Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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lundi 31 décembre 2018

La Maison du Bonheur de Dany Boon (2005) - ★★★★★★★☆☆☆




Trois ans avant l'immense succès de son second long-métrage Bienvenue chez les Ch'tis qui s'explique probablement en partie grâce à l'affluence répétés des spectateurs originaires de la région à laquelle il rendait hommage, l'acteur, humoriste, scénariste et réalisateur Dany Boon réalisait en 2005 ce qui demeure sans doute comme sa meilleure œuvre en tant que cinéaste. La Maison du Bonheur ou le rêve de bon nombre de locataires qui espèrent un jour devenir propriétaires et pourquoi pas, quitter les artères surpeuplées de Paris ou de toute autre grande ville française pour venir s'installer dans un quartier à la périphérie de la capitale. C'est ce rêve que décide d'accomplir le personnage incarné par l'acteur-réalisateur qui s'offre le rôle de Charles Boulin, un employé de la société Crédilem, chargé de traquer les mauvais payeurs surendettés aux côtés de son ami et collègue de travail Jacques Kurtz (savoureux Michel Vuillermoz). Connu pour être radin, Charles veut prouver à son épouse Anne (Michèle Laroque) qu'il est capable de lui offrir un cadeau très coûteux pour leurs quinze ans de mariage.

Et justement, c'est lors d'une visite chez un couple surendetté qu'il tombe sur une agence immobilière tenue par un certain Jean-Pierre Draquart. Là, l'agent immobilier lui propose une affaire à ne pas manquer. Une magnifique maison à moins de quinze minutes de la capitale. Lors de la visite, Charles constate que la demeure a besoin de travaux. Mais l'agent immobilier lui affirme qu'ils ne devraient pas lui coûter plus de 50 000 euros. Ajoutés aux 550 000 que Draquart lui réclame pour son achat, Charles demande à réfléchir. C'est alors qu'intervient son ami Jacques qui rêve lui aussi de posséder une jolie maison en dehors de la capitale...

La Maison du Bonheur, c'est le cauchemar d'un radin qui va accumuler les dettes et surtout se retrouver avec sur les bras, une maison prenant des allures de gouffre financier. Licencié, et incapable d'avouer à son épouse qu'il n'a plus de travail et qu'il a déjà vendu leur appartement afin de payer leur future maison qui pour le moment ressemble surtout à une ruine, le personnage incarné par Dany Boon se retrouve pris à la gorge. Entre un agent immobilier véreux, mais jubilatoire, interprété par Daniel Prévost, l'ancien ami et nouvel ennemi du héros somptueusement campé par Michel Vuillermoz, l'excellente Michèle Laroque dans la peau de l'épouse, mais aussi et surtout, deux pieds nickelés interprétés par Zinedine Soualem et Laurent Gamelon, le héros Charles Boulin a de quoi se faire du soucis. Le spectateur assiste médusé à une comédie forcément caricaturale mais efficace en terme de gags puisque ceux-ci sont légions avec quelques passages cultes comme la fameuse scène du regard salace prêté au personnage de Mouloud Mami incarné par Zinedine Soualem.

L'un des personnages importants de La Maison du Bonheur, c'est la demeure elle-même. Une bâtisse située à Maison-Laffitte dans les Yvelines. Une magnifique ruine qui sera détruite à la suite du tournage. On comprend mieux alors pourquoi Dany Boon s'est employé à faire d'une demeure au départ plutôt accueillante malgré les travaux nécessaires, une maison tombant littéralement en morceaux. Généreux en matière de gags, le film de Dany Boon multiplie en effet les moments de bravoure. Fuites de canalisation, installation électrique défaillante, balustrade qui s'écroule sous le pied de l'agent immobilier, ou explosion de gaz. Les personnages également sont à la sources de nombreux fous rires. Entre un Daniel Prévost fidèle à ceux qu'il a toujours su incarner sur grand écran, un Michel Vuillermoz faux-cul, envieux et responsable du licenciement de son 'ami' Charles Boulin, et bien évidemment Laurent Gamelon et Zinedine Soualem qui campent un duo d'ouvriers-bras cassés qui génèrent plus de gravas qu'ils n'assurent les travaux de 'la maison du bonheur'. En bref, le premier long-métrage de Dany Boon est une réussite. Une excellente comédie qui rempli très largement son contrat...

dimanche 30 décembre 2018

Le Bonheur de Pierre de Robert Ménard (2008) - ★★★★★★★☆☆☆




Si Pierre Richard n'a jamais cessé de demeurer attachant, il faut avouer que parfois, certains des personnages qu'il incarna dans les années 2000 manquaient de cette folie et de cette poésie qui le rendirent célèbre à l'orée des années soixante-dix avec les films qu'il mit en scène et interpréta lui-même : Le Distrait, Les Malheurs d'Alfred, Je sais Rien mais je Dirai Tout, quand ce n'est pas d'autres qui se chargèrent de réaliser des œuvres qui allaient devenir de vrais classiques de la comédie française : Le Grand Blond avec une Chaussure Noire d'Yves Robert, La Moutarde me Monte au Nez de Claude Zidi ou encore La Carapate de Gérard Oury... En 2008, l'acteur français file tout droit jusqu'au Canada, dans la province du Québec, et plus exactement dans la région de Saguenay–Lac-Saint-Jean où se situe le village de Sainte-Rose-du-Nord au cœur duquel le réalisateur, producteur et scénariste québécois Robert Ménard tourne son huitième long-métrage. Avec dans le rôle principal, donc, notre Pierre Richard national qui dans la peau d'un professeur de physique quantique français vient s'installer aux côtés de sa fille Catherine dans l'auberge du village de Sainte-Simone-du-Nord ayant appartenu à la tante de Pierre, récemment décédée. Optimiste convaincu, le vieil homme et sa fille sont loin d'imaginer les conséquences que va engendrer leur installation dans l'auberge de la tante disparue. En effet, accueillis par le maire du village, Michel Dolbec, celui-ci va tout faire pour s'en débarrasser, convaincu que l'auberge lui revient de droit. Raciste, il ne supporte pas que des français viennent s'installer durablement à Sainte-Simone-du-Nord. Marié à Louise qui ne voit pas d'un bon œil les agissements de son époux, et père d'un Steven pas très futé, Michel Dolbec peu compter sur l'aide de Ti-Guy, le plombier du village ainsi que sur plusieurs habitants de Sainte-Simone-du-Nord pour pourrir la vie d'un Pierre optimiste et philosophe qui ne voit le mal nulle part et qui malgré l'adversité, demeure toujours confiant et souriant. Heureusement que Catherine et l'ancien employé de la tante décédée, le peintre Mario Vaillant, sont là pour veiller au grain...

