Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 29 janvier 2017

Irréversible de Gaspard Noé (2002) - ★★★★★★★★☆☆




Long plan séquence dans une boite de nuit homosexuelle. Proche de la caricature que se font certains des ces lieux de débauche. De celles dans lesquelles la sueur et le foutre coulent à flots et où cuir, chaînes et sadisme règnent en maîtres. Dans un univers aux teintes rouge sang et à l'atmosphère étouffante voire suffocante, un homme plein de haine et de fureur en cherche un autre. Marcus (interprété par Vincent Cassel), accompagné de son ami Pierre (Albert Dupontel),a semble-t-il une dent contre un troisième homme, le Ténia, dont nous ne tarderons pas à faire connaissance. La première question qui se pose est qu'à donc à bien pu faire cet homme pour que nos deux amis aient pris le risque insensé de pénétrer ce lieu de perdition ou le danger rode dans chaque couloir?
Pour comprendre et accepter la scène qui va suivre, particulièrement abjecte, celle ou l'homme reconnu comme étant celui recherché par nos deux hommes va mourir dans des conditions abominables et devant les yeux émerveillés d'une bande de malades avides de sueur et de sang, il va falloir patienter.
Car le génie de Gaspard Noé, s'il s'agit bien de cela, est d'avoir choisi de nous montrer la conclusion d'un drame qui s'est déroulé quelques temps auparavant et de remonter le fil du temps durant quatre vingt dix minutes. Un acte incompréhensible qui prendra tout son sens lorsque le sus-dit drame arrivera jusqu'à nos pupilles écarquillées par tant de violence. Et ce drame, c'est un viol, une longue agonie vécue par la femme de Marcus et que la caméra n'a même pas la générosité de nous voiler. Dix longues minutes, en plan-séquence, pas une de moins pendant lesquelles ont suit, presque en apnée, le long calvaire d'Alex (Monica Belluci).Une scène d'une crudité rarement atteinte au cinéma.

Gaspard Noé Choque, révulse, écœure, et fascine, posant sa caméra au sol, la laissant tourner sans rien nous épargner. Et c'est alors que de spectateurs, nous voici rendu à l'état de voyeurs. Comment parvenir à garder les yeux ouverts devant cette image terrible d'une femme écrasée au sol, humiliée, seule face à son bourreau qui n'a de cesse de la briser dans son corps et dans son âme? Alors on comprends, on adopte le point de vue de Noé (de Marcus?). On applaudit des deux mains le meurtre que l'on rejetait au départ et qui ouvrait presque le film après un long travelling bancal qu'une musique signée Thomas Bangalter finissait de rendre insupportablement long......jusqu'à la nausée. 

Le film commence donc par la fin et se termine par le prologue.C'est tout bête et pourtant ce détail qui pourrait sembler insignifiant rends la scène finale un brin, si ce n'est, terriblement dramatique. En effet, vu du ciel, notre couple, allongé sur l'herbe, semble couler des jours heureux, il savent leur bonheur total puisqu'Alex attends un enfant de Marcus. L'accomplissement sûrement d'une vie de couple bien "réglée" qu'un traumatisme bientôt va détruire. Et c'est là que Gaspard Noé montre l'étendue de son talent. Plus qu'un vulgaire film basé sur une vengeance, même légitime, il pousse le spectateur à participer à l'histoire, comme un énième personnage et lorsque le générique de fin arrive "enfin", le sentiment qui devrait nous envahir, celui du bonheur, représenté par cette herbe verte et ce couple heureux, est totalement faussé. Car oui, à ce moment là, Marcus et Alex sont seuls au monde et ne vivent que pour eux. Mais nous spectateurs, savons déjà que ce bonheur est éphémère...

Un film "hardcore" dont beaucoup n'ont pas compris le message et c'est bien dommage car il est à mille lieues de l'image du film totalement gratuit qu'il traîne derriere lui...

samedi 28 janvier 2017

Viva la vie de Claude Lelouch (1983) - ★★★★★★★☆☆☆



Le réalisateur, producteur, scénariste et cadreur Claude Lelouch réalise et propose en 1983 sa propre vision de l'abduction (enlèvement d'un individu par des extraterrestres, lequel est suivi généralement par une perte de mémoire et des séquelles consécutives à des expériences médicales effectuées sur la victime) ainsi que d'une rencontre du troisième type (contact direct avec des extraterrestres et en présence (ou pas) de leur vaisseau). Pour préserver tout l'intérêt de Viva la Vie et respecter le désir du cinéaste qui au début du film demande aux spectateurs de ne rien livrer de la fin de son œuvre à ceux qui ne l'auraient pas encore vu, je ferai donc en sorte de ne rien révéler qui pourrait gâcher la surprise. Dans le cas contraire, vous serez averti d'un message de spoil !
Sachez juste que Viva la Vie est à peu de chose près ce que l'on pouvait attendre d'un cinéaste pourtant peu (pour ne pas dire pas du tout) habitué à tourner des longs-métrages de science-fiction. Davantage une œuvre d'anticipation d'ailleurs puisque Viva la Vie implique des domaines beaucoup plus vastes que le simple passage d'individus extra-terrestres sur le sol de notre planète. Déjà à l'époque, Claude Lelouch touche un point qui aujourd'hui préoccupe enfin véritablement ceux qui veulent réellement préserver la planète ainsi que notre humanité (sans parler évidemment de la faune et la flore qui y règnent).

