Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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samedi 30 juin 2018

La voie du Tigre, le signe du Dragon (épisode pilote de la série Kung-Fu - 1972)



Il m'arrive parfois de m'emballer un peu trop rapidement. De surévaluer une œuvre. Mais là, non, je suis certain de mon fait. Donner du bonheur au spectateur en véhiculant un message, simple, réconfortant, telle devrait être la mission de toute série. De tout long-métrage. La prise de risque ici, est énorme. On la dirait insurmontable, surtout qu'en comparaison, Kung-Fu est aussi contemplatif que sont très souvent exubérantes la plupart des séries télévisées. Surtout depuis un certain nombre d'années où produire pour le petit écran revêt autant d'importance que pour le grand. Quelle mouche a bien pu piquer le producteur et scénariste américain Ed Spielman et l'acteur sino-américain Bruce Lee pour envisager une seule seconde que la série incarnée par l'acteur David Carradine, lui-même 'habité' par le personnage de Kwai Chang Caine, pourrait avoir du succès ? Car il fallait oser imposer un tel personnage. Élève d'un monastère shaolin, élevé par des prêtres prônant aussi bien l'amour et le respect de leurs semblables que celui de la nature. Kwai Chang Caine, ce fugitif, accusé de meurtre dans son pays d'origine, la Chine, réfugié aux États-Unis où vivent là-bas ses semblables. Lesquels sont victimes de l'homme blanc. Rien qu'à travers son titre La voie du Tigre, le signe du Dragon, ce pilote d'une série au final constituée de soixante-deux épisodes divisés en trois saisons demeure à lui seul tout un programme. Et sous ce titre, c'est tout un pan du monachisme shaolin qui nous est révélé avec une pudeur presque déconcertante.

Comme cela sera l'habitude durant le déroulement de la série, nous découvrons un Kwai Chang Cain adulte, débarquant d'un désert qu'il a traversé pour aboutir dans le cas présent, dans une petite ville de l'ouest américain. C'est là qu'il fait la connaissance d'un vieil homme chinois qui l'aide à trouver un travail. Le voici désormais employé à la construction d'une ligne de chemin de fer. Tous ceux qui travaillent là sont comme Caine : chinois. Le responsable du projet ainsi que ses hommes lourdement armés sont tous américains. Les tensions sont nombreuses entre blancs et 'bridés'. Surtout depuis qu'il a été découvert que la colline que les ouvriers doivent creuser afin d'y aménager la voie de chemin de fer contient des poches de gaz très dangereuses. Bientôt, tous découvrent que Caine est un prêtre Shaolin. C'est sur lui que se reposent désormais les ouvriers contre le consentement du responsable du chantier qui apprend bientôt que le nouveau venu est recherché dans son pays pour meurtre...

La série Kung-Fu est l'expression même du Zen. Contemplative, et d'une profondeur incroyablement touchante de par les vertus qu'elle véhicule, les aventures de Kwai Chang Caine prônent la tolérance envers son prochain quel qu'il soit. Même si ce fait n'est pas encore véritablement établi dans cet épisode pilote, les vertus des enseignements prodigués par son maître à penser offrent au héros des capacités hors du commun telles que la médecine traditionnelle chinoise, la survie en milieu hostile (comme on le découvre dans cet épisode, Kwai Chang Caine est capable de déceler sous le sable du désert, de quoi se nourrir), et la maîtrise des arts-martiaux à travers le Kung-fu shaolin.

Ce qui stupéfait avant tout autre chose demeure dans cette immense source d'inspiration dans laquelle puise le héros lorsque surgissent les complications. A ce titre, le spectateur ne pourra rester insensible devant les préceptes évoqués par le vieil homme aveugle, figure remarquable de la série, et dont l'importance capitale dépasse ici le simple cadre de l'éducation de son élèvre comme nous l'apprendra la fin de cet épisode qui tient véritablement du miracle. La voie du Tigre, le signe du Dragon est une œuvre profonde. Un enseignement à l'attention de tous. Cruelle, tragique, émouvante et belle à la fois. L'embranchement parfait entre le cinéma ésotérique d'Alejandro Jodorowsky (El Topo, La Montagne Sacrée) et le film de kung-fu cher à Bruce Lee. Car si sur grand écran, le chilien, auteur du sublime Santa Sangre osa en 1970 le seul et unique western ésotérique de l'histoire du cinéma, ce parangon allait trouver sa formule télévisée à travers Kung-Fu et ses admirables interprètes que furent David Carradine et Keye Luke...

Les Réformés se Portent Bien de Philippe Clair (1978) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



En 1978, l'acteur et cinéaste Philippe Clair revient quelques mois après avec la suite de Comment se Faire Réformer. Cette version 2.0 se présentant sous le titre Les Réformés se Portent Bien se permet le luxe d'être encore plus mauvais, plus stupîde, et plus indigeste que son prédécesseur. On se doutait bien que la présence de Michel Peyrelon, vu chez Claude Chabrol, José Giovanni,Yves Boisset, Georges Lautner, ou encore Claude Lelouch n'y changerait rien, mais tout de même. On atteint désormais le fond. Tant et si bien qu'on pourra toujours tenter de gratter pour s'enfoncer encore davantage dans les limbes du vide artistique, cela demeure mission impossible.
L'une des spécificités de cette séquelle est d'inonder son récit de nombreuses idées originales mais tellement bas du front qu'on n'arrive même pas à se taper sur la cuisse en riant à gorge déployée. C'est navrant. Triste. Presque épuisant à force de tenter d'y déceler cette part infime d'humour que le cinéaste a injecté à son œuvre et que l'on ne parvient pas à percevoir, sans doute trop obtus que nous sommes à exiger un minimum de tenue en matière d'écriture.
Ici, c'est l'anarchie. Des dizaines de blagues 'Carambar' sans lien véritable si ce n'est ces soldats toujours désireux de se faire la malle. Au générique, nous retrouvons une fois encore Philippe Clair dans le rôle de l'adjudant, Richard Anconina dans celui du juif, Vidal Benchimol en arabe, Jérôme Bensoussan en témoin de Jéhovah, Daniel Derval en homosexuel (cette séquelle nous apprendra qu'en réalité, il n'en est rien), Eddy Jabès dans le rôle du belge, ou encore Gérard Lecaillon dans celui du snob.

