Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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mardi 29 janvier 2019

Alad'2 de Lionel Steketee (2018) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



Avant d'aller « savourer » (non, j'déconne) Le Repaire du Vers Blanc de Ken Russell, petit détour vers la comédie française... non pas celle avec un trait d'union mais celle qui absorbe une partie de nos économies quand nous vient l'envie d'aller nous détendre dans les salles obscures. Trois ans après les aventures nanardesques d'Aladin dans Les Nouvelles Aventures d'Aladin, ça n'est pas Arthur Benzaquen qui remet le couvert dans cette suite intitulée Alad'2, mais le Lionel Steketee de triste mémoire qui vomit notamment sur les écrans français les pitoyables Nouvelles Aventures de Cendrillon en 2017. Cela n'étonnera personne (à part les décérébrés qui sont sortis de la salle le sourire aux lèvres, pardon pour eux), mais les dernières aventures du héros d'Aladin ou la lampe Merveilleuse sont à l'image du premier : navrantes, désespérantes, immatures, et indignes de bénéficier d'une sortie en salle.
En même temps, espérer ne jamais voir la suite des péripéties de Kev' Adams en terres marocaines était couru d'avance. Budget du premier Aladin, 16 millions de dollars américains. Soit, approximativement quatorze millions d'euros. Résultat au box office au bout de douze semaines : un peu plus de quatre millions quatre-cent mille entrées. Si l'on multiplie ce nombre en estimant la place à huit euros (ce qui peut varier en fonction de l'heure de passage et la salle de cinéma), le film aurait rapporté trente-cinq millions et deux-cent mille euros. Soit bien plus du double du financement initial. Ce qui ne pouvait évidemment que donner envie au producteur Daniel Tordjman de relancer la mécanique une seconde fois en ne revoyant le financement qu'à une hausse toute relative puisque Alad'2 a été financé à hauteur de dix-neuf millions d'euros « environs » (on va pas chipoter pour cent-mille malheureux euros, hum?).

Masochistes, les français ? Pétés de thunes aurais-je envie de hurler. Parce qu'après le succès du premier, qui peut aisément se comprendre, une fois découvert le désastre, on pouvait supposer que le public hexagonal se serait rendu dans les salles obscures en marchant à reculons. Si tel a été le cas pour une partie des français qui s'étaient rués dans les salle trois ans auparavant, deux million trois-cent mille d'entre eux y sont retournés l'année passée. Sans doute les décérébrés évoqués plus haut. Rien n'a changé. Ou plutôt si : c'est pareil, mais en pire. Les fans de blagues Carambar et les gamins qui se chahutent naïvement sous le préau de leur école ont sûrement été aux anges. En effet, Alad'2 ne vole pas bien haut. Et même si bas que la plupart des vannes échouent à faire rire le spectateur un minimum exigeant. On ne demandait pas au film la richesse des dialogues de certaines comédies cultes (au hasard, Le Diner de Cons, Un Air de Famille, Le Père Noël est une Ordure), mais quand même. Kev' Adam est égal à lui-même ; Tout comme Jamel Debbouzze qui n'a toujours pas compris que de reproduire sans cesse le même schéma ne fera jamais de lui un acteur. Les deux têtes d'affiches peuvent bien se ridiculiser, en réalité, on s'en fiche un peu. Mais que Jean-Paul Rouve, Isabelle Nanty, et même Gérard Depardieu viennent s'échouer sur cette île de désolation artistique demeure incompréhensible...

Heureusement de passage, on aura tôt fait d'oublier leur participation au projet. Impossible d'avoir pitié pour un Daniel Tordjman qui malgré des résultats moins importants que pour le premier long-métrage, a largement récupéré sa mise. Non, ce qui demeure navrant, c'est qu'en France, rares soient les cinéastes capables d'honorer un genre qui connut pourtant son heure de gloire à différentes époques. Louis de Funès, Pierre Richard, L’Équipe du Splendid, Jean-Pierre Bacri/Agnès Jaoui, ça vous parle ? Alad'2, c'est le degré zéro de l'humour. Une écriture bâclée qui se fiche allégrement du public. Un scénario tenant en deux ou trois lignes (et encore), un casting en partie basé sur le modèle du caméo dont la routine n'a plus la même saveur que lorsque le principe se révélait ponctuel. Pourtant, ce type de cinéma attire encore le public. Mais pour combien de temps ? Reste de très belles images... Mais ça fait cher la carte postale, non ?

Element of Crime (Forbrydelsens Element) de Lars Von Trier (1984) - ★★★★★★☆☆☆☆



Element of Crime (Forbrydelsens element) est le premier long-métrage du cinéaste danois Lars Von Trier. Une plongée en apnée dans la psyché d'un profiler immergé dans les méandres d'une enquête qui laissera sur lui, une empreinte indélébile. Première œuvre d'un cinéaste atypique. Provocateur, mais avant tout, un génie du septième art. Qui osera l'impensable en posant aux côtés de son compatriote Thomas Vinterberg, les bases du Dogme95 qui consiste en un dépouillement total en matière d'artifices. Mais en attendant, avec Element of Crime, premier volet de sa trilogie européenne du E avec Epidemic et Europa, Lars von Trier impose un style visuel déjà très étonnant, qu'il explorera au delà des frontières du cinéma puisqu'on retrouvera cette patte visuelle dans l'excellente série télévisée L’Hôpital et ses Fantômes (Riget) dix ans plus tard. Plus que l'histoire somme toute presque linéaire, c'est le soin apporté à l'esthétique générale du film qui saute aux yeux dès les premières secondes. Pas une œuvre en couleurs ni en noir et blanc mais en sépia, et parfois, en de rares occasions, Lar Von Trier use de monochromes bleutés. Le style visuel confère à Element of Crime un cachet glauque renforcé par un grain épais et des décors décrépits, entre humidité, moisissures, et rouille, traversés parfois par des couleurs de néons fulgurantes.