Tout commence comme une œuvre ante-apocalyptique, la radio diffusant un message d'alerte continu dénonçant l'éventuelle catastrophe à venir. Baisse des températures (cinq degré de moins par jour !), bouleversement du climat et conséquences terribles sur l'environnement. Obligeant chacun à se prémunir de la catastrophe à venir en construisant son propre abri souterrain. Comme l'important industriel Michel Perrin (Michel Piccoli) et son épouse Catherine (Charlotte Rampling) auxquels propose un entrepreneur de transformer leur piscine en abri. Pourtant, le projet sera très vite contrecarré par la disparition de Michel, un soir, sa voiture abandonnée sur le bord de la route. Michel, mais également Sarah Gaucher (Évelyne Bouix), la compagne de François (directeur de théâtre ? Metteur en scène ?), interprété par l'acteur Jean-Louis Trintignant, et qui elle aussi disparaît le même jour. Une disparition aussi mystérieuse que leur réapparition trois jours plus tard. Ils n'en conserveront tout les deux pas le moindre souvenir. Seul témoignage de cet événement « extraordinaire » relégué par toute la presse : une large cicatrice à l'arrière du crâne...
Avec des moyens simples, Claude lelouch entretient un véritable mystère autour de ce cas d'abduction. Tout comme il usera de moyens « précaires » pour mettre en images SA rencontre du troisième type. Un sujet servant, outre celui sur l'environnement, des préoccupations beaucoup plus terre à terre encore : le nucléaire en général, et l'armement nucléaire en particulier...

ATTENTION : SPOILER !!!


En réalité, Viva la Vie n'est pas du tout l’œuvre de science-fiction à laquelle elle pouvait prétendre au départ. Si le film conserve son aura de film d'anticipation, c'est dans ce complot fomenté par Michel et son ami restaurateur (mais pas seulement) Édouard Takvorian (Charles Aznavour). Les deux hommes vont effectivement s'engager (et avec eux, d'autres personnes) dans un processus permettant le désarmement des deux plus grandes puissances mondiales en terme d'armement à l'époque : les États-Unis et l'URSS.

FIN DU SPOILER !!!

Claude lelouch propose, après cette révélation incroyable remettant tout en question, un twist final encore plus inattendu mais que je préserverai cette fois-ci de tout résumé. Viva la Vie n'est peut-être pas un immense chef-d’œuvre, mais il demeure dans le paysage fantastique et d'anticipation du cinéma français des années quatre-vingt comme l'un des plus solides représentants. On retrouve comme à son habitude dans l’œuvre du cinéaste, quelques visages bien connus, tel Charles Gérard en chauffeur. Dans le genre, Viva la Vie demeure atypique, étrange, et je le répète, inattendu. En tout cas, un film à découvrir, d'autant plus qu'il ne fait pas partie des œuvres les plus connues de leur auteur...

jeudi 26 janvier 2017

Return of the Fly de Kurt Neumann (1959) - ★★★★★★★☆☆☆



L'intrigue de Return of the Fly se déroule quinze ans après les événements tragiques survenus dans le premier volet de la trilogie The Fly. Autant d'années durant lesquelles Hélène Delambre a dû vivre avec le douloureux souvenir de l'expérience tragique vécue par son époux André, mort des suites d'une téléportation qui a mal tourné. Cette suite débute par l'enterrement d'Hélène auquel assiste son fils Philippe, ainsi que François, le frère d'André. La magie du cinéma aidant, Vincent Price qui interprétait déjà auparavant le rôle de François n'a, lui, pas pris une ride. Et pour cause : Return of the Fly a été réalisé un an seulement après le premier film. Cette fois-ci, ça n'est pas le cinéaste Kurt Neumann qui l'a réalisée mais Edward Bernds.
Du casting original, il ne demeure cette fois plus que Vincent Price. Le tout jeune Charles Herbert a donc logiquement laissé la place à un interprète beaucoup âge que lui afin d'assurer le rôle de Philippe Delambre. Cette fois-ci, il s'agit de l'acteur Brett Halsey. Son personnage se révèle très vite capable de mettre entre parenthèse toute forme de morale pour arriver à ses fins. Au point de menacer de revendre ses parts dans l’entreprise familiale si jamais son oncle François décide de ne pas financer le projet consistant à reprendre les recherches de son défunt père.

Développant davantage l'aspect scientifique du scénario original, la technique demeure cependant des plus rudimentaire. N'oublions pas que nous sommes en 1959 et qu'en matière d'effets-spéciaux les professionnels dans ce domaine n'ont pas encore la possibilité d'assouvir en totalité leurs ambitions. D'une manière générale, on s'attend surtout à ce que les grandes lignes de l’œuvre originale soient reprises sans qu'une once d'imagination ne soit entreprise. Et pourtant, si l'année de création du film a pu nuire aux effets-spéciaux, elle offre par contre la possibilité aux scénaristes de développer un sujet avec beaucoup plus de sérieux et d'implication que de nos jours. Contrairement aux deux version de The Fly datant respectivement de 1959 et 1986, La Mouche 2 réalisé par Chris Walas et qui sortira sur les écrans en 1989 n'a quasiment rien à voir avec un quelconque remake de Return of the Fly. La différence fondamentale entre ces deux suites se situant au niveau génétique puisque dans l’œuvre originale, l'enfant, Philippe donc, est né bien avant que son père soit victime de sa propre expérience, alors que dans La Mouche version Cronenberg, le fils de Seth Brundle fut conçu pars ses parents alors même que l'organisme du père était déjà génétiquement modifié.

Return of the Fly, c'est l'histoire d'un héritage. D'une entreprise familiale, d'une trahison et d'une vengeance. L'héritage d'un homme désireux de reprendre les recherches de son père là où il les a interrompues. Une escroquerie fomentée par un homme de « confiance » qui va trahir celui avec lequel il collabore. Et une vengeance organisée par un individu qui n'a presque plus rien d'humain. Si au premier abord, la nouvelle créature apparaît grotesque dans les dimension démesurées du masques que porte l'acteur au dessus de son visage, l'homme-mouche apparaît finalement beaucoup plus monstrueux que dans l’œuvre originale. Plus handicapé que ne le fut son père, Philippe est désormais affublé de DEUX membres « Brachyceréens ».