Ceux-ci ainsi que d'autres participant au tournage firent partie des 13 Cloches qui dans les années soixante-dix formaient une troupe de comédiens humoristes comparables aux Charlots et parmi lesquels, outre Richard Anconina, on pouvait reconnaître le futur réalisateur des Frères Pétard et d'Un Indien dans la Ville, Hervé Palud. Avec ses personnages venus de tous horizons (culturels, religieux, sociaux) Les Réformés se Portent Bien ressemble à une blague belge de très mauvais goût, nantie de gags éculés, parfois vulgaires, mais en tout cas, jamais amusants. Michel Peyrelon en capitaine du navire... cela paraît à peine concevable et pourtant...

Le film de Philippe Clair possède au moins le mérite de proposer aux spectateurs réticents, d'étudier des œuvres telles que la série des Bidasses incarnés par Les Charlots sous un nouveau jour. S'il est possible d'établir une comparaison entre deux œuvres, il sera alors judicieux de mettre en parallèle l'immense fossé qui sépare Les Réformés se Portent Bien des Bidasses en Folie de Claude Zidi, et celui qui fixe une frontière entre ce dernier et la saga La Septième Compagnie. Voir Les Réformés se Portent Bien et mourir pourrions-nous dire... mais de quoi ? De plaisir ? D'extase ? De jubilation ? Non, non, non ! D'ennui ! S'il y a surprise, celle-ci est mauvaise. Et même si la simple évocation du nom de son auteur donne le vertige aux Cinéphiles avec un grand C, et même certains cinéphage (avec un petit), on ne pouvait s'attendre à un tel désastre.
Il faudra sans doute avoir découvert Les Réformés se Portent Bien lors de sa sortie sur les écrans de cinéma en 1978 pour que naisse un certain émoi. Car un public tout neuf, peu ou pas préparé à l'aventure Les Réformés se Portent Bien, risque de déchanter. Ne pas se prémunir d'un filtre anti-connerie, c'est s'assurer une rupture d'anévrisme. Sans vaccin, rien ne pourra vous convaincre du bien fondé de cette œuvre dégageant une odeur aussi malodorante qu'un vieux numéro de Cocoboy, de La Classe, ou du Théâtre de Bouvard...

vendredi 29 juin 2018

Emprise de Bill Paxton (2001) - ★★★★★★★★★☆



Qu'ont en commun Herk Harvey, Charles Laughton, Leonard Katle, Saul Bass, Jim Muro, et dans le cas présent, Bill Paxton ? Et si je vous dis, Carnival of Souls, The Night of the Hunter, The Honeymoon Killers, Phase IV, Street Trash et Frailty ? Oui, bon, en fait, je triche un peu, car contrairement aux autres, Bill Paxton n'a pas réalisé un long-métrage, mais deux. Car oui, le point commun entre les autres cinéastes est d'avoir signé un seul film. Cinq longs-métrages, cinq grands classiques dans leur genre respectif. Concernant Bill Paxton, nous éluderons la question concernant son second et dernier film réalisé en 2005, soit douze ans après sa mort, pour nous pencher sur Frailty, qui chez nous est sorti sous le titre Emprise. A ne pas confondre bien entendu avec L'Emprise de Sidney J. Furie qui comme son homonyme est lui aussi un très grand film, et lui aussi tiré d'un fait divers réel. Les deux films entretiennent d'ailleurs beaucoup plus de points communs qu'il n'y paraît au premier abord. Celui de Sidney J. Furie prend pour cadre le cas véridique concernant une certaine Doris Bither qui affirmait que sa maison était hantée. Les médecins Barry Taff et Kerry Gaynor qui menèrent leurs propres investigations se rendirent compte que la jeune femme était la victime d'une entité invisible.
Si le récit de Frailty ne semble avoir que peu de rapports avec celui évoqué ci-dessus, le cas qui nous est présenté ici par Bill Paxton est la transposition cinématographique des méfaits perpétrés par un tueur en série ayant réellement commis des meurtres, aidés par son fils de quinze ans. Là encore, il s'agit d'une récit tournant autour d'une emprise. Mais désormais, le personnage incarné par le mal ne fait qu'exécuter des tâches ingrates ordonnées par Dieu lui-même. C'est en tout cas ce qu'affirme Meiks, père d'Adam et Fenton, qui après avoir eu une vision ordonne à ses deux enfants d'accomplir avec lui une série d'actes criminels qui ont la particularité de recouvrir l'aspect d'actes de foi.

Bill Paxton réalise à cette occasion un film d'une noirceur extrême. Que l'on aurait pu simplement juger de film d'horreur mais qui en réalité est bien davantage que cela. L'acteur-réalisateur évoque l'absence de libre-arbitre, et le développement d'une obsession découlant d'une éducation religieuse jusqu’au-boutiste. La mère absente, les deux enfants n'ont que leur père auquel se raccrocher. Seule figure parentale, il est celui que les plus jeunes écoutent. Celui qui prône les justes valeurs. Et indique la voie à suivre. Encore faut-il que ses deux jeunes brebis acceptent de l'accompagner dans sa démarche criminelle. Une solution finale que Bill Paxton a l'intelligence d'organiser sous forme de combat contre le mal. C'est ainsi donc que les enfants n'ont jamais l'occasion de tuer leurs semblables puisque dans l'esprit de leur père et dans le leur, leurs victimes sont des démons et non pas des humains. D'un mysticisme parfois fort inquiétant, Frailty plonge ses personnages dans un univers nihiliste effroyablement sombre que la partition musicale obsédante de Brian Tyler accentue davantage.