Lars Von trier est un esthète, travaillant chaque plan. Entre lumière glauque et obscurité totale. L'univers y est post-apocalyptique, et c'est au centre de ce monde de débauche qu'enquête Fisher, qui sous hypnose revient sur les deux derniers mois qui l'ont vu mettre en pratique les enseignements d'un ouvrage (l'élément du crime en question) écrit par son vieil ami Osborne. Sur les traces d'un certain H.G (Harry Grey), Fisher fait des rencontres, dont Kim, jeune prostituée asiatique qui accepte d'accompagner le flic dans le long et douloureux cheminement qui doit le porter jusqu'à la résolution d'une série de meurtres sordides dont sont victimes de jeunes filles, vendeuses de billets de loto. Harcelé par un supérieur revêche, Fisher perd peu à peu la tête, son esprit se mêlant à celui du tueur...

Sur un ton léthargique proprement ennuyeux, il faut le reconnaître, Lars Von Trier semble mêler des inspirations cinématographiques diverses. Mix improbable entre le Angel Heart d'Alan Parker, le M le Maudit de Fritz Lang, et le cinéma d'Ingmar Bergman, Element of Crime suinte de toutes parts. Davantage œuvre d'art que divertissement, le film est parfois à ce point alambiqué qu'il n'est pas rare que l'on décroche. La faute à un rythme trop lent, à des dialogues qui appesantissent le propos et à des mouvements de caméra paresseux... mais essentiels pour qui veut explorer chaque recoin, chaque détail visuel. Toutes ces petites touches que le cinéaste ajoute à un arrière-plan déjà relativement chargé. Element of Crime aborde le thème du dédoublement de la personnalité et du profilage. En la matière, ce dernier élément se révèle plutôt inédit à l'époque puisqu'il faudra attendre deux ans de plus avec le chef-d’œuvre de Michael Mann, Manhunter, pour véritablement découvrir cette profession qui consiste pour certains individus à littéralement entrer dans la tête des tueurs qu'ils sont chargés de traquer...
Si à la longue Element of Crime se révèle assez épuisant à suivre, Lars Von Trier entre cependant dans le cinéma par la grande porte. A noter que le titre du dernier long-métrage du cinéaste The House that Jack Built fait référence à une comptine entendue dans son tout premier long-métrage. Lars von Trier aurait-il définitivement bouclé la boucle... ?

lundi 28 janvier 2019

Skjelvet de John Andreas Andersen (2018) - ★★★★★★★☆☆☆



Trois ans après l'excellent film norvégien Bølgen (The Wave) du cinéaste Roar Uthaug, une suite sort directement au format E-Cinéma le 3 janvier dernier. Désormais, c'est le cinéaste John Andreas Andersen, lui-même d'origine norvégienne qui s’attelle à ce projet de film catastrophe, toujours incarné par Kristoffer Joner, Ane Dahl Torp, Jonas Hoff Oftebro et Edith Haagenrud-Sande qui formaient déjà tous les quatre les membres de la famille Eikjord. Cette suite, c'est Skjelvet (The Quake), et elle s'inscrit dans la continuité du film de 2015 même si beaucoup de choses ont changées depuis la catastrophe qui a fait beaucoup de victimes.
Torturé par le souvenir du drame provoqué par un immense tsunami auquel certains de ses amis n'ont pu échapper, Kristian vit désormais seul et accueille de temps en temps sa fille Julia qui vit désormais avec son frère et leur mère à Oslo. Le géologue vit désormais au pied des fjords et n'arrive pas à se remettre de la catastrophe et a tapissé les murs de son appartement de documents afin de comprendre depuis tout ce temps, ce qui a pu lui échapper. Lorsqu'il apprend la mort récente de l'un de ses collègues et amis géologues, c'est en rendant visite à la fille de ce dernier qu'il tombe sur une série de documents faisant références à des micro-séismes réunis par son ami avant sa mort que Kristian est alerté par ce qui semble inéluctable : une catastrophe semble en effet en préparation, et Kristian a beau avertir son entourage ainsi que certains spécialistes, tous mettent cet avertissement sur le compte du traumatisme. C'est aidé de Marit Lindblom (l'actrice Kathrine Thorborg Johansen ), la fille de son ami géologue décédé que Kristian tentera de sauver les siens ainsi que les employés de l'une des plus grandes tours de la ville d'Oslo...

L'expérience The Wave ayant été plus que concluante, c'est avec une certaine confiance que le spectateur se lance dans l'aventure The Quake, et même si Roar Uthaug ne fait plus partie du projet et que le long-métrage de John Andreas Andersen n'est que son second en tant que réalisateur. Il est amusant de lire les commentaires des internautes qui dans une grande majorité d'entre eux reprochent au film du norvégien de traîner en longueur et de le faire patienter durant une bonne heure avant que la catastrophe (ici, un tremblement de terre) ne vienne nourrir leur passion pour les « mouvements géologique de grande ampleur ». Car ce que cette séquelle tire d'avantageux de la situation à venir demeure justement dans cette première partie qui ne fait au final pas défaut au premier film puisqu'en 2015, déjà, Roar Uthaug avait pris son temps pour installer son intrigue.

Plus que la catastrophe en elle-même et ses conséquences sur cette chipie de Julia, qui au passage mériterait une bonne paire de gifles, c'est peut-être finalement la caractérisation du héros incarné en profondeur par Kristoffer Joner qui se révèle l'aspect le plus intéressant de cette suite. Totalement anéanti par le tsunami qui a ravagé la petite localité où il vivait en compagnie des siens (une catastrophe inspirée par un fait divers authentique), le personnage de Kristian y est décrit comme déchiré, incapable de subvenir aux siens et obsédé par un éventuel nouveau cataclysme. L'acteur y est une fois encore plus que convaincant. Contrairement à ce que certains pourraient prétendre, le film n'est jamais ennuyeux, à moins que l'on ne s'intéresse exclusivement qu'à l'aspect catastrophique de ce type de projet, bien entendu. Ce qui réduit fortement la possibilité d'aimer ou de simplement apprécier The Quake pour ses qualités humaines
Concernant la catastrophe à proprement parler, les effets-spéciaux sont remarquables mais un brin outranciers dans la conception de l'effondrement de la ville d'Oslo. Courte mais certainement pas aussi invraisemblable qu'une œuvre telle que le San Andreas de Brad Peyton, la séquence se termine, on le devine, par la tentative de sauvetage de Julia par son père. Bien moins convaincant que The Wave, le film John Andreas Andersen est une honnête production norvégienne qui ne parvient malheureusement pas à donner un second souffle au genre. Reste l'incarnation habitée du toujours excellent Kristoffer Joner...

