Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 28 octobre 2012

Le Prénom de Alexandre de La Patellière (2012)

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Vincent et son épouse Anna sont invités chez sa soeur Élisabeth, mariée à Pierre, professeur spécialiste de la Renaissance à la Sorbonne. Un vieil ami d'enfance, Claude, est lui aussi convié à cette soirée durant laquelle Vincent va donner le prénom qu'Anna et lui ont choisi de donner à leur futur enfant. Alors qu'Élisabeth passe le plus clair de son temps aux fourneaux, Pierre et Claude tente de deviner le prénom qu'ont choisi les futurs parents. Les deux hommes dressent une liste mais ne parviennent pas à le deviner. Vincent les aide alors en leur précisant que le prénom commence par la lettre A. Affairée, Élisabeth est outrée de constater que les hommes ne l'ont pas attendue pour essayer de de trouver la bonne réponse.
Devant l'échec du trio, Vincent annonce finalement à Élisabeth, Pierre et Claude le prénom du futur enfant. Et là, c'est le choc. La sœur, le beau-frère et l'ami d'enfance de Vincent ne comprennent pas le choix d'Anna et Vincent. Durant un moment, même, Pierre et Claude sont persuadés qu'il s'agit d'une plaisanterie. Pourtant Vincent semble n'avoir jamais été si sérieux. Cette annonce sera le départ d'une soirée mouvementée au cœur de laquelle les esprits vont s'échauffer au point de faire resurgir de vieilles et tenaces rancœurs...


L'ouverture du film se fait sur les chapeaux de roues d'un scooter parcourant une capitale française, berceau d'une histoire pleine de tragédies. Un peu à la manière du Fabuleux Destin D'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, le film débute sur la présentation des personnages au travers d'une voix-off interprétée par Patrick Bruel. Le choix du prénom, après avoir été durant la première partie le centre de toutes les discussions, ne devient plus qu'un lointain prétexte pour développer ce qui fait la trame principale du récit. Comme une boule immense gardée durant de nombreuses années en travers de la gorge, chacun va en profiter pour dire ce qu'il a sur le cœur. Et le spectacle devient alors grandiose, même s'il se concentre majoritairement sur une seule pièce, le salon, véritable champ de bataille verbal. On ressent les origines du film qui s'inspire de la pièce éponyme mise en scène par les mêmes auteurs Alexandre de La Patellière (dont c'est ici la première œuvre cinématographique) et Matthieu Delaporte (réalisateur d'un premier film, La Jungle).

Patrick Bruel, Valérie Benguigui, Guillaume de Tonquelec et Judith El Zein reprennent le rôle qu'ils interprétaient sur scène. Quand à Charles Berling, il remplace Jean-Michel Dupuis dans celui de Pierre. Son personnage, vanté comme un homme pourvu d'un humour dévastateur ne fait plus le poids devant son ami Vincent qui ne loupe jamais une occasion de se montrer cynique. Claude (Guillaume de Tonquelec) est tromboniste dans un grand orchestre symphonique. Tendre et élégant, il est le pont entre Pierre et Vincent. Celui qui temporise, dans la mesure du possible les joutes verbales de ses deux amis. Valérie Benguigui, qui dans une grande partie du film reste relativement sobre se lâche littéralement vers la fin et démontre son éblouissant talent d'actrice.

On notera également la courte présence de Françoise Fabian qui illumina de sa présence de nombreux films ( Au Rendez-Vous De La Mort Joyeuse de Luis Bunuel, Salut L'Artiste de Yves Robert) dans le rôle de la mère d'Élisabeth et Vincent. Un Vincent interprété par le chanteur-acteur Patrick Bruel, comédien de talent découvert au cinéma en 1979 grâce au film d'Alexandre Arcady, Le Coup De Sirocco.

Le Prénom est une œuvre de qualité, aux dialogues et situations savoureux. On passe outre l'étroitesse du décor et l'on s'invite à ce diner qui n'a rien de con, qui provoque de grandes vagues d'hilarité et de petites touches d'émotion. A ranger aux côtés de Cuisine Et Dépendances, Un Air De Famille, ou bien encore Carnage.

jeudi 25 octobre 2012

Hitcher de Robert Harmon (1986)

Jim Halsey parcourt les États-Unis afin de convoyer une voiture jusqu'à San Diego en Californie. En pleine nuit, alors qu'une tempête fait rage, il s'arrête au bort de la route et accepte de prendre en stop John Ryder. Lorsque Jim lui demande où il veut se rendre, celui-reste silencieux. Alors que la voiture dépasse un véhicule garé au bord de l'autoroute, Jim tente de ralentir mais John l'en empêche. Lorsque le jeune homme demande à l'auto-stoppeur les raisons de son comportement, ce dernier affirme avoir tué le propriétaire de la voiture. John joue avec son hôte un jeu pervers, mais Jim parvient à se débarrasser de son encombrant invité.

Le lendemain matin, et alors qu'il roule tranquillement, Jim laisse passer une voiture familiale avec à son bord un couple, leurs enfants et... John. Tentant d'avertir les propriétaire du véhicule qu'ils ont embarqué un dingue, Jim est victime d'un accident. Lorsqu'il retrouve tous ses sens, il reprend la route et tombe nez à nez avec la voiture familiale, stoppée sur le bas côté de la route, avec à l'intérieur, les cadavres des propriétaires. Jim fuit la scène de crime et roule à vive allure jusqu'à un restaurant situé au milieu de nulle part et tenu par la jeune Nash. L'enseigne n'est pas encore ouverte mais il supplie la jeune femme, qui accepte de le laisser utiliser le téléphone. Une fois la police avertie, Nash offre à Jim un repas à l'intérieur duquel il trouve un doigt humain. Prenant la fuite, il sort du restaurant au moment même où la police débarque. Mis à terre et fouillé, le couteau dont s'est servi John pour commettre ses méfaits est découvert sur lui.
Jim est alors, menotté, arrêté, puis emmené au poste de police. Une fois là-bas, il est interrogé par le sergent Starr. Devant le refus de Jim d'avouer être le responsable des meurtres, Jim est enfermé dans une cellule. Le jeune homme s'endort mais, lorsqu'il se réveille plus tard, il constate que la porte de sa cellule est ouverte et que les agents de police présents au poste ont tous été tués...

