Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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lundi 28 janvier 2013

Creepshow de George A. Romero (1982)



Lorsque l'on a un père aussi con que le sien, on comprend que le gamin de l'intro ait envie d'échapper aux punition d'un géniteur qui ne jure que par la bière et les magasines pornographiques. Quand à la mère, elle a le courage de ces femmes battues qui se résignent à s'écraser devant les vociférations de maris autoritaires qui ne leur laissent en général que le droit de raccommoder leurs pantalons en jeans. La progéniture se rebelle, prend une gifle et voit sa lecture préférée finir à a poubelle. "Qu'il aille pourrir en Enfer" murmure l'enfant à l'attention d'un père qui s'en est allé se rafraichir le gosier dans le salon. L'avorton aurait-il pu imaginer voir débarquer alors devant la fenêtre de sa chambre la goule qui orne habituellement la couverture de son comics préféré? La présence de celle-ci sonne comme une invitation au pays des rêves macabres qui pullulent dans chacune des pages de "Creepshow", la fameuse bande-dessinée responsable du drame familial. C'est ainsi que s'ouvre le film, nous entrainant dans cinq histoires horrifiques mises en scène par le grand maitre George A. Romero ("Dawn Of The Dead"). 

 
Father's Day, le premier segment, nous entraine dans la demeure d'un richissime vieillard mort sous les coups de cendriers assenés par sa fille Bedelia sept ans plus tôt. En effet, ce père particulièrement jaloux des rapports qu'entretenait sa fille avec un homme de soixante-quinze ans fit tuer ce dernier lors d'une partie de chasse. Vengeant la mort de son bien aimé en tuant son géniteur, Bedelia célèbre depuis chaque année la fête des pères en réunissant autour d'elle ses deux neveux. Elle qui d'habitude est d'une exactitude exemplaire se fait désirer. Alors qu'elle arrive aux abords de la grande maison familiale, elle choisit de passer devant le cimetière afin de rendre visite à son père . Ce dernier, revanchard, ne trouve rien de mieux que de sortir de sa tombe afin de souhaiter à sa manière la fête des pères. C'est ainsi que, décharné, il va éliminer tour à tour les membres de sa famille jusqu'à obtenir le gâteau qu'il désira le jour même de sa mort... Des cinq chapitres de Creepshow, celui-ci apparaît comme le plus faible. Si l'idée délirante du retour d'un vieil acariâtre apparaît comme une solution efficace aux projets de vengeance qu'il murit depuis sept ans dans sa tombe, l'aspect humoristique sonne relativement plat et les effets-spéciaux n'ont pour l'instant rien d'exceptionnel.


A propos d'humour, le second segment titré The Lonesome Death Of Jordy Verrill apparaît comme une bien meilleure alternative. Interprété par l'immense Stephen King (auteur du scénario basé sur son recueil de nouvelles The Crate And Weeds), ce chapitre voit un bouseux être témoin de la chute d'un météore dans son jardin. Le pauvre bougre imagine devenir riche à l'idée de vendre le précieux objet à la science mais en tentant de refroidir le rocher fumant, ce dernier se brise en deux et laisse échapper une curieuse substance bleutée que Jordy Verrill aura la malencontreuse idée de toucher du bout des doigts. S'en suit alors une très étrange modification physique du bonhomme qui se transforme littéralement en plante verte. Stephen King est irrésistible dans ce rôle de doux dingue en salopette. On entre véritablement dans le principe à partir de ce récit court mais efficace. Au dela de l'humour, et ce malgré la durée du chapitre, un certain suspens arrive même à s'imposer. Un très bon épisode que l'on se régale de revoir.



Avec Something To Tide You Over, on change ici littéralement de décor pour aborder une vengeance totalement différente du premier segment. Ici, il est question d'adultère. Richard Vickers (l'excellent Leslie Nielsen) sait pertinemment que sa femme Becky le trompe avec un certain Harry Wentworth (Ted Danson). C'est donc avec un plaisir certain que cet amateur de vidéo imagine une vengeance à la hauteur de l'affront. Piégeant l'amant de sa femme en lui affirmant que si celui-ci ne fait pas exactement ce qu'il lui demande Becky trouvera la mort, Harry accepte de suivre Richard jusqu'à une plage lui appartenant et de se laisser enterrer jusqu'au cou dans le sable. Branchant alors un téléviseur à l'attention de sa victime, Richard propose avec une certaine délectation de faire découvrir à Harry le sort qu'il a décidé de lui faire subir et qui déjà, est en train d'emporter Becky. 
En effet, les images que diffuse en direct le poste de télévision montrent Becky subissant le même sort que son amant. Mais enterrée un peu plus bas sur la plage, elle commence à ressentir les effets de la marée montante... Avec cet épisode, on change radicalement d'univers et surtout, d'ambiance. Un certain malaise s'installe lorsque Richard, de retour chez lui, assiste à la lente agonie de sa femme et de son amant grâce aux caméras qu'il a directement branché devant ses victimes enterrée sur la plage. Lui-même semble se rendre compte de toute l'horreur de son acte durant un instant. Ce qui n'aurait pu être qu'une simple histoire de vengeance se transforme alors en une représaille inattendue de la part des victimes du bourreaux. Un excellent épisode donc, interprété par un Leslie Nielsen étonnant.


