Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 31 mars 2019

Rosso Sangue de Joe d'Amato (1981) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



Il y a des films que l'on devrait s'interdire de regarder passé un certain âge. Pas ceux que l'on découvrait des décennies plus tôt et qu'une certaine nostalgie nous pousse à redécouvrir bien des années plus tard mais ceux dont on a entendu parler mais sans jamais avoir pu mettre la main dessus. Suite du cultissime mais néanmoins totalement foireux Anthropophagous, Rosso Sangue est de ces films qui cultivent leur légende grâce à un petit cercle d'amateurs de séries B, voire Z. Derrière le pseudonyme de Peter Newton ne se cache non pas un obscure cinéaste anglo-saxon mais Joe d'Amato, un cinéaste italien connu pour avoir tourné d'innombrables films érotico-pornographiques et quelques bandes horrifiques crapoteuses dont le le célèbre, et sans doute son meilleur, Buio Omega en 1979.
Deux ans plus tard Joe d'Amato signait donc le retour de son célèbre cannibale originaire d'une île grecque. Un colosse incarné par l'acteur italien George Eastman (de son vrai nom Luigi Montefiori) dont la particularité était de dévorer ses propres entrailles à la fin de Anthropophagous, l'une des rares scènes à être véritablement réussie (l'avortement « forcé » de l'une de ses victimes possédant une outrageuse réputation bien que totalement ratée).

Exit l'île grecque. Désormais, après avoir fuit un laboratoire dans lequel un prêtre (!!!) menait des expériences sur lui, notre psychopathe de près de deux mètres débarque dans une petite localité des États-Unis avec cet éternel besoin de trucider son prochain. Gravement blessé alors qu'il tentait d'escalader la grille d'une propriété, il est transféré à l'hôpital où il est opéré d'urgence, ses intestins débordant de son ventre (ce qui devient une habitude chez lui). Le chirurgien responsable de l'opération s'étonne de voir à quel point son patient se remet de ses blessures. Mais bientôt, alors qu'il se réveille de son anesthésie, le cannibale s'en prend au personnel de l’hôpital et réussit à s'échapper. Poursuivit par le prêtre, le colosse est bien décidé à retourner dans la demeure qu'il avait tenté d'investir en début de film...

C'est là que Rosso Sangue prend une tournure différente. Après un meurtre sordide (l'un des personnages féminins a le visage littéralement plongé à l'intérieur d'un four, gaz allumé), le tueur s'en prend à une gamine atteinte d'une grave maladie et qui à ce titre, s'en sort plutôt bien. Une dernière partie en forme de huis-clos opposant la gamine à notre psychopathe (dont l'appétit pour la chair humaine semble avoir disparu), devenu aveugle après que la jeune fille lui ait planté un compas dans les yeux... Sans aucun doute la séquence la plus intéressante de Rosso Sangue puisque tout ce qui lui précède est d'un ennui généralement abyssal. Si ce n'étaient les quelques meurtres plutôt sanglants et imaginés par un Joe d'Amato particulièrement pervers, cette vrai/fausse suite de Anthropophagous serait carrément bonne à jeter aux ordures. A dire vrai, il n'y a pas grand chose de positif à en tirer car même les scènes d'horreur ne permettent aux spectateurs que d'assister à une profusion de sang sans qu'aucun contact direct avec la chair ne soit véritablement visible à l'écran (en dehors d'une scène durant laquelle le visage d'une infirmière est transpercé de part en part à l'aide d'une perceuse chirurgicale...). Pas franchement terrible mais toujours mieux que l'infâme Anthropophagous. A réserver aux amateurs de séries Z tout de même...

La Pelle Sotto gli Artigli de Alessandro Santini (1975) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Dans l'univers encombré du Giallo, La Pelle Sotto gli Artigli fait figure de curiosité. Le cinéaste italien Alessandro Santini, réalisateur de quatre long-métrages en tout et pour tout entre 1971 et 1979 injecte à son histoire de meurtres perpétrés par un individu entièrement vêtu de noir, un aspect fantastique puisqu'il y reprend très librement le thème de Frankenstein ou le Prométhée Moderne de l'écrivaine britannique Mary Shelley. Toutes proportions gardées, son troisième long-métrage sorti en 1975 mêle donc enquête policière et trafic d'organes. Tout commence par la découverte du cadavre d'une prostituée dans un sous-bois (La Pelle Sotto gli Artigli grouillant littéralement de défauts, on remarque dès le début l'énorme erreur qui consiste à assister au meurtre de la prostituée entièrement dénudée avant que la police ne découvre son cadavre habillé de la tête aux pieds, rien ne venant corroborer le fait que son meurtrier ait décidé de la rhabiller après l'avoir tuée !!!) puis c'est au tour d'une seconde jeune femme de disparaître. L'amie du Docteur Silvia Pieri (l'actrice Geneviève Audry), l'un des principaux personnages, découverte un peu plus tard découpée en morceaux et transportée à bord de deux valises.

La police enquête, mollement, tandis que naît entre le docteur Pieri et le docteur Gianni Dani (l'acteur Tino Boriani), une idylle toute aussi mollassonne. Autant dire que l'on se fait royalement ch... devant cette intrigue policière qui n'avance jamais, entrecoupée de séquences entre les deux médecins amoureux elles-mêmes d'un ennui abyssal. La Pelle Sotto gli Artigli hésite à plonger de plain pied dans l'horreur, l'épouvante et le fantastique. Plus ennuyeux qu'un épisode de Derrick, plus insipide que n'importe quelle série française produite par AB Productions, et plus vide que tout un tas de Soap Opera brésiliens.