Drôle comme les avis se partagent autour de cette excellente comédie franco-canadienne. S'il est vrai qu'il faut un temps d'adaptation et que les rires ont bien du mal à fuser durant la première moitié du film, le cinéaste Robert Ménard parvient pourtant à signer l'une des comédies mettant en scène Pierre Richard, parmi les plus attachantes qui aient vu le jour dans les années 2000. Se partageant la vedette avec l'irascible mais néanmoins excellent acteur québecois Rémy Girard (célèbre dans son pays mais beaucoup moins chez nous), Pierre Richard y est formidable d'humanité et d'optimisme. A un tel point que l'on s'effraierait même de le voir si peu inquiet face aux dommages causés par un maire savoureusement incarné : raciste, minable, mais pourtant, époux d'une Louise interprétée par Louise Portal, celle-là même qui fut la Dany du dépressif Les Fauves de Jean-Louis Daniel en 1984 ou la chanteuse québécoise Bernadette Legranbois de l'excellente comédie signée par Jean-Marie Poiré deux ans plus tard, Mes Meilleurs Copains. Dans le rôle de Ti-Guy, le plombier pas très malin, l'acteur Gaston Lepage, originaire de Saint-Félicien, au Canada, et dans celui de Mario, le fils du maire, l'acteur québecois Jean-Nicolas Verreault, excellent.

Traitant du racisme, le scénario du Bonheur de Pierre est surtout un prétexte pour y voir le duel opposant l'irascible maire à l'impassible Pierre. Deux philosophies qui s'opposent dans une guerre de voisinage dont seule la sagesse sortira vainqueur. L'actrice française Sylvie Testud interprète le personnage de Catherine. Dépaysée, c'est de façon singulièrement outrée et finalement peu efficace (les singeries de cette actrice pourtant formidable n'ont aucun effet) que l'actrice incarne la fille de Pierre. Si le film a du mal à démarrer, on finit pourtant par s'attacher aux personnages, l'humour venant prendre peu à peu la place qui lui est due. Le Bonheur de Pierre est au final si communicatif qu'il devient celui du spectateur qui sort de la projection, le sourire aux lèvres...

Aterrados de Demián Rugna (2017) - ★★★★★★★☆☆☆



A l'attention de toutes celles et ceux qui en ont marre des revenants made in United States of America, Prenez l'avion et dirigez vous vers l'Amérique du sud, tout en bas, dans ce pays coincé entre le Chili, la Bolivie, le Paraguay et l'Uruguay que l'on nomme Argentine. C'est là-bas, dans ce pays très lointain, où l'on trouve sans doute les meilleurs empanadas, le provoleta, et les berenjenas rellenas que le cinéaste argentin Demián Rugna a réalisé son troisième long-métrage après The Last Gateway en 2007 et No Sabés con quién estás Hablando il y a deux ans en arrière. Son dernier s'intitule Aterrados (qui en espagnol signifie à fort propos terrifié) et tourne autour de curieux événements se produisant depuis quelques temps dans un quartier de Gran Buenos Aires. C'est là-bas que vivent en effet plusieurs individus qui tous vont être confrontés à des situations qui sortent de l'ordinaire. Tout commence avec un certain Brunetti dont l'épouse à été retrouvée pataugeant littéralement dans son propre sang, dans la baignoire de leur salle de bain. Inculpé de meurtre, son mari se retrouve au poste de police où interrogé par Albreck, Rosentock et Jano ces derniers lui font remarquer qu'un cas similaire eut lieu aux États-Unis en 1998. Brunetti, alors, raconte son histoire, et évoque son voisin et ami Walter Carabajal, lequel a entreprit, selon ses propos, des rénovations. Un homme qui plusieurs jours auparavant a tenté de contacter le docteur Albreck afin d'évoquer avec elle d'étranges événements se produisant chez lui. Le quartier où vivent Brunetti et Carabajal semble avoir été investit par des forces obscures et touchent d'autres familles que la leur. A commencer par la mère d'un enfant récemment décédé à la suite d'un accident de la route, qui quatre jours après avoir été enterré, est revenu par ses propres moyens dans leur maison. Convaincus qu'il se déroule de drôles de choses, Albreck, Rosentock et Jano décident de passer une nuit entre les trois demeures, se partageant les tâches en compagnie d'un inspecteur afin de dénouer ces curieuses affaires qui semblent être mêlées à un événement commun...

Alors là ! S'il y a bien une chose dont j'étais loin de me douter, c'était que j'allais passer un si agréable moment devant ce Aterrados a priori anecdotique. Non pas que ses origines argentines m'aient fait douter de sa valeur intrinsèque, mais le genre est si encombré et certains cinéastes depuis des décennies semblent avoir déjà tout dit sur le sujet qu'un film où règne la présence de fantômes, esprits, goules, appelez-les comme vous voudrez m'a d'abord fait douter du bien fondé de cette démarche manquant à la base, d'originalité. Et pourtant, ce qui différencie Aterrados de ses dizaines, de ses centaines de concurrents, c'est son approche originale et quelques aspects de l'intrigue qui viendront renforcer l'angoissant propos. Tout d'abord, Demián Rugna ne raconte pas l'histoire d'une famille unique victime de poltergeists ou de toute autre manifestation surnaturelle. Ici, les mauvais esprits ont la faculté de se promener de maison en maison, ce qui ne met donc personne à l'abri de leurs attaques, les frontière d'une seule et même demeure n'étant donc plus efficientes.

