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dimanche 29 juillet 2012

Prometheus de Ridley Scott (2012)



 Attention, cet article comporte un certain nombre de spoilers !!!

Sans même avoir lu le synopsis, regardé la bande-annonce, ni même avoir lu la moindre critique positive ou négative, j'ai décidé d'aller voir le dernier film de Ridley Scott, Le géniteur des cultissimes "Alien, Le Huitième Passager" et "Blade Runner" revient donc avec un nouveau film de science-fiction. Déjà, dès les premières instants, on est soufflés par la beauté des images. Puis c'est ensuite l'histoire qui attise la curiosité. Deux archéologues explorent une grotte et tombent sur une peinture murale similaire à plusieurs autres trouvées à travers le monde et montrant un bipède de taille imposante pointer du doigt un symbole. En fait une série de planètes figurant un système solaire très éloigné mais presque identique au notre.

Deux années plus tard, le vaisseau Prometheus vogue dans l'espace. A son bord, seize passagers plongés dans un état de sommeil artificiel, ainsi que l'androïde David qui seul, s'occupe du bon maintient de l'équipage ainsi que celui du Prometheus. La destination du vaisseau: Le fameux système solaire découvert deux ans plus tôt par les deux archéologues, qui font eux mêmes partie de l'équipage. L'une des planètes de ce système est supposée être similaire à la Terre. Projet fou lancé par un richissime vieillard aujourd'hui décédé, l'équipage une fois réveillé tente une approche de la planète et se pose au sol prêt d'un édifice gigantesque constitué d'immenses galeries et d'une pièce que les membres du Prometheus découvrent bientôt cachée derrière une immense porte en pierre. L'endroit renferme une imposante sculpture à visage humain, entourée de jarres enfermant des matières organiques. La tête d'un humanoïde similaire aux reproductions picturales découvertes sur Terre est également présente dans la salle. L'équipe de scientifiques récupère cette dernière pendant que David, lui, prélève l'une des jarres à l'abri des regards. L'ouverture de la porte ayant un effet sur l'environnement de la pièce, d'étranges bouleversements s'opèrent au plafond. Une curieuse substance noire s'échappe des jarres, et dehors, une tempête monstrueuse se prépare, obligeant l'équipage à retourner au plus vite sur le Prometheus...

Une œuvre qui mêle trop de références à une histoire qui se veut pourtant originale.
Dans un premier temps, le sujet abordé est basé sur la recherche des origines de l'humanité. On n'imagine d'ailleurs pas un seul instant que le public puisse confondre le classique "Alien..." avec cette nouvelle œuvre du génial Ridley Scott. Si les premières images, sublimes, révèlent au final toute leur inutilité au terme de cette œuvre finalement décevante, elles trahissent surtout les espoirs que l'on fonde sur le cheminement de l'intrigue et qui ne fait de ce "Prometheus" qu'une très curieuse préquelle au premier "Alien...". Curieuse effectivement puisque le film revient non pas sur les origines du mal mais sur les premiers pas du fameux équipage du nostromo conduit par Ripley (Sigourney Weaver) sur cette étrange planète qui nous intéresse ici. En effet, dans le film de 1979, l'équipage se retrouve confronté à un message lancé à partir du sol de celle-ci, et que tous prennent d'abord pour un SOS. Parcourant les environs de cette terre hostile, il tombent devant un immense vaisseau échoué dont le pilote, une créature humanoïde, est assise devant son poste de pilotage, fossilisée et le torse comme ayant été victime d'une implosion. Parcourant les galeries de ce vaisseau, l'un des membres de l'équipe tombe sur une pouponnière envahie par d'étranges cocons à l'intérieur desquels nagent d'énormes larves.

Lors de la découverte des créatures humanoïdes et de leur vaisseau, on peut assurément penser que "Prometheus" lorgne du coté de la préquelle, puisqu'il le film précède toute la phase de découverte de la planète dans le film de 1979. Sauf qu'il ne se base que sur cette première partie et pas sur la suite du drame qui se joue sur le vaisseau nostromo. Le film peut donc se voir comme une semi-préquelle, ne s'attachant pas à revenir sur les origines des fameux aliens créés par Giger, mais simplement sur les raisons de la présence de l'immense vaisseau découvert par l'équipage du vaisseau Prometheus. Est-ce bien clair?

