Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


samedi 29 février 2020

Invisible Man de Leigh Whannell (2020) - ★★★★★★★☆☆☆



Le personnage de l'homme invisible créé par H. G. Wells à la fin du dix-neuvième siècle n'est pas un individu des plus recommandables. Sombrant dans la démence, mégalomaniaque, coupable de meurtre et de plusieurs vols, le pourtant très talentueux Griffin est parvenu à inventer une formule lui permettant de devenir invisible. Si à la télévision, le scientifique s'est montré par deux fois un individu plutôt sympathique (L'Homme invisible, en 1975 et Le Nouvel Homme invisible en 1976), au cinéma, cela n'a pas été toujours le cas. On se souvient notamment de la première version officielle réalisée par James Whale en 1933 (vingt-quatre ans après Le Voleur Invisible du français Ferdinand Zecca et de l'espagnol Segundo de Chomón qui ne semble entretenir aucun rapport avec l’œuvre de H. G. Wells) ou plus récemment, celle de Paul Verhoeven Hollow Man : L'Homme sans ombre dans laquelle l'acteur Kevin Becon y livrait une sacrée performance dans le rôle de Sebastian Caine, un scientifique talentueux mais néanmoins narcissique...

Cent vingt-trois ans après la première édition du roman de H. G. Wells sort sur les écrans sa toute dernière adaptation. Intégralement remanié, l'ouvrage n'inspire en réalité que très superficiellement le réalisateur Leigh Whannell (notamment auteur en 2018 de Upgrade) qui offre au mythe une seconde jeunesse en l'encrant dans notre époque. À l'air du mouvement #MeToo et de ses désastreuses conséquences, le réalisateur australien met en scène une femme victime de la violence de son compagnon. Un richissime scientifique ayant apparemment réussi à concevoir une combinaison lui permettant de devenir invisible. Alors, lorsque Cecilia décide de le fuir en pleine nuit après l'avoir drogué à l'aide de somnifères, celle qui se réfugie chez sa sœur Emily (l'actrice Harriet Dyer) et son beau-frère James Laner (excellent Aldis Hodge) n'en est pourtant pas libérée du harcèlement dont fait preuve envers elle Adrian (Oliver Jackson-Cohen). Même après que sa sœur lui ait annoncé que celui-ci s'est finalement suicidé. Poursuivie, continuellement épiée, la malheureuse voit de plus son entourage se méfier des propos qu'elle tient lorsqu'elle affirme qu'Adrian n'est pas mort et qu'il est revenu la harceler. Contrainte de se défendre seule, Cecilia semble perdre peu à peu la raison. Jusqu'à ce qu'un jour, elle découvre dans le grenier des preuves de la présence d'Adrian...

Si chaque année, la presse encense un certain nombre de films d'épouvante en les auréolant du titre de ''meilleur film d'horreur de l'année'', il est moins courant que les vrais amateurs du genre soient aussi optimistes. Jusqu'à maintenant, aucun film d'horreur ne semblait avoir fait l'unanimité en ce début d'année 2020. Et même si Invisible Man ne s'est pas vu unanimement salué par la presse ou le public, rien n'est plus vrai que d'affirmer que Leigh Whannell a réussi son pari en portant jusqu'à son terme, un concept remarquablement efficace. En évitant d'apporter sa contribution à l'aspect scientifique qui ici se résume à la seule évocation d'une combinaison d'invisibilité, l'australien a surtout tordu jusqu'au bout le concept du chercheur mégalomaniaque en en faisant un être pétri de mauvaises intentions. Un personnage abjecte, violent, narcissique, orgueilleux, meurtrier et violeur. Un bogeyman plus flippant que n'importe quel monstre humanoïde tiré du bestiaire fantastique.

Même si rien ne laisse véritablement envisager l'hypothèse que l'héroïne puisse avoir perdu la tête et que seul son esprit ait pu à lui seul concevoir cette folle idée d'un être invisible la harcelant, l'extraordinaire incarnation de l'actrice britanico-américaine Elisabeth Moss qui interprète ici le personnage de Cecilia Kass nous convint cependant durant un court instant d'une telle déduction. Habitée jusque dans la prunelle effrayée de ses yeux se désorbitant chaque fois qu'un événement lui paraît anormal, l'actrice et la caméra au regard baladeur de Leigh Whannell poussent le spectateur à visiter du sien le cadre jusque dans ses moindres recoins à la recherche du détail qui témoignera de la présence d'Adrian. Terriblement anxiogène et ne baissant jamais de rythme, Invisible Man est sans doute le plus bel hommage qu'un cinéaste pouvait rendre à un mythe tel que l'homme invisible même si Leigh Whannell a choisi pour cela de retourner l'intrigue pour en faire un ersatz de Slasher dramatico-fantastique. Une authentique réussite...

Le Mur Invisible de Julian Roman Pölsler (2012) - ★★★★★★★★★☆



Auteur d'une foule de téléfilms pour la télévision autrichienne mais de trois longs-métrages seulement pour le cinéma, le réalisateur et scénariste autrichien Julian Roman Pölsler signait en 2012, le premier d'entre eux. Une œuvre dense et fascinante. Une ode à la nature. Sa faune et sa flore, dans un contexte très particulier puisque son héroïne, formidablement interprétée par l'actrice allemande Martina Gedeck, se retrouve dans une situation inédite : alors que le personnage principal dont le réalisateur ignore le nom s'installe dans un pavillon de chasse des Alpes Autrichiennes en compagnie d'un couple d'amis partis faire quelques achats dans le village voisin, la narratrice s'inquiète dès le lendemain matin de ne pas les avoir vu revenir. Lancée à pieds à leur recherche en compagnie de leur chien Lynx, la jeune femme bute en chemin contre un mur invisible. Totalement isolée du reste du monde, elle remarque également que les rares individus qu'elle aperçoit de l'autre côté de ce mur infranchissable sont figés comme si le temps n'avait plus d'emprise sur eux. Contrainte de veiller sur Lynx et sur elle-même, la femme adopte sa nouvelle existence en fonction de son environnement et de la nature même de celui-ci. Propice à la chasse, la jeune femme y apprend à tuer pour se nourrir mais sans jamais y prendre le moindre plaisir. Le Mur Invisible relate cette situation pour le moins incongrue, anxiogène, touchante et belle à la fois : réapprendre à vivre en totale communion avec la nature...