The Crate. Lorsqu'une caisse vieille de plus d'un siècle et demi est découverte par Mike, un employé d'une université, c'est l'excitation chez le professeur Dexter Stanley. Sauf qu'au moment d'ouvrir le précieux objet, rien ne se passe comme prévu. Enfermée à l'intérieur depuis de très nombreuses années, une bestiole choisit de se dégourdir la mâchoire en dévorant le pauvre Mike. Faisant par de sa découverte à son ami le professeur Henry Northrup, ce dernier imagine alors un plan pour se débarrasser de son encombrante épouse, la détestable Wilma que tous ses amants surnomment "Billie".
Loin d'être le plus mauvais segment du film, cet épisode demeure néanmoins assez faible en comparaison des deux qui le précèdent. La talentueuse Adrienne Barbeaux (New-York 1997) en fait voir de toutes les couleurs à son dégonflé de mari (Hal Holbrook) qui trouve enfin le moyen de se venger et de trouver le courage de se débarrasser d'une femme pour laquelle il ne ressent plus rien. La créature ressemble à une marionnette du muppet Show qui aurait été atteinte par les radiations de Tchernobyl. Ce n'est qu'une poupée nantie d'une rangée de dents immenses et acérées. Peu effrayante donc mais comme Creepshow est avant tout un recueil de courts-métrages horrifico-humoristiques, on pardonne le peu de crédibilité de la bête.


They're Creeping Up On You diffère des autres épisodes en ce sens où il paraît être situé dans un lieu et dans un temps indéfinis avec pour unique décor un appartement d'une blancheur et d'une propreté maladive. D'ailleurs, Upson Pratt, ce vieil excentrique qui en fait voir de toutes les couleurs à ses employés, il apparaît comme un être détestable qui ne supporte pas la présence de cafards chez lui. Et pourtant, ces derniers vont l'envahir au point que la bombe qu'il utilise habituellement afin de se débarrasser de ses gênants visiteurs n'aura plus la moindre efficacité. Interprété par E.G. Marshall, ce segment joue sur la peur des insectes rampants d'autant plus que le contraste entre l'appartement au teintes monochrome et ces horrible petites bêtes accentue le malaise. Au départ deux ou trois spécimens osent s'approcher de l'ignoble individu qui demeure dans cet appartement aseptisé. Mais lorsque l'invasion est lancée, ce ne sont plus quelques cafards qui le provoquent mais bien des dizaines de milliers de ces créatures. Le court-métrage se termine en apothéose sanguinaire qui voit un être indigne de faire partie des nôtres être digéré par une armée de cafards venus venger leur semblables tombés sur le champ de bataille. Marshall est somptueux dans toute sa méchanceté et l'ambiance cafardeuse et clinique du décor apporte un sentiment curieux qui mêle l'angoisse à une certaine forme de claustrophobie.


Réalisé par l'illustre George A. Romero, Creepshow se révèle donc un excellent film à sketches scénarisé par le non moins célèbre Stephen King, l'un des auteurs fantastiques les plus lus dans le monde. Tentant avec succès de reproduire l'ambiance des comics horrifiques américains, certaines scène sont mises en scène de manière à leur donner l'apparence de planches dessinée mues par une certaine forme de vie propre. Un peu comme ces mangas-live nés des mangas japonais. Les effets-spéciaux signés Tom Savini, s'ils ne font pas partie des meilleurs qu'il ait conçu pour le cinéma d'horreur, conservent tout de même une bonne tenue. A voir, et à revoir donc...

Mais au fait, qu'arrive-t-il donc au jeune Billy? Vous savez, le jeune enfant qui s'est fait rosser par son père au tout début du film. Pour le savoir, il suffit de jeter un œil à ce Creepshow d'anthologie.

jeudi 24 janvier 2013

Bad Lieutenant de Abel Ferrara (1992) - ★★★★★★★★★★





Le "bad lieutenant" d'Abe ferrara est un flic passionné de base-Ball, qui parie l'argent de son bookmaker sans compter, sur des matchs qu'il perd systématiquement et qui font de lui un homme de dettes de jeu qui n'arrive jamais à rembourser. Alors il joue, encore et encore, des sommes toujours plus élevées, le condamnant ainsi à devoir être sur ses gardes lorsqu'il est sommé par celui qui lui avance les fonds de le rembourser au plus vite. Il risque sa vie à chaque coin de rue d'autant qu'il pousse ses collègues policiers, qui n'ont pour lui que peu de respect, à miser sur des matchs perdus d'avance.