Si l'on n'atteint certainement pas le degré zéro du genre (Mario Landi fera très fort quatre ans plus tard avec son nullissime Giallo a Venezia), La Pelle Sotto gli Artigli demeure sans conteste l'une des pires expériences en matière de Giallo. Et la présence de l'acteur américain Gordon Mitchell et de son incroyable « gueule » n'y changeront rien. D'autant plus qu'il n'intervient qu'en de très rares occasions et que l'on devine au bout de cinq minutes chrono son implication dans les disparitions et meurtres de jeunes femmes (un record!). Pour vous la faire courte et vous éviter de suivre les chiantissimes aventures de nos deux docteurs et du commissaire Rinaldi (l'acteur Ettore Ribotta), sachez que La Pelle Sotto gli Artigli tourne autour d'un projet dément et sans doute révolutionnaire dans le petit monde du Giallo puisque le professeur Helmut, un ancien nazi (facile à deviner vu son patronyme), vise carrément l'exploit en pratiquant des recherches sur l'immortalité hypothétique de l'homme. Ce qui n'empêche pas La Pelle Sotto gli Artigli de produire quelques séquences qui font écho à ces films beaucoup plus récents (et crapoteux) dans lesquels sont séquestrées de jeunes femmes nues dans des caves afin d'y subir moult sévices, ceux du long-métrage d' Alessandro Santini ayant pour prétexte, des recherches scientifiques. Au final, La Pelle Sotto gli Artigli est très mauvais, ridiculement interprété (on voit souvent les personnages sourire même lors de séquences dramatiques), monté un peu n'importe comment, et surtout, très ennuyeux. A éviter...

samedi 30 mars 2019

Femme Fatale de Brian de Palma (2002) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Mon dernier Brian de Palma remonte à 2000. Soit, dix-neuf ans en arrière. Presque une génération, à quelques années près. Autant dire que j'ai du retard à rattraper même si l'auteur des classiques que sont Phantom of the Paradise (1974), Pulsions (1980), Body Double (1984) ou encore L'Esprit de Caïn (1992) n'a tourné que cinq long-métrages en dix-neuf ans (on attend toujours Domino, son dernier né). Le premier d'entre eux est sorti en 2002, s'intitule Femme Fatale et bénéficie depuis son passage à la moulinette des critiques, d'une réputation relativement peu élogieuse. Le public ne semble avoir suivi qu'en de très petites proportions l'idée centrale du film et la mise en scène de Brian de Palma tandis que la presse s'est partagée, entre enthousiasme et déception...

Pour bien comprendre les raisons pour lesquelles le film n'a pas fait l'unanimité, sans doute suffit-il de revenir sur l'une des premières séquences, d'une durée très légèrement inférieure à vingt minutes, et au cours de laquelle le spectateur assiste à un vol de diamants incrustés dans la robe on ne peut plus légère d'un mannequin venu au bras du cinéaste français Régis Wargnier (qui incarne donc son propre rôle) lors de la projection de son film Est-Ouest au festival de Cannes. Tournée par Brian de Palma, le spectateur aurait pu prétendre assister à un grand moment de mise en scène, et pourtant... la séquence est filmée sans engouement. D'une mollesse qui confinerait presque à l'amateurisme d'un jeune cinéaste voulant imiter ses pairs, la scène se traîne en longueurs sans qu'aucun des enjeux mis en place ne provoque la moindre émotion (ici, la tension) d'un public qui assiste alors à la séquence sans jamais rien ressentir. De plus, la scène est emplie d'incohérences impardonnables de la part du réalisateur. Comment peut-on en effet adhérer à l'idée qu'une jeune femme en éternelle « représentation » puisse passer autant de temps aux toilettes avec sur le dos une robe estimée à dix millions de dollars sans que personne (et surtout pas ses deux gardes du corps) ne s'inquiète de la durée de son absence ? Ou bien que l'un des organisateurs du vol puisse passer à seulement quelques centimètres de l'un des gardes du corps de la jeune femme sans que celui ne s'en rende compte (à croire que les 180° de champ de vision de l'homme ne s'appliquent pas à tout le monde). Et que penser de de cette scène durant laquelle le mannequin se retrouve dans les bras de l’héroïne complice du vol incarnée par l'actrice Rebecca Romijn ? Enfermées toutes deux dans les toilettes, à s'ébattre, tandis que de l'autre côté de la porte, et alors que la première débarrasse la seconde de sa robe de diamants par petits bouts, le voleur échange chaque parcelle de celle-ci par des faux ? La séquence ressemble à une chute de Mission Impossible que Brian de Palma aurait choisit de foutre aux ordures avant de la réemployer six ans plus tard en 2002. Une séquence enrobée d'un boléro très inspiré par celui de Maurice Ravel et composé ici par le musicien japonais Ryūichi Sakamoto. Notons de surcroît que la scène bénéficie d'un split-screen aussi timide qu'inutile...

Si par la suite le cinéaste fait preuve d'un peu plus de maîtrise en matière de mise en scène, le récit use de raccourcis parfois très gênants et dénotant d'une propension à la flemmardise lorsqu'il s'agit de développer certains aspects de l'intrigue. Une ellipse de sept années permet ainsi de justifier la disparition de l'héroïne incarnant désormais le personnage de Lily que les parents de cette dernière (incarnés par Jean-Marie Frin et Eva Darlan) confondent lors de la séquence succédant celle qui ouvre les hostilités. Une scène hautement improbable mais qui, reconnaissons-le, sème ce trouble dont seul a le secret Brian de Palma. Désormais épouse d'un ambassadeur, l'ancienne voleuse cache son identité pour que ses anciens complices ne puissent pas remonter jusqu'à elle. C'est là qu'entre en jeu l'acteur espagnol Antonio Banderas qui du haut de ses cinq ou dix centimètres de moins que Rebecca Romijn, paraît beaucoup moins charismatique que d'habitude dans son rôle de paparazzi. Pauvre individu que ce Nicolas Bardo qui malgré sa profession de charognard ne voit pas venir ce que lui réserve une Laure Ash/Lily beaucoup moins fragile qu'il n'y paraît. Mais déjà, j'en dis trop.