Il a fallut cependant pour Julian Roman Pölsler apporter quelques modifications par rapport au roman de l'écrivain autrichienne Marlen Haushofer. Publié en 1963 et s'inscrivant donc dans une époque plus ancienne que celle, contemporaine, du long-métrage, l'ouvrage ''employait'' des technologies ancrées dans leur époque tandis que le réalisateur autrichien élude de son côté toute éventualité scientifique quant aux origines de ce mur dont la présence n'est au fond, qu'un prétexte pour isoler son héroïne du reste du monde et lui permettre un voyage intime et introspectif aux confins de l'esprit humain. C'est à un retour aux fondamentaux auquel nous convie Le Mur Invisible. Une excursion d'une stupéfiante beauté (les paysages de Haute-Autriche où fut tourné le film sont d'une splendeur renversante), un voyage intérieur bénéficiant d'une très belle écriture et d'un message très profond. Surtout, Julian Roman Pölsler remporte le difficile pari d'offrir une intrigue ne reposant presque exclusivement que sur le long monologue de son héroïne. Portées par un texte d'une très grande richesse philosophique, les images de cartes postales enneigées ou plus simplement baignée par les rayons du soleil agissent tantôt comme un baume apaisant, tantôt comme une vague d'un froid si intense que le spectateur la sentirait presque lui brûler la peau jusqu'aux os.

D'où ce sentiment d'apaisement que partage l'actrice Martina Gedeck lorsque le soleil baigne son visage d'un éclat tout particulier, parfois contrainte lorsque l'hiver la transit de froid de marcher durant des heures dans l'épaisse couche de neige qui recouvre la région. Julian Roman Pölsler saisit merveilleusement bien ce sentiment d'angoisse inhérent à la solitude. Surtout lorsque l'héroïne évoque la disparition de la seule créature qu'elle finit par ne plus considérer autrement que comme un ami : le chien Lynx. La musique abrutissante des débuts reléguée par l'auto-radio de ses hôtes laisse la place à l'apaisement des bruits de la nature et la partition du compositeur allemand Jean-Sébastien Bach. Si la science-fiction n'est qu'un point de départ, l'harmonie de la mise en scène, de l'interprétation, des décors et de leur atmosphère font de ce Mur Invisible, un acte d'amour envers la nature, un retour aux sources de la vie. Un film profond, intelligent, ''new age''. Presque une antithèse au cinéma rugueux d'un autre réalisateur autrichien : le brillant Michael Haneke...

Blood Sabbath de Brianne Murphy (1972) - ★☆☆☆☆☆☆☆☆☆



Alors qu'il se promène tranquillement dans les bois, un jeune musicien est pris à parti par un groupe sectaire constitué de jeune femmes entièrement nues à la tête desquelles se trouve la sorcière Alotta. Alors que David parvient à prendre la fuite, il butte sur un caillou et s'effondre au sol aux abords d'un étang. Surgit alors des eaux la blonde Yyala dont il tombe immédiatement amoureux. Malheureusement pour lui, la jeune naïade ne peut partager ces sentiments que s'il accepte de se séparer de son âme. Réfugié chez un vieil homme qui lui offre un peu d'eau et des vêtements, David tente de retrouver Alotta et ses disciples afin de lui offrir son âme lors d'un rituel satanique. Seule contrepartie : il doit accepter de revenir vers elle et de rester à ses côtés si jamais Yyala devait perdre la vie... Voici donc l'intrigue de cet étrange long-métrage qui ne prendra pas plus d'une heure et vingt minutes de son temps à celui ou celle qui aura la curiosité d'y jeter un œil. Cela peut paraître court, mais à dire vrai, concernant l'intriguant Blood Sabbath sous lequel se cache l'un des deux seuls longs-métrages signés par la réalisatrice britannique Brianne Murphy (de son vrai nom, Geraldine Brianne Murphy), le spectateur aura parfois l'impression qu'il dure deux fois plus longtemps...

Si Blood Sabbath est un calvaire de tous les instants, c'est parce que l'on a beau y chercher un quelconque intérêt mais que le film de Brianne Murphy est d'un ennui et d'un inintérêt abyssaux. C'en est même vertigineux. Alors que l'on aurait pu croire à un long-métrage réalisé par un spécimen de la gente masculine libidineux obsédé par les courbes majestueuses des femmes (ici, à poils du début à la fin), le long-métrage est bien l’œuvre de l'une de ses représentantes. Jamais sensibilisée par une quelconque forme d'inspiration, la réalisatrice britannique envoie son principal interprète à l’échafaud en condamnant son personnage à errer dans des décors dégueulasses et sans grands intérêts. Que ceux qui trouvèrent les passage de Combat Shock de Buddy Giovinazzo censés se dérouler au Vietnam absolument désastreux se rassurent : au regard des séquences tournées par Brianne Murphy dont on devine aisément qu'elles furent sans doute effectuées dans un jardin privé (on devine une haie parfaitement taillée dans le dos de l'acteur principal), celles de l'américain demeurent encore  acceptables...