Le "bad lieutenant", c'est aussi et surtout ce policier corrompu qui règle les petites affaires de quartier par la voie du fric qu'il récupère dans la poche des petits voyous qui viennent tout juste de braquer un petit épicier et qu'il garde pour lui au lieu de le rendre à son propriétaire. C'est aussi celui qui régulièrement se rends chez une amie toxicomane afin de se donner à sa principale passion: la drogue.Dans de longs plans-séquences on assiste à la déchéance d'un homme qui peu à peu s'enfonce dans l'univers morbide et crapoteux de la toxicomanie et qui s'échappe des réalités de la vie pour ne plus vivre que par et pour lui-même. Les mortelles fumées qu'il inspire à travers un tube d'aluminium le rendent incontrôlable et dangereux non seulement pour ceux qui l'entourent mais aussi et surtout pour lui-même.

Une affaire pourtant va peut-être lui permettre de remettre un peu d'ordre dans sa vie. Une jeune nonne s'est faite violer par deux jeunes voyous qui ont réussi à s'enfuir. Le "bad lieutenant", chargé de l'enquête, va se faire un devoir de résoudre cette affaire. D'un tempérament odieux, il semble être touché par cette mission qui lui est confiée et lors de laquelle, dans la chapelle ou a eu lieu le viol, il rencontrera même le Christ lors d'une scène totalement hallucinatoire. Les événements se précipitent au fur et à mesure que l'intrigue évolue et on finit par se demander si la rédemption liée à l'enquête sur le viol de la jeune nonne et à laquelle il semble être attaché va le sauver ou si ses différentes transgressions dans sa vie de flic corrompu finiront par le mener jusqu'à sa propre mort...


En y repensant rétrospectivement, imaginer un acteur comme Alain Delon interpréter ce flic pourri à l'écran lors des années quatre-vingt aurait été impensable. Celui de Ferrara est corrompu, drogué et violent. Lui qui est censé protéger la société dans laquelle il vit montre ce qu'elle a de plus pernicieux. Dès les premiers instants on se rends compte que ce personnage étoilé n'a rien du quelconque policier habituellement rencontré dans les rues d'une ville de la taille de New-York. On le surprends tout à fait inconscient de ce qui l'entoure, ne jetant qu'un regard distrait, voire totalement désintéressé aux scènes de crimes sur lesquelles il se rend. Il l'a recherche peut-être pourtant cette vie idéale, et qui peut-être est celle qui la poussé un jour à entrer dans la police. La seule qui finalement l'ai accueillie à bras ouverts, c'est celle, artificielle, des drogues dures. Abel Ferrara ne se moque de personne et rend son flic dépendant à la pire de toutes : le crack.
Sous l'emprise des cristaux, le "Bad Lieutenant" ressemble au personnage en couleurs se promenant au fil d'un décor en noir et blanc qui le restera jusqu'au moment ou il devra rendre des comptes à ses futurs bourreaux ainsi qu'à dieu lui-même. La drogue va de paire avec le sexe et alors que l'extase se fait attendre, on assiste à la descente aux enfers d'un homme qui finalement ne cherche ni le plaisir charnel ni le plaisir psychique mais plutôt un moyen radical d'échapper au monde qui l'entoure. Un univers qui finalement finira par l'absorber faisant de lui l'un des pions d'un monde qu'il renie.


Abel Ferrara n'avait jamais été auparavant aussi loin dans la description d'une Amérique malade et corrompue. Alors que son "Ange De La Vengeance" se permettait de faire justice elle-même en tuant à tours de bras le sexe fort après avoir subit deux viols consécutifs et que son "King of New-York" ambitionnait de devenir simplement le maître incontesté et redouté de la ville de New-York et de son trafic de drogue, son "Bad Lieutenant" n'a lui d'autre ambition que de survivre dans un monde qu'il rêvait autrement. Harvey Keitel est incroyable de réalisme et on le sent souffrir dans son interprétation d'autant plus qu'il semble réellement habiter son personnage. La visions de Zoe Lund en toxicomane est un choc pour tout ceux qui l'ont connue à travers "L'Ange De La Vengeance". Elle qui était si belle avec son visage angélique n'est dans "Bad Lieutenant" que l'ombre d'elle-même. Car si Harvey Keitel ne se drogue que de façon fictive dans le film, Zoe elle, s'est perdue dans les affres de la drogue et à même finit par en mourir en 1997 d'un arrêt cardiaque.

Un film coup de poing qui sonne presque le glas d'une carrière exceptionnelle puisque Ferrara ne parviendra plus a réaliser de film de cette trempe.

lundi 21 janvier 2013

Ni A Vendre, Ni A louer de Pascal Rabaté (2011)



"Ce film est vraiment une merde, 28 minutes j'en peux plus, je zappe !!!"
"Nul de chez nul ça m'a fait pensé à un certains film sur un pneu."


