Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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samedi 31 mars 2018

Sélection de 3 films à voir, à revoir... ou à éviter (10)

Il y eut en 2006, un remake au classique de George Romero, La Nuit des Morts-Vivants, Night of the Living Dead 3D. En fait, il s'agissait du second remake puisque seize ans auparavant, le maquilleur de génie Tom Savini en avait déjà proposé une version colorisée d'excellente facture. L’œuvre signée Jeff Broadstreet se révélait donc ainsi aussi inutile qu'opportuniste. En 2013, le cinéaste américain réitère l'expérience en ne réalisant plus cette fois-ci un remake, mais une préquelle à son propre long-métrage. Naît ainsi Night of the Living Dead 3D : Re-Animation. En fouillant même sur la toile, le fan complétiste découvrira qu'il existe un projet assez curieux mais ô combien original intitulé Night of the Living Dead: Reanimated, lequel reprend le scénario de George A. Romero et John A. Russo en lui appliquant le style de plusieurs artistes spécialisés dans le cinéma d'animation (j'y reviendrai dans un prochain article). On pourra également évoquer le projet Rise of the Living Dead qui n'est autre qu'une préquelle au classique de George Romero, réalisée par... George Cameron Romero, le fils de l'illustre cinéaste. Mais pour l'instant, il s'agit donc de parler de Night of the Living Dead 3D : Re-Animation, cet espèce d'étron cinématographique dont l'unique intérêt est de respecter l'amorphe allure de créatures décharnées. Ici, donc, pas d'infectés sprintant à la recherche de viande fraîche. Les macchabées déambulent lentement. A l'image d'une intrigue qui pourrait aisément suffire à un court-métrage d'une dizaine de minutes. Car l'un des principaux problèmes du film de Jeff Broadstreet demeure dans son incapacité à garder le spectateur éveillé, concentré, ou même simplement intéressé devant ce que l'on pourrait considérer comme un véritable monument d'ennui. On aura en effet rarement ressenti ailleurs l'impression d'assister à la projection d'un long-métrage mis en position 'arrêt sur image'. Le récit se traîne sur des dizaines de minutes lors desquelles il ne se passe absolument rien de bien excitant. Et la présence de Jeffrey 'Re-Animator Combs, malheureusement, n'y change rien.
Jeff Broadstreet s'autorise quelques références à George Romero et à son œuvre mais rien ne peut sauver son projet du naufrage. A part quelques morts-vivants apparaissant furtivement, le film se contente de nous proposer d'interminables conversations. D'un côté, celle opposant les frères Gerald et Harold Tovar (respectivement Andrew Divoff et Jeffrey Combs), et de l'autre, les trois employés de la morgue des Tovar, DyeAnne, la gothique, Russel, l'assistant de Gerald, et Cristie, la nouvelle recrue. Si Night of the Living Dead 3D : Re-Animation vous plombe une soirée, ça n'est certainement pas grâce aux scènes d'horreur qui se compteraient presque sur les doigts d'un manchot si l'on voulait être plus sévère envers le film qu'il ne le mérite. Non, si le film de Jeff Broadstreet est assommant, c'est parce qu'il est aussi mal interprété que dirigé. Les dialogues sont aussi ineptes que ceux d'un soap opera. La photographie et la lumière sont immondes. Quant à l'interprétation, que voulez-vous : lorsqu'un cinéaste a décidé de laisser s'exprimer ses interprètes sans véritablement les diriger, le résultat ne peut être, comme ici, que catastrophique. Night of the Living Dead 3D : Re-Animation mérite de trôner parmi les trois ou quatre plus mauvais films consacrés aux morts-vivants. C'est dire s'il est mauvais...❤❤💔💔💔💔💔💔💔💔