L'incarnation des différents interprètes est tout à fait remarquable. Bill Paxton bien entendu, mais également Matt O'Leary qui campe le fils Fenton enfant, et surtout Matthew McConaughey à l'âge adulte. Le film dérange et questionne sur les dérives de la foi. Le doute plane au dessus des spectateurs, avides de connaître la vérité sur les visions du père. Est-il réellement investit de ce pouvoir ou bien n'est-il que la victime d'un déséquilibre mental ? D'une manière générale, les crimes perpétrés dans Frailty sont le résultat d'une psychose qui a tendance à se généraliser depuis quelques années. Une œuvre incroyable. Bouleversante, parfois choquante, et en tout cas admirablement mise en scène par le regretté Bill Paxton...

Comment se Faire Réformer de Philippe Clair (1978) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



Philippe Clair, de son vrai nom Prosper Bensoussan, n'est rien moins que le cinéaste qui fit débuter Les Charlots au cinéma avec La Grande Java en 1970. Ce que l'on sait peut-être moins, c'est qu'un autre acteur débuta lui aussi auprès de ce cinéaste connu pour avoir réalisé bon nombre de nanars. Cet acteur, c'est Richard Anconina. Bensoussan de Tchao Pantin, Jeff Montelier de Zone Rouge, Moïse Levy de Lévy et Goliath et surtout Eddy Vuibert de la trilogie La Vérité si je Mens, c'est lui. Autant dire que depuis Comment se Faire Réformer, l'acteur a fait du chemin. Et plutôt dans la bonne direction si l'on tient compte du fait que sa participation à deux longs-métrages signés Philippe Clair (dont Les Réformés se Portent Bien) aurait pu nuire à sa future carrière. Si l'on devait classer l’œuvre présente dans un top dix auquel elle serait comparée à d'autres longs-métrages du même acabit, Comment se Faire Réformer aurait de grandes chances de faire partie des deux ou trois plus mauvais. Car faut-il être un pur cinéphile et 'oublier' qu'il existe de telles engeances pour ne pas reconnaître leurs piètre qualités ? Non, même avant d'avoir été projeté dans une salle de cinéma, un salon, à l'aide d'un rétroprojecteur, un vidéoprojecteur, un magnétoscope, sur une toile blanche ou un écran de télévision, le film de Philippe Clair est d'ors et déjà précédé d'une réputation peu élogieuse.

Descendant direct des Bidasses chers à Claude Zidi ou à ceux de Robert Lamoureux (La Septième Compagnie), Comment se Faire Réformer ressemble pourtant davantage à l'une des nombreuses imitations qui leur ont succédé. On pense notamment aux Bidasse en Vadrouille réalisé en 1979 par Christian Caza, aux Bidasses aux Grandes Manœuvres de Raphaël Delpard en 1981, ou encore aux longs-métrages de Michel Gérard, Michel Vocoret et Max Pécas (respectivement, et au hasard, Arrête ton Char... Bidasse... !, Embraye Bidasse, ça Fume, ou Les Bidasse au Pensionnat).

Attention, perte de neurone en vue ! Car l’œuvre de Philippe Clair est assurément l'un des représentants de sa catégorie parmi les plus navrants. Pourtant, même si le contexte (une caserne militaire) demeure de la première à la dernière seconde le seul lieu dans lequel se situe l'intrigue, Comment se Faire Réformer conserve davantage d'intérêt que le film de Christian Caza précédemment chroniqué. En effet, même si l'humour n'y est pas plus fin, Philippe Clair tente malgré tout de diversifier les situations. De l'incorporation des soldats jusqu'à leur entraînement. Motifs pour ces derniers d'en faire voir de toutes les couleurs à leur adjudant instructeur, et par la même occasion, aux spectateurs, effarés par tant de bêtise. On passera sur certaines lignes de dialogues qui n'auraient sans doute pas passé les portes de la LICRA de nos jours (lors des tests physiques et urinaires, un appelé d’obédience musulmane (avec fort accent étranger et pourtant incarné par un français bien blanc) se fait appelé 'Ben Couscous'... (sic!). Pour le reste, Comment se Faire Réformer est un conglomérat de caricatures grotesques que l'on n'oserait plus servir au public de nos jours. Trop risqué. Mais surtout, trop con ! Parmi nos valeureux appelés, nous citerons l'homosexuel en mode 'folle', le témoin de Jéhovah lévitant durant son sommeil, les deux lèches-bottes, le gros bras décérébré, le juif portant la kippa sous le béret, le poète illuminé, ou encore le bourgeois ne voulant pas se mêler à des individus de classe inférieure. L'armée est tournée en dérision à travers un adjudant (incarné par Philippe Clair lui-même) pas plus malin que les hommes dont il a la responsabilité de leur formation.
Tout ceci est donc hautement stupide et pourtan, j'avoue, il demeure moins rebutant de regarder Comment se Faire Réformer jusqu'au bout que Les Bidasse en Vadrouille. Allez savoir pourquoi. Une œuvre culte pour les fans de nanars et de séries Z mais un film tragiquement inutile pour les autres...Choisissez votre camp...

jeudi 28 juin 2018

Les Bidasses en Vadrouille de Christian Caza (1978) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆



Pour faire suites aux aventures de Tassin, Pithivier et du sergent-chef Chaudard de la trilogie La Septième Compagnie et démontrer que les trois longs-métrages réalisés par Robert Lamoureux ne sont pas les affligeantes comédies franchouillardes qu'il paraissent être, petit tour non exhaustif des comédies françaises mettant en avant des troufions de l'armée. Avec, pour débuter ce cycle, Les Bidasses en Vadrouille de l'acteur et producteur français Michel Ardan qui sous le pseudonyme de Christian Caza, réalisait en 1978, son second et dernier long-métrage, quatre ans après La Grande Nouba. L'une des spécificité de ces Bidasses en Vadrouille étant d'être principalement interprété par quatre membres du groupe de rock à géométrie variable, les Martin Circus. Déjà présents lors d'une courte apparition dans Les Bidasses en Folie de Claude Zidi sept ans plus tôt en 1971, Les Bidasses en Vadrouille apparaît donc comme une opportunité pour le cinéaste qui profite de l'engouement du public français pour le groupe Les Charlots formé autour de Gérard Rinaldi (complété par Gérard Filipelli, Jean Sirus et Jean-Guy Fechner et Luis Rego), pour imposer cette fois-ci à l'écran le groupe de rock français (considéré alors comme le premier du genre) les Martin Circus, fondé en outre par le bassiste Bob Brault et le saxophoniste Gérard Pisani, mais dont le membre le plus célèbre demeure Gérard Blanc.
Les Bidasses en Vadrouille est donc très clairement né sur les cendres des Bidasses en Folie. Mais si ce dernier n'était déjà pas connu pour de quelconques faits glorieux, le film de Christian Caza enfonce davantage le clou en proposant un spectacle des plus navrant. Le terme franchouillard prenant ici tout son sens, les interprètes, amateurs ou non, sont tous d'une affligeante médiocrité.

Pour information, outre les membres des Martin Circus, les plus connus des acteurs faisant partie du casting demeurent le rondouillard Gérard Crosse, déjà vu lui-même dans le film de Claude Zidi cité plus haut mais encore plus tard dans Touch'pas à mon Biniou de Bernard Launois, Mieux vaut être Riche et bien Portant que Fauché et Mal Foutu de Max Pécas, ou bien Le Cri du Hibou de Claude Chabrol. Un acteur qui interprétera nombre de rôles de flics. L'acteur franco-suisse Paul Mercey, lui-même habitué aux rôles de policiers (entre autres choses) puisqu'on le verra notamment dans La Route Joyeuse de Gene Kelly, L'Ours d'Edmond Séchan, Le Gigolo de Jacques Deray ou encore beaucoup plus tard dans French Connection 2 de John Frankenheimer. Des 'gueules' de cinéma que les amateurs de nanars ne sont pas prêts d'oublier. Participe également à l'aventure, le journaliste et chansonnier Pierre Douglas, fameux imitateur du politique Georges Marchais. C'est d'allieurs la caractéristique principale de son personnage dans le film de Christian Caza. L'interprète y incarne le rôle du Ministre de l'intérieur qui dès qu'il est enervé, prend la voix de l'ancien secrétaire du Parti communiste français.

Considéré à tort comme l'un des chaînons de la saga des Bidasses dont les seuls véritables segments sont ceux interprétés par les membres des Charlots), Les Bidasses en Vadrouille est culturellement et intellectuellement désastreux. Dans la veine d'innombrables comédies françaises des années soixante-dix (au centre desquelles les spectateurs pouvaient retrouver les mêmes têtes d'affiche, telles que Sim, Paul Préboist, ou encore Alice Sapritch pour les premiers noms qui me viennent à l'esprit), le film de Christian Caza n'est qu'une accumulation de répliques navrantes, jamais amusantes, dont les interprètes entassent les unes après les autres, les situations faussement cocasses et d'une affligeante mièvrerie. Les Martin Circus sautillent, gémissent, grimacent, chantent parfois (pour le bonheur des fans, sans aucun doute) et lancent quelques vannes sans doute écrites sur un coin de table après une soirée de beuverie. Le récit tournant autour de quatre bidasses ayant dérobé un tank et sur lequel l'armée et les politiques aimeraient bien mettre la main, Les Bidasses en Vadrouille n'offre rien d'autre qu'un minuscule tour d'horizon de la France profonde. Tellement plat que suivre les aventures de nos quatre héros est une mission presque impossible à honorer sans que le spectateur ne tourne de l’œil. Tentez l'expérience si vous voulez, mais prémunissez-vous alors d'un filtre anti-connerie car les dégâts collatéraux infligés par Les Bidasses en Vadrouille sont irréversibles...

mercredi 27 juin 2018

La Septième Compagnie au Clair de Lune de Robert Lamoureux (1977) - ★★★★★★★☆☆☆



Avec La Septième Compagnie au Clair de Lune, l'acteur-réalisateur Robert Lamoureux signait non seulement le troisième et dernier volet de la saga La Septième Compagnie, mais également son septième (!?!) et dernier long-métrage en tant que cinéaste. Désormais, la guerre semble belle et bien terminée pour Pithivier, Tassin et Chaudard. Dans une France occupée par l'envahisseur nazi, chacun a repris ses habitudes. Et notamment l'ancien 'sergent-chef' qui depuis sa démobilisation s'en est retourné auprès de son épouse et de leur quincaillerie. Laquelle, à ce propos, semble avoir été la victime d'un très important glissement de terrain entre les premier et derniers volets de la saga puisque jusqu'à présent, le magasin des Chaudard était situé à Vesoul tandis qu'il semble désormais à plus de trois-cent kilomètres au sud de la préfecture du département de la Haute-Saône. Cette petite erreur géographique n'ayant pas d'incidence particulière sur le déroulement du récit, poursuivons.
Nous sommes donc en 1942, et nous découvrons enfin l'épouse de Paul (anciennement Louis) Chaudard, prénommée Suzanne (anciennement Paulette). Pas très sérieux tout ça, mais continuons. Lorsque réapparaissent Pithivier et Tassin dans la vie de Chaudard, cela fait deux ans que les trois compagnons de guerre ne se sont pas vus. Et c'est exactement à cet instant précis de leurs retrouvailles que débarque dans la cave du couple de quincailliers, le commandant Gilles, l'un des chefs de fil de la résistance. Si Suzanne est au courant, son époux, lui, ignore tout des manigances de sa femme et de son beau-frère Gaston Gorgeton. Il faut dire que Paul ne bénéficie pas vraiment de la sympathie et de la confiance de ce dernier qui, aidé de sa sœur, préfère taire son appartenance à la résistance.
Pourtant, un soir, tout va changer pour nos trois valeureux retraités de l'armée française. Alors qu'ils sont partis chasser le lapin, des circonstances vont les mener sur la route de la résistance. Au point même d'être par erreur, reconnus comme les principaux membres du réseau de résistance 'Attila'...

