Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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samedi 30 janvier 2016

A Minuit Je Posséderai Ton Âme de José Mojica Marins (1964)



Zé do Caixão est le croque-morts d'un petit village brésilien. Époux d'une jeune femme prénommée Lenita incapable de lui donner un enfant, cet être aussi maléfique que dangereux se débarrasse de sa femme en l'endormant au préalable et en l'empoisonnant à l'aide d'une morsure d'araignée. Par la suite, il se lance à la recherche de celle qui enfin pourra lui donner un enfant. Et cette femme, c'est Terezinha. Malheureusement pour Zé, celle-ci est mariée à Antonio, un proche du croque-morts. Qu'à cela ne tienne, Zé le tue lui aussi.
Faisant régner la terreur autour de lui, Zé n'est pas inquiété malgré les forts soupçons qui pèsent sur lui. Terezinha n'ayant aucune intention de tromper son défunt mari dans les bras de Zé, ce dernier la viole. La jeune femme ne supportant pas d'avoir été salie par l'ignoble personnage, elle se pend après lui avoir tout de même promis de revenir se venger...

A Minuit Je Posséderai Ton Âme est une œuvre phare à plus d'un titre. Considéré comme le premier film d'horreur brésilien, datant de 1964, il s'agit également du premier long-métrage dans lequel apparaît le personnage récurent Zé do Caixäo plus « connu » chez nous sous le nom de Coffin Joe. Pas moins de quinze films ont en effet inclus dans la liste de leurs principaux personnages cet être maléfique, cruel et immoral. Quinze dont treize ont été signés par le maître de l'horreur brésilienne lui-même, le grand, l'immense José Mojica Marins.
Représentation en chair et en os de tous les travers de la société, Zé se veut un personnage anticlérical qui dans sa première apparition refuse puérilement de manger autre chose que de la viande le vendredi. Si cet événement peut paraître infantile, n'oublions pas que le Brésil est depuis toujours majoritairement chrétien et que ce pays attache donc beaucoup d'importance à la religion, le film datant de 1964 seulement.

Si d'aucuns trouveront évidemment que le film a vieilli, A Minuit Je Posséderai Ton Âme demeure toutefois d'une esthétique irréprochable si l'on tient compte du faible budget du projet qui ne devait pas se monter à plus de quelques centaines de milliers de réals brésiliens. Inventif dans sa manière de cadrer ses personnages, José Mojica Marins film souvent son principal personnage en contre-plongée, lui donnant ainsi une spectaculaire dimension que viennent creuser davantage encore ses propos et sa manière des les distiller à la façon d'un comédien de pièce de théâtre. La bande-son participe grandement à l'extraordinaire ambiance qui règne au sein d'une œuvre au scénario toutefois basique. Parfois comparé au Fgreddy Krueger de Wes Craven, il est vrai que Zé possède un charisme tout à fait exceptionnel et immédiatement identifiable grâce à la barbe, au haut de forme et au costume sombre que porte en permanence le personnage central interprété par le cinéaste lui-même.

Même si les histoires divergent, ainsi que les époques, les lieux et les personnages, on retrouve dans A Minuit Je Posséderai Ton Âme cette grande lâcheté inhérente aux hommes vivant dans ces lieux presque sinistrés ou tout du moins, isolés du reste du monde. Un comportement que l'on retrouvera plus tard dans le chef-d’œuvre de Clint Eastwood L'Homme des Hautes Plaines. D'ailleurs, José Mojica Marins a-t-il autant en horreur les pratiquants du catholicisme pour en faire des individus aussi lâches ou sont-ils tout simplement aussi imprégnés de leur religions que des croyances maléfiques qui courent dans les rues de leur petit village ? Sans doute un peu des deux. En tout cas, pour un premier long-métrage et pour la toute première apparition de son emblématique personnage, José Mojica Marins signe une œuvre culte !


mardi 26 janvier 2016

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Christine et Léa Papin - Les Blessures Assassines de Jean-Pierre Denis (2000)



De la fiction...

Après avoir travaillé dans plusieurs grandes maisons comme bonne, Christine Papin est employée chez Mme Lancelin qui vit auprès de son époux et de leur fille Geneviève. La jeune femme parvient après quelque temps à faire embaucher sa sœur cadette Léa. Une situation qui ravit Christine qui rêve de pouvoir l'arracher à leur mère avec laquelle elle entretient des rapports compliqués. En effet, plus jeune, et alors qu'elle exprimait le désir d'entrer au couvent, elle se voit réprimander par sa mère à laquelle elle répond par la suite vouloir retrouver son père parti sur le front. C'est là que sa mère la menace de prévenir la police et de le faire enfermer au retour de la guerre, lui qu'elle accuse d'être un violeur. C'en est trop pour Christine et les rapports entre mère et fille ne seront plus jamais les mêmes.

Alors, lorsque Léa, bien des années plus tard, entre aux services des Lancelin, les deux sœurs sont heureuses. Malgré l'intransigeance de leur employeur, Christine et Léo ont droit à quelques moments de tranquillité et dorment dans la même chambre, sous les toits de la luxueuse demeure des Lancelin. Christine ne vivant qu'à travers sa sœur, Léa accapare toutes ses pensées. Se rendant elle-même malade au point d'être tétanisée par l'angoisse, Christine va commettre l'impensable, un soir, alors qu'elle et Léa se croyaient seules chez les lancelin...