Haute Tension, c'est la seconde réalisation d'Alexandre Aja, fils d'Alexandre Arcady, qui réalisait là son tout premier film d'horreur avant de s'envoler aux États-Unis pour y aller tourner le remake de La Colline a des Yeux. Avec Haute Tension, Alexandre Aja nous offre enfin un film gore français digne d'intérêt. Le premier d'une vague qui déferlera bientôt sur le territoire hexagonal. En effet, si l'on ne tient pas compte du Baby Blood déjà âgé de dix-sept ans lorsque sort le film d'Alexandre Aja, les Frontière(s) et autre Martyrs ne sont que les descendants de ce petit film qui peine à atteindre l'heure et demi. Un format relativement court qui à la décharge du film lui procure un rythme soutenu. Le cinéaste n'y va pas avec le dos de la cuillère lorsqu'il s'agit d'abattre ses cartes en matière de scènes d'horreur. Sans distinction aucune, il charge l'imposant Philippe Nahon (sorti quatre ans plus tôt d'un Carne réaliste et sordide) d'exécuter sans la moindre morale une famille toute entière. Un couple de quinquagénaire et leur gamin d'à peine neuf ou dix ans. Seules survivront à cette première partie en forme de 'home-invasion', deux amies. La fille du couple et sa copine venue pour une nuit, dormir à la campagne. Pas de chance pour la pauvre Cécile de France qui du coup, va vivre un calvaire aussi long que dure le film. Pourchassant le tueur avant qu'il ne tue sa copine Alex. Le spectateur pourra apprécier l'aspect bricolé du long-métrage. Son image granuleuse, ses éclairages vifs et saignants, ses cadrages bancals et son montage nerveux. L'horreur y est graphique. Le sang gicle, au sol, sur les murs, et même jusqu'au plafond. Nahon y est filmé tel un prédateur sans morale, que la caméra tarde à filmer dans les yeux et auquel le scénario n'offre pas la parole durant la première moitié du film. Un tueur pervers, à l'imagination débordante lorsqu'il s'agit de perpétrer des meurtres. On retiendra l'égorgement de la mère de famille filmé en vue subjective à travers les fines ouvertures d'un placards, ou mieux encore, l'originale décapitation de son époux.
D'aspect bricolé, Haute Tension emporte tout sur son passage. C'est crade, parfois hystérique, mais ça fait du bien de voir qu'en France, on en capable de rivaliser avec le cinéma 'redneck' en provenance des États-Unis. Le film d'Alexandre Aja transpire la même sueur malodorante que celle de la famille frappadingue imaginée longtemps auparavant par le regretté Tobe Hooper. Certains reprochèrent au cinéaste d'avoir pompé son histoire sur celle de Intensity que le cinéaste Yves Simoneau réalisa cinq ans auparavant. Il est vrai qu'à la lecture du synopsis de ce dernier, on peut douter que le scénario de Aja et de Grégory Levasseur soit purement le fruit de leur imagination. Autre fait marquant dans Haute Tension, la scène située dans les chiottes pour le moins dégueulasses de la station-service. Tout rappelle en cet instant dramatique la scène culte se déroulant dans le métro new-yorkais du chef-d’œuvre de William Lustig, Maniac. Le film pousse à ce point la ressemblance que son héroïne arbore elle-même un large sourire lorsqu'elle se rend compte que le tueur a quitté les lieux sans découvrir sa présence. Alors que ce détail avait un sens dans Maniac (la victime pouvant penser que tout n'était que le fruit de son imagination), le sourire de Cécile de France demeure, lui, tout à fait déplacé. A part quelques petits défauts de cet acabit, Haute Tension est un film d'horreur efficace qui comblera les fans du genre...❤❤❤❤❤💔💔💔

Pour terminer, un autre film d'horreur français mais qui lui, par contre, se révèle relativement médiocre. La Traque d'Antoine Blossier (à ne pas confondre avec l'excellent long-métrage de Serge Leroy datant de 1975 ou le téléfilm de Laurent Jaoui de 2008) tente en 2011 de renouer avec le genre survival en mixant vaguement le Razorback de Russell Mulcahy à Isolation de Billy O'Brien. Malheureusement, son film n'offre ni les stupéfiants décors et la sublime photographie du premier, ni l'ambiance véritablement oppressante du second. C'est d'autant plus dommage qu'Antoine Blossier fait preuve d'une véritable énergie dans sa mise en scène. Après un premier quart-d'heure ne servant qu'à situer ses personnages, La Traque jette quatre individus en plein cœur d'une forêt dans laquelle se déroulent de bien curieux événements. L'occasion pour le cinéaste d'évoquer succinctement le thème de l'environnement à travers le personnage incarné par l'excellent François Levantal.
Il est d'autant plus dommage de constater que le résultat demeure puéril quand sur le papier, l'intrigue se révélait pleine de promesses. En effet, le mystère entourant le 'suicide' de cerfs s'étant jetés contre une clôture électrifiée puis la découverte par les quatre principaux personnages que des prédateurs tuent tout ce qui se présente dans la forêt avait de quoi aiguiser l'appétit des amateurs de frissons. Si La Traque déborde d'énergie durant l'heure suivante (le film ne dure en effet que quatre-vingt minutes), on pourra trouver agaçant les mouvements de caméra épileptiques qui rendent pénible la visibilité de certains passages. Dès lors que la scène est plongée dans l'obscurité, les attaques des prédateurs qui seront très rapidement identifiés comme étant des sangliers victimes de pollution pétrochimique, deviennent brouillonnes. Antoine Blossier économise ses moyens en filmant ses créatures planquées derrières des buissons secoués énergiquement par ses assistants, ce qui en terme d'effets sanglants risque de décevoir les spectateurs qui se repaîtront avant tout de cadavres d'animaux pourrissant que de victimes humaines d'abord attirées au cœurs d'herbes hautes avant d'être malheureusement tuées en toute discrétion. Autre point qui demeure négatif : la caractérisation des personnages. En faisant de ses héros des individus particulièrement antipathiques, Antoine Blossier laisse les spectateurs indifférents au sort tragique que la nature revancharde leur accorde. A part cela, La Traque se suit sans réel déplaisir mais sans jamais se démarquer d'une concurrence qui lui est éminemment supérieure...❤❤❤❤❤💔💔💔💔💔