L'idée de retourner au cœur d'une tourmente à laquelle nous n'avions pas assisté à l'époque est une bonne idée. Malheureusement, Ridley Scott semble avoir parfois la mémoire courte. En effet, comment expliquer que l'humanoïde découvert trente-trois ans plus tôt assis derrière le siège de pilotage de son vaisseau puisse cette fois-ci terminer son existence entre les bras d'une créature grotesque et qui fait involontairement référence à nombre de monstres en carton-pâte des années cinquante-soixante?

Une partie de l'interprétation est plombée par trop d'incohérences et de fautes de goût.

Charlize Theron fait ce qu'elle peut mais cette excellente actrice ne peut rivaliser avec l'irremplaçable Sigourney Weaver. La faute à un personnage insipide, dont la froideur et la rigidité (qui cache avec évidence la peur de l'inconnu) l'empêchent d'exploser à l'écran. Son rôle n'apporte rien à l'intrigue, non seulement parce qu'elle présente un visage incapable d'exprimer la moindre émotion mais aussi parce que la part de psychologie qui aurait pu être développée (le fait que son père lui préfère son fils androïde) est laissée à l'abandon. Quand aux intérêts divergents qui opposent le biologiste Milbrun et l'instable Fifield et qui créent par la même une certaine tension entre les deux hommes, ils s'effacent très vite et transforment l'inimitié du départ en camaraderie ponctuée de blagues de potaches. Quand au rôle de Weyland, le milliardaire qui envoie dix-sept personnes explorer la planète, s'il est touchant dans sa version holographique, il devient imbuvable lors de son inattendu retour parmi l'équipage du Prometheus.

Il reste fort heureusement quelques personnages attachants comme celui campé par Idris Elba, qui rappelle parfois l'excellent Yaphet Kotto. Michael Fassbender (David) possède un charme identique à celui de Jeremy Irons (" Faux-Semblants") et son rôle paraît tout d'abord copié sur le personnage de Ash (Ian Holm), vu dans "Alien...". Et puis il y a les deux archéologues Elisabeth Shaw (Noomi Rapace) et Charlie Holloway (Logan Marshall-Green), les deux seuls membres a véritablement désirer trouver une réponse à leurs questions. 
 
D'un point de vue objectif, et tout en faisant abstraction du film sorti trente-trois plus tôt, Il faut reconnaître que "Prometheus" demeure un excellent divertissement pour celui qui ne connait pas les "origines" de cette préquelle. Le meilleur exemple étant d'opposer un aficionado du premier "Alien...", certain de découvrir une véritable suite en forme de préquelle, à une néophyte qui s'expose pour la première fois à un sujet déjà abordé quatre fois (La saga se composant également de "Aliens, Le Retour", "Alien 3" et "Alien, La Résurrection", plus quelques films bâtards d'assez piètre qualité). Le premier y verra une certaine forme de trahison de la part de Ridley Scott qui ne fait que détruire un mythe auquel il a lui-même donné naissance. La seconde, n'ayant aucun repaire auquel s'accrocher assistera à un spectacle visuellement saisissant. Ce qui déçoit le fan, c'est évidemment de ne pas retrouver les "charmantes" créatures vues dans le premier épisodes. En effet, ici point de Facehuggers (ces parasites qui sautent au visage de leur proie pour y pondre un œuf) et encore moins de Chestbursters (la première silhouette reconnaissable de ces impressionnantes créature que sont les aliens et qui s'extraient du ventre de leur victime). 

Un film presque tout public, débarrassé d'un élément essentiel: la peur !