Visiblement pas du tout à l'aise dans la mise en scène et bénéficiant d'un budget entièrement englouti dans la consommation d'acides, Brianne Murphy offre ses personnage en pâture à des spectateurs qui pourront s'interroger sur la valeur artistique d'une œuvre dans laquelle évoluent une dizaine de jeunes femmes qui n'ont jamais peur d'attraper froid à force de errer à poil dans les bois, dansant sur des incantations puériles ordonnées par une sorcière au look kitschissime. Interprété par un Anthony Geary nullissime mais qui étonnamment parviendra à faire carrière dans tout un tas de séries télévisées malgré sa calamiteuse interprétation dans Blood Sabbath, mis en scène avec les pieds et se prenant les pieds dans un mélange des genres hétéroclite incompréhensible (le film verse même dans le pseudo western mexicain!!!), le long-métrage de Brianne Murphy est surtout incroyablement vide d'intérêt, laid, et ses interprètes, même nues, ne parviennent pas à retenir l'attention du spectateur. Un naufrage artistique que l'on rangera aux côtés des désastreux Raiders of the Living Dead de Samuel M. Sherman et Savage Waters de Paul Kener...

vendredi 28 février 2020

Plan de Table de Christelle Raynal (2011) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Après avoir attendu cinq ans qu'Eric la demande en mariage, Marie a perdu patience et a finalement accepté d'épouser Paul. Aujourd'hui ces derniers se sont dit oui mais il est pourtant clair qu'Eric et Marie s'aiment encore. Alors qu'ils ont partagé ensemble un dernier câlin dans la salle de réception consacrée à la noce à venir, les anciens amants renversent les cartons des invités. L'organisation du plan de table étant chamboulée, ne reste plus qu'à Paul de tout remettre en place. La nouvelle disposition des cartons aura de lourdes conséquences, plus ou moins heureuses sur la soirée et les jours à venir.. Unique long-métrage réalisé par la française Christelle Raynal en 2012, Plan de Table bénéficie d'un concept original qui entre les mains d'un réalisateur sans doute plus expérimenté dans le domaine de la comédie aurait normalement dû obtenir un capital sympathie beaucoup plus important que l'indifférence et le rejet dont à ''bénéficié'' ce film pourtant interprété par bon nombre de vedettes du cinéma français...

Sans le moindre élément de science-fiction, le long-métrage rapproche son concept du thème des paradoxes temporels avec cette réorganisation du plan de table qui va avoir des répercussions directes sur les rapports entre les invités. Chargé de remettre en place les cartons avant leur arrivée, Eric (l'acteur Lannick Gautry) provoque sans le vouloir, des rencontres, des affinités, mais également de cruelles désillusions. Le concept étant relativement fantasque, Christelle Raynal laisse tout loisir à son personnage d'imaginer différents stratagèmes pouvant lui permettre au final de ''récupérer'' celle qu'il aime et pourquoi pas, d'améliorer l'existence des autres. Le récit tourne autour d'une dizaine de personnages. Outre Marie (Louise Monot), Eric et Paul (Tom Raynal), on retrouve la sœur aînée de la mariée, Marjorie (Audrey Lamy). Trop confiante, elle est souvent déçue par l'amour mais ne désespère pas de trouver l'homme de sa vie. Catherine (Elsa Zylberstein) et Pierre (Franck Dubosc) forment un couple en apparence harmonieux. Mais elle, toujours impeccable, est une ''hyper-ventilée soupçonneuse'' de son époux. Lui, chirurgien, la trompe avec de nombreuses femmes...

Plus loin, on découvre le couple formé par Arnaud (Mathias Mlekuz) et Edith (Shirley Bousquet). Lui est directeur d'une galerie d'art (où travaille d'ailleurs comme attachée de presse Catherine) et elle, rêve d'avoir un enfant. Problème : Arnaud est stérile. Et puis, il y a David (Arié Elmaleh), le photographe ambitieux et envahissant. Tout ce petit monde va se côtoyer au grès des différentes réorganisations des cartons qui vont donner lieu à des situations débouchant sur des conséquences parfois désastreuses. La principale et peut-être même, seule réussite du film consiste dans cette réappropriation du récit, l'histoire se répétant à plusieurs reprises mais sous des angles bien différents, de nouveaux couples se formant alors autour des invités cités plus haut. Le concept est sympathique, et aurait même pu être génial, et pourtant, Plan de Table finit par très rapidement montrer ses limites. Si dans un premier temps on s'amuse des diverses péripéties qui se télescopent sur un rythme bienveillant empêchant la monotonie, cette dernière finit malheureusement par s’inviter dans une mécanique insuffisamment huilée.

Christelle Raynal a beau s'amuser et ses interprètes cabotiner, si dans un premier temps la sauce prend relativement bien et si l'on apprécie le chemin que prennent les différentes configurations, le scénario de Francis Nief s’essouffle à mi-parcours. Sans jamais être véritablement pesant à regarder, c'est tout de même dans une certaine indifférence que l'on suit les aventures de cette dizaines de personnage au potentiel de sympathie pourtant évident. Plan de Table se traîne et la réalisatrice semble avoir tout le malheur du monde à terminer son œuvre. Reste des interprètes qui y mettent une certaine conviction. Ce qui n'empêchera malheureusement pas le film de tomber dans l'oubli...

jeudi 27 février 2020

The Boy de Willian Brent Bell (2016) - ★★★★★★★☆☆☆



Cela devient de plus en plus rare et peut s'expliquer par un profond manque d'imagination de la part des scénaristes mais il arrive parfois qu'un film, à lui seul, nous rassure sur l'état de santé du cinéma d'horreur. Récemment, nous avons eu notamment droit à Get Out de Jordan Peele ou à Midsommar de Ari Aster pour n'évoquer que parmi ceux qui ont fait le plus de bruit autour d'eux. Si le premier s'avère nettement plus original que le second qui lui, rappelle très fortement le film culte de Robin Hardy, The Wicker Man, réalisé quarante-six ans auparavant, il n'en demeure pas moins que Ari Aster compte parmi ceux dont on attend avec une fébrile impatience la suite des travaux. Le scénariste, réalisateur et producteur américain William Brent Bell s'est penché quant à lui sur un sujet que l'on aurait pu juger avoir été suffisamment traité sur grand écran, de The Devil-Doll de Tod Browning en 1936 jusqu'au récent et relativement médiocre Annabelle de John R. Leonetti en 2014, en passant par le classique Child's Play de Tom Holland en 1988...

Habitué du cinéma d'horreur depuis son second long-métrage Stay Alive en 2006, William Brent Bell signe avec The Boy en 2016, une alternative intéressante au thème de la poupée habitée par une entité maléfique. Cela ne sautera peut-être pas forcément aux yeux des spectateurs, mais le film semble tout d'abord être construit autour de plusieurs concepts dont l'un d'eux n'est peut-être pas évident à aborder au premier regard et pourtant... Car oui, si l'on y réfléchi bien, il y a dans The Boy, un petit quelque chose qui rappelle indéniablement le chef-d’œuvre que réalisa Dan Curtis en 1976, Burnt Offerings. Et si les sujets diffèrent, comment ne pas faire le lien entre les personnages incarnés à l'époque par Eileen Heckart et Burgess Meredith et ceux interprétés dans le long-métrage de William Brent Bell par Diana Hardcastle et Jim Norton ? Seule différence : ces derniers se montrent immédiatement inquiétants !