Si en général on retient surtout The Fly comme référence, Return of the Fly demeure une très bonne surprise et surtout une excellente suite qui réussi à développer une intrigue totalement différente de la précédente tout en gardant en ligne de mire le sujet passionnant de la téléportation. De plus, et il est étonnant que personne n'y ai encore songé, mais lorsque survient la scène durant laquelle un inspecteur se trouve avec des gènes de cobaye, on fantasme à l'idée d'un film multipliant le procédé. Un gang-bang de mutations. Un mix entre le Basket Case 3: The Progeny de Frank Henenlotter et le Society de Brian Yuzna. Une idée totalement folle et inimaginable à l'époque, mais de nos jours... ?

mardi 24 janvier 2017

The Fly de Kurt Neumann (1958) - ★★★★★★★☆☆☆



François Delambre reçoit un coup de téléphone de sa belle-sœur Hélène. Affolée, celle-ci lui affirme avoir tué son époux. N'en croyant pas ses oreilles, Delambre décide de se rendre sur les lieux du meurtre et constate avec effroi que le visage de son frère est passé sous une presse. André Delambre était un savant qui travaillait depuis longtemps sur un projet consistant à téléporter des objets d'une cabine de téléportation vers une autre. Après avoir essuyé un premier échec lors de la tentative de téléportation de son propre chat, l'expérience demeure ensuite une réussite lorsqu'il fait de même avec un cobaye. Testant sur lui-même sa machine, un événement apparemment anodin va avoir des conséquences désastreuses.

Premier volet d'une trilogie qui sera donc suivi par  Return of the Fly en 1959 et Curse of the Fly en 1965, The Fly de Kurt Neumann, s'il est depuis quelques décennies connu de la grande majorité des fans de science-fiction, c'est, au delà de ses qualités, avant tout parce que le célèbre cinéaste canadien David Cronenberg en a réalisé un remake flamboyant et surpassant de loin l'original en 1986. La version de 1958 est originaire des États-Unis mais se déroule à Montréal au Canada, et met en place une intrigue bien différente de ce qu'en fera plus tard Cronenberg. Le cinéaste Kurt Neumann installe la sienne alors même que l'expérience a déjà été menée. André y forme avec Hélène un couple marié, parents d'un jeune fils et propriétaire d'un chat qui fera les frais des expériences du savant. David Cronenberg développe à sa manière une romance qui connaîtra des heures sombres et plongera son film dans une tragédie à plusieurs visages.


En 1958, c'est certain, les moyens techniques n'étant pas ceux qu'ils deviendront trente ans plus tard, Kurt Neumann n'a pas de quoi laisser libre court à une imagination aussi débridée que celle de David Cronenberg. La transformation de son scientifique ne passe malheureusement pas par toutes les étapes qui font de celle vécue par Seth Brundle (le héros de la version de 1986), un véritable calvaire. Adaptant une nouvelle parue dans la revue de charme Playboy et écrite par Georges Langelaan (l’œuvre est disponible chez nous dans un ouvrage réunissant également la nouvelle Temps Mort de ce même auteur), le cinéaste américain nous projette dans un long-métrage policier matiné de mystère puisque si l'on fait abstraction du remake et de toute forme de résumé, on s'étonne du comportement de l'épouse qui cherche absolument à mettre la main sur une mouche dont la particularité est d'avoir la tête ainsi qu'une patte blanches.
Événement qui donne d'ailleurs lieu à un étrange manège narratif (involontaire?) puisqu'Hélène, affolée à l'idée que quelqu'un puisse écraser celle-ci, affirme pourtant plus tard à son beau-frère François (l'acteur Vincent Price) qu'il faut absolument la tuer !!!

Revenons sur la sommairité des effets-spéciaux. Si en comparaison de ceux du remake ils paraissent au premier abord bien faibles, le principal atout du film de Kurt Neumann n'est justement pas à chercher de ce côté là, mais plutôt autour du mystère qui entoure le décès du scientifique. Cronenberg ayant éludé cet aspect du récit, il a tout loisir d'expérimenter les effets d'une expérience désastreuse sur le corps, l'esprit et le couple. L'apparition d'André Delambre dans sa forme monstrueuse est cultivée durant un temps jusqu'à ce que nous soit révélé son nouveau visage. Un peu ridicule aujourd'hui (et pourtant bien plus proche de l'esthétique d'une véritable mouche que chez Cronenberg), on imagine pourtant à l'époque l'effroi du public.
Petit détail (insignifiant?), les mouvements opérés par le visage de l'acteur se cachant sous le costume de la mouche (l'acteur David Hedison) et reflétant bien ceux d'un diptère. Comme le fera David Cronenberg, Kurt Neumann développe autant que le script le lui permet, la dualité entre l'homme et la mouche dans ce combat que le scientifique mène avec son membre « Brachyceréen ». The Fly version 1958 a vieillit, certes, mais sans lui, sans doute pas de Mouche version Cronenberg. Il demeure cependant un excellent film de science-fiction qui parmi d'autres sont devenus au fils du temps de véritables classiques du genre...

dimanche 22 janvier 2017

Beau-Père de Bertrand Blier (1981) - ★★★★★★★★☆☆



Rémi vit avec son épouse Martine, et sa belle-fille Marion. Lorsque Martine meurt dans un accident de voiture, Rémi doit annoncer à Marion que sa mère est morte. Puis l'adolescente âgée de 14 doit choisir alors d'aller vivre avec son père Charly, ou de rester avec Rémi, son beau-père. Vivant avec ce dernier depuis les huit dernières années, Marion désire continuer à vivre ainsi. Mais Charly ne lui laissant pas le choix, la jeune fille est forcée de quitter l'appartement de Rémi et d'aller s'installer chez son père. Mais un jour, elle fugue et revient chez son beau-père les bras chargés de bagages. Marion et Rémi n'ont rien dans la vie en dehors de l'attachement qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Elle est collégienne, lui, un petit pianiste minable qui travaille dans un piano-bar. Bientôt Rémi perd son boulot. Marion, elle, est beaucoup moins studieuse depuis que ses pensées se dirigent toutes vers son beau-père. Car oui, l'adolescente est amoureuse de ce dernier. Rémi a beau repousser les avances de sa belle-fille, il ne peut nier sa propre attirance pour elle...