"Prometheus" cherche à donner des frissons au public. De manière concrète, en plongeant ses personnages dans de sinistres galeries à l'esthétique sensiblement identiques à celles croisées dans le film de 1979, Scott tente de retrouver cette même atmosphère angoissante qui faisait l'un des charmes de son œuvre originale. Sauf qu'il ponctue son film de répliques qui détruisent tout chance d'engendrer la peur. 
 Ce qui trouble dans ce film, c'est l'évidente corrélation que façonne notre esprit par rapport à certaines similitudes avec le premier film et les attentes qui ne débouchent en réalité jamais sur ce que nous attendons. Ces curieuses jarres desquelles coulent une substance noirâtre préfigurent une version modernisée des cocons porteurs de facehuggers. Le penser, c'est se tromper de voie dès que les évènements se précipitent. Car la suite est à l'avenant. On ne comprend plus vraiment de quoi il s'agit. "Prometheus" devient alors un mélange de préquelle inspirée par la vision d'un Mala'Kak fossilisé lors de la visite de la planète par l'équipe du Nostromo dans "Alien..." et d'un voyage aux confins de l'espace pour une équipe chargée d'entrer en contact avec cette espèce. Ridley Scott imagine un scénario tout neuf, se permettant de reprendre des éléments connus et d'y injecter un scénario inédit qui fait l'impasse sur les tant redoutés aliens. Ces derniers ne sont donc pas représentés, sauf peut-être à la toute fin du film. Espérons toutefois qu'il s'agisse d'une erreur d'interprétation car la créature qui nous est présentée alors est simplement... grotesque !!!

"Prometheus" divisera sans doute à jamais les "anti" et les "pro", mais est-ce si grave? Ceux qui préfèrent penser que le film est une tentative de préquelle ratée n'en démordront sans doute jamais. Quand à ceux qui y voient un superbe spectacle visuel, ils auraient bien tort d'essayer de se convaincre du contraire...

mercredi 25 juillet 2012

Trilogie "The Omen": Damien, La Malédiction II de Don Taylor (1978)



Damien a aujourd'hui treize ans. Depuis le décès de ses parents, il vit aux cotés de Richard et d'Ann Thorn, son oncle et sa tante. Menacé d'être déshérité par sa tante Marion s'il ne sépare par Damien de son cousin Mark, Richard décide malgré tout d'envoyer les deux adolescents dans la même école militaire.
Dès lors, de curieux événements commencent à se produire au sein de l'établissement ainsi qu'à l'extérieur. Lors d'une bagarre, l'un des camarades de Damien qui s'en est pris à Mark perd tout contrôle et semble être agressé par un ennemi invisible. Lors d'une partie de hockey sur glace en plein air, l'un des participants tombe dans un trou et meurt noyé. La journaliste Joan Hart est retrouvée écrasée par un poids lourd sur une route déserte après avoir été rendue aveugle par un corbeau qui lui a crevé les yeux. Épaulé par Paul Buher, l'un des associés de Richard et par le sergent Daniel Neff qui dirige la section dans laquelle sont engagés Mark et Damien, ce dernier commence à prendre conscience de l'importance du pouvoir dont il est en possession. 
 
Le professeur Charles Warren est conservateur d'histoire au Museum et fait des recherches autour de la prostituée de Babylone reprenant ainsi celles de Carl Bugenhagen. Il découvre que derrière le visage de Damien pourrait se cacher le visage de l'antéchrist. Tentant à tout prix de convaincre l'oncle de l'enfant qu'il court un danger ainsi que toute sa famille, il pousse Richard à se rendre à Londres afin d'y découvrir le visage de Damien dessiné sur un mur découvert sur un site archéologique et représenté comme étant la prostituée de Babylone elle-même. Richard finit par chasser son ami, persuadé qu'il a perdu la tête mais c'est lorsqu'il découvre plus tard Damien debout auprès du corps sans vie de son fils Mark qu'il décide de prendre l'avion malgré l'avis contraire de son épouse Ann...


Allez, on remet les choses à plat. A la fin du premier chapitre, le scénario se débarrasse des seuls témoins de la présence du Diable en la personne de Damien. Ou presque, puisqu'il faudra bien que deux ou trois individus persistent à vouloir dévoiler aux nouveaux "parents" du gamin qu'il vaudrait mieux l'éliminer avant qu'il ne tue lui-même tout ceux qui se mettront en travers de son chemin. 
 