Après avoir abandonné (temporairement?) le rôle de Maggie dans la série télévisée The Walking Dead, l'actrice américano-britannique Lauren Cohan profite de l'aura que lui a rapporté son personnage pour enchaîner les rôles au cinéma. C'est donc ainsi qu'on la retrouve en 2016 dans la peau de Greta Evans, une jeune et jolie américaine qui pour fuir son existence aux États-Unis est venue se réfugier en Angleterre en acceptant un emploi de baby-sitter dans une immense demeure isolée dans la campagne britannique. Froidement accueillie par les propriétaires des lieux, Madame et Monsieur Heelshire, la jeune femme aura la charge de s'occuper de Brahms, le fils du couple. Mais alors que Greta s'attendait sûrement à s'occuper d'un enfant comme tous ceux de son âge, Brahms s'avère être en fait, une poupée ! D'abord amusée, Greta commence à ressentir un certain malaise au contact de Brahms. Alors que les propriétaires ont pris congés après s'être assurés que la jeune américaine a bien pris note des règles à suivre, Greta est désormais seule face à Brahms. Heureusement, Malcom (Rupert Evans), le livreur personnel des Heelshire, vient rendre régulièrement visite à Greta...

Vu sous cet angle, le spectateur se fera tout seul son petit scénario quant à la suite des événements, persuadé que l'histoire ne fait que se répéter et que Greta sera la victime des assauts de cette diabolique poupée dont le visage est aussi angélique qu'inquiétant. Tourné dans une demeure rustique comportant un nombre important de sinistres ''représentations'' (le tableau familial, les trophées de chasse, etc...), on pourrait penser que le scénario de The Boy et sa mise en scène sont faits de grands vides et que la marque de fabrique inhérente au genre y est totalement absente. D'une certaine manière, c'est vrai. Mais c'est sans doute ce qui participe de l'angoisse qui monte peu à peu au créneau. De cette impression que l'on fini par se demander dans quelle mesure Greta n'est pas elle même génératrice de ses propres inquiétudes. Si seulement, William Brent Bell s'était contenté de s'arrêter à ce postulat déjà plutôt bien intégré au récit, The Boy n'aurait sans doute été qu'un bon petit film d'épouvante parmi tant d'autres mais en convoquant un dernier acte chamboulant le concept de base, le réalisateur relance l'intrigue et nous emmène sur une voie qui relativise l'aspect fantastique du long-métrage pour nous plonger en plein cœur d'un drame horrifique sans doute plus efficace encore. Sans être le film qui vous donnera des cauchemars pour vous réveiller en sursauts, The Boy est cependant une excellente surprise à laquelle a donné une suite cette année même Willian Brent Bell sous le titre The Boy : La Malédiction de Brahms...

mercredi 26 février 2020

Gawi (Nightmare) de Ahn Byeong-gi (2000) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



La Corée du sud n'est très clairement pas le pays d'Asie le plus productif en matière d'histoires de fantôme asiatiques sur grand écran. À part quelques exemples dont un Janghwa, Hongryeon (Deux Soeurs) très convaincant réalisé par Kim Jee-woon en 2003, les cas s'avèrent plutôt rares. Alors, lorsque se présente l'occasion d'en découvrir un ''nouveau'' spécimen et ce, même s'il date déjà d'une vingtaine d'années, l'offre est trop précieuse pour faire le difficile. Cependant, il peut arriver que le spectateur tombe de haut. Et même de très haut, déçu de constater que le fruit de ses attentes n'est pas à la hauteur. C'est le cas avec Gawi (Nightmare) de Ahn Byeong-gi. Datant de l'année 2000, ce film qui évoque le retour d'une jeune femme suicidée sous l'apparence d'un fantôme venu régler ses comptes avec un groupe d'amis est sans doute parmi les premiers du genre à avoir vu le jour en Asie (puisque deux ans seulement après le début de la vague Ring initiée par Hideo Nakata, mais la même année que celle dont Takashi Shimizu fut le grand pourvoyeur, Ju-On)...

Gawi tourne donc autour du suicide de Kyung-ah. Une jeune et jolie jeune femme dont est tombé amoureux l'un de ses amis Hyun-Jun, ce qui déplaît fortement à Seon-ae, elle-même amoureuse de ce jeune et brillant avocat. Lors d'une réunion entre amis, Seon-ae montre une certaine hostilité envers Kyung-ah qui prend finalement la fuite. Alors qu'elle semble s'être jetée de désespoir dans le vide du haut d'un immeuble pour atterrir sur le capot d'une voiture plusieurs étages plus bas, l'esprit de la suicidée commence à venir hanter ses anciens amis. Au centre de l'intrigue, une cassette vidéo qui témoigne de ce qui pourrait réellement se cacher derrière la mort de la jeune femme...Sous les allures d'un ''drama'' japonais (nom donné à un certain type de séries télévisées japonaises), Gawi est un petit film d'épouvante sans réelle envergure ni séquences véritablement marquantes. Assez brouillon dans sa conception, le récit mêle l'histoire personnelle de chaque protagoniste et le spectateur occidental peut enclin à retenir le nom de chacun finit par s’emmêler les pinceaux entre tel ou tel personnage.