dimanche 27 janvier 2019

Tykho Moon d'Enki Bilal (1996) - ★★★★★★★☆☆☆



Alors que les extérieurs de Bunker Palace Hôtel rappelaient parfois un Belgrade décrépit, embrumé, sous les bombes, et dystopique, ceux de Tykho Moon semblent parfois se diriger tantôt vers une architecture, du moins une ambiance, moyenne-orientale, et tantôt vers un Paris reconstitué sur la Lune, celle-ci recouvrant intégralement la ville de ses cendres. Alors que dans le ciel, notre planète n'est plus désormais que modérément perceptible et qu'une étrange maladie laisse sa marque bleue sur l'épiderme de la population, Anikst débarque en ville et croise le chemin de Lena, jeune femme aux mœurs légères, et de Glenbarr, un reporter tout droit venu des États-Unis d'Amérique. Tandis que le frère jumeau du dictateur McBee est mort, que celui-ci est atteint du même mal étrange qui touche une grande partie de la population, et bien qu'un chirurgien lui confirme la possibilité de vivre éternellement grâce à une drôle de machine de sa conception, McBee ordonne que l'on mettre la main sur Tykho Moon, qui contrairement à ce que l'on imaginait, est toujours en vie, semble être de retour en ville, et surtout, est le donneur potentiel qui pourrait enrayer la maladie qui ronge McBee...

Julie Delpy, Michel Piccoli, Richard Bohringer, Johan Leysen, Marie Laforêt... mais aussi, une fois encore après Bunker Palace Hôtel, Jean-Louis Trintignant, Yann Colette, et Roger Dumas. Le cinéaste et dessinateur Enki Bilal poursuit son travail de création visionnaire et poétique à travers un second long-métrage tout autant énigmatique et déconcertant que le premier. Autant dire que ceux qui refoulèrent avec force conviction son œuvre précédente ne verront dans Tykho Moon, rien de mieux à se mettre sous la dent. Pourtant, Enki Bilal, encore une fois, frappe juste. Ne ménageant pas son public, il lui offre un récit alambiqué, pétri de dialogues autistes et de séquences remarquables (l'enterrement du jumeau sur fond de musique baroque, ou encore un Paris poussiéreux et monochrome). Il y a du Gaspar Noé avant l'heure (le travelling en contre-plongée rappelant en couleurs éteintes ce que sera le sublime et très coloré Enter The Void), du Terry Gilliam, et sans doute même du Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro ( Le Bunker de la Dernière Rafale ).

Michel Piccoli en dictateur, est parfait. Éructant, crachant, délirant. Paranoïaque, schizophrène, et comme son personnage l'indique au beau milieu du parcourt, dissuasif et immortel. Yann Colette y est, comme toujours, magistral, le comédien surgissant du costume d'Alvin/Edward, le fils de McBee. Richard Bohringer reste fidèle à ce personnage que l'on aime et que d'autres détestent. Cynique, ambigu, et dont la personnalité, ici, demeure ardue à définir. Julie Delpy, le charme, la féminité, la sensualité, incarnés dans un monde asséché et majoritairement masculin. Les décors du film embrassent parfois le cinéma noir américain des années cinquante. C'est là qu'y traîne le charismatique acteur belge Johan Leysen dans le rôle de Anikst. Enki Bilal intègre des notes de couleur à son cinéma tout d'abord pensé en monochrome, mêlant décors réels et matte-painting comme ce fut déjà le cas dans son précédent long-métrage.

Histoire d'amour, science-fiction post-apocalyptique, catastrophisme, policier, contagion, thriller, Tykho Moon mixe imperturbablement les genres pour un résultat fascinant et perturbant. Les repères classiques sont balayés. Le divertissement y conçoit la réflexion. Difficile de se laisser guider simplement par le récit, la vigilance du spectateur y étant sans cesse introduite. Nanar? Chef-d’œuvre ? Exercice de style abouti ou puéril ? C'est à chacun d'y percevoir le potentiel. Pénétrez l'univers fascinant d'un Auteur avec un grand A...

samedi 26 janvier 2019

Edge of Sanity de Gérard Kikoïne (1989) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



A l'origine, il y a le monumental ouvrage de l'écrivain écossais Robert Louis Stevenson, l'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde. Non par la taille (ce court roman compte entre une soixante-dizaine de pages et un peu plus de cent selon les éditions traduites en français et dénuées de toutes illustrations supplémentaires), mais par son contenu. Une œuvre qui inspirera des légions de cinéastes, de metteurs en scène et de réalisateurs. Sur grand et petit écrans, ainsi que sur les planches de théâtre. Des chansons s'inspirèrent du récit de Robert Louis Stevenson publié en 1886. Des jeux vidéos et des bandes-dessinées également. Un ans après sa sortie, le roman inspire déjà le théâtre qui en propose une version incarnée par l'acteur britannique Richard Mansfield à Boston, aux États-Unis, puis l'année suivante au Lyceum Theatre de Londres.
Alors que tout le monde y est allé de son hypothèse sur l'identité du premier tueur en série officiel de l'histoire de l'humanité, un certain... Jack L’Éventreur (bien que le terme de Serial Killer ne soit apparu dans les dictionnaires qu'en 1961 et qu'il a été prononcé pour la première fois lors du procès de Ted Bundy en 1977), à la lecture du récit de Robert Louis Stevenson, édité deux ans seulement avant le premier meurtre officier de l'éventreur, il aurait été sans doute plus facile d'imaginer un cas de Copycat ayant agit après avoir lu le roman ou après avoir vu son adaptation au théâtre. Du moins, avant que ne soient soupçonnés, entre autres, Seweryn Klosowski, suspect idéal qui tua tout de même ses trois épouses avant d'être pendu en 1903, le juif polonais Aaron Kosminski, ou encore Thomas Neill Cream, un médecin connu pour pratiquer des avortement illicites.