vendredi 30 mars 2018

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Jean-Claude Romand - L'Adversaire de Nicole Garcia (2002) - ★★★★★★★☆☆☆



Jean-Marc Faure, c'est d'abord Daniel Auteuil. Mais Jean-Marc Faure, c'est aussi et surtout Jean-Claude Romand. Et même si l'actrice et cinéaste Nicole Garcia a choisit de changer le nom des protagonistes de l'une des affaires judiciaires françaises les plus remarquables, Faure représente indéniablement le double fictionnel d'un homme qui durant dix-huit ans a construit son existence sur un immense mensonge. Et même une succession de mensonges. Toute la difficulté de l'entreprise que s'est chargée d'adapter au cinéma Nicole Garcia à partir de l'ouvrage écrit par le scénariste, écrivain et réalisateur Emmanuel Carrère, est de rendre charnelle l'histoire de cet homme. Pari réussi, car c'est bien le poil dressé et la chair de poule que le spectateur assiste au déroulement d'une intrigue aussi réelle qu'incroyable. Comment, en effet, un homme a-t-il pu si bien tromper son entourage et cela, pendant de si nombreuses années ? Épouse, enfants, parents, belle-famille et amis ont tous découvert que Jean-Marc Faure a bâtit la totalité de son existence sur des mensonges. Comme Romand dans la vraie vie, le personnage de fiction admirablement interprété par Daniel Auteuil a en effet caché aux siens la vérité sur sa vie. Jamais il n'a travaillé à l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Jamais il n'a gagné le moindre sou. 

C'est ainsi que Nicole Garcia décortique le procédé mis en place par un homme qui ne pouvait de toute manière échapper à son funeste destin, et malheureusement, à celui de ses proches. Trop aimant, et n'assumant pas les faits dans toute leur monstruosité, il franchit un cap supplémentaire dans l'horreur, et c'est ainsi ce que nous propose de raconter L'Adversaire. D'abord inspiré de l'ouvrage d'Emmanuel Carrère, mais aussi du fait-divers qui marqua la chronique judiciaire au début de l'année 1993 lorsque l'on découvrit les corps de Florence Crolet, l'épouse de Jean-Claude Romand, et de leurs deux jeunes enfants, Caroline, sept ans, et Antoine, cinq ans dans leur demeure, ainsi que les corps des parents de Romand dans leur maison, le long-métrage de Nicole Garcia sonne comme une longue plainte. Le gémissement sans fin d'un homme désespérément seul dans son malheur. Contraint de mentir, de voler ses proches (parents et beaux-parents) pour pouvoir subvenir à son couple et leurs deux enfants. Un chemin de croix terriblement douloureux extraordinairement incarné par un Daniel Auteuil atteint physiquement et moralement.

Entouré d'une belle brochette d'interprètes tels que Géraldine Pailhas, François Cluzet, Emmanuelle Devos, ou Bernard Fresson (et j'en oublie), l'acteur incarne un personnage à fleur de peau, miné par ce mensonge sans cesse grandissant. Une vie remise en question au quotidien et qui va connaître sa première anicroche le jour où son beau-père lui réclame une part de l'argent que son beau-fils a semble-t-il placé pour lui. Sauf que comme dans la vie réelle, cet argent, ainsi que celui des propres parents de Faure-Romand aura servi à cet homme sans emploi à nourrir sa petite famille. Avec toute la sensibilité qui la caractérise, Nicole Garcia réalise une œuvre forte, troublante, étonnamment déprimante (le spectateur ressent tout le poids du mensonge et la tristesse incarnée par Daniel Auteuil). La musique d'Angelo Badalamenti participe à l'état dépressif qui règne au sein d'une famille dont le bonheur factice risque à tout moment de s'effondrer. Faure, dans le dernier acte, et au delà du mensonge et des actes impardonnables dont il se rend coupable afin d'échapper au regard et au jugement de ceux qu'il aime et qui l'aiment, demeure devant la caméra, un individu remarquablement touchant. L'Adversaire est une franche réussite et l'un des portraits de tueur les plus implacables et les plus émouvants que le cinéma français ait porté à l'écran jusqu'à ce jour. Bouleversant...

