Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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lundi 30 décembre 2019

Xtro de Harry Bromley Davenport (1983)



Alors qu'un après-midi, Sam Philips et son fils Tony s'amusent dans le jardin de leur cottage, le ciel s'assombrit subitement avant qu'une lumière éblouissante n'apparaissent. Un vaisseau spatial apparaît et emporte avec lui le père de famille, laissant seul le jeune enfant. Trois ans plus tard, Tony ne s'est toujours pas totalement remis de la disparition de son père. Avec sa mère Rachel et Analise sa nounou, ils vivent désormais en ville. Rachel a refait sa vie avec Joe même si celle-ci est toujours officiellement mariée à Sam dont le corps n'a jamais été retrouvé.
Mais une nuit, une créature monstrueuse apparaît sur la surface de la planète. S'introduisant dans la demeure d'une femme, elle la viole, et l'accouplement donne naissance à un être qui ressemble dans les moindres détails à Sam. Son projet : retrouver Rachel et Sam et partir loin de la planète terre en compagnie de son fils...

Souvent considéré comme un pur navet, le film Xtro du cinéaste britannique Harry Bromley Davenport (il réalisera lui-même les deux suites en 1990 et 1995), est effectivement loin d'atteindre des sommets. Mélangeant la science-fiction et l'horreur comme a pu le faire quelques années auparavant Ridley Scott avec son chef-d’œuvre Alien, le Huitième Passager, Xtro n'en est pas pour autant une aussi belle réussite. Les œuvres de science-fiction montrant des actes sexuels entre humains et extraterrestres n'étant pas des plus communes, on retiendra l'étrange accouplement entre l'extra-terrestre du début et l'inconnue. Une parodie de fellation, seul moyen pour le E.T belliqueux d'engendrer la parfaite réplique du personnage de Sam interprété par l'acteur Philip Sayer.

Jusqu'à ce que disparaisse l'extraterrestre aux yeux globuleux et à la curieuse façon de se déplacer (il marche en effet à quatre pattes et semble être atteint de Genu Recurvatum), l’œuvre de Harry Bromley Davenport est encore supportable. Mais dès que l'on retrouve la petite famille, ça se gâte. L'interprétation de Danny Brainin (Joe) et rigide, et le doublage est généralement de très mauvaise qualité. Étonnant d'apprendre que cette minuscule production britannique a été produite par Robert Shaye, l'homme se cachant derrière le financement de la licence Freddy Krueger et de la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson. Xtro accumule des scènes d'un grotesque inouï. Tellement peu intéressantes et incohérentes qu'elles nuisent à l'ensemble du film, du scénario jusqu'à l'interprétation. Jouets de Tony prenant vie et s'attaquant à l'homme (une toupie dentelée qui égorge ceux qui ont le malheur de se retrouver sur son chemin, un tank et un soldat en plastique qui tirent à balles réelles). Mais le plus navrant sans doute, dans l’œuvre de Harry Bromley Davenport, c'est la recherche permanente d'originalité. Mais si le cinéaste est inspiré, c'est de la plus mauvaise manière possible.

En effet, comme si l'apparition de son étrange extraterrestre ne suffisait pas, voilà que de curieux événements l'accompagnent. Un clown-nain et une panthère noire s'ajoutent aux jouets-assassins qui de part leur présence dans un film qui n'avait pourtant déjà pas besoin d'eux pour rendre Xtro ridicule enfoncent le clou. C'est d'autant plus regrettable que le film aurait pu être une belle alternative pour ceux qui considèrent le E.T, l'Extra-terrestre de Steven Spielberg beaucoup trop sympathique. Et puis, quelques effets notables permettent parfois de reconsidérer la valeur de cette petite production.
Il s'agit bien d'un nanar. Mais l'apparence de l'extra-terrestre du début, le viol de l'inconnue et son accouchement demeurent quelques-unes des trop rares scènes qui nous font regretter que le film ne nous ait pas proposé plus d'options originales en dehors de ça. Xtro est donc un petit film que l'on oublie assez vite. Et dire que son auteur en a réalisé deux séquelles...

dimanche 29 décembre 2019

Le Prix à Payer d'Alexandra Leclère (2017) - ★★★★★★★☆☆☆



Lors d'un déjeuner dans son restaurant préféré où il convie son chauffeur Richard, l'homme d'affaire Jean-Pierre Ménard lui confie qu'entre son épouse Odile et lui leurs rapports sexuels se sont espacés pour n'être au final plus qu'un ancien souvenir. Ayant les mêmes problèmes avec sa petite amie Caroline, Richard semble avoir la solution à leur problème commun : couper les vivres à leur compagne respective. Dépensière, Odile vit mal cette situation, elle qui a pour habitude de dépenser chaque jours de grandes sommes d'argent. Accaparée par l'écriture de son premier roman, Caroline espérait le soutien de Richard qui la menace de la virer de l'appartement où il considère l’héberger elle, ainsi que ses deux enfants.Si dans un premier temps les deux hommes finissent par obtenir de ce qu'ils attendaient de leur conjointe, les rapports de couples vont très rapidement se dégrader et personne n'en sortira indemne...

Second long-métrage de la réalisatrice française Alexandra Leclère trois ans après Les Soeurs Fâchées en 2003, l'auteur du Grand Partage en 2015 et de Garde Alternée en 2017 réalisait en 2007 Le Prix à Payer. Une nouvelle fois encore une comédie autour d'un quatuor d'excellents interprètes. Un comité restreint constitué de Christian Clavier, Nathalie Bate, Gérard Lanvin et Géraldine Pailhas à peine perturbé par quelques seconds rôles pour la majeure partie anodins mais d'où surnagent les discrètes prestations de Patrick Chesnais et Anaïs Demoustier qui incarnent respectivement Grégoire, l'amant tardif d'Odile et Justine, la fille du couple Ménard. Le Prix à Payer est une comédie grinçante sur le couple ainsi que la misère affective et sexuelle qui l'étreint lorsque les années passent et que la passion s'est envolée. Apparaissent alors l'indifférence, puis la rancœur, et enfin la haine. Davantage axé sur le pouvoir de l'argent qui entre les mains de ces messieurs semble être un moyen de pression pour obtenir les faveurs de leurs dames que sur les sentiments, le scénario écrit des mains mêmes de la réalisatrice critique avec férocité et sinistres pensées les dégâts causés par un trop grand nombre d'années de vie commune.