Le cinéphile a de quoi contenter sa passion pour le sujet. Plus de vingt-cinq longs-métrages se penchent sur le sujet. Parmi les meilleurs, le Dr Jekyll and Mr. Hyde de Victor Flemming avec Spencer Tracy en 1941. Et parfois, quelques fantaisies pas toujours respectueuses mais néanmoins amusantes (Abbott and Costello Meet Dr Jekyll and Mr. Hyde de Charles Lamont en 1953 ou The Nutty Professor de et avec Jerry Lewis). Et puis, il y a le cas Gérard Kikoïne. Ancien transfuge du Porno français qui fit notamment tourner à la chaîne Brigitte Lahaie (La Clinique des Fantasmes), Marilyn Jess (Chaudes Adolescentes ) ou bien même, oui, oui, la Catherine Ringer des Rita Mitsouko dans Théâtre de l'amour en 1980. Vingt-cinq films X environs avant de se tourner vers la télévision et même le cinéma avec, justement, une vision toute personnelle du roman de Robert Louis Stevenson : Edge of Sanity, sobrement intitulé chez nous Docteur Jekyll et M. Hyde. Pas la meilleure idée qu'ait eu le cinéaste, mais peut-être la pire. Surtout pour les amateurs, et de porno, et du roman de l'écrivain britannique qui s'attendaient sans doute à une version bouleversant leurs hormones.

Le résultat est pire que ce que l'on aurait pu imaginer. Un film absolument indigeste, dans lequel le personnage campé par Anthony Perkins (lequel mourra trois ans plus tard du sida) n'est que l'ombre du Norman Bates qu'il incarna dans la série de quatre longs-métrages (dont l'un, on le sait, est prodigieux) Psycho. La nuit venue, maquillé telle une drag-queen avant l'heure, l'acteur arpente de nuit, dans la peau de Monsieur Hyde, les rues sordides de Whitechapel où vendent leur corps des prostituées de bas étage. Sous l'impulsion d'une substance, fruit des recherches du Docteur Jekyll, ce dernier se transforme en bête sanguinaire dont les prostituées, peu méfiantes (il faut pourtant voir la gueule de Perkins à ces moments là), font les frais...
Film de cinéma, le Docteur Jekyll et M. Hyde de Gérard Kikoïne ressemble en fait à un téléfilm désastreusement laid que n'importe quelle chaîne nationale française aurait pu produire et diffuser à une heure de grande écoute. Quitte à découvrir une version filmée pour la télévision, autant fallait-il suivre les aventures de Michael Caine dans l'excellent Jekyll & Hyde de David Wickes datant de 1990 (à noter que ce même David Wickes réalisa deux ans auparavant, en 1988, une très belle reconstitution télévisée de trois heures sur les méfaits de Jack L'éventreur dans le très réussi Jack the Ripper, et dans lequel, justement, on assistait à une très impressionnante représentation théâtrale de l'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde).

Gérard Kikoïne se contente de réaliser un film sans saveur, faussement provocateur, dégueulant littéralement de couleurs criardes. Aussi ringard que Le Repaire du Ver Blanc de Ken Russel, dont le Docteur Jekyll et M. Hyde de Kikoïne transpire littéralement l'esthétique et le baroque de pacotille (Ken Russell qui en outre, réalisa pourtant notamment l'extraordinaire The Devils), et peut-être encore plus que le trop décrié Der Dirnenmörder von London avec Klaus Kinski que Jess Franco réalisa en 1976. N'est pas Peter Greenaway qui veut. Gérard Kikoïne n'a ni le talent, ni la folle imagination du cinéaste britannique alors même qu'il tente de l'imiter à chaque plan. Non vraiment, ça n'est pas rendre hommage que de regarder la version de Docteur Jekyll et M. Hyde signée du réalisateur français Gérard Kikoïne. On rêvait d'une introspection morbide, on se retrouve devant un produit vendable au prix de trois euros à l'avant des caisses de supermarché. On regretterait presque que l'auteur de Indécences 1930 ait abandonné le porno pour se lancer dans le cinéma dit « classique »...

Bunker Palace Hôtel d'Enki Bilal (1989) - ★★★★★★★★☆☆



Le Bunker Palace Hôtel est un édifice luxueux conçu par l'architecte Holm à l'attention des hauts-dignitaires et sur recommandation du Président en place. Comme son nom l'indique, le Bunker Palace Hôtel a été bâtit pour que nul autre qu'eux ne puisse y pénétrer (le Bunker). Un refuge éblouissant (le Palace) dans lequel chacun peut vivre, manger, et dormir (l’Hôtel) dans l'attente du Président. Alors qu'à l'extérieur les rebelles mènent un féroce combat pour défaire la dictature en place dans des territoires désolés, à l'intérieur, tout semble se déliter. Sous les bombardements incessants et répétés, les androïdes se mettent à dérailler, les esprits s'échauffent et la structure même du Bunker Palace Hôtel semble peu à peu tomber en ruines. Et le Président qui n'est toujours pas arrivé... Tranchant radicalement avec le cadre et ses habitants, Clara est la source de nombreuses questions et de doutes de la part des hauts-dignitaires qui se méfient très rapidement de la jeune femme. Heureusement pour elle, Clara peut compter sur l'inattendu soutien de Holm lui-même...