Si le personnage de Damien n'était qu'un prétexte à la présence physique du Diable, la plupart des événements dramatiques qui en découlaient se présentaient hors de son champ. Autant dire qu'avec ou non la présence du bambin, rien ne pouvait empêcher le Malin d'établir sa suprématie sur la Terre. D'ailleurs, la présence de la baby-sitter était en tout point beaucoup plus effrayante que celle de l'enfant qu'elle était censée protéger. Maintenant que Damien a treize ans, il devient beaucoup plus inquiétant que par le passé. A travers son regard, on sent toute la noirceur du démon qu'il abrite. Il est aussi bien plus présent à l'image que par le passé. Certains des événements qui se produisirent lors du premiers volet de la trilogie étaient le fait de l'antéchrist et non de Damien qui n'était même pas présent sur les lieux des drames. Désormais, il est à chaque fois le témoin et clairement le responsable des tragédies qui l'entourent. 

 
Après son père adoptif, c'est au tour de son oncle Richard de douter de son neveu. Dans le premier volet, la mère adoptive meurt poussée par dessus les escaliers de leur maison par un Damien motivé par sa nounou. Dans le second, sa tante sait pertinemment qui se cache derrière Damien et met tout en œuvre pour que son époux ne le découvre pas. 
 
On peut ou pas aimer cette suite. On peut également la préférer au premier volet. Si l'impact n'est plus le même que deux ans plus tôt, le film se révèle être une suite plutôt plaisante à regarder, ce qui n'arrive pas si souvent que ça avec les séquelles. Lee Grant et William Holden n'en font ni plus ni moins que ceux dont ils prennent la place (Gregory Peck et Lee Remick). Le nouveau Damien possède évidemment beaucoup plus de charisme que l'enfant de cinq ans du premier chapitre. La musique de Jerry Goldsmith possède toujours ce même pouvoir envoutant. Quand aux effets-spéciaux, certains se révèlent saisissants. Comme la scène de l'attaque du corbeau sur la route déserte...


samedi 21 juillet 2012

Trilogie "The Omen": Damien, La Malédiction de Richard Donner (1976)


Rome, le six juin à six heures du matin. Robert Thorn se rend d'urgence à l'hôpital où sa femme Katherine vient d'accoucher. L'enfant qu'elle attendait est mort en venant au monde et Robert craint que sa femme n'en meurt de chagrin. Cette dernière n'est pas encore au courant et le père Spiletto propose alors à Robert d'adopter un bébé dont la mère est morte en accouchant au moment même où leur enfant est sorti du ventre de Katherine. 
 
Le couple quitte l'Italie pour se rendre à Londres où Robert à été nommé ambassadeur à la cour de Saint James. Installés dans une très luxueuse demeure, ils coulent des jours heureux en compagnie de leur fils Damien et de sa baby-sitter. Les années passent, l'enfant grandit, et le jour de ses cinq ans, une grande fête est organisée dans le parc attenant à leur maison. Alors que les camarades de Damien s'amusent, sa baby-sitter , perchée sur le toit de la demeure, se jette dans le vide le cou entouré d'une corde.
Pénétrant l'enceinte de l'ambassade où il travaille, Robert est questionné par une poignée de journalistes qui veulent connaitre les raisons du suicide de la baby-sitter. Débarrassé des curieux, il reçoit la visite du père Brennan dans son bureau. L'homme de Dieu tient des propos incohérents et affirme vouloir sauver Robert des griffes du malin. Le père était présent le jour où l'enfant est né et semble avoir d'importantes informations à communiquer à l'ambassadeur. 

 
La nouvelle gouvernante, Madame Baylock, vient d'arriver et propose à la mère de Damien de faire connaissance avec l'enfant. La présence de la baby-sitter semble avoir été orchestrée par une agence puisque ni Katherine, ni Robert ne l'ont engagée. Maternelle, Madame Baylock rencontre ses premières difficultés le jour où elle refuse d'habiller Damien pour aller à l'église. La mère de l'enfant insiste et c'est accompagné de ses parents qu'il file vers l'église. A l'approche de l'édifice religieux, Damien change d'humeur. Il est prostré, puis s'agite et se met à hurler...