La femme est ici asservie, non pas seulement par les désirs sexuels de leur conjoint respectif mais enfermée dans un carcan de femme d'intérieur, elle n'a d'autre objectif que d'obéir sans sourciller. Enfin... il est peut-être exagéré d'évoquer ce terme puisque précisément, et chacune à leur manière, Odile et Caroline vont prendre le taureau par les cornes et se battre. Si Alexandra Leclère n'avait pas elle-même mis en scène cet excellent quatuor adapté de son propre scénario, sans doute Le Prix à Payer aurait-il reçu davantage que les critiques subjectives que lui ont asséné un certains nombres d'individus. Signé par un homme, le long-métrage aurait sans doute été taxé de misogyne bien que le trait soit souvent forcé. Rares sont les occasions de rire à gorge déployée dans le cas qui nous intéresse ici. Et pourtant, la réalisatrice s'en donne à cœur joie et offre à son public des séquences qui auraient pu devenir anthologiques si elles n'avaient pas pour habitude de prendre des atours parfois grossiers. Le Prix à Payer ou, comment l'argent remplace les sentiments. Une sympathique comédie interprétée par d'excellents acteurs...

samedi 28 décembre 2019

TROMA : Class of Nuke 'Em High 3: The Good, the Bad and the Subhumanoid d'Eric Louzil (1994) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Autant, la firme Troma Entertainment nous avait habitué à ce que nos sphincters se relâchent à chacune de ses interventions ou presque (The Toxic Avenger en 1985, Terror Firmer en 1999 ou encore Poultrygeist: Night of the Chicken Dead en 2006), autant, là, c'est la constipation qui nous guette. En reprenant le flambeau en 1991 avec le plutôt réussi Class of Nuke 'Em High Part II: Subhumanoid Meltdown, le réalisateur américain Eric Louzil nous avait plutôt rassuré. Richard W. Haines et surtout Michael Herz et Lloyd Kaufman qui tout deux sont les grands pontes de la Troma, signèrent en 1986 l'une des œuvres séminales et emblématiques de la firme avec le premier volet de la franchise Class of Nuke 'Em High, Sorti à l'époque sur nos écrans français, oui, oui, j'y étais, et traduit sous le titre Atomic College, les fans de gore fauché et de délires ''post-apocalyptico-punk'' avaient eu très largement de quoi se satisfaire. Pourtant, bien après ce premier effort et avant que Lloyd Kaufman ne se réapproprie la franchise en 2013 en signant l'excellent Return to Nuke 'Em High Vol.1 (on attend toujours avec une immense impatience que le volume deux sorte chez nous !!!), Eric Louzil allait commettre un Class of Nuke 'Em High 3: The Good, the Bad and the Subhumanoid presque absolument indigeste en 1994...

Le récit prend son envol tout juste après les événements du second volet, lorsqu'un immense écureuil détruisit la centrale électrique de Tromaville et fut lui-même anéanti grâce à un gland piégé ! Alors que la quasi-totalité des ''sous-humains'' furent annihilés, Victoria, la seule survivante de son espèce, survécu grâce à l'intervention de son petit ami Roger qui lui procura un sérum qui lui sauva la vie. De leur union naissent ainsi deux bébés sous-humains dont l'un va être kidnappé par les professeurs Holt et Slag PhD afin d'être élevé dans la haine tandis que l'autre le sera dans l'amour de son prochain. Alors que Dick évolue au milieu des armes, bâtit pour se battre, Adlai se passionne pour l'entomologie et s'avère très amoureux de Trish, sa petite amie. Bien que sa mère soit morte en couche, son père Roger est devenu depuis le maire de Tromaville. Mais alors que la paix semble revenue autour de la nouvelle centrale électrique bâtie sur les centres de l'ancienne détruite par l'écureuil géant, les professeurs Holt et Slag PhD s'apprêtent à contre-attaquer. Dotés chacun d'un pouvoir qui illumine leur bras droit d'une couleur bien distincte (jaune pour Adlai, bleue pour Dick) et ignorant pourtant l'existence respective d'un frère jumeau, les enfants Smith ressentent chacun de leur côté l'existence de l'autre...

Pourtant adapté d'un script signé du légendaire Lloyd Kaufman et de sept autres scénaristes (!!!), Class of Nuke 'Em High 3: The Good, the Bad and the Subhumanoid (que l'on traduira chez nous sous le titre Le bon, la brute et le sous-humain en référence au Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone) est une immense déception. Si ce troisième chapitre s'avère tout aussi démesurément débile que les deux précédents, les scénaristes semblent avoir perdu de leur inspiration et le résultat à l'écran se fait très rapidement ressentir : dès lors, les seules séquences marquantes sont celles qui reprennent des éléments du second volet sous la forme d'un long, trop long flash-back. Ensuite, les dialogues sont pour l'essentiel constitués d'uns monologue déroulé par le héros du film Adlai, incarné à l'écran par l'acteur bodybuildé Brick Bronsky qui à cette occasion endosse également les costumes de Roger Smith, Dix et Baby Moishe. Concernant les effets-spéciaux,ils sont d'une teneur égale à ceux des précédents volets : ça sent le budget de misère ! Mais alors qu'auparavant ce déficit artistique était résolu grâce à l'imagination de Lloyd Kaufman et de ses acolytes, ce troisième volet est d'un point de vue scénaristique d'une stérilité à toute épreuve. Le spectateur s'y ennuiera comme jamais tout au long de l'histoire de la firme Troma. C'en est triste à pleurer et il n'est pas rare que l'on ferme l’œil durant la projection. Reste que le film demeure au dessus de bon nombre de productions fauchées et que Class of Nuke 'Em High 3: The Good s'inscrit bien dans l'esprit Troma. Depuis, fort heureusement, Lloyd Kaufman a repris les rennes de la franchise et a signé en 2013 un retour aux sources plutôt rassurant. En attendant la suite avec le bien nommé Return to Nuke 'Em High Vol.2 qui chez nous n'est toujours pas disponible, lequel se fait maintenant désirer depuis deux ans...