Mais sans doute, l'idée la plus remarquable qui fait de cet Aterrados une bande horrifique supérieure à bon nombre de ses concurrentes, c'est d'avoir choisi un personnage principal au cœur fragile et particulièrement effrayé à l'idée d'être plongé dans un univers surnaturel terrifiant. Une manière assez originale pour que le spectateur s'identifie naturellement à ce personnage totalement dépassé. De plus, en prenant l'option de séparer chacun des membres de l'équipe de chercheurs en paranormal, Demián Rugna crée un climat de solitude et donc d'insécurité qui décuple très largement le sentiment de danger. Souvent filmées de nuit, les séquences fantastiques se révèlent souvent terrifiantes (d'où le titre du film). Un film que l'on se doit d'avoir vu dans le noir, le soir ou au beau milieu de la nuit. Demián Rugna semble avoir particulièrement bien digéré les classiques du genre puisque entre les bruits de pas, les coups portés contre les murs, les refuges de l'entité sous les lits et dans les placards, et les différentes apparitions de celle-ci (n'oublions pas non plus la réapparition du gamin décédé quatre jours auparavant), le cinéaste argentin a su apporter un sang nouveau tout en puisant très largement dans le mythe du fantôme. En employant un rythme étonnamment lent, Demián Rugna parvient cependant à apporter la part de frissons auxquels les amateurs du genres pouvaient prétendre. Une belle réussite...

samedi 29 décembre 2018

En Guerre de Stéphane Brizé (2018) - ★★★★★★★★★★




Découvert hier en début d'après-midi, le dernier long-métrage du cinéaste français Stéphane Brizé est peut-être le dernier grand film que j'aurais eu l'occasion de découvrir cette année. Après Tout le Monde Debout de Frank Dubosc et Les Garçons Sauvages de Bertrand Mandico. Trois longs-métrages sur toute une année de cinéma, ça peut paraître peu. Mais trois œuvres signées par des artistes français, ça a le mérite d'être évoqué. En Guerre est le nouveau drame social de Stéphane Brizé qui avec La Loi du Marché su émouvoir les jurys de Cannes et des Césars en permettant à son principal interprète de remporter dans les deux cas le prix du meilleur acteur. Vincent Lindon incarne pour la quatrième fois le principal personnage dans une œuvre signée par un cinéaste préoccupé par le sort réservé à de plus en plus d'ouvriers français qui sous la broyeuse patronale risquent chaque jour de se retrouver sans emplois. L'acteur connaît déjà bien le sujet pour l'avoir abordé auprès de Stéphane Brizé, mais s'était intéressé à ce type d'événement en incarnant le rôle principal de l'excellente comédie de Pierre Jolivet en 1999, Ma Petite Entreprise, dont le personnage d'Ivan Lansi s’attaquait sur un ton beaucoup plus léger aux assurances censées le dédommager de la perte de son entreprise. Désormais, c'est à l'échelle d'une entreprise employant plus de mille cent salariés que En Guerre oppose ceux-ci à une multinationale d'origine allemande dont l'unique intérêt est de rapporter toujours plus d'argent à ses actionnaires.

Alors que les employés ont accepté de faire des sacrifices en abandonnant leurs droits à des primes afin de sauver leur entreprise, et en signant un accord leur promettant qu'elle ne fermera pas avant un minimum de cinq ans, Laurent Amadéo et les siens constatent avec effroi que la direction n'a pas tenu son engagement puisque qu'après seulement deux ans, l'usine Perrin Industrie se voit obligée de fermer ses portes. Un constat plus qu'amer pour plus d'un milliers de salariés qui vont monter au front avec en tête de cortège, un Laurent très remonté.

Stéphane Brizé choisit de mettre en scène de manière particulièrement réaliste des dizaines de seconds-rôles, Vincent Lindon se faisant tout d'abord relativement discret avant de devenir celui qui va servir de chair à canon auprès de la direction, des médias, et de ses collègues eux-mêmes. Entouré par un casting brillant, l'acteur est formidablement naturel, le cinéaste insistant parfois en le filmant dans un cadre approximatif renforçant l'aspect documentaire du sujet évoqué. Entre manifestations, sièges des différents locaux administratifs, interventions dans les médias, discussions entre salariés, Direction et syndicats, Stéphane Brizé parvient en l'espace d'un peu moins de deux heures à détailler toutes les étapes d'un combat qui oppose les employés d'une entreprise vouée à la fermeture à la direction et à des politiques qui se murent d'abord dans le silence avant d'être contraints de lâcher du leste. Et c'est alors qu'entre en jeu les broyeuses judiciaire, patronale et politique. Avec un réalisme saisissant, le cinéaste rend compte de toutes les étapes qui mènent certains employés à monter des barricades et d'autres à rendre les armes contre un gros chèque. En Guerre fait très largement écho aux problèmes que rencontrent généralement au moins une fois dans leur vie les petits employés d'une grosse entreprise remaniant sa structure afin de toujours plus rapporter d'argent à ses actionnaire.

Stéphane Brizé filme sur le vif et signe un chef-d’œuvre. L'un des drames sociaux les plus efficaces et les plus poignants jamais réalisés. Sans jamais faire preuve de la moindre démagogie, l'histoire de ces centaines d'ouvriers impacte profondément le spectateur qui ne peut que se reconnaître dans ce combat entre les petites gens et les costard-cravate. Le spectateur devient acteur silencieux d'un combat pratiquement voué à l'échec. Vincent Lindon y est sublime, quant à Mélanie Rover, Jacques Borderie, David Rey, Olivier Lemaire, Isabelle Rufin, Bruno Bourthol (et j'en passe des dizaines), certains sont touchants quand d'autres se révèlent le reflet de l'absence de conscience morale. En Guerre se révèle un exercice de style au ton contemporain et divertissant capable d'ouvrir les yeux de ceux qui vivent à des années-lumière et préfèrent les garder fermés. Admirable !

Maniac Cop de William Lustig (1988)



Sean Cunningham, Abel Ferrara, Wes Craven, autant de noms célèbres, autant de cinéastes cultes qui ont œuvré dans la pornographie avant de jeter leur dévolu sur l'horreur. Wes Craven et La Dernière Maison sur la Gauche, Abel Ferrara avec Driller Killer, Sean Cunningham et Vendredi 13 premier du nom, mais aussi et surtout William Lustig et Maniac. Depuis ce dernier, le cinéaste originaire du Bronx à New-York n'a eu de cesse d'utiliser sa ville chérie pour y décrire son érosion. Après avoir fait d'un tueur en série le héros de son célèbre shocker, il a ensuite mis en avant l'auto-défense dans le très réussi Vigilante. Toujours à New-York, il a laissé de côté le septième art pour revenir cinq ans plus tard tourner le premier volet de sa trilogie des Maniac Cop. Rien que le titre est une référence à son premier succès. Plongeant son intrigue une fois de plus dans les bas-fond de sa ville natale, le cinéaste fait cette fois-ci de son héros, un flic. Mais pas n'importe lequel.