Si l'on finit par retenir au fil du temps qui est Hye-jin, Eun-ju, Seon-ae, Hyun-jun ou Jeong-ok parmi le cercle des sept amis, on aura eu tout le loisir d'ici là d'oublier de suivre un récit alambiqué, entre passé et présent, tout ceci dans un style télévisuel plutôt désagréable. Car en effet, on ne peut pas dire que l'approche visuelle de Gawi soit le résultat d'un travail exemplaire et pointilleux de la part, en outre, du photographe Lee Seok-hyeon ou du décorateur Jo Seong-weon. Dans l'ensemble, le long-métrage de Ahn Byeong-gi est relativement laid, sans effets-spéciaux particulièrement convaincants ni prouesses en matière d'interprétation. Quant à la musique de Lee Tae-beom, plus proche d'une soupe indigeste que d'un véritable score horrifique, elle n'aide en rien à l'immersion et s'avère souvent tout autant invasive qu'anecdotique. À dire vrai, le seul élément du film qui offre un minimum d'intérêt se situe au moment même où nous est révélé le contenu de cette fameuse cassette vidéo sur laquelle le groupe tente de mettre la main. Révélatrice d'une vérité insoupçonnable, cette séquence plutôt réussie ne rattrape malheureusement pas le retard que prend un récit noyé sous une chape de sous-intrigues inintéressantes au possible...

mardi 25 février 2020

Madhouse de Ovidio G. Assonitis (1981) - ★★★★★★★☆☆☆



Sous le pseudonyme d'Oliver Hellman, le producteur, scénariste et réalisateur grecque Ovidio G. Assonitis tournait en 1981 sont troisième long-métrage d'abord connu sous le titre There was a Little Girl avant d'être généralement distribué par la suite en vidéo sous celui de Madhouse. Un nouveau titre qui colle en définitive assez bien avec cette histoire plutôt tordue d'une jeune femme victime des démons du passé personnifiés par sa sœur jumelle, enfermée dans un hôpital psychiatrique pour démence. L’œuvre démarre sous les meilleurs auspices à travers une vision particulièrement morbide dont l'explication nous échappe pourtant quelque peu (qui est cette femme dont une jeune fille martèle le visage à coups de pierre?). Cette maison de fous que signifie le tire d'exploitation du long-métrage porte si bien son nom que la majeure partie des personnages semblent en effet avoir la bougeotte ou du moins un débit de parole effréné et proche de la soliloquie. Vient alors tempérer au milieu de cette faune bigarrée dont même le plus insoupçonnable de ses représentants s'avérera au final plutôt perturbé, la jeune et jolie Julia Sullivan, héroïne d'un récit tordant souvent les concepts rabattus qui veulent généralement que celle-ci soit en proie aux tourments et victime d'un tueur tout d'abord difficile à identifier et dont il lui serait aussi peu aisé de se débarrasser...

Dans le cas présent, Ovidio G. Assonitis ne fait pas mystère de l'identité du tueur. Ou plutôt, le réalisateur grecque nous aiguille-t-il en partie sur les origines des meurtres particulièrement sanglant causés par la puissante mâchoire d'un molosse guidé par la seule voix de son maître. Ovidio G. Assonitis a beau faire de son héroïne un personnage attachant de par son statut d'éducatrice pour enfants sourds, il ne va rien lui épargner (et surtout pas la mort d'un gamin dont elle s'était attachée au point de vouloir l'adopter). Et encore moins à son entourage qui va peu à peu se réduire à sa portion congrue. Habitué du cinéma d'horreur et d'épouvante avec Le Démon aux Tripes, Tentacules ou encore, un peu plus tard, Piranhas 2, les Tueurs Volants (pour lequel il ne sera (mal)heureusement pour lui, pas crédité), le réalisateur grecque signe une petite série plutôt efficace, nantie de quelques scènes d'horreur intéressantes (en général, des attaques perpétrées par un chien dont les morsures infligées laissent derrière elles des flots de sang)...

Madhouse n'est pas vraiment un slasher même s'il en reprend la plupart des codes. Patricia Mickey incarne l'éducatrice tandis que Allison Biggers elle, interprète celle qui figure être la sœur jumelle, Mary. Edith Ivey est Amantha Beauregard, la propriétaire quelque peu farfelue du manoir où se déroulent les faits et l'acteur Jerry Fujikawa campe l'homme à tout faire Monsieur Kimura. Michael MacRae campe Sam Edwards, le compagnon de Julia, un personnage sans doute pas assez développé pour que l'on s'y intéresse suffisamment, Ovidio G. Assonitis offre en fait le beau rôle à l'acteur Dennis Robertson (Les Routes du Paradis, Magnum, Dallas) qui incarne le père James. On appréciera le final qui verse dans le ''théâtre de sang'' même si sa résolution manquera de challenge pour notre couple d'amoureux livré à un tueur sans doute si ''atteint'' qu'il manquera de vigueur au moment de les affronter... Une bonne surprise...

lundi 24 février 2020

Kiss of the Tarantula de Chris Munger (1976) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Dans le règne animal, l'araignée est source de peurs parfois irraisonnées que le cinéma d'épouvante ne pouvait ignorer. Des dizaines de longs-métrages ont vu le jour., du milieu des années cinquante avec Tarantula ! et The Incredible Shrinking Man de Jack Arnold ou The Spider de Bert I. Gordon, en passant par les années soixante-dix avec Kingdom of the Spiders de John 'Bud' Cardos Tarantulas: The Deadly Cargo de Stuart Hagmann et The Giant Spider Invasion Bill Rebane et jusqu'à plus récemment avec Spiders de Tibor Takács, Camel Spiders de Jim Wynorski ou bien Arachnoquake de Griff Furst. Quelques exemples qui démontrent le meilleur et le pire de cette forme d'exploitation qui trouve ses origines dans le nucléaire (gigantisme) ou dans le simple réflexe qui consiste pour l'animal à protéger son environnement, sa progéniture, ou pour tout simplement se nourrir. Il existe quelques cas d'agressions d'origine arachnoïde qui sortent du lot. Non pas pour de quelconques qualités intrinsèques qu'il est encore difficile de dénicher même avec la ferveur du fan de cinéma d'épouvante capable d'adouber n'importe quelle série Z, mais plutôt pour la tournure que prend le récit qui met en scène ces horribles petites créatures aux poils urticants.