Hitcher est la première œuvre de Robert Harmon en tant que réalisateur. Après avoir tourné une dizaine de films entre 1986 et 2004, Harmon semble s'être cantonné depuis dans la réalisation de téléfilms pour la télévision. C. Thomas Howell, avant de jouer le rôle de Jim Halsey, interpréta celui de Tyler dans E.T. L'Extra-Terrestre de Steven Spielberg et de Ponyboy Curtis dans Outsiders de Francis Ford Coppola. Quand à Rutger Hauer et Jennifer Jason Leigh, ce n'est pas la première fois qu'ils jouent ensemble puisqu'ils se sont déjà croisés sur le tournage de La Chair Et Le Sang de Paul Verhoeven.

Le film propose un ingénieux mélange de thriller, de suspens et d'épouvante. Concernant cette dernière, elle se situe surtout dans la première partie avec une ambiance particulièrement lugubre. Le rythme imposé par Robert Harmon empêche toute lassitude et malgré la répétitivité liée à la quasi-absence de scénario (la banale et infernale course-poursuite entre un bourreau et sa proie), les scènes s'enchainent sur un tempo effréné, parcourues d'instants de violence particulièrement graphiques. Hitcher ne lésine jamais sur les explosions et le sang. Les cadavres s'accumulent autour de Jim, qui passe de victime à suspect sans jamais parvenir à convaincre l'autorité, le spectateur étant seul témoin de son innocence. Le film rappelle étonnamment deux œuvres marquantes des années 70-80. Tout d'abord le Duel de Steven Spielberg et sa course-poursuite située sur une route désespérément abandonnée. Ensuite, le Terminator de James Cameron. En effet, le tueur de Hitcher, à sa manière de revenir sans cesse à la charge sans que rien ne semble pouvoir l'arrêter rappelle l'implacable machine venue du futur pour tuer Sarah Connors. Si le rôle tenu par Rutger Hauer ne dévie pas d'un iota, celui interprété par C. Thomas Howell gagne en assurance. On passera outre certaines invraisemblances comme celle qui voit le tueur parvenir à toujours mettre le grappin sur sa victime et sur cette dernière à vouloir sauver la vie de son prochain au risque de perdre la sienne.

lundi 22 octobre 2012

38 témoins de Lucas Belvaux (2012)




Le Havre. Une nuit, un cri retentit dans une rue de la ville. Le corps d'une jeune femme poignardée est retrouvé dans le hall d'un immeuble. Elle est morte, mais personne ne l'a entendue hurler la nuit dernière. Sur le mur et le trottoir, les traces du drame reflètent la violence du meurtre dont la jeune femme a été victime. La police s'active autour des habitants du quartiers, interrogeant chacun d'entre eux. Aucun pourtant n'est en mesure de l'aider. Tous dormaient ou étaient absents. Comme Louise qui n'est rentrée de Chine que le lendemain du drame. Ou comme Pierre, qui affirme tout d'abord avoir travaillé cette nuit-là avant de se rétracter et d'avouer à Louise dans son sommeil, qu'il était bien chez eux au moment du drame. Pire! Les hurlements de la victime l'ont réveillé. Il s'est levé, puis s'est approché de la fenêtre. Il a vu la jeune femme se traîner avant de disparaître derrière la porte de son immeuble. Pierre est ensuite allé se recoucher. 

Pierre vit désormais avec ces cris terribles qui l'ont traversé jusqu'à venir s'insinuer dans son esprit. Il sait que sa vie ne sera plus celle d'avant. Avouant avoir eut la lâcheté de ne rien faire la nuit du drame, il met en péril le couple qu'il forme avec Louise. Cette dernière en effet n'accepte pas l'idée que Pierre ait pu être aussi lâche. En parallèle aux policiers qui mènent leur enquête, la journaliste Sylvie Loriot se mêle aux témoins dans l'espoir de récolter les informations qui lui permettront d'écrire son article sur le meurtre de la jeune femme. C'est alors qu'elle fait la connaissance de Louise... 


 Le film du belge Lucas Belvaux s'éloigne sensiblement de ces films qui préfèrent se concentrer sur l'enquête policière pour s'attacher à des personnages qui nous apparaissent biens sous tout rapport. Dans une ville du Havre sublimée par la somptueuse photographie de Pierric Gantelmi D'Ille et la musique concrète de Arne Van Dongen, se jouent des drames mettant au second plan ce qui nous paraît tout d'abord comme le point essentiel de cette histoire: la découverte de l'assassin. Le film de Lucas Belvaux se concentre sur ces défauts qui unissent beaucoup d'entre nous, la lâcheté et l'indifférence. 

 Le film se veut froid non seulement dans sa bande-son mais aussi dans l'esthétisme général de l’œuvre qui ne propose qu'une architecture rigoureusement perpendiculaire. Des lignes froides que l'on retrouve du port près duquel travaille Pierre (le talentueux Yvan Attal), jusqu'à l'appartement qu'il partage avec sa compagne louise (l'impersonnelle Sophie Quinton) et dont l'environnement manque cruellement de chaleur. Même l'église qui sert de décor aux obsèques de la victime est d'une construction étrange. 


 La toujours excellente Nicole Garçia ("L'Adversaire") campe une journaliste que l'on croit tout d'abord dans la tradition. Elle colle à la peau de ses proies (les témoins) jusqu'à parvenir à en obtenir des informations. Très vite pourtant, elle révèle un personnage tout à fait différents des clichés. Sensible à ce qui l'entoure, elle est capable d'analyser de manière sensible les bouleversements que peut engendrer la mort d'une jeune femme sur sa famille, et pas seulement... 

 Le personnage de Pierre, sans doute épris de pardon mais davantage pétri de remords de n'avoir rien fait, trouve le courage d'avouer à la police qu'en effet, il était bien chez lui cette nuit-là, allant jusqu'à affirmer que tous les habitants du quartier ont du entendre les cris de la jeune femme. C'est bien son témoignage qui révèle l'horrible vérité: Tout le monde à bien été témoin du drame, mais personne n'a levé le petit doigt pour tenter d'inverser le sort tragique de la victime. Se pose alors la question: Qu'aurions-nous fait à la place de chacun d'entre eux. 


