Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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jeudi 31 mars 2016

Gray Lady Down de David Greene (1978)



Le sous-marin nucléaire Neptune vogue dans les fonds marins du pacifique lorsqu'après avoir fait surface, un cargo le percute violemment, le faisant couler à plus de 1400 pieds de profondeur. Le capitaine du cargo responsable de la catastrophe ordonne qu'un message d'alerte soit lancé en direction des autorités. Le Ministère de la Marine prend la décision de dépêcher sur les lieux un mini sous-marin expérimental commandé par le Capitaine Gates et assisté par Mickey, un soldat de l'armée américaine. Le capitaine Bennett quant à lui est chargé des opérations de sauvetage.

Le Capitaine Paul Blanchard commande le Neptune dont les réserves en oxygène sont estimées à quarante-huit heures. Le sous-marin demeure malheureusement dans une position qui rend délicate toute tentative d'amarrage, de plus, une partie du Neptune est noyée sous les eaux. L'équipage fait bonne figure, auprès d'un commandant qui les rassure sur leur sort. Tout le monde à bord s'organise en attendant les secours mais l'une des écoutilles séparant la salle de commandement aux parties immergées commence à montrer des signes de faiblesse...

La star Charlton Heston qui a déjà derrière lui une solide carrière d'acteur est un habitué des situations difficiles. Habitué des films catastrophes (on a pu le voir dans les classiques 747 en Péril et Tremblement de Terre) c'est lui qui est à la tête du Neptune. Un personnage solide qui montre cependant de manière réaliste ses faiblesses. Gray Lady Down est quasiment une œuvre de huis-clos, la majeure partie des séquences se déroulant à bord du sous-marin. Concernant celles tournées à bord des deux navires de l'Armée américaine, on doit la possibilité au cinéaste David Green de tourner à bord de l'USS Pigeon et l'USS Cayuga, la généreuse autorisation du ministère de la Défense et de la Marine américaine. Les mauvaises langues diront qu'il y a là, l'opportunité de faire de la propagande dissimulée, mais qui sait.

L'essentiel demeurant dans ce récit tragique rappelant des catastrophes alors, passées et à venir, témoignant de la solide constitution mentale d'hommes naviguant sous les eaux profondes d'un océan malgré tous les dangers que cela implique. Et comme les héros ne sont jamais véritablement infaillibles autrement que dans les bandes-dessinées de super-héros, le personnage campé par Charlton Heston fini par douter lui même des chances qu'ont ses hommes de revoir un jour la lumière du soleil. Le rôle de la femme dans Gray Lady Down se cantonne à celui d'épouse. Elle n'est en effet jamais représentée autrement quand l'homme, lui, se retrouve confronté à son statut de mal dominant. Entre un David Carradine auréolé du statut de véritable héro se sacrifiant pour la survie d'une quarantaine d'homme et un Stacy Keach, capitaine et commandant les opérations de sauvetage, le torchon brûle à une ou deux occasions. Mais rien de grave puisque tout rentre dans l'ordre de manière assez efficace. Il ne faut surtout pas égratigner l'image de l'Armée américaine.

Curieusement, et contrairement à des œuvres aussi émotionnellement fortes que le Das Boot de Wolfgang Petersen ou le U-571 de Jonathan Mostow, le climat du film de David Greene n'est pas aussi angoissant que l'on aurait pu croire. Ménageant peut-être un peu trop ses effets, l'inquiétude qui aurait dû normalement s'installer dans l'esprit du spectateur n'est pas aussi prégnante qu'elle l'aurait été si davantage d'événements internes au sous-marin avaient eut lieu. Toutefois, Gray Lady Down demeure quand même un bon film qui fait tout de même pâle figure devant l'excellent L'Aventure du Poséïdon sorti six ans plus tôt. A voir tout de même pour compléter sa collection...

mercredi 30 mars 2016

Woyzeck de Werner Herzog (1979)



Le soldat Franz Woyzeck est en poste dans une garnison allemande. Père d'un enfant illégitime qu'il a eu avec sa maîtresse, Marie, il est le plus souvent sujet aux moqueries de ses supérieurs qui l'emploient à divers travaux. Barbier officiel d'un capitaine, il participe également aux travaux de recherches médicales menées par un médecin qui lui impose des contraintes alimentaires qui, peu à peu, dérèglent sa manière de penser. Alors qu'un tambour major tourne autour de Marie, Franz commence à avoir des visions inquiétantes. Persuadé que celle qu'il aime le trompe, il commence à délirer, tente de s'en prendre physiquement au tambour major qui l'humilie et prend la terrible décision de tuer Marie alors même qu'il l'a invitée à le suivre près d'un étang...

Woyzeck est la troisième collaboration entre le cinéaste Werner Herzog et l'acteur Klaus Kinski. Alors même que les deux hommes viennent d'achever le tournage de Nosferatu, Fantôme de la nuit, ils n'attendent pas plus de cinq jours pour tourner à nouveau derrière et devant la caméra, ce projet inspiré par la pièce de théâtre du dramaturge, révolutionnaire, médecin et scientifique allemand Georg Büchner, elle-même inspirée d'un fait divers réel lors duquel l'ancien soldat Johann Christian Woyzeck a tué sa maîtresse, la veuve d'un chirurgien. Le frère de Woyzeck recueille ses écrits et les fait publier accompagnés d'une biographie de Johann Christian Woyzeck en 1850. Woyzeck devient alors un classique de la littérature allemande.