Cinq ans après l'immense La Cérémonie de Claude Chabrol avec les non moins extraordinaires Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert, le cinéaste Jean-Pierre Denis donne une vision beaucoup plus proche du fait divers célèbre au cœur duquel furent présentées Christine et Léo Papin. Les Blessures Assassines n'est pas une œuvre de divertissement. Elle s'attache avec beaucoup de réalisme et de pudeur à décortiquer le récit d'un drame qui selon le déroulement de l'intrigue apparaissait comme inévitable.
L'un des principaux atouts du film de Jean-Pierre Denis est de justement révéler tout ce que le procès des sœurs Papin avait jugé bon d'ignorer. De l'enfance des deux héroïnes, et notamment celle de Christine, jusqu'au mensonge de la mère au sujet du père et que l'on jugera ou non comme l'événement marquant dans l'existence de la jeune femme, ce qui expliquera sans doute son désir de protéger sa sœur Léa. Qui mieux que Sylvie Testud aurait pu relever ce challenge difficile, aux côtés d'une Julie-Marie Parmentier elle aussi fantastique dans le rôle de Léa ?

A lire froidement le récit des événements dans un quelconque ouvrage, rien n'aurait pu nous bouleverser autant que l'admirable interprétation des deux actrices merveilleusement mises en scène par Jean-Pierre Denis. L'histoire des sœurs Papin fut maintes fois abordée en littérature et au cinéma. Jean-Pierre Denis en donne une vision juste et profondément humaine. Comme le sont justement ces deux sœurs liées par l'amour dans tout ce qu'il peut exprimer de beau et de sincère, nous les rendant attachantes même après leurs méfaits. Les Blessures Assassines est une merveille à ranger précieusement aux côtés de l’œuvre de Claude Chabrol...


... à la réalité

Christine Papin est née en 1905. Sa jeune sœur Léo, en 1911. connues sous le nom des Sœurs Papin, elles se rendirent célèbres en tuant leurs employeurs, une mère et sa fille. Contrairement au film de Jean-Pierre Denis qui demeure assez sobre, les événements qui surgirent dans la demeure des Lancelin le jeudi 2 Février 1933 furent d'une exceptionnelle violence, le médecin légiste chargé d'examiner les corps les ayant décrit comme de la bouillie sanglante. Les deux victimes furent énucléées, frappées à coups de couteaux et de marteaux avant d'être « ciselées » comme des lapins. Chrstine et Léa furent retrouvées par la police assises au fond du lit dans lequel elles dormaient après le travail. Lors du procès, Christine fut condamnée à mort avant d'être graciée. Elle écopa finalement d'une peine de travaux forcés à perpétuité. Sombrant dans la folie, elle fut internée à l'asile public d'aliénés de Rennes où elle mourut en 1937. Léa quant à elle fut condamnée à dix années de travaux forcés et retrouva sa mère avec laquelle elle vécu jusqu'à la mort de celle-ci. Léa s'installe alors dans un couple qui l'accueille et la fait passer pour la troisième grand-mère de leurs enfants. Elle y meurt le 24 juillet 2001 à l'âge de 89 ans.

Documentaire sur l'affaire des Sœurs Papin 

lundi 25 janvier 2016

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Élisabeth Báthory - La Comtesse de Julie Delpy (2009)




De la fiction...

Naissance, vie et mort de la comtesse Erzsébet Báthory, née le 7 août 1560 dans l'une des familles les plus illustres de Hongrie et morte le 21 août 1614. Alors qu'elle vient tout juste de naître, elle est déjà promise à Ferenc Nadasdy. Dès son plus jeune âge, sa mère lui apprend à être courageuse, insensible, curieuse, et sans pitié. Plus tard, elle est contrainte d'épouser l'homme qui lui a été imposé, mais après des années de service auprès du roi pour lequel il a combattu contre l'envahisseur turc, Ferenc meurt dans d'étranges circonstances laissant seule son épouse ainsi que leurs trois enfants.
Lors d'un bal, la richissime et influente veuve fait la connaissance d'un bel homme, le noble Istvan Thurzo seulement âgé de 21 ans dont elle tombe follement amoureuse. Leur amour ne durera qu'un temps puisque le père de celui-ci, après avoir enfermé son fils et avant de l'envoyer combattre les turcs, écrit une fausse lettre de rupture sous le nom de ce dernier dans laquelle il révèle à Erzsébet qu'il en aime une autre.
Totalement désemparée, Erzsébet se cloître dans son château de Cachtice auprès de la sorcière Anna Darvulia, accessoirement la confidente de la Comtesse. Après avoir été aspergée par le sang de l'une de ses jeunes servantes qu'elle a blessé par accident, Erzsébet développe une obsession pour ce précieux liquide et commence alors à pratiquer un rite morbide dont vont faire les frais plusieurs centaines de jeunes vierges, la comtesse étant persuadée qu'il lui assurera la jeunesse éternelle...

Pour son cinquième film en tant que réalisatrice, l'actrice Julie Delpy s'inspire d'un fait divers authentique remontant au dix-septième siècle. Chose peu aisée quand il s'agit de retranscrire une atmosphère, une époque remontant à quatre cent ans. Pourtant, avec une maturité impressionnante, Julie Delpy nous offre une histoire d'amour tragique, sordide et éblouissante. Derrière des actes d'une cruauté stupéfiante, elle parvient à rendre son personnage éminemment émouvant. Participe à cette douloureuse aventure vécue par une femme dont l'éducation et les responsabilités ont rendu insensible, la superbe partition musicale de Julie Delpy elle-même.