 Plutôt que de nous assommer avec un procès dont on peut facilement deviner le dénouement, Lucas Belvaux punit lui-même ses trente-huit lâches en leur infligeant une nouvelle nuit d'horreur et ce, sous la forme d'une reconstitution à laquelle ces derniers ne peuvent échapper. On s’intéresse assez facilement à cette machine judiciaire qui voudrait faire le silence sur cette sordide histoire et qui trouve sur son chemin les deux seuls véritables grains de sables (Pierre et Sylvie) capables de faire plier la justice du bon coté. On peut en revanche trouver une certaine outrance aux personnages de Pierre et Louise dont le couple est à la dérive à cause d'un fait que l'on pourrait assurément reprocher à une grande majorité d'entre nous. Ce n'est pas tant l'interprétation qui est ici à mettre en cause puisqu'Yvan Attal joue son rôle avec beaucoup d'intuition, mais plutôt les dialogues parfois excessifs qui voudraient qu'à cause d'un écart (dont on peut relativiser l'importance si l'on sait que de toute manière la victime n'avait sans doute aucune chance de survivre), les chances d'un couple amoureux vole en éclats. Quand à Sophie Quinton, son visage n'exprime aucune émotion. Elle donne l'impression de s'ennuyer. Il y a tellement d'actrices talentueuses, alors pourquoi l'avoir choisie elle?

jeudi 18 octobre 2012

Espace Détente de Bruno Solo et Yvan Le Bolloc'h (2004)



Pour la Geugène Electro Stim, c'est le branle-bas de combat. En effet, cette petite entreprise située dans la région de la Veule, est spécialisée dans la vente de l'appareil de stimulation électrique C14. Un vieux modèle qui parvient tout juste à faire vivre l'entreprise et ses employés. Alors, lorsque est annoncé le BodyCompact, nouveau modèle de remise en forme à domicile, tout le personnel est accaparé afin de démontrer au président de la boite que la GES est capable de mettre en avant le produit afin de réaliser les meilleures ventes.
Afin de maximiser les performances de tous, la plus proche collaboratrice de Jean-Guy Lecointre, Carole Dussier-Belmont, fini par faire appel à Arnaud Roussel, un homme qu'elle a rencontré dans un restaurant. Un individu qui joue sur plusieurs tableaux puisque la nuit il est un SDF sourd et muet qui vend de petites peluches.
D'un autre coté, Hervé Dumont, le délégué syndical de la boite, fait part à Paulo, un camarade syndicaliste travaillant dans l'usine chargée de la fabrication du C14, de l'arrivée sur le marché du nouveau produit. Ce qui tombe à pique puisque Jean-Guy ne veut absolument pas prendre le risque de sous-traiter dans une autre région que la veule avant les élections. Nancy quand à elle est chargée de coacher Jean-Claude Convenant, meilleur vendeur de la GES et meilleur ami de Hervé Dumont. Véritable has-been, c'est pourtant à lui que sera confiée la présentation du BodyCompact.

Bruno Solo et Yvan Le Bolloc'h (respectivement Hervé Dumont et Jean-Claude Convenant à l'écran) adaptent ensemble la série à succès d'M6, Caméra Café. au cinéma. On y retrouve la bande au complet, Jean-Guy Lecointre (Gérard Chaillou), Nancy (Shirley Bousquet), Carole (Sylvie Loeillet), Sylvain (Alexandre Pesle), Priviliewsky (Tom Novembre) et les autres.
Mais pour les besoins du scénario, des personnages supplémentaires sont crées et interprétés par de nouveaux venus, l'un des plus importants étant celui campé par Thierry Frémont (Les Démons De Jésus, Les Grandes Bouches): Arnaud Roussel.

On retrouve donc un panier de personnages pathétiques, Solo n'étant pas l'un des moindre dans son personnage de délégué syndical qui ne voit que rarement plus loin que le bout de son nez. Si prétentieux qu'il est incapable de réaliser à quel point sa petite amie Frédérique se désintéresse de lui. Quand à Le Bolloc'h, le personnage de ringard qu'il interprète est si sûr de lui qu'il n'imagine pas un instant que la direction puisse lui faire un enfant dans le dos. Ce qui est un comble pour celui qui trompe sa femme régulièrement. Espace Détente est un excellent film qui, malgré son format (cent deux minutes alors que chaque épisode de la série n'en dure que trois), assure le minimum.
Et ce, sans doute grâce au large panel de comportement qui nous est présenté. De la bourgeoise frigide campée par Armelle à la "folle" spécialisée en informatique jouée par Alain Bouzigues, en passant par la mère de famille dépressive interprétée par Jeanne Savary, Le sujet, même s'il se révèle particulièrement léger, n'est là que pour justifier la présence d'une bande d'acteurs et surtout de personnages pittoresques que l'on aimerait décidément pas avoir comme collègues de travail.

lundi 15 octobre 2012

Le BaZaar de l'horreur, de l'épouvante et du fantastique...




"Attack Of The Puppet People":


L'étrange Monsieur Franz est un fabricant de poupée tout particulier. S'enfermant dans le laboratoire où il mène de curieuses recherches, il découvre le moyen de réduire à une taille minuscule les être vivants. Sa précédente secrétaire ayant prit la fuite, la jeune Sally Reynolds se présente pour le poste devenu libre. Franz travaille avec divers collaborateurs, dont Bob, un jeune homme séduisant qui fera tomber Sally sous son charme. Au point que celle-ci, plus tard, acceptera de l'accompagner jusqu'à La Vegas afin de l'épouser. Totalement obsédé à l'idée de se retrouver seul, Franz n'a plus d'autre choix pour conserver Sally et Bob à ses cotés que de les réduire à l'état de poupées.

Une fois accompli son méfait, les deux victimes du fabriquant de poupées se rendent rapidement compte qu'ils ne sont pas les premiers à être tombés dans le piège de leur nouveau geôlier. Dès lors, Sally, Bob et leur quatre nouveaux compagnons ne vont avoir qu'une idée en tête: Échapper au sort que Franz va bientôt leur réserver... 