Mientras Duermes de Jaume Balagueró (2011) - ★★★★★★★☆☆☆



L'auteur de La Secte sans Nom, de Fragile, de [Rec] et futur réalisateur de Way Down Jaume Balagueró signait en 2011 son sixième long-métrage cinéma. S'éloignant sensiblement de l'épouvante et encore plus franchement du fantastique qui le fit connaître auprès des fans de cinéma horrifique, l'espagnol revenait donc avec Mientras Duermes (Malveillance), un thriller domestique particulièrement efficace et principalement interprété par l'acteur Luis Tosar qui débuta sa carrière en Espagne au beau milieu des années quatre-vingt dix et qui depuis enchaîne les rôles au cinéma dans son propre pays (El Desconocido de Dani de la Torre en 2015, Musarañas de Juanfer Andrés et Esteban Roel en 2014, ou encore Intemperie de Benito Zambrano en 2019). il y incarne l'archétype du sociopathe dont le désir profond est de nuire à son prochain. Son terrain de jeu ? Un immeuble cossu dans lequel il est employé comme concierge. Et en tant que tel, l'homme connaît les us et coutumes de ceux qui y vivent. Affable et en général plutôt apprécié, César compte cependant dans les rangs de l'immeuble quelques ''réfractaires'' à sa présence. Comme le voisin du quatrième étage porte B, ''sournoisement'' interprété par l'acteur Carlos Lasarte, fidèle interprète de Jaume Balagueró, et qui dans le cas présent rêve de voir le concierge débarrasser le plancher ! Ou comme la jeune Úrsula qu'interprète l'actrice Iris Almeida, et qui fait chanter le concierge après avoir été le témoin de ses manigances...

Deux exemples, deux portraits qui signifient le mépris des nantis envers l'employé qui tient des portes ouvertes mais jamais n'est remercié pour cela. Mais heureusement, il en existe pour demeurer chaleureux, même envers ce curieux personnage trop affable pour être honnête. À l'image de la vieille Verónica (Petra Martinez) qui prépare et réchauffe pour notre concierge de bons petits plats. Ou encore la jeune et plutôt jolie Clara, interprétée par la non moins délicieuse Marta Etura. L'une des particularités du personnage incarné par Luis Tosar tient dans son incapacité à vouloir se rapprocher sincèrement des habitants de l'immeuble afin de cohabiter en paix avec eux. Non ! Parce qu'il n'a jamais été heureux et semble convaincu que le bonheur, ça n'est pas pour lui, il a choisit de faire le malheur autour de lui. Mais parmi les habitants de l'immeuble se trouve justement Clara, que rien ne semble atteindre et qui baigne dans le bonheur et dans la joie. C'est donc sur elle que toute la rancœur du concierge va se focaliser...

Drame psychologique intense et parfois terriblement sombre, Mientras Duermes est littéralement porté par une mise en scène sobre, une envoûtante partition musicale signée par Lucas Vidal, un décor parfois glacial et surtout par l'impeccable interprétation de Luis Tosar qui incarne le dit concierge. Cet être prêt à servir son prochain tout en ayant de sombres idées derrière la tête. L'une des excellentes idées générées par le scénario d'Alberto Marini se situe au niveau de la caractérisation d'une bonne partie des personnages qui tout en étant relativement détestables amenuisent l'impact négatif des actes perpétrés par César. À tel point que l'on en vient parfois à espérer que sa prochaine victime sera tel ou tel voisin. À l'image, justement, de ce vieil homme habitant au quatrième et menaçant sans cesse le concierge de le faire renvoyer. La construction du récit tournant surtout autour de César et de Clara, le scénario tourmente l'esprit de ses personnages, le concierge fantasmant littéralement sur sa proie tout en étant objectivement convaincu de devoir lui faire du mal. Brillant par une sobriété à peine perturbée par quelques rarissimes élans gore (en fait, un seul, perpétré sur la personne de Marcos, interprété par Alberto San Juan), le scénario de Mientras Duermes pousse le vice dans ses derniers retranchements lors d'un final au cynisme inouï. Jaume Balagueró signe ici l'un de ses meilleurs films et Luis Tosar offre l'une de ses meilleures interprétations...

vendredi 27 décembre 2019

Them That Follow de Brittany Poulton et Daniel Savage (2019) - ★★★★★★★☆☆☆



Brittany Poulton et Daniel Savage collaborent depuis cinq ans mais n'avaient jusqu'à maintenant produit ensemble que le court-métrage Lizard King en 2014. En 2019, ils reviennent cette fois-ci avec leur premier long-métrage en commun, Them That Follow (Ceux qui suivent). Un drame qui prend son essence au cœur d'une communauté vivant recluse dans les Appalaches et dont les membres sont de fervents disciples d'un prédicateur vouant son existence toute entière au seigneur. L'australienne Alice Englert (Sublimes créatures de Richard LaGravenese), la britannique Olivia Colman (la série policière Broadchurch) et les américains Walton Goggins, Lewis Pullman et Thomas Mann sont au centre de ce drame dans lequel la ferveur religieuse contamine littéralement le récit. Le couple de réalisateurs évoque ainsi la présence du Malin matérialisé ici sous différentes formes, qu'elles soient plus ou moins concrètes (grossesse hors mariage, jalousie, mensonge, etc...), les conséquences y étant un tant soit peu désastreuses et relatives au degré de ferveur de chacun de ses membres...

"Adore celui qui te guérit de tes poisons"

Le prédicateur Lemuel Childs figure ici ces ''fous de Dieu'' plus ou moins sincères mais qui d'une manière générale asservissent des esprits faibles épris d'un soutien moral indéfectible de la part du seigneur. Them That Follow est presque une plongée dans un univers païen, loin de toute technologie. Un retour à des préceptes barbares dominés par l'aveuglement d'une communauté totalement acquise à la parole d'un prédicateur qui, chose étonnante, use d'une coutume qui semble partiellement se référer au ''serpent d'airain'' dont la vue, qui dans le ''Livre des Nombres'', le quatrième de la Bible, servit à soigner les morsures des serpents du désert. Le dit serpent sert dans le contexte présent d'allégorie au mal qui ronge la communauté et s'insinue dans l'esprit comme le venin du serpent coule dans les veines...