jeudi 29 mars 2018

Stéphane Audran - 8 novembre 1932 - 27 mars 2018



Elle nous a quitté pas plus tard que le 27 Mars dernier. Il y a deux jours. Mais alors qu'un terroriste (Radouane Lakdim, surnommé 'l'enculé de service' par mes propres soins) s'est interposé en tuant lâchement quatre personnes quelques jours auparavant, on n'a pas vraiment entendu parler de la disparition de l'une des grandes égéries de l'immense cinéaste Claude Chabrol. Une actrice aux rôles parfois ambigus, visage émacié, regard froid et parfois impénétrable. L'une de ces immenses vedettes d'un cinéma français qui exportait ses artistes jusque dans les bras de réalisateurs aussi légendaires que le mexicain Luis Buñuel. Née en 1932 et morte en 2018, donc. Quatre-vingt six ans d'existence dont plus d'une cinquantaine de bons et loyaux services envers ce septième art auquel elle donna de la voix et de la présence physique. Cinémart n'étant pas à vocation 'people', nous ne reviendrons pas sur sa vie personnelle en précisant tout de même qu'elle épousa l'acteur Jean-Louis Trintignant, puis plus tard Claude Chabrol avec lequel elle tourna bon nombre de longs-métrages. Leur relation qui s'étendra bien au delà des plateaux de tournage débutera sur grand écran avec Les Cousins en 1959 dans lequel elle obtiendra un petit rôle, et ce, jusqu'au début des années quatre-vingt dix avec Betty
 
Mais Stéphane Audran ne fera pas que tourner avec le père de leur futur enfant Thomas. Eric Rohmer, Philippe Labro, Orson Welles, Michel Audiard, Samuel Fuller, Bertrand Tavernier et beaucoup d'autres cinéastes français et internationaux lui auront offert des rôles à sa mesure. Une carrière qui aura véritablement pris fin en 2008 sur le tournage de La Fille de Monaco d'Anne Fontaine. Exigeante et personnifiant comme certains autres interprètes la vague de films d'auteurs qui déferla durant les années soixante et la décennie suivante, Stéphane Audran aura eu davantage à cœur d'interpréter des rôles difficiles que de s'occuper du relatif succès des films auxquels elle participa. C'est une grande actrice qui nous a quitté en laissant derrière elle une formidable filmographie qu'il sera urgent de redécouvrir. R.I.P.

Sélection de 3 films à voir, à revoir... ou à éviter (9)