Étrange long-métrage que ce Bunker Palace Hôtel signé Enki Bilal, le dessinateur dont on retrouve ici la patte graphique. Avec une rigueur exemplaire, le cinéaste ne se laisse jamais à marchander avec le public et ne cherche en aucun cas à le divertir. Anticipation, post-apocalyptique. Des mots qui sonnent faux dans le paysage cinématographique français de cette époque là. Surtout que deux ans auparavant, le cinéaste Pierre-William s'était quelque peu ridiculisé en réalisant le très ringard Terminus qui pourtant, depuis, a gagné ses galons de nanar culte. Bunker Palace Hôtel aurait pu, lui aussi, devenir la risée de la presse et du public, pourtant, à le redécouvrir aujourd'hui, on sent combien Enki Bilal était en avance sur son temps. Peut-être même un peu trop pour l'amateur de cinéma lambda qui se retrouvait sans doute pour la première fois de sa vie devant une œuvre parfois intellectuellement labyrinthique.

Auteur de bandes-dessinées (La Trilogie Nikopol ), de jeux vidéos (La Foire aux Immortels), illustrateur, metteur en scène de théâtre et donc, cinéaste, ce touche à tout d'Enki Bilal quitte la France avec toute son équipe de tournage et se rend à Belgrade, capitale de la Serbie, pour y tourner son tout premier long-métrage. Bunker Palace Hôtel. Un titre aux contours aussi rugueux que les prises de vue parfaitement symétriques du long-métrage. Décors extérieurs bombardés, réappropriation du béton par la mère-nature tandis que résonnent au loin, tirs de mitraillettes et bombardements. Budget serré ? Choix artistiques parfois volontairement minimalistes ? Toujours est-il que du conflit qui oppose la hiérarchie aux ennemis de l'état, nous n'en verrons que quelques rarissimes conséquences (la mort de Marco, incarné par l'acteur Svetozar Cvetkovic), le cinéaste préférant sans doute accorder une place plus importante à l'univers sonore. Surtout lorsque s'enfoncent chacun de leur côté dans les abîmes, Clara et Holm.

Extérieurs proches du Brazil de Terry Gilliam. Intérieurs sobres. Costumes taillés de hauts-fonctionnaires. Androïdes défaillants, ventripotents, blafards, serviles. C'est dans cet univers froid et lugubre que pénètre un casting aussi inattendu que prestigieux. Jean-Louis Trintignant, le cheveu ras. Carole Bouquet, la teinture rousse. Et puis il y a les autres. Le Jean-Pierre Léaud de Godard. Benoît Régent, disparu trop tôt à l'âge de quarante ans. L'impeccable Yann Colette (que l'on reverra notamment dans les deux autres longs-métrages d'Enki Bilal). Ou encore Jezabelle Amato qui débutait là, sa carrière sur grand écran. Tous forment le contenu d'une œuvre emprunte de poésie funèbre, vivant sans le savoir dans ce qui deviendra sans doute leur tombeau. Enki Bilal signe avec Bunker Palace Hôtel une date importante dans le cinéma de science-fiction. Premier véritable pas, sans fausses notes, du cinéma français vers un monde dystopique très critique envers la politique dont le sujet ne cache jamais ses origines. Magistral de bout en bout et définitivement pessimiste, Bunker Palace Hôtel est un joyau noir de hard science-fiction qu'il serait temps de redécouvrir...

vendredi 25 janvier 2019

Angriff der Lederhosenzombies de Dominik Hartl (2016) - ★★★★★☆☆☆☆☆




En bon professionnel (?!?), je m’apprêtais à aller faire un tour en Autriche afin d'y apprendre la langue lorsqu'un pote m'annonce qu'à l'aide de Google Traduction, je n'avais pas besoin de faire mes bagages et que je pouvais très bien rester le cul assis sur ma chaise pour traduire le titre du dernier film de zombie que j'ai regardé dans la nuit. Pas plus con qu'un autre, je m'suis dis : « Et pourquoi pas ? ». Direction mon PC, avec un changement en gare Firefox, puis arrêt sur le merveilleux site enneigé de Google Traduction (comprendre, sur fond blanc). Angriff der Lederhosenzombies... Non, non, je vous rassure, je ne suis pas en train de vomir sur mon clavier. Il s'agit juste du titre original de l'avant dernier long-métrage du cinéaste autrichien Dominik Hartl (dont le nom demeure plus facile a épeler que la plupart des titres de ses films (Spitzendeckchen, Die letzte Party deines Lebens)). Traduit chez nous sous le titre un peu facile et gaguesque, Les Zombies font du Ski. Vous voyez la référence ? Mais si... le film avec des bronzés un peu ringards qui a en partie fait la renommée d'une troupe appelée le Splendid ?

Bon, je vois que je m'adresse en partie à des moins de vingt ans qui ne peuvent pas, etc... Comme dans l'excellent film de Patrice Leconte, avec Josiane, Michel, Gérard, Thierry, Marie-Anne, Christian et Bruno (et Dominique Lavanant qui contrairement à ce que certains pensent, ne faisait pas partie de la troupe) les héros de ces Zombies... qui contrairement au titre français ne font pas de ski mais du Snowboard, se retrouvent dans un décor enneigé, en pleine montagne, là où un entrepreneur tyrolien du nom de Franz Steiner tente de vendre son invention à Chekov, un investisseur directement venu de Russie. Mais les choses se passent mal car le bonhomme avale par accident un produit toxique fluorescent qui doit permettre la production d'une neige artificielle. Zombifié, le russe commence à mordre dans la chair des clients de l'unique bar de la station balnéaire, transformant ainsi la plupart d'entre eux en zombies.C'est ainsi donc que Steve (Laurie Calvert... tiens, un nom qu'il porte à merveille) et Branka (Castafiore... non, j'déconne!), interprétée par la chieuse de service, Gabriela Marcinkova, vont tenter de survivre par une chaude nuit d'été... par une froide nuit d'hiver, combattant auprès de l'autochtone Hilde (Patricia « un suppositoire et » Aulitzky, Mouarf !)...