Femme Fatale réunit un casting pour le moins hétéroclite. Plus que le duo formé par Rebecca Romijn et Antonio Banderas, c'est bien la présence à l'écran d'une foule d'interprètes d'origine hexagonale qui fait l'une des particularités de ce vingt-sixième long-métrage du cinéaste américain né à Newark dans le New Jersey le 11 septembre 1940. Eriq Ebouaney et Edouard Montoute incarnent respectivement les anciens complices du vol Black Tie et Racine. J'ai déjà cité également Jean-Marie Frin et Eva Darlan dans le rôle des parents de la véritable Lily. On trouve ensuite l'excellent Thierry Frémont dans la peau de l'inspecteur Serra, un flic particulièrement tenace., et même Sandrine Bonnaire dans son propre rôle (minuscule et silencieux). Au milieu de ce casting pas tout à fait cent pour cent « frenchie », on trouve également les acteurs américains Peter Coyote dans le rôle de l'ambassadeur Bruce Watts et Gregg Henry, un habitué du cinéma de Brian de Palma (six participation au total dont l'inoubliable Sam Bouchard du chef-d’œuvre Body Double), dans celui du garde du corps Leonard Shiff. Au fil du récit, l'intrigue gagne quelque peu en épaisseur même si le long-métrage est loin d'atteindre les qualités des meilleurs de Palma et si les invraisemblances y sont légion. Une œuvre mineure, mais qui de manière générale, se hisse tout de même bien au dessus de la purge Mission to Mars que le cinéaste avait réalisé deux ans auparavant...

vendredi 29 mars 2019

Ricky Gervais : Humanity de John L. Spencer (2016)



Bon, je sais que ça n'est pas du cinéma, mais ça valait quand même le coup d'en parler...

Il y a encore quelques semaines, je ne soupçonnais pas l'existence de Ricky Gervais. Par conséquent, je ne savais pas que cet artiste était multi-facettes. Qu'il était chanteur, acteur, scénariste, réalisateur, producteur, et comme cela nous intéresse dans cet article, humoriste. D'origine britannique, je l'ai découvert il y a peu dans une compilation d'une dizaine de minutes regroupant des sketchs de plusieurs artistes spécialisés dans l'humour très noir et sans tabous. Un véritable coup de foudre pour lui, mais également pour Frankie Boyle, Jim Jefferies et bien entendu Jimmy Carr... L'une des principales difficultés lorsque l'on est français et pas spécialement à l'aise avec la langue anglaise (comprendre que l'on ne l'utilise pas couramment), est d'être capable de suivre un spectacle humoristique en lisant les sous-titres tout en étant totalement imprégné par la performance de l'humoriste.

En cela, il faut remercier Netflix qui outre ses nombreux long-métrages, séries et documentaires propose également des spectacles humoristiques qui permettent de s'extraire du carcan un peu trop étroit des humoristes français. Surtout qu'en matière d'humour noir, à part les Patrick Timsit, les Fabrice Eboué et quelques autres spécimens, en France, le genre se révèle assez rare. Sans doute cette bienséance et cette hypocrisie qui transforment peu à peu notre société et lui donne le visage d'une dystopie où la règle doit être la même pour tout le monde : ne surtout pas faire de vague, foutre la paix au Chiennes de Garde, aux religions (enfin, certaines plus que d'autres) et à tous ces faits d'actualité que la plupart d'entre nous préfèrent taire...

En Angleterre, visiblement, la donne est tout autre et certains humoristes comme ceux cités plus haut repoussent les limites de l’indécence et flirtent avec la correctionnelle pour le bonheur des amateurs d'humour noir, voire trash. Ricky Gervais et de la trempe de ceux qui les mots les plus durs ou les plus crus ne font pas peur. Mais plutôt que de prendre le même virage qu'un Jean-Marie Bigard drôle, mais aussi très vulgaire (dont certains ont récemment osé toucher l'intégrité, honte à eux), Ricky Gervais propose avec son dernier spectacle Humanity, une expérience extraordinairement drôle et beaucoup plus fine et intelligente que ne le laissent paraître certains propos durant ce spectacle qui dure environs soixante-quinze minutes. Cinquième one man show du britannique réalisé par John L. Spencer, Humanity permet à Ricky Gervais d'observer le monde qui l'entoure, qui NOUS entoure, avec une certaine clairvoyance. Et c'est très certainement ce qui fait de son dernier spectacle (qui date tout de même de 2016), un show efficace et particulièrement amusant. Le spectacle est parfois tellement drôle qu'une fois nos glandes lacrymales vidées, il faut à nos organismes puiser dans nos vessies pour en extraire l'eau nécessaire aux larmes qui couleront durant les sketchs suivants...

Découvrir les différents thèmes par l'artiste britannique en version originale sous-titrée aurait pu mettre à mal chacun de ses gags et pourtant, c'est l'inverse qui se produit. Son accent si particulier, sa bonhommie et son cynisme forment un tout. L'humoriste y aborde des sujets d'actualité tels que les réseaux sociaux ou la célébrité. Mais aussi la parentalité ou encore la vieillesse. Le ton est juste, caustique et les répliques drôles fusent à toute allure... Grâce à Ricky Gervais, vous comprendrez pourquoi suivre les instructions de sécurité à bord des avions ne servent à rien. Pourquoi l'humoriste a choisi de ne pas avoir d'enfant. Et même, pourquoi il vaut mieux inviter Hitler à sa table plutôt qu'une gamine allergique aux cacahuètes. Imparable !

Peter Falk versus Columbo de Gaëlle Royer et Pascal Cuissot - ★★★★★★★★☆☆



Tout documentaire sur Peter Falk et la série policière américaine Columbo est forcément un bien précieux pour celui qui connaît chaque épisode par cœur. Chaque réplique de ce flic pour le moins atypique, affublé d'un imperméable froissé, d'un cigare malodorant, d'un cabriolet Peugeot 403 décapotable, d'un chien prénommé... Le Chien (auquel notre fameux lieutenant tentera donner le nom de Fido sur les conseils de son vétérinaire dans l'épisode Symphonie en noir), et marié à une épouse que l'on ne verra jamais à l'écran... alors qu'il n'y a pas si longtemps la chaîne TV Breizh fêtait les cinquante années de la série à travers le documentaire Columbo, 50 ans d'une série culte, la chaîne Arte a récemment mis à disposition le remarquable documentaire Peter Falk Versus Columbo... Le compromis parfait entre ce flic issu d'un milieu modeste confronté à des assassins tous issus de milieux sociaux particulièrement aisés et souvent médiatiques (avocats, chanteurs, comédiens, écrivains, politiciens, etc...).