Werner Herzog s'attaque donc à l’œuvre d'un homme qui considérait que la lutte entre riches et pauvres était l'unique combat révolutionnaire au monde. Georg Büchner est l'homme qui marquera le plus Werner Herzog dans sa carrière de cinéaste, l'adaptation de la pièce devenant alors très vite une évidence. Klaus Kinski campe donc un homme qui malgré la rigueur de son statut de soldat de garnison va peu à peu sombrer dans la folie. Et le monde qui l'entoure n'est sans doute pas étranger à tout cela. Humiliation, mensonge et désordre physiologique dû au traitement infligé par un médecin qui ne voit en lui qu'un cobaye, le sujet Woyzeck perd pied, entend des voix et commence à percevoir des phénomènes étranges. Il a beau en parler à son seul ami et confidant Andrès, mais rien n'y fait. Woyzeck glisse peu à peu vers le final violent qui va clore le film de Werner Herzog.

Klaus Kinsi campe un personnage troublé, troublant, et relativement attachant. Témoin du désert affectif dont il est affligé et des conséquences d'un comportement empathique qui va lui nuire le long d'une œuvre qui ne dépasse pas les quatre-vingt minutes, le spectateur assiste au quotidien d'un homme sans cesse harcelé par son entourage mais aussi et surtout par ses propres pensées.
Le cinéaste allemand dessine les contours d'un personnage qui n'a, semble-t-il, pas sa place dans un monde dans lequel les faibles n'ont pas droit de cité et sont irrémédiablement écrasés. L'image du bourreau étant ici représentée par le personnage du tambour major (Josef Bierbichler), mais aussi par celle dont aurait dû à l'origine avoir le plus confiance notre héros, Marie (Eva Mattes), autoproclamée putain, mais dont le quotidien peut sensiblement excuser son comportement. Toutes les couches sociales semblent être responsable de cette ignominie qui consiste à humilier les plus faibles d'entre nous puisque dans Woyzeck, on peut soit être officier, soit médecin, et se comporter comme un véritable monstre.

Si dans Nosferatu, Fantôme de la nuit, Klaus Kinski était tout en retenue, Dans Woyzeck, il exprime toute l'absurdité de son personnage à travers une folie contenue et un regard halluciné qui laisse présager le pire à venir. Pantin au service d'un cinéaste qui décidément, possède une manière bien à lui de mettre en scène des récits atypiques, Klaus Kinski explose une fois de plus sur les écrans et éblouie de sa grâce inquiétante la pellicule d'une œuvre qui demeurera comme l'une des plus importante ce sa carrière, ainsi que celle de Werner Herzog. Épaulé par une Eva Mattes tour à tour séductrice et compatissante, Klaus Kinski habite littéralement cette troisième collaboration entre Werner Herzog et lui...

mardi 29 mars 2016

Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog (1979) - ★★★★★★★★★☆



Dans le nord de l'Allemagne, Jonathan Harker, jeune employé d'une étude notaire et époux de Lucy, est chargé d'une importante mission consistant à se rendre en Transylvanie afin de rencontrer le comte Dracula auquel il doit faire signer les papiers d'une vente concernant une demeure située à Wismar. Sur la route, il rencontre les propriétaires d'une auberge qui lui déconseillent vivement d'abandonner l'idée de se rendre au château du comte. Malgré les avertissements et le refus de tous de l'y accompagner, Jonathan fait route à pied et finit par arriver devant l'immense demeure de Dracula. Invité à y pénétrer par le propriétaire lui-même, Jonathan est convié à un dîner, puis à passer la nuit au château.

Lorsque vient le moment de la signature, le comte découvre que l'épouse de son invité est le portrait craché de sa défunte épouse. Totalement obnubilé par l'idée d'aller la retrouver à Wismar, Dracula enferme Jonathan à l'intérieur du château après l'avoir mordu dans le cou et part jusqu'en Allemagne à bord d'un bateau, accompagné de centaines de rats véhiculant la peste afin de faire se propager la maladie dans la ville toute entière une fois arrivé à destination...

Alors que le nazisme a provoqué les ravages que l'on connaît, alors que certains cinéastes allemands de l'après-guerre vont se référer à des cinéastes outre-atlantiques, Werner Herzog, lui, va plutôt aller chercher du côté de ses plus vieux ancêtres cinématographiques. Et parmi eux, l'un des plus illustres représentants de la vague expressionniste allemande, courant artistique né au début du vingtième siècle en Europe et dont l'Allemagne fut le pays le plus fier représentant : Friedrich Wilhelm Murnau. Le cinéaste allemand fut l'auteur de quelques pépites et notamment d'un Nosferatu, eine Symphonie des Grauens en 1922, l'un des chef-d’œuvre de l’expressionnisme allemand. Le film du cinéaste faillit ne jamais sortir, la veuve de l'écrivain dont l’œuvre s'inspire (le roman Dracula de Bram Stoker) ayant gagné un procès à l'issu duquel fut exigée la destruction pure et simple de toute les copies du film. Des détails et certains noms furent finalement changés et quelques copies furent sauvées de la destruction et mises en circulation dans les années trente en France et aux États-Unis.

Cinquante sept ans plus tard, Werner Herzog en signe donc le remake. Nosferatu, fantôme de la nuit est le second projet qui va lier le cinéaste à celui qui devient dès Aguirre, la Colère de Dieu, son acteur fétiche, Klaus Kinski. Dès les premiers instants, filmés au musée des momies de Guanajuato au Mexique, Werner Herzog crée un véritable climat de tension que la musique du désormais fidèle groupe de rock allemand Popol Vuh vient accentuer. Une scène véritablement marquante, comme le seront d'autres, tout au long d'une oeuvre épousant à maintes reprises le visuel du film dont il s'inspire. Aux côtés de Kinski, on découvre l'acteur Bruno Ganz dans le rôle de Jonathan Harker, mais également Isabelle Adjani dans celui de son épouse, plus étonnant, le dessinateur, illustrateur et cinéaste Roland Topor dans celui de Renfield, ainsi que Jacques Dufilho dans le rôle du capitaine du bateau.