« Lutter contre les forces judéo-maçonniques »

Avec ce troisième volet, Robert Lamoureux parvient à relancer l'intérêt d'un récit qui aurait autrement pu s’essouffler à force de redondance. C'est ainsi qu'il fait quasiment table rase sur le passé. D'ailleurs, du casting original, le cinéaste ne convoque désormais plus que le trio incarné par Pierre Mondy, Jean Lefebvre et Henri Guybet depuis le second épisode (Aldo Maccione ayant abandonné le rôle de Tassin à l'issue du premier volet). Pierre Tornade et les autres habitués ayant disparu, il fallait bien engager de nouvelles têtes. C'est ainsi que l'on retrouve parmi les interprètes, Patricia Karim dans le rôle de Suzanne, Gérard Jugnot dans celui de Gaston Gorgeton, mais également André Pousse dans le rôle du chef de la milice Lambert aux ordres duquel on retrouve Jean-François Derec dans la peau d'un milicien. A ce propos, il est bon à savoir que la gifle que reçoit ce dernier un peu après la neuvième minutes de la main même d'André Pousse n'était pas feinte. En effet, las de répéter la même scène, celui-ci frappa réellement un Jean-François Derec qui, preuve à l'appui, ne s'y attendait certainement pas.

La Septième Compagnie au Clair de Lune, c'est l'occasion une fois encore de retrouver nos trois héros dans des situations toujours plus rocambolesques. Fini les uniformes d'officiers ou de soldats allemands. Il 'incarnent' ni plus ni moins que trois des têtes pensantes de la résistance locale. D'ailleurs, l'une des scènes demeurant sans doute parmi les plus irrésistiblement drôles se situe tout d'abord dans un café-restaurant dont le patron vante auprès de Suzanne et Georges, les 'exploits' de Chaudard et de ses deux amis. Une séquence précédent un plan durant lequel ces derniers sont étendus au sol, hagards, et en tout cas très éloignés de l'image élogieuse faite quelques secondes auparavant en leur faveur. Autre participation savoureuse : celle de Jean Carmet qui dans le rôle du passeur est tout bonnement irrésistible. Bien que demeurant de qualité quasiment égale aux deux volets précédents, La Septième Compagnie au Clair de Lune ne rencontrera malheureusement pas le même succès avec moitié moins de spectateurs dans les salles. Une chute de fréquence qui sans doute reflétait une certaine lassitude pour nos héros. Il était donc temps d'en finir même si très secrètement, l’éventualité d'un quatrième opus aurait sans doute réjouit les fans de la saga...

mardi 26 juin 2018

On a Retrouvé la Septième Compagnie de Robert Lamoureux (1975) - ★★★★★★★☆☆☆



Suite du Franchouillard Mais où est Passée la Septième Compagnie, On a Retrouvé la Septième Compagnie demeure dans le même esprit. Ce prolongement aux aventures des soldats Pithivier, Tassin et du sergent-chef Chaudard est antinomiquement parlant, léger, et lourd(ingue) à la fois. Pourtant, loin d'être aussi péjoratifs qu'ils paraissent être, ces termes n'en font cependant pas une œuvre aussi désespérément vide et assommante que beaucoup de longs-métrages humoristiques de leur époque faisant intervenir notre belle, grande, et valeureuse armée française (voir la série de nanars réalisés par Philippe Clair dans le courant des années soixante-dix). S'il y a pitrerie de la part des interprètes, elles demeurent toute de même assez éloignées des affligeantes répliques vues ça et là dans ces pseudo-comédies, tellement ringardes qu'elles finissent de nous donner le bourdon. Le scénariste, acteur et réalisateur Robert Lamoureux respectant suffisamment ses interprètes et le public, On a Retrouvé la Septième Compagnie se situe entre le pas tout à fait accablant, et le tout de même satisfaisant. Pas assez bien écrit pour pouvoir prétendre être un chef-d’œuvre, mais n'offrant pas des dialogues trop grotesques non plus, le second volet de la Septième Compagnie est devenu au fil du temps, comme l'est également son prédécesseur, une œuvre culte.
Le genre de comédie à réunir une famille toute entière devant son poste de télévision, un dimanche soir de forte canicule ou de froid de canard.


« Le fil vert sur le bouton vert, le fil rouge sur le bouton rouge... »


Désormais, absent de la séquelle, évoquant l'étroitesse du cachet proposé, et par conséquent, ne voulant pas barboter dans une eau en dessous des dix degré, l'acteur Aldo Maccione est remplacé par Henri Guybet. Fondateur du Café de la Gare aux côtés de Romain Bouteille, Coluche ou encore Miou-Miou et Patrick Dewaere, c'est donc lui qui reprend le rôle de Tassin aux côtés de Jean Lefebvre qui continue à endosser celui de Pithivier et Pierre Mondy qui incarne le sergent-chef Chaudard. Tout ce que l'on pourra reprocher à celle suite, c'est d'être arrivée juste après Mais où est Passée la Septième Compagnie. Rien d'inédit donc, mais au regard des péripéties que vont vivre nos trois valeureux militaires d'une aventure que le cinéaste aurait tout aussi bien pu intituler 'Héros malgré eux', ou encore 'Les pieds nickelés de l'évasion', nous demeurons dans la même veine. Des gaudrioles pas très fines mais offertes si généreusement par leurs interprètes que l'on passe un très agréable moment en leur compagnie. Peu avare en situations comiques, ces nouvelles aventures sont l'occasion pour nos deux soldats et leur 'chef' de se balader une fois de plus dans la France profonde. 
Outre l'armée allemande dont il parviendront à se libérer à plusieurs reprises après avoir été fait prisonniers, Chaudard et ses deux hommes vont croiser à nouveau la route de leur compagnie (la septième donc), et ainsi passer pour de véritables héros. Se retrouver dans cette eau qui poussa en partie Aldo Maccionne à refuser de reprendre le rôle de Tassin. Ou encore croiser la route de la gueularde et acariâtre Mère Crouzy (Jackie Sardou). Le spectateur lui, se souviendra longtemps de certains passages devenus cultes au fil des années : Comme Robert Lamoureux incarnant le Colonel Blanchet, chargé de faire sauter plusieurs ponts à l'aide d'explosifs, Chaudard, Tassin et Pithivier troquant leur uniforme de soldats et de sous-officier contre celui d'officiers, et plus plus tard de soldats allemands, l'évasion du château, ou encore l’inénarrable séquence durant laquelle les excellents Pierre Tornade dans le rôle du Capitaine Dumont et Jean Rougerie dans celui du général allemand partagent une partie d'échecs.