Difficile de définir si Une Pure Formalité, le cinquième long-métrage du cinéaste Italien Giuseppe Tornatore, vaut le détour ou non. Si l'on peut le ranger dans la catégorie des bons ou des mauvais films. Tout laisse à croire que le cinéaste a pensé son film comme une œuvre prenant de la distance avec les classiques du genre. On est loin de la Garde à Vue de Claude Miller. D'abord le cadre. En un lieu qui restera difficile à définir, l'intrigue se déroule dans un édifice doucement, mais sûrement, 'dévoré' par une pluie nocturne incessante. C'est là que l'on retrouve Onoff, un drôle de patronyme pour un Gérard Depardieu victimes de cauchemars récurrents dont il faudra faire la lumière sur leur hypothétique lien avec un meurtre dont il va très vite se retrouver soupçonné. Face à lui, un inspecteur, campé par le réalisateur polonais Roman Polanski. Généralement plus à l'aise derrière la caméra que devant (celle des autres). Si le scénario est l’œuvre du cinéaste ainsi que de l'écrivain français Pascal Quignard, le récit d'Une Pure Formalité aurait tout aussi bien pu sortir de l'imaginaire de celui qui hanta l'esprit des spectateurs avec sa trilogie de l'appartement (Répulsion, Rosemary's Baby, Le Locataire), mais Polanski ne fait finalement qu'y participer en tant qu'interprète. Un rôle étrange. Ambigu. Au moins autant que celui campé par Depardieu.
Le spectateur curieux a tout autant intérêt à découvrir ce long-métrage très étrange que le fan d'action à intérêt à aller voir ailleurs. Giuseppe Tornatore n'étant pas du genre à asséner de grandiloquents retournements de situation, le rythme impulsé est celui d'un songe éveillé où rien ne semble véritablement cohérent. Même cette bâtisse qui tombe en ruine n'a pas vraiment l'air d'avoir une existence concrète. Comme si tout n'était qu'un rêve sordide, aboutissement d'un calvaire qui s'est soldé par la mort d'une femme, c'est au fil de ses cent huit minutes d'un interrogatoire pour le moins étonnant que la clé de l'énigme nous sera offerte. Perdu dans des repères qu'il ne saisit pas, le spectateur suit le cours d'un récit alambiqué, dicté par un cinéaste assez finaud pour que son auditoire ne prenne pas la fuite devant une myriade d'incohérences qui trouvent leur explication en fin de course. Quelques éléments d'apparence surnaturelle participent à l'aura d'une œuvre dont l'intrigue ne tient finalement pas sur grand-chose. Cinéaste de génie, Roman Polanski semble avoir beaucoup de mal à rendre crédible ce personnage de premier fan de l'auteur Oloff. C'est peut-être pourtant ce qui rend son personnage si troublant. Cette hésitante manière d'aborder l'incarnation d'un flic auquel on ne sait réellement à quoi s'attendre. Face à un Gérard Depardieu dont le personnage est aussi trouble que le flic qui le questionne, on a parfois l'impression que les deux hommes sont les deux hémisphères d'une seule et même matière grise. Une Pure Formalité est au final une œuvre peu divertissante tout en demeurant ludique de part son approche inédite. Un long-métrage Italo-français qui sort des sentiers battus. Un film à la mise en scène perfectible, mais qui étonnamment continue longtemps après la projection de résonner dans la tête de ceux qui l'ont vu. Une Pure Formalité est-il pour autant un grand film... ? ❤❤❤❤❤💔💔💔💔

On passe maintenant d'un petit poste de police délabré au cabinet d'un psychiatre interprété par l'acteur Daniel Auteuil. Réalisé en 1996, Passage à l'Acte est le treizième long-métrage du cinéaste Francis Girod qui bien avant celui-ci réalisa notamment Le Trio Infernal en 1974, La Banquière en 1980, ou encore Descente aux Enfers en 1986. On y retrouve les actrices Anne Parillaud, Michèle Laroque et Marianne Denicourt, ainsi que l'humoriste Patrick Timsit dans la peau d'un patient dont le psychiatre Antoine Rivière (Auteuil, donc) tentera de percer le mystère : à savoir si, oui ou non, Édouard Berg a, comme il le prétend, tué sa femme avant de faire disparaître le corps et d'organiser le faux départ de la défunte vers le Brésil. Inspiré de l’œuvre de l'écrivain français Jean-Pierre Gattégno, Neutralité malveillante, Passage à l'Acte se veut une étude psychologique de la pathologie d'un individu dont on ne sait pas encore s'il est un assassin ou s'il n'est qu'un mythomane narcissique. Contrairement aux apparences et à la réputation qu'entretient le personnage incarné par Daniel Auteuil, c'est bien, ici, le patient qui mène la danse. Patrick Timsit s'est pour l'occasion rasé le crâne et observe un comportement hautain auprès de son nouvel analyste. L’œuvre de Francis Girod explore en fait assez maladroitement le personnage de Berg, en proie à ce qui semble être un désir de reconnaissance. Alors que les divers éléments du puzzle prennent leur place respective lors d'un final censé éclairer le spectateur sur les tenants et les aboutissants du récit, le résultat est parfois si confus (et non pas complexe) qu'on se demande où veut vraiment en venir le cinéaste.
Si Daniel Auteuil est relativement convaincant dans la peau du psychiatre, Patrick Timsit, lui, eut égard à son talent, se révèle parfois ridicule. La faute en incombant très certainement à une direction d'acteurs navrante. Le sujet, au demeurant passionnant, est ici gâché par une succession d'événements dont le ridicule l'emporte sur la crédibilité. A titre d'exemple, la relation entre deux des patients du docteur Rivière semble à ce point si peu vraisemblable qu'on a un mal fou à se retenir de pouffer de rire. Le style français, certainement... Anne Parillaud joue son éternel numéro de séduction, Michèle Laroque comble naïvement les vides laissés par le scénario bancal écrit par le cinéaste lui-même, aidé en cela par l'agaçant psychanaliste-chroniqueur Gérard Miller et le romancier, scénariste et journaliste Michel Grisolia. Seule parvient à tirer son épingle du jeu la séduisante Marianne Denicourt, ou encore l'acteur Jean-Michel Noirey dans le rôle du commissaire Guérin.
Passage à l'Acte se révèle donc au départ une excellente idée, confrontant deux solides interprètes entourés d'une poignée d'actrices et d'acteurs habituellement convaincants. Si quelques passages génèrent une certaine anxiété (Berg tournant autour des proches du psychiatre), le résultat final est décevant. Loin des promesses de son synopsis alléchant... ❤❤❤❤❤💔💔💔💔