Voici le genre de commentaires que certains spectateurs laissent sur le célèbre site Allocine. Des avis négatifs sans arguments, proférés par des personnes qui ne connaissent sans doute du septième art que son aspect le plus attractif, formaté pour attirer des millions de spectateurs en mal d'effets visuels extraordinaire qui en fichent plein la vue et de dialogues familiers et insipides qui parsèment nombre de productions américaines. Ici, nous sommes bien en France, ce pays conspué par une partie de ses habitants, peu reconnaissants envers ce cinéma qui dans la langue de Molière nous a donné tant de chefs-d’œuvre.
Ni A Vendre, Ni A louer peut se voir comme un authentique bijou du septième art comme il peut être considéré comme un ratage complet. Toujours est-il qu'il vaut mieux argumenter de manière objective que d'écrire d'aussi ridicules commentaires, qui n'apportent en plus aucune élément permettant de se faire une idée précise sur l'objet en question.


Pour ma part, j'ai trouvé cette œuvre assez intéressante. Lorgnant du côté du cinéma de Roy Andersson (Chansons Du Deuxième Étage), et même si Ni A Louer, Ni A Vendre ne possède pas l'aspect visuellement magnifique du cinéma du danois, il dégage une vraie poésie à travers des portraits divers. Des personnages qui n'ont rien de véritablement en commun si ce n'est de se retrouver tous dans cette même région de la Bretagne où vont se jouer des tranches de vie courtes et souvent burlesques.


Jacques Gamblin, Maria de Medeiros, François Damiens, François Morel, Dominique Pinon et une foultitudes d'autres acteurs sont conviés à ce fol week-end où tout est permis. De la séance sadomasochiste qui se termine par le vol d'une voiture et l'abandon de "l'esclave" entravé par des menottes aux montants d'un lit, aux deux couples possédant une voiture de marque, de modèle et de couleur identique et qui s'échangent dans le secret épouses et maris, Ni A Louer, Ni A Vendre est absurde. Il n'arrive pas très souvent que l'on se torde de rire devant les abracadabrantes situations créées par le cinéaste-dessinateur Pascal Rabaté mais on sourit en revanche beaucoup. De cette poésie, d'ailleurs, le réalisateur n'en n'est pas avare. Comment par exemple passer à côté de cette partie de Scrabble durant laquelle, l'air de rien, ce couple se remémore en silence mais à travers les mots formés par les pièces du jeu, cet amour qui les a uni et la lassitude qui peut-être est entrée dans leur existence. Beaucoup de finesse et de tendresse se dégagent de cette scène. 
 

Ce qui étonne le plus dans cette comédie exempte de tout dialogues (ceux-ci étant systématiquement remplacés par des onomatopées), c'est la précision avec laquelle chaque scène est tournée. Entre l'interprétation. La mise en place des personnages. Les situations plus incongrues les unes que les autres, filmées dans des lieux aussi grotesques qu'une résidence secondaire de la taille d'une baraque à frites ou dans une supérette dont les rayons sont pratiquement vidés de leurs marchandises par un propriétaire se méfiant des voleurs. Ni A Louer, Ni A Vendre est un émerveillement sans cesse renouvelé. Jusque dans le nom des personnages qui malheureusement, et à cause de l'absence de dialogues, ne nous sont dévoilés que durant le générique de fin. 
 
A part, le film de Pascal Rabaté n'en n'est pas moins un bol d'air frais qu'il fait bon voir surtout en cette période hivernale. A voir et à revoir pour en saisir toutes les subtilités.

vendredi 18 janvier 2013

DVDthèque: She Demons de Richard E. Cunha (1958)



Alors qu'une tempête fait rage, Jerrie Turner et Fred Maklin se retrouvent naufragés sur une île apparemment déserte. Mais alors qu'il s'apprêtent à visiter cette dernière, ils entendent résonner des tambours. Accompagnés par Sammy Ching, ils tournent en rond dans l’île et se retrouvent au point de départ. Ils tombent sur le cadavre de l'un des survivants du naufrage, mort, deux lances plantées dans le cœur, puis sur le corps d'une femme au visage horriblement mutilé.

Jerrie, Fred et Sammy reprennent la route, suivant au son du tambour un sentier végétal au bout duquel ils vont assister à une danse de sabbat orchestré par une dizaine de femmes vêtues comme des sauvages. Alors que la cérémonie semble prendre fin, des soldats nazis investissent le camp et font de ces dernières leurs prisonnières. Témoins de la scène qui vient de se dérouler, Jerrie, Fred et Sammy décident de suivre le groupe jusqu'au repaire, une grotte, à l'intérieur de laquelle ils viennent de disparaître.

Là, un médecin fou pratique d'étranges expériences sur les prisonnières. En effet, la femme du colonel Karl Osler a le visage horriblement défiguré et celui-ci tente de fabriquer un remède qui lui permettra d'en retrouver un, plus humain...