"The Omen" est le premier volet d'une série portée sur l'enfance diabolique. Si le film est vieux de trente-six années, il n'en demeure pas moins l'une des plus brillantes représentation du genre. On est loin encore des impressionnants effets-spéciaux de "L'Exorciste" de William Friedkin mais le film de Richard Donner n'a pas à rougir de la comparaison. Ce cinéaste habitué du genre fantastique (il est l'auteur des deux premiers "Superman" avec Christopher Reeves) est surtout connu pour avoir tourné les quatre épisodes de "L'Arme Fatale" avec Mel Gibson. Pour "Damien, La Malédiction", il fait appel à des acteurs connus, ce qui déjà, dans le genre, est relativement rare pour être signalé. Gregory Peck, qui tient ici le rôle du père, est plutôt habitué aux films policiers, de guerre, et surtout aux westerns dans lesquels il excelle. Lee Remick campe celui de l'épouse. Elle même n'est pas coutumière du fait, mais réitérera l'expérience deux ans plus tard avec l'excellent "La Grande Menace" aux cotés du génial Lino Ventura et de l'inquiétant Richard Burton. 
 
Le film propose une succession d'évènements étranges liés au personnage de Damien, jeune enfant à peine âgé de cinq ans et possédé par le Diable. A moins qu'il ne s'agisse de l'antéchrist lui-même revêtant l'apparence de l'innocence. Soutenu par sa nouvelle nounou, il compte quelques ennemis dans les rangs desquels se situe le père Brennan. Le prêtre en effet tente de convaincre Robert Thorn que le mal se cache derrière le visage angélique de Damien. 

 
La place allouée au personnage de Damien (campé par Harvey Stephen) est relativement pauvre puisque la majorité des évènements dramatiques se produisent en son absence ( la mort du père Brennan, l'attaque des chiens dans le cimetière) ou sans la moindre intervention physique de sa part. C'est en réalité la baby-sitter qui révèle un comportement vraiment inquiétant. Son arrivée au sein des Thorn deux questions. Si l'on devine très vite que sa venue n'est pas due au hasard, on se demande si elle est présente pour servir le Malin ou si ses intentions sont louables.La partition de Jerry Goldsmith sert à merveille le film de Richard Donner, quand à la direction artistique et la photographie, elles apportent beaucoup au sentiment d'effroi qui survient lorsque apparaissent les premiers signes d'un événement tragique à venir.


Si le film de Richard Donner a pris quelques rides, il n'en demeure pas moins une réussite du cinéma fantastique américain et conserve les qualités qui font de lui un classique du genre...


vendredi 6 juillet 2012

Takashi Miike en deux films Koroshiya 1 (2001) et Bijitā Q (2001)


Ichi The Killer:


"Koroshiya 1" du timbré mais génial Takashi Miike est pratiquement impossible à résumer ou presque. Partant d'une trame finalement assez classique il offre une vision du cinéma japonais totalement contraire de ce à quoi nous étions habitués jusqu'alors. Une histoire de Yakuza comme il en existe tant dans le cinéma asiatique mais traitée comme un manga live (le sujet s'inspire d'ailleurs d'une bande dessinée très populaire au Japon). Un chef de gang, Boss Anjo, disparaît ainsi qu'une très grosse somme d'argent et alors que ses hommes, menés par Kakihara se mettent à sa recherche, persuadés que le coup a été monté par un gang ennemi, ils comprennent vite que tout a été manigancé par un tueur professionnel nommé Ichi.

Classique donc en ce qui concerne le scénario, son traitement, lui, est résolument original. L'énergie déployée par le cinéaste empêche l'ennui de s' installer dès les premiers instants du film . Il faut dire que la force des images le dispute à la folie du personnage campé par Tadanobu Asano (Kakihara) qui à chacune de ses apparitions promet un déluge de violence et de perversion. Avec son visage balafré, ses cheveux blond platine et la folie permanente qu'il exprime à travers des jeux toujours plus dangereux (auto-mutilations, tortures, etc...) il personnifie à lui seul la vision que semble avoir le cinéaste d'un Japon moderne et décadent.
Autre personnage pittoresque, le fameux Ichi (le tueur du titre). D'abord petit homme insignifiant et témoin des maltraitances subies par une jeune prostituée, il se transforme la nuit en tueur grotesque mais efficace et va un soir, tel un super héros de manga, sauver la jeune femme avant de malencontreusement la tuer d'un coup de "botte secrète" poussant encore plus loin son image de défenseur de la veuve et de l'orphelin totalement à coté de la plaque.
Ichi et Kakihara finiront pas se rencontrer dans une joute à mort qui ne sera pas sans rappeler certains duels au pistolet vus dans de nombreux western, chacun usant de son arme de prédilection. Lame affûtée camouflée à l'intérieur de la semelle du pied gauche pour le premier, aiguilles effilées pour le second.