Plutôt que de nous plonger directement dans l'aventure Columbo, le documentaire de Gaëlle Royer (Picasso, Métamorphoses en Bleu et Rose) et Pascal Cuissot (Côa, la Rivière aux Mille Gravures) revient tout d'abord sur sa genèse. Et remonte même bien plus loin dans l'existence de celui qui l'incarna durant trente-cinq années puisque l'on découvre tout d'abord Peter Falk enfant. Lorsqu'à l'âge de trois ans il perd son œil droit à la suite d'une intervention chirurgicale indispensable devant le guérir d'une tumeur maligne. Puis plus tard, lorsque l'on apprend qu'en passionné de sport, il participe volontairement à des matchs de basket-ball dans une prison où lui et d'autres sont confrontés à des équipes adverses constituées de prisonniers.

Apportant divers témoignages, certains de ceux qui ont bien connu l'acteur nourrissent le documentaire Peter Falk Versus Columbo d'informations enrichissantes. De sa rencontre avec l'acteur et réalisateur John Cassavetes, en passant par sa rencontre avec le cinéaste Frank Capra, jusqu'à ses différentes nominations aux Oscars et son premier Emmy Awards qu'il remporte justement grâce à son interprétation du lieutenant Columbo...
Pour celles et ceux qui douteraient encore du bien fondé de cette série hors du commun (on connaît l'identité du tueur dès le début de chaque épisode et le lieutenant n'apparaît à l'écran qu'après de longues minutes d'attente) Gaëlle Royer et Pascal Cuissot nous gratifient en outre d'une analyse de la série et de son principal personnage tout à fait remarquable. Arte offre ce que le fan du lieutenant à l'imperméable fripé peu d'ors et déjà considérer comme l'un des meilleurs documentaires produits par une chaîne de télévision. Un indispensable...


 Le Documentaire

The Big Driver de Mikael Salomon (2014) - ★★★★★★☆☆☆☆



Adaptation d'une nouvelle de Stephen King, The Big Driver (Détour Mortel, à ne pas confondre avec la série de films d'horreur du même nom) est un téléfilm et cela se voit dès les première secondes. Ce qui peut nuire au récit qui en outre, débute comme une version qui se voudrait angoissante d'un épisode de la célèbre série télévisée Arabesque avec l'actrice Angela Lansbury. C'est moche, esthétiquement dénué de cachet visuel et le début de l'histoire est franchement pépère. Et ne parlons même pas de la partition musicale synthétique qu'aurait pu produire le groupe Tangerine Dream dans les années 2000. Une soupe indigeste, sans relief et surtout indigne de l'écrivain qui sert donc une énième fois de source d'inspiration. Moins fréquent sur le petit écran que dans les salles de cinéma, il est donc important d'évaluer The Big Driver à sa juste valeur.
Les moins patients mettront sans doute un terme à l'histoire dix ou quinze minutes suivant l'entame quand les plus courageux, ou plus simplement, les fans de l'auteur du Fléau, de Simetierre ou de La Tour Sombre (on parle bien de la saga littéraire et non pas de la purge cinématographique, hein?) iront jusqu'au bout... la meilleure option à vrai dire. Car si étonnamment l'histoire se révèle des plus linéaire et si les différentes étapes de son développement ne souffrent d'aucun « twist » exceptionnel, les choses s'arrangent tout de même peu à peu au fil du récit.

Une histoire qui démarre pratiquement dans une librairie où est conviée d'offrir une conférence à ses fans, l'écrivaine Tess Thorne. Pour s'y rendre, la jeune femme choisit de prendre sa voiture plutôt que l'avion dont elle a une sainte horreur. Pour la remercier, l'organisatrice Ramona Norville lui indique un chemin qui lui permettra de gagner une heure de route tout en lui offrant l'opportunité de passer à travers de jolis endroits. Une fois le chèque de sa représentation en poche, Tess reprend la route et entre les coordonnées GPS que lui a donné Ramona Norville. Si dans un premier temps tout se déroule dans les meilleures conditions, des planches cloutées installées au beau milieu d'un chemin provoquent un léger accident. L'un des pneus de sa voiture éclate. Alors qu'une camionnette a refusé de s'arrêter pour lui venir en aide, un individu prénommé Lester s'arrête sur le bas côté et propose à Tess de changer le pneu de sa voiture. La jeune femme accepte, mais alors que Lester, un type gigantesque a commencé à remplacer la roue, celui-ci change d'attitude et s'en prend à l'écrivaine. Violée et battue à plusieurs reprises, Tess est ensuite transportée dans une forêt et laissée pour morte dans une canalisation où se trouvent déjà le corps de plusieurs femmes plus ou moins décomposés. Lorsque Tess revient à elle, plutôt que d'avertir la police, elle choisit de se faire justice elle-même...

