Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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lundi 28 décembre 2020

George Pollock et Agatha Christie : Meurtre au Galop (Murder at the Gallop) (1963) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Pour la seconde fois de sa carrière, le réalisateur britannique George Pollock se penchait sur l’œuvre d'Agatha Christie un an après avoir mis en scène Le Train de 16 h 50. Une œuvre que les fans de la romancière purent décrire comme une certaine forme de trahison puisque le réalisateur osait se débarrasser de l'un des personnages principaux en la personne de Lucy Eyelesbarrow. Un détail en comparaison du sacrilège qu'il allait alors entreprendre en 1963 avec la sortie de Meurtre au Galop (Murder at the Gallop), lui-même inspiré d'un ouvrage dont le titre à lui seul permet de comprendre les largesses avec lesquelles George Pollock a choisi de prendre des libertés avec le roman d'Agatha Christie. Drôle d'hommage rendu à la romancière que cette adaptation cinématographique qui occulte totalement le personnage d'Hercule Poirot pour le remplacer par l'autre grande héroïne d'Agatha Christie : Miss Jane Marple ! Non seulement le réalisateur ''oublie'' le détective belge, mais il lui préfère purement et simplement son homologue britannique. Agatha Christie finira par s'en remettre même si le procédé la dérangera très fortement. Les fans sans doute vivront la chose comme de la haute trahison, mais pour ceux qui découvrirent le personnage sur grand écran à travers l'actrice britannique Margaret Rutherford, il n'en fut certainement rien...


Les Indiscrétions d'Hercule Poirot devenues sur grand écran Meurtre au Galop, les amateurs de la romancière n'eurent pas à attendre bien longtemps avant de constater l'absence de leur personnage favori. Dans cette seconde aventure de Miss Marple au cinéma, c'est donc bien l'actrice Margaret Rutherford que l'on retrouve avec ce même plaisir que deux ans en arrière. On peut dire que l'héroïne des romans d'Agatha Christie a pris de la bouteille. Plus caricaturale que jamais et donc encore plus attachante que dans Le Train de 16 h 50, elle n'est pas cette détective en fauteuil que certains prétendent. Du moins, pas dans ce récit dont elle vole la vedette à Hercule Poirot sur la décision des producteurs qui, allez savoir pourquoi, la préfèrent au belge (le succès du précédent long-métrage la mettant en vedette étant sans doute responsable de ce choix). Plus impliquée que jamais puisqu'au cœur même de l'intrigue, voici désormais notre vielle détective installée dans l'une des chambres du luxueux hôtel ''Le Galop'' afin d'enquêter sur la mort d'un certain M. Enderby dont elle assiste à la mort tragique alors qu'elle effectue une collecte pour une association caritative...


Chose assez coutume dans ce genre de récit, tout tourne autour d'un héritage et notamment d'un tableau que tentent de s'arracher les membres de la famille Enderby. Dans cette seconde aventure de Miss Marple, Margaret Rutherford est toujours aussi savoureuse. Accompagnée pour la seconde fois par les personnages de Jim Stringer, l'Inspecteur Craddock et du Sergent Bacon (toujours respectivement interprétés Stringer Davis, Charles 'Bud' Tingwell et Gordon Harris), elle est cette fois-ci séduite par l'un des membres de la famille Enderby, un certain Hector Enderby savoureusement incarné par Robert Morley. Dans Meurtre au Galop, on découvre les talents de cavalière de la détective, son acharnement encore plus prononcé dans l’objectif de découvrir le meurtrier (il faut voir à combien de reprises elle cherchera à mettre la main sur les bottes qui ont laissé une trace au sol sur les lieux du crime), mais également ses talents de danseuse lors d'une séquence incroyablement drôle où elle se lance aux côtés de son ami bibliothécaire, dans un twist endiablé. Irrésistible ! Outre l'enquête policière, Meurtre au Galop offre un surplus d'humour marqué par la présence des musiques composées par l'anglais Ron Goodwin qui après celles du Train de 16 h 50, fut chargé de celles du film présent. Suspens et humour font bon ménage dans ce second long-métrage qui au final, ne fait absolument pas regretter le choix des producteurs d'avoir opté pour le personnage de Miss Marple plutôt que celui d'Hercule Poirot. Un excellent cru !

 

dimanche 27 décembre 2020

George Pollock et Agatha Christie : Le Train de 16 h 50 (Murder She Said) (1962) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Le Train de 16 h 50 (Murder She Said) de George Bollock est la première adaptation d'un roman d'Agatha Christie où le personnage de Miss Marple apparaît comme héroïne. C'est également l'occasion pour le réalisateur de se pencher pour la toute première fois de sa carrière sur l’œuvre de la romancière britannique. La première des cinq fois à vrai dire puisqu'il mettra en scène Miss Marple à trois autres occasions avant d'achever sa carrière sur grand écran en 1965 avec Les Dix Petits Indiens (Ten Little Indians). La principale différence entre Le Train de 16 h 50 et les trois prochains longs-métrages de George Pollock qui mettront en scène la célèbre détective en 1963 et à deux reprises en 1964 se situe au niveau de la fidélité attachée au roman original datant de 1958. En effet, Le Train de 16 h 50 sera le seul a respecter d'une certaine manière l’œuvre d'Agatha Christie puisque la seconde et la troisième ne mettront pas en scène l'autre grand héros des romans de la britannique Hercule Poirot comme cela est le cas dans les romans, mais Miss Marple elle-même. Quant au quatrième, il sera issu d'un scénario écrit à quatre mains par David Pursall et Jack Seddon sur la base du personnage inventé par la romancière dans les années trente du siècle passé...


Bien qu'elle n'ait aucun rapport physique avec la fragile héroïne décrite dans les romans d'Agatha Christie, c'est pourtant l'actrice anglaise Margareth Rutherford qui sera engagée pour tenir le rôle de la célèbre détective. Un choix qui pourra paraître étonnant, voire considéré comme une trahison pour les fans de la romancière mais qui somme toute s'avérera un choix judicieux puisque l'actrice s'y révèle parfaitement à l'aise. Une légère touche d'arrogance simulée, un caractère de vieille fille, curieuse et parfois indiscrète et surtout, un physique pas vraiment avantageux de vielle dame acariâtre qui fera le charme de cette enquêtrice en herbe fascinée par les ouvrages policiers dont elle abreuve son quotidien auprès de son fidèle bibliothécaire Jim Stringer (l'acteur Stringer Davis), lequel apparaîtra également dans les trois autres aventures de Miss Marple réalisées par George Pollock ainsi que dans ABC contre Hercule Poirot (The Alphabet Murders) de Frank Tashlin pour lequel il ne sera cependant pas crédité. L'histoire est bien connue : alors que Jane Marple se trouve à bord du train de 16h50 qui doit la rapprocher de chez elle à St. Mary Mead, elle assiste au meurtre d'une jeune femme à bord d'un second train qui croise le sien. Une fois les autorités prévenues, et devant l'inefficacité des agents de police qui croient moyennement à son histoire, la vielle dame décide en compagnie de Jim Stringer de retrouver la trace de celle qu'elle suppose être morte mais dont le corps n'a pas été retrouvé par la police. Ses recherches l'emmènent jusqu'à la luxueuse demeure des Ackenthorpe. Là, Jane Marple s'y fait engager comme bonne, ce qui lui permettra d'enquêter ''en toute discrétion'' auprès des différents membres de la famille...