Si contrairement à Tod Browning le savant fou ne réduit pas ici les humains à la taille de poupées dans le cadre d'une vengeance, Bert I. Gordon semble furieusement s'inspirer des "Poupées Du Diable" que celui-ci a réalisé plus de vingt ans auparavant. Si les effets-spéciaux demeurent encore aujourd'hui saisissants, on constate surtout qu'en l'espace de vingt-deux années (entre le film de Browning et celui de Gordon) rien n'a véritablement évolué. Quand à cette fameuse "Attack Of The Puppet People", elle n'intervient en réalité qu'à la toute fin du film. Concernant l'affiche du film, le contraste entre l'image du chien agressant de minuscules personnages fait bien saliver mais n'est qu'une promesse non tenue. L'œuvre est d'une relative qualité. Si l'affrontement entre le dérangé Franz et ses petits jouets tarde à venir, il ne faut pas bouder le plaisir d'un thème qui se révèle plutôt rare au cinéma. A choisir, on se tournera malgré tout plutôt du coté des "Poupées Du Diable" de Browning et même encore plus, on prendre davantage de plaisir à se plonger dans les décors fantastiques et gigantesques du personnage de "L'Homme Qui Rétrécit".


 

"Village Of The Giants":


A Hainesville, un petit village tranquille des États-Unis, un tout jeune garçon, véritable génie exploitant ses talents de scientifiques pour inventer toutes sortes de produits, crée une substance permettant aux êtres vivants d'atteindre une taille démesurée. Lorsqu'une bande de jeunes adolescents arrive en ville et apprend l'existence de cette "gomme", ils rêvent déjà de se l'approprier afin de gagner beaucoup d'argent. Devant la résistance du petit génie, de sa sœur Nancy et de son petit ami Mike, une lutte nait entre ce dernier et le chef de la bande prénommé Fred. La bagarre dégénère et tout le monde s'y met. Lorsqu'elle prend fin, les voyous se sont réfugiés dans le théâtre d'Hainesville, et en possession de la précieuse substance.  

Motivé par ses amis, Fred coupe à parts égales le rouleau de "gomme" et en donne un morceau à chacun d'entre eux. Lorsque ce ceux-ci mangent leur part, ils se mettent à grandir, atteignant une hauteur vertigineuse. Désormais libres de faire ce qu'ils veulent et enfin prêts à remettre en cause l'autorité des adultes, ils se retrouvent confrontés aux jeunes du village qui ne voient pas les choses comme eux et qui dès lors, vont tout faire pour trouver un moyen de défaire l'hégémonie des géants. Pour cela, le petit génie travaille dans sa cave afin de trouver le remède qui permettra d'inverser le processus... 

Produit et réalisé par Bert I. Gordon (un habitué des productions horrifiques, "The Cyclops", "The Food Of The Gods"), "Village Of The Giants" est tourné huit ans après son "Attack Of The Puppet People". Si ce dernier possédait un certain nombre de qualités, son village de géants fait pâle figure. Les couleurs dégueulent et le scénario est bien trop succint. A vrai dire, en ôtant les passages chantés, le film se retrouverait amputé d'un bon tiers de sa bobine. Les effets-spéciaux sont étrangement moins bien fichus que huit ans en arrière, comme si le cinéaste avait manqué cette fois-ci de moyens. Toujours est-il que ce "Village..." se regarde avec un minimum d'interet, surtout que l'on y croise avec surprise l'acteur Beau Bridges dans le rôle de Fred et surtout l'acteur-réalisateur Ron Howard dans le rôle du petit génie...

"Le Monstre Aux Yeux Verts":




Plusieurs évènements dramatiques ont lieu le même jour, à la même heure, mais dans des lieux lieux parfois éloignés par des milliers de kilomètres. A Cap Canaveral, la fusée Titant explose sans raisons apparentes. En URSS, un satellite expose lui aussi inexplicablement. Des installations électriques sont détruites dans le Nevada. A Londres, un avion supersonique s'écrase dans des conditions suspectes. 
 
Au siège de l'O.N.U, de hauts responsables se réunissent afin de découvrir ce qui lie ces sabotages ayant eues lieu un peu partout dans le monde. Plusieurs vidéos filmées sur le site des catastrophes montrent un même homme présent ce jour-là, au moment exact où elles eurent lieu. La chose paraît inconcevable lorsque l'on sait que ces sites sont parfois éloignés de plusieurs milliers de kilomètres les uns des autres. De plus des radars situés aux alentours se retrouvèrent inexplicablement bloqués. Peu de temps auparavant, un avion s'est crashé avec à son bord deux pilotes, le célèbre professeur Landersen, ainsi que son fils Robert. Plus étrange encore, c'est ce dernier qui a été vu plus tard sur les lieux des différentes catastrophes. Lors du crash de l'avion, les radars de la tour de contrôle près de laquelle il s'est écrasé se sont arrêtés dans les mêmes conditions. Les responsables de l'O.N.U pensent qu'il existe une corrélation entre Robert Landersen et l'homme qu'ils pensent être responsable des sabotages. Selon eux, il ne s'agit pas simplement d'une simple ressemblance. Il est décidé alors d'un commun accord d'étendre un filet autour du globe afin de mettre la main sur cet étrange personnage...

Production franco-italienne, "Le Monstre Aux Yeux Verts" possède un scénario dont l'intérêt est détruit par une somme de défauts. Le montage est effectué à la truelle. Les dialogues sont souvent insipides et le temps de réactions entre les personnages est d'une lenteur exaspérante. Lorsque l'on assiste aux différents évènements du débuts, ils apparaissent simplement sur fond d'archives. Le plus grotesque étant d'apercevoir le mystérieux personnage devant les sites, placé bien en face de la caméra afin de permettre aux spectateurs de bien l'identifier. Le plus affligeant dans tout cette histoire étant le doublage. Une véritable catastrophe, surtout lorsqu'il s'agit de doubler les personnages d'origine anglo-saxonne. La bande-son quand à elle n'offre aucune forme d'angoisse. 
 