Brittany Poulton et Daniel Savage signent une œuvre imparable, touchante et effroyable à la fois et où la caractérisation des personnages prend une place très importante. Un peu à la manière de l'excellent Village de M. Night Shyamalan, Them That Follow s'inscrit dans cette vague de films prônant un retour aux sources. Entre nature et religion qui dans le cas présent démontrent que l'esprit de l'homme est façonné de telle manière que même éloigné des tentations, le loup finit toujours par s'installer dans la bergerie. On le comprendra assez rapidement, Brittany Poulton et Daniel Savage ne se font pas les chantres de l’Église évangélique ici invoquée sur laquelle les deux cinéastes tapent volontiers. Alice Englert épouse remarquablement son personnage, naturelle et surtout très éloignée des héroïnes stéréotypées qui pullulent sur grand écran. Walton Goggins incarne ce prédicateur sans doute honnête, mais révérant bien trop son Créateur pour que le spectateur lui voue un quelconque attachement. Olivia Colman interprète tour à tour une fervente adeptes des préceptes de Lemuel Childs avant de se laisser glisser dans la peau d'une mère de famille désabusée au contact de son fils Augie (Thomas Mann) qui risque la mort. On aurait peut-être aimé que soit développé le personnage de Garret, psychopathe en puissance qu'incarne très justement l'acteur Lewis Pullman (Strangers: Prey at Night de Johannes Roberts en 2018). A noter qu'il est conseillé de découvrir le film de Brittany Poulton et Daniel Savage dans sa langue d'origine, le doublage français étant relativement décevant. Them That Follow est en tout cas une excellente surprise qui mérite que l'on s'y attarde...

The Candy Snatchers de Guerdon Trueblood (1973) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Jessie, Alan et Eddy préparent depuis trois semaines l'enlèvement de Candy, jeune étudiante de seize ans, fille d'une mère alcoolique et d'un père bijoutier. Ces trois bras cassés lui tendent un piège alors que la jeune fille fait du stop. Kidnappée puis enterrée vive avec un mince filet d'air pour ne pas qu'elle meure, Candy supplie ses ravisseurs de la libérer. Mais Jessie et ses deux compagnons ont en tête le projet de réclamer à Avery Philips, le père de Candy, les bijoux que renferme la bijouterie où il travaille. Mais alors que Jessie le menace au téléphone de tuer Candy s'il ne coopère pas, plutôt que de se précipiter pour réunir les bijoux et les donner aux ravisseurs en échange de sa fille, Avery rentre chez lui et fait croire à son épouse Katherine que Candy dort le soir-même chez une amie à elle. Plutôt que d'obéir aux ordres des malfaiteurs ou d'appeler la police, l'homme retrouve sa maîtresse chez elle et passe une partie de la soirée en sa compagnie. Alors qu'ils leur semblait que le plan était parfait, Jessie, Alan et Eddy se rendent rapidement compte que rien ne se déroule comme prévu. De plus, sans qu'aucun des trois ne le sache, un témoin les a vu enterrer Candy. Mais par malchance, le jeune Christophe est muet et ne peut avertir ses parents qu'à proximité de chez eux, une jeune fille court un grand danger...

The Candy Snatchers a tout de la bande horrifique culte des années soixante-dix : une accroche efficace (''What are they doing to Candy ?'' qui signifie ''Qu'ont-il fait de Candy ?''), une affiche qui pompe presque scrupuleusement celle du mythique The Last House on the Left de Wes Craven sorti un an plus tôt et une intrigue qui baigne dans un contexte hippie digne de ces petites productions horrifiques entrées dans la légende alors même qu'elles furent (et demeurent pour certaines) pratiquement introuvables. Le film du cinéaste américain Guerdon Trueblood qui n'aura tourné durant sa carrière que ce seul long-métrage, un court (en 1976), ainsi qu'un épisode de la série Barnaby Jones en 1977 est vraiment une curiosité. Sur un scénario de Bryan Gindoff (qui aura tout de même notamment écrit le script de Hard Times en collaboration avec le célèbre cinéaste Walter Hill), Guerdon Trueblood signe une œuvre qui fourmille de bonnes idées mais dont la majeure partie est assez peu mise en valeur par l'écrasante médiocrité de la mise en scène et de la plupart des interprètes.

Chaque personnage a son histoire personnelle. Entre Jessie, dont on devine un passé très chargé, Alan qui s'avère être un tueur en série dont l'ambition est de commettre au moins cent meurtres (il cherche dans le cas présent, sa treizième victime), Eddy qui vit sur le fil du rasoir et dans l'espoir de faire sa vie avec Jessie, Candy, donc, la jeune fille kidnappée, ou encore sa mère alcoolique et Avery, qui en réalité n'est que son beau-père, ce qui explique en partie son comportement vis à vis de celle-ci. Et puis, il y a les membres de la famille du petit Sean Newton qu'interprète l'adorable Christopher Trueblood, le propre fils du réalisateur et qui ici, subit le mépris de sa mère, surtout depuis que le boss de son époux s'est ouvertement moqué du mutisme de sa progéniture. Une séquence qui d'ailleurs laisse un léger sentiment de malaise. Une scène de remplissage qui en tout cas, ne fait pas avancer le schmilblick mais permet de remplir certaines cases laissées vides par la trop longue durée d'un long-métrage (une heure et trente quatre minutes) qui aurait mérité certaines coupes.

Bizarre, oui, comme l'interprétation de certains acteurs, tel Ben Piazza, seule ''vedette'' du film qui aura une carrière ''bien remplie'' et qui incarne un Avery Philips semblant surgir du tréfonds des années soixante avec son look à la Richie Cunningham de la série télévisée Happy Days. Léthargique et laissant entre chaque phrase des blancs abyssaux, on tombe des nues à le découvrir aussi mauvais acteur. Le trio de kidnappeurs du dimanche interprété par Tiffany Bolling, Brad David et Vince Martorano fait son job même s'il ne faut pas s'attendre à de ''l'actor studio''. Finalement, c'est peut-être le gamin lui-même qui reste le plus convainquant. À tel point que l'on finit par se demander dans quelles mesures il ne souffre pas réellement d'un handicap. Concernant l'image que pourrait refléter The Candy Snatchers dans l'esprit des cinéphiles, il ne faut surtout pas espérer y découvrir de quelconques séquences graveleuses (à part peut-être la scène de viol ?). Probablement pas aussi culte que certains voudraient sans doute le faire croire, le spectateur retiendra peut-être davantage l'ironie entourant la chanson qui ouvre le bal et intitulée Money Is the Root of All Happiness. Surtout lorsqu'il assistera au bain de sang qui clôt le récit. Un brin trop long, The Candy Snatchers est le genre de petite production horrifique qui ne fait plus de vague à l'heure actuelle...