Pour sa première aventure dans la peau de Miss Marple, Margareth Rutherford fait des miracles. Si le récit et surtout la résolution du meurtre ne font certes pas partie des plus subtils qu'ait écrit la romancière britannique, l'actrice anglaise transforme son personnage en un être profondément attachant bien qu'étant d'un caractère difficile. Le scénario de David Pursall, Jack Seddon et David D. Osborn apporte un certain nombre de différences dont l'une s'avère fondamentale puisqu'alors que dans le roman, celle qui assiste au meurtre n'est autre que Mrs McGillicuddy, une vielle amie de Miss Marple et héroïne de l'ouvrage écrit par Agatha Christie dont le titre original est 4:50 from Paddington, dans le film c'est la détective elle-même qui assiste au meurtre. De plus, vu l'âge avancé de celle-ci, elle y est aidé par la jeune diplômée en mathématiques de l'Université d'Oxford, Lucy Eyelesbarrow. La disparition de ces deux personnages dans l'adaptation n'est en ce sens, pas vraiment remarquable puisqu'à elle seule, la véritable héroïne du long-métrage s'en sort à merveille. George Pollock injecte à son enquête une bonne dose d'humour ''pince sans rire'' et quelques courts moments de tension, notamment lorsque dehors la tempête fait rage et qu'à l'intérieur de la demeure, Miss Marple doit composer avec l'absence de lumière et la présence d'un meurtrier. Comme souvent dans les adaptations d'Agatha Christie, le cadre est splendide, renforcé par un très beau noir et blanc et une ambiance musicale due au compositeur Ron Goodwin. Découvert à sa sortie par la romancière elle-même, Agatha Christie trouva Le Train de 16 h 50 désolant bien qu'elle s'attendit à ce que le personnage de Miss Marple ne soit pas scrupuleusement fidèle à l'image qu'elle en avait. Force est pourtant de reconnaître que cette première incartade de Margareth Rutherford dans l'univers de la romancière britannique est une franche réussite...

 

samedi 26 décembre 2020

George Pollock et Agatha Christie : Les Dix Petits Indiens (1965) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Une carrière cinématographique d'un peu moins de quinze long-métrages dont au moins cinq consacrés à la prolifique Agatha Christie. Le britannique George Pollock fut l'auteur en 1965 de la seconde adaptation de l'un des plus célèbres romans de l'écrivain, Ten Little Niggers, connu chez nous sous le titre Dix Petits Nègres avant qu'une récente et stupide polémique ne voit le roman désormais traduit sous celui de Ils étaient dix. Une controverse dont ne sera fort heureusement pas victime le long-métrage puisqu'il sortira au Royaume-Unis en juin 1965 et aux États-Unis en février 1966 sous le titre de Ten Little Indians et en France en mai de la même année sous celui des Dix Petits Indiens. Dans un remarquable noir et blanc, George Pollock convie dix interprètes dans autant de rôles à venir s'installer dans une très belle demeure au sommet d'une montagne par temps de neige. L'histoire est bien connue et en l'espace de quelques jours, les convives, tous invités par le mystérieux Monsieur Owen, vont mourir. Une énigme que les survivants vont tenter de résoudre. Un mystère qu'ils n'auront que le temps du répit pour percer...


''Dix petits nègres s'en furent dîner, l'un d'eux but à s'en étrangler. N'en resta plus que neuf...''


Pour son dernier long-métrage, le réalisateur convie une belle brochette d'interprètes parmi lesquels sept hommes et trois femmes. Parmi les premiers, on retrouve notamment dans celui qui incarne très clairement le personnage principal, l'acteur américain Hugh O'Brian. Aux côtés duquel s'imposent dans leurs rôles respectifs, des interprètes tels que les britanniques Wilfrid Hyde-White, Stanley Holloway, Leo Genn ou encore le germano-suisse Mario Adorf. Du côté des interprètes féminines, outre la disparition rapide de Marianne Hoppe dont le personnage d'Elsa Grohmann est la première à être victime du jeu pervers qui entoure le récit, on retrouve les magnifiques Shirley Eaton et Daliah Lavi. Tous incarnent un personnage ayant quelque chose à se reprocher. Celui dont on n'entendra que la voix (dans la version originale, il s'agit de celle de l'acteur Christopher Lee) se pose donc en juge et en bourreau de ces dix individus qui derrière eux ont semé la mort...


''...Neuf petits nègres se couchèrent à minuit, l'un d'eux à jamais s'endormit. N'en resta plus que huit...''


La superbe photographie d'Ernest Steward et la musique léchée typique de l'époque de Malcom Lockyer participent au charme de ce film policier entouré de mystère qui n'a malgré son âge, pratiquement pas pris de rides. Une œuvre que l'on comparera aisément à la poignée qui fut également inspirée avant et après par l'ouvrage d'Agatha Christie et qui confortera l'impression qu'elle a su demeurer intemporelle. Dans cette version de 1965, un peu de réflexion mène à un raisonnement logique. Mais comment ne pas se laisser porter par ce récit, surtout lorsqu'à travers une pichenette aussi malhonnête que grassement mentionnée durant les cinq dernières minutes, le spectateur se retrouve dans l'incapacité de dénouer le nœud de l'affaire avant que tout ne lui soit révélé à la fin ? Pris au piège par la perversité d'une histoire hautement manipulatrice, il n'aura en conséquence d'autre choix que de se faire sa propre opinion sur le bien-fondé du récit une fois l’œuvre achevée...