Pour finir, on termine avec Le Cousin d'Alain Corneau. Un cinéaste qui s'est souvent illustré dans le polar avec des œuvres fort convaincantes. Police Python 357, La Menace, Le Choix des Armes, ou encore le redoutable Série Noire avec l’irremplaçable Patrick Dewaere. Pour le long-métrage qui nous intéresse ici, Alain Corneau a fait appel à un duo plutôt étonnant puisque Patrick Timsit et Alain Chabat étaient jusque là, surtout connus pour verser dans l'humour et non pas dans le polar comme c'est le cas ici. Le cinéaste fait donc à l'époque le pari risqué de confier le rôle d'un flic à celui auquel il offrit un minuscule rôle de figurant dans Série Noire en 1979 (l'un des Hell's Angels du bar, c'est Alain Chabat), et celui d'un indicateur à celui qui incarnera sous la houlette de ce même réalisateur, l'un des personnages principaux du Prince du Pacifique trois ans plus tard. Alain Corneau traite son sujet sous un angle particulièrement sombre même si la présence de ses deux principaux interprètes désamorce quelque peu certaines situations. Car à l'époque, sans doute davantage qu'aujourd'hui, l'étiquette que portent les deux hommes est difficile à séparer de cette nouvelle approche de leur métier d''acteurs désirant sans doute s'offrir une certaine forme de respectabilité, ou du moins, de reconnaissance en se jetant corps et âme dans un film policier tendu où l'humour n'a pas vraiment droit de cité.
Alain Chabat y incarne donc Gérard Delvaux, flic à la criminelle prenant 'sous son aile' un certain Nounours, incarné, lui, par Patrick Timsit, lequel était indicateur à la solde de Philippe, flic lui aussi et qui, inquiété par la police, s'est suicidé récemment. Balance, Indicateur, ou comme ici, Cousin. Rien ne différencie ici ces patronymes alloués à des criminels de petites envergures travaillant dans l'ombre pour les services de police. Dans leur propre intérêt également puisque en fournissant des informations aux flics, c'est avec impunité qu'ils peuvent continuer à mener leur propre trafic. Le personnage incarné par Patrick Timsit est à ce titre un petit trafiquant de drogue qui profite de son statut de balance pour récupérer dix pour cent du butin que les policiers récupèrent lors des perquisitions menées sur des lieux de trafics indiqués par Nounours. L’œuvre d'Alain Corneau s'attarde sur les liens qui unissent deux hommes qui ont pourtant choisi d'emprunter des chemins différents. Il démontre également que parfois, la frontière entre légalité et criminalité est ténue. Même si le personnage campé par Alain Chabat conserve son intégrité, Le Cousin démontre que certains peuvent se laisser griser par l'argent facile. Autour du duo, le cinéaste intègre un casting solide à la tête duquel on retrouve un Samuel Le Bihan qui aurait sans doute mérité plus encore que le pourtant très bon Alain Chabat, le rôle principal de Gérard Delvaux. Plus naturellement charismatique dans la peau du flic incorruptible, il sert la soupe à un interprète qui heureusement, s'en sort plutôt bien. Comme s'en sort également très largement Patrick Timsit en indic instable et parfois violent, mais dont le charisme a été revu à la baisse (il faut le voir se dandiner lorsqu'il se déplace à vive allure). Outre Le Bihan, Alain Corneau confie deux des principaux rôles féminins aux actrices Marie Trintignant (malheureusement pas assez exploitée dans le rôle du juge Lambert) et à Agnès Jaoui, dans celui de Claudine, l'épouse (timidement) alcoolique de Gérard Delvaux. Au final, Le Cousin est un petit polar sympathique qui demeure pourtant loin, très loin d'égaler le meilleur du genre. Et l'on ne parle pas ici de l'internationale mais simplement des tentatives françaises qui dans le domaine ont, fort heureusement, fait beaucoup de progrès depuis un certain nombre d'années. A voir pour Alain Chabat et Patrick Timsit dans leur premier vrai rôle dramatique... ❤❤❤❤❤💔💔💔💔