Celui qui est cette fois-ci décrit dans ce nouveau film est parti en campagne pour se venger de ceux qui l'on envoyé en prison. Incarcéré dans la célèbre prison de Sing-Sing, il a été laissé pour mort après avoir été massacré par des détenus qu'il avait autrefois lui-même fait enfermer. Contre toute attente, et surtout parce que tout le monde le croit mort, c'est un autre que lui qui devient le suspect numéro un : Jack Forest, personnage campé par l'acteur Bruce Campbell. D'ailleurs, tout porte à croire qu'il est responsable de cette série de meurtres qui terrorise la population et qui fait des victimes sans distinction d'âge, de sexe ou d'origine.

William Lustig décrit avec une certaine lucidité la réaction en chaîne que peut provoquer un tel fait-divers. D'un côté, une police désœuvrée qui n'a pas d'autre choix que de mettre la main sur le tueur le plus rapidement possible, l'enchaînement de quiproquos qui mènent un innocent en prison, la corruption de la justice, et surtout, les conséquences qui pèsent sur les autorités auprès du public qui n'a plus confiance en l'uniforme et qui va même jusqu'à tirer sur les agents de police en vadrouille.
 
Une fois encore c'est le compositeur Jay Chattaway qui assure la partition musicale très années quatre-vingt du film de William Lustig. On retrouve les thèmes chers au musicien. La partition rythme l’œuvre et lui insuffle une impulsion qui n'était pas toujours présente dans le film précédent. Aux côtés de Bruce Campbell (Evil Dead 1,2,3) on retrouve Tom Atkins que l'on a pu voir entre autre dans New-York 1997 de John Carpenter et dans L'Arme Fatale de Richard Donner, ou bien encore Richard Roundtree qui fit une apparition dans l'excellent Se7en de David Fincher. Maniac Cop est une excellente série B qui connaîtra donc deux suites en 1990 et 1993.

En 2008, un quatrième volet était prévu mais a depuis été annulé. La mort de Robert Z'Dall (le maniac cop du titre Matt Cordell en 2015) compromettant définitivement tout nouveau projet entourant son personnage. A savoir que l'idée d'un remake a été évoquée il y a quelques années de cela...

vendredi 28 décembre 2018

Al Limite de Eduardo Campoy (1997)



A Madrid, lorsque la nuit tombe, Elena anime une émission de radio consacrée à la sexualité. Lorsqu'un soir elle reçoit un coup de téléphone d'un homme affirmant avoir l'intention de tuer une femme, l'animatrice n'y prête pas tout de suite attention. Sauf que l'homme n'en est pas à son premier meurtre. Il propose à Elena de participer à un jeu qui se conclura par la mort de sa nouvelle captive si jamais l'animatrice ne parvient pas à deviner où se trouve la victime du tueur dans l'heure qui vient. Malheureusement, Elena ne parvient à répondre à la première question du tueur en temps et en heure et l'homme tue sa proie en l'étouffant.

La juge Maria Ramos est chargée du dossier sur la mort de la jeune femme dont le corps vient d'être retrouvé. Elle compte sur la coopération d'Elena, mais également sur celle de Javier Barea, psychiatre habitué à pratiquer de telles interventions dans des cas de meurtres en série. Alors que l'animatrice radio a bien du mal à y mettre du sien, Maria commence à avoir des doutes sur la personne de javier. La jeune femme est persuadée qu'il est l'auteur des crimes. Mais un étrange jeu de séduction et de manipulation entre Elena, Javier, et même Maria va compromettre l'évolution de l'enquête...

Au cœur de cette enquête réalisée par le cinéaste espagnol Eduardo Campoy, manipulation, chantage et sexualité. Mais n'étant pas maître en la matière qui veut, le réalisateur valentien s’empêtre dans une enquête en demi-teinte. Al Limite ressemble davantage au long épisode d'une série télévisée, à un téléfilm, mais sûrement pas à un thriller efficace. On a déjà vu ça mille fois, et bien mieux mis en scène. Le classique face à face entre la blonde et la brune. Le tueur sanguinaire, manipulateur et objet de fantasmes. Les avocats de la défense et de l'accusation cherchant à tirer la couverture à soit. Tout y est, et bien plus encore.

D'un côté, le personnage d'Elena interprété par la française Béatrice Dalle, dévoré par l'ambition au point de faire témoigner au téléphone, un témoin de l'affaire mort deux heures auparavant. De l'autre, la juge Lydia Bosch), prête à faire inculper SON suspect à défauts de preuves tangibles. L'acteur Juanjo Puigcorbé a beau faire ce qu'il peut, son personnage manque singulièrement de charisme et parvient avec beaucoup de mal  à nous convaincre. Quant à la présence de Bud Spencer, qui orne l'affiche du film en trois exemplaires (tout de même !), n'imaginez même pas le voir se battre un seul instant. Sa présence est purement anecdotique (une minute par-ci, une trentaine de secondes par-là).

D'ailleurs, l'affiche, on ne peut plus trompeuse, accumule des faits jamais relatés durant le métrage. De souvenir, Bud Spencer ne semble pas avoir dégainé l'arme un seul instant. A la toute fin, peut-être, et encore. L'arrestation du criminel que l'on devine alors que se profile le générique de fin est lente, et inintéressante. Même pas un petit sursaut d'amour-propre pour cet esthète de la manipulation qu'est le tueur dont on apprend l'identité sans avoir à faire travailler son imagination, au bout d'une vingtaine de minutes seulement. Si le cinéaste espagnol avait de près ou de loin l'intention de ruiner le peu d'intérêt de son œuvre, le contrat est alors rempli. C'est bien dommage car entre les mains d'un vrai bon cinéaste spécialiste du genre (au hasard, Paul Verhoeven ou Brian de Palma), le résultat aurait sans doute été bien meilleur...

mercredi 26 décembre 2018

Mon Top/Flop de 2018




Habituellement je ne me laisse pas aller à ce genre de résumé d'une année cinématographique. Parce qu'avec ma mémoire de poisson rouge, je suis généralement incapable de me souvenir de la plupart des films que j'ai vu dans le courant des trois-cent soixante cinq jours précédents, mais aussi parce qu'il faut dresser la liste des points positifs et négatifs de chacun. Et comme j'ai une moumoute dans la main, habituellement, je n'ai vraiment pas envie de me prendre la tête avec tout ça et préfère me tourner vers l'avenir. Mais bon, cette année, deux cinéastes m'ont fait de précieux cadeaux en m'offrant, pour le premier, ma plus grande expérience cinématographique de l'année, et pour l'autre, l'une des plus grosses daubes de l'histoire de la comédie française, OUI, CARRÉMENT. Il était donc facile pour moi de citer ces deux exemples, entre génie d'un côté, et dilettantisme prétentieux de l'autre (parce que, tout de même, faut quand même avoir une sacrée grosse tête pour oser prétendre marquer de son empreinte un cinéma française humoristique qui déjà, ne fait que se dégrader année après année). 