Je vois déjà ceux qui ont aimé Manuel de Survie à l'Apocalypse Zombie, Bienvenue à Zombieland ou encore Shaun of the Dead, se frotter les mains ou se pourlécher les babines. Calmez donc vos ardeurs les enfants, car d'amusant, Les Zombies font du Ski n'a que le titre. Non pas que le film cherche à être le plus traumatisant du siècle (on a déjà vécu ça ailleurs à travers les stupéfiants Funny Game de Michael Haneke et Angst de Gerald Kargl), mais le long-métrage de Dominik Hartl est en la matière, absolument stérile. De l'humour tyrolien auquel l'occidental de base aura du mal à s'habituer (quoi, l'Autriche se situerait elle aussi en Occident ???). Entschuldigung (merci Google Traduction). C'est pas drôle, merde... Pffff ! C'que c'est long... Et chiant... et totalement largué, pas à la page, puéril, dépassé, bref.... RINGARD !!!Heureusement, il y a quelques petites séquences gore fort intéressantes qui permettent de relever l'encéphalogramme plat du film. Un soupçon de vie pour des morts aussi flippants que le Jeannot Lapin de notre Chantal Goya nationale, c'est vous dire. Chers autrichiens, il paraît que vos Schnitzels sont excellents. Tant mieux! Mais laissez tomber le cinéma comico-horrifique. Dérangez-nous, bousculez-nous, mais avec cette intelligence dont ont fait preuve les deux cinéastes cités plus haut. Ouais, bref, je n'ai même pas envie d'en dire davantage. Les Zombies font du Ski a tout de même des chances d'en convaincre certains. Heureux gagnants au concours du cinéphile le plus émotif...

Zonbiasu de Noboru Iguchi (2011) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Alors là ! Je dois dire que je ne m'étais pas préparé à un tel spectacle de mauvais goût. Pourtant habitué, je croyais tomber sur un mauvais film de zombies, mais, un mauvais film de zombies CLASSIQUE ! Sauf que le japonais Noboru Iguchi ne semble pas faire partie de ces cinéastes qui se contentent de verser dans le cinéma conventionnel. La preuve avec Zonbiasu traduit chez nous sous le titre Zombie Ass : Toilet of the Dead. Non, vous ne rêvez pas. Il s'agit bien ici d'une histoire tournant autour de zombies sortis tout droit des chiottes d'un petit village de campagne désormais infesté par des créatures se déplaçant à l'allure d'hommes et de femmes revenus d'entre les morts alors même que leur état semble davantage les rapprocher du phénomène des infectés. Zombie Ass : Toilet of the Dead est vraiment un film tordu, réalisé par un tordu, à l'attention des tordus. Principalement incarné par la très jolie actrice japonaise Arisa Nakamura, qui à cette occasion porte le classique uniforme d'une écolière, le sujet du long-métrage de Noboru Iguchi semble lui servir de prétexte pour assouvir de bien curieux penchants sexuels. 
 
A commencer justement par la tenue de son héroïne qui accouplé à sa juvénilité semble exprimer le goût du cinéaste pour une jeunesse qu'il prend beaucoup de plaisir et de temps à dévêtir. D'abord attiré par l'arrière-train de ses actrices, Noboru Iguchi filme au plus près les fraîches fesses de gamines que l'on espère tout de même avoir atteint l'âge adulte même si leur apparence laisse envisager le contraire. Autour d'Arisa Nakamura qui incarne le personnage de Megumi, anéantie par la mort de sa jeune sœur qui s'est suicidée devant elle à l'école où la jeune fille subissait les mauvais traitements de la part de certaines de ses camarades, Asana Mamoru, Mayu Sugano, Danny et Kentaro Kishi interprètent respectivement les rôles de Maki, Aya, Naoi et Take. Si la première est d'une superficialité crasse, la seconde,elle, est plutôt brillante. Quant aux garçons, entre un Take drogué et un Naoi poltron et affublé d'une coiffure façon « »Mireille Mathieu », les filles ne sont pas sorties de l'auberge.

Zombie Ass : Toilet of the Dead est aussi grotesque que jubilatoire. Mieux vaut être ouvert d'esprit et assez peu délicat de l'estomac car l'horreur que donne à voir le cinéaste se situe avant tout au niveau du colon de ses interprètes qui se lancent alors dans un véritable festival de flatulences agrémenté de séances de caca-vomi de très mauvais goût. Noboru Iguchi repousse le concept du parasite intestinal dans une mixture broyant des idées évoquées bien des années en arrière par David Cronenberg (Shivers), Eli Roth (Cabin Fever), et même, bien entendu, George Romero (Night of the Living Dead). Ses personnages expulsent de grandes quantités de gaz nauséabonds de couleur jaune signifiant leur haute teneur en toxicité. Il les confronte à un scientifique déployant des moyens étonnants pour que survive sa fille à l'étrange mal qui l'habite, et à des zombies dont la seule apparence mène le cœur au bord des lèvres. Avec pour preuve, ce zombie, le premier, à sortir du trou puant d'un chiotte de campagne dans lequel personne de censé n'oserait faire ses besoins. Une créature incarnée par Demo Tanaka et très justement surnommé « The Shit Zombie ». Zombie Ass : Toilet of the Dead est la preuve que l'on peut réussir à produire un film sans gros moyens mais avec un sens de l'imagination surdéveloppé. Alors oui, c'est gratuit. Oui, c'est vulgaire. Oui, c'est crade. Oui, c'est mal joué. Mais rien que d'imaginer dans la version traduite en français les doubleurs réciter leur texte suffit à faire sourire. Zombie Ass : Toilet of the Dead peut être ranger dans divers catégories : trash, horreur, gore, comédie et... érotisme ! Pour public averti uniquement !

jeudi 24 janvier 2019

Dead Snow 2: Red vs Dead de Tommy Wirkola (2014) - ★★★★★★★☆☆☆



A la suite de Dead Snow, le cinéaste norvégien Tommy Wirkola traverse l'Atlantique en 2013 pour tourner son premier long-métrage aux États-Unis et en langue anglaise. À travers Hansel et Gretel : Witch Hunters, il imagine la suite des aventures des deux principaux personnages du conte, alors parvenus jusqu'à l'âge adulte. Une idée originale dont le résultat à l'écran sera pourtant copieusement assassinée par la presse (mais un peu moins par le public). Ce sera aussi l'occasion pour le cinéaste de se retrouver face à la broyeuse hollywoodienne. De quoi prendre ses jambes à son cou et repartir vite fait au pays. Soit, la Norvège. Et afin d'y consacrer un second épisode à ses fameux zombies nazis. Toujours aux commandes du scénario aux côtés du fidèle Stig Frode Henrikse et désormais de Vegar Hoel, Tommy Wirkola propose un Dead Snow 2: Red vs Dead bien plus ambitieux, et dont la maîtrise éclate au grand jour alors que sa première incartade dans le domaine se contentait de n'être au final qu'un petit film, drôle, certes, gore, évidemment, mais assez faible en terme d'écriture.