Takashi Miike filme tout cela avec une joie communicative passant ainsi de l'humour à l'horreur et tout ceci de façon pourtant très homogène. Quelques scènes languissantes tempèrent parfois l'énergie débordante du cinéaste sans doute parfois trop exubérant. Même si Miike n'a rien à voir avec le Jodorowski de la période El Topo les délires visuels se succèdent souvent à un rythme d'enfer, ce qui donnera sans doute le tournis aux non avertis. Et même peut-être la nausée à beaucoup qui ne verront dans cette pellicule qu'une succession d'atrocités sans queue ni tête et parfaitement indigestes. Pourtant, avouons-le, Miike, avec son style particulier qui fait indéniablement penser à un travail amateur, possède l'aura des plus grands pourvoyeurs d'étrangetés cinématographiques et peut être déjà considéré comme un cinéaste culte.



Visitor Q:


Avec "Bijitā Q", Takashi Miike nous offre sa vision toute personnelle de l'amour, qu'il soit familial, sentimental ou encore physique. Un film qui provoquera sans aucun doute possible l'enthousiasme des anticonformistes de tous poils comme le rejet prévisible et définitif des biens pensants. Film tourné seulement deux ans après "Audition", autre film braque dans lequel un homme dont la femme vient de décéder assiste au casting qui lui permettra de trouver celle qui remplacera sa bien aimée disparue et qui tombera entre les griffes d'une jolie jeune femme aux penchants S.M particulièrement hard et la même année que "Koroshiya 1", film de Yakuzis totalement absurde et déjanté , "Bijitā Q" n'est pas le film de commande qu'il semble être ni une production à petit budget qu'une vidéo numérique tournée à l'épaule pousse à ranger aux cotés d'innombrables navets tournés avec deux francs six sous. Il est difficile de croire pourtant que le film reflète de manière réaliste la vie d'une famille japonaise moyenne tant la caricature semble grossière et parfaitement fantaisiste. 

La famille Yamazaki, (dé)composée du père, de la mère et de leurs deux enfants vit dans une de ces nombreuses maisons traditionnelles japonaises qui font l'un des charmes du pays. Dès le départ on constate un goût démesuré chez le réalisateur pour les situations les plus abracadabrantes et subversives lorsque par exemple il fait de la jeune Miki Yamazaki une prostituée des bas quartiers qui contre une certaine somme d'argent accepte d'avoir son père comme client. Un père que l'on déteste donc très vite puisqu'il semble n'avoir pour sa famille qu'un profond mépris puisqu'afin de tourner LE reportage qui lui permettra de lancer sa carrière de journaliste, il n'hésite pas un instant à filmer les maltraitances dont est victime son fils auprès de ses camarades de classe sans jamais lui venir en aide. Un fils qui semble prendre un malin plaisir à reporter toute sa haine sur sa mère puisqu'il la bat régulièrement. A l'image du père, le fils est parfaitement détestable dans son comportement même si sa condition de souffre-douleur essaie tant bien que mal de nous faire avaler la pilule.
La mère elle, tout comme sa fille, se prostitue afin de se pourvoir en came. Elle est, dans cette famille atypique, la seule à avoir un semblant d'âme et d'ailleurs, plus loin dans le film, au contact du fameux Bijitā Q dont finalement nous n'apprendront rien mais qui fera le ménage en grand dans la famille Yamazaki, elle finira par nous émouvoir........de façon relative malgré tout.