She Demons de Richard E. Cunha est... comment dire... surréaliste !!! Réalisé un an avant le classique de Georges Franju Les Yeux Sans Visage, il nous conte les dérives d'un savant nazi voulant guérir sa femme au pris de la vie des habitantes de sexe féminins vivant sur l’île. Le sujet, ou plutôt l'accumulation de situations incongrues (une île investie par des femmes d'une autre époque et par une bande de nazis) font de cette œuvre un quasi nanar, drôle, parfois ennuyeux, mais en tout les cas, jamais effrayant. Et surtout pas ces fameuses femmes-démons du titre. Affublées d'une dentition grotesque plus amusante qu'inquiétante, elles plombent tout effet horrifique.

L'édition dvd proposée par les éditions BACH FILMS aurait pourtant dû nous mettre la puce à l'oreille. L'atroce montage-photos de la couverture est digne des plus underground et fauchées productions cinématographiques. Ce qui n'est rien en comparaison du doublage français qui frise l'indigent. Si ce n'étaient les nombreux gags qui parsèment She Demons, les acteurs qui doublent les personnages s'investissent à peine. Il suffit d'écouter ceux de Jerrie et Fred pour constater à quel point ils sont à mille lieues de toute implication. Le film devient alors relativement drôle, ponctué de scènes burlesques (celle durant laquelle Fred fait comprendre à Sammy qu'ils tournent en rond) ou ratées (la danse de sabbat, foirée à cause de l'une des figurantes et que le réalisateur ne s'est même pas donné la peine de retourner). 
 
Pour une fois, le film est proposé en français et en anglais. Pour la première, c'est presque une souffrance que d'assister à l'insignifiant débit de phrases lancées sans véritable motivation par des doubleurs non impliqués dans le projet. Pour la seconde, il devient difficile de suivre le récit, surtout lorsque l'on est anglophobe. En effet, on a beau activer les sous-titres français, ceux-ci ne s'affichent jamais. Un comble !

Le film se regarde heureusement avec suffisamment d'intérêt pour que l'on ne regrette pas d'avoir déboursé ce toujours symbolique euro pour se le procurer.

lundi 14 janvier 2013

DVDthèque: The Indestructible man de Jack Pollexfen (1956)



Le criminel Charles "Butcher" Benton vient d'être exécuté à la chaise électrique. Auteur d'un casse qui lui a rapporté plus de six-cent mille dollars, il a été trahi par ses deux complices ainsi que par son avocat qui n'est autre que le commanditaire du hold-up d'un fourgon blindé. Benton a planqué l'argent du butin dans les égouts de la ville et maintenant, ses complices cherchent à mettre la main dessus. Mais celui que l'on surnomme le boucher a envoyé avant son exécution une lettre à son amie Eva, la seule en qui il avait confiance. Et dans cette lettre, il a glissé un plan expliquant comment mettre la main sur l'argent. Mais le lieutenant Richard "Dick" Chasen continue officieusement à travailler sur l'affaire du boucher malgré la mort de ce dernier afin de retrouver le magot avant les complices du condamné.

Alors que le corps de Benton est censé être emporté jusqu'à la morgue, l'agent employé à cet effet accepte de confier le corps à un homme contre une forte somme d'argent. Le corps est ensuite amené jusqu'au laboratoire d'un certain professeur Bradshaw qui travaille actuellement sur la régénération cellulaire. Après avoir placé le corps de Benton sous une machine générant une forte charge d’électricité, Bradshaw et son assistant constatent que Benton revient peu à peu à la vie. nanti d'une force et d'une résistance à toutes épreuves, l'homme se relève, tue les deux hommes et prend la fuite en direction de Los Angeles. Devenu muet, le boucher a conservé malgré tout toute sa raison. Obnubilé par l'idée de se venger de ceux qui l'on trahi, l'homme se met en route vers Los Angeles dans l'unique but de tuer son avocat ainsi que ses deux complices. Mais la route du tueur va être semée d’embûches et va le forcer à semer la mort sur sa route...

Dans une même veine que L'Incroyable Homme Invisible, Cet Indestructible officie dans le domaine du policier, l'élément fantastique étant relégué au second plan. Les effets-spéciaux se font relativement rares puisqu'à part la séance louvoyant du côté du classique de Mary Shelley Frankenstein, rien de véritablement flagrant ne vient visuellement émerveiller nos rétines. On abdiquera par contre devant le jeu d'acteur convainquant de l'excellent acteur fantastique Lon Chaney Jr qui ne livre ici, certes, pas son plus grand rôle mais s'en sort avec les honneurs. Car il faut bien l'avouer, L'Indestructible n'atteint pas des sommets même s'il reste agréable à suivre.

Raconté sous la forme d'un flash-back par le héros policier du film, l’œuvre se veut avant tout un polar assez sombre dont le méchant le plus notable est relégué ici au rang de monstre dont le mutisme forcé le rend encore plus menaçant.