Pour cette séquelle, Tommy Wirkola propose carrément de réécrire l'histoire de Standartenführer (Oberst) Herzog, l'officier du premier Dead Snow, un personnage de fiction dont le cinéaste fait un proche d'Adolf Hitler. Cette fois-ci, il ne s'agit plus pour ce zombie et son armée de mettre la main sur un magot mais de revenir sur un événement ayant eu un rapport avec la défense de la position des navires allemands situés dans les fjords dans le grand nord norvégien en 1942. Le plus gros d'entre eux fut attaqué par l'armée britannique d'après des informations collectées auprès d'espions norvégiens. Humilié, Hitler ordonna à Herzog de massacrer tous les habitants de Talvik, enfants et femmes compris. Mais interceptés lui et ses hommes, l'officier allemand n'eut pas le temps d’exécuter les ordres de son führer. C'est ainsi donc qu'il est décidé désormais d’honorer sa mission, plus de soixante ans plus tard. Mais face à lui se dresse Martin (toujours incarné par l'acteur Vegar Hoel) auquel a été greffé le bras arraché de Herzog (lui-même se verra greffer celui de Martin!), seul survivant du massacre du premier Dead Snow. Aidé par une équipe de chasseurs de zombies américains, il va se lancer dans le vaste projet de monter une armée de zombies afin d'empêcher l'officier nazi de remonter jusqu'à Talvik pour y tuer tous ses habitants...

Désormais, on change radicalement de décor. Finies les montagnes enneigées. Désormais, le film se tourne dans une petite localité norvégienne et n'oppose plus des soldats nazi zombifiés à une poignée d'étudiants en médecine mais à l'unique survivant du premier film. Plus drôle, plus gore (le cinéaste semble notamment fasciné par les éviscérations puisque de toutes les séquences gore, c'est celle que semblent préférer pratiquer les zombies), et donc plus fun, Dead Snow 2: Red vs Dead est un régal pour qui n'a pas trop envie de prendre le film au sérieux. Orjan Gamst fait également toujours partie du casting dans le rôle de l'officier allemand Herzog. Totalement irrévérencieux, et donc absolument jouissif, Dead Snow 2: Red vs Dead ne prend aucun gant avec le caractère de ses nombreuses victimes puisque personnes âgées, enfants et même handicapés (à deux reprises) passent entre les mains de zombies qui écrasent, déchirent, arrachent têtes et membres. On notera la présence du toujours excellent Kristoffer Joner (Next Door, The Wave) dans le rôle d'un zombie plutôt amical puisqu'à la solde de Martin. Un rôle que l'acteur semble prendre à cœur puisque de tous les personnages endossant le costume déliquescent de zombies, le norvégien est celui qui semble le plus crédible. Bien meilleur que le premier Dead Snow, cette séquelle laisse espérer un troisième long-métrage de qualité. En espérant bien entendu que Tommy Wirkola demeure derrière les commandes. Affaire à suivre, donc...

mercredi 23 janvier 2019

Dead Snow de Tommy Wirkola (2009) - ★★★★★★☆☆☆☆



La recrudescence du zombie durant le courant des années 2000 est telle qu'on les voit partout. A la télévision (The Walking Dead, I Zombie, Z Nation pour les plus connus), dans les jeux vidéos (la saga Resident Evil ne s'est jamais aussi bien portée), et bien entendu au cinéma. En 2009, on avait le choix entre l'américain Bienvenue à Zombieland et le norvégien Dead Snow. Alors que le premier situait son intrigue dans un Hollywood vidé de sa population mais investit par de la viandes plus vraiment fraîche, Dead Snow circonscrit la sienne dans les hauteurs d'une montagne enneigée où viennent s'amuser sept amis étudiants. Alors que Sara, Martin, Roiy, Hanna et les autres font la fête, un type plutôt louche débarque et refroidit l'atmosphère en leur racontant une étrange légende qui veut qu'une force de l'Einsatzgruppe (une unité de police politique militarisées du III Reich) pilla les biens d'un village à la fin de la Seconde Guerre Mondiale avant de tomber dans un traquenard fomenté par les villageois eux-mêmes. Selon la légende, certains des membres de l'Einsatzgruppe purent s'échapper et se réfugièrent dans les montagnes alentours, finissant par mourir de froid.

Plus de soixante ans plus tard, arrivés au terme de ce récit aboutissant par le départ du randonneur après qu'il leur ai conseillé de rester sur leurs gardes, les sept compagnons choisissent de continuer de fêter le début des vacances sans se douter des dangers qui les attendent. La découverte d'une boite renfermant un trésor volé par les allemands réveille alors ces derniers de leur long sommeil hivernal. Leur but : récupérer leur butin et ce, même s'ils doivent laisser derrière eux quelques cadavres...

Outre le décor original qui passe au bout d'une petite demi-heure du blanc manteau hivernal au rouge carmin, l'une des différences fondamentales entre les zombies du réalisateur et scénariste norvégien Tommy Wirkola (qui est également l'auteur du scénario en compagnie de Stig Frode Henriksen) et ceux que l'on a généralement l'habitude de croiser dans ce genre de production, c'est qu'ici, à part leur faciès de vieille momie décatie, rien ne distingue vraiment les zombies-nazis du commun des mortels. Enfin, lorsque j'évoque ce dernier, je veux parler de celui dont la prédisposition au meurtre est clairement démontrée. Car en plus d'arborer fièrement leurs origines, ces soldats dont on peut considérer d’exceptionnelle la qualité des tissus employés à l'époque pour concevoir leurs uniformes (qui sont restés tels quels malgré la brûlure du gel et les soixante années de sommeil), nos chers zombies hitlériens n'ont rien perdu de leur vélocité (ici, c'est certains, il s'agit bien de morts-vivants et non pas d'infectés). Ils utilisent en effet diverses armes blanches et sont même capables de grimper aux arbres, rendant caduque l'espoir désespéré de l'une des héroïnes perchée au sommet de l'un d'eux.