Plus qu'au roman de Bram Stoker, Werner se réfère donc au film de Friedrich Wilhelm Murnau, s'appliquant parfois à retourner des scènes telles qu'elles apparaissaient dans l’œuvre originale, permettant ainsi aux frileux demeurant réfractaires face au cinéma muet, d'en découvrir une relecture colorisée et parlée. Et lorsque l'on parle ici de colorisation, il faut garder en tête que l’œuvre toute entière est parcourue d'une ambiance et d'environnements mortifères, obligeant Werner Herzog à opter pour des teintes parfois presque monochromes dans des environnements d'une tristesse absolue. Même la ville de Wismar qui dans l'ombre impressionnante (impressionniste ?) du comte Dracula se vide peu à peu de ses habitants, tour à tour victimes de la peste, l'ambiance devient de plus en plus crépusculaire.

Une poésie morbide se dégage de ce remake dans lequel Klaus Kinski interprète un personnage aux antipodes de celui qu'il a créé en tant qu'acteur: toute la violence et la fureur de ce personnage hors du commun disparaissent au profit d'une interprétation toute en douceur et en délicatesse, Kinski (en tant que Dracula) s'efforçant à contenir toute la rage de son personnage durant des scènes visuellement remarquables. On ne compte pas, en effet les moments de bravoure d'une œuvre qui pourtant laissera de marbre un certain public. Une certaine rusticité parcourt le Nosferatu d'Herzog. L'immobilisme dans lequel sont plongés parfois ses interprètes rappelle d'ailleurs le chef-d’œuvre Cœur de Verre qu'il signa trois ans plus tôt en 1976. Kinski, encore, sublime de son incroyable aura une œuvre presque totalement vouée à son interprétation. Comme son personnage semble draper d'un cape gigantesque rendue plus grande encore par les effets de lumières, la ville de Wismar, l'acteur en tant que tel, finit par absorber le jeu des autres comédiens.

Werner Herzog, signe une très grande œuvre, peut-être pas aussi précise que le film original de Friedrich Wilhelm Murnau, mais en tout cas un très bel hommage à ce dernier, ainsi qu'à l'expressionnisme allemand...

dimanche 27 mars 2016

Aguirre, la Colère de Dieu de Werner Herzog (1972) - ★★★★★★★★★★



Victimes des espagnols, pilleurs du royaume Incas, les indiens ont inventé l'Eldorado, prétendument situé dans les affluents du fleuve Amazone. En décembre 1950, une expédition quitte les sierras péruviennes sous le commandement de Gonsalo Pizarro, chargé de trouver cet Eldorado légendaire. Malheureusement, rien ne se déroulant comme prévu, Gonsalo Pizzaro se voit contraint de stopper les recherches, les membres de l'expédition étant épuisés et à court de vivres. Pizzaro décide un nouveau plan : alors qu'une partie de ses hommes ainsi que la majorité des deux-cent esclaves indiens resteront en arrière avec lui, quarante hommes partiront découvrir à bord de radeaux le fameux Eldorado. De plus, ils seront chargés de ramener des vivres et de repérer les endroits où vivent les peuplades d'indiens hostiles.

Le chef de cette nouvelle expédition sera Don Pedro de Ursua, que sa fiancée Inez de Atienza accompagnera. Il sera secondé par Don Lope de Aguirre, lui-même accompagné par sa fille Florès. Les deux hommes pourront compter sur des hommes de valeur ainsi qu'un certain nombre d'esclaves.
Quatre jours plus tard, et alors que les radeaux sont fin prêts, l'expédition peut enfin commencer. Témoin de cette aventure, le journal retrouvé du moine Gaspar de Carjaval...

Écrit et réalisé par le cinéaste allemand Werner Herzog, Aguirre, la Colère de Dieu n'est cependant pas totalement une fiction puisque le personnage de Lope de Aguirre exista vraiment. Ce fut un célèbre conquistador, connu surtout pour sa grande cruauté et sa rébellion. La fin telle que la décrit le cinéaste est bien différente de la réalité. Afin d'interpréter Aguirre, Werner Herzog fit appel pour la toute première fois à l'acteur Klaus Kinski. Les deux hommes débutèrent ainsi une collaboration qui durera le temps de cinq films.

L’œuvre s'ouvre sur un extraordinaire plan large du Machu Picchu, mont abritant une ancienne cité Inca. Sous une brume épaisse, cette introduction laisse déjà présager des difficultés de tournage que vont avoir à supporter les membres de l'équipe ainsi que les acteurs et seconds rôles pour une partie issus de la tribu indienne des Lauramarca. La manière qu'à Werner Herzog de filmer le tumultueux fleuve Amazone et la forêt environnante apparaît comme presque, amateur, ou tout du moins, partiellement improvisée. La caméra semble tourner sans qu'aucune directive particulière n'ait été au préalable commanditée par le cinéaste lui-même.
Nous sommes donc face à une œuvre sensationnelle dans tout ce que puisse exprimer le terme, et avant tout d'un point de vue émotionnel dont ne semble pas être étrangère la partition musicale envoûtant du groupe de rock progressif allemand Popol Vuh, dont la signification elle-même provient d'un texte mythologique maya écrit en langue Quiché durant l'époque coloniale.