Deux ans après avoir tourné le monumental Buffet Froid, le cinéaste français Bertrand Blier tourne Beau-Père en 1981. Il retrouve pour la troisième fois l'un de ses acteurs fétiches, Patrick Dewaere, mais cette-fois ci, sans son acolyte Gérard Depardieu. Pour ce nouveau film, l'auteur des Valseuses et de Calmos semble avoir envie de revenir sur un sujet qu'il avait partiellement traité avec Préparez vos Mouchoirs. Si pour ce dernier, le sujet de l'amour entre un adulte et un enfant ne servait qu'à l'aboutissement de son personnage féminin dans son désir d'être mère, cette fois-ci, nous y sommes en plein dedans. Comme trois ans en arrière, c'est une absence, un manque qui paraît être l'objet de ce désir interdit que le cinéaste va, une fois encore, traiter avec la plus grande des sensibilités.

Face à Patrick Dewaere, la toute jeune Ariel Besse qui a l'époque n'a que quinze ans, soit un de plus seulement que celui de Marion, son personnage. Entre cette année 1981 et l'année suivante, la jeune actrice ne tournera que trois films (celui-ci, ainsi que On s'en Fout... Nous on s'Aime et Mora) puis... plus rien. Pourtant, Ariel Besse donne une interprétation tout à fait remarquable de son personnage d'adolescente confrontée à la mort de sa mère et s'attachant plus que de raison à son beau-père. Aux côtés de ce formidable duo, on retrouve l'acteur Maurice Ronet, dans le rôle du père biologique, Maurice Risch et Geneviève Mnich dans ceux du couple d'amis de Rémi, ainsi que Nathalie Baye, Nicole Garcia, et Macha Méril pour des rôles moins importants et pourtant, d'une importance fondamentale.

Fondamentale puisque c'est à travers leur regard que l'on saisit l'essence même de cette histoire d'amour qui ne pourra choquer que les biens pensants de tous poils. Les personnages de Simone, Nicolas, et de Charlotte (pourtant eux-même parents de très jeunes enfants), tout en comprenant, mais sans jamais juger, ce qui se trame entre Rémi et Marion, « autorisent », du moins dans cette fiction, une relation « contre-nature » entre une gamine à peine formée et son beau-père. Patrick Dewaere est bouleversant dans sa manière d'aborder ce rôle difficile. Jamais vulgaire, jamais voyeuriste, la caméra se déplace avec lenteur, épousant chaque mot prononcé par le duo Dewaere-Besse. Alors même qu'un tel sujet demeurerait insensé de nos jours au cinéma, Bertrand Blier nous conte une histoire belle et tragique à la fois. Deux âmes perdues qui s'aiment en secret, dans le péché et le mensonge. Bien moins cynique qu'à son habitude (Buffet Froid en est un modèle), le cinéaste signe une fois encore un grand film. Moins immédiat que certaines de ses œuvres, mais à la force d'évocation puissante et sublimée par, ne l'oublions pas, la superbe partition musicale de Philippe Sarde (Le Locataire)...

samedi 21 janvier 2017

Armaguedon d'Alain Jessua (1976) - ★★★★★★☆☆☆☆



Neuf longs-métrages seulement à l'actif du cinéaste, producteur (il produit lui-même ses œuvres), scénariste et romancier français Alain Jessua, mais autant de films qui marquent les esprits. Armaguedon pointe le bout du nez en 1977. On y retrouve l'acteur Jean Yanne auquel Jessua avait offert son tout premier rôle au cinéma dans La Vie à L'Envers en 1964, Michel Duchaussoy qui joua dans Jeu de Massacre en 1967 et Alain Delon auquel il offrit l'un des deux principaux rôles dans Traitement de Choc. Jean Yanne EST Armaguedon. Un petit employé des espaces verts qui après la mort de son frère hérite d'une très grande somme d'argent. De quoi changer de vie. Mais lui ne va pas changer de voiture, de maison... ou de femme (!). Non, lui va se venger d'une société qu'il méprise. Pour cela, il va narguer les polices du monde entier en leur envoyant des messages de menace enregistrés sur bande magnétiques. Lancé à la recherche du mégalomaniaque, l'inspecteur Jacques Vivian va faire appel au Docteur Michel Ambroise afin de mettre la main sur Louis Carrier, celui que toute la presse nomme désormais sous le nom d'Armaguedon avant que celui ne mette à exécution son plan machiavélique : faire exploser une bombe lors d'une émission télévisée diffusée en direct à la télévision française...

Armaguedon, on l'aura compris, n'a rien à voir avec l’œuvre de Michal Bay Armageddon sortie en 1998 et qui de toute manière propose une orthographe différente. Ici, pas d'astéroïde géant filant tout droit vers notre planète mais un danger tout aussi préoccupant puisque la science est incapable (ou presque) de prévoir à l'avance quand agira celui que tout le monde nomme Armaguedon. Un terme inspiré de l'Harmaguédon, un mont situé en Galilée et lieu symbolique du combat entre le bien et le mal mentionné dans le Nouveau Testament. Bien que le personnage de Jean Yanne soit présenté comme un être intelligent (il a apprit cinq langues et met en place un stratagème relativement bien conçu), ce pseudo qu'il se donne, il ne se l'est accaparé que parce que son fidèle complice Albert, dit Einstein, lisait justement un ouvrage concernant un passage de la Bible.