Concernant l'édition dvd éditée par BACH FILMS, elle se révèle légèrement moins médiocre que celle de L'Incroyable Homme Invisible. Cependant, vu le prix auquel il est proposé sur quelques-uns des sites de ventes les plus célèbres, il serait dommage de s'en priver d'autant plus qu'en dépit d'un sujet mêlant un sujet mainte fois rabattu, voir Lon Chaney Jr. se débattre avec ses pulsions de meurtres est un véritable bonheur. On boudera par contre l'absence de bonus véritables (ceux-ci n'étant constitués que d'une série d'affiches faisant état des différentes collections proposées par l'éditeur). Les sous-titres sont toujours à la ramasse et quant à l'image, elle est d'un flou gaussien peu agréable. Mais ne boudons pas notre plaisir...

vendredi 11 janvier 2013

DVDthèque: The Amazing Transparent Man de Edgar G. Ulmer (1960)

 
L'incroyable Homme Invisible ( The Amazing Transparent Man) de Edgar G. Ulmer est édité chez BACH FILMS dans la collection "Les Inédits Du Fantastique". Ce n'est qu'après avoir subit les cinquante-sept minutes que dure le métrage que l'on se dit qu'il aurait été préférable qu'il tombe carrément dans l'oubli le plus total. Vendu sur le site de l'éditeur au doux (et apparemment satisfaisant) prix de sept euros, le peu d'intérêt qu'il suggère fait regretter jusqu'àu centime symbolique auquel il est proposé par l'un des vendeurs de l'un des sites internet les plus célèbres.

Datant de 1960, on ne lui reprochera évidemment pas ses piètres effets-spéciaux. Et qui donc s'attendrait d'ailleurs à retrouver ceux du splendide Hollow Man de Paul Verhoeven se verrait littéralement épouvanté devant un tel enchevêtrement de lieux communs. Mêlant avec maladresse (et peu de moyens) le polar et le fantastique, les cinquante-sept minutes du film ne suffisent pas à exploiter le potentiel évident d'un tel mélange.

Un homme nommé Joey Faust (Douglas Kennedy) spécialisé dans les hold-up est libéré de prison par un certain Major Paul Krenner (James Griffith). Épaulé par le Docteur Peter Ulof (Ivan Triesault), le major compte sur ce dernier afin de créer une race de soldats invisibles. Ayant déjà effectué des tests sur de petits animaux, il reste aux deux hommes à se procurer du radium, un matériau radioactif particulièrement rare et conservé dans un coffre-fort très bien gardé. D'où la présence de Faust que le major va s'empresser de faire chanter afin de le convaincre d'accepter de servir de cobaye pour ses expériences et ainsi se rendre invisible pour mieux dérober le précieux métal...

Avec une économie de moyens évidente, l'intrigue se déroule principalement dans une demeure isolée où est retenue en otage la fille du Docteur Ulof, gardée prisonnière derrière une porte fermée à clé. Ce qui est bien dommage puisque son joli minois, nous ne le découvrirons pas avant les dernières minutes du film. Avant cela, quelques dizaines de scènes statiques, mollassonnes, qui n'ont semble-t-il pas d'autre raison d'être que celle de remplir le cahier des charges.


L'édition dvd du film rend "hommage" au contenu puisque le travail "accompli" est une véritable boucherie. La qualité du disque est telle que l'on croirait se trouver face à un vulgaire dvdrip sous-titré par des fans purs et durs de bobines insalubres. Il manque quelques traductions, quelques fautes apparaissent, et l'une des phrases se trouve atteinte de dyslexie. L'image est vraiment mauvaise, floue, laiteuse, si bien que lire les sous-titres (pas de version doublée, juste une version originale sous-titrée en français) est parfois une épreuve. La police de caractère employée est plus que douteuse et l'on passe le plus clair de son temps à plisser les yeux. Et cela, lorsque l'on n'a pas la malchance de passer à côté de certaines fin de phrases qui disparaissent trop vite.

Bref, L'incroyable Homme Invisible est une œuvre dispensable, ruinée de surcroît par un traitement déplorable, et sur laquelle on peut très facilement faire l'impasse. Et puis, il suffit de consulter la dvdthèque du site consacré à l'éditeur BACH FILMS pour se rendre compte que d'autres bobines méritent elles, toute notre attention.

mardi 8 janvier 2013

Welcome To The Dollhouse de Todd Solondz (1996)


Premier d'une série de films s'attaquant de manière féroce à l'Amérique puritaine et conservatrice, " Bienvenue dans l'âge ingrat" débute sur un sublime air de Frédéric Chopin avant d'interrompre sa mélodie et de nous plonger ou plutôt Replonger dans le monde implacable et brutal de l'adolescence. Celle de ceux qui ont vécu cette inévitable période de la vie comme un véritable calvaire.