Silent Rage (Horreur dans la Ville) de Michael Miller (1982) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Après être apparu auprès de Bruce Lee dans une poignée de long-métrages de karaté et quelques films d'action, l'acteur Chuck Norris aujourd'hui âgé de quatre-vingt ans fut la vedette en 1982 d'un drôle d'hybride entre policier, science-fiction, horreur, épouvante et action. Quatrième long-métrage de Michael Miller qui ne consacrera ensuite quasiment sa carrière que pour le petit écran, Silent Rage (sorti chez nous sous le pompeux titre Horreur dans la Ville) se penche sur le cas de John Kirby, un déséquilibré suivi à l’hôpital par le docteur Tom Halman. Lorsque le patient appelle le spécialiste pour lui dire que ses pulsions de mort le reprennent, il est déjà trop tard. Logé chez une mère de famille, il la tue à coups de hache avant d'être abattu par la police. Dès l'arrivée de John Kirby à l’hôpital, les médecins ne sont pas confiants.Condamné à mourir, le docteur Philip Spires tente cependant de lui injecter un sérum expérimental permettant aux cellules de se régénérer rapidement et ce, malgré l'avis mitigé du docteur Tom Halman. Bien que la mort de John Kirby soit officialisée, celui-ci est bien vivant. S'échappant de l’hôpital, il sème alors la mort autour de lui. L'une de ses premières victimes n'est autre que le docteur Halman. Mais le psychopathe ne s'arrête pas là. Il est bien décidé à éliminer tout l'entourage du spécialiste. À commencer par sa sœur Alison que fréquente le shérif de la ville, Dan Stevens...


Ce dernier est interprété par Chuck Norris qui plus de dix ans avant d'incarner le Capitaine Cordell Walker dans la série télévisée Walker, Texas Ranger endossait déjà le rôle de l'autorité, une étoile de shérif accrochée à la chemise. À ses côtés, l'actrice Toni Kalem interprète le rôle d'Alison Halman tandis que l'on retrouve dans le rôle des trois médecins impliqués dans l'affaire, les acteurs Ron Silver (le docteur Tom Halman), Steven Keats (le docteur Philip Spires) et William Finley (le docteur Paul Vaughn) qui brilla notamment huit ans auparavant dans le chef-d’œuvre de Brian de Palma, Phantom of the Paradise. Dans le rôle du tueur, il s'agit de l'acteur Brian Libby qui jusqu'en 2007 consacra une grande partie de sa carrière à la télévision (il croisera d'ailleurs pour la seconde fois Chuck Norris dans l'épisode Trial of LaRue de la série Walker, Texas Ranger en 1997). Un tueur récalcitrant, dont l'attitude s'avère relativement dérangeante. Le bodycount étant presque digne d'un slasher d'honnête facture, Silent Rage peut donc effectivement être rangé dans la catégorie des films d'horreur même si en la matière, on est loin d'un Cauchemar à Daytona Beach auquel certains éléments semblent se référer (l’œuvre de Romano Scavolini étant sortie un an auparavant)...


En cherchant bien, on peut trouver plusieurs filiations entre le long-métrage de Michael Miller et quelques ''classiques'' de l'épouvante et de la science-fiction. Les premiers qui viennent sans doute à l'esprit sont d'un côté, Terreur à l'hôpital Central (Visiting Hours) de Jean-Claude Lord qui sorti lui aussi en 1981 mais plus étonnant, il ne serait probablement pas trop stupide d'imaginer que Silent Rage ait pu, dans d'infimes proportions, inspirer le récit de l'un des films de science-fiction/action les plus remarquables des années quatre-vingt sorti deux ans plus tard en 1984. En effet, l'aptitude de John Kirby à se relever de chaque affrontement avec le shérif Dan Stevens conforte son affiliation avec le T-800 de l'immense Terminator réalisé par James Cameron et découvert sur les écrans deux ans plus tard. L'amateur pourra même pousser l'investigation jusqu'à comparer les personnages du shérif et de sa petite amie Alison Halman au couple formé par Michael Biehn/Kyle Rise et Linda Hamilton/Sarah Connor dans le chef-d’œuvre du canadien. Pour le reste, le film de Michael Miller demeure cependant bien en deçà. À part quelques affrontements en mode karateka opposant le shérif à une bande de bikers et quelques meurtres violents mais dénués d'effusions de sang, Silent Rage reste bien trop poli. L'idée de base du scénariste Joseph Fraley est intéressante mais relativement mal exploitée. Le sujet du sérum n'est qu'un prétexte pour faire évoluer un serial killer indestructible dans un cadre pourtant classique. Nous ne sommes finalement pas loin de la série Walker, Texas Ranger, dont les scénaristes auraient ne serait-ce qu'une seule fois, imaginé un script à la lisière du fantastique...

 

vendredi 25 décembre 2020

His House de Remi Weekes (2020) - ★★★★★★★★★☆

 


 

Le plus grand film d'horreur de l'année n'est pas sorti sur les écrans de cinéma mais sur la plateforme de streaming Netflix. His House du britannique Remi Weekes est son premier long-métrage. Et pour un premier coup d'essai, celui qui n'a pas plus de trente ans a réussi un véritable tour de force en inscrivant son œuvre au cœur des légendes urbaines occidentales aussi bien qu'au centre de celles qu'évoquent les mythologies africaines. Plutôt que verser dans la caricature expiatoire où l'homme blanc est vu comme le symbole du grand méchant loup, Remi Weekes traite ses individus non pas selon leur couleur mais plutôt selon leurs origines. Preuve en est lorsqu'est confrontée l'héroïne Rial (formidable Wunmi Mosaku) à trois jeunes blacks qui lui ''conseillent'' sous la forme de railleries, un retour chez elle, en Afrique. His House verse dans le film de fantômes, certes. Mais plutôt que de façonner ces derniers comme d'autres l'ont plus ou moins bien fait avant lui, Remi Weekes les invoque selon l'état d'esprit de ses deux principaux personnages qu'incarne également Sope Dirisu dans le rôle de Bol...


Le britannique évoque à travers un récit particulièrement fourni, la douleur du déracinement, et plus encore, celle d'avoir perdu un être cher. Les fantômes revêtent donc une forme spécifique et ne demeurent plus simplement les bribes d'un passé dont serait étranger notre couple de réfugiés. Ceux auxquels Rial et Bol sont confrontés peuvent être identifiés comme des mauvais démons qui plutôt que de se résigner à simplement troubler l'esprit de leurs proies, prennent véritablement forme lorsque tombe la nuit. À ce titre, on n'omettra pas de remarquer la grande ressemblance de certaines séquences avec l'idée que se faisait des peurs nocturnes le réalisateur américain David F. Sandberg qui en 2013 prouvait qu'il avait tout compris en réalisant Lights Out. Un court-métrage qui se suffisait à lui-même mais auquel il s'empressa de donner une vision au format long déjà beaucoup moins convaincante. Mais à part ce détail et quelques autres comme une partie de la bande-son qui emprunte quant à elle notamment aux deux merveilles que sont le Midsommar d'Ari Aster et le Get Out de Jordan Peele, His House possède sa propre identité...