Voilà donc qu'à son tour Stephen King se lance dans le « Rape & Revenge », sauf qu'ici, le thème abordé le sera de manière beaucoup légère que dans la plupart des long-métrages souvent brutaux. Réalisé par Mikael Salomon, cinéaste et directeur de la photographie d'origine danoise, auteur notamment de la mini-série The Andromeda Strain en 2008 (remake télévisé du Mystère Andromèdei de Robert Wise, lui-même adaptation du roman de Michael Crichton), The Big Driver se bonifie avec le temps. On ne sait effectivement pas toujours si l'héroïne perd la tête (elle communique notamment avec la voix de son GPS!) et certaines séquences sont filmées de telle manière que l'on a l'impression de vivre le fantasme de Tess plutôt que l'accomplissement réel de son projet de vengeance. On a beau réfléchir et précéder l'action à venir, The Big Driver ne réserve bizarrement que de rares surprises. Le récit se déroule effectivement de manière fort classique à part quelques intervention inutiles de l'un des personnages du Club des Tricoteuses qu'elle a imaginé mettre en scène dans ses romans. En fait, le téléfilm repose surtout sur l'interprétation de l'actrice Maria Bello qui incarne une Tess convaincante et sur une ambiance parfois dérangeante (Tess traînée dans la forêt par son bourreau). On est loin d'atteindre des sommets en matière d'effroi (musique insipide et rythme parfois amorphe) mais les fans du King savent qu'ils ont tout de même échappé à ce qui aurait pu être du niveau de l'infâme Maximum Overdrive, seul long-métrage réalisé par le maître de l'épouvante « himself »... Un honnête téléfilm, sans plus...

jeudi 28 mars 2019

Evil Come Evil Go de Walt Davis (1972) - ★☆☆☆☆☆☆☆☆☆



Fraîchement débarquée à Los Angeles, sœur Sara Jane Butler prêche la bonne parole dans la rue, un accordéon entre les mains. C'est d'abord là qu'elle rencontre pour la première fois Penny, une jeune femme issue d'une riche famille qui lui fait don d'un billet de dix dollars. Plus tard, Sara Jane et Penny se croiseront à nouveau devant la boutique d'un vendeur de hot dogs. La première est invitée par la seconde à venir s'installer chez elle aussi longtemps qu'elle restera en ville. Sara Jane accepte et en contrepartie initie sa nouvelle amie aux bonnes paroles qu'elle tente d'inculquer à des hommes et des femmes qui ne pensent qu'à forniquer. Bien que les deux jeunes femmes tentent de leur faire admettre que Dieu est amour et déteste le sexe, rien n'y fait. C'est alors que Sara Jane initie cette fois-ci Penny à la méthode qu'elle a l'habitude de mettre en pratique afin de faire payer à celles et ceux (surtout les hommes en réalité) qui ne veulent pas les écouter et pratiquent le sexe en dehors du mariage. Une méthode radicale puisqu'elle consiste à tuer ces individus qui recherchent avant tout le plaisir sexuel. Sara Jane et sa nouvelle adepte se lancent donc dans des expéditions punitives, piégeant des hommes en les invitant à venir passer la soirée chez Penny où, après l'acte sexuel, au moment même où les mâles en rut s’apprêtent à jouir, Sara Jane les assassine de plusieurs coups de couteau...

Vu sous cet angle, ça a l'air alléchant. Sauf que Evil Come Evil Go fait partie de cette vague de films tournés dans les années soixante-dix en pleine période hippie et pour dix francs si sous. Le genre de pellicule crasseuse, au format 16mm possédant un grain si grossier que l'on a l'impression, parfois, d'assister à une projection de films de vacances tournés par un vieux pervers sous acide. Sous acide, d'ailleurs, a semble-t-il été écrit ce résidu de scénario qui sert un propos qui va à l'encontre même des principes de ses deux héroïnes. Alors que Sara Jane (l'actrice Cleo O'Hara) et Penny (Sandra Henderson) prêchent la bonne parole, on constate ensuite combien les deux jeunes femmes sont capables de donner de leur personne afin d'arriver à leurs fins.

En effet, derrière un scénario d'une minceur désespérante, se cache un soft-porn racoleur. Des scènes de sexe qui n'exciteront pas grand monde. À part peut-être quelques rednecks dérangés du bulbe qui en reluquant les deux héroïnes de cette bobine cafardeuse auront l'impression eux-même de leur faire l'amour à travers leur écran de télévision. Pas vraiment hard mais un peu plus poussé que le téléfilm érotique que diffusait à une certaine époque notre sixième chaîne nationale, le film de Walt Davis possède cette propriété extraordinaire d'être plus ennuyeux encore qu'un séminaire sur la culture des huîtres dans le bassin d'Arcachon. Et puisque je vous tiens et que l'on parle d'huîtres, sachez que nos demoiselles ont la fesse molle, la cuisse blafarde et la fève rougeoyante pourvue d'une toison plus riche encore que le pelage d'un puli ! À croire qu'elle y prennent en réalité du plaisir. Et là, on ne parle pas des personnages mais des actrices elles-même.

Ce que ça joue mal. Pourtant, on ne peut pas dire que le film soit d'une exigence scénaristique extraordinaire. Bien au contraire, c'est plat, sans relief, le film n'étant qu'une succession de scènes de cul sans le moindre intérêt, et durant lesquelles les filles se débattent mollement et les mecs ne bandent même pas ! Deux meurtres. Deux tout petits meurtres dont les dégâts ressemblent davantage à ceux perpétrés par le Fuad Ramsès du Blood Feast d'Herschell Gordon Lewis que des exactions du Maniac de William Lustig. Comme une grande partie des films qui semblent avoir été produits sous l'influence de drogues hallucinogènes dans les années 60/70, Evil Come Evil Go est une curiosité. Ce qui n'en fait pas moins l'une des pires expériences en matière de cinéma. Sans aucun intérêt ni valeur artistique. Poubelle !

La Polizia Chiede Aiuto de Massimo Dallamano (1974) - ★★★★★★★☆☆☆



A Rome, la jeune Sylvia, adolescente de quinze ans, est retrouvée pendue nue la chambre où elle avait l'habitude de retrouver son petit ami. La pièce étant fermée de l'intérieur, la police pense d'abord à un suicide, mais des indices viennent bientôt étayer la thèse du meurtre. Une salle de bain est découverte maculée de sang. Et d'un meurtre, on passe à deux. L'inspecteur Sylvestri est chargé de l'enquête aidé en cela par la juge d'instruction Vittoria Stori. La police recherche activement le détective qu'a engagé la mère de Sylvia pour que celui-ci suivre secrètement sa fille. Mais l'homme a disparu. Son ex femme ne veut plus entendre parler de lui, quand à sa maîtresse, elle est clouée sur un lit d’hôpital depuis des semaines et ne l'a pas vu depuis deux jours.