La toute jeune Dawn alors âgée de onze ans, au physique ingrat et aux robes d'un goût douteux nous est présentée en toute simplicité lors de la sempiternelle heure du repas du midi dans la cantine de son collège. Une certaine vision de l'idéal vestimentaire et du bon goût instauré très certainement dans toutes "bonnes" familles américaines semblent avoir une place prépondérante. On constate assez vite que cette jeune fille est là pour en baver puisqu'elle se fait malmener par ses camarades qui chantent à tue-tête "gouine, gouine, gouine" dans sa direction ou lorsqu'au dessus de son casier se rejoignent d'immenses flèches dessinées à coup de bombes au dessus desquelles sont écrits les mots "gouine" ou encore "saucisse sèche" qu'elle ne peut véritablement pas ignorer. Et même lorsqu'elle tente vainement de venir en aide à un jeune garçon malmené par trois autres, celui-ci ne trouve d'autre manière de la remercier que de l'insulter. 

 
Sa jeune sœur Missy, qui n'a aucune ressemblance physique avec Dawn, est la petite princesse de la famille et joue de son jeune âge et de sa beauté pour obtenir grâce aux yeux de ses parents. Ce qui a tendance à exaspérer Dawn. On sent poindre chez cette jeune fille désœuvrée un désir profond de révolte. Lorsqu'elle demande à une jeune fille de son âge les raisons pour lesquelles elle la déteste, cette dernière lui réponds que c'est parce qu'elle est laide. Alors, pour se consoler, elle retrouve son unique ami dans une petite cabane installée dans le jardin du pavillon familial et avec lequel elle a créé le "club des gens spéciaux".Elle y raconte ses rêves de popularité. Mais au collège ce sont toujours les mêmes humiliations, les mêmes brimades auxquelles Dawn doit faire face dignement et courageusement. Même lorsqu'elle trouve le courage de se révolter contre trois jeune garçons écervelés, le sort s'acharne à être contre elle. 
 
Plus tard la jeune fille tombe amoureuse de l'un des musiciens du groupe dont fait partie son frère. Un homme bien plus âgé qu'elle et à la réputation sulfureuse. Un homme qui ne pense qu'aux filles et aux éventuelles relations sexuelles qu'il pourrait entretenir avec elles. La nuit, Dawn répète des incantations amoureuses, persuadée que son jeune et beau prince charmant tombera amoureux d'elle. Malheureusement pour Dawn, une dispute entre son frère et son "amoureux" lors d'une répétition musicale voit ce dernier quitter le groupe et semble ruiner ainsi tous les espoirs de la jeune fille. 

 
Un jour, alors qu'un jeune voyou prénommé Brandon se joue de la naïveté de Dawn en lui promettant de la violer à 15h l'après-midi (sic!), une étrange relation débute entre les deux adolescents. Ils commencent à se fréquenter, puis s'aimer. jusqu'à ce que Dawn et Brandon se retrouvent séparés. A bout, la jeune fille sera malgré elle responsable de la disparition de sa jeune sœur Missy...


Le film de Todd Solondz est un pur régal à voir même s'il aborde un sujet qui chez certains réveillera de douloureux souvenirs liés à une époque difficile de leur existence. Le film a le charme des réalisations indépendantes dont il fait partie d'ailleurs puisqu'il fut présenté à Sundance lors de son célèbre festival consacré à ce cinéma un peu en marge des grosses productions américaines. Les jeunes acteurs sont brillants et touchants à la fois. La jeune fille qui interprète le rôle principal a dans le visage un brin de ressemblance avec le réalisateur et ce choix n'est sans doute pas une coïncidence. Comme si Todd Solondz avait à travers ce film tenté d'exorciser une partie de sa vie.
 
Le film n'est pas exempt d'un certain humour, mais acide, ce qui le rapproche de certaines productions du grand John Waters. On notera toutefois l'absence totale de compassion du cinéaste pour son personnage principal et auquel il n'offre même pas l'espoir d'une fin heureuse...




"Bienvenue Dans L'âge Ingrat" a reçu divers prix, confirmant et récompensant ainsi ses merveilleuses qualités.
Un vrai bijou, une perle rare...

vendredi 4 janvier 2013

Сталкер - Stalker de Andreï Tarkovski (1979) - ★★★★★★★★★★



Suivre les péripéties de personnages façonnés par Andreï Tarkovski pourra sans doute paraître futile aux yeux d'un certain nombre d'entre nous car il faut bien l'admettre, son cinéma est amorphe, somnambule, presque épuisant dans son traitement. Tarkovski prends son temps lorsqu'il s'agit de raconter des histoires comme celle de cette zone, au cœur de la Russie et dont la légende raconte qu'elle possède un lieu, la chambre, où les souhaits et les désirs peuvent être exaucés à ceux qui y mettent les pieds. Un lieu dangereux formellement interdit et protégé par la police que personne ne connaît vraiment et dont les origines restent assez floues. On croit savoir qu'une météorite s'est écrasée ou que son existence est liée à la venue d'extra-terrestres mais qu'en est-il réellement? Pour le découvrir, un écrivain, accompagné d'un physicien, va faire appel à un Stalker, l'un de ces seuls hommes capable de les accompagner sur le chemin qui mène à la zone.