D'un côté, un visionnaire, un esthète, BON, auquel on pourra sans doute reprocher un scénario pas tout à fait aboutit mais dont le visuel vous scotche de la première à la dernière seconde si tant est que l'on adhère au style de Bertrand Mandico (et là, je pense à mon poto Eric qui a lâché l'affaire au bout de dix minutes, l'ingrat!!!). De l'autre côté, la comédie française bien dans l'air du temps, sans une once d'originalité, un fantasme de comédienne qui n'est tout simplement pas faite pour se retrouver derrière la caméra. Un film qui aurait sans doute mérité une case un mercredi ou un dimanche après-midi sur France Télévision mais surtout pas une sortie sur grand écran. REMBOURSEZ !!! Une œuvre à laquelle 2000 coproducteurs environ ont participé financièrement sur le modèle du Crowdfunding, ce principe du financement participatif qui a permis à Benjamin Combes de tourner son génial Commando Ninja pour la modique somme de 31953 euros et à Michèle Laroque de réaliser l'infâme Brillantissime pour 125 fois plus. Comme quoi, hein ! L'argent ne fait pas le bonheur des spectateurs qui se sont retrouvés piégés durant 2h30 dans une salle obscure... Pardon ? Ah ! Le film ne dure qu'une heure trente-cinq ? C'est que j'ai dû m'endormir devant alors, désolé.  

Le plus horrible dans toute cette histoire, est que l'on se souviendra sans doute tout autant de l'un comme de l'autre. De ces incroyables Garçons Sauvages de Bertrand Mandico et de cette imbitable histoire contée par une Michèle Laroque jamais inspirée. Il en est un qui aurait pourtant eu presque droit à sa chronique dans cet article. C'est Frank Dubosc, qui pour votre serviteur partait perdant d'avance et qui au final a sans doute signé LA comédie française de l'année. L'humoriste prouvant avec son premier long-métrage Tout le Monde Debout que le cas des artistes de sa catégorie n'est pas désespéré. Bon, à part, que pourrais-je ajouter ? Ben rien en fait. Vous savez quel choix faire désormais. Vous évader dans le monde imaginaire esthétiquement fulgurant de Bertrand Mandico, ou vous emmerder durant une heure trente devant l'engeance de Michèle Laroque... A vous de voir... En tout les cas, je vous souhaite par avance une bonne année 2019 !!!

Enragés de Eric Hannezo (2015) - ★★★★★★★☆☆☆



Unique long-métrage jusqu'à ce jour du journaliste et réalisateur français Eric Hannezo, Enragés est le remake du film Cani Arrabbiati du cinéaste italien Mario Bava qui fut produit en 1974 mais dû attendre vingt-quatre ans avant de connaître une sortie directement en VHS. Ce thriller plutôt efficace met en scène les quatre auteurs d'un braquage qui tourne mal lorsque réfugiés dans un centre commercial et confrontés à des vigiles, Sabri, Manu, Vincent et le chef de la bande essuient un échange de coups de feu. Abandonnant leur chef après avoir pris en otage une femme et avoir volé sa voiture, Sabri, Manu et Vincent abandonnent leur chef très gravement blessé en emportant leur butin. Sur la route, il forcent un homme à s'arrêter et embarquent avec leur otage dans sa voiture. L'homme transporte avec lui sa fille de quatre ans qui attend une greffe prévue cinq heures plus tard. Sabri prend les commandes et oblige l'homme à prendre la route jusqu'à la frontière afin d'échapper aux forces de police lancées à leurs trousses. En chemin, ils vont croiser la route d'un propriétaire de station-service un peu trop entreprenant, une fête de l'ours organisée par les habitants d'un village, et deux otages qui vont tout faire pour que leur soit épargnée la vie...

Pour un premier long-métrage, Eric Hannezo réalise un thriller efficace où la tension ne baisse pas d'un cran. La réussite vaut surtout grâce à l'interprétation des acteurs masculins accompagnés pour l'occasion d'une excellente Virginie Ledoyen qui depuis ses débuts s'est physiquement affinée et semble plus femme que jamais. Seule touche féminine en dehors de la présence de la toute jeune Mégane Lemée (quand je pense qu'il faut se rendre sur un site étranger de l'acabit de IMDB pour avoir des informations sur elle !) qui se contente d'incarner une Charlotte malade, passant les quatre-vingt dix minutes endormie à l'arrière de la voiture et dans les bras de Virginie Ledoyen.

Très curieusement, Eric Hannezo semble préférer prendre des distances vis à vis de certains personnages puisqu'en dehors de Sabri, Vincent, Manu et Charlotte, les autres ne sont identifiés qu'à travers leur appartenance familiale. Les trois premiers sont incarnés par Guillaume Gouix, qui dans la peau de Sabri et après la mort du chef interprété par le toujours excellent Laurent Lucas prend les commandes de la virée en voiture, Franck Gastambide qui incarne le plus fragile intellectuellement des trois malfrats, Manu, quant à François Arnaud, il joue le rôle de Vincent, le plus déséquilibré du trio (on découvre notamment sa perversité lors du passage où il pince le nez du personnage incarné par Virginie Ledoyen, déjà bâillonnée à l'aide de sparadrap). Le père de Charlotte est quant à lui interprété par Lambert Wilson, toujours aussi plaisant à regarder jouer, feignant de rester calme pour protéger sa fille qui attend d'être greffée.