Et pour cause : l'homme est découvert découpé en morceaux dans le coffre de sa voiture. De plus, sa maîtresse qui jusqu'à maintenant a été moyennement coopérative est menacée par la présence d'un homme habillé en motard. Lorsque la jeune femme téléphone à l'inspecteur Sylvestri pour lui avouer qu'elle ne lui a pas tout dit, le motard pénètre dans sa chambre afin de la faire avouer où elle a caché un précieux document. Mais l'arrivée de la police sauve la vie de la jeune femme qui s'empresse alors d'indiquer l'emplacement d'une cache dans laquelle a été planquée une bande-magnétique compromettante. En effet, on y entend de jeunes filles être les victimes de prostitution enfantine.

Sylvestri met un point d'honneur à résoudre cette enquête alors même que le tueur de la jeune Sylvia et du détective continue à semer la mort sur sa route, éliminant un à un les témoins gênants...

Le giallo est un genre typiquement italien auquel des cinéastes venus d'autres contrées ont également tenté de rendre hommage à l'image du couple de cinéastes français Hélène Cattet et Bruno Forzani avec Amer en 2009. Ici, on a bien à faire à œuvre italienne du milieu des années soixante-dix. C'est au beau milieu de cette décennie que fut produit le plus grand nombres de gialli avec, parmi certains d'entre eux, quelques petites merveilles. La Lame Infernale se situe elle-même à la frontière du meilleur et du moins bon. Pas un chef-d’œuvre donc, mais pas non plus le pire de ce qui fut produit alors. Enquête policière, meurtres sanglant et quelques plans de nus font bon ménage dans ce récit qui plonge ses personnages dans l'univers sordide de la pédophilie. Un sujet tabou qui n'est donc pas l'apanage des années 2000 et que l'on osait déjà aborder à l'époque. Le cinéma italien affrontait d'ailleurs assez facilement ce difficile sujet en faisant interpréter à des adolescentes des rôles de garces ou de victimes d'attouchements.

A dire vrai, plus qu'un giallo, La Lame Infernale se situe plus dans un genre proche de celui qui nous intéresse ici, le Poliziottesco. La thématique étant surtout basée sur l'enquête policière sensiblement inspirée par des faits-divers, avec vengeance à l'appui et manipulation politiques menant souvent à une conclusion « stérile » de l'enquête. Et en effet, derrière cette dernière, plutôt rondement menée par Sylvestri (Claudio Cassenelli), on assiste à la main-mise qu'ont les machines judiciaire et politique sur la police, cette dernière ayant les mains nouées. La Lame Infernale est donc également une critique féroce de la société italienne de l'époque où déjà l'on surprotégeait les « élus » et la grande bourgeoisie.

L’œuvre ne conserve finalement du giallo que son tueur masqué et dénonce les manipulations dont font les frais certains dirigeants ainsi que la police. Le rythme est soutenu et l'ancien directeur de la photographie signe ici un bon petit polar qui tient en haleine jusqu'à la dernière minute.

mercredi 27 mars 2019

Cave of Forgotten Dreams de Werner Herzog (2010) - ★★★★★★★☆☆☆



On le sait, ça n'est pas nouveau, mais le cinéaste allemand Werner Herzog n'explore pas le monde qu'à travers la fiction. Il lui arrive parfois d'emprunter le chemin du documentaire. Une grosse quinzaine depuis son tout premier, Pays du silence et de l'obscurité, qu'il réalise à la suite de sa seconde fiction Auch Zwerge haben klein Angefangen et juste avant l'un des ses plus célèbres long-métrages, Aguirre, la Colère de Dieu qui, s'il est lui-même une fiction, prouve d'une certaine manière la fascination qu'exerce la nature sur ce cinéaste décidément pas tout à fait comme les autres. Car c'est bien ce réalisateur courageux qui a essuyé plusieurs tempêtes en faisant appel par cinq fois à l'instable Klaus Kinski (pour vous en convaincre, jetez donc un œil à l'effarant documentaire Mein Liebster Fiend daté de 1999). C'est lui qui mit à l'honneur une tribu de nains en 1970, plus de dix ans avant le cinéaste britannique Terry Gilliam et son Time Bandits. C'est également lui qui a signé une suite inutile au chef-d’œuvre d'Abel Ferrara, Bad Lieutenant, et c'est encore lui qui signa donc l'excellent documentaire La Grotte des Rêves Perdus (Cave of Forgotten Dreams) en 2010. Un documentaire consacrant merveilleusement la Grotte Chauvet située dans la commune de Vallon-Pont-d'Arc, dans le département de l'Ardèche.

La Grotte des Rêves Perdus est un documentaire exceptionnel à plus d'un titre, mais surtout parce que sa visite y est devenue strictement interdite. On comprendra pourquoi en découvrant ce fascinant voyage au cœur de notre histoire puisque les peintures rupestres (exécutées sur des parois rocheuses) datent de trente-deux mille ans.

L'intérêt de Werner Herzog pour la grotte de Chauvet remonte tout d'abord à la lecture d'un article écrit par l'écrivaine Judith Thurman, (notamment auteur d'une biographie sur Karen Blixen, ayant inspiré le film Out of Africa de Sidney Pollack) intitulé « First Impressions ». Bien que la visite de la grotte Chauvet soit interdite au public, le cinéaste acquière l'autorisation d'y pénétrer auprès du ministre de la culture française de l'époque. Comme le révèle très rapidement le cinéaste, La Grotte des Rêves Perdus est tourné dans des conditions un peu particulières puisque le cinéaste et l'équipe réduite que fera partie de l'aventure doivent se soumettre à d'importantes dispositions. Werner et les autres sont contraints de porter une combinaison et des chaussures spéciales et ne doivent surtout pas poser le pied hors de la plate-forme métallique fixée au sol. C'est l'occasion pour le spectateur d'apprendre en outre que si la grotte Chauvet est devenue interdite à la visite, c'est parce que la seule respiration des visiteurs causa à l'époque de son autorisation le développement d'un champignon sur les surfaces rocheuses !