"Si j'connaissais l'con qu'a fait sauter l'pont !"


S'il en reste sans doute encore pour considérer que la disparition d'Aldo Maccione au générique ne permet pas à On a Retrouvé la Septième Compagnie de se hisser à la hauteur du premier volet, c'est mal évaluer la performance d'Heni Guybet qui dans l'humour n'a rien à envier à l'acteur italien. On pourra préferer le rire hautement communicatif de ce dernier, mais en terme d'interprétation, les deux se valent très largement. Une bonne partie du film a été tournée dans le Val-d'Oise, sur la rive droit de l'Oise à Jouy-le-Moutier, ainsi que près de Paris, à Cormeilles-en-Parisis, mais surtout au Château de Vigny, dans la commune éponyme, toujours dans le Val-d'Oise. Le casting et l'équipe technique se sont également déplacés en région Normandie. A Gasny plus précisément pour la scène de la rivière, ainsi qu'à Villars-Santenoge en Haute-Marne pour la scène finale située le long d'une voie de chemin de fer. Le plaisir de suivre les mésaventures du trio est un plaisir constant que l'on prend toujours autant de plaisir à revivre. Après un volet réalisé en 1974 et cette suite l'année suivante, Robert Lamoureux allait mettre un terme aux aventures de Tassin, Pithivier, Chaudard et de leur compagnie en 1977 avec : La Septième Compagnie au clair de lune...


lundi 25 juin 2018

Dernier étage, gauche, gauche de Angelo Cianci (2010)



Alors qu'il débarque dans un immeuble HLM d'une cité de banlieue, l'huissier de justice François Echeveria a comme objectif pour cette journée du 11 septembre, de saisir les biens d'un homme responsable d'impayés, puis de retrouver son épouse Anna avec laquelle ils doivent rencontrer un conseiller conjugal afin de résoudre leurs problèmes de couple. Mais rien ne va se dérouler comme prévu, car l'homme à la porte duquel il sonne a un fils, Salem, qui n'a pas l'intention de laisser François et les forces de l'ordre envahir la demeure qu'il partage avec son père Mohand. La principale préoccupation de l'adolescent n'a malheureusement rien à voir avec les soucis rencontrés par son père mais plutôt avec les cinq kilos de drogues qu'il garde chez lui.

Un concours de circonstances va troubler cette banale journée en enfermant durant vingt-quatre heures trois hommes, François, Mohand et Salem dans l'appartement de ces derniers, l'huissier se retrouvant otages des deux locataires, avec à l'extérieur de l'appartement, un préfet quelque peu hargneux, une section entière du GIGN, une épouse énervée, et même un négociateur arabe...


Hippolyte Girardot (Un Monde sans Pitié) dans le rôle de l'huissier, Judith Henry (La Discrète) dans celui de l'épouse, Mohamed Fellag (Lumières) dans le rôle de Mohand, Aymen Saïdi (Dheepan) dans celui du fils et ou encore Michel Vuillermoz (La Maison du Bonheur) en préfet... Dernier étage, gauche, gauche fait partie de ces comédies rafraîchissantes qui abordent des thèmes sociaux sans jamais tomber ni dans le rébarbatif, ni dans le pathos. Premier long-métrage du cinéaste Angelo Cianci dont la filmographie n'en compte actuellement que deux, cette comédie est aussi légère qu'agréable à regarder. On ne s'ennuie pas un instant et ce, grâce à une troupe d'acteurs qui réussit malgré le tragique de la situation à faire sourire et même parfois rire devant des situations parfois cocasses.

Derrière l'image quelque peu négative du métier d'huissier, tout comme celle que véhiculent parfois les jeunes vivant dans les cités HLM devenues des no man's land, avec leurs codes et leur langage, le film est riche en enseignement puisqu'il transmet un message que beaucoup jugeront sans doute de surréaliste, mais qui insiste sur le fait que des êtres issus de mondes différents et qu’apparemment tout sépare, peuvent s'entendre jusqu'à s'allier contre les oppresseurs. Un peu caricatural lorsqu'il s'agit de décrire une réalité pourtant bien concrète, l'aspect dramatique de Dernier étage, gauche, gauche s'efface peu à peu et laisse une plus large place à l'humour. Quelque soit la position que l'on prenne, que l'on soit du côté de la justice, du père étranglé par les dettes ou de son fils, les liens qui finissent par les unir ont forcément un impact sur l'avis et les jugements que l'on peut porter à leur sujet. On finit fatalement par prendre fait et cause pour ce père et pour son fils. Et même si tout ceci ne demeure rien d'autre que du cinéma (l'humanité demeurant encore un point à régler en matière de législation), on prend un immense pied devant une œuvre pleine de bons mots, d'humour, et surtout bien rythmée...

dimanche 24 juin 2018

La Candide Madame Duff de Jean-Pierre Mocky (2000)




Léon Duff a tout pour être heureux. Il est marié à une épouse parfaite qui lui a donné un enfant, et qui l'aime et le chérie. Il possède un superbe domaine avec un magnifique manoir et un splendide parc. Il a sous ses ordres Mademoiselle Cast, qui s'occupe de sa progéniture et un fidèle chauffeur du nom de Nolan.