Assez chiant durant les vingt-cinq ou trente premières minutes, le film ressemble tout d'abord à un croisement contre-nature entre Evil dead premier du nom et Vendredi 13 (à peu près n'importe lequel parmi les cinq ou six premiers). Puis, ô miracle, ce qu'attendait l'amateur de gore lui parvient enfin devant l'écran. Même si le ton n'est jamais vraiment sérieux, Dead Snow n'est pas avare en matière d'effets gore. Têtes écrasées, étêtées, plantées d'un couteau. Tripes mises à nu et servant parfois... de cordage, oui, oui ! Ça pisse pas mal même si l'objectif premier des zombie, comme on le verra assez rapidement, n'est pas de se nourrir de viande fraîche mais bien de mettre la main sur le magot involontairement dérobé par l'un des gamins. Dead Snow est sympa, sans plus. Son petit côté « norvégien » n'est pas négligeable même si parfois, ce métal FM qui sied si bien (si mal?) aux amateurs de glisse est assez indigeste. Pour le reste, Dead Snow est un film d'horreur d'une honnête facture. Rien de transcendant non plus. A noter qu'une suite, Dead Snow 2: Red vs Dead, est sortie cinq ans plus tard en 2014 et qu'un troisième volet est prévu pour cette année...

mardi 22 janvier 2019

Bienvenue à Zombieland de Ruben Fleischer (2009) - ★★★★★★★☆☆☆



Encore un film de zombies. Encore ? Pas tout à fait. Car Bienvenue à Zombieland ressemble davantage à un road-movie « avec des zombies dedans » qu'à un véritable film du genre qui pullulent sur les écrans au point d'y générer plus de navets que de vrais bons films. Je ne sais pas si la faute revient au génial Manuel de Survie à l'apocalypse Zombie de Christopher Landon, mais celui de Ruben Fleischer, qui est sorti voilà maintenant dix ans tout rond m'est apparu parfois (mais pas toujours) comme assez fade. Plutôt bien fichu, bourré d'humour et de séquences gore réjouissantes, certes, mais au final, beaucoup moins revigorant que la merveille signée six ans plus tard par le fils de Michael « Charles Ingalls » Landon. Le cinéaste choisit le parti-pris de donner à la voix off de son principal personnage, une part très importante des dialogues. C'est un choix, que l'on peut apprécier ou non. Mais si Columbus, incarné par Jesse Eisenberg, est attachant, cette façon permanente qu'à son personnage, comme celui interprété par Woody Harrelson, de cabotiner peut à la fin, se révéler épuisante.
Le principe finissant pourtant par faire son petit bout de chemin dans la tête du spectateur (qui a comme solution de rechange de quitter la salle), Bienvenue à Zombieland est de ces petites bandes comico-horrifique très réussies, qui ne se prend visiblement pas la tête avec un quelconque scénario puisqu'à part la rencontre des deux hommes avec un duo féminin interprété par Emma Stone et Abigail Breslin, le principe est simple. Allez d'un point A, à un point B, tout en parcourant des terres hostiles peuplées de macchabées particulièrement vigoureux puisque capables d'être aussi vifs que leurs victimes.

Woody Harrelson est savoureux en redneck totalement « addict » de Twinkies, des génoises fourrée à la crème créées au États-Unis dans les années trente du siècle dernier. A la recherche de ces sucreries pour lesquelles il est prêt à prendre tous les risques, c'est au volant de sa voiture et accompagné du jeune Columbus que dans la peau de Tallahassee lui et son nouveau compagnon vont croiser la route de Wichita et Little Rock. Deux gamines plutôt malines qui a deux reprises vont leur voler le véhicule et leur arsenal de fusils, pistolets et mitraillettes jusqu'à ce qu'ils parviennent enfin à s'en faire des amies qu'ils accepteront d'emmener jusqu'au par d'attraction Pacific Playland où, paraît-il, on ne trouve nulle présence de zombies...

Ce que l'on ne trouve pas non plus dans Bienvenue à Zombieland, c'est également la moindre trace, ou presque, d'êtres humains encore vivants. Le seul que le quatuor découvre en chemin, c'est l'acteur Bill Murray qui dans son propre rôle « accueille » dans sa très luxueuse demeure, Tallahassee, Columbus, Wichita et Little Rock. L’œuvre de Ruben Fleischer contient un certain nombre de références. Tout d'abord cinématographique puisque l'on découvre notamment dans l'une des rues d'un Los Angeles abandonnée, l'affiche du film 2012 de Roland Emmerich dans lequel jouait déjà la même année Woody Harrelson. Quant à ce même Woody Harrelson, on l'entend jouer un air bien connu des cinéphiles, Dueling Banjos qui n'est autre qu'un air déjà entendu dans l'excellent survival Délivrance que réalisa le cinéaste John Boorman trente-sept ans plus tôt. Le caméo du génial Bill Murray est également l'occasion pour Columbus de faire découvrir dans la salle de cinéma privée de la star, l'un des classiques de sa filmographie, Ghostbusters.
Sanglant (les effets gore sont généreux et convaincants), souvent drôle, mais aussi parfois ennuyeux (certaines séquences auraient mérité d'être raccourcies) Bienvenue à Zombieland n'est peut-être pas le long-métrage du siècle, ni même le film de zombie des années 2000 (Manuel de Survie à l'apocalypse Zombie lui est, je trouve, infiniment supérieur), mais il réussit le pari de mêler l'horreur à une forme de spectacle qui prend son essence dans les parcs d'attraction. Un train-fantômes à ciel ouvert...
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