Les restrictions sont nombreuses. La visite ne peut être effectuée que par quatre personnes maximum en simultané. Les lumières employées pour éclairer la grotte ne doivent pas dégager de chaleur trop importante. Werner Herozg est autorisé à tourner durant quatre heures quotidienne et ce, durant six jours. Bien entendu, il est formellement interdit d'entrer en contact avec la surface rocheuse. Accompagné d'archéologues, de gardiens et de spécialistes de la grotte, Werner Herzog réalise un documentaire fascinant, qui dégage un peu de cette atmosphère que partagent bon nombre de ses longs-métrages. Une œuvre apaisante, un voyage dans le temps, des images superbes et surtout, des peintures rupestres dont la préservation demeure incroyable. Une richesse qui s'explique par la fine couche de calcite (minéral chimique ou biochimique composé de carbonate naturel de calcium) qui recouvre les murs mais aussi les nombreux ossements d'animaux découverts au sol. Un superbe documentaire, témoignage désormais unique d'une grotte qui malheureusement ne pourra plus être visitée. Un bon moyen de faire le voyage sans bouger de son fauteuil...

mardi 26 mars 2019

Tonight She Comes de Matt Stuertz (2016) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



« It Follows Meets Cabin Fever » « An electrifying hommage to classic slasher horror » « A riotous entertaining assault on the senses » « Grotesque, imaginative imagery » « Funny, unpredictable  and flat out insane» « A balls out, bloody extravanganza ». Pour la traduction en français, je vous laisse vous débrouiller, Google est là pour vous assister. C'est en ces termes particulièrement élogieux que nous est présenté Tonight She Comes, le deuxième long-métrage du cinéaste Matt Stuertz après RWD en 2015. A travers une bande annonce américaine d'un peu plus de deux minutes en version originale non sous-titrée, on se croirait presque revenus au temps du premier Evil Dead de Sam Raimi. Une cabane au fond des bois, la nuit, des filles et des garçons, des symboles démoniaques... Ouais, franchement, on a envie d'y croire, et donc de louer la chose histoire de se rendre compte par nous même de la réelle valeur de ce long-métrage n'excédant pas les quatre-vingt deux minutes. Cette courte durée s'annonce plutôt positive. On pense immédiatement que son auteur aura su insufler à son œuvre suffisamment de rythme pour que le spectateur n'ait pas le temps de s'emmerder. Et puis, ça a quand même l'air de bien pisser. Le sang, et peut-être même aurons-nous droit à quelques débris de chair volant ça et là au grès des balles perforant les organismes...

Ouais, bon, faut pas s'emballer ! Parce qu'après avoir découvert le film de Matt Stuertz, la bande-annonce prend des allures d'escroquerie. Vous savez, un peu à la manière de Paranormal Activity qu'on nous avait vendu à l'époque en affirmant que Steven Spielberg lui-même avait adoré !!! Première chose : entre Tonight She Comes, It Follows et Cabin Fever, aucun rapport. Mais alors, lorsque je dis aucun, c'est AU-CUN !!! sûrement que le type qui a pondu cette accroche devait s'être tapé une soirée horrifique avec les deux exemples qu'il a cité pensant que ça le ferait carrément, quoi ! D'un côté, heureusement que ces deux là n'entretiennent pas de rapports avec Tonight She Comes. Parce qu'en comparant ce nanar, cette série même pas B, X ou Y, mais bien Z, le type aurait pu ruiner la réputation des œuvres respectivement réalisées par David Robert Mitchell et Eli Roth.

J'aime pas vraiment employer ce terme, mais bon, faut quand même avouer que Tonight She Comes est une belle merde. En haute définition, oui, je l'avoue, mais une merde quand même. Comme de couler un bronze sur un trône en or massif n'en fait pas un lingot d'or. Tiens, justement, rebondissons là-dessus. On va pas parler caca, mais pipi, vomi, et même (oups!) menstruations. Ou quand le talent est parti se faire bronzer à l'étranger et qu'il ne nous reste plus que la provoc' pour faire passer la pillule. Oubliez le romantisme : ici, quand une meuf, bourrée au préalable, a envie de séduire un mec, elle lui glisse à l'oreille : « hé ! Je mouille ». J'avoue, c'est vraiment classe. Prenez des notes jeunes adolescents car lorsque vous sortirez avec votre première petite amie, il ne faudra pas oublier, vous aussi, de lui glisser à l'oreille : « Hé ! Je bande !!! ».
A part ça, un mec un peu allumé, le genre à fumer des tarpés à longueur de journée (à se demander s'il n'est pas lui-même l'auteur du scénario), passe son temps à se masturber. A l'arrière de la voiture de son pote. Au bord d'un lac à l'opposé duquel font bronzette deux gamines un peu délurées (dont la « black » qui mouille!). Et même au dessus du corps d'une nana qui passera le reste du film à poil. Sans mauvais jeu de mots, une sacrée performance tout de même. On ne sait pas trop où se situe ce personnage incarné par Dal Nicole. Un macchabée ambulant ? Une démone ? Non, juste la réincarnation de l'épouse d'un redneck au timbre de voix impossible à supporter plus de trente secondes (et bien entendu, avant que son propre fils ne lui loge une balle dans la tête pour on ne sait quelle raison, le type aura eu le temps de nous agacer durant de longues, très longues minutes d'un monologue incohérent).