L’œuvre repose donc sur l'interprétation totalement barrée d'un Klaus Kinski claudicant, et trahissant la confiance mise en lui, faisant donc rejoindre son personnage avec le Lope de Aguirre des livres d'histoire. Werner Herzog signe une œuvre qui n'a pour ainsi dire aucun équivalent si ce n'est son formidable Fitzcarraldo qui viendra davantage encore appuyer l'hommage du cinéaste à la nature en général, et à l'Amazonie en particulier.
Bien que le film demeure une véritable merveille bien des années après avoir vu le jour, il est également célèbre en raison des incessants conflits qui ont opposé Werner Herzog à Klaus Kinski et dont certains ont été immortalisés et livrés au public dans l''excellent documentaire consacré aux deux hommes : Ennemis Intimes. La découverte de Aguirre, la Colère de Dieu demeure encore aujourd'hui une expérience extraordinaire aux confins d'une nature profondément belle, mais aussi tragiquement dangereuse. A voir, absolument...

vendredi 25 mars 2016

Ilsa, la Louve des SS de Don Edmonds (1975)



Dirigé d'une main de fer par le commandant Ilsa, un camp de concentration et le lieux d'expérimentations dont le but est de prouver que les femmes peuvent résister aussi bien que les hommes à la douleur.. Ilsa veut convaincre ainsi les généraux qu'elles peuvent aller combattre sur le front. Prisonnières et prisonniers sont régulièrement débarqués afin de servir de cobayes. Au menu : les femmes sont d'abord déshabillées, examinées puis stérilisées. Le médecin du camp leur inocule alors différentes maladies comme le typhus, le tétanos, la rage. Tout comme pour les hommes, à quelques exceptions près. En effet, Ilsa examine les nouveaux arrivants et lorsque l'un d'eux lui plaît, elle le convie à passer la nuit auprès d'elle. Malheureusement, pour ces quelques « privilégiés », le commandant du camp est très exigeant en matière de sexe. Et comme elle est chaque déçue, elle fait châtrer ses amants d'un soir.

Du moins jusqu'à ce que débarque le prisonnier Wolf. Un grand et séduisant américain qui tombe dans les griffes d'Ilsa. Le jeune homme a développé une singularité qui lui permet de retenir l'orgasme autant de temps qu'il le désire. Une nuit entière même, s'il le veut. Ce qui évidemment plaît à l'inépuisable Ilsa qui en fait alors son amant permanent.

Mais en dehors des perversions sexuelles et sadiques de la chef SS, la révolte commence doucement à gronder avec, en chef de file, la prisonnière Anna, épaulée par Mario qui la retrouve en secret quand tombe la nuit...

Ilsa, la Louve des SS est un film américain réalisé par Don Edmonds en 1975. C'est le premier des quatre volets consacrés à un personnage qui fera naître un genre à par entière dans le domaine du cinéma d'exploitation : le nazisploitation. Inutile bien sûr de préciser la particularité du genre puisque tout est dans le terme.

En terme de mise en scène et d'interprétation, on est loin d'atteindre des sommets. La première est terne et la seconde anecdotique. On peut alors se demander quelles sont les raisons du culte qui entoure le film. Le propos, les lieux et l'aspect historique expliquent sans doute cela. Il faut comprendre que le film puisse encore choquer. Pourtant, malgré une forte concentration de tortures, on sourit plutôt que l'on ne s'effraie. C'est tellement mal interprété et mis en scène à « l'arrache » qu'on se fiche du sort des victimes. Et puis, lorsque l'on a connu l'expérience Camp 731 de T. F. Mou, Ilsa, la Louve des SS fait peine à voir.

Le film se verra donc en terme de document. Celui qui lança la « mode » du nazisploitation. En dehors de cela, il pourra peut-être séduire les amateurs du genre, ceux qui se délectent d'un érotisme léger, de tortures répétées et d'une certaine immoralité...

jeudi 24 mars 2016

Je suis à Vous Tout de Suite de Baya Kasmi (2015)



Hanna Belkacem est jolie, serviable, et directrice des ressources humaines dans une entreprise. Tout comme son père, propriétaire d'une épicerie aux abords d'un grand ensemble HLM, elle ne peut jamais rien refuser. Lorsqu'elle a la désagréable mission d'expliquer à un employé que la boite va devoir se séparer de lui, elle ne peut s'empêcher de coucher avec lui pour le consoler. Amie avec Ébène, une jeune prostituée antillaise, Hanna passe le plus clair de son temps libre avec elle. Son frère, Donnadieu est atteint d'une maladie qui va l'obliger à supporter une greffe de rein. Hanna étant la seule à être compatible avec lui, le jeune homme, récemment converti à l'Islam va cependant refuser l'aide de sa sœur, malgré l'insistance de leur père et de leur mère, Simone.

Entre le frère et la sœur, rien ne va plus. Hanna s'habille trop court et fréquente beaucoup trop d'hommes, quant à Donnadieu, qui exige désormais qu'on l'appelle Hakim, il ne désire plus qu'une seule chose : aller s'installer avec femme et enfants dans un pays qu'il ne connaît pourtant pas, l'Algérie. Hanna fait la connaissance de Paul, un adorable chirurgien persuadé que la jeune femme s'adonne à la prostitution, et dont il va tomber follement amoureux. Tous deux, ils vont tenter de convaincre Donnadieu d'accepter qu'Hanna lui offre son rein même s'ils doivent pour cela le rejoindre jusqu'en Algérie...

Je suis à Vous Tout de Suite est l'exemple type de film qui prouve qu'il faut parfois mettre de côté ses préjugés. Lorsque l'on ne connaît Ramzy Bedia qu'à travers le duo qu'il partage avec son compagnon de scène Eric Judor et les films dans lesquels ils ont joué ensemble, on imagine déjà le voir faire le pitre devant la caméra. Et bien non. On pourra même affirmer que son talent d'acteur s'exprime enfin devant celle-ci même s'il n'a pas l'un des rôles les plus important du casting. Ensuite, on va forcément penser à la lecture du synopsis que l’œuvre de Baya Kasmi est l'un de ces nombreux films à vocation sociale, et d'ailleurs, à certains égards il l'est.
Mais la bonne surprise, celle qui finalement nous rassure et motive une vision complète du film sans faire la grimace, c'est le mélange des genres et la présence d'un certain humour omniprésent qui nous rappelle qu'au fond, et malgré le message, Je suis à Vous Tout de Suite est également une comédie. Dramatique, mais amusante tout de même.