Endossant donc différentes casquettes, l'actrice-réalisatrice signe une œuvre qui psychologiquement marque les esprits. Ne voulant pas plonger son film dans le genre encombré de l'horreur, elle distille au compte-gouttes les scènes relatant les méfaits de son personnage pris entre son amour pour un homme devenu inaccessible et beaucoup plus jeune qu'elle et son désir de conserver toute sa jeunesse. Julie Delpy tente avec un certain brio de faire la lumière sur une Histoire hongroise dont les preuves n'ont jamais été véritablement établies. En donnant à son personnage tout le relief que l'on pouvait attendre d'un récit où l'horreur le mêle à la beauté d'une histoire d'amour irrésolu, elle crée l'émulsion parfaite entre des genres autrement antinomiques. Bouleversante est l'histoire de cette comtesse qui eut peur de vieillir et trouva un exutoire dans le massacre de centaines de victimes innocentes, bouleversante est également l'actrice qui prouve s'il en était besoin, qu'aux côtés de Daniel Brühl, William Hurt et Vizakna Sebastian Blomberg, elle est non seulement une très grande actrice, mais aussi une cinéaste de talent. Sans le vouloir (?), Julie Delpy remet au goût du jour et sous un angle différent, le thème du vampirisme. A voir, absolument...

… à la réalité

Élisabeth Báthory fut une comtesse hongroise devenue célèbre pour avoir été responsable du massacre de plusieurs centaines de jeunes femmes. Avec quatre complices, elle aurait fait enlever, torturé et tué de jeunes filles vierges. Selon certains témoignages de l'époque, la comtesse et ses complices pratiquaient sur leurs victimes d'atroces sévices tels que brûlures, mutilations, morsures, utilisation d'aiguilles, dénutrition... Des cadavres furent retrouvés à divers endroits et certaines victimes furent dénichés au cœur même de la petite noblesse. Tout ceci est bien évidemment à prendre avec des pincettes sachant que certains aveux semblèrent découler de tortures infligées à ceux qui participèrent au massacre. Élisabeth Báthory ne fut jamais poursuivie, eut égard à son nom, mais demeura emmurée dans une pièce de son château jusqu'à ses derniers jours. Elle mourut le 21 août 1614 à l'âge de 54 ans.



mercredi 20 janvier 2016

Sisters de Brian de Palma (1973)


Danielle Breton et Philippe Woode se rencontrent sur le plateau d'une émission télévisée, il repartent chacun avec un lot. Elle avec un ensemble de couteaux, lui avec un dîner pour deux dans le restaurant "African Room". Danielle se fait inviter par Philippe, l'invite ensuite à passer la nuit chez elle, puis ils font l'amour.
 Le lendemain matin, alors qu'il est encore endormi, Philippe est réveillé par une dispute entre Daniel et sa sœur Dominique. Cette dernière reproche à sa jumelle d'avoir fait entrer un homme dans l'appartement, et alors que Philippe choisit de s'évanouir dans la nature, Daniel réussit à le convaincre de rester. Il apprend que la venue de la jumelle de Danièle coïncide avec la date de leur anniversaire.

Danielle souffre de maux de têtes atroces et le médicament dont elle a besoin lui manque. Elle demande à Philippe de bien vouloir aller lui en acheter. Alors qu'il sort d'une pharmacie, il passe devant une boulangerie dans laquelle il pénètre et commande à l'une des boulangères un gâteau d'anniversaire sur lequel elle lui demande de bien vouloir inscrire les prénoms Danielle et Dominique.

A son retour dans l'appartement, Danièle est endormie. Philippe file dans la cuisine, allume les bougies qu'il a au préalable installées autour du gâteau, puis il prend l'un des couteaux remportés la veille au soir, et retourne dans le salon. Il s'approche doucement du lit, se penche vers Danièle puis lui glisse quelques mots dans l'oreille, l'invitant à couper le gâteau. C'est alors que la jeune se saisit du couteau et attaque sauvagement Philippe de plusieurs coups portés au visage et à la jambe. Se traînant sur le sol, l'homme tente de fuir mais il est rattrapé par Danièle qui lui plante à trois reprises le couteau dans le dos. Se trainant un nouvelle fois sur le sol, Philippe parvient jusqu'à une fenêtre derrière laquelle il est aperçu par la voisine habitant l'immeuble d'en face.

 Témoin du meurtre, celle-ci, journaliste, appelle aussitôt la police qu'elle s'apprête ensuite à accueillir au bas de l'immeuble de Danièle...

Sisters est le premier véritable long-métrage de Brian De Palma à connaître un certain succès. Plus qu'un thriller horrifique, l’œuvre est avant tout un hommage rendu à celui que vénère De Palma, Alfred Hitchcock.
 En effet, le meurtre, particulièrement impressionnant et perpétré à l'arme blanche, fait référence à la fameuse scène de la douche de Psychose. La thématique elle-même fait référence au classique d'Hitchcock puisqu'elle aborde le dédoublement de personnalité. Ainsi que la gémellité, sujet qui sera trop rarement abordé au cinéma et dont on retiendra surtout l'extraordinaire The Other de robert mulligan.

On découvre grâce à Sisters une technique dont abusera à bon escient Brian De Palma. Il s'agit du split screen, technique permettant de scinder l'image en deux, trois ou quatre parties, permettant ainsi d'examiner de plusieurs points de vues différents, une même scène (De Palma sublimera la technique grâce à des films tels que Carrie Au Bal Du Diable, Phantom Of The Paradise, ou encore Snake Eyes).