mercredi 28 mars 2018

Sharknado 5 – Global Warning de Anthony C. Ferrante (2017) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Après un quatrième et légendaire opus, totalement barré, assumant sa crétinerie, ses effets-spéciaux d'un autre âge (genre, cinématiques de jeux vidéos estampillés Playstation One), son interprétation et sa mise en scène en roue libre et pour nous, français, son catastrophique doublage (il faut entendre celui du fils du héros pour constater combien le travail effectué par les doubleurs est pathétique), la série des Sharknado accouchait l'année dernière d'un cinquième volet dont le titre ne laissait aucune ambiguïté quant à ses perspectives : conquérir le monde. Exporter ce produit purement américain jusqu'en Europe, à Londres, et même de l'autre côté de la Terre, en Australie. Sharknado 5 – Global Warning a l'avantage de ses inconvénients. Ceux qui ne trouvèrent jusqu'à maintenant aucun intérêt à cette série Z jouissive incarnée par l'ex Steve Sanders de la série Beverly Hills 90210 iront voir ailleurs, comme d'habitude, tandis que les fans de la première heure se rueront, bave aux lèvres, devant ce téléfilm directement diffusé sur la chaîne Syfy qui s'est faite depuis sa création une spécialité dans le domaine de la science-fiction et du fantastique.
Pas forcément une valeur sûre que ce sceau souvent synonyme de désert artistique. Mieux vaut ne pas être trop regardant. C'est donc ainsi que le cinquième volet de la saga Sharknado met les pieds dans le plat en plaçant ses héros dans un contexte géographique qui fera voir du pays, et même du monde, à ses personnages ainsi qu'aux spectateurs. Mais comme la qualité des visuels n'est toujours pas au rendez-vous et que les CGI demeurent parmi ce que l'on peut voir de pire actuellement, il va falloir prendre la chose avec humilité et accepter de se brûler la rétine devant des phénomènes météorologiques de grande ampleur dont l'impact n'aura d'effet que sur peu de spectateurs. En ouvrant le paquet, inutile d'y voir enfermé une rolls. Ici, c'est à de vieilles pièces de mécanique auxquelles le spectateur à droit. Outre Ian Ziering dans le rôle principal, on retrouve Cassie Scerbo, Tara Reid et Billy Barratt. Au détour d'une scène on peut croiser la route de Dolph Lundgren, de Tony Hawk (un célèbre skateboarder américain qui prêta notamment son nom pour une série de jeux vidéos), d'Olivia Newton Jones, surtout connue pour avoir joué aux côtés du tâcheron John 'scientologie' Travolta dans Grease, et même celle d'Anthony C. Ferrante, le réalisateur de l’œuvre qui nous intéresse ici.

Auteur d'une quinzaine de longs-métrage depuise ses débuts fin années quatre-vingt dix, de puis 2013, date de sortie du premier Sharknado, le bonhomme ne semble plus être intéressé par autre chose que ses requins-tornades dont l'invraisemblance continue de fasciner une partie du public. Logique lorsque l'on fait l'effort de plonger dans un univers dans lequel tout forme de crédibilité s'est vue refuser l'entrée. Des requins-tornades, donc, et même au delà (je vous renvoie pour cela, à l'épisode précédent), et des situations tellement absurdes qu'elle génèrent une certaine forme d'empathie pour ses interprètes, forcés de gagner leur croûte en acceptant des projets aussi casse-gueule... mais dont la notoriété encore incompréhensible permet à leur auteur de produire chaque année, un nouvel épisode. On pouvait le craindre mais, malgré l'amusant spectacle qu'offre à nouveau ce cinquième opus, et en comparaison de l'énorme morceau qui représentait Sharknado – The 4th Awakens, le spectacle semble un cran en dessous. Serait-ce la faute du scénario ? Ou bien du peu de motivation dont semblent faire parfois preuve les interprètes ? Ou bien le spectateur aurait-il finit par se lasser de cet incessant ballet aérien se mordant la queue à force de répéter inlassablement le même principe ?
Pourtant, on ne saura jamais assez remercier Anthony C. Ferrante, Ian Ziering et les autres de nous avoir offert tel délire à l'écran. Crédible ou pas, irréprochable ou pas d'un point de vue réalisation, interprétation et effets-spéciaux, Sharknado 5 – Global Warning vise le même public, sans jamais avoir la prétention de vouloir jouer dans la cour des grands. On s'amusera des quelques clins d’œil jamais vraiment réussis à d'autres films tels que Indiana Jones et les Aventuriers de l'Arche Perdue ou au personnage de James Bond. On rigolera forcément devant les pouvoirs sans cesse grandissants d'une April Dawn Wexler-Shepard en super-héroïne affreusement kitsch. Ceux qui avaient peur de roder aux alentours des plages depuis le tout premier Les Dents de la Mer peuvent désormais retourner se baigner car le danger, désormais, est au dessus de leur tête. Quant aux fans, qu'ils se rassurent, un sixième opus est prévu pour le mois de juillet de cette année. Mêlant cette fois-ci nos héros aux prises avec les sharknado avec le voyage dans le temps. Le fan qui sommeille en nous en frémit d'impatience...