Vimala Pons interprète le rôle d'Hanna. L'actrice que l'on a pu voir en 2014 dans l'excellent Comme un Avion de Bruno Podalydès, apporte une réelle fraîcheur à un récit qui pose un grand nombre de questions importantes. On y découvre la lente radicalisation d'un homme né d'une mère française et d'un père arabe qui refuse de vivre plus longtemps en France et d'aller s'installer dans un pays qu'il affirme être celui de ses origines. Si dans un premier temps on grince des dents devant le discours inepte d'un homme qui rejette une France, terre de toutes les origines, on comprend mieux ensuite l'amour de la cinéaste Baya Kasmi qui, contrairement aux apparences, lui rend hommage en démontrant que vouloir renier ses origines françaises pour un pays dans lequel vouloir vivre peut se révéler délicat est tout, sauf une chose aisée.

Ceux qui auraient d'ailleurs des a priori face à un Maghreb (et plus précisément une Algérie) d’obédience musulmane, quelques détails viendront corroborer la vision pacifiste qu'a la réalisatrice de ce pays ensoleillé.
Je suis à Vous Tout de Suite aborde également, et avec finesse, le douloureux problème de la pédophilie. Sujet abordé de manière sensible et jamais voyeur, impliquant des répercutions qui nous sont décrites à travers justement la métamorphose du frère et le comportement parfois étrangement léger de sa sœur.
L'actrice Vimala Pons porte littéralement le film sur ses épaule. Pétillante et ravissante, elle est accompagnée de solides interprètes, et notamment de l'acteur belge originaire de Kinshasa au Zaïre, Laurent Capelluto qui campe un médecin doux et ouvert, qui ne s'encombre pas de futiles apparences et accepte son prochain tel qu'il est. Ramzy Bedia, Agnès Jaoui (que l'on retrouvait elle aussi dans le film de Bruno Podalydès), Mehdi Djaadi dans le rôle Donnadieu/Hakim, ainsi que Claudia Tagbo ( Bon Rétablissement !), et même Anémone dans celui de la grand-mère. Le film de Baya Kasmi est une très bonne surprise...

lundi 21 mars 2016

Chaos de Coline Serreau (2001)



Paul et Hélène font route à bord de leur véhicule lorsqu'ils sont percutés en pleine rue, un soir, par une jeune prostituée poursuivie par trois hommes qui lui veulent visiblement du mal. Prête à accueillir la jeune femme à bord de la voiture, Hélène constate que Paul est d'un tout autre avis. Il bloque l'ouverture des portières et démarre alors même que la prostituée est rattrapée par les trois hommes qui la passent à tabac sous les yeux effarés d'Hélène. Paul dirige sa voiture jusqu'à une station de lavage fin de faire disparaître les traces de sang laissées par la jeune femme et le couple rentre chez lui comme si de rien n'était.
Mais si lui parvient à reprendre le court de sa vie normale, Hélène à quant à elle des remords. Ainsi, elle téléphone et se renseigne auprès des urgences afin de savoir où a été transportée la jeune femme. Une fois le nom de l’hôpital mentionné, elle s'y précipite afin de rendre visite à la blessée tombée depuis, dans le coma. Chaque jour, Hélène va veiller sur celle qui se fait appeler Noémie. De son réveil, jusqu'à ses premières paroles, prenant ainsi le risque de tomber nez à nez avec ceux qui ont mis Néomie dans cet état.

Les deux femmes vont apprendre peu à peu à se connaître, se liant même d'amitié au point d'échauder un plan afin de faire tomber le réseau de maquereaux lancés à la poursuite de Noémie. Mais rien n'est facile lorsque l'on fait partie d'une famille dont les préoccupations sont tout autres...

Lorsque l'on découvre Chaos de Coline Serreau, il est étonnant de s'apercevoir qu'il ne s'agit ni de son premier, ni de son second film mais bien de son huitième long-métrage. Car si la femme qui se cache derrière des merveilles telles que Romuald et Juliette, La Crise ou La Belle Verte profite une fois encore de son sujet pour œuvrer dans le social, on s'étonne de n'y entendre aucun dialogue de la force d'écriture de celle des films cités juste au dessus.
La cinéaste met en parallèle l'histoire de deux femmes qui n'ont certainement pas la vie dont elles rêvaient. Entre Hélène (Catherine Frot), épouse d'un chef d'entreprise (Vincent Lindon), mère d'un fils copie conforme d'un époux qui n'a d'intérêt que pour son travail, et Noémie/Malika (Rachida Brakni), fille d'un père qui la réservée à un homme beaucoup plus âgé qu'elle mais qui prendra la fuite afin d'échapper à son triste sort avant d'en connaître un autre tout aussi peu enviable en tombant dans la drogue et la prostitution.

Chaos fourmille de bonnes idées et de bonnes intentions. Et comme a l'air de l'affirmer cette œuvre jusque dans son titre, le monde dans lequel nous vivons n'est que désordre. Comme l'est le scénario aussi touffu que (volontairement?) désordonné. Si l'on peut s'étonner de n'y trouver là, rien d'autre qu'un rapport avec une première et maladroite tentative, c'est parce que les invraisemblances sont légion. Entre une Noémie qui raconte, flash-back à l'appui, comment piéger de riches milliardaires, et ce coup de foudre de la part d'un Vincent Lindon qui jusqu'ici ne s'intéressait qu'à son boulot, Chaos est maladroit dans sa façon d'aborder certaines thématiques tandis que d'autres paraissent avoir été réfléchies avant d'être mises en images (la condition des femmes musulmanes dans les quartiers difficiles).