Enragés se déroule sur une période qui n'excède pas les vingt-quatre heures (l'intrigue s'étend d'ailleurs d'un milieu de journée pour se clore à travers le post-générique de fin en tout début de matinée suivante), le temps qu'il faut pour instaurer un climat angoissant. Alors, bien entendu, ce road movie quelque peu sanglant fait l'impasse sur un véritable scénario. Un manque qui ne se fait pas trop ressentir, l'action y étant suffisamment soutenue pour nous détourner d'une éventuelle lassitude. De plus, le film de Eric Hannezo réserve aux spectateurs un twist final assez inattendu. Pas un chef-d'oeuvre mais un bon petit thriller parfaitement interprété. A noter la présence de Gabrielle Lazure dans le rôle de Marie, l'une des habitantes du village participant à la fête à l'ours...

mardi 25 décembre 2018

L'Eventreur de New York de Lucio Fulci (1982) - ★★★★★★★☆☆☆



Je me souviens encore très bien des quelques vidéoclubs dans lesquels je puisais régulièrement des cassettes VHS horrifiques sur Paris dans les années quatre-vingt. Du mythique Movies 2000 dans lequel je dénichais au hasard, La Porte de l'Enfer qui n'était autre que La Maison aux Fenêtres qui Rient de Pupi Avati, en passant par un vidéoclub de plus grande importance (en surface) de la place d'Italie qui allait me permettre de remplir les rayons de mon étagère de classiques de l'horreur, de l'épouvante, du fantastique et de la science-ficton, jusqu'à cette petite boutique obscure de Strasbourg Saint-Denis dans laquelle régnait une quantité impressionnante de films X, mais surtout, une copie unique et en français du Schizophrenia de Gerald Kargl. Et puis, bien sûr, il y a avait le marché de Chelles, en Seine et Marne, où je me rendais chaque dimanche afin de compléter ma collection Gore de chez Fleuve Noir et dans lequel venait vendre de vieilles bandes magnétiques, un passionné avide de partager ses connaissances en matière de cinéma. C'est là que je découvrais Massacre à la Tronçonneuse, sous une jaquette que je n'ai plus jamais vu ailleurs depuis ce jour-là (un collector? Une rareté?), Maniac de William Lustig, Du sang pour Dracula de Paul Morrissey ou encore Inseminoïd de Norman J. Warren. Oui, je sais, tous sortis chez René Chateau vidéos auquel j'étais plutôt fidèle. Du moins, quelques temps puisque j'y découvrais également des films édités par d'autres sociétés : American Video, Fil à Film, etc... Et puis, un jour, je mettais la main sur L’éventreur de New York de Lucio Fulci. Tout un programme passant d'abord par la réputation de l'auteur de L’Au-delà, de L'Enfer des Zombies, de La Maison près du Cimetière ou encore de Frayeurs, mais également de part un titre alléchant.

Pourtant, après l'avoir enfin découvert, j'en suis très rapidement revenu, notamment déçu par l'atroce doublage de l'éventreur en question. La faute à une version française pas toujours crédible. Je crois que mon goût pour les versions originales est né de cette déception. A moins qu'il ne fit suite à l'extraordinaire expérience que fut la vision du chef-d’œuvre de Tobe Hooper ? Je ne m'en souviens malheureusement plus. Ce dont je me souviens par contre très bien, c'est la promesse que je m'étais faite à l'époque : dénicher et voir enfin L’éventreur de New York en version originale. Il aura fallut que je patiente jusqu'à aujourd'hui, environs trente-cinq ans plus tard pour enfin assouvir le fantasme de découvrir l’œuvre de Lucio Fulci dans ce que j'estimais à tort ou à raison comme la plus confortable des manières...

Exit la version française pour accueillir enfin, la version.... anglaise !?! d'une œuvre italienne. Bon, a priori, je n'ai pas encore mis la main sur la bonne. Mais des efforts ont été fait. Tout d'abord, le tueur en série à la voix de canard assez exaspérante dans la version française est un peu moins agaçant à entendre désormais. Mais ce qui fâche en premier lieu, c'est la post-synchronisation des interprètes pas vraiment au top. Pourtant, il semble qu'ils s'expriment tous en anglais, mais dans une langue sans doute si approximative qu'ils ont été doublés. D'où la question : existe-t-il une version italienne avec la vraie voix des interprètes ? Je laisse les spécialistes répondre à cette question tout en espérant que je n'aurai pas trente-cinq années de plus à patienter avant de la découvrir car alors j'aurai dépassé les quatre-vingt  bougies.

Concernant l'histoire, la mise en scène et l'interprétation, cette version « originale » paraît plus longue que celle que je découvrais au beau milieu des années quatre-vingt comme si celle-ci fut tronquée de plusieurs scènes particulièrement sanglantes. Un point positif pour la version découverte aujourd'hui qui laisse donc une plus large place aux effets gore. Quelques éventrations et égorgements plus tard, que reste-t-il de cet Éventreur de New York qui cancane au téléphone, provoquant ainsi une police incapable de mettre la main dessus ? L'un des aspects les plus appréciables de cette péloche qui dans la filmographie de son auteur s'inscrit tout juste entre La Maison près du Cimetière (Quella Villa accanto al Cimitero)et de 1981 et le pitoyable La Malédiction du Pharaon (Manhattan Baby) signé l'année suivante, soit la même que L’éventreur de New York, c'est l'image d'un New York crasse, dont les rues sont jonchées de sex-shop, de peep show, de petits voyous et de vieilles rombières, bourgeoises et nymphomanes. On comprend alors que de cette ville malade surgisse un dingue s'attaquant en priorité à celles qu'il estime responsables de l'état actuel du monde. Lucio Fulci cultive le mystère autour de son tueur en évoquant plusieurs fausses pistes comme le veut la tradition. Alors que l'actrice fétiche du cinéaste italien Catriona McColl devait à l'origine incarner le personnage de Fay majors, l'héroïne, c'est finalement Antonella Interlenghi qui l'interprétera. A ses côtés, nous retrouvons l'acteur britannique Jack Hedley (Lawrence d'Arabie, Les Enquêtes de Remington Steele, etc...), Andrea Occhipinti dans le rôle du petit ami de l'héroïne, Howard Ross dans celui du supposé tueur en série, Mickey Scellenda, et surtout Paolo Malco qui incarnait notamment le personnage du Docteur Norman Boyle dans La Maison près du Cimetière un an auparavant. Au final, si L’éventreur de New York n'est pas le meilleur film de son auteur, son style réaliste, parfois dérangeant et les quelques scènes gore qui le ponctuent lui permettent de demeurer du bon côté de la barrière entre les classiques de Lucio Fulci, et les navets qu'il accumulera malheureusement par la suite....