"Bijitā Q" qui déjà semblait aller très (trop?) loin dans le trash et la provocation mettra un coup d'accélérateur dans l'existence de nos personnages voyant le spectateur halluciner à chaque plan devant un tel étalage d'horreurs. La mère se découvrira une passion démesurée pour le lait maternelle, le sien,et, debout au beau milieu de la cuisine et vêtue de sacs poubelle, elle pressera ses "mamelles" pour en extraire le divin breuvage et finira presque noyée sous des litres et des litres de fluide lacté. Le père lui, finira par devenir fou et, toujours à la recherche du scoop, il tuera par accident son ancienne maîtresse croisée par hasard sur une route puis emportera son cadavre chez lui afin de pratiquer dessus de bien inavouables méfaits. Et des délires tels que ceux-ci, le film en possède à la pelle. On ne pourra pas reprocher à Takashi Miike de manquer d'imagination mais sans doute d'être franchement graveleux lorsqu'il aborde des sujets aussi divers que la nécrophilie ou l'inceste...

Nouveau roi du trash asiatique et même mondial, Takashi Miike avec des films tels que "Bijitā Q" ou encore "Koroshiya 1" donne un sacré coup de vieux aux spécialistes du genre, John Waters en tête.

lundi 2 juillet 2012

Le Slasher...



Qu'est-ce qu'un slasher?

Le slasher est une œuvre cinématographique dont l'interprète principal est payé pour toujours sortir du cadre de l'objectif. Il est rare que l'on découvre son identité avant la toute fin du film et les seuls éléments visibles à l'écran qui nous rappellent qu'il s'agit bien d'un homme, c'est la paire de chaussures usées qu'il porte aux pieds et sa main droite qu'il accompagne toujours d'une arme dont les origines peuvent être diverses. Aussi bien cuisinier, que jardinier ou bricoleur, tout ustensile qu'il traine avec lui devient un objet contondant. Pas spécialement futé (quoique), il a pour habitude de trucider de jeunes et beaux adolescents dont le principal loisir est de copuler un peu n'importe où. De ces derniers, il est nécessaire d'en faire des victimes peu évoluées. Portées sur le sexe, l'alcool ou la drogue, les scénaristes décident toujours d'éviter que le spectateur ne s'attache aux victimes en réduisant leur temps d'exposition à l'écran. Les raisons pour lesquelles le tueur assassine aussi froidement des personnes qui pourtant n'ont jamais eu le moindre mauvais geste envers lui restent souvent floues. Voire succinctes. De manière générale, il est épris de vengeance et extermine tous ceux qui se mettent sur son chemin.


L'une des caractéristiques parmi les plus étonnantes chez cet être profondément malade, c'est la résistance physique dont il fait preuve dès lors que l'une de ses victimes ose se défendre. Il est capable d'encaisser des chutes de plusieurs mètres. Il résiste sans mal aux coups de haches, de couteaux ou d'aiguille à tricoter. Certains d'entre eux sont même en mesure de revenir d'entre les morts après avoir été soigneusement réduits à l'état de pantins désarticulés.
Le tueur du slasher possède une endurance exceptionnelle. Et même bien au delà, il est capable de rattraper un adolescent en fuite qui court à perdre haleine et cela, simplement en marchant. A croire qu'il est en possession d'un pouvoir extraordinaire: la téléportation ! Quelques-uns ont malgré leur pédigrée, réussi à entrer dans la légende du cinéma d'horreur. Ce qui tend à prouver que même dans la fiction, il est des métiers qui ne requièrent pas une once d'intelligence, d'instruction ou de culture.
Rarement gâté par la nature, il a souvent le bon sens de cacher son visage derrière un masque. Une manière sans doute d'approcher ses victimes pour ne pas les effrayer avant de les tuer.
Aujourd'hui, il est rare que l'on s'effraie lorsqu'il apparaît sur la toile blanche. Cet évident soucis provient sans doute du fait qu'il est désormais un peu trop représenté au cinéma. On le voit même forniquer avec la comédie. 
 