Kiss of the Tarantula (Le Baiser de la Tarentule) fait partie de ces quelques longs-métrage qui trouvent les origines des attaques ni dans le nucléaire, ni dans la préservation de leur espèce. Non, ici, les tarentules du titre servent avant tout d'arme de vengeance. C'est ainsi que l'on fait tout d'abord la connaissance de la toute jeune Susan, fille d'un père aimant, mais d'une mère tyrannique, trompant son époux avec son beau-frère, le duo d'adultères ayant pour projet d'éliminer le mari encombrant. Susant ayant été le témoin d'une discussion sur le sujet entre son oncle et sa mère, elle se charge de se débarrasser de cette dernière à l'aide de ses créatures préférées. Car contrairement à celles et ceux de son âge qui possèdent un chat, un chien ou un hamster, Susan élève des araignées... On la retrouve ensuite à l'âge de l'adolescence, débarrassée de sa mère mais pas de son beau-père et de tous ceux qui lui font la misère et s'en prennent à ses tarentules chéries. Lorsqu'un jour, trois ''amis'' de Susan s'étant introduits chez elle pour la forcer à sortir avec eux s'attaquent à ses araignées, la jeune femme en devenir ''pète'' un câble et choisi d'éliminer tous ceux qui lui font du tort...

Réalisé par le cinéaste Chris Munger en 1976, lequel n'aura tourné que deux longs-métrages, un documentaire et un épisode de la série La légende d'Adams et de l'ours Benjamin, Kiss of the Tarantula est donc l'histoire d'une jeune fille bafouée qui trouve dans ses araignées, l'outil lui permettant de se venger de ceux qui lui ont fait, ou lui font encore, du mal. Il faut reconnaître qu'à part l'excellente idée d'avoir employé de véritables spécimens vivants de tarentules, l’œuvre de Chris Munger s'avère relativement décevante. Toutes les séquences mettant en scène ces impressionnantes créatures de la taille d'une main d'homme se ressemblent. Redondantes et donc très rapidement lassantes, elles sont à peine rattrapées par une interprétation plutôt légère de l'actrice Suzanna Ling qui a bien du mal à personnifier cette jeune fille en proie aux tourments depuis sa plus tendre enfance. On appréciera (ou pas) l'allusion concernant les rapports incestueux auxquels tente de donner vie l'oncle Walter incarné par l'acteur Ernesto Macias, seul ''risque'' pris par un cinéaste qui se repose un peu trop sur ses créatures lors de séquences interminables...

dimanche 23 février 2020

Savage Intruder de Donald Wolfe (1970) - ★★★★★★☆☆☆☆



Un car de touristes s'arrête près de la demeure de l'ancienne gloire du cinéma Katharine Packard qui dans les années trente connu la célébrité mais qui depuis un certain nombre d'années est tombée dans l'oubli et vit retranchée dans les hauteurs des collines de Hollywood entourée de domestiques. Alors qu'un guide explique aux touristes quelle personnalité vit dans l'immense demeure qui trône au sommet d'une des collines, l'un d'eux échappe à sa vigilance et s'introduit dans le domaine. Se faisant passer pour le nouvel employé de la star qui vient juste d'être victime d'une chute après avoir abusé une fois encore de l'alcool, Vic Valance cache en réalité un tueur en série psychotique qui depuis quelques temps sème la terreur dans la région en tuant exclusivement des femmes d'un certain âge. D'abord rejeté par Katharine Packard, le jeune homme finit par être accepté par l'ancienne star du cinéma au grand dame de Leslie et de Mildred, les deux plus vieilles employées de la septuagénaire qui voient d'un mauvais œil l'arrivée de ce jeune homme exubérant dans l'existence de leur employeur...

Étrange long-métrage que ce Savage Intruder réalisé par Donald Wolfe dont il s'agissait du seul et unique film en tant que réalisateur. Auteur du scénario original et producteur de ce même film, la particularité de cette unique mise en scène de Donald Wolfe réside dans le curieux mélange des genres et son approche esthétique très particulière. Une décennie après Alfred Hitchcock et son Psychose et une avant William Lustig et son Maniac, Donald Wolfe aborde avec Savage Intruder les conséquences d'une enfance traumatique sur le comportement d'un jeune homme qui n'a pas tout à fait digéré celui de sa mère qui, lorsqu'il était un tout jeune garçon, couchait avec de nombreux étrangers. Le choc de découvrir sa génitrice dans les bras d'individus lubriques, celle-ci ne faisant rien pour cacher son attirance pour le sexe, a semble-t-il laissé des traces indélébiles constituant un motif suffisant pour Vic (l'acteur David Garfield) de tuer de vieilles femmes dont l'image lui renvoie celle de sa mère...

En résulte une œuvre bâtarde, entre le sort accordé à une ancienne gloire du cinéma tombée dans l'oubli et l'alcool (la séquence lors de laquelle l'actrice Miriam Hopkins déambule chez elle, ivre et persuadée d'avoir reçu du monde est saisissante) et un Savage Intruder en mode ''Home Invasion'' dans lequel l'usurpateur d'identité va littéralement s'offrir la place de l'amant auprès de la star malgré les inquiétudes de Leslie et Milfred (respectivement les actrices Gale Sondergaard et Florence Lake), les deux employées fidèles. L'une des particularités du long-métrage de Donald Wolfe réside également dans l'emploi de très vielles interprètes qui connurent surtout la célébrité dans leur pays aux alentours des années 30, 40 et 50. La vedette Miriam Hopkins, que le réalisateur tente vainement de faire passer pour celle qui interpréta la créature féminine du classique de l'épouvante de James Whale, La Fiancée de Frankenstein en 1935 (rôle qui fut en réalité incarné par l'actrice Elsa Lanchester) tournait ici son dernier film. Ce qui n'était pas le cas de l'actrice sino-américaine Virginia Wing qui, elle, débutait au contraire sa carrière sur grand écran. Entre idées fameuses (l'enseigne ''Hollywood'' partant littéralement en lambeaux, Vic se shootant, ses visions psychédéliques, etc...) et déroutantes (Donald Wolfe semble avoir eu beaucoup de mal à conclure son récit, le film se traînant alors en longueur), Savage Intruder est une curiosité intéressante pour qui aime compiler les œuvres axées sur l'état de santé mentale d'individus psychologiquement perturbés. Quelques effets sanglants et des personnages parfois ambigus maintiennent l'intérêt de cette drôle de production dramatico-horrifique...