Le film se découpe véritablement en trois parties. On distingue la première qui met en scène le duo formé par Vincent Lindon et Catherine Frot, déjà au bord de l'implosion et qui éclate véritablement avec l'apparition de Noémie/Rachida. La seconde développe les rapports entre ces deux femmes que tout semblait pourtant séparer, avec la vision sous-jacente de leurs familles respectives. La dernière partie demeure sans doute la plus farfelue du récit. Noémie n'est plus une simple prostituée d'origine maghrébine arrachée au milieu social qui était le sien jusqu'à la terrible décision de son père de la donner à un homme beaucoup plus âgé qu'elle. Elle se transforme en une escort-girl manigançant un stratagème efficace (mais peu crédible) afin de soutirer des richesses de vieux milliardaires. Tout devient encore plus grotesque lorsque le personnage de Paul tombe raide dingue de cette jeune femme s'évanouissant à ses côtés au milieu d'un couloir d'aéroport. Impossible d'y croire un seul instant. C'est même tellement risible que l'on ne peut réagir autrement qu'en se disant que tout a été mûrement réfléchi par la réalisatrice/scénariste elle-même. Coline Serreau semble donc se jouer des spectateurs et elle y réussit très bien. Au final, Chaos restera comme un bon film, pas le meilleur de son auteur, mais très frais tout de même. Il a de plus permis à l'actrice Rachida Brakni de remporter plusieurs récompenses dont le César du meilleur espoir féminin...

dimanche 20 mars 2016

Comme un Avion de Bruno Podalydès (2015)




Michel est infographiste, marié à Rachelle et passionné par l'Aéropostale. Il travaille pour le compte de Rémi auquel il doit rendre un projet de maquette en trois dimensions. Lors d'une réunion, les deux hommes ainsi que leur collaborateurs jettent au hasard de leurs recherches sur Internet des exemples de palindromes. Tous, sauf Michel qui plus tard en trouvera un : Kayak. Mais plus important est la ressemblance de cette embarcation avec le fuselage des avions auxquels il voue une véritable passion.
Michel décide donc d'en acheter un sans en dire un mot à Rachelle. Recevant l'objet en kit, il le monte seul, puis l'installe sur le toit de leur demeure et s'entraîne dans le vide à pagayer. Michel prend quelques jours de congés puis, accompagné par Rachelle, il prépare une traversée de plusieurs dizaines de kilomètres le long d'une rivière. Après s'être dit au revoir, les époux partent chacun de leur côté, Michel parcourant le lit de la rivière. Quatre kilomètres après le départ, il décide de s'arrêter pour la nuit à venir. Il rencontre la jeune Mila qui lui conseille de demander à Lætitia afin de trouver un emplacement pour installer sa tente.

Michel qui ne pensait rester dans le coin que l'espace d'une nuit va être irrémédiablement ramené vers la propriété de Lætitia, se rapprochant peu à peu de celle-ci, et sympathisant avec les habitués du coin...

Dernier long-métrage en date de Bruno Podalydès, Comme un Avion ne décevra pas les amateurs de l'univers si particulier du cinéaste. Ceux qui n'en sont pas coutumiers, du moins, une partie d'entre eux (les plus impatients), risquent de ne pas tenir plus de quinze ou vingt minutes d'un film qui s'ouvre sur une ambiance des plus monotone, assez représentative du quotidien de notre héros interprété par le cinéaste lui-même. Ce serait une erreur impardonnable lorsque l'on sait combien l’œuvre recèle par la suite de moments extrêmement plaisants.

Comme un Avion est traversé par une poésie presque permanente et par une succession de scènes aussi bluffantes de simplicité que d'ingéniosité. On y découvre des personnages attachants campés par des acteurs formidables dont Agnès Jaoui n'est pas des moindre. Si le personnage de Michel n'est pas au premier abord des plus attachant ni des plus convivial, il exerce pourtant autour de lui une attraction qui rend le sourire à des être déchirés soit par la mort d'un conjoint, soit par une séparation. On retrouve l'éternel frangin du cinéaste, Denis Podalydès, la jolie Vimala Pons dans le rôle de Mila, le toujours savoureux Michel Vuillermoz dans celui de Christophe, le « peintre » atteint de poliomyélite, mais aussi Pierre Arditi en pêcheur grincheux.

Comme un clin d’œil aux palindromes, la musique du Prélude en do mineur BWV 847 de Bach accompagne le rêve où Michel se voit piloter sa maquette d'avion. Est-ce un hasard ? parce-que les 9 premières notes de la mélodie de ce prélude ( DO MIb RE MIb DO MId RE MIb DO) sonnent comme aussi un palindrome).  
Comme un Avion sent la campagne. Le vent souffle sur les draps séchant au soleil. A la terrasse de Lætitia, on boit le pastis frais, arrosé de glaçons. L'univers de ses personnages demeure hors du temps. Il y fait tellement vivre que l'on se prend à rêver d'y avoir la place si privilégiée de Miche. Les débuts moroses du début laissent peu à peu la place à l'humour et au surréalisme. Le film fourmille de petites scènes irrésistiblement drôles (la tente Quechua se refermant et réintégrant toute seule son fourreau pour ne citer qu'elle). On en ressort heureux d'avoir assisté à un tel spectacle. Ici, pas de grands effets. Rien que de grandes idées servies par un cinéaste et des interprètes talentueux...


samedi 19 mars 2016

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Valérie Subra, Laurent Hattab et Jean-Rémy Sarraud - L'appât de Bertrand Tavernier (1995)


De la fiction...