Artiste presque complet, Remi Weekes s'est également attelé à l'écriture du scénario à partir d'un récit écrit par felicity Evans et Toby Venables. His House propose une véritable vision. Mélange de neuf et d'ancien. La direction artistique de Thalia Ecclestone et Matt Fraser, la photographie de Jo Willems, la musique de Roques Baños et surtout le travail époustouflant sur l'ambiance sonore font du long-métrage de Remi Weekes, une œuvre complète qui ne souffre d'aucun point négatif. Un travail où le sensitif est au moins aussi important que les différentes évocations. Lesquelles n'ont pas toujours besoin d'évoquer le fantastique pour s'avérer bouleversantes ou encore terrifiantes. Plus qu'un simple film d'horreur, His House est peut-être encore davantage un drame où s'imposent des questions sur l'identité, le déracinement, le péché et la rédemption. Une très belle réussite qui vous glacera autant les sangs qu'il vous séduira par son approche esthétique et ses diverses interprétations...

 

Junk de Atsushi Muroga (2000) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Le réalisateur japonais originaire d'Osaka Atsushi Muroga réalisait en 2000, rien moins que l'un des meilleurs films de zombies du vingtième siècle, juste avant qu'un nouveau millénaire ne vienne prendre le pas sur l'ancien. Une petite touche de George Romero, une grande rasade de Lucio Fulci, tout cela arrosé d'action et de polar. Voilà ce qu'est Junk, long-métrage improbable venu d'un horizon lointain pour contenter les amateurs de ''morts qui marchent'' s'éloignant ainsi ostensiblement des infectés qui cavalent à toute berzingue. Ici, c'est à un immense retour en arrière que nous convie le réalisateur japonais. Retour à l'époque où nos chers défunts déambulaient d'un pas très lent. Si Junk se rapproche de l'univers de l'américain George Romero et de l'italien Lucio Fulci, c'est parce qu'il emprunte à l'un et à l'autre quelques idées entrevues ici et là. Concernant le premier, on pense évidemment tout d'abord au chef-d’œuvre Dawn of the Dead qui vit le jour sur grand écran en 1978 en Italie, puis l'année suivante aux États-Unis, avant de débarquer tardivement en France quatre en plus tard en 1983. Les macchabées les plus ''frais'' de Junk arborant un visage verdâtre qui fait irrémédiablement penser à ceux des zombies Romeriens. L'usine où se situe une grande partie de l'action rappelle également sensiblement certaines séquences de cet immense classique dont l'intrigue se déroulait majoritairement dans un centre commercial...


En ce qui concerne Lucio Fulci, Atsushi Muroga lui a emprunté l'atmosphère poisseuse de son œuvre, accompagnée par une majorité de cadavres plus vraiment de première fraîcheur. C'est d'ailleurs l'italien auquel on pense finalement en premier. Les morts de Junk se déplacent avec autant de difficulté que ceux de L'Enfer des Zombies et arborent un visage attaqué par la vermine et des oripeaux dignes de ceux que l'on trouve également dans L'Au-Delà. Seule l'intrigue se démarque de ces géants du cinéma d'épouvante. Jun, Akira et Ramon viennent de commettre un hold-up avec la complicité de la belle Saki lorsqu'après leur fuite, il se réfugient dans une usine désaffectée où doit les rejoindre un chef de bande yakuza et ses hommes afin de leur acheter le fruit de leur butin. C'est malheureusement pour la jeune femme et ses trois complices, l'endroit qu'a choisi l'armée américaine pour expérimenter une substance devant permettre aux morts de revenir à la vie. Une expérience conjointement menée par un scientifique japonais qui souhaite ressusciter celle qu'il aime. Mais alors que la transaction entre les quatre cambrioleurs et les yakuzas se passent mal, des morts entreposés dans l'usine se réveillent au contact de la fameuse substance. Commence alors un cauchemar dont peu parviendront à survivre...


Junk est généreux. Qu'il s'agisse d'action, de gunfights ou de scènes d'horreur, Atsushi Muroga ne fait pas dans le détail. Ça défouraille dans tous les coins. Les morts-vivants sont suffisamment nombreux pour acculer leurs proies malgré leur incroyable lenteur. Même si l'on ne frissonne jamais vraiment devant les exactions de ces cadavres ambulants auxquels une simple pichenette suffirait pour qu'ils tombent au sol en morceaux, les séquences gore sont réjouissantes. Si les effets-spéciaux sont sommaires, surtout si l'on tient compte que le film ne date que de l'année 2000, on se réjouit de l'application avec laquelle le réalisateur japonais dissémine ça et là des séquences parfois très sanglantes. Ça pisse rouge. Quant aux zombies, ils atteignent un degré de décrépitude non négligeable. Peu à peu, le film verse dans un délire auquel le réalisateur ne se restreint à aucune limite. Comme si le thème des zombies lui échappait en bout de course. Mais qui s'en plaindrait ? Doté d'un rythme soutenu, Junk s'avère un régal pour les amateurs de films de zombies et autres morts-vivants. Un retour aux sources ''romeriennes'' et ''fulciennes'' tardif mais ô combien réjouissant...

 

Redeu-Ai de Kim Dong-Bin (2005) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Plus d'une décennie avant Yeon Sang-Ho, un autre réalisateur sud-coréen eut l'idée de tourner un film d'horreur entièrement située à l'intérieur d'un train. Après un drame en 1995 (Eommaege Aeini Saenggyeoteoyo) et un film d'horreur en 1999 (Ling), le réalisateur Kim Dong-Bin s'attelait non pas à mettre en scène des zombies comme dans le futur Dernier Train pour Busan, mais des fantômes. Ceux des victimes d'une horrible catastrophe ferroviaire qui quinze ans auparavant fit des centaines de morts. Alors que le train dont les rames encore fonctionnelles furent réutilisées jusqu'à aujourd'hui sont utilisées pour un dernier voyage, la jeune Oh Mi-Sun, fille d'un contrôleur qui perdit la vie lors du déraillement, est embauchée comme employée de la compagnie. Il s'agit de ses débuts, de nuit, à bord d'un train, et pour une première, la jeune femme va vivre une aventure particulièrement traumatisante puisqu'à bord, les fantômes des passagers morts lors de la catastrophe survenue quinze ans auparavant vont s'inviter, faisant alors des victimes parmi ceux qui ont pris place à bord des différents wagons...