samedi 22 février 2020

Im Keller (Sous-Sol) d'Ulrich Seidl (2014) - ★★★★★★★★☆☆



Quittons un moment notre quotidien pour pénétrer dans un lieu où les secrets les plus inavouables peuvent être révélés. Une porte donnant sur une dimension parallèle où les fantasmes habituellement enfouis dans la cave de ces femmes et de ces hommes ici dévoilés, s'ouvre à nous pour le meilleur, et peut-être aussi parfois, pour le pire. Bienvenue dans le monde d'Ulrich Seidl, auteur de nombreux documentaires dont fait partie cet Im Keller (traduit chez nous sous le titre Sous-Sol), mais également de quelques longs-métrages de fiction dont la fascinante trilogie Paradies. Présenté à la Mostra de Venise en août 2014 et sorti un mois plus tard en Autriche et chez nous en France, Im Keller peut se concevoir comme une version autrichienne de la célèbre émission de télévision franco-belge Strip Tease qui fit notamment le bonheur des téléspectateurs hexagonaux avides de curiosités et de marginalité entre 1992 et 2012. Si Im Keller n'entretient pas vraiment de relation avec l’impressionnant travail accompli par le cinéaste suédois Roy Andersson (Sånger Från Andra Våningen, Du Levande), il en ressort tout de même ce goût du plan fixe dans lequel évoluent en apesanteur des personnages hors du commun. La différence fondamentale étant que dans le cas présent, rien n'est fictif. Tout est réel et parfaitement assumé par des hommes et des femmes qui se livrent entièrement, quitte à ce que certains d'entre eux se mettent à nu au sens propre...

L'image du sous-sol, fantasme des criminologues en herbe qui imaginent les exactions de certains individus devenus célèbres pour avoir enfermé de jeunes femmes, est ici contrecarrée par des passionnés de toutes natures. Mais pas toujours des plus saines. C'est ainsi donc que l'on fait notamment la connaissance avec un ténor du dimanche amateur d'armes dialoguant avec des amis sur la situation des immigrés turcs dans leur pays. Un peu plus loin, nous faisons celle d'un couple dont le mari adore les instruments à vent, fait partie d'une fanfare, mais surtout, est fasciné par le nazisme. Si l'on s'enfonce encore un peu plus loin, on fini par faire une rencontre émouvante à travers le portrait d'une sexagénaire qui traite ses poupées baigneurs comme le ferait une mère avec ses propres enfants. Tendresse, amour, baisers, caresses. Un contact physique qui ferait presque écho à ces couples qui sans masques, nus comme des vers, attachés, fouettés, amateurs de fessées et d'humiliation, se laissent guider par la voix de leur maître(sse)...

Parfois drôle, attendrissant, absurde, dérangeant ou plus simplement étonnant, Im Keller dresse l'improbable portrait d'individus cultivant des passions hors normes dans de somptueuses séquences fixes, dignes de tableaux de maîtres. Œuvre picturale vivante par excellence, c'est en cela que l'autrichien Ulrich Seidl rejoint l'esthétisme envoûtant d'un Roy Andersson. Mais plus encore que le réalisateur, sa maîtrise formelle et sa patience, ce sont ces inconnus qui le temps d'un film ne dépassant pas une heure et vingt et une minutes, sortent de l'ombre pour briller sous les projecteurs. C'est eux qu'il faut honorer de notre présence en prenant le temps d'admirer ce que d'aucun pourra malheureusement sans connaissance suffisante, juger parfois de déviant. Même dans l'acte incompris, perçu comme sordide ou anormal, ce que nous offrent ces femmes et ces hommes qui ont choisi d'accorder leur confiance au cinéaste est la plus précieuse des offrandes...

vendredi 21 février 2020

Killer Crocodile de Fabrizio de Angelis (1989) - ★★★★★★☆☆☆☆



Serpents, oiseaux, félins, crocodiles, araignées, rongeurs, requins... la nature, qu'elle soit urbaine ou sauvage, n'a jamais été aussi agressive que sur grand écran. Un bon moyen pour elle de se venger des digressions dont font usages les hommes, exploitant nos chères compagnons à poils, à plumes et à écailles dans les restaurants, les marchés, les magasins ou dans des laboratoires. Alors que la mode est désormais au tout CGI, il fut une époque où le cinéma faisait appel à un autre genre de talent. Celui des maquilleurs en effets-spéciaux. Des hommes plus ou moins talentueux qui usaient de latex et d'animatronique pour donner vie à des créatures aux proportions parfois plus grandes que la normale. Killer Crocodile du producteur et réalisateur italien originaire de Rome Fabrizio de Angelis ne dérogeant pas à la règle, ce long-métrage d'horreur datant de 1989 plonge ses protagonistes dans les eaux des Caraïbes, là-même où une entreprise dont l'environnement et l’écologie ne semblent par faire partie de leurs priorités, s'amusent à jeter des fûts de produits toxiques. Résultat : le killer crocodile du titre. Soit, un saurien d'une taille appréciable, fruit des exactions d'individus peu scrupuleux.

Notamment producteur de plusieurs films signés de l'immense Lucio Fulci (au titre desquels, L'Enfer des Zombies en 1979 et L'Au-Delà en 1981), des Guerriers du Bronx et de sa suite tout deux réalisés par Enzo G. Castellari en 1982 puis en 1983, et réalisateur d'une vingtaine de longs-métrages (dont la plupart sous le pseudonyme de Larry Ludman) parmi lesquels Commando Cobra en 1986 et la série des Il Ragazzo dal Kimono d'Oro, Fabrizio de Angelis signe avec Killer Crocodile, une petite série B, honnête et pas trop mal fagotée, même si elle demeure insuffisamment dotée de séquences sanglantes. Le prétexte habituel des déchets toxiques ayant des conséquences fâcheuses sur l'environnement servant de base au récit, l'intrigue permettant non seulement aux protagonistes de s'écharper avec un crocodile mais avec aussi les dirigeants de l'entreprise, le réalisateur italien propose une succession de scènes plus ou moins convaincantes. La séquence d'ouverture censée mettre en appétit les amateurs de frissons aura peut-être cependant raison des plus exigeants puisque demeurant d'un intérêt plus que relatif. Prétexte également à nous livrer en pâture le crocodile en question, histoire de bien faire comprendre à l'éventuel imbécile qui n'aurait pas compris autour de quel sujet le film tourne, de quoi retourne Killer Crocodile.