Comme le précise si bien le Docteur Michel Ambrose (Alain Delon), Louis Carrier est un homme qui apparaît comme un individu miné par la solitude et désirant faire parler de lui. Au risque d'emporter la vie de plusieurs personnes (dont un Michel Creton qui paiera de sa vie son désir de profiter pécuniairement des projets d'Armaguedon), il va s'aider d'Einstein (l'acteur Renato Salvatori), un pauvre ère, à la limite de la débilité, et reflétant l'image de l'immigré perdu dans un pays qui n'est pas le sien ( thème que le cinéaste Roman Polanski avait déjà évoqué d'une manière tout à fait différente dans son chef-d’œuvre Le Locataire). Un individu pour lequel, on le constatera assez vite, Carrier n'a pas davantage d'estime que pour ses concitoyens puisque cet immigré italien servira lui-même ses desseins et ce, de la manière la plus terrible.

Armaguedon est sombre, désespéré, et d'un fort pessimisme. La musique composée par le compositeur argentin Astor Piazzolla imprime à l’œuvre d'Alain Jessua une atmosphère angoissante et déprimante. Il s'agit d'une charge féroce à l'encontre des politiques du monde entier. Le personnage très bien campé par Jean Yanne s'érige en défenseur de ses concitoyens qui pourtant lui riront au nez et à la barbe lorsqu'il exigera que soit diffusé en direct son parcours personnel lors d'une émission télévisée. Le film d'Alain Jessua sort deux ans après Peur sur la Ville de Henri Verneuil. Autre variation sur la folie engendrée par la civilisation. Mais alors que l’œuvre mettant en scène Jean-Paul Belmondo revêtait une forme particulièrement divertissante, le film d'Alain Jessua, comme très souvent chez lui, dégage une profonde impression de tristesse. Ce qui ne remet cependant pas en question ses qualités d’œuvre cinématographique...

jeudi 19 janvier 2017

Jo de Jean Girault (1971) - ★★★★★★★★☆☆



Réalisé par Jean Girault sur un scénario adapté de la pièce de théâtre The Gazebo d'Alec Coppel par Claude Magnier et Jacques Vilfrid, Jo aurait tout aussi bien pu sortir de l'esprit fertile de l'immense Louis de Funès qui, comme on le sait très bien, imaginait lui-même certains des gags qui le mettaient en scène. Lorsque l'acteur et le cinéaste tournent en 1971 cette comédie matinée d'intrigue policier et de thriller, c'est la huitième fois que les deux hommes se rencontrent. Outre la série des Gendarme, il tournèrent ensemble Pouic-Pouic (dont la structure narrative et étonnamment similaire à celle de Jo), Faites Sauter la Banque, et Les Grandes Vacances.
Un sujet que Louis de Funès aurait lui-même pu adapter d'une expérience personnelle ? Oui, effectivement. Car trois ans plus tôt, sa femme et lui furent les victimes d'un maître-chanteur qu exigea du comédien qui lui donne la somme de 150 000 francs et de sa femme qu'elle lui remette l'argent. Finalement, toute cette affaire se termina sans heurts puisque l'homme (un malade mental échappé de l'hôpital psychiatrique de Villejuif qui fut tout de même responsable de la mort de son propre père) fut arrêté et enfermé.

Pourtant, rien d'aussi tragique dans  Jo. Quoique. Cela étant assez rare dans la carrière d'acteur de Louis de Funès pour que cela soit évoqué, mais Antoine Brisebard, son personnage, tue un homme au début du film. Rare car cela ne s'était produit qu'en deux autres occasions. En 1964 et 1965 avec respectivement Des pissenlits par la racine de Georges Lautner et Fantômas se déchaîne de André Hunebelle. Fort heureusement, dans Jo, ce meurtre prémédité se déroulera finalement dans des conditions accidentelles. Pas de quoi reprocher finalement à son personnage d'avoir voulu défendre son bien.


Si l'on compare Jo à des œuvres telles que Le Corniaud, La Grande Vadrouille, Les Aventures de Rabbi Jacob, Le Gendarme de Saint-Tropez, ou L'Aile ou la Cuisse, le film de Jean Girault n'est pas forcément l’œuvre que l'on évoque en début de liste. Au box-office des films mettant en vedette notre plus grand comique, il n'arrive même seulement qu'à la quarante-troisième place, juste après Ni vu, Ni Connu d'Yves Robert et avant L'Avare que l'acteur réalisa lui-même avec son éternel compagnon Jean Girault. Pourtant, force est de reconnaître que Jo est un immense tour de force. Le genre de long-métrage qui à l'image de Oscar d'Édouard Molinaro vous file le tournis.

Un récit passionnant (comment se débarrasser d'un cadavre qui remonte sans cesse à la surface alors même qu'un inspecteur de police persiste à tourner dans les alentours) et surtout, des gags très nombreux, millimétrés à la perfection et mis en valeur par une ribambelle d'interprètes tous aussi savoureux les uns que les autres. Outre la présence de l'actrice Claude Gensac (qui nous a malheureusement quittés le 27 décembre de l'année passée) et qui fut très souvent l'épouse de Luis de Funès, outre celle de Michel Galabru, excellent en entrepreneur, c'est bien la présence à l'image de l'immense Bernard Blier qui donne un caractère très spécial au film de Jean Girault. Dès sa première apparition à l'écran, on sait d'avance que le duo va fonctionner. Deux acteurs qui se rencontrèrent sur les plateaux de Sans laisser d'adresse, Je l'ai été trois fois, L'agence matrimoniale et Scènes de ménage avant d'exploser ensemble dans Le Grand Restaurant en 1966 et Jo en 1971.