Le film gagne malgré tout en intérêt lors de la traque de l'étrange personnage, surtout lorsque l'on réalise qu'il n'est pas le seul à agir de manière suspecte. Sauf qu'une fois de plus, l'œuvre pâtit devant l'ineptie des dialogues. Un film qui mérite donc sans doute d'être vu dans version originale.

jeudi 11 octobre 2012

La Chaleur De L'IDM

Cilonen de AFX
  Sous une chape de plomb vit une communauté de cochons-d'inde. La pluie s'écrase en un mitraillage aléatoire sur cette surface apparemment poreuse mais que rien ne parvient à altérer. Il faudrait avoir une ouïe particulièrement développée ou bien être coutumier du fait pour discerner dans ce conglomérat de beats numériques la superbe mélodie qui résonne en dessous et qui inspire les rongeurs à se mouvoir. Télescopage de reins velus, oreilles de laitue tendues et gobeuses d'ondes vertigineuses. L'effet est saisissant. Ici et là s'évanouissent de petites boules de poils. Le rythme enfle et fibrille les cœurs qui ne savent plus où donner du tempo. Mais peut-être est-ce l'émotion qui pousse ces pseudo-lemmings à se foutre en l'air. Leur danse folle devient vite un carnage qui éclabousse le plafond de béton comme si un enfant d'à peine huit ans expérimentait les lois de l'attraction en fixant sur les bras de métal d'un tourniquet la troupe d'acteurs à dents longues vivant dans la cave de son immeuble. La force véhiculée par l'immense imagination du poète musical et somnambule est aussi troublante que les horreurs qui fascinent les foules. On n'explique jamais vraiment ce qui nous touche dans telle ou telle mélodie. Ici, son pouvoir d'attraction est tel que l'on y replonge sans penser aux dégâts qu'elle pourrait infliger à notre structure neuronale. Après elle, rien de vraiment important ne peut bousculer cette curieuse impression d'avoir été lavés de nos angoisses. Un repos qui ne saisit pas sur l'instant puisque cette purge "lessive" autant qu'elle nous nettoie l'esprit. 

Southern  Soul de Norken
  Il faudrait parfois penser à se couvrir avant d'appuyer sur "play". Ça n'est pas parce que l'on file au pays des grandes chaleurs que l'on ne risque pas un coup de froid. Ici, ce n'est certainement pas une écharpe, un bonnet ou une paire de gants qui parviendront à nous éviter le grand frisson. Il vaut mieux d'ailleurs conserver auprès de soit une petite veilleuse. Surtout si l'on se jette dans le vide en ayant éteint la lumière juste avant. Il y a quelque chose d'infiniment vertigineux à perdre le sens de l'orientation. La peur de se cogner à des surfaces rugueuses est pourtant moins redoutable que de rencontrer du bout des doigts une matière aussi tangible qu'un épiderme. C'est pourtant ce qui nous ressemble le plus et ce qui reste sans doute le plus terrifiant. Surtout lorsque l'on vit loin de tout et que la seule âme qui vive à part nous est notre reflet dans le miroir de la salle de bain. Mais ce qui se dégage de ce contact éventuel n'est pas la peur d'être confronté au ridicule lorsque la lumière réapparaît et que l'on se rend compte que l'on a été, durant cette danse lente et sensuelle, l'acteur d'un spectacle que l'on désirait intime. C'est plutôt de penser, avant que la lumière ne revienne, au visage auquel l'on va se retrouver confronter. Car après ce tsunami musical, rien ne peut devenir plus étrange que le monde concret dans lequel nous vivons lorsque sonne le temps d'y retourner. 

Vespers de BOLA

  


 La cafetière est à l'article de la mort. Il faudrait pourtant qu'elle délivre une dernière tasse de son précieux breuvage car il n'y a guère que ce dernier pour maintenir en moi cet optimisme que l'herbe, le cannabis, la cigarette et même l'alcool ne parviennent pas à entraîner dans leur univers holographique. Le compte à rebours est presque terminé. Comme un électrocardiographe branché sur la poitrine d'un type dont les jours vécus sont désormais plus nombreux que ceux qui lui reste, les sautes d'humeurs se font de plus en plus rares. Et même s'il persiste ici un métronome réglé comme le fil conducteur d'une existence qui vient à son terme, ce n'est pas ce que retient notre conscience, bercée par tant d'émotion. Comme un reflux gastrique sans les inconvénients, les vagues se superposent de manière si parfaite qu'aucune d'entre elles ne vient déranger cette stupéfiante montée qui nous mène vers ce qui ressemble sans doute à un utopique paradis. Un territoire qui s'adapte selon la volonté de chacun. Un monde dont la seule substance, la seule nécessité et les seules valeurs sont celles qui passent par l'ouïe. Rien n'est plus stupide qu'un homme qui retient ses larmes devant ce qu'il y a de plus majestueux. C'est ainsi donc, devant l'abstrait, le virevoltant, le vaporeux impact d'un son que je veux m'effacer. 

Nuane et Vletrmx21 de Autechre
Ne rêvons pas. Le monde ressemble plutôt à ces treize minutes et treize secondes. Il est abrupte, bruyant, colérique et intransigeant. Ils sont deux à l'avoir compris. Il ne ressemble pas à ces longues étendues verdoyantes que l'on découvre à travers la fenêtre d'une voiture et sur lesquelles on se pique les fesses une fois assis dessus. Lorsque notre monde rugit, il s'exprime de différentes façons. Visuellement, c'est un spectacle pyrotechnique dont on n'imagine l'ampleur que lorsque l'on est dessous. D'un point de vue sonore, c'est un ahurissant mélange de hurlements, de claquements et d'explosions. Il n'y a guère qu'un sommeil prolongé ou l'éloignement pour nous en libérer. Difficile de s'en émouvoir mais presque impossible de l'oublier. Nous aurions pu terminer sur une note d'espoir, d'optimisme et de douceur. Mais je leur préfère la noirceur et l'appréhension puisque ce n'est qu'en soignant le mal par le mal que l'on se libère de ses angoisses. Ce qu'il y avait d'important ici, et qui semble avoir été légèrement oublié le temps de ces treize minutes et treize seconde peut encore être sauvé grâce à un dernier espoir. Une émotion vive qui mêle la glace et le feu.