Retour à Zombieland de Ruben Fleischer (2019) - ★★★★★★★☆☆☆



Dix ans tout rond après Bienvenue à Zombieland, le réalisateur américain Ruben Fleischer et les scénaristes Rhett Reese et Paul Wernick auxquels il faut désormais ajouter Dave Callahan reviennent en grande forme avec la suite des aventures de Tallahassee, Columbus, Wichita et Little Rock. En grande forme eux aussi, toujours incarnés par Woody Harrelson, Jesse Eisenberg, Emma Stone et Abigail Breslin. Alors que l'on aimerait bien que se concrétise l'idée géniale des scénaristes de transformer la franchise en série télévisée, c'est donc sur grand écran que l'on retrouve notre quatuor pour la seconde fois, toujours confronté à un monde rempli de zombies, dont de nouveaux spécimens allant des stupides Homer, jusqu'aux terrifiants T-800 (en hommage au Terminator séminal de James Cameron au vu de leur exceptionnelle résistance), en passant par les furtifs Ninjas qui ne feront, eux, qu'une... furtive apparition. Comme dans le précédent volet, les zombies ne sont presque qu'un prétexte, une toile de fond permettant à nos héros de cabotiner dans un monde dévasté, la nature s'étant notamment réappropriée les symboles américains que sont la Maison Blanche et Graceland.

Je ne sais pas ce qu'en pense la majeure partie du public, mais il me semble que sur l'affiche manque l'un des nouveaux personnages essentiels de cette séquelle. Car alors que Little Rock est moins présente du fait qu'elle ait choisi de prendre la poudre d'escampette aux côtés du ''hippie'' Berkeley (prononcer Beurk ! Laid!) interprété par l'acteur britanico-canadien Anvan Jogia, l'actrice Zoey Deutch (qui n'a d'allemand que le nom) méritait d'y trôner. Ultra caricaturale, dépossédée de tout intellect, habillée couleurs ''rose-bonbon'' et en fausse fourrure (il est important de le préciser!), le personnage de Madison est en un sens, et malgré son peu d'envergure et des lignes de dialogues d'une remarquable absurdité, celui qui provoquera parmi les rires les plus intenses. Little Rock s'est donc faite la malle. Si le récit tourne autour de sa recherche, on ne la verra finalement que succinctement, Tallahassee, Columbus et Wichita se lançant donc à sa recherche jusqu'à cet Éden connu sous le nom de Babylone où les armes sont proscrites. Sur la route, ils feront connaissance avec leurs doubles mais également la sexy Rosario Dawson qui dans le rôle de Nevada garde l'un des temples à la gloire du ''King'' Elvis Presley...

Retour à Zombieland VS Problemos

Rhett Reese et Paul Wernick auraient-ils volé une partie du script que Noé Debré et Blanche Gardin ont écrit pour le compte de l'excellent Problemos d'Eric Judor ? Car si le français s'est contenté du minimum pour évoquer la pandémie qui a décimé une grande partie de la population mondiale, sa communauté vivant en retrait de toute forme de technologie rappelle quelque part la Babylone de Retour à Zombieland... Hein ? Non, je psychote, bien évidemment. La séquelle de Ruben Fleischer part dans tous les sens, semble se chercher mais reste cohérente et homogène. Maison Blanche, Bar entièrement dévolu au ''King'', communauté hippie, le film nous fait voir du pays, les gags succédant à quelques affrontements bien gore entre nos héros et des zombies plus ou moins stupides et s'offre, comme à son habitude, quelques références cinématographiques. Ce que dégage surtout Retour à Zombieland, c'est cette formidable énergie et la fraîcheur qu'apportent les interprètes qui semblent avoir littéralement pris leur pied en reprenant leur rôle d'il y a dix ans en arrière. Le spectateur ne peut qu'exulter devant ce spectacle permanent, souvent débile mais généreux et qui ne se termine pas avec le mot FIN*.

*Bill Murray fait une sympathique apparition durant le générique de fin.

jeudi 26 décembre 2019

Extra Ordinary de Mike Ahern et Enda Loughman (2019) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



La monitrice d'auto-école Rose Dooley possède le don de communiquer avec les fantômes. Mais alors qu'elle a choisi d'ignorer celui-ci, sur les conseils de sa fille Sarah, un Certain Martin Martin accepte d'entrer en communication avec elle afin de résoudre leur problème personnel. En effet, depuis la mort de sa femme, l'homme ainsi que sa fille sont harcelés par son fantôme. En faisant croire à Rose qu'il veut passer son permis, Martin se rapproche d'elle et finit par lui avouer son intention de faire appel à ses dons. D'abord réticente, Rose accepte. Mais les implications de la jeune femme prennent une tournure inattendue lorsque Sarah est envoûtée par une ancienne gloire de la chanson décidée à employer un rite satanique lors de laquelle la jeune fille vierge sera offerte en sacrifice. Éprouvant peu à peu des sentiments pour Martin, Rose accepte d'aider le père de famille malgré le danger...

Co-production irlando-belge, Extra Ordinary, le premier long-métrage de Mike Ahern et Enda Loughman avait tout de la petite production motivant une projection dans les plus brefs délais. Fantastique et comédie étant au programme, on ne pouvait s'attendre qu'à un savoureux mélange, entre humour noir typiquement belge et une certaine curiosité face à ses origines partiellement irlandaises. Une affiche qui ne cache pas vraiment ses intentions et qui semble vaguement se référer au prétentieux A Ghost Story de l'américain David Lowery. Un trio d'interprètes à la bouille forcément intrigante et un trailer attisant la curiosité. Des éléments suffisamment convaincants et un engouement ''augmenté'' par son passage au neuvième Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF) entre le 11 et le 17 décembre dernier. Au casting, l'actrice Maeve Higgins. Un physique pas vraiment avantageux mais immédiatement identifiable sous les traits d'un personnage haut en couleurs et atypique. À ses côtés, l'irlandais Barry Ward et l'américain Will Forte. Le premier dans le rôle de Martin Martin, le second dans celui Christian Winter, le sataniste et ancienne vedette de la chanson en question.