Le film ayant pris un petit coup de vieux, certains critiques ont le malheur de le malmener alors qu'il conserve pourtant de beaux restes. L'intrigue reste encore aujourd'hui passionnante, et l'ambiance on ne peut plus morbide résiste au temps. On découvre William Finley qui deviendra bientôt derrière la caméra de De Palma, l'irrésistible fantôme du Paradise et deux actrices (Margot Kidder et Jennifer Salt) brillantes.
 Un bon cru même si le cinéaste fera bien mieux les années à venir.

samedi 16 janvier 2016

Réalité de Quentin Dupieux (2015)




Réalité raconté par... Anna

Un scénario déroutant et audacieux ponctué par une musique minimaliste et obsédante qui semble nous plonger dans un état modifié de conscience. J'ai aimé ce film parce que je n'ai pas cherché à comprendre ni à donner un sens aux situations, mais seulement à m'abandonner à cet univers onirique, emportée de mise en abîme en mise en abîme où chaque scène semble se poursuivre dans une réalité parallèle qui devient elle-même le rêve de la réalité suivante... Certains diront que ce film est un non sens, mais il est peut-être tout simplement le reflet clairvoyant et poétique d'une Réalité qui nous dépasse... Car, alors qu'un nouveau paradigme scientifique se dessine, porté par la physique quantique, repoussant les frontières de ce qu'on croit être l'Espace et le Temps, bouleversant la conception linéaire de notre univers, qui peut dire ce qu'est vraiment la Réalité ?

 Réalité raconté par...  Laurent

Sixième long-métrage du cinéaste, scénariste et musicien électronique Quentin Dupieux plus connu sous le pseudo Mr Oizo, Réalité ne va sûrement pas nouer des relations positives entre ses détracteurs et lui-même. Sa dernière œuvre demeurera pour les cerveaux étriqués comme un film sans logique, mal fini, laissant une foule de questions sans réponses, et surtout pas amusant du tout. Et c'est vrai que l'on ne rigole pas à gorge déployée. Mais l'artiste l'a certainement voulu ainsi et si les anti-Dupieux veulent s'en mettre plein les zygomatiques sans forcément réfléchir, qu'ils aillent voir Babysitting 2, ils en sortiront ravis.
Fort heureusement, il existe un noyau de fidèles adeptes de ce cinéma sans concession qui prend des chemins de traverse au péril de leur santé mentale. Quentin Dupieux fait fi des panneaux de signalisation. Il suit une route sinueuse, complexe, et dont lui seul connaît l'itinéraire.

Alain Chabat en première ligne ? On se dit que forcément, le cinéaste s'est assagit. Qu'il a su mettre de l'eau dans son vin pour donner à « penser » à un plus large public que celui qui l'a d'abord découvert à travers sa musique avant de se plonger dans sa riche et complexe filmographie. Ce serait oublier bien vite que l'un de ses plus fidèles clients, son « égérie », n'est autre que l'acteur-humoriste Éric Judor du célèbre duo Éric et Ramzy !

Que raconte alors ce Réalité dont le titre sonne, peut-être, le glas d'une vision toute personnelle du septième art ? Désolé de l'apprendre à ses plus virulents détracteurs qui jugent ses films au « compteur-rires » et le voient simplement comme un « poseur-arty ». Réalité ne change rien à la donne. Soit Quentin Dupieux est un fou génial (ce que je pense), soit son cinéma est vide de sens et cache de grandes lacunes (ce que doivent penser avec politesse certains de ceux qui ne le comprennent pas).
Donc, ce que raconte le film est en même temps relativement simple à comprendre tout en étant développé de manière extrêmement alambiquée. Alain Chabat est Jason Tantra, petit cameraman dont la tâche principale est de filmer une émission culinaire. Marié à une psychiatre (Elodie Bouchez), il ne rêve que d'une chose : Tourner son premier film d'horreur. Le producteur Bob Marshall (Jonathan Lambert), intéressé par le projet se propose de le produire à une condition : que Jason trouve un gémissement digne de remporter un Oscar...

Mais dans la tête de Quentin Dupieux, un récit ne peut se concevoir de manière linéaire. C'est pour quoi il fait intervenir et se mêler la réalité, la fiction et même les rêves qui, ici, prennent une place prépondérante au point de nous perdre, pauvres spectateurs, dans les méandres d'un esprit aussi inventif que tordu. Si le film n'est pas amusant dans le sens où l'on ne rigole pas forcément, Réalité demeure pourtant d'une étonnante drôlerie. Quentin Dupieux convoque à l'assemblée un directeur d'établissement scolaire (le génial Eric Wareheim) adorant rouler à bord d'une jeep revêtu d'une robe de talons hauts, un producteur fasciné par l'expression de la douleur et pratiquant le tir au surfer, ou encore un animateur d'émission culinaire atteint d'eczéma intérieur... La grande force de Quentin Dupieux est de parvenir à fasciner avec des idées mises bout à bout et sans réelle logique jusqu'à ce que l'émulsion fonctionne. Dans un sens, le résultat se révèle relativement compréhensible sauf que le cinéaste choisit de conserver pour lui certaines pistes pour ne pas trop éclairer les spectateurs. A eux de fournir l'effort nécessaire pour résoudre cet génial imbroglio, chose, avouons-le, peu évidente...

A noter que pour une fois, ça n'est pas Quentin Dupieux lui-même qui produit la musique, habituellement foisonnante, mais Philip Glass dont le cinéaste prélève sept minutes pour constituer une bande-son on ne peut plus minimaliste...