lundi 24 décembre 2018

Sick for Toys de David del Rio (2018) - ★★★★★★★☆☆☆



Comme le veut la tradition chaque fin d'année, je parle de celle que j'honore toujours avec un luxe de dégoût, Aujourd'hui sera consacré à ce vieux pervers tout de rouge vêtu qui prend sur ses genoux de jeunes enfants sans que jamais aucun parent ne s'en soucie. Encore un film d'horreur me direz-vous ? Et pourquoi pas, vous répondrais-je. De toute manière, à force de trimballer son costume vermillon, Saint Nicolas a fini par voir éclore des dizaines de longs-métrages horrifiques plus ou moins réussis depuis, il me semble, le milieu des années quatre-vingt. C'est surtout qu'il s'agit à cette occasion d'oublier toutes ces merdes un peu trop sucrée mises à disposition de nos chères têtes blondes qui ont bien compris qu'avoir été gentils ou non durant les trois-cent soixante quatre jours précédents ne changera pas le fait qu'ils auront tout de même droit à leurs cadeaux de noël high-tech cette année encore.
De loin, enfermé dans ma caverne, entouré de milliers de films, magasines, bouquins, disques et de souvenirs de celui qui malheureusement m'aura quitté avant ses dix-neuf ans, je vous souhaites à toutes et tous un bon réveillon. Pensez à bien ingurgiter alcool, foie gras, huître, dinde fourrée (quelle que soit la façon dont vous avez choisi de l'honorer), et bûche de Noël car bientôt, une nouvelle année va débuter. D'ici là, je le répète, BON RÉVEILLON !!!
Quant à moi, je vous laisse avec cet article consacré au film de David del Rio, Sick for Toys, qui même si son titre ne le laisse pas forcément envisager dès le départ à bien un rapport avec l'orgie à laquelle nous nous apprêtons tous à participer, seuls, en couple, ou en famille la soirée à venir...

Contrairement à l'intrigante affiche qui laisse supposer que la Mère Noël sortira de sa tanière une seringue à la main, vous ne verrez du célèbre complet rouge de son époux que le chapeau. Quant à la seringue, de mémoire, il ne me semble pas que la jolie, mais néanmoins totalement perchée, Emilia ait eu l'occasion d'en avoir une en main. Son frère, oui, le tout aussi dément Edward avec lequel cette jeune femme vit aussi loin que remonte sa mémoire, dans cette même demeure dans laquelle, depuis la mort de leurs deux parents, frère et sœur ont subit des viols répétés de la part de leur oncle depuis disparu. Fasciné par l'action de certains médicaments, Edward les a étudié et s'est rendu compte que certains d'entre eux permettaient d'aborder la vie de façon différente. C'est ainsi que, dès les douze ans de sa sœur, Edward a pris pour habitude de lui faire prendre des drogues. Une consommation si importante à laquelle participe depuis des années le grand frère d'Emilia et qui a pour conséquences de les avoir totalement dévié du monde réel.

C'est ainsi que chaque, année, au moment de fêter Noël, Edward offre à sa sœur un cadeau très particulier. Un homme-jouet avec lequel elle s'amusera jusqu'à ce qu'Edward estime qu'il est cassé. Et cette année, Emilia a de la chance car elle aura droit à deux cadeaux. D'abord Jason, disparu depuis quatre jours, qui persuadé que sa rencontre avec la jeune femme allait se terminer dans un lit a été drogué par son frère. Et Roy, l'ami de Jason, qui a son tour tombe dans le piège de ce couple infernal.

Pour son premier long-métrage, le cinéaste David del Rio (dont le nouveau film Road Head est actuellement en phase de pré-production) invite le spectateur à participer aux préparatifs de Noël d'un couple de frère et sœur comptant comme parmi les plus dérangé de l'histoire du cinéma. En choisissant Camille Montgomery et Jon Paul Burkhart, le cinéaste parvient à retenir l'attention du spectateur. Dans le jeu, mais aussi et surtout dans le regard de ses deux principaux interprètes, David del Rio parvient à retranscrire la folie de ses personnages au lourd passé ne vivant plus que l'un pour l'autre. Lui en frère protecteur et elle en cadette immature. Un couple aussi sordide que touchant dont l'existence emprunte de solitude (ils n'ont pas d'amis et ne reçoivent généralement personne chez eux) ne laisse pas indifférent. Les personnages incarnés par Justin Xavier et David Gunning qui campent tous les deux les doubles rôles d'amis et victimes du duo s'avèrent quel que peu insignifiants. Une caractérisation mal dosée qui provoque une certaine indifférence lorsqu'ils passent de vie à trépas. La vraie performance se situe donc entre le personnage enfantin et psychotique incarné par Camille Montgomery et celui tout aussi inquiétant interprété par Jon Paul Burkhart dont le regard à lui seul fout la trouille.

Dans un décor de Noël en total décalage avec les événements qui vont se produire, Sick for Toys se révèle parfois vraiment dérangeant même si l'esthétique un peu trop léchée de l'ensemble vient un peu gâcher le tableau. David del Rio nous convie à un nouveau cauchemar américain. De ces familles vivant recluses et cachant de sombres secrets. Une œuvre perfectible mais laissant espérer un avenir prometteur à son auteur...

dimanche 23 décembre 2018

Des Pissenlits par la Racine de Georges Lautner (1964) - ★★★★★★★☆☆☆



1964. Cette année là, Louis de Funès et Maurice Biraud joueront par deux fois l'un à côté de l'autre. Deux comédie, l'une policière, et l'autre mêlant humour et polar. Des Pissenlits par la Racine est la première d'entre elles. Réalisée et adapté par Georges Lautner, les dialogues sont du réalisateur lui-même et Clarence Weff, épaulés pour l'occasion par le dialoguiste Michel Audiard. Il s'agit là pour ce dernier, davantage que de superviser les dialogues qui à tout bout de champ, transpirent son propre style. Savoureux, c'est dans le Paris en noir et blanc du milieu des années soixante qu'une tribu d'interprètes participe à cette histoire à multiples tiroirs. Maurice Biraud et Gianni Musy y incarnent respectivement Jo Arengeot et Riton, dit « Pomme Chips », qui après deux ans de prison ont recouvré la liberté. Pomme Chips cherche à mettre la main sur Jacques, le cousin de Jérôme, acteur et contrebassiste dans une pièce de théâtre à succès dont la dernière est prévue pour bientôt. Mais avant cela, Jo confie à son ancien co-détenu la mission de parier sur trois chevaux au Tiercé. Lorsque plus tard, Pomme-Chips est accidentellement tué par Jacques lors de la dernière représentation de La Lune dans la Bière (celui-là même qu'il voulait tuer après s'être fait « voler » sa compagne, la délicieuse mais un peu cruche Rockie, dite « La Braise »), celui-ci planque le corps de la victime dans la caisse de la contrebasse de Jérôme. Une fois la pièce terminée et le matériel transporté chez l'acteur Pierre Michon (Venantino Venantini), le corps est découvert enfermé dans la caisse. Michon menace alors Jérôme, Jo, Rockie et Jacques d'appeler la police s'ils ne le débarrassent pas très vite de l'encombrant cadavre...