Le Septième Juré de Georges Lautner (1962)




Septembre, un dimanche après-midi. Alors que la fin de l'été est proche, Grégoire Duval et Philibert se reposent d'un repas bien arrosé sur les berges du lac Saint point. Le second est assoupi lorsque Grégoire, le très apprécié pharmacien de Pontarlier décide d'aller faire une promenade. Sa femme Geneviève et leurs deux enfants traversent le lac à bord d'une petite embarcation. Un homme âgé lui aussi profite du temps pour se promener en barque sur les eaux calmes du lac. Il passe devant un jeune couple d'amoureux qui se fait bronzer au soleil. Elle, est endormi. Lui, se lève et fouille dans le petit sac à main de sa fiancée pour lui emprunter un peu d'argent puis s'en va, la laissant seule. Grégoire flâne, insouciant. Il marche tranquillement puis tombe nez à nez avec la jeune femme allongée sur l'herbe. Elle est belle et à les seins nus. Grégoire s'approche alors de la jolie jeune femme qui se réveille en entendant les pas de l'homme. Le pharmacien ne résiste pas à l'envie de la toucher un peu. Celle-ci se débat, tente d'échapper à son agresseur qui aimerait déposer un baiser sur ses lèvres. Mais la jeune femme ne l'entend pas ainsi et résiste encore. Elle se met à crier. Grégoire s'affole, ne sait plus quoi faire. Alors, pour la faire taire, il lui serre le cou jusqu'à se qu'elle se taise. Le corps de la jeune femme devient mou. Elle ne résiste plus. Elle est morte. Grégoire jette un œil autour de lui. Personne. Il se lève alors et file retourner près de la berge où Philibert dort toujours. Il se rassoit et contemple ces mains qui ont tué. Sa femme et ses deux enfants reviennent de leur traversée. La journée s'achève, les Duval rentrent chez eux. 
 

Le lendemain, on ne parle plus que du meurtre qui a eut lieu sur les berges du Lac Saint Point. Grégoire s'étonne de ne pas ressentir le moindre remord. Il a même plutôt bien dormi. Tout juste n'a-t-il pas très faim. Il reprend le travail comme si de rien n'était. Le soir, au cercle de rencontre dans lequel il retrouve ses amis habituels, le vétérinaire Hess, le patron de la brasserie, le juge d'instruction, le commissaire de police, aujourd'hui, a une excellente nouvelle à annoncer à ses amis: le coupable du meurtre de Catherine Nortier, la victime, a été arrêté. Le suspect ne serait autre que son fiancé, le photographe de presse Sylvain Sautral...


L'immense Bernard Blier EST Grégoire Duval. Cet homme au dessus de tout soupçon. Ce pharmacien parfaitement intégré parmi les habitants de Pontarlier. Secrètement amoureux d'une jeune femme il y a de nombreuses années, il vit désormais avec les remords et les regrets d'avoir épousé Geneviève, l'épouse qui lui a donné deux enfants. C'est peut-être alors pour se rappeler sa jeunesse qu'il tente d'abuser de Catherine avant de la tuer par nécessité. Comme il le dit peu après le meurtre, c'est sa faute à elle. Elle n'avait pas le droit d'être si belle et si fragile. Le personnage campé par Blier tente d'excuser son geste. C'est forcément à cause de la jeune victime. Peut-être même à cause de Geneviève et de leur deux enfants qui de part leur existence ont condamné Grégoire à la morne existence du père de famille.
Lorsque le coupable idéal est arrêté, le lâche pharmacien aurait pu s'en tenir là et laisser payer un autre à sa place. Sauf qu'il ne peut se résoudre à cette idée et va confesser son meurtre auprès d'un curé dans une église loin de Pontarlier et dans l'espoir que ce dernier aille témoigner en la faveur du faux coupable. La succession d'évènements qui se produisent dès lors que la machine est lancée montre un Grégoire qui ne peut échapper à son destin. Comme le dit l'homme de Dieu, c'est à Grégoire de "se rendre à la justice des hommes". 

 
Plus tard, Grégoire fait partie de la liste des jurés potentiels prévus pour le procès de Sylvain Sautral. Il va tout faire pour être récusé, et par la défense, et par l'accusation. Mais les droits de la défense (cinq récusations autorisées) étant épuisées et l'accusation acceptant le pharmacien comme juré, Grégoire n'a plus d'autre choix que d'accepter son destin. Celui de tout faire pour que Sylvain Sautral soit innocenté. Bernard Blier campe un personnage attachant malgré le meurtre dont il est responsable. La voix off dont il nous gratifie durant une bonne partie du film exploite son vécu afin d'expliquer le penchant qui l'a poussé au crime. Car n'arbore-t-il pas quelques instants avant le meurtre, le visage d'un pervers près à accomplir son méfait? Ans un premier temps Blier arbore l'apparence d'un être dénué de remords et qui se cache derrière de basses pensées pour excuser son meurtre. L'une des scènes les plus marquantes sans doute dans cette œuvre signée Georges Lautner est la confession du père à son fils sur son ancienne relation avec Nadia, une jeune femme dont il était très amoureux mais dont il s'est éloigné, étant alors déjà fiancé avec Geneviève. Le personnage de Blier ne semble ressentir aucun amour pour les trois êtres qui vivent sous le même toit que lui. C'est peut-être aussi pour cette raison qu'il finira par avouer son meurtre, dans l'espoir sans doute d'être arrêté et d'être enfermé dans un prison différente de celle qui est la sienne depuis tant d'années.


Autre point tragique: Cette volonté qu'ont les hommes à vouloir voir exécuter un homme qu'il soit innocent ou non. Libéré, Sylvain Sautral n'en n'aura pourtant pas fini avec la rumeur. Lui même se retrouve d'une certaine façon enfermé.. Mais lui, ce sera dans la rumeur des voisins. Une situation insupportable que pas même le septième juré, celui qui lui a sauvé la tête, ne pourra modifier. Ceux qui font autorité dans "Le Septième Juré" n'ont rien d'enviable. A l'image de ce commissaire de police tout fier à l'idée qu'une exécution puisse avoir lieu à Pontarlier, et qui plus tard renverra Grégoire chez lui même après que ce dernier ait avoué le meurtre de la jeune Catherine.