Jo fourmille de scènes cultes presque impossibles à lister dans un simple article lui étant consacré. Mais tout ceux qui l'ont vu n'oublieront sans doute jamais Louis de Funès tentant de planquer le corps de celui qu'il prend pour son maître-chanteur (la sculpture qu'il fabrique afin d'y cacher le corps du mort est à hurler de rire). le duel persistant entre son personnage et celui de Bernard Blier, l'inspecteur Ducros. Le couple Grunder (Ferdy Mayne et Yvonne Clech), et leur promoteur immobilier (la géniale Florence Blot), la bonne (Christiane Muller), et bien entendu Claude Gensac et Michel Galabru. N'oublions pas non plus l'excellente musique de Raymond Lefèvre, parmi les meilleures de la filmographie de Louis de Funès. Un classique de la comédie « made in France »...

mercredi 18 janvier 2017

La Quatrième Dimension de John Landis, Steven Spielberg, Joe Dante et George Miller (1983) ★★★★★★☆☆☆☆



La Quatrième Dimension est sans doute la série télévisée américaine de science-fiction la plus célèbre et probablement parmi les meilleures de toute l'histoire de la télévision mondiale. Diffusée pour la première fois entre le 2 octobre 1959 et le 19 juin 1964 sur le réseau CBS, elle est constituée de 138 épisodes de 25 minutes et 18 épisodes de 50. En 1985, trois cinéastes américains et un réalisateur australien décident de s'unir afin de transposer sur les écrans de cinéma, quatre épisodes de la série, le film débutant par un prologue réalisé par John Landis, le réalisateur du Loup-Garou de Londres.

C'est lui-même qui ensuite transpose à l'écran La Grandeur du pardon qui, contrairement à sa version, se situait lors de sa réalisation par Buzz Kulik en 1961, le 6 août 1945 dans l'archipel des Philippines. Cette fois-ci, pas d'officier désireux d'envoyer sa section massacrer des japonais retranchés dans une grotte mais un homme qui ne supporte pas l'idée qu'un autre aie bénéficié d'une promotion qu'il espérait obtenir. Propos racistes envers les noirs, les asiatiques, et les juifs, le voilà projeté durant la seconde guerre mondiale, en terrain occupé par l'allemand et confondu avec l'un de ces derniers. Pourchassé, blessé, il se retrouve ensuite aux mains des membres du Ku Klux Klan qui tentent de le pendre, le prenant pour un noir. Puis c'est dans les rizières du Vietnam qu'il est projeté, l'armée américaine passant par là le prenant à son tour pour l'ennemi. Puis, retour au temps des nazis où il est transféré dans un camp en partance pour les camps. John Landis réalise une section qui aurait sans doute mérité d'être un peu plus étoffée mais qui ne laisse déjà plus aucun doute sur le message véhiculé.

Le second segment est l’œuvre du cinéaste Steven Spielberg. Sans doute le plus faible d'entre tous et d'une manière générale, le plus ennuyeux. Un sketch dégoulinant de bons sentiments à l'attention des familles. Adapté de l'épisode Jeux d'Enfants réalisé par le cinéaste Lamont Johnson en 1962, ce segment ne vaut en réalité que pour la présence de l'excellent acteur noir Scatman Crothers qui joua le rôle de Dick Halloran dans l'adaptation de Shining de Stephen King par l'immense Stanley Kubrick. Se situant dans une maison de retraite, le rythme qui nous est infligé reflète finalement assez bien toute la tristesse du temps qui passe dans cette institution où chaque patient n'a rien de mieux à faire que d'attendre la mort. Un sentiment que l'on partage tant l'ennuie que l'on ressent devant ce segment est pesant.

C'est ensuite au tour de Joe Dante de s'amuser à adapter un épisode de la série originale. Contrairement à Steven Spielberg qui ne s'est contenté que de proposer un portage couleur de l'épisode qu'il a adapté, Joe Dante, lui, a réinventé le sujet de C'est une Belle Vie pour en faire un segment cartoonesque étrange et plutôt réussi. Alors que le gamin de l'épisode réalisé en 1961 par le cinéaste James Sheldon était tout à fait détestable, celui de Dante demeure sympathique malgré l'emprise qu'il a sur ses proches. Lui-même détenteur d'un pouvoir le rendant capable de donner vie à tout ce qui lui passe par la tête, il vit auprès de ses deux sœurs (dont l'une n'a plus de bouche), de ses parents et d'un oncle, dans une demeure à l'architecture totalement délirante que n'aurait pas renié le Lewis Carroll des Aventures d'Alice au pays des merveilles. On notera pour l'époque d'excellents effets-spéciaux permettant au cinéaste de donner vie à des personnages de dessins-animés. Une très belle réussite.

Quatrième et dernier segment réalisé cette fois-ci non pas par un cinéaste américain mais par le célèbre australien George miller (au hasard, les quatre Mad Max et Les Sorcières d'Eastwick), l'adaptation de l'épisode Cauchemar à 20 000 pieds réalisé en 1963 par le cinéaste Richard Donner est une belle réussite. Et ce, grâce à l'interprétation du génial John Lithgow. A bord d'un avion, un homme angoissé découvre que sur l'aile gauche de l'engin une créature tente de détruite les moteurs. Bien évidemment, personne n'est prêt à le croire. Le segment de George Miller est similaire à l'épisode original. John Lithgow campe merveilleusement bien ce passager perdant pied, jusque dans les derniers instants, lors de l'atterrissage, et révélant la réalité des événement s'étant produits durant le vol...