Idée intéressante pour ce Redeu-Ai qui contre toute attente se révèle en réalité, terriblement ennuyeux. Le cinéma sud-coréen qui en matière de thrillers est une nation qui s'en sort particulièrement bien, semble avoir parfois beaucoup plus de mal à convaincre lorsqu'il s'agit de s'intéresser à l'horreur et l'épouvante. Si Yeon Sang-Ho prouvera le contraire onze ans plus tard, en 2005, Kim Dong-Bin a par contre des difficultés à maintenir un semblant d'intérêt puisque le déroulement de l'intrigue de Redeu-Ai se révèle poussif. L’œuvre est mise en scène avec une telle mollesse que l'on a parfois l'impression réelle que le film dure des heures. Et pourtant... ce long-métrage n'excède pas les quatre-vingt seize minutes... mais semble parfois atteindre les trois, voire quatre heures, le récit stagnant plus que de raison. Il faut patienter des dizaines de minutes avant qu'un événement fantastique ne survienne. Et encore faut-il se contenter de peu...


Le jeu des différents acteurs ou actrices est généralement décevant. Les interprètes, qu'il s'agisse de l'héroïne incarnée par l'actrice Jang Shin-Yeong ou des autres convainquent assez mal un public qui n'y croit pas vraiment. Mais alors que l’exiguïté du contexte aurait dû accentuer ce sentiment d'anxiété tant attendu, Redeu-Ai propose un contenu horrifique qui se résume à très peu de chose. Il y a pourtant quelques idées sympathiques, EVIDEMMENT pillées au cinéma japonais, comme cette victime qui dans les toilettes d'un wagon meurt étouffée par une perruque. Mais pour le reste, l' œuvre de Kim Dong-Bin est beaucoup trop bavarde et n'offre que de trop rares incartades dans le domaine de l'effroi. Et même si les choses s'accélèrent lors des dernières vingt minutes avec ce train qui file à vive allure et ces fantômes hostiles qui se réveillent enfin de leur léthargie, la médiocrité de la mise en scène, de l'interprétation et des effets-spéciaux plombe la totalité du concept. Profondément ennuyeux et inintéressant. Voilà ce que l'on retient tout d'abord de ce Redeu-Ai que l'on oubliera très rapidement une fois la projection terminée...

jeudi 24 décembre 2020

Altered d'Eduardo Sanchez (2006) - ★☆☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Amateurs d'extraterrestres provenant des tréfonds de l'univers, de petits hommes verts ou gris, gentiment Spielbergiens ou aussi belliqueux et hargneux que ceux de Ridley Scott, FUYEZ !!! Prenez la première navette pour la planète Pétoche et planquez-vous jusqu'à ce que toutes les copies de ce second long-métrage du cubain Eduardo Sanchez aient été détruites. Car si jamais vous matez Altered (suivi d'un ''Les Survivants'' totalement naze), vous risquez de ne pas vous en remettre. En ébullition, à force de vouloir dénicher le moindre intérêt à cette bande qui n'a d'horrifique que l'intitulé, votre cerveau risque fort de ressembler au contenu d'un appareil à fondue savoyarde à la fin d'un repas. Altered est une purge. Un étron. De la science-fiction versant quelques gouttes d'un sang vraiment pas plaisante à regarder. Un scénario qui pourtant au départ s'avère alléchant mais qui au final n'est qu'un puéril coup d'épée dans l'eau qui n'a aucune chance de redéfinir le genre, même lorsqu'il s'agit d'évoquer séries Z et nanars de haute volée...


On l'aura compris, le film d'Eduardo Sanchez est plutôt de la première de ces deux catégories. Le genre de long-métrage mauvais mais pas amusant. Le genre de projet qui dès le départ est voué à l'échec. Trois rednecks frappent à la porte du garage d'un quatrième avec à l'arrière de leur véhicule, un extraterrestre qu'ils viennent de capturer. Le spectateur apprend que depuis des années, une race de E.T particulièrement belliqueuse s'est installée dans le coin, tuant le frère d'un des trois types en question et ayant durant un temps, pris le contrôle du quatrième en fixant dans ses tripes, un étrange système de positionnement global (ou GPS) organique dont il a, depuis, réussi à se débarrasser. Toute l'intrigue se déroulant dans le garage de Wyatt (Adam kaufman), Altered prend des allures de huis-clos fantastique d'un ennui abyssal. Déjà pas aidé par une mise en scène inexistante, des dialogues totalement stupides et souvent très vulgaires, un scénario qui baisse les bras en milieu de course et une interprétation absolument pas convaincante, le film s'avère inutilement agressif lorsque Eduardo Sanchez tente d'y injecter une tension nerveuse. Une tentative systématiquement vouée à l’échec. On se fiche du sort des personnages, tous aussi cons les uns que les autres...


Le pire, c'est lorsque le cubain essaie de justifier le fait de vouloir conserver la créature vivante plutôt que de la tuer, ce qui aurait pour conséquence de résoudre l'épineux problème de ces quatre types et de l'épouse de l'un d'eux. Mais l'éliminer, et ça on le comprend assez vite, serait tuer la poule aux œufs d'or. Ou plutôt mettre un terme très rapide à ce tout petit détail qui justifie l'existence de ce qui au fond, n'aurait dû être rien d'autre qu'un court-métrage d'une quinzaine de minutes mais que le réalisateur rallonge de manière disproportionnée. Altered est donc catastrophique. Totalement raté, il n'a même pas pour vocation d'amuser les amateurs de nanars tant il se révèle ennuyeux. Le doublage en français ne rattrape pas les erreurs d'interprétation, bien au contraire : il aggrave la situation. Les effets-spéciaux révèlent une partie du désastre artistique que revêt le long-métrage d'Eduardo Sanchez. À part quelques mètres d'intestins, une créature hideuse aux dents longues et acérées, il n'y a guère que la lente agonie de l'un des personnages qui aurait pu retenir l'attention du spectateur. Mais là encore, le cubain rate le coche. Je vous le dis : FUEZ !!!