Alors que les trois hommes pénètrent la zone proche de "la chambre" et que le stalker semble s'inquiéter du comportement trop empressé du physicien et de l'écrivain, il leur révèle que l'endroit est truffé de pièges. Que ceux-ci peuvent prendre d'innombrables formes et qu'il sont tous mortels. Il leur explique qu'un passage auparavant aisé peut devenir un chemin impraticable. Il donne à ses compagnons l'impression que la zone vit. Qu'elle a ses caprices. D'autres avant eux s'y sont essayés et certains ont périt au seuil même de la chambre. Le pire est que la morphologie des lieux et des pièges qu'ils recèlent semble être régie en fonction de l'état psychologique de ceux qui pénètrent la zone. Le stalker éprouve de plus en plus de difficultés à gérer la situation alors que l'écrivain, lui, se pose des questions sur la réelle utilité d'écrire pendant que le physicien revient sur les raisons qui poussent le stalker à mener des étrangers sur le chemin de la zone. Alors que les trois hommes se trouvent enfin au seuil de la chambre, chacun vocifère à sa façon le mal-être qui semble l'étreindre. Le physicien révèle son vrai visage, armé d'une bombe, il affirme vouloir faire disparaître la chambre avant qu'elle ne tombe entre les mains de personnes mal intentionnées. En réalité celui-ci n'a comme désir que celui d'une vengeance visant l'homme, un ami, avec lequel sa femme l'a trompé et qu'il menace de révéler à la population l'emplacement de la chambre resté jusqu'ici secret. Le stalker quand à lui tente coûte que coûte de prouver sa bonne fois en affirmant que son but n'est pas mercantile mais que s'il propose à ceux qui le désirent de traverser la zone, c'est dans leur unique intérêt ainsi que celui de la population.


"Stalker" de AndreÎ Tarkovski est un film à part. Poème crépusculaire se déroulant dans un univers apocalyptique, il traîne ses personnages le long d'une voie parsemée de pièges construits autour de leur personnalité. La fulgurante beauté des images rappelle parfois les œuvres expressionnistes les plus majestueuses du début du vingtième siècle. Tarkovski semble avoir digéré le cinéma de ses pairs afin de le sublimer à travers un visuel en tout point bluffant. On n'imagine pas des cinéaste tels que Lars Von Trier avoir bâtit leurs premières œuvres sans avoir été inspirés par "Stalker". Trier avec sa trilogie du E ( "Element of crime", "Epidemic", "Europa") semble avoir créé le prolongement visuel du film de Tarkovski. Ce dernier dépeint une société désagrégée par le nucléaire dans une cité où la vie autre que le végétal semble avoir plié bagages. Il prends son temps lorsqu'à travers ses longs travelling il nous offre la vision de peintures superbe, chaque plan semblant provenir d'un tableau vivant dans lequel nos trois personnages se perdent. Du réalisme des décors du début du film l'on plonge peu à peu dans un univers toujours plus sordide mais revêtant une aura fantastique. Au point même de rappeler vers la fin les univers de certains peintres surréalistes tels que Salvatore Dali. ou encore Urs Amman. 


Les acteurs personnifient des hommes curieux de tout mais très vite dépassés par les événements étranges auxquels ils vont devoir très vite faire face. Alexandr Kajdanovsky est impressionnant dans le rôle du stalker. Désemparé par cette situation qui lui échappe, il exprime à travers son visage la peur profonde liée à l'éventuelle perte d'un gagne pain qu'il affirme concevoir comme une manière d'aider son prochain plus qu'une façon de se remplir les poches. Anatoli Solonitsyn campe lui le rôle d'un écrivain en quête d'identité. C'est sans doute le personnage le plus énigmatique de cette passionnante aventure. Ce mystère fait de lui le personnage le plus insaisissable et donc le plus dangereux. Quand à Nikolaï Grinko, derrière un faciès commun et passe-partout se cache un homme dont les peu louables intentions font de lui un être fourbe et revanchard, tellement épris de vengeance qu'il n'imagine même pas les conséquences que pourraient avoir ses intentions de destruction. La musique d'Eduard Artemyev se mêle à des dialogues d'une richesse rare et envoûte celui qui choisit d'accompagner le trio d'acteurs. Une musique superbe et hypnotique dont la discrétion se fond dans des décors d'une beauté à couper le souffle. Car même dans la décrépitude, dans l'accumulation de visuels cauchemardesques, les décors de Aleksandr Bojm et Andreï Tarkovski lui-même sont un bonheur pour les yeux et participent vivement à l'élaboration d'un récit qui autrement aurait sans doute paru en demi-teinte. Tarkovski semble l'avoir compris, les images elles-mêmes sont un personnage à part entière et ce que l'on aurait pu prendre pour une mise en scène fatiguée n'est en réalisé que l'offrande d'un cinéaste qui se repose sur un visuel fantastique offert aux spectateur déjà acquis à sa cause. Le septième art ne devrait compter que des films de cet acabit. Souhaitons que le cinéma américain n'ai pas la mauvaise idée d'en réaliser un remake comme ce fut le cas pour "Solaris" du même Andreï Tarkovski.
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