Nathalie travaille dans une boutique de vêtements du Sentier à Paris. La jeune femme rêve de cinéma et collectionne les aventures au bras de personnages aisés dont elle note consciencieusement le numéro de téléphone dans un carnet qu'elle conserve précieusement. Elle vit avec Éric, son compagnon. Un jeune homme impulsif qui jusqu'à maintenir pouvait compter sur son père pour l'approvisionner en argent. Mais ce dernier lui coupe les vivres et Éric doit trouver un moyen d'en gagner au plus vite. Le couple vit aux côtés de Bruno. Un sympathique garçon mais plutôt amorphe et peu cultivé. Il a beau trouver du travail, il est incapable de le conserver. Les deux mâles du trio réfléchissent alors à une solution pour se faire de l'argent. C'est alors qu'ils convainquent Nathalie d'utiliser son carnet d'adresse afin de voler les riches hommes d'affaires qu'elle fréquente. Elle servira d’appât, profitant de l'insouciance de ceux-ci pour faire pénétrer chez eux ses deux compagnons afin de soutirer de grosses sommes d'argent.

Les premiers essais sont infructueux. Le trio est d'abord un quatuor complété par Patricia. Mais cette dernière étant peu fiable, elle est très vite écartée. Lorsque enfin la trinité tombe sur une proie de choix, un avocat, c'est pour constater qu'il ne porte sur lui qu'une toute petite somme d'argent. De plus, Éric fait une erreur qui le convainc de la nécessité de tuer leur victime. Bruno a alors la charge d'éliminer l'avocat qui meurt alors sous les coups du jeune homme. 


Une fois l'appartement de la victime quitté, le trio part dépenser l'argent gagné dans une boite de nuit. Le lendemain matin, Nathalie constate qu'il n'en reste rien. Pour les trois amis, il est évident qu'il va leur falloir très vite trouver une nouvelle proie s'ils veulent pouvoir réaliser un jour leur rêve : partir vivre aux États-Unis...

L’appât, de Bertrand Tavernier, c'est Marie Gillain (Le Dernier Harem). La jeune actrice campe le rôle difficile d'une jeune femme dont les rêves utopiques font perdre toute raison au point d'accepter un jeu monstrueux aux côtés de deux hommes, Olivier Sitruk (Passeurs de Rêves) et Bruno Putzulu (Petits Désordres Amoureux). D'une certaine manière, la bascule semble est justifié au travers d'une scène durant laquelle elle réalise que les hommes qu'elle aborde sont des menteurs qui n'éprouvent pour elle qu'un intérêt professionnel tout relatif. La jeune femme est belle, sexy, et tous ces hommes ne veulent qu'une chose : la mettre dans leur lit. Alors, leur voler un peu de l'immense fortune qu'ils doivent cacher chez eux à l'abri d'un coffre-fort, pourquoi pas ?



Le film démontre que le pouvoir exercé par un homme au caractère bien trempé sur un esprit faible et sur une jeune femme amoureuse peut mener à l'acceptation de projets aussi fous que le meurtre. Le plus saisissant dans l’œuvre de Bertrand Tavernier, c'est cet attachement qu'il crée entre le spectateur et ce trio maléfique et amoral qui pourtant demeure fort sympathique. De jeunes individus interprétés de manière juste par un trio d'acteurs talentueux.

… à la réalité

L’appât s'inspire très clairement d'un fait divers célèbre survenu en France dans les années quatre-vingt. Si Tavernier change les noms, sa source d'inspiration est bien l'affaire du Trio Diabolique parmi les membres duquel la jeune et jolie Valérie Subra fut un élément décisif. Elle séduit les hommes riches, Laurent Hattab et Jean-Rémy Sarraud, eux, s'infiltrent dans l'appartement de leur proie et la tuent après leur avoir extorqué de l'argent. Le trio tuera par deux fois avant d'être arrêté alors qu'il s’apprêtait à remettre ça.
N'ayant pas directement participé aux meurtres, Valérie Subra subira pourtant la même peine que ses deux compagnons, soit la réclusion à perpétuité accompagnée d'une période incompressible de dix-huit ans. Depuis, les trois ont été libérés. Subra est mariée et vit désormais à l'étranger...

mercredi 16 mars 2016

Mommy de Xavier Dolan (2014)



Parce qu'il a allumé un feu, causant de graves blessures sur l'un de ses camarades, sa mère à le devoir de venir récupérer son fils Steve. Un adolescent violent qui a parcouru écoles spécialisées et centre d'hébergements mais qui devant l’inefficacité des traitements et devant son comportement dangereux ne peut demeurer davantage en institution. Exubérante et quelque peu immature, sa mère Diane vient donc récupérer son fils et décide le garder auprès de lui.
En 2015, lors des élections, un nouveau gouvernement est élu au Canada, qui met très vite en place le projet de loi S-14 permettant aux parents d'enfants dotés de troubles comportementaux et ne pouvant subvenir seuls à leur éducation de les envoyer d'une simple signature dans un établissement spécialisé.

Pourtant, malgré le comportement parfois très inquiétant de Steve, Diane s'y refuse, mettant sa vie en danger. Impulsif et incapable de se maîtriser sans un traitement médical, le jeune garçon et sa mère vont pourtant faire la connaissance de Kyla, la voisine d'en face, mère d'une petite fille et épouse d'un ingénieur en informatique. Bègue, elle n'a jamais quitté le confort de leur demeure depuis qu'ils sont venus s'installer dans le quartier trois ans plus tôt. Institutrice, elle confie à ses nouveaux voisins qu'elle a pris une année sabbatique sans en préciser les raisons.

Diane a besoin de travailler pour les faire vivre elle et Steve. Un jour, alors qu'elle part postuler pour un emploi, elle demande à Kyla d'accepter durant son absence de donner quelques cours à Steve...