 

Exists d'Eduardo Sanchez (2014) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Ils sont cinq, ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont sportifs et ont choisi de passer le week-end dans une cabane appartenant à l'oncle de deux d'entre eux. Si tout prédisposait Brian, Dora, Todd, Elsabeth et Matt a passer un excellent séjour au cœur d'une forêt danse et à l'intérieur d'une cabane pourtant laissée à l'abandon depuis longtemps, rien ne va se dérouler comme ils l'avaient prévu. En effet, une créature que l'un d'entre eux identifie rapidement comme étant un bigfoot va leur mener la vie dure. Surtout lorsque la nuit tombe, moment propice pour cette bête féroce et poilue à l'étonnante vélocité et aux motivations demeurant inconnues... Après avoir réalisé l’outrageusement surestimé The Blair Witch Project en compagnie de l'américain Daniel Myrick, le réalisateur cubain Eduardo Sanchez a tracé sa route en solitaire et tourné une poignée de longs-métrages avant de revenir en partie sur ses premières amours puisque quinze ans après ce qui s’avéra tout sauf novateur (n'oublions pas qu'en 1981, le réalisateur italien Ruggero Deodato lança les bases du Found Footage avec son ''mythique'' Cannibal Holocaust), il mit en scène Exists, dont le concept est à peu de choses près, le même qu'en 1999...


Du found footage dont l'intérêt se limite à quelques jump scares ratés, une caractérisation aux abonnés absents, et donc par extension, des personnages auxquels on ne s'attache pas, voire carrément inintéressants. Caricaturaux devrions-nous dire puisque même dans le cas présent, on a droit au personnage un peu plus lourd que les autres, fumeur de joints, et droit aussi au couple adepte de rapports sexuels dans la nature. De menus détails qui n'améliorent pas une recette ô combien éculée. Exists oscille entre séquences diurnes et nocturnes, ces dernières étant généralement tournées à l'aide du procédé de vision infraverts. On pourra arguer de la stupidité d'un concept tel que le found footage dont celui de tourner à tout prix même au péril de sa propre existence ou ces coïncidences répétées qui permettent aux caméras échouant au sol d'être toujours placées sous des angles permettant d'assister aux atrocités perpétrées par le bigfoot du long-métrage...


Un ''Big Footage de Gueule''


Oups... ! Aurais-je fauté en révélant un détail crucial ? Et bien en fait, pas du tout puisqu'alors que le film n'a pas encore commencé, Eduardo Sanchez nous révèle d'entrée l'origine de sa créature. Il n'y aura donc pas de mystère autour de celle-ci. Filmée d'ailleurs assez rapidement lors des toutes premières minutes. L'un des rares points positifs de Exists est de parvenir à conserver un rythme éminemment plus vif que celui qui fit de The Blair Witch Project une œuvre tétanisante d'ennui. La tension est omniprésente lors de quelques rarissimes séquences justifiant la vision du film mais en dehors de celles-ci, le constat est affligeant : Exists n'apporte rien de neuf à un genre qui s'est très rapidement englué dans des redites profondément lassantes. Les effets-spéciaux se résument quant à eux au minimum, avec quelques tâches de sang ça et là et un bigfoot assez ridicule de loin mais dont le maquillage facial se révèle au final plutôt convainquant. S'il fallait convaincre les réfractaires à ce type de concept au scénario aussi limpide que minimaliste et dont une très grande partie de la trame est révélée durant les premiers instants, disons que l'intérêt principal de Exists tient dans les raisons invoquant l'attitude de la créature. Un détail qui ne nous sera évidemment révélé que lors des derniers instants. Au final, et sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, Exists est presque à prendre comme un ''Big Footage de Gueule''. À réserver d'abord aux fans exclusifs de Found Footage, les autres pouvant aisément passer leur chemin...

 

dimanche 6 décembre 2020

Peninsula (반도) de Yeon Sang-ho (2020) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Quatre ans après Dernier Train pour Busan, le réalisateur sud-coréen Yeon Sang-ho revient avec Peninsula, une ''séquelle'' qui n'en est pas vraiment une puisqu'il abandonne les personnages de son prédécesseur et nous conte désormais les aventures de Jeong-seok et Min-jeong, plongés dans une péninsule sud-coréenne désormais totalement envahie par les zombies et où seuls y survivent les plus téméraires. Cette fois-ci, le réalisateur éteint toutes les lumières et n'éclaire plus la scène qu'à l'aide de fumigènes et de fusées de détresse. Le soleil se fait effectivement rare. Non pas qu'il soit lui-même l'objet d'un cataclysme particulier, simplement, Yeon Sang-ho préfère filmer son nouveau long-métrage dans la pénombre. Ce qui en soit n'est pas dérangeant et apporte même une esthétique crépusculaire qui tranche radicalement avec celle de Dernier Train pour Busan. Par opposition à l’exiguïté du train dans lequel se déroulait alors une partie de l'intrigue, Peninsula propose une aventure à ciel ouvert dans une péninsule grouillant de zombies. Ou plus précisément d'infectés puisque les créatures en question ressemblent davantage à celles de 28 Jours plus tard de Danny Boyle qu'à celles de Zombie de George Romero. Des créatures qui cavalent et s'avèrent donc beaucoup plus véloces et dangereuses que les zombies, les vrais, qui ont tendance à marcher très lentement. Il arrive à Yeon Sang-ho de caricaturer l'attitude de ses infectés, ceux-ci frôlant parfois le ridicule (certains se relèvent de leur mort dans d'improbables contorsions de gymnastes tandis que deux ou trois d'entre eux se déplacent tels des primates!)...


Dire que l'on attendait Peninsula avec impatience est un euphémisme. Et pourtant, la désillusion est grande. Car si le film de Yeon Sang-ho n'est pas catastrophique, il manque par contre cruellement d'ambitions scénaristiques. Et si une partie du public n'est venue que pour voir des débordements sanglants et des courses-poursuites, d'autres auraient sans doute aimé un complément de psychologie ou du moins, une écriture plus riche caractérisant davantage ses personnages. Parce que dans le genre simpliste, le scénario de Peninsula se pose là. Un groupe d'individus, dont l'ancien soldat Jung-seok et son beau-frère (dont l'épouse et leur enfant sont morts dans d'atroces conditions) est chargé de récupérer un camion rempli de dollars américains dans la péninsule sud-coréenne désormais envahie par les zombies. Voilà, c'est tout. Et si Yeon Sang-ho assaisonne le tout d'une rencontre avec un bon gros méchant en la personne du sergent Hwang (l'acteur Kim Min-jae) ou avec une survivante (Lee Jeong-Hyeon dans le rôle de Min-jeong), Peninsula n'est pas le film riche que l'on espérait. Si bien entendu les effets-spéciaux sont là pour nous en mettre plein la vue, le récit est bien trop convenu pour que le film se révèle véritablement remarquable...