Phantasm IV : Aux Sources de la Terreur de Don Coscarelli (1998)



Alors que Reggie et Mike ont été une fois de plus séparés, ce dernier a décidé de fuir vers le Sud et d'en finir avec sa propre existence depuis qu'une lente transformation s'est opérée en lui. Sur sa route, il croise à nouveau son frère Jodie, dont l'âme a été mystérieusement transférée à l'intérieur d'une sphère métallique, ainsi que le Tall Man, l'homme en noir responsable de tous ses malheurs. Mike va surtout découvrir les origines de ce curieux personnages qui pille les cimetières en y exhumant les cadavres avant de les transformer en personnages réduits à la taille de nains et en les asservissant.
Reggie décide quant à lui, et sur les conseils de Jodie, de suivre la trace de son neveu afin de lui venir en aide. Sur sa route, il croise le chemin de Jennifer avec laquelle il a un accident. Mais le contact entre eux va être de courte durée car la jeune femme va être la victime du Tall Man alors qu'elle et Reggie se sont réfugiés à l'intérieur du motel d'une petite ville abandonnée.
Alors que Mike choisit de se pendre à une corde, l'intervention de l'homme en noir va lui sauver la vie. De plus, grâce aux bornes permettant de voyager à travers l'espace et le temps, il va remonter jusqu'aux origines de ce dernier...

Décidément, l'année 2016 commence mal pour les personnalités de la chanson et du cinéma. Outre Michel Galabru, Michel Delpech, Lemmy Kilmister (fondateur et chanteur du groupe de métal Motorhead) et David Bowie, Angus Scrimm, le Tall Man de la saga des Phantasm, nous a quitté le 9 janvier dernier à l'âge de 89 ans. Si c'est bien cette dernière qui l'a rendu célèbre, l'acteur s'et fait une spécialité dans le cinéma horrifique avec une douzaine de films à son actif, et dont le prochain et dernier Phantasm sous-titré Ravager sera sans doute le dernier de la saga. Dix-uit ans plus tôt, Angus Scrimm revêtait on costume de Tall man pour un quatrième volet, Phantasm IV : Aux Sources de la Terreur redorant quelque peu le blason d'une série plongeant peu à peu dans un humour pas toujours approprié et rarement drôle.

Si les avis semblent partagés, ici, il demeure comme le meilleur épisode après le premier et culte Phantasm sorti en 1979. Toujours aux commandes, le cinéaste américain originaire de Tripoli Don Coscarelli signe un road-movie trippant. Un voyage mystique en pleine Vallée de la Mort dans lequel les personnages vont à nouveau croiser la route des entités démoniaques qui parcouraient déjà le épisodes précédents. Le Tall Man évidemment, mais aussi les nains encapuchonnés. Les sphères métalliques également, véritables instruments de tortures et de surveillance. Ainsi que les fameuse bornes permettant de voyage en un autre espace et en un autre lieu.
L'environnement n'a jamais semblé aussi vide que dans cet épisode. De villages abandonnés en désert écrasé par la chaleur du soleil, Mike et Reggie vont tenter une fois encore de nuire aux projets diaboliques de l'homme en noir. Si les effets-spéciaux n'ont rien d'exceptionnel, on retrouve malgré tout les gimmicks des épisodes précédents.

Cela est une habitude chez Coscarelli, mais le cinéaste a pour habitude de noyer ses suites sous un amas de flash-back, réduisant ainsi la durée réelle de son œuvre d'au moins un bon quart d'heure. Cependant, les fans du premier long-métrage auront le bonheur de découvrir de longs plans directement tirés des archives du Phantasm originel et demeurés jusqu'à maintenant totalement inédits.
De plus, Don Coscarelli a l'excellente idée de nous faire découvrir le Tall Man tel qu'il était bien avant qu'il soit tel qu'on le découvrait dans les trois opus précédant. Pas ou très peu de sang dans ce quatrième épisode dont l'histoire s'articule autour d'un univers fantastique. Phantasm IV : Aux Sources de la Terreur renoue donc avec l'esprit du premier avec en clin d’œil, un Reggie qui porte le costume de vendeur de glaces qu'il avait sur le dos dans le premier film... Une belle surprise en attendant de voir ce que donnera le cinquième et dernier volet qui cette fois-ci sera réalisé par un certain David Hartman...


jeudi 14 janvier 2016

Les Diaboliques de H.G. Clouzot (1954)


Christina Delasalle, jeune directrice d'un pensionnat pour garçons, connaît une existence difficile aux cotés de son époux Michel, directeur lui-même, et personnage abominable qui se comporte en véritable despote. Envers sa femme mais aussi sa maîtresse Nicole Horner qui, malgré les rapports qu'ils entretiennent, se rapproche de plus en plus de Christina avec laquelle elle partage une haine profonde pour Michel.

C'est ainsi que Nicole propose à Christina de l'aider à se débarrasser de Michel en le tuant. Mais l'épouse de l'odieux personnage hésite. Faible, la jeune femme est cardiaque et pense aux conséquences que pourrait avoir un tel acte. A force de brimades, la directrice finit somme toute par accepter d'éliminer Michel et les deux femmes profitent du pont qui leur laisse trois jours pour organiser et exécuter leur sombre projet.

Attiré dans un guet-apens, Nicole et Christine y attirent Michel qui ne se doute de rien. Exigeant des explications quant à la fuite de son épouse, celle-ci lui affirme vouloir le quitter. Essayant par tous les moyens de raccommoder leur couple, Michel y parvient presque mais au moment où Christina renverse du vin sur le costume de Michel que ce dernier retrouve sa vraie nature. Il gifle Christina qui lui sert finalement l'alcool qu'elle s'était presque promise de lui refuser : Un vin rouge dont la bouteille a été préalablement mélangée à un somnifère puissant. Après trois verres, l'homme s'endort et c'est ainsi que Nicole débarque dans la pièce. Elle tente de raisonner Christina qui manque de s'endormir et les deux femmes alors portent le corps de Michel qu'elles placent au fond de la baignoire remplie d'eau...