Mommy, cinquième film de Xavier Dolan, est si profond et si captivant, qu'écrire dessus sans déformer le propos et les intentions du cinéaste, ainsi que le ressenti du spectateur peut se révéler une tentative risquée. Comme précisé en préambule, l’œuvre se déroule dans un Canada imaginaire. Dans un format vidéo étriqué qui contrairement aux a priori, pourrait desservir le film durant quelques courtes minutes, Mommy est une œuvre qui dans l'apparente simplicité du jeu de ses interprètes et de la mise en scène de Xavier Dolan se révèle d'une ampleur incroyable.

Film qui se vit, se respire même au delà du cadre imposé par son réalisateur, Mommy ne se raconte pas vraiment. Il ne s'agit même pas d'un exutoire à notre propre existence et n'est par définition pas vraiment divertissant. Il demeure cependant la juste expression d'une angoisse actuelle qui touche sans doute beaucoup de familles mono-parentales.
Les personnages dégagent un amour immense les uns pour les autres. C'est un tourbillon de sentiments qui vous prennent aux tripes, à la gorge, et finissent de vous achever alors même que le générique de fin est encore loin. Ce qui partait pour être le film d'un duo (les extraordinaires Antoine-Olivier Pilon et Anne Dorval) va se muer peu à peu en un trio dont l'actrice Suzanne Clément n'est pas des plus futile. Tout comme pour ses compagnons d'aventure, le personnage qu'elle incarne a tout autant d'importance. Cela démontre la maîtrise du cinéaste concernant ses personnages. Au delà même de cette comédie qui se mue parfois en un drame des plus poignant, magnifiquement servi par la musique de Noia, Xavier Dolan ne se contente pas de personnages superficiels. En les enfermant, en les cerclant de ces larges bandes noires, il nous rapproche un peu plus d'eux. Le spectateur entre en contact direct avec l'intimité de ces trois individus pour lesquels l'on tombe inévitablement sous le charme.

Outre la musique écrite spécialement pour ce film, on peut entendre quelques classiques de la pop internationale en général et fort logiquement, la voix de Céline Dion, le film et les personnages étant d'origine canadienne. Des choix qui pourraient parfois paraître étonnants (le film date de 2014) mais qui permettent sans doute de respirer parfois un grand bol d'air car le film demeure parfois émotionnellement difficile à supporter. Mommy est sans doute l'un des plus grands films qu'ait généré la première moitié des années 2010, et un vrai coup de cœur ici. Attendez-vous à vous souvenir longtemps de Diane, Steve, et Kyla...


mardi 15 mars 2016

Le Quart d'heure américain de Philippe Galland (1982)



Ferdinand conduit sa vieille voiture sur une autoroute. Sans femme et sans boulot, il a choisi de quitter la France pour la Thaïlande. En route, il est collé de près par une voiture de la station Radio 1. Il entend Bonnie, l'animatrice d'un jeu dans lequel les auditeurs peuvent gagner de l'argent, épeler le numéro de sa plaque d'immatriculation. Trop heureux d'avoir été choisi, il se rabat sur le coté de la route mais sa voiture tombe dans un fossé et se retrouve le quatre fers en l'air. Malgré le choc, il se rue tout de même vers la voiture de Radio 1 et choisit l'une des enveloppes que lui tend Bonnie et qui renferment toutes une somme d'argent. Soixante francs, c'est tout ce que touche le pauvre Ferdinand qui fait bonne figure, surtout devant l'ampleur des dégâts concernant sa voiture.

Se sentant en partie responsable de ce qui arrive à Ferdinand, Bonnie décide de lui venir en aide et tous deux, secourus par des travailleurs portugais, parviennent à retourner la voiture. Patrice, l'homme au volant de la voiture de Radio 1 n'a pas eu la même patience et a laissé la pauvre animatrice en rade. Ferdinand propose donc généreusement de raccompagner Bonnie jusque chez elle. Un petit appartement où il aura tout de même la consolation de pouvoir prendre un bain...

Gérard Jugnot, Anémone, Martin Lamotte, trois des compères de la célèbre bande du Splendid réunis dans une comédie tendre, douce, mais parfois amère par Philippe Galland. Le cinéaste convoquera à nouveau Anémone trois ans plus tard pour Le Mariage Du Siècle dans lequel l'on retrouvera d'autres personnages de la bande, Thierry Lhermitte et Dominique Lavanant .

Peut-être moins populaire que Les Bronzés 1&2 ou Le Père Noël Est Une Ordure, Le Quart D'Heure Américain n'en demeure pas moins une très bonne comédie française. Il ne faut assurément pas s'attendre à un flot de répliques drôles aussi important que dans les classiques du Splendid, car si le film de Philippe Galland est bien une comédie, il y a tout de même quelques passages moins amusants. L'amertume d'un homme qui a tout perdu et vit d'un rêve inaccessible, et que sa nouvelle « petite amie » rechigne à présenter à ses amis. Ce qui donne quelques scènes qui, il faut l'avouer, peuvent mettre mal à l'aise.
Comme celle durant laquelle Gérard Jugnot est humilié dans le bistrot où il a donné rendez-vous à Anémone après s'être donné la peine d'acheter un smoking qui, il est vrai, lui va comme une tenue de serveur.

Autour de ces deux principaux acteurs, une ribambelle de second rôles. L'acteur, scénariste et réalisateur Martin Lamotte que l'on a pu voir entre autre sous le masque de Super Résistant dans Papy Fait de la Résistance et dans un tout petit rôle dans l'unique film qu'il a réalisé lui-même, l'excellent Ça Reste Entre Nous. L'inégalable et irremplaçable Jean-François Balmer dans le rôle d'un directeur des programmes totalement barré. Jean-Pierre Bisson dans celui de Patrice (et inquiétant personnage du superbe polar à la française, Mort un Dimanche De Pluie de Joel Santoni).
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