Ce qu'il a, de remarquable par contre, c'est cette impression de déjà-vu qui l'émaille de bout en bout. On ne reviendra pas sur l'apparence des créatures qui logiquement ne pouvaient ressembler qu'à toutes celles que l'on a déjà croisé par le passé ( le miteux World War Z de Marc Forster pour ne citer que lui) mais plutôt sur certaines des plus grandes idées du film qui à vrai dire, pillent énormément au cinéma outre-atlantique. Au hasard et dans le désordre, Peninsula s'inspire très fortement de Je suis une Légende de Francis Lawrence (à l'origine un roman de Richard Matheson déjà adapté deux fois au cinéma en 1964 avec The Last Man on Earth de Ubaldo Ragona et Sidney Salkow et en 1971 avec The Omega Man de Boris Sagal), de Mad Max 2 : le Défi que George Miller réalisa en 1981 (on peut également citer Mad Max: Fury Road du même réalisateur sorti il y a cinq ans) ou encore de New-York 1997 de l'immense John Carpenter. Entre arène de combat, courses-poursuites dont l'objectif est de récupérer un bien précieux, péninsule séparée du reste du continent, utilisation du son et de la lumière pour attirer les créatures, faites votre marché... trop de renvois à certains classiques nuisent à Peninsula qui ne ressemble alors plus qu'à un blockbuster ''testostéroné'' beaucoup trop chargé en références. Le réalisateur en profite pour nous balancer une critique en début de long-métrage sur la crise migratoire en faisant sans doute référence à celle que connut le pays en 2018 avec l'arrivée de migrants yéménites. Le film tente vainement de nous émouvoir comme pu le faire si bien son prédécesseur en mettant sur ''pause'' ses zombies. Pas très crédible mais bon. Peninsula tient surtout sur son superbe décor nocturne où la nature à repris ses droits et ses quelques courses-poursuites grouillantes de CGI en forme de longues cinématiques de jeux vidéos. À part ça, le film est loin d'être la claque attendue. Une semi-déception qui permet tout de même de passer deux heures tout sauf ennuyeuses...

 

samedi 5 décembre 2020

Affaire de Famille de Claus Drexel (2007) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

L'affiche du long-métrage Affaire de Famille ressemblant en tout point à celles des comédies franchouillardes des années soixante-dix quatre-vingt, le film aurait pu être condamné à finir sa carrière au format DVD, vendu à deux euros dans les bacs des supermarchés. Pourtant, à l'image de la dite affiche, ce premier long-métrage réalisé par Claus Drexel en 2007 est une œuvre qui joue du début à la fin sur les apparences. Pour commencer, évoquons l'un des rares points noirs du film : on a effectivement souvent l'impression d'être devant un téléfilm de luxe plutôt que dans une œuvre vouée à être projetée sur grand écran. Ce qui s'avère en définitive peu contraignant puisque le concept et ses interprètes font que l'on oublie très rapidement la légèreté de la mise en scène pour ne plus se concentrer que sur le déroulement de l'intrigue. Affaire de Famille est une comédie noire qui lorgne du côté du thriller. Miou-Miou, André Dussolier et Hande Kodja en sont les membres tandis qu'Eric Caravaca incarne le rôle d'un inspecteur de police et Julien Courbey, celui d'un voyou...


Tout commence ''tranquillement'' avec l'incendie de la serre des Guignebont, se poursuit avec la découverte d'un sac rempli de billets de banque et se termine par un projet d'escapade vers le Brésil. André Dussolier est Jean Guignebont, supporter de football, ancien avant-centre du Grenoble Foot 38. Miou-Miou interprète son épouse Laure. Elle tient une boutique de bric à brac, adore les romans d'épouvante et le chocolat. Hande Kodja est Marine, la fille des Guignebont. Un brin rebelle et plus proche de sa mère que de son père. Eric Caravaca campe le rôle de l'inspecteur Vivant qui enquête sur l'incendie survenu chez les Guignebont tandis que Julien Courbey est une petite frappe au look de gangsta rap qui aimerait récupérer le fruit d'un butin sur lequel a mis la main le père de famille..


Une famille originale pour un scénario qui ne l'est pas moins. Construit en trois chapitres et un épilogue, Affaire de Famille use du principe des différents points de vue d'une même séquence. Le premier étant vu à travers les yeux de Miou-Miou, puis d'André Dussolier et enfin de ceux de Hande Kodja. Le principal intérêt du long-métrage de Claus Drexel se situe au niveau de la perpétuelle réinterprétation des événements puisque à chaque changement de chapitre une vision nouvelle apporte des réponses différentes, elles-mêmes contredites par le chapitre suivant. L'interprétation juste ne bouleverse cependant pas les habitudes du spectateur même si découvrir André Dussolier dans ce registre, une arme à la main, peut amuser. Miou-Miou est attendrissante et Julien Courbey savoureux dans le rôle de ce pseudo rappeur portant cheveu ras et collier ''bling bling'' autour du cou. Pour un premier long-métrage, Claus Drexel réalise une comédie qui en dépit d'un visuel ''inesthétique'' est vraiment sympathique, légère, sans prises de tête, astucieuse et jamais ennuyeuse. Une jolie petite découverte...

 

Nihon no kowaiya de Takashi Shimizu (2009) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

 


Takashi Shimizu, cinéaste japonais à l'origine de la série de films Ju-On plus connus sur notre territoire sous le nom de The Grudge, une franchise de qualité qui s'exporta même jusqu'aux États-Unis ou furent produits et réalisés plusieurs remakes, tourna en 2009 Nihon no kowaiya (The Shock Labyrinth). Un nouveau projet tournant une fois de plus autour des fantômes. Mais alors qu'il avait réussi ce qu'il avait entreprit avec Ju-On, on ne peut pas en dire autant avec cette insipide production qui accumule tant de tares qu'il devient difficile de toutes les énumérer. On aurait cependant voulu croire à cette nouvelle histoire d'esprits malfaisant prenant désormais pour cadre un hôpital abandonné. Nous attacher à cette bande de gamins tourmentés par le souvenir d'un passé traumatique. Sursauter à la moindre apparition. Être bluffés par les effets-spéciaux, par la mise en scène de Takashi Shimizu ou par le scénario. Sauf que le réalisateur s'embourbe dans un récit beaucoup trop confus entre passé et présent. À grands renforts d'explications, il nous plonge en effet dans les couloirs d'un établissement hospitalier où sont semés quelques indices censés nous permettre de mieux décoder l'intrigue et ses ramifications. Comme ce naïf message d'amour qu'il filme à plusieurs reprises comme pour mieux nous l'enfoncer dans la tête...