Dans l'ensemble, si la version cinéma de La Quatrième Dimension est plutôt réussie, elle n'atteint tout de même pas la qualité de la série originale mais demeure tout de même généralement un bel effort...

mardi 17 janvier 2017

Halloween 3 : Season of the Witch de Tommy Lee Wallace (1982) - ★★★★★★★☆☆☆



Halloween 3 : Le Sang du Sorcier est un cas à part dans la saga Halloween initiée en 1978 par le cinéaste américain John Carpenter, et qui, entre les suites et les reboots est constituée de dix longs-métrages. Si le troisième volet est si différent des autres, c'est parce qu'il est le seul à ne pas centrer son intrigue sur le célèbre tueur psychopathe Michael Myers mais sur un fabricant de masques d'Halloween dont le projet est de tuer un maximum de personnes. Tout commence lorsqu'un homme échappe de justesse à une mort certaine alors qu'il était poursuivi par de curieux individus. Emmené à l’hôpital, l'homme semble tenir des propos incohérents. Pourtant, il est retrouvé sans vie quelques heures plus tard dans sa chambre, tué par un homme qui tente de prendre la fuite. Alerté par les cris d'une infirmière, le Dr Daniel Challis tente de rattraper ce dernier et assiste avec effroi à son suicide, l'homme s'aspergeant d'essence avant d'y mettre le feu.
Assisté par la fille de la victime, Ellie Grimbridge, le Dr Daniel Challis décide de mener sa propre enquête. Celle-ci le mène jusqu'à une petite bourgade où est implantée une usine dans laquelle sont produits les masques d'Halloween d'un certain Conal Cochran. Les curieux individus qui s'en sont pris au père de Ellie y maintiennent la sécurité et semblent mus par un processeur. En fait, ils vont se révéler être des machines construites par Conal Cochran lui-même...

Halloween 3 : Le Sang du Sorcier a acquis, lors de sa sortie en 1982 (le film ne sortira dans notre pays que l'année suivante), une assez mauvaise réputation. La raison en est des plus simple : en omettant volontairement d'y inclure le personnage de Michael Myers et en changeant l'intrigue originale, le cinéaste Tommy Lee Wallace (auquel on doit le long-métrage Vampire, vous avez dit vampire ? 2 ou le téléfilm inspiré du roman de Stephen King, Ça) prenait forcément le risque de perdre une partie de son public. En fait, tous ceux qui ne juraient que pour le célèbre tueur masqué. Désormais, outre leur concepteur et ses machines humanoïdes, le danger vient des masques que son usine produit. Acheté par les parents et portés par leurs enfants, ils provoquent d'étranges décès. L'une des scènes les plus horribles demeurant lorsqu'une femme tente de bidouiller le symbole de la marque à l'aide d'une tête d'épingle.

Comment s'explique le choix du cinéaste d'avoir chamboulé une saga en changeant totalement ses personnages et son intrigue ? Là encore, la réponse est des plus évidente. Puisque Halloween est une fête folklorique et païenne originaire des Îles Anglos-Celtes et qu'elle est fêtée aux États-Unis tous les 31 octobre, Tommy Lee Wallace s'est sûrement dit qu'en transformant la saga en une anthologie de films d'horreur concentrant leur intrigue sur cette célèbre fête serait une bonne idée. Sa vision allait beaucoup plus loin que ce simple épisode de la saga puisque la suite devait demeurer du même tenant.
Sauf que le public n'a pas suivi et que les recettes furent presque désastreuses en comparaison des deux premiers films. Pourtant, et alors que le personnage de Michael Myers et revenu au premier plan dès l'épisode suivant, les recettes du quatrième et cinquième opus furent pires encore que celle de Halloween 3 : Le Sang du Sorcier. Principalement interprété par l'acteur Tom Atkins que l'on a pu voir dans certains grands classiques de l'épouvante (Fog, New York 1997, Creepshow, ou encore le premier volet de la saga Lethal Weapon), l’œuvre de Tommy Lee Wallace se révèle en réalité être un très bon cru, rendu anxiogène par l'angoissante partition musicale de John Carpenter et Alan Howarth. Il ne faut donc pas se laisser influencer par le changement de direction qu'à pris le film et se laisser porter par son histoire haletante...

lundi 16 janvier 2017

The Rezort de Steve Barker (2015) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Deux milliards d'humains ont perdu la vie lors d'une apocalypse zombiesque. Alors que la planète s'est remise lentement de cette tragédie, un parc d'attraction a été mis à disposition de ceux qui veulent connaître des sensations fortes. Un safari durant lequel il est possible d'approcher des morts-vivants et même, pourquoi pas, d'en tuer certains. Parmi les nouveaux arrivants se trouvent Archer, un chasseur expérimenté dans le tir à longue distance, Lewis, un ancien soldat formé au combat, Mélanie, sa fiancée, ou encore l’énigmatique Sadie qui refuse autant que possible de devoir tirer sur les zombies.
Malheureusement, pour ces courageux aventuriers, rien ne va se dérouler comme prévu. En effet, une faille est découverte dans le système de sécurité de Rezort. Un ingénieur a beau tenter de remettre un peu d'ordre dans les fichiers informatiques du réseau, un virus se propage et provoque la désactivation du système de sécurité mis en place un peu partout sur le parcours qu'effectuent les voyageurs, ainsi que sur la base elle-même. C'est le début d'une invasion à laquelle Lewis, Archer, Sadie, leur guide et les autres vont tenter d'échapper...