Rien de bien méchant dans ce Extra Ordinary qui n'a au fond, d'extraordinaire que le titre et le sujet. Car il faut bien l'avouer, rien ou presque n'est amusant dans ce récit qui pourtant fait tout pour asséner une multitude de gags qui dans une très grande majorité tombent malheureusement à l'eau. Le trio de tête cabotine, entre mimiques gaguesques et répliques censées faire hurler de rire le spectateur. Pourtant, force est de reconnaître que le long-métrage de Mike Ahern et Enda Loughman tourne rapidement en rond. Extra Ordinary est cependant enrobé d'effets-spéciaux discrets mais honnêtes et les trois principaux interprètes sont relativement convaincants. Le film pêche malheureusement par des dialogues poussifs et très rarement amusants. Quant au scénario, il est si léger qu'il oblige les acteurs à pallier ses faiblesses en argumentant à grands renforts de répliques souvent plates ou du moins, rarement amusantes. Et même si quelques rares séquences empêchent le spectateur de s'endormir (le clip de la chanson ''The, la-la-la, Cosmic Woman la-la-la'' pour le coup, irrésistible), d'une manière générale, Extra Ordinary s'avère soporifique...

mardi 24 décembre 2019

Thalasso de Guillaume Nicloux (2019) - ★★★★★★★★☆☆




Cinq ans après l'hilarant L'Enlèvement de Michel Houellebecq, le cinéaste français Guillaume Nicloux s'offre une nouvelle fois la présence du célèbre écrivain français avec cette suite inattendue sobrement, mais logiquement, intitulée Thalasso. Cinq ans après avoir été enlevé par un triplé de bras cassés savoureusement interprétés par Maxime Lefrancois, Mathieu Nicourt et surtout, Luc Schwarz, Michel Houellebcq passe la porte d'une établissement de thalassothérapie où durant une semaine, il doit subir divers traitements curatifs à base d'eau, de boue, d'azote ou de légumes. Contraint de se passer d'alcool et de cigarettes, son intégration au sein des patients et des employés ne se fait pas dans les meilleures conditions. Concilient, mais perturbé par l'interdiction de donner cours à ses addictions, l'écrivain rencontre au détour d'une cigarette fumée en cachette l'immense Gérard Depardieu, lui-même en cure. S'enfermant régulièrement dans la suite de l'acteur, Michel et lui boivent du rouge, mangent des rillettes et échafaudent notamment des théories sur la vie et la mort. En parallèle, Mathieu, l'un des trois kidnappeurs d'antan, resurgit avec la ferme intention de contraindre Michel de lui dire où est sa mère, qui après avoir quitté son compagnon a disparue. Alors que Michel nie savoir quoi que ce soit au sujet de cette dernière, Daria, fiancée de Mathieu et voyante, affirme que l'écrivain ne dit pas toute la vérité et lui cache quelque chose. C'est aidé de ses deux anciens compagnons Maxime et Luc que Mathieu décide alors de retourner voir Michel afin de le faire parler...

''Stallone à Cabourg, sur la plage, à poil... à poil en plus. Mais c'est des conneries. Qu'est-ce tu veux qui vienne foutre, il a aut' chose à foutre que d'aller à Cabourg...''

citation de Gérard Depardieu qui dans son propre rôle évoque ici une situation ubuesque tout à fait représentative de l'ensemble du long-métrage. C'était déjà le cas cinq ans en arrière et ça l'est probablement encore davantage aujourd'hui. Sans doute avec ce qui demeure actuellement un diptyque mais que l'on rêve déjà de voir prendre le plus vite possible la forme d'une trilogie, Guillaume Nicloux est aussi prompt qu'un Quentin Dupieux (Rubber), un Thierry Jousse (Je suis un No Man's Land), un Serge Bozon (Madame Hyde), un Benoît Forgeard (Yves) ou des Gustave Kervern et Benoît Delépine (I Feel Good) à se fourvoyer dans la comédie la plus débridée, branque, allumée, et surtout abstractive qui soit. Et ici, sous une forme peu commune puisque mélangeant docu et fiction. Une frontière que l'on aura tout d'abord du mal à définir, Michel Houellebecq bouleversant son public en versant de véritables larmes à l'évocation de sa grand-mère. Du cinéma-vérité ''parasité'' par une accumulation de séquences aussi absurdes que réjouissantes. Derrière le sérieux apparent des événements, Guillaume Nicloux déroule le fil d'un récit fuyant peu à peu le réalisme des débuts pour ne plus accorder à ses personnages que des échanges métaphysiques loin d'être puérils, mais abordés sur un ton infantile...

Tout ceci a parfois l'air très bête... Certains pourraient y voir un délirant débat entre poivrots et individus incultes. Mais réduire Thalasso à cette impression un peut trop confortable que l'on est devant un film aussi rapidement écrit qu'interprété serait faire fausse route. Car tout y est au contraire prodigieusement calculé. Et même si l'on sent bien que certains improvisent parfois avec difficulté (Gérard Depardieu n'a jamais été célébré pour avoir jamais appris son texte), l’œuvre de Guillaume Nicloux est cohérente et avance dans la bonne direction. Sans doute naïf, se cherchant parfois, visionnaire crédule ou humaniste étourdi, le réalisateur et scénariste signe une séquelle au moins aussi importante que sa première réelle tentative de comédie tournée cinq ans en arrière. Les fans de L'Enlèvement de Michel Houellebecq retrouveront avec un bonheur sans réserve les interprètes de ce dernier dans une suite qui leur fait autant honneur qu'aux vedettes Michel Houellebecq et Gérard Depardieu. Il faut absolument que Guillaume Nicloux pense à un troisième long-métrage mettant en scène ce groupe d'acteurs fort sympathiques. Car avec autant d'inspiration concentrée en un tout petit peu plus d'une heure trente, ce réalisateur décidément pas comme les autres mérite d'étendre davantage encore son univers fait de grands moments de fous-rires et de petites émotions...