Naïf, oui... comme l'ensemble du projet. L'image, en étant beaucoup trop lisse, s'avère d'une laideur repoussante. The Shock Labyrinth prend des allures de dramas pour jeunes adolescents. Les dialogues sont d'une pauvreté désarmante et sont accompagnés d'une interprétation particulièrement navrante. Il y a pourtant quelques bonnes idées. Rares, certes, mais qui laissent parfois présager d'un regain d'effort de la part du réalisateur couplé à un regain d'intérêt de la part du spectateur. Mais ces quelques bribes de ''génie'' sont éphémères et la forme que revêt en général le récit finit de nous convaincre que l'on n'est devant rien d'autre qu'un pur navet. Takashi Shimizu tente bien de nous attraper par les sentiments, mais comment y parvenir lorsque déjà, détail peut-être propre aux occidentaux, il est difficile de se retrouver dans ces personnages qui se comptent pourtant sur les doigts d'une seule main ? Des personnages dont le nombre double subitement lorsqu'il faut en plus de leur présence dans le présent, les additionner à leurs doubles situés dans le passé ? Là où The Shock Labyrinth se complexifie encore davantage, c'est lorsque le réalisateur ne se contente plus de passer du présent au passé mais lorsqu'il choisi de mêler les deux dans un même plan...


Si l'idée est plutôt bonne, le résultat est désastreux et carrément incompréhensible. Contrairement à nombre de longs-métrages dont l'incompréhension peut s'expliquer à partir d'une écriture complexe, celle de The Shock Labyrinth se veut à l'origine relativement claire. Sauf que de cette idée de vengeance tardive éclot une œuvre qui plonge le spectateur dans un épais brouillard. Et les explications, ici une fois encore répétées à l'envi, n'y peuvent rien. On perd très rapidement le fil du récit et suivre les aventures de Ken, Juki, Rin ou Miyu est une épreuve de tous les instants. De ce The Shock Labyrinth, on retiendra sans doute l'idée de mêler passé et présent même si elle se révèle mal exploitée et quelques rarissimes plans, tels ce fantômes qui traverse l'un des couloirs de l’hôpital en frôlant les protagonistes ou cette pluie qui se retrouve subitement en suspension. Pour le reste, ni la mise en scène de Takashi Shimizu, ni l'interprétation de Yûya Yagira, Misako Renbutsu, Ai Maeda ou de Suzuki Matsuo, ni les effets-spéciaux de Tsuyoshi Kazuno et ni la musique de Kuniaki Haishima ne convainquent. Une déception...

vendredi 4 décembre 2020

Irréversible : Inversion Intégrale de Gaspar Noé (2020) - ★★★★★★★★★★

 


 

Dix-huit ans après le choc Irréversible, le réalisateur Gaspar Noé remonte son film dans une ''Inversion intégrale'', son œuvre la plus connue se déroulant désormais dans l'ordre chronologique. Dix-huit ans... le temps de la maturité pour un long-métrage qui en proposant un montage ''classique'' prend le risque de perdre un peu et même beaucoup de sa saveur et de son intérêt. Hué, sifflé, insulté lors de son passage au festival de Cannes en 2002, Irréversible a fait l'objet de polémiques et surtout d'une incompréhension de la part de certains critiques comme d'un certain public qui n'y voyaient qu'ultra violence, ce que le film proposait tout de même objectivement d'ailleurs, mais pas seulement. En remontant le récit à l'envers, il poussait à l'examen de chaque séquence faisant suite à la précédente. Une réflexion qui prend bien évidemment avec Irréversible : Inversion Intégrale, un sens bien différent. À titre d'exemple, il suffit seulement de reprendre la ''fameuse'' scène de viol qui suivait pratiquement une scène de meurtre déjà bien gratinée. Pas simplement pour sa violence et son réalisme mais parce qu'elle regroupait déjà l'essence même du concept, cette séquence demeure sans doute la pièce maîtresse du long-métrage. Non seulement parce qu'en 2002, elle nous présentait une Alex/Monica Bellucci que le montage à rebours avait empêché de caractériser (d'où une vision très légèrement moins abrupte voire choquante du viol que dans le nouveau montage), mais aussi parce que la dite séquence évoquait au beau milieu du film l'absurdité du meurtre vécu comme sur un bateau ivre en début de récit...


Découvrir désormais Monica Bellucci de face sur la nouvelle affiche n'est pas anodin


On ne reviendra évidemment pas sur l'exceptionnelle interprétation de Vincent Cassel/Marcus, représentation de la fougue et de la jeunesse à portée de main, d'Albert Dupontel/Pierre et ''la raison qui vacille'', mais sans doute plus encore de Monica Bellucci/Alex, la beauté faite femme, humiliée, déchirée, dans son corps et dans son âme. De ce point de vue là, le montage de Irréversible : Inversion Intégrale ne change en réalité pas grand chose. Mais en replaçant cette ''petite chose'', ce ''petit détail'' qui fit toute la différence et donna à certains l'envie de quitter les salles avant la fin de la projection, dans l'ordre chronologique, Irréversible perd de son originalité mais gagne par contre en puissance. Cette puissance que l'on pensait inégalable après la version 2002 et les années suivantes mais qui sur l'échelle de l'indicible parvient à gravir quelques marches supplémentaires. Irréversible : Inversion Intégrale ressemble moins à un divertissement qu'il n'en avait l'air dix-huit ans en arrière.

 

Jo Prestia/ le Ténia: l'un des monstres ''ordinaires'' les plus saisissants


Désormais, le curseur du réalisme est arrivé à son comble. Désormais, on comprend tout de suite mieux le désir de vengeance de Marcus tandis que l'on mettra davantage de temps à comprendre la futilité/absurdité de l'acte meurtrier (ceux qui ont déjà vu le film, quelle que soit sa version, comprendront ce que je veux dire). Surtout, désormais la séquence du viol n'aura jamais paru aussi longue et pénible à regarder que dans cette version. Au point que si cela n'avait pas été le cas jusqu'à présent, désormais il n'est pas idiot d'évoquer la possibilité de détourner le regard. Si la caractérisation n'est ici pas un aboutissement, ouvrir sur une Alex allongée dans l'herbe plutôt que de faire connaissance avec elle dans un tunnel éclairé couleur rouge sang n'a plus le même effet. Alors qu'un étrange sentiment d'espoir naissait de ce voyage des Enfers jusqu'au Paradis, celui que nous propose désormais l'immense Gaspar Noé est une inévitable et définitive plongée dans les entrailles de l'Enfer. On aurait pu penser qu'en 2020, dans un contexte où la violence s'exprime si profondément sur les réseaux sociaux, Irréversible n'aurait plus l'occasion de nous troubler aussi radicalement. Qu'il laisserait ''presque'' indifférent. Ç’aurait été une erreur. Car de ce montage ''à l'endroit'' éclot une œuvre sans doute encore plus grande. Un chef-d’œuvre...

 

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