L'existence de Léon est si bien réglée et si peu entachée que le vieil homme s'ennuie. Sa vie conjugale en compagnie de Régina plus jeune d'une vingtaine d'années est si harmonieuse qu'il ne désire plus qu'une seule chose : s'en séparer. Mais pour cela, il devra prouver à sa tante que Régina le trompe. Léon soupçonne tout d'abord leur chauffeur Nolan. Puis c'est au tour d'un certain William d'être dans le collimateur du riche propriétaire. 


Il va jusqu'à faire suivre son épouse par une agence de détectives privés. Puis c'est aux cotés de Nolan qu'il va monter un stratagème pour prouver l'adultère. Sans jamais se douter qu'il est peut-être la victime de manipulations visant ses biens ainsi que ceux de sa tante bien aimée...

Adaptée d'une série, La Candide Madame Duff est une œuvre d'assez bonne facture. Réalisée en 2006, elle voit le casting revu à la baisse en comparaison de la pléthore de personnages que l'on a l'habitude de voir dans certains films de son auteur. Dans le cinéma de Jean-Pierre Mocky, ce film fait figure de réussite, même si les habituels défaut inhérents à une volonté de produire vite sont légion. La Candide Madame Duff est un petit polar sans prétentions, qui permet une fois de plus à Jean-Pierre Mocky de donner la parole à quelques acteurs peu connu, du moins, rarement aperçus dans le paysage cinématographique français. Pierre Cosso est surtout connu pour avoir tenu la dragée à Mireille Darc dans la série à succès Les Cœurs Brûlés de Jean Sagols. Emilie Hebrard, elle, et après bien des recherches, ne semble avoir joué qu'un seul rôle important, celui de cette candide Madame Duff justement. Enfin, concernant Patricia Barzyk, c'est d'une véritable histoire d'amour cinématographique entre cette ex-miss Jura (en 1979) et Mocky dont il s'agit puisque les deux personnalités se retrouveront sur les tournages de pas moins de treize films, dont un pour la télévision.

La Candide Madame Duff est, à coté d'un certain nombre d'échecs de la part du cinéaste, l'une de ses meilleures performances en tant que cinéaste. On n'atteint pas tout à fait le niveau de ses plus belles réussites mais tout de même, on prend un certain plaisir à suivre cette histoire dont l'intensité du twist final aurait été plus forte si l’œuvre avait été nantie d'un budget plus conséquent et de meilleurs acteurs. A noter la présence amusante d'un Dick Rivers pas vraiment à l'aise. Une bonne petite surprise tout de même...


samedi 23 juin 2018

Vidéotopsie numéro 17 de David Didelot (Réédition)



 Avant-propos: afin de ne pas dénaturer le contenu de ce dix-septième numéro de Vidéotopsie, j'ai choisi d'argumenter à l'aide de photos différentes de celles produites par les rédacteurs afin de respecter leur travail...

Ce soir, à la télé, ce sera La Nuit de la Mort et Clash. Tous deux de Raphaël Delpard. Et on dit merci qui ? Merci David Didelot, Patrick Callonnec et Jean-Sébastien Caboury. Parce que le dossier, là, fait, à deux ou trois près, cinquante pages. Autant dire que pour des magazines n'excédant pas habituellement ce nombre de pages, ç’aurait été le contenu d'un hors-série intégralement dédié au cinéma de ce cinéaste français qui en a vu des vertes et des pas mûres, mais aussi de belles à travers sa carrière d'acteur et de réalisateur. Mais pour David et ses deux acolytes, c'est presque un jeu d'enfant. Presque parce que derrière ce monumental pavé en trois actes, on sait que les trois hommes ont travaillé d'arrache-pied pour nous offrir rien de moins que l'un des articles les plus fameux concernant Raphaël Delpard. Du moins, je le suppose, n'ayant rien lu d'autre à son sujet. En trois actes donc, et pour commencer, pour calmer les aigreurs de David qui lors de son édito s'est quelque peu énervé (on ne lui en voudra pas), celui derrière lequel se cache le créateur de Vidéotopsie ouvre les hostilités avec la rubrique Le Film Autopsié, consacré cette fois-ci à La Nuit de la Mort. Un truc qui à la lecture de certains passages pourrait paraître improbable (au casting, la toute jeune Charlotte de Turkheim, et des p'tits vieux aux faciès aussi flippants que ceux des voisins du Locataire Trelkovsky, mais qui très franchement, avec les comparaisons qu'en fait David avec, justement, le film de Roman Polanski (ainsi que d'autres œuvres) et les aguicheuses photos mêlant gore et morbide, donne très envie de le découvrir pour qui, Raphaël Delpard, demeurait jusque là un parfait inconnu.) Reprenez votre souffle!
Toujours aussi prompt à apporter un maximum de détails, David revient donc sur ce long-métrage où 'une bande de vieux mecs' (pour reprendre l'expression de Linnea Quigley dans Le Retour des Morts-Vivants) et de nanas pas plus jeunes qu'eux s'adonnent à l'un des plaisirs les plus malsains dont l'homme est capable de se rendre coupable : le cannibalisme ! Revenant ainsi sur la production, la réalisation, le scénario, ainsi que (entre autres choses), la distribution, avec, en première ligne, Isabelle Goguey qui était la fille de Claude Pierson, l'un des producteurs du film avec le cinéaste lui-même. On découvre au fil de quelques longs paragraphes, des têtes qui nous demeurent inconnues, tandis que d'autres évoquent forcément quelque souvenirs. Comme l'actrice Germaine Delbat, dont il est vrai, comme le souligne David, que l'on connaît son visage alors que son nom, pour beaucoup, était sans doute demeuré un 'mystère' jusqu'à ce que David évoque sa présence dans La Nuit de la Mort. S'ensuit une sélection de VHS et DVDs rendant honneur (ou pas) au long-métrage de Raphaël Delpard avant que ne survienne le second acte produit par David, Patrick et Jean-Sébastien. Résumant la carrière du cinéaste, entre comédies et films fantastiques, cinéma et télévision, fictions et documentaires.Un second acte complété par le troisième, qui en prenant la forme d'une longue et passionnante interview de vingt pages tout de même, permet à Raphaël Delpard de revenir sur sa carrière de cinéaste. On découvrira que son art n'aura pas été de tout repos. Avec cette petite pointe d'amertume, Raphaël évoque notamment le comportement assez troublant de Charlotte de Turkheim bien des années après la sortie du film, ou celui de l'acteur Pierre Clémenti envers Catherine Alric sur le tournage de Clash. On apprendra également qu'un cinéaste et un acteur aujourd'hui mondialement reconnus se sont rencontrés sur l'un des films de Raphaël Delpard, Les Bidasses aux grandes manœuvres.
Énorme dossier, donc. Passionnant à lire, de bout en bout. Jamais rébarbatif et dieu sait si pourtant, se 'frapper' un dossier de cinquante pages sur un même artiste aurait pu se révéler barbant. Mais non, le miracle a lieu. Du moins, évoquerons-nous surtout l'incroyable travail de documentation de David, Patrick et Jean-Sébastien...