Extraordinaire film à suspens, Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot vaut pour son implacable scénario qui se distille dans un climat trouble durant presque deux heures. Pourtant, ce qui fait habituellement l'une des forces d'un film au suspens aussi tangible, c'est sa bande-son. La partition musicale des Diaboliques dure pourtant moins de cinq minutes et n'accompagne que les génériques de début et de fin. C'est dire si la mise en scène et le jeu des acteurs (formidables Simone Signoret, Paul Meurisse, Véra Clouzot et Charles Vanel) est remarquable. Pas un seul air pour accompagner l'angoisse qui sourde durant les moments les plus important de la machination orchestrée par Nicole et Christina, mais une véritable ambiance distillée au compte-goutte et qui verse même parfois dans une épouvante du plus bel effet.

Film à tiroirs, Les Diaboliques nous plonge au cœur d'un projet que l'on partage volontiers avec celles qui l'ont organisé. Rarement l'on aura vu un personnage aussi détestable que celui interprété par Pau Meurisse. De quoi nous faire accepter un peu plus facilement le sort qui lui est destiné.

Vera Clouzot, jeune actrice d'origine brésilienne et épouse du cinéaste H.G Clouzot, meurt d'une crise cardiaque en 1960, de cette même maladie qui toucha par le passé (comme on l'apprend au cours du film), le personnage qu'elle interprète ici. Simone Signoret, déjà, hante le plateau de sa présence. Son regard et son grain de voix si caractéristique imprègnent la pellicule.

Finalement, ce pur chef-d’œuvre du cinéma français souffre d'un seul défaut., et non des moindres. La construction même de son intrigue et le twist final font qu'une seconde vision n'a pas vraiment d'intérêt dès lors que l'on a assisté une première fois au terrible et à l'implacable dénouement.

vendredi 8 janvier 2016

Murder Set Pieces de Nick Palumbo (2004)



Un photographe d'origine allemande s'installe à Las Vegas et débute une relation avec une jeune et jolie jeune femme prénommée Charlotte. Ce qui n'est pas du goût de tout le monde puisque Jade, la jeune sœur de celle-ci, trouve le comportement de son nouveau fiancé particulièrement troublant. Photographiant presque exclusivement de jeunes femmes nues, il guette chaque jour Jade et sa meilleure amie à la sortie de leur école. Plus encore, si la gamine est si inquiète à propos de la relation qu'entretient sa sœur avec le photographe, c'est qu'elle a découvert qu'il entretient de son côté une certaine fascination pour l'imagerie nazie. Il possède d'ailleurs un portrait de son grands-père en compagnie du célèbre Adolf Hitler et fréquente des néo-nazis !

Mais ce que ne sait pas encore la fillette, c'est qu'il est surtout un tueur de femmes impitoyable qui s'en prend à ses modèles après les séances photos ainsi qu'aux prostituées et aux strip-teaseuses.

Murder Set Pieces demeure dans l'histoire du film d'horreur comme un cas d'école. De l'aveu même de son auteur Nick Palumbo, il s'agissait pour lui de rendre hommage au Maniac de William Lustig en réalisant une sorte de remake beaucoup plus violant encore que l'original. Si de ce dôté là, le contrat est largement rempli, le film va malheureusement connaître pas mal de déboires avec la censure et la justice. Pour commencer, personne ne veut développer les bandes d'une œuvres dont certains jugent que certaines scènes sont réelles. L'un des producteurs finit même en taule après avoir été balancé par l'un des développeurs contactés. Ensuite, le film est interdit dans plusieurs pays dont l'Angleterre, l'Irlande et la Norvège et sera même amputé de plus de 20 minutes afin de l'alléger des passages les plus hard.

Pire : les festivals du monde entier tout comme la presse spécialisée vont le bannir sans autre forme de procès. Celui auquel Nick Palumbo a voulu rendre hommage en réalisant un remake de son chef-d’œuvre va lui-même, et contre toute attente, le rejeter. Un comble ! Sans doute écœuré, excédé et plein de rancœur, le cinéaste va dépasser les limites en apportant quelques petites modifications au générique en remplaçant le nom de ses anciens associés par celui d'officiers nazis !!!

Que faut-il penser alors de ce Murder Set Pieces si polémique ? Faut-il effectivement le voir comme le film d'horreur de trop ou bien simplement comme un pur produit d'exploitation undergroung comme le fut Maniac en son temps ? Oui, le film de Nick Palumbo est extrême. Oui, il dépasse de loin ce qu'on avait l'habitude de voir jusqu'à maintenant. Cela est dû au fait que contrairement aux petites productions horrifiques, les effets gore de Murder Set Pieces sont particulièrement réussies. Taxé de misogynie et d'antisémitisme, le cinéaste explique pourtant à travers des flash-back les raisons qui mènent cet homme à trucider de jeunes femme à la pelle. N'avons-nous d'ailleurs jamais rien lu sur ce sujet pour que certains se soient acharnés sur ce réalisateur ? Combien de criminels célèbres se sont effectivement lancés dans une carrière de tueur en série après avoir vécu, enfant, une expérience traumatisante. Si Nick Palumbo avait donné à son principal personnage le nom d'un tueur en série connu, sans doute qu'on n'en aurait pas fait tout un plat.