C'est joué mollement, avec la finesse d'une enclume. Les acteurs sont mauvais, et pas du tout au jeu. Les filles sont mignonnes mais le cinéaste leur offre des rôles qui ne les mettent jamais en valeur. Une nymphomane alcoolique qui... mouille, et ouais je sais je l'ai déjà dit deux fois, et l'autre qui vomit et vit très mal ses menstruations. En fait, l'intérêt unique de Tonight She Comes se situerait plutôt vers la fin, lorsque la seule interprète qui selon moi tire son épingle du jeu, l'actrice Jenna McDonald (en photo, juste ici) qui incarne le personnage de Felicity, propose au nullissime Nathan Eswine (terme peu élogieux qui s'adresse au personnage ET à celui qui l'interprète) et à Ashley (la fille aux règles douloureuses) de l'aider à empêcher la réincarnation de sa mère de pénétrer la demeure familiale (en fait, une pauvre cabane en bois). Matt Stuertz n'a pas de pétrole, mais des idées à la pelle, oui... et sans doute un stock conséquent de conserves de sauce tomates récupérées dans les supermarchés de son bled à consommer au plus vite... Du sang, il y en a. Mais pas autant qu'on aurait pu le croire en voyant la bande annonce. En fait, le cinéaste joue surtout sur l'imagerie un brin dégueu des menstruations de son héroïne, en repoussant les limites du mauvais goût lorsque Felicity enjoint à Ashley de lui procurer le sang qui lui coule entre les jambes (et j'en n'entre pas trop dans les détails). Autre détail qui peut par contre avoir un certain intérêt, du moins dans un premier temps : la partition musicale du compositeur Wojciech Golczewski (notamment auteur de celle du sympathique We are Still Here de Ted Geoghegan) qui confère à Tonight She Comes une atmosphère très particulière... Le film de Matt Stuertz s'adresse en priorité aux amateurs de séries Z ou aux spectateurs en manque de somnifères. Le premier film gore menstruel ? La première croque-mitaine nudiste ?A vous de voir...

Vidéotopsie numéro 13 de David Didelot (Réédition)



J'aurais aimé reculer l'échéance, faire durer ce tout dernier Vidéotopsie que je tenais entre les mains il y a encore quelques minutes, mais non... l'aventure est définitivement terminée. Comme un fait exprès, l'Histoire avec un grand H du fanzine créé par David Didelot il y a un quart de siècle environ prend fin à la lecture du numéro 13. Par chance, ou par malheur ? J'aurai tendance à dire dans un premier temps, par malheur. Car comme cela ne m'était pas arrivé depuis un certain temps, en bouclant l'article que je décidais de lui consacrer, je faisais l'erreur de supprimer le document texte plutôt que de l’enregistrer une bonne fois pour toute. D'où l'obligation de tout recommencer avec, comme d'habitude, moins d'inspiration que lors du premier jet...
Un numéro 13 qui démarre en grandes pompes avec un dossier « Le Film Autopsié » dressé par un David particulièrement documenté. Un dossier monstre d'une trentaine de pages pour un film monstre qui m'a réconforté au moins sur un point. Non, je n'ai pas perdu la tête. Longtemps, j'ai cru me souvenir d'une scène avec un cheval dans le cultissime Caligula de Tinto Brass sans jamais avoir l'opportunité de la redécouvrir. Évidemment, puisque David nous le rappelle dans ce dossier consacré à Caligula, l'Altra Storia, la dite séquence provient de l’œuvre de Joe d'Amato et non pas celle de l'autre rital...Un dossier fournit, moite du sang et de la sueur de ses interprètes. Ce numéro 13 de Vidéotopsie s'ouvre d'ailleurs sur une très belle reproduction de la jaquette du film sorti en VHS en 1984 chez l'éditeur Hollywood Video dont David nous rappelle qu'il s'agissait de « l'une des sociétés de distributions les plus emblématique des années 80... ».

C'est ensuite au tour des légendaires « Reviews Bis » de s'octroyer une place de choix avec pas moins de quinze chroniques signées David, Jean-Sébastien Gaboury, Didier Lefevre, Yvan (plutôt productif à cette occasion), Rodolphe Laurent et Christophe Guaquière, lequel nous gratifie d'une triple page consacrée à l'excellent Halloween 3 de Tommy Lee Wallace. Mais avant lui, on aura droit à deux Bruno Matteï sous pseudo Vincent Dawn, une chasse à la femme (un article à dédier aux misogynes), un Diable philippin, un Joe d'Amato nanti de quelques photos dont une Laura Gemser tenant entre ses dents, heu.... Enfin, bref! Un second au titre carrément explicite, ou encore un mondo que les amateurs de Face of Death devraient, je pense, apprécier tout particulièrement.

Une fois de plus, David revient ensuite sur l'une de ses collections fétiches, la fameuse Collection Gore de chez Fleuve Noir publiée entre 1985 et 1990. Un article ayant cette fois-ci la particularité de s'intéresser à Daniel Riche le fondateur de cette collection et de bien d'autres encore. Un article enrichi par une interview que le journaliste et écrivain donna en mai 1995 et que le lecteur découvrira donc ici dix-huit ans plus tard (alors que Daniel Riche a malheureusement disparu huit ans auparavant). On y retrouve un peu de ce que l'on pouvait déjà découvrir sur le bonhomme dans l'excellent ouvrage de Jean-Philippe Mochon, Le Bel Effet Gore (notez le sympathique jeu de mots) consacré à la Collection Gore et édité en 1988 alors qu'il ne restait plus à la collection que deux ans à vivre avant sa fermeture définitive !
Pour finir (ou presque), Stéphane Prieur nous convie à une relecture décalée des deux premiers films Halloween. Une vision toute différente et particulièrement ludique. Celle, du moins, d'un passionné qui avoue avoir vu chacun d'entre eux une douzaine de fois ! Une expérience qui aurait mérité d'être réitérée... Ce numéro 13 se clôt sur la rubrique « Et pour quelques infos de plus » (dont un passage consacré à la troisième édition du Bloody Week-end (je rappelle que nous sommes en 2013), ainsi que sur quelques fanzines critiques de fanzines... Un très bel objet...
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