œuvre se concentrant avant tout sur ses personnages que sur des effets-spéciaux cache-misère (comprendre : en mettre plein la vue à défaut d'un bon scénario). Car en effet, Gerard Butler et Morena Baccarin, qui interprètent le couple Garrity, se donnent à fond et campent de manière réaliste un homme et son épouse d'abord préoccupés par la survie de leur fils. Un enfant dont le diabète va d'ailleurs compliquer les choses. Que ceux qui détestent notamment 2012 et tous les films de ce type pour leur propension à vouloir en mettre plein la vue plutôt que de proposer un récit crédible et bien construit se rassurent. Greenland ne joue clairement pas dans le même registre. Et même s'il ne semble être qu'un blockbuster de plus, même si la dernière partie est bâclée et offre une profusion d'invraisemblances dont le réalisateur aurait pu facilement se passer, la première heure (et même un peu plus) colle véritablement le spectateur à son siège. Le film de Ric Roman Waugh scénarisé par Chris Sparling est aidé en cela par la partition musicale de David Buckley et par un sound-design souvent prégnant.

Autre intérêt de Greenland : le long-métrage de Ric Roman Waugh est filmé ''caméra portée à l'épaule'', ce qui permet d'une part au spectateur de s'identifier aux personnages et notamment à John Garrity mais lui permet surtout d'être au cœur de l'action. Une action qui, si elle n'est pas majoritairement constituée de séquences tournant autour de la météorite, offre tout de même quelques passages qui feront grimper vos pulsations cardiaques. On ne s'ennuie pas un seul instant puisque les actions s'enchaînent et surtout, savent varier les unes des autres. Greenland se permet en outre d'exposer le comportement de l'Homme face à l'urgence. Magasins dilapidés et saccagés, violence accrue dans les rues... c'est le retour à la sauvagerie. Le danger est partout et pas qu'au dessus de nos tête. Bien que le film de l'américain oppose l'humanité à l'un des pires cataclysmes qu'elle puisse craindre, Greenland est d'abord un excellent thriller tendu et haletant. Inutile de préciser que découvrir le film de Ric Roman Waugh autre part que dans une salle de cinéma est tout simplement inconcevable. Derrière son allure de modeste film catastrophe, Greenland est en fait un excellent divertissement qui en donne au spectateur pour son argent...

lundi 24 août 2020

Barnie et ses petites Contrariétés de Bruno Chiche (2001) - ★★★★★★★☆☆☆



Barnie Barnich aime son épouse Lucie. Malgré tout, cela ne l'empêche pas d'avoir une maîtresse et un amant. Il travaille à Londres, et loin de Lucie, il en profite pour retrouver l'un après l'autre Mark et Margot. La situation se complique lorsqu'il reçoit le même jours de la part de son amant, de sa maîtresse et de son épouse, le même cadeau d'anniversaire. Un billet de train pour l'Orient Express à destination de Venise prévu pour le 1er mai prochain. Barnie décide de renvoyer à Margot et Marc le billet qu'ils lui ont respectivement offert mais se trompe de destinataire. Il envoie une lettre écrite à l'attention de Margot, à Marc et une seconde à destination de Marc, à Margot. Ces deux là veulent avoir une explication et se rendent au bureau de Barnie où ils tombent l'un sur l'autre et en profitent pour faire connaissance. Barnie étant reparti à Calais entre temps et fâchés de constater qu'ils ne sont ni l'un, ni l'autre l'unique amour de Barnie, Margot et Marc décident de se rendre ensemble chez leur amant. Mais à leur arrivée, une nouvelle surprise les attend : il découvrent en effet que Barnie est également marié à Lucie et qu'il est le père de la jeune Cécile...

Sur un scénario écrit en collaboration avec Alain Layrac et Fabrice Roger-Lacan, le réalisateur et scénariste français Bruno Chiche signait en 2001 son tout premier long-métrage après une poignée de courts tournés entre 1985 et 1990. Barnie et ses petites Contrariétés met en scène un Fabrice Luchini déjà très volubile à l'époque. Face à Nathalie Baye dans le rôle de Lucie, Marie Gillain dans celui de Margot ou encore l'acteur britannique Hugo Speer dans la peau de l'amant Mark, son personnage tente de se dépêtrer d'une succession de situations dignes de figurer dans une pièce de théâtre. Très à l'aise dans le rôle de Barnie, Fabrice Luchini sera même exploité lors d'une excellent séquence le mettant face à sa bonne et sa mauvaise conscience. Un concept qui aurait pu faire des émules car comment résister à Trois Luchini pour le prix d'un seul ? Barnie et ses petites Contrariétés transpire littéralement la bonne humeur et ce, malgré la gravité de certains sujets, tels que le mensonge et l'infidélité...

Le charme de Nathalie baye et de Marie Gillain, le flegme purement britannique de Hugo Speer, et même l'arrivée comme un (nouveau) cheveu dans la soupe de Serge Hazanavicius dans le rôle de l'amant de Lucie et du professeur d'histoire de Cécile vient rajouter du piment à un film plutôt bien écrit même si Fabrice Luchini se verra offrir dans le futur des lignes de dialogue beaucoup plus ''raffinées''. Barnie et ses petites Contrariétés n'est au fond rien de plus, rien de moins qu'un vaudeville tourné pour le grand écran. Relativement court (moins d'une heure trente), le long-métrage de Bruno Chiche va droit à l'essentiel sans jamais se prendre totalement au sérieux. C'est peut-être aussi la raison pour laquelle le film ne dégage aucune sorte d'émotion. Le mensonge et l'infidélité ne faisant pas le poids face à la verve intarissable de Fabrice Luchini, on en ressort ravis d'avoir une fois encore assisté à une véritable leçon de narration. Au final, Lucie, Margot et Mark ne sont pas les seuls que Fabrice Luchini/Barnie aura su séduire. Les spectateurs eux-même ne peuvent que tomber sous le charme de ce personnage hors du commun, par le ''voyage'' à bord de l'Orient Express et par la mise en scène toute en simplicité de Bruno Chiche. Frais et divertissant...
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...