Toujours est-il que pour les amateurs qui ne se laissent pas impressionner par les jugements de valeurs dont se permettent certains au titre de la bienséance, Murder Set Pieces est dans le genre une réussite. Comme souvent, ce n'est certainement pas dans son scénario qui'il faudra chercher sa valeur, ni dans l'interprétation d'ailleurs, mais plutôt dans la mise en scène et dans les scènes d'horreur plutôt marquantes. Tronçonneuses, marteaux, couteaux et rasoirs à main sont les outils que préfère notre assassin. Les morts se comptent par dizaines et qu'ils soient montrés sans la moindre censure ou simplement suggérés (les coups interminables portés sur l'une de ses victimes finissent par devenir obsédants de par leur régularité et l'horreur qu'ils inspirent), d'un point de vue graphique c'est une complète réussite.

A noter les présences amusantes de quelques figures du cinéma d'épouvante : Tony Todd, le Candyman du film éponyme, ainsi que Gunnar Hansen, le Leatherface de Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper dans un rôle où il demeure, évidemment, méconnaissable, ainsi que Edwin Neal, l'autostoppeur du même film...


dimanche 3 janvier 2016

Phantasm III: Le Seigneur De La Mort de Don Coscarelli (1994)





Quatorze ans déjà que Mike et Reggie sont confrontés au Tall Man, à sa bande de nains encapuchonnés et aux sphère métalliques gardiennes des temples consacrés aux morts. Autant d'années qu'ils s’évertuent à chasser l'homme en noir qui pourtant, n'a jamais vraiment causé de mort autour de lui (à part quelques exceptions près) puisque son premier soucis est de prélever dans les tombes fraîchement ouvertes les corps récemment enterrés afin de les réduire et d'en faire des esclaves dans une dimension parallèle à la notre. 


Mike et Reggie sont une nouvelle fois séparés. Le second erre, à la recherche du Tall Man et, sur la route, tombe nez à nez avec un trio de malfrats qui l'assomment et l'enferment dans le coffre d'une voiture. Par chance pour ce dernier, les agresseurs vont être victimes d'un gamin particulièrement doué qui va les éliminer un à un et qui va ensuite libérer Reggie de son inconfortable prison. Sur la route, il tente de se débarrasser de l'enfant en le confiant à une famille d'accueil mais ce dernier flairant les intentions de Reggie, se planque dans le coffre de sa voiture. L'homme finit par accepter la présence du gamin et font route ensemble à la recherche du Tall Man.



Alors qu'il vont être agressés par le trio de malfrats devenus pour l'occasion trois morts-vivants, Reggie et Tim croisent le chemin d'une jeune athlète spécialiste du combat rapproché et adepte du nunchaku sans l'intervention de laquelle Reggie frôle la mort. Les deux adultes sympathisent et décident de partir en croisade, bientôt rejoint par Mike qui réapparaît alors...





Troisième épisode de la saga, Phantasm 3 : Le Seigneur De La Mort est aussi le moins bon de ce qui fut jusque là une trilogie. Comme ce fut le déjà le cas par le passé, les invraisemblances sont légions. Mais ce qui pouvait encore paraître comme l'une des expressions visuelles d'un scénario alambiqué où l'absurde se confondait avec l'horreur, l'épouvante et le fantastique ressemble aujourd'hui à une accumulation de faiblesses qui touchent un scénario plutôt mince.



Mais même nanti d'un certain nombre de défauts (toujours cette redondance dans les plans volés dans les premier et second volets), le film se regarde avec un plaisir non dissimulé. Pourtant, il fleurte très souvent avec le ridicule. A commencer par le gamin à peine entré dans l'adolescence et qui conduit voitures et vide ses armes avec autant de talent que celui que devait avoir son shérif de père aujourd'hui disparu. Et que dire de Rocky, cette femme à la couleur ébène et véritable arme de guerre dont le nunchaku prolonge des membres déjà d'une affolante longueur. Ces deux nouveaux personnages renouvellent la saga mais pas forcément dans le bon sens puisque l’œuvre se pare d'un visuel particulièrement kitsch qui, bizarrement, n’apparaît pas au premier abord comme une erreur de jugement de la part du scénariste. 


Tout paraît avoir été calculé ainsi, et tant pis si certaines vannes et certains effets visuels tombent à plat puisque Don Coscarelli semble assumer l'ensemble des actes perpétrés par ses interprètes. L'humour, toujours présent depuis le début de la série est encore renforcé ici. Reggie, ce séducteur un peu bourrin (mais curieusement discret) profite de la plastique superbe de Rocky pour s'adonner à l'un de ses principaux penchants, le sexe (un penchant que les spectateurs ont déjà pu découvrir dans l'épisode précédent).



On dira ce que l'on voudra (que ce troisième volet est bien moins bon que les précédents, que l'aspect (volontairement?) kitsch de l'intrigue, que la réutilisation de certaines idées déjà développées à outrance dans Phantasm 1 et Phantasm 2 incite à la facilité), Phantasm 3 : Le Seigneur De La Mort ravira les fans de la saga qui mettront les défauts évidents de l’œuvre pour ne retenir que l'essentiel : la sincérité d'un Don Coscarelli qui aime son sujet et a choisit de l'exploiter jusqu'au bout. Une manière de se faire plaisir et ainsi d'offrir aux amateurs un prétexte supplémentaire de se plonger dans l'étrange univers du Tall Man et de ses sphères métalliques.

vendredi 1 janvier 2016

Un réveillon au ciné: Le Grand Partage deAlexandra Leclère (2015) et Babysitting 2 de Nicolas Benamou et Philippe Lacheau (2015)



Tradition oblige, cette année, Anna et moi nous sommes allés passer le réveillon du nouvel an enfermés dans une salle de cinéma. Comme l'an dernier, nous avons opté pour deux comédies. Tout d'abord, Le Grand Partage d'Alexandra Leclère, ensuite Babysitting 2 de Nicolas Benamou et Philippe Lacheau.