lundi 23 décembre 2019

Terrore nello Spazio de Mario Bava (1965) - ★★★★★★☆☆☆☆



Adaptation cinématographique de la nouvelle écrite en 1960 par le romancier italien Renato Pestriniero, Una Notte di 21 Ore, Terrore nello Spazio connu chez nous sous le titre La Planète des Vampires, aura mis plus d'un quart de siècle avant de voir le jour au cinéma dans notre hexagone. En effet, alors que le long-métrage de Mario Bava sort l'année de sa création en 1965 en Italie et aux États-Unis, le public français devra attendre trente ans avant de pouvoir profiter du spectacle haut en couleur proposé alors par un auteur maîtrisant à la perfection une esthétiques où les couleurs primaires ont le beau rôle. Bien que le scénario de Terrore nello Spazio se contente du strict minimum imposé dans ce genre de production à petit budget, le film bénéficie d'un visuel tantôt remarquable, tantôt disgracieux. Remarquable puisqu'avec ses extérieurs enfumés, ses éclairages où les bleus, les verts et les rouges sont les teintes qui prédominent, ses décors de carton-pâte surréalistes et son ambiance pesante, l’œuvre de l'italien ne ressemble à aucune autre si ce n'est qu'elle distille un certain climat de mystère à l'image d'un autre classique : le Forbidden Planet de Fred McLeod Wilcox sorti sur les écrans neuf ans auparavant. Disgracieux également puisque le budget ne s'élevant qu'à hauteur de vingt-mille dollars, il semble qu'il ait fallut à l'équipe en charge des décors, de faire des compromis. Des arrangements qui figurent au niveau des décors intérieurs des vaisseaux, relativement navrants et qui apparaissent davantage comme des réserves entreposant du matériel informatique que de réelles passerelles pouvant accueillir un commandant et son personnel naviguant...

Quant au scénario, il s'avère simpliste : les vaisseaux spatiaux Argos et Gaillot atterrissent sur la planète Aura sur laquelle leurs membres d'équipages ont été envoyé pour une mission d'exploration après qu'un signal de détresse ait été émis à sa surface. Dès lors, la plupart des passagers des deux vaisseaux, poussés par une force mystérieuse, se mettent à attaquer les autres membres d'Argos et de Gaillot. Fort heureusement pour la plupart d'entre eux, le capitaine Mark Markary (incarné par l'acteur américain Barry Sullivan) résiste à cette force et parvient à maîtriser plusieurs des membres de son équipage. Après avoir repris tous leurs esprits, ils décident de se rendre sur le vaisseau Gaillot qui ne donne plus de nouvelles. Ils constatent alors avec effroi que tous se sont entre-tués... Alors que Terrore nello Spazio est réputé pour avoir inspiré un autre grand film de science-fiction qui sortira sur les écrans quatorze ans plus tard et sur lequel nous reviendrons plus loin, l’œuvre de Mario Bava semble être un melting-pot convoquant quelque part aussi bien la profanation de sépultures à la manière du roman de Jack Finney, The Body Snatchers, dans une certaine forme d'appropriation des corps que le thème du zombie avec ces tombes renfermant le corps des membres des équipages décédés sortant de leur tombe dans un style très gothique.

Mais l'oeuvre que Terrore nello Spazio semble avoir très ouvertement inspiré demeure Alien de Ridley Scott qui verra donc le jour en 1979. Du moins, toute la partie de ce dernier se déroulant sur la planète LV-426 et sur la surface de laquelle est émis un message de détresse. Attirés, et même contraints par contrat d'y attérir, les membres du vaisseau-cargo Nostromo vont y faire la connaissance d'un environnement particulièrement hostile. Si Ridley Scott ne s'inspirera de Terrore nello Spazio que lors du premier acte de son chef-d’œuvre, on y retrouve bien certains des éléments du long-métrage de Mario Bava. D'abord, cette planète où la brume et le vent semble en permanence balayer les décors. Mais plus encore, c'est la découvert de corps immenses et fossilisés ainsi que d'un immense vaisseau extraterrestre qui mettent à jour la relation qu'entretiennent les deux longs-métrages. Il s'agit d'ailleurs sans doute pour Terrore nello Spazio du passage le plus intéressant. L'exploration du vaisseau extraterrestre dont l'apparence extérieure le rapproche sensiblement de celui de Alien. Malheureusement, à part quelques séquences, le film de Mario Bava est assez pauvre scénaristiquement parlant pour n'être au final qu'un tout petit film de science-fiction très largement surestimé. Les scènes ne font que se répéter jusqu'à l'épuisement. Entre visites de la planète et retours successifs à bors des vaisseaux, Terrore nello Spazio est de plus nanti d'une interprétation parfois désastreuse que le doublage en français, malheureusement, accentue dangereusement. Kitsch et décors plus ou moins réussis, couleurs parfois criardes, interprétation à la ramasse, scénario inexistant, mélange des genres, Terrore nello Spazio ne se révèle en réalité qu'à travers son étrange atmosphère planétaire. C'est bien peu...

dimanche 22 décembre 2019

Reazione a Catena de Mario Bava (1971) - ★★★★★★☆☆☆☆



La comtesse Federica Donati, une richissime vieille dame propriétaire d'une luxueuse demeure entourée d'un baie, refuse de la vendre par peur de la voir transformée en une station balnéaire. Clouée dans un fauteuil roulant, elle est découverte un jour pendue à une corde. Son assassin s'est chargé de laisser à côté du cadavre une lettre laissant supposer qu'elle s'est suicidée. Le coupable du meurtre est son époux lui-même, le comte Filippo Donati, qui après seulement quelques minutes après son forfait est à son tour assassiné par un inconnu qui le poignarde à plusieurs reprises avant de faire disparaître le cadavre. La police conclue au suicide de la comtesse à la disparition de son époux et bientôt la vie reprend son cours. Mais bientôt, alors que deux jeunes couples et plusieurs membres de la famille Donati choisissent le même moment pour se rendre sur la propriété, un tueur rode et les décime les uns après les autres...