Lac ? Marais ? Rivière ? Fleuve ? Les Caraïbes de Fabrizio de Angelis n'ont rien de bien réjouissantes et même sa faune et ses indigènes y sont piètrement représentés. Détail représentatif d'un cinéma dégagé de toute conception hygiéniste relative à notre époque : si l'on élude l'inutile séquence d'ouverture, Fabrizio de Angelis commence tout d'abord par ''dessouder'' la seule représentante de la communauté noire du sextet d'écologistes lors d'une scène qui manque d'éthique puisqu'au lieu de se lancer à sa recherche, ses amis reprennent tranquillement les commandes de leur rafiot. L'absence en terme de pluralité ethnique suivant cette séquence est alors contrebalancée par des politiques véreux représentés par des blancs faisant fi des autochtones originaires de la région. Le réalisateur patientera jusqu'à ce qu'un indigène se fasse dévorer tout cru en tentant de sauver à lui seul l'une de ses congénères avant de choisir de s'en prendre enfin à l'homme blanc venu saccager un territoire qui ne lui appartient pas. Quelques menues scènes gore (dont un bras arraché) viennent ponctuer un ''film de vacances'' qui tourne au cauchemar. Mise en scène correcte, effets-spéciaux tolérables (le crocodile), mais acteurs et dialogues insipides, Killer Crocodile gratifie cependant les spectateurs français d'un doublage si mauvais que chaque intervention verbale fini d'achever toute tentative d'épouvante et ponctue l'ensemble d'un humour très certainement involontaire. Le summum demeurant sans doute dans celui des enfants, très clairement doublés par des adultes. Sans doute ceux-là mêmes qui furent charger de doubler les ''héros'' de cette aventure en eaux troubles. Deux ans plus tard, le film connaîtra une suite sous le simple titre de Killer Crocodile 2, cette fois-ci réalisé par l'homologue italien Giannetto De Rossi. À noter que Fabrizio de Angelis se chargera quant à lui de sa production...

mercredi 19 février 2020

Come to Daddy de Ant Timpson (2019) - ★★★★★☆☆☆☆☆



À trente-neuf ans, l'acteur américain Elijah Wood a déjà derrière lui une longue et très confortable filmographie qui n'aura pas attendu le succès de la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson pour s’étoffer au fil des années. Hooligan dans le film éponyme de Lexi Alexander, étudiant à Oxford dans Crimes à Oxford d'Alex de la Iglesia, tueur en série dans le remake de Maniac de Franck Khalfoun ou fan manipulé d'une célèbre actrice dans Open Windows, il campe désormais Norval Greenwood, jeune ''hipster'' contacté par son père qu'il n'a pas revu depuis l'âge de cinq ans et qui l'invite à le retrouver dans son chalet en bord de mer. Dès son arrivée, Gordon se comporte étrangement avec son fils. S'il l'a invité à le rejoindre, il n'a cependant pas l'air très heureux d'avoir Norval à ses côtés. Après un ou deux jours passés ensemble, les deux hommes finissent par régler leurs comptes. Armé d'un hachoir de cuisine, Gordon s'apprête à frapper son fils lorsqu'il est victime d'une crise cardiaque...

Alors que la filmographie de Elijah Wood est déjà longue comme un bras, celle du réalisateur néo-zélandais ne semble avoir réellement débuté que l'année dernière puisqu'en dehors d'un court-métrage réalisé en 1996, celui qui participa notamment au département artistique de The Greasy Strangler de Jim Hosking en 2016 n'est jusqu'à aujourd'hui l'auteur que d'un seul long-métrage, Come to Daddy. Jugé trash par certains qui n'ont sans doute jamais exploré les univers de certains grands cinéastes tel John Waters, ce premier long de Ant Timpson mêle avec un certain enthousiasme comédie, thriller et épouvante pour un résultat mi-figue, mi-raisin. Ou comment s'inscrire dans une certaine mouvance préparant le spectateur à de multiples changements de ton. Sauf qu'ici, si le réalisateur opte pour l'ironie, le poisseux ou l'ultra violence, c'est toujours avec en toile de fond, l'esprit frondeur d'un amateur d'humour très noir.

Relativement chiant durant un premier tiers lors duquel père et fils s'affrontent verbalement jusqu'à vouloir en venir aux mains, le film prend une tournure dramatique lorsque [ATTENTION SPOILER] Gordon meurt d'un arrêt du cœur. Générique de fin ? Non, car l'histoire débute réellement une demi-heure après le début, lorsque l'on se rend compte que celui qui se prétendait être le père de Norval n'était en fait que l'un des anciens associés du véritable géniteur du gamin qui les arnaqua à la suite d'un braquage. Le père, le vrai, est lui enfermé dans les profondeurs du chalet où il subit des maltraitances de la part de ses anciens complices. C'est à ce moment très précis que les spectateurs qui auront eu le courage de tenir jusque là sans s'endormir ou fuir la projection verront Come to Daddy prendre une tournure résolument tragique, voire trash comme l'expliquent certains. Enrobé de quelques éléments relativement ''Cracra'' dont l'évocation d'un motel dont toutes les chambres ont été réservées par les membres d'une ''convention sur l'échangisme'' ou encore celle d'une torture à l'aide d'un stylo recouvert d’excréments (bon appétit !), Come to Daddy se veut également le portrait d'un jeune homme en quête de son père et prêt à tout pour lui venir en aide (on pense notamment au meurtre aussi sanglant que grotesque à l'aide d'un rouleau de film alimentaire transparent). Le film de Ant Timpson n'est pas vraiment bête, ni vraiment méchant. Plutôt timide d'ailleurs, mais sans doute aussi, original. Une curiosité qui ne restera sans doute pas dans les annales du cinéma mais un premier essai sympathique dans lequel Elijah Wood se frotte à des personnages plutôt bien campés par Stephen McHattie, Martin Donovan ou encore Madeleine Sami...

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...