Excellente surprise que Des Pissenlits par la Racine. D'abord, il y a ce casting en or : Maurice Biraud, Louis de Funès, Michel Serrault, Francis Blanche, Venantino Venantini, Guy Grosso, mais aussi Mireille Darc. Belle à croquer. Un peu nunuche, mais féline et désirable. La Christine du Grand Blond avec une Chaussure Noire avant l'heure. Charmeuse. Ses rôles dans l'oeuvre de Georges Lautner et huit ans plus tard dans celle d'Yves Robert sont parfois à ce point semblables que l'on pourrait penser que l'auteur de Alexandre le Bienheureux ou de Un Éléphant ça trompe Énormément s'est inspiré du même roman écrit par Clarence Weff alors que le scénariste Francis Veber s'inspirera en réalité de la vie du violoniste russe Igal Shamir. Pour en revenir au long-métrage de Georges Lautner, outre la solide interprétation d'un collège d'interprètes incroyablement fusionnels et habitués à tourner ensemble pour la majorité d'entre eux, le film se distingue comme bon nombre de longs-métrages auxquels a participé Michel Audiard grâce aussi à ses excellents dialogues. Chaque personnage débarque avec son cortège de répliques et d'expressions savoureuses. Louis de Funès retrouve son éternel personnage de poltron, mais cette fois-ci dans un registre un peu plus sombre qu'à son habitude.


Sept ans avant Jo de Jean Girault, il incarne déjà un personnage se rendant coupable d'un meurtre. Mais comme cela sera le cas dans Jo, le meurtre qu'il commet ici est accidentel. Accompagné par la partition musicale parfois nostalgique du compositeur français Georges Delerue, Des Pissenlits par la Racine nous fait voyager dans un Paris dont on ne ne profitera malheureusement qu'en de très rares occasions, et encore, de nuit. Entre les champs de courses, les bars, un théâtre, une soirée « pop » et la maison d'un ornithologue, le film de Georges Lautner est une savoureuse comédie tournant autour de petits malfrats branquignoles, d'un cadavre embarrassant, et d'un ticket de Tiercé gagnant. On ne s'ennuie pas un seul instant...

samedi 22 décembre 2018

Ghostland de Pascal Laugier (2018) - ★★★★★★★☆☆☆



Lorsque l'auteur du plus consternant et plus surestimé long-métrage de l'année 2008 (Martyrs) revient dix ans après avec un quatrième long-métrage qu'une grande partie de la presse s'accorde à considérer comme un grand film, il y a de quoi douter. Car après avoir été franchement choqué par le contraste entre les avis favorables et le pitoyable résultat à l'écran de son second long-métrage, le retour de Pascal Laugier est à prendre avec des pincettes. Ghostland semblerait donc signer le retour en grandes pompes d'un cinéaste par trop apprécié des amateurs de films d'horreur qui virent sans doute en Martyrs, le renouveau d'un genre assez peu représenté dans l'hexagone, surtout si on le compare aux brassées de productions sortant chaque année outre-atlantique. Pourtant, l'objet en question était loin d'atteindre les quotas horrifiques pourtant encensés par la presse et le public. Loin d'être aussi insupportable que certains osèrent prétendre, Martyrs était surtout grotesque à force de vouloir repousser les limites de l'horreur.
Pascal Laugier se serait-il calmé ? Oui, et non. Car si Ghostland lorgne toujours du côté de l'horreur, il s'est pourtant assagi et propose enfin un projet convaincant qui ne risquera pas de tomber dans l'oubli une fois son passage au cinéma arrivé à terme.

Le dernier « enfant » de Pascal Laugier semble avoir été mis au monde par un Rob Zombie hexagonal. Tout ici ou presque rappelle en effet l'univers sordide, coloré et divertissant du chanteur et cinéaste notamment auteur du remake de Halloween en 2007 et de l'excellent The Devil's Reject. Comme si celui-ci avait mis ses billes en commun avec celles du Tobe Hooper de Massacre à la Tronçonneuse, charriant une excroissance au Silent Hill de Christope Gans auquel auraient été greffés les cerveaux malades de La Colline à des Yeux toutes versions amalgamées. Un univers désenchanté tenant debout grâce à l'incroyable décor intérieur que représente la demeure des héroïnes et grâce aussi à ses « boggeymen » carrément flippants et comme les définit justement le personnage d'Elizabeth Keller incarnée à l'âge adulte par l'actrice Crystal Reed, tels une sorcière et un ogre.

Découpé sous une forme peu commune entre le monde imaginaire dans lequel se réfugie Elizabeth pour échapper au cauchemar et celui où elle et sa sœur subissent les sévices d'un couple de psychopathes particulièrement dérangés, Ghostland ne laisse jamais au spectateur le temps de s'affranchir de telle ou telle situation puisque le contenu est lui, inédit. Dans sa forme, le film de Pascal Laugier est exemplaire et sonne comme le renouveau du cinéma d'épouvante tout en convoquant les quelques longs-métrages évoqués ci-dessus et quelques autres également (The Entity de Sydney J. Furie). Si dans le fond, Ghostland offre un spectacle millésimé bien des fois (nombre de home invasion  et de survivals ont déjà abordé le sujet), son approche est radicalement différente, voire, innovante.
L'une des spécificités demeure dans le fait qu'il arrive au spectateur de douter, justement à travers ces séquences qui voient Elizabteh se réfugier dans un univers dans lequel elle est parvenue à survivre au drame qu'elle, sa sœur, mais leur mère également ont vécu. Cette dernière, justement, incarnée par la chanteuse Mylène Farmer qui trouve là, un moyen de reconversion qui lui sied plutôt justement. Le rôle des filles, quant à eux sont assurés par un quatuor d'actrices dont la jeune Taylor Hickson (qui n'est autre que la propre fille de Mylène Farmer), laquelle a vécu un drame terrible durant le tournage puisqu'elle traversa une vitre qui l'a défigura. Un accident qui trouve un écho retentissant dans l'affiche du film qui même si elle représente le portrait de la sœur du personnage que l'actrice incarne, semble défier les spectateurs leur rappelant que le métier d'actrice n'est jamais tout à fait sans risques. Pascal Laugier, a pris le risque de renouveler le genre. Et Dieu merci, il y est enfin parvenu...
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