Les origines du slasher (de 1971 à 1989):


Considéré comme le plus ancien des slashers "Black Christmas" date de l'année 1974. Et pourtant, il suffit de retourner un peu plus loin dans le passé pour trouver une œuvre dont les codes ressemblent beaucoup à ceux du genre qui nous intéresse ici. Maître incontesté du genre Giallo (films policiers horrifiques teintés d'érotisme et dont son compatriote Dario Argento est aussi l'un des grands pourvoyeurs), Mario Bava fut l'auteur d'une "Baie Sanglante" en 1971 dont semblent s'être inspirés les responsables du classique "Vendredi 13" (ce dernier allant jusqu'à piller quelques idées de meurtres du film de Bava). Si dans sa dernière partie le film ressemble à un défouloir assez violent, les cinq ou six premiers meurtres sont exécutés de manière anonymes et sur un rythme étonnamment plus vif que celui que nous infligeront la majorité des slashers à venir. Sept ans plus tard, en 1978, c'est John Carpenter qui s'y colle avec son très célèbre "Halloween". Considéré comme l'un des grands classiques du genre, c'est lui qui impose définitivement les codes à retenir. L'année suivante, David Schmoeller réalise un étonnant "Tourist Trap". Si la principale différence entre son film et la majorité des autres slashers est le pouvoir de télékinésie dont est doté son tueur, l'œuvre fait bien partie du genre. En 1981, le producteur Sean S. Cunningham ("La Dernière Maison Sur La Gauche") scénarise et réalise l'un des plus slashers les plus connus des amateurs et même de ceux qui ne s'en sont pas fait a spécialité: "Vendredi 13". Une œuvre qui connut un nombre incalculable de suites plus ou moins (surtout moins!) réussies. Les années quatre-vingt vont beaucoup inspirer les scénaristes. A moins qu'il ne s'agisse de l'inverse au vu de la relative faiblesse et de la redondance des scénarios proposés. "Le Monstre Du Train" de Roger Spottiswoode, "Le Bal De L'horreur" de Paul Lynch et "Pyromaniac" de Joseph Ellison rien que pour l'année 1980. Durant cette décennie, les classiques de Carpenter et de Cunningham voient naître leurs premiers rejetons.


Le genre, très vite, tourne en rond et finit par se mordre la queue. Fort heureusement, parmi la foule de films proposés, il en est, il est vrai assez rares, qui parviennent à tirer leur épingle du jeu. Mais c'est sans doute davantage grâce à leurs effets-spéciaux réussis qu'à leur scénario. Deux films vont vraiment marquer les esprits. Peut-être même plus encore que les classiques reconnus. Il s'agit de "The Burning" de Tony Maylam et de "The Prowler" de Joseph Zito. La présence de Tom Savini au générique n'est sans doute pas étrangère à la qualité de ces deux œuvres comptant parmi celles qu'il faut absolument avoir vu si l'on veut se pencher sur le genre slasher. S'il fallait d'ailleurs n'en retenir qu'un, le second serait sans doute celui-ci.
Si une grande majorité des slashers nous vient des États-Unis, on découvre parfois avec bonheur de petites productions venues d'ailleurs fort sympathiques comme l'excellent "Bloody Bird" de Michele Soavi en 1987 dans lequel le tueur porte un immense masque d'oiseau. L'auteur du cultissime (et très glauque) "Maniac" William Lustig reprend la caméra pour nous proposer un gentillet (mais efficace) "Maniac Cop" en 1988 avec un flic pour assassin !!! "Douce Nuit, Sanglante Nuit: Coma" fait comme ses ainés et embauche une nouvelle fois le Père Noël pour une série de massacres en 1989.


De la suite... sans les idées (de 1990 à nos jours):



Lorsque les années quatre-vingt dix démarrent, "Vendredi 13" en est déjà à son septième chapitre et "Halloween" repart pour un cinquième volet. Durant cette décennie, beaucoup de slashers médiocres vont voir le jour. Beaucoup de suites également. Wes Craven donne naissance au premier "Scream" en 1996 et Jim Gillespie au premier "Souviens-Toi L'Été Dernier" deux tentatives jugées réussies mais cela demeure une histoire de goût.
Les années 2000 vont voir éclore beaucoup de remakes. Les "Vendredi 13", "Halloween", "Meurtres A La Saint Valentin" et même "Black Christmas" vont être remis au goût du jour avec plus ou moins de bonheur. En France, on préfère se pencher du coté du survival mais dans le courant de l'année 2012 devrait sortir "Dans La Forêt" de Pascal-Alex Vincent, l'une des rares incursions dans le genre...
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