Bon, cette critique commençant à prendre des allures de roman qui je l'espère n'est pas encore trop indigeste, je vous la ,ferai courte pour le prochain sujet, les habituelles Review Bis, délaissées par David et récupérées par Patrick, Augustin, Tom Phenix, Michel Tabbal, Adrien, Alexandre Jousse, Didier Lefevre, Yohann, Simon Laperriere et, Jean-Sébastien, c'est Patrick qui démarre et qui clôt (définitivement ?) le dossier sur Christina Linfberg du numéro précédent en revenant sur Young Plaything. Ensuite, c'est au tour d'Augustin de nous régaler avec son article consacré à Actium Maximus : War of the Alien Dinosaurs (sa lecture s'impose). Puis s'enchaînent les commentaires plus ou moins élogieux sur telle ou telle production. Du coup, on a droit à du gros Z au jeu de mots carrément naze (Heavy Mental, mouarf !), du loup-garou britanico-ibérique, un black-Out éponyme franco-canadien, une production Full Moon précédée d'un résumé concernant l'historique de cette maison de production, un giallo ibérique dont l'article que lui a consacré Alexandre éveille la curiosité, un sous-Moi, Christiane F qui malgré les défauts évoqués donne lui aussi envie d'y jeter un œil, sept pages consacrées au cinéma de guerre asiatique (et patriotique), parfois mâtiné de kung-fu, et rédigées par Yohann Chanoir, un nanar porté sur le sujet des sectes qui aurait sans doute de la gueule sur n'importe quelle étagère d'amateur de séries Z...

Après un passage par l'Asie avec le manga Riki:Oh, et ses adaptations aux formats OAV et live, ainsi qu'avec Bruce Lee, sa filmographie et la Bruceploitation qui a découlé ensuite du succès phénoménal rencontré dans son pays, et malheureusement, de sa disparition, Patrick Juillard propose un dossier long de dix-huit pages consacrées à un cinéaste français qui méritait bien qu'on lui consacre un article entier. 'Le Passager Solitaire du Thriller Français : Serge Leroy' revient donc sur la carrière de ce cinéaste, auteur de dix longs-métrages dont certains possèdent encore aujourd'hui, une aura de film culte bien méritée (La Traque). Patrick y décortique un à un chacun des dix films, en exprimant fort judicieusement tout ce qui en fait la valeur pour tout amateur de cinéma bis.

Après un détour vers la filmographie de George Pan Cosmatos, cinéaste connu pour avoir notamment filmé les secondes aventures de l'hypertrophié John Rambo ou de la vilaine bêbête de Leviathan, Vincent Roussel nous propose, dès la 124ème page de ce Vidéotopsie, de plonger dans l'univers littéraire des collections 'Bébé Noir' et 'Bringandine' en espérant, comme il le dit en fin de dossier, 'nous avoir convaincu de la singularité d'une collection qui mérite d'être redécouverte d'urgence'. Je ne sais pas ce qu'en ont pensé les autres lecteurs, mais après avoir lu de fond en comble cet excellent article consacré à des ouvrages dont je ne soupçonnais pas l'existence, je me suis rué sur la toile pour tenter d'y dénicher quelques exemplaires. Car plutôt que de me fier strictement aux couvertures qui auraient tendance à ne promettre que de la fesse, ces deux collections semblent en fait avoir consacré une large place au fantastique, à l'horreur, et d'une moindre importance, à la science-fiction. Première chose : les titres. Que des jeux de mots qui prêteront forcément à sourire au fil de la découverte. Et des résumés qui mettent carrément en appétit et font regretter que ces ouvrages ne trônent pas déjà sur les étagères de nos bibliothèques. Ce dossier dressé par Vincent Roussel est une excellente mise en bouche et attise la curiosité...

Autre dossier carrément passionnant à découvrir, surtout si l'on ne connaît pas le bonhomme : Les Romans « en souffrance » de Léon Despair. Un auteur qui m'était jusque là totalement inconnu mais qui sous la plume experte de Frédéric Durand, prend des proportions qui donnent très envie de se plonger dans son œuvre. Merde, mais j'y pense. La collection 'Apocalypse', ça me dit quelque chose... Pour le reste, rien que de l'inédit. Des jolies blondes et des brunes bien charpentées ornent les couvertures d'une collection 'Contraintes' (chez Média 1000) qui laissent présager des séances S.M et des ouvrages quelque peu tordus. Ce que laisse en partie envisager le texte de Frédéric, très bien documenté...On termine ensuite avec les rubriques habituelles : Cinéma Amateur (et à Mater), Et Pour Quelques Infos de Plus, ainsi que le Rayon Fanzine, les trois étant particulièrement bien achalandées.

Avec cette dix-septième édition, David Didelot et toute son équipe nous ont offert une fois de plus, de la bien belle ouvrage. Un incontournable. En attendant le numéro 21 dont la sortie, si je ne dis pas de bêtises, est prévue pour la rentrée...
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