Le film est une merveille. Aussi bien dans la réalisation de Georges Lautner que dans l'interprétation de l'intégralité des actrices et acteurs. Le long cheminement qui mène du meurtre aux remords, de la découverte du cadavre à l'arrestation du supposé meurtrier et des soupçons à la conviction sont décortiqués de manière admirable...

dimanche 7 octobre 2012

Una Lucertola Con La Pelle Di Donna de Lucio Fulci (1971)


Carole Hammond fait de curieux rêves. Elle se voit parcourir les couloirs d'un train envahit par des femmes et des hommes dénudés. Puis vient la chute dans un vide sans fond. Ou presque puisque la voilà qui se retrouve dans une pièce vide, à l'exception d'un lit drapé de satin rouge et d'une magnifique jeune femme blonde nue qui la déshabille et lui fait l'amour. C'est ainsi que prend fin le rêve de Carole, déboussolée.
Mariée à Frank, mère de Joan et fille du célèbre avocat Edmond Brighton, Carole consulte le docteur Kerr, un psychanalyste qui explique à sa patiente que ses rêves sont l'expression de fantasmes qu'elle refoule. Car en effet, la jeune femme blonde que Carole voit en rêve est sa voisine. Une personne délurée qui organise des orgies durant lesquelles ses invités se fourvoient dans le sexe et la drogue.

Un soir, alors que Carole reçoit son père à diner, celui-ci reçoit un étrange coup de téléphone durant le repas. La voisine des Hammond reçoit à nouveau ses amis. Alors que dans l'appartement de Carole le calme règne, chez Julia, la voisine, c'est le chaos. La nuit du lendemain Carole fait à nouveau ce rêve récurrent qui la mène toujours au même endroit. Alors qu'elle tombe sur une scène effroyable qui voit les membres de sa famille assassinés, elle tombe une fois de plus entre les bras de Julia. Mais cette fois-ci, le rêve s'achève de manière bien différente puisque Carole, armée d'un coupe-papier, tue la jeune femme de plusieurs coups sur le torse. Dans la pièce, deux témoins. Un homme et une femme. Le lendemain, Carole consulte à nouveau le docteur Kerr qui lui annonce que ce rêve sonne comme une victoire, une libération sur le blocage sexuel dont est victime la jeune femme.

Trois jours plus tard, on découvre le corps sans vie de Julia...

Ce Una Lucertola Con La Pelle Di Donna (connu chez nous sous le titre Le Venin De La Peur) date de 1971. Réalisé par le maître du gore transalpin Lucio Fulci, il s'agit sans doute de l'un des meilleurs films du cinéaste. On est encore loin des débordements de sang dont va faire preuve Lucio Fulci même si les meurtres demeurent ici très graphiques. Le film est l'un des plus beau représentants du Giallo, genre dont se fera une spécialité un autre grand cinéaste italien, Dario Argento.

L'œuvre s'ouvre sur une longue scène cauchemardesque, étouffante et claustrophobe où se mêlent érotisme et psychédélisme. Une vision fantasmatique qui tranche résolument avec l'existence morne et plate de son héroïne. Et ce n'est pas l'apparition de nouveaux personnages introduits par la découverte du cadavre de Julia qui va remettre de l'ordre dans l'intrigue puisque surnage autour de l'existence réelle de Carole l'impression persistante que tout n'est qu'un rêve. Alors que tout semble l'accuser (le coupe-papier lui appartient et ses révélations auprès de son psychanalyste font d'elle la coupable idéale), les enquêteurs découvrent que la jeune femme note sur des feuillets le contenu de ses cauchemars. Quelqu'un peut donc avoir pris connaissance de ces notes pour tuer Julia et faire endosser la responsabilité du meurtre à Carole.

C'est ainsi que le scénario dévoile toute son ingéniosité. On doute de la culpabilité de Carole. Puis c'est au tour de son époux Frank. On en vient même à douter de leur fille Joan. Et que dire de l'ambigu comportement de son père Edmond? Quand aux hippies qui émaillent le récit et dont le comportement est particulièrement troublant. Leur présence dans le rêve de Carole n'est-elle pas le signe de leur culpabilité? Le flic chargé de l'enquête quand à lui paraît bien curieux, à siffler dès qu'il en a l'occasion.

Lucio Fulci, majoritairement révéré pour sa trilogie de l'Enfer marquait déjà les esprits avec ce Una Lucertola Con La Pelle Di Donna qui parvient presque à faire oublier les films qui ont véritablement fait sa renommée. Labyrinthique, nauséeux, étouffant et complexe, le scénario du Venin De La Peur déroule son fil jusqu'à l'ultime minute, l'instant où tout nous est enfin dévoilé. Un chef-d'œuvre du genre Giallo.

jeudi 4 octobre 2012

Donnie Darko de Richard Kelly (2001)



Donnie Darko est un adolescent semblable à ceux de sa génération. Du moins, c'est ce que semblent vouloir faire croire les apparences. Intelligent et doué, mais aussi somnambule et schizophrène paranoïaque, Donnie, par une nuit paisible, fait la connaissance d'un étrange personnage prénommé Franck. Une sorte de lapin géant au visage abîmé qui va lui prédire la fin du monde dans vingt huit jours, six heures, quarante deux minutes et douze secondes. A ce moment très précis débute un compte à rebours dans la vie du jeune homme, pour qui la vie n'est qu'une somme de peurs qui le voient se réfugier dans un monde de rêves et de fantasmes.....

Difficile d'aller plus loin dans le résumé d'un film qui se vit, se ressent, et qui ne se regarde surtout pas simplement comme une oeuvre dénuée d'intelligence. Donnie Darko a ceci de rare qu'il crée une passerelle entre le conformisme d'un certain cinéma américain où la jeunesse se fourvoie dans l'alcool et le sexe, un cinéma qui traite de sujet parfois graves de manière frivole voire grotesque, avec un autre dont la rigueur scénaristique ne permet pas toujours de trouver grâce aux yeux du plus grand nombre.