Parmi les très nombreux longs-métrages du cinéaste italien Mario Bava, père du tâcheron Lamberto Bava, Reazione a Catena trône en bonne place dans sa filmographie et peut-être considéré comme l'une des sources à l'origine du sous-genre horrifique connu sous le nom de Slasher. En effet, même si très officiellement le Black Christmas de Bob Clark datant de 1974 est considéré à tort ou à raison comme le tout premier d'entre eux, l’œuvre de Mario Bava qui sortit sur nos écran le 22 mars 1973 sous le titre La Baie Sanglante mais date de deux ans en arrière possède de grandes similitudes avec, notamment, l'un de ses plus célèbres représentants dont le premier volet ne sortira qu'en 1980. Friday the 13th de Sean S. Cunningham ne déposait en effet pas vraiment les bases d'un genre immédiatement identifiable mais semblait, lorsque l'on est face à long-métrage de Mario Bava, ne faire que s'en inspirer. Effectivement, alors que l'on retourne neuf ans en arrière, en cette année 1971, le cinéaste italien applique une méthodologie dans le meurtre qui fera à moyen terme des petits et donnera naissance au sous-genre Slasher...

L'un des aspects les plus curieux de Reazione a Catena demeure dans l'absence presque totale de personnages bienveillants. La quasi-totalité d'entre eux s'avèrent en effet posséder une mentalité particulièrement sournoise ce qui rend l'empathie impossible et caduque l'efficience dramatique de la majeure partie des meurtres auxquels le spectateurs assiste. Comment en effet ressentir la moindre émotion lorsque chacune des victimes semble à ce point mauvaise que sa disparition apparaît comme l'unique solution afin que la sérénité puisse s'installer à nouveau dans les parages ? On observe non seulement le goût du cinéaste pour l'humour macabre mais également pour l'horreur puisque les meurtres se montrent en général très sanglants. Après un premier homicide dont les qualités esthétiques reposent sur la mise en scène, Mario Bava délivre une succession de meurtres brutaux et gore. Faucille tranchant une gorge ou plantée dans le visage d'une autre victime. Lance perforant le corps de deux amants en pleins ébats (un acte qui inspirera Jason Voorhees pour Le Tueur du Vendredi dans lequel il tue lui-même un couple en train de faire l'amour), etc...

En la matière, Reazione a Catena n'est pas avare et les amateurs de meurtres bien saignants y trouveront très certainement leur compte. Parmi un casting généralement constitué d'acteurs italiens, on retrouve l'actrice française Claudine Auger. L'ensemble de casting constitue l'un des points forts du long-métrage (Luigi Pistilli et Claudio Camaso en tête). Le score de Stelvio Cipriani est nuancé. Entre musique d'ambiance et psychédélisme, celle-ci accompagne parfois d'improbables personnages au look ultra-cheap! Par contre, la mise en scène souffre d'un découpage et d'un manque de coordination en terme d'écriture qui font que l'on peut très rapidement être noyé sous une foule d'informations qui empêchent parfois d'identifier l'action présente à l'écran. Montage parfois brutal et scénario brouillon font du long-métrage de Mario bava une œuvre au final assez désagréable à suivre d'un point de vue scénaristique si l'on tient pour important le déroulement de l'histoire et que le simple homicide ne constitue pas un but en soit. Œuvre étrange et toute de rouge carmin vêtue, Reazione a Catena reste cependant une date dans l'histoire du cinéma d'épouvante...

samedi 21 décembre 2019

O Clube dos Canibais de Guto Parente (2018) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Le dernier long-métrage du cinéaste brésilien Guto Parente O Clube dos Canibais est un étonnant mélange de film d'horreur, de comédie noire et de critique sociale sous-jacente. Mais alors que l'univers bourgeois qu'il dépeint pouvait laisser espérer un réquisitoire féroce contre la présence au pouvoir du nouveau président de la république Jair Bolsonaro, le long-métrage de Guto Parente fait preuve d'une économie scénaristique proprement désarmante. Le spectateur se retrouvant au final devant un petit film d'horreur aux ficelles grossières et aux enjeux trop petits pour véritablement bouleverser son auditoire. Point positif, O Clube dos Canibais s'éloigne du visuel façon ''telenovela'' que l'on rencontre très fréquemment pour une image, sinon granuleuse, du moins très largement supérieure à celle de ces soap opera ''made in Brasil''. Guto Parente propose une allégorie, dressant le fossé qui sépare les nantis du reste de la population constituée selon eux de délinquants, de pédérastes et d'ordures. Un climat de paranoïa permanent qui pousse ces individus dénués de toute morale à perpétrer des actes contre-nature envers les petites gens...

Découle ici de cette observation hautement caricaturale mais en fin de compte, particulièrement sinistre (euh... à bon?), un jeu de massacre dont les principales victimes s'avèrent notamment être les employés d'un couple aisé incarné à l'écran par Tavinho Teixeira et Ana Lkuiza Rios. Otavio et Gilda ont beau être riches et être les propriétaires d'une immense demeure et d'une très belle piscine, ils n'en demeurent pas moins responsables d'actes criminels que la morale ne peut que réprouver. Cette morale dont ils n'ont que faire du haut de leur statut. Ici, donc, le cinéaste brésilien s'en donne à cœur joie et dresse une liste de perversités dont la crudité n'a finalement d'égal que sa stérile fatuité. Là où Guto Parente semble vouloir repousser les limites de l'irrévérence, O Clube dos Canibais agit comme un placebo dont l'efficience ne dure qu'un très court instant. Autant le spectateur pensera durant une poignée de seconde que le réalisateur ose là où d'autres hésitent, autant cette poignée de seconde passée, on réalise combien est absent le sentiment de malaise que devrait générer un tel propos...

Sang, sueur et sperme ne suffisent pas à faire de O Clube dos Canibais la comédie horrifique glaçante dont le spectateur rêvait sans doute. C'est d'autant plus malheureux que le film possède à certaines entournures, quelques passages plutôt convaincants. Comme le dialogue entre Gilda et le sénateur Borges (l'acteur Pedro Domingues) alors que la première surprenait la veille au soir, le second se faire sodomiser par un domestique. Plus qu'un énième film de cannibales, et malheureusement ici, parmi les moins convaincants, le spectateur ne devra sans doute pas attendre derrière le titre des séances gore à répétition tournant exclusivement autour d'actes anthropophagiques mais plutôt une métaphore sur le pouvoir et l'asservissement. Quoi qu'il en soit, et quoi qu'ait voulu démontrer le réalisateur brésilien, O Clube dos Canibais n'est au fond qu'un petit film d'horreur sans âme et relativement vulgaire. Si Guto Parente semble avoir réussi à faire passer son message, il l'a fait en force et avec un manque total de finesse. Dommage...
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