Encore et encore... et encore. Çà n'en finit plus. On essore un genre jusqu'à la dernière goutte... de sang. Jusqu'à ce que tous les thèmes soient évoqués. Quitte à croiser comme ici, plusieurs genres. Car outre le phénomène zombie, l'intrigue de The Rezort semble avoir été partiellement inspirée par le Jurassic Park de Steven Spielberg. Avec beaucoup moins d'ampleur et de moyens cependant, le cinéaste britannique Steve Barker auquel on doit déjà deux film centrant en partie leur action sur des zombies (Outpost et sa suite Outpost : Black Sun respectivement tournés en 2008 et 2012) signe une honnête série B. Pas de quoi se pâmer, mais tout de même, on a vu pire.

Pas de dinosaures magnifiés par le meilleur des artisans en CGI. Des macchabées qui cavalent, mais pas trop. Des effets-spéciaux moyens, mais là encore, on a subit plus vilain dans le domaine. Du côté du scénario, l'intrigue est on ne peut plus basique. The Rezort manque cruellement de fond. Alors que son géniteur aurait mieux fait d'approfondir les conséquences du drame ayant mis à mal la population mondiale, il enferme ses personnages sur une île et confronte ces « nouveaux riches »à ceux que l'on ne pourra éventuellement pas s'empêcher de comparer à ces hordes d'immigrés qui s'installent dans les pays occidentaux et dont beaucoup aimeraient se débarrasser.

En fait, tout le plaisir de The Rezort demeure dans ce safari au pays des « morts qui marchent ». Qui courent, pardon. A ce propos, quand reviendra-t-on à cette espèce en voie d'extinction tellement décharnée qu'il est plus raisonnable d'imaginer ses représentants rampant plutôt que courant à perdre leur haleine fétide vers leur festin de cervelle et de tripes ?

dimanche 15 janvier 2017

Under the Shadow de Babak Anvari - ★★★★★★★☆☆☆



Année 1985. En plein conflit Iran-Irak, la ville de Téhéran s'apprête à subir des bombardements. Iraj, père de Dorsa et époux de Shideh est appelé à se rendre dans une ville voisine afin d'y pratiquer son métier de médecin, abandonnant derrière lui les siens. Généralement confiée aux bons soins d'une voisine, Dorsa apprend à sa mère l'existence des Djinns, ces créatures invisibles transportées par le vent et qui peuvent apparaître sous différentes formes. Niant leur existence, Shideh demande à sa fille de la croire lorsqu'elle affirme qu'ils n'existent pas. Et pourtant... alors que Dorsa semble avoir égaré sa poupée Mikia, d'étranges événements se produisent dans l'appartement. Tout d'abord, un missile s'écrase sur le toit de l'immeuble. Mais fort heureusement, celui-ci n'a pas explosé. Le plafond de l'appartement a malheureusement subit des dégats. Alors que Shideh reçoit régulièrement des coups de téléphone de la part de Iraj qui enjoint son épouse d'aller s'installer chez ses parents, la jeune femme et sa fille reçoivent la visite d'une étrange femme qui disparaît aussi vite qu'elle est apparue. Alors que les habitants quittent peu à peu la ville devenue u lieu à haut risque, Shideh et Dorsa finissent par être les dernières à demeurer dans l'immeuble...

Le film du cinéaste iranien Babak Anvari prend place en plein conflit entre l'Iran et l'Irak. Une guerre qui a débuté en 1980 et a pris fin huit ans plus tard en 1988. Une affrontement qui a surtout coûté la vie à de nombreuses victimes, évaluées entre 500 000 et 1 200 000. Réalisé l'an passé, Under The Shadow est censé se situer en 1985, lors des premiers bombardements lancés sur Téhéran par l'armée irakienne. L'aspect social de ce film collaboratif entre l'Iran, la Grande Bretagne, la Jordani et l'État du Qatar prend une place prépondérante, laissant l'aspect fantastique prendre son temps pour s'instaurer dans le quotidien de cette petite famille.
Le film témoigne des habitudes culturelles et religieuse liées à l'Islam, et se veut une critique féroce mais jamais véritablement mordante de la situation de la femme. Pour preuve, cette menace qui pend au nez de Shideh (l'épatante Narges Rashidi) alors qu'elle a « osé » sortir dans la rue sans son voile. Un châtiment auquel elle échappera de justesse mais qui demeure à peine pensable chez nous, occidentaux : des coups de fouets !

Autre fait marquant, la volonté de Shideh de retourner à ses études de médecine qu'elle a abandonné cinq ans plus tôt. Un espoir qui sera stoppé net par le doyen de l'université qui lui fait comprendre que son passé d'ancienne militante lors de la révolution iranienne de 1979 lui a définitivement fermé les portes de l'éducation. Entre les contrôles militaires permanents, le départ de Iraj, les risques d'attaques ennemies et l'entité qui semble avoir choisi Dorsa comme victime de son emprise, Shideh a fort à faire. Under The Shadow fait preuve d'une très grande simplicité. Nous sommes au cœur d'un drame qui nous touche forcément. La grande force du long-métrage de Babak Anvari est d'avoir évité tous les poncifs du genre et surtout, de n'avoir pas porté son œuvre uniquement sur les événements fantastiques. En fait, il se sert avec élégance du sujet des Djinns pour lancer une charge contre certaines croyances, contre l'armée, l'état policier et surtout, bien sûr, contre la condition des femmes.
En matière d'effets-spéciaux, là encore, le cinéaste fait preuve d'ingéniosité. Pour parer à un manque de moyens, ou tout simplement pour donne du crédit aux événements surnaturels, les effets-spéciaux demeurent on ne peut plus discrets. Quelques immenses voiles drapant une entité sans visage, un plafond qui se craquelle, le vent qui s'insinue à travers les fenêtres entrouvertes, ou encore les alertes à la bombe anxiogènes qui émaillent le film. Narges Rashidi porte à bout de bras le film, mais pas seulement elle. La toute jeune Avin Manshadi campe une Dorsa tout à fait crédible. Une jolie surprise qui nous vient d'ailleurs...
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