lundi 26 mars 2018

Bornless Ones d'Alexander Babaev (2017) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Cinq amis, un fauteuil roulant, un véhicule familial, la campagne américaine, une station-essence gérée par un mec louche, ça vous rappelle quelque chose ? Oui, bon, je sais à quel grand classique du cinéma d'épouvante vous vous raccrocher. Mais vous faîtes fausse route. Si j'ajoute une maison 'perdue' dans les bois, à l'intérieur de laquelle on trouve au hasard, des symboles religieux, un vieux grimoire, et qu'il va bientôt s'y dérouler des événements relevant de la démonologie ? OUI ! Cette fois-ci vous m'avez l'air d'avoir enfin saisi où je voulais en venir. La comparaison entre ce Bornless Ones d'Alexander Babaev dont il est question dans cet article et le classique indémodable de Sam Raimi, Evil Dead, est forcément inévitable. Ça n'est d'ailleurs pas la première fois que le spectateur est confronté à ce genre de situation où, en opportuniste, un cinéaste tente d'apporter sa pierre à un édifice dont la construction est depuis longtemps terminée. Dans le remake officiel réalisé en 2013 par le cinéaste uruguayen Fede Alvarez, le bonhomme y intégrait un personnage féminin que son frère et leurs amis allaient tenter de convaincre d'arrêter la drogue. Sans une once d'originalité, Alexander Babaev va quand à lui chercher du côté du Amityville: The Awakening du scénariste et réalisateur Franck Khalfoun en intégrant parmi ses personnages, celui d'un quadraplégique qui, comme chez le français, sera la première victime d'une entité démoniaque.

L'une des différences essentielles avec le film de Sam Raimi est qu'ici, les démons apparaissent sous une forme concrète. Bornless Ones s'apparente alors à un 'home invasion' fantastique dans lequel les envahisseurs apparaissent sous la forme de créatures semi-vaporeuses se déplaçant à très grande vitesse et dont la principale nécessité semble être de trouver un hôte. Et quoi de mieux que ces quatre adolescents (si l'on ne compte pas le handicapé, lui-même déjà possédé) pour intégrer le monde réel dans lequel nous vivons ?

Il faudra attendre quarante-cinq longues minutes pour que l'intrigue s'accélère et que la maison que l'une des deux jeunes femmes du groupe a acquit plus tôt dans la journée soit le théâtre d'événements paranormaux. Le film reprend l'idée des voix déformées mais sur un ton tellement ridicule que l'on passe plus de temps à sourire qu'à trembler. Cette donnée semble d'ailleurs absente et même les quelques 'jump scares' disséminés ça et là ne sont d'aucune efficacité. Si l'affiche semble promettre de grand élans gore (on y constatera la grande ressemblance entre la blonde héroïne et le personnage d'Emily incarné par l'actrice Cinzia Monreale dans le classique gore de Lucio Fulci, L’Au-Delà), le résultat à l'écran va fort heureusement dans ce sens. Éviscération, aiguille enfoncée dans l’œil, lame plantée dans la mâchoire, etc...

Mais entre les quelques tristes moments d'hystérie, Bornless Ones manque cruellement de rythme. En comparaison avec le film de Sam Raimi, le long-métrage de Alexander Babaev est assez plat, sans imagination... on regretterait presque que les personnages ne soient pas aussi stupides qu'à l'accoutumée, leur souffrance n'en auraient été que plus appréciable pour le spectateur avide de violence et d'hémoglobine. D'une autre façon, leur comportement en rassurera certains, fatigués de constater que la jeunesse d'aujourd'hui n'est plus qu'une infâme bouillie de chair sans esprit ne pensant qu'à boire et à baiser. Bornless Ones demeure au final une œuvre anecdotique qui ne parvient pas à faire de l'ombre au film culte de Sam Raimi, que cela pu être la volonté de son auteur ou pas d'ailleurs. A regarder si l'occasion se présente tout à fait par hasard, sinon, passez votre chemin...
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