Comme cela arrive assez souvent, Le Grand Partage s'inscrit dans une mouvance collant parfaitement avec le moment de sa sortie. En plein cœur du mois de décembre sort donc ce film dont le synopsis est on ne peut plus clair. Nous sommes à la veille des fêtes de fin d'année. Détail qui nous est épargné sans doute pour ne pas créer de remords au sein de ces familles qui vont passer leur réveillon bien au chaud dans leur appartement. Le gouvernement décide de réquisitionner des logements afin d'y faire accueillir par leurs propriétaires des concitoyens en situation précaire. Évidemment, cela n'est pas du goût de tout le monde et c'est la vie bien ordinaire d'un immeuble cossu tout entier qui va s'en trouver bouleversé...

Karin Viard, Didier Bourdon, Valérie Bonneton, Michel Vuillermoz, Josiane Balasko, Patrick Chesnais et Sandra Zidani. Un très beau casting pour un film qui malgré le sujet ne fera pas vraiment réfléchir puisque l'on est ici sur le terrain de la comédie. Bobos et bourgeois se croisent, s'invectivent ou s'ignorent. Méprisent leur prochain ou au contraire se sentent concernés par leur situation. L'hypocrisie est au cœur de cette comédie légère parfaitement interprétée et au détour de laquelle on croise la route du couple de juifs campé par les excellents Anémone et Jackie Berroyer. Leur personnage personnifie cette trop grande habitude que l'homme a d'oublier les faits du passé pour ne penser qu'à son petit confort personnel. Viard et Bourdon symbolisent la bourgeoisie dans ce qu'elle a de plus intolérable : Le mépris de l'autre, et surtout du plus petit. Bonneton et Vuillermoz dans leur grande mansuétude sont-ils quand à eux prêts à héberger les nécessiteux dont ils ne cessent de rabâcher la condition d'extrême pauvreté ? Le personnage de Patrick Chesnais rappelle sensiblement celui du Père Noël est une Ordure, le voisin bulgare Zadko Preskovitch : proche de ses voisins mais totalement ignoré, ici l'immigré étant remplacé par l’homosexuel excentrique. Josiane Balasko est à contre-emploi. Elle que l'on a vu dans des comédies dont certains passages claironnaient déjà son implication auprès des immigrés de tous bords, campe une pro FN assez drôle bien que parfois sinistre (le chat empaillé surnommé Jean-Marie).

Mais celle qui tire véritablement son épingle du jeu, c'est Sandra Zidani. Si les français on fait sa connaissance grâce à l'émission de Laurent Ruqier On n'demande qu'à en rire, le parcourt de cette humoriste que l'on pourrait rapprocher de Coluche mériterait que l'on se penche sur sa biographie. En SDF, elle fait montre d'une verve riche et apporte la petite note d'émotion qu'il manquait au film d'Alexandra Leclère. Sans jamais hurler de rire, on passe devant Le Grand Partage un moment fort sympathique. La critique presse et publique semble avoir été mitigée quand aux qualités de cette comédie qui bien sûr fera grincer les dents de ceux qui jugeront son aspect moralisateur mal venu en cette période de fêtes. Mais qu'importe, on retrouve des actrices et acteurs que l'on aime et même si le message de fond à du mal à passer à travers le cabotinage des interprètes, on y va pour sourire...

Concernant Babysitting 2, la recette change radicalement. Les ingrédients sont les mêmes que pour le premier épisode. Une fois encore, c'est avec une certaine appréhension que l'on se lance dans l'aventure même si Babysitting premier du nom nous avait quelque peu rassuré sur l'état de cette comédie d'abord à l'attention du jeune public.

On retrouve aux commandes de cette suite les deux même réalisateurs et devant les caméras, les mêmes interprètes. Cette fois-ci, l'équipe y a mis les gros moyens. Voyage au Brésil, excursion en pleine jungle, rencontre avec une peuplade d'indigènes, et même saut en parachute. On avait presque oublié que le plus drôle dans le premier Babysitting survenait justement lors de la découverte des bandes-vidéos. Ici, c'est un peu le même principe. On passe par une étape pas vraiment drôle. Disons, tout juste amusante. Mais dès que le père de Sonia (que la jeune femme désire présenter à Frank son petit ami) met la main sur les vidéos compromettantes, c'est le fou-rire assuré. Ceux qui vous diront que Babysitting ne leur a pas arraché le moindre sourire vous mentiront. Et même si c'est lourd, très lourd, on s'amuse des singeries du groupe toujours constitué de Philippe Lacheau, Tarek Boudali, Julien Arruti, Vincent Desagnat et Alice David. Charlotte Gabris, elle, laisse cependant un sale goût dans la bouche. Personnage dispensable, sa vulgarité semble être dans l'air du temps et reflète bien une certaine jeunesse puisque dans la salle, ses interventions n'ont fait rire que le tout jeune public.

Exit Gérard Jugnot, c'est un autre du Splendid qui prend la relève en la personne de Christian Clavier dans le rôle du père de Sonia. On a le plaisir d'y découvrir l'excellent humoriste Jérôme Commandeur et l'actrice Valériane de Villeneuve grimée en vieille dame acariâtre. Si l'on devait comparer les deux volets disons que le premier épisode avait l’avantage de proposer un principe plutôt sympa. Celui du found-footage à la sauce humoristique. Le second, lui, propose un voyage plutôt sympathique et des moyens plus importants. En terme d'humour, on reste dans un contexte lourd mais efficace. Pas inoubliable mais sympa tout de même...
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