Donnie Darko, c'est un peu le fils bâtard d'un Lynch et d'un Paul Weitz. Deux cinéastes qui auraient accouché d'un film mêlant la complexité et la grande ingéniosité d'un scénario peu évident au premier abord, à la simplicité d'un montage et d'une mise en scène permettant à tout un chacun de ne pas se perdre dans les méandres d'une histoire particulièrement exigeante. Et pourquoi pas, de se retrouver dans l'un des personnages. D'ailleurs, lorsque le film commence, on se retrouve avec la désagréable impression d'être face à l'une de ces nombreuses productions pour teenagers décérébrés. Avec son image trop propre pour être honnête, sa musique de campus et ses habitations aux jardins trop bien entretenus. Mais on est vite rassurés lorsque le ton semble aller vers quelque chose de plus profond que le simple déballage d'une certaine Amérique puritaine.


Jake Gyllenhaal porte littéralement le film sur ses épaules. Il campe avec maestria le rôle de ce jeune adolescent perdu dans un monde que ses pensées refoulent. Comme s'il avait été écrit pour lui, son personnage semble l'habiter. De son visage angélique, on retiendra surtout ce sourire en coin, troublant, qui annonce l'arrivée de son dédoublement de personnalité (la scène du cinéma, extraordinaire, est d'ailleurs représentative de ce que l'on ressent face au talent de ce jeune acteur).Tout concorde pour faire de ce film un chef-d'oeuvre, encore un. Qu'il s'agisse des autres interprètes, tous aussi fabuleux les uns que les autres, de la bande son, mélange de new wave, de rock FM ou encore d'opéra grandiose, tout, absolument tout devrait pousser le curieux qui sommeille en chacun de nous à jeter un oeil, et pourquoi pas les deux, sur Donnie Darko.

Donnie Darko est une expérience à part. Enrichissant, le film véhicule autant d'émotion qu'un plat à l'allure modeste qui recèlerait en son coeur des parfums et des textures peu communes mais ô combien, inoubliables...

lundi 1 octobre 2012

Dementia 13 de Francis Ford Coppola (1963)




Louise et son époux John se promènent en barque lorsque la jeune femme lui fait part de son désir de convaincre la mère de ce dernier de changer son testament. En effet, la mère de John, Lady Haloran a choisit de léguer sa fortune à des œuvres caritatives en mémoire de sa fille Kathleen disparue sept ans plus tôt. Mais John meurt d'une crise cardiaque à bord de l'embarcation. Louise, avare, décide de jeter le corps par dessus bord et de se rendre au château de la famille Haloran, faisant croire à la mère de John que celui-ci est retenu à New-York pour affaires. Les rapports entre Lady Haloran et Louise sont difficiles. La matriarche voit également d'un mauvais œil l'arrivée de Lilian, la jeune femme que compte épouser Richard, l'un des fils de Lady Haloran. Afin de se rapprocher de cette dernière, Louise lui fait croire avoir entendu une musique dans l'enceinte du château. Lady Haloran en est convaincue: sa fille tente d'entrer en contact avec la nouvelle venue. Louise se sert de ce mensonge pour s'attirer les faveurs de la propriétaire du château...


Quelques-uns des réalisateurs américains parmi les plus célèbres ont débuté leur carrière de cinéastes par de petites productions horrifiques. Steven Spielberg et son fameux téléfilm "Duel" (suivi d'un autre, mais soporifique et très médiocre téléfilm "Something Evil"). Ou bien Oliver Stone avec "Seizure" (l'histoire d'un écrivain dont es cauchemars deviennent réalité) et "La main du cauchemar" (celle d'un dessinateur dont la main, perdue dans un accident de voiture, revient inlassablement vers son propriétaire et tue tout ceux qui lui ont fait du tort). Et même James Cameron, le papa des populaires Na'vi de son monumental "Avatar" a débuté par une infâme production d'horreur, la suite de "Piranha" titrée "Piranha 2 – Les Tueurs Volants".


Le célèbre géniteur de la trilogie "Le Parrain" Francis Ford Coppola débute sa carrière avec le petit film d'épouvante "Dementia 13". Une œuvre qui va chercher du coté d'Alfred Hitchcock (le montage des meurtres à la hache rappelant furieusement celui de "Psychose") mais aussi de celui d'Agatha Christie ("Les Dix Petits Nègres" mais sans le twist final). On a du mal à reconnaître la patte du célèbre cinéaste. Toute l'œuvre transpire l'amateurisme. Les acteurs sont moyennement convaincants, les situations dramatiques sont souvent mal exploitées (la faute sans doute à une image de piètre qualité), et certaines bonnes idées tombent à l'eau. On aime l'idée de la mère de famille totalement obnubilée par la mort de sa fille Kathleen et qui chaque année organise une cérémonie en sa mémoire. Le passage consacré à cette dernière n'apporte absolument rien de nécessaire à l'intrigue si ce n'est le rapprochement entre la matriarche et son éventuelle future belle-fille puisque cette dernière ne fera pas long feu et terminera son existence sous les coups de hache d'un tueur bien mystérieux. 
 

A ce sujet, le suspens est assez mal exploité puisque à plusieurs reprises le spectateur est confronté au souvenir de Billy Haloran (l'un des fils de l'inquiétante Lady Haloran, la mère de famille) situé à l'époque où sa sœur Kathleen est décédée. On voit le frère et la soeur se disputer près de l'étang où ele a été retrouvée morte. Il ne faut donc pas être d'une intelligence supérieure pour deviner qui se cache alors derrière le visage de l'assassin qui tue désormais. Billy donc, marqué à jamais par le meurtre involontaire dont il s'est rendu coupable sept ans plus tôt. 
 

Bien que le film ne fasse pas partie de ces œuvres impérissables que l'on prend toujours un immense plaisir à revoir, il se regarde sans véritable dégout. Disons qu'il mérite d'être vu ne serait-ce que parce qu'il a été réalisé par l'un des très grands cinéastes américains, Francis Ford Coppola.
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