Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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lundi 27 février 2012

Bertrand Blier en 2 films: Calmos (1976), Buffet Froid (1979)



Calmos:

En plein mouvement féministe, Paul et Albert décident d'abandonner femmes et enfants. Alors que la gentes féminine appelle à un désir de reconnaissance et d'égalité, les deux hommes eux ne demandent rien d'autre que de vivre selon leurs envies. Paul tout d'abord, Gynécologue, n'en peut plus de voir s'allonger sur le siège dédié aux consultations, des femmes dénudées, cuisses ouvertes, attendant qu'il vienne les exciter à l'aide de ses doigts gantés...Alors que l'une d'entre elles attends patiemment allongée les jambes écartées, Paul, assis derrière son bureau, se prépare un gargantuesque sandwich. Il tombe nez à nez avec cette vision peu ragoûtante d'un sexe usé par les années et qui semble l'inviter à l'ausculter d'un œil mort. Laissant tomber blouse blanche et patiente, il s'échappe du cabinet pour retrouver le bitume, respirant un bon coup l'air de la ville. Maintenant qu'il à fuit ses responsabilités, une femme l'approche pour lui demander un service. Il se fait un devoir de l'envoyer chier avant de croiser la route d'Albert.

Ce dernier,
lui-même, n'en peut plus de la gente féminine. Sa femme fait déjà partie du passé mais il en a tout de même gardé un souvenir de valeur pécuniaire : Une forte somme d'argent. Paul et lui, tergiversent sur leur condition d'hommes et décident d'aller se réfugier à la campagne, loin de toute civilisation et surtout loin des femmes afin de vivre enfin pour eux seuls le genre d'activités propres aux hommes.

Ma
nger, encore et encore. Et dans des proportions hallucinantes, comme une cure de jouvence que Paul se fera un devoir de faire suivre à un Albert pas tout à fait encore sevré de sa femme. Les repas ressemblent très vite à du gavage d'autant plus que la nourriture y est riche, très riche même. On se fiche d'attraper cholestérol et diabète tant que l'on reste entre hommes et que l'entité féminine ne vient causer aucun désordre dans la vie paisible de nos deux hommes. Le pire, c'est que ça commence à se savoir et que derrière eux se rallient des dizaines, des centaines de leurs congénères qui fuient dans les campagnes les cruelles matrones en porte-jarretelles.

L'armée finit
toutefois par venir prêter main forte aux femmes en chaleur qui n'ont jamais autant regretté l'absence de leurs conjoints (maris et (ou) amants).Une armée (re)composée exclusivement par un "beau" sexe agressif et surentraîné. L'homme a de quoi se faire du soucis d'autant plus que depuis quelques temps il semble s'être ramolli. Une solution de repli tout à fait inattendue va le voir se réfugier à l'abri d'une "grotte-vagin" aux proportions inimaginables, comme un retour dans le ventre maternel.

 


Film à mille lieues des conventions,"Calmos" ressemble à celui d'un misogyne décidé à régler une bonne fois pour toute son compte à celle qui partage son existence depuis la nuit des temps. Halluciné, surréaliste, misogyne, guerrier, orgiaque, "calmos" l'est. Le film démarre de façon plutôt classique pour devenir au fur à mesure un délire presque totalement incontrôlé. Comique, dramatique, musical "calmos" l'est aussi. Les dialogues eux sont simplement irrésistibles comme à chaque fois la coutume chez Blier même si vers la moitié du film l'ennui s'installe. Mais même involontaire, ce petit passage à vide nous prépare à l'incroyable guerre que prépare la gentes féminine pour reconquérir son mâle. Certaines scènes ne peuvent avoir été pensées que sous certaines drogues telle celle ou les deux personnages principaux (interprétés par les géniaux Marielle et Rochefort) servent de cobayes sexuels à des myriades de femelles en manque de sexe qui les unes après les autres vont s'empaler sur les appendis en perpétuelle érection des deux hommes. La fin elle même fait figure de classique puisque pour échapper de manière définitive à leurs chasseresses Paul et Albert ne trouvent rien de mieux que d'escalader une falaise pour enfin se réfugier dans une grotte que l'on reconnaîtra sans mal comme étant un immense vagin...

Un film
dont le sujet fera peut-être encore malgré les années grincer les dents de certaines mais qui, il faut l'avouer, avec ses dialogues incisifs et son interprétation magistrale sera un véritable moment de détente, jouissif et incroyablement amusant.



Buffet Froid: 

Le film sort en 1979, et c'est, avant d'être un formidable nid d'acteurs tous plus savoureux les uns que les autres, un film aux textes somptueux, tous écrits de main de maître par le réalisateur et dialoguiste Bertrand Blier (fils de Bernard Blier décédé en 1989).Un film qui porte assez bien son nom ne serait-ce que pour l'aspect clinique de décors urbains qui tenteraient à faire croire que l'urbanisation engendre la solitude et par là même rapproche des êtres que tout semble séparer. Car dans toute leur antinomie, assassins et flics s'unissent dans cette joyeuse répétition d'une pièce de théâtre tragico-burlesque qui ne prendra fin que lorsque seul l'un d'entre eux aura réussi à se débarrasser des autres. Le ton est donné dès le départ et l'on devine que les quatre-vingt quinze minutes restantes vont se savourer comme autant de douches froides pour quiconque apprécie les dialogues fins et ciselés de Bertrand Blier.

Chaque rôle interprété donne lieu à un véritable florilège de mots plus incisifs et ironiques les uns que les autres. Le choix des acteurs y est certainement pour beaucoup. Depardieu, Serrault, Carmet, Blier (père), Jean Rougerie ou encore l'allumée Geneviève Page en veuve nymphomane sont réunis autour d'une histoire tout à fait loufoque dans laquelle un trio avance au grès de péripéties toutes plus ahurissantes les unes que les autres. Il faut voir comme Depardieu présente Carmet, l'assassin de sa femme, au flic Blier sans que ce dernier ne s'émeuve de la situation des deux hommes (il ne cherchera d'ailleurs pas à faire enfermer l'assassin derrière les barreaux). Carmet lui-même semble s'émouvoir de manière beaucoup plus convaincante que Depardieu quand survient le décès de la femme de ce dernier, lui-même proposant au meurtrier de faire comme lui et d'oublier cette dernière. Rougerie quand à lui, après avoir été le témoin d'un meurtre dans un couloir de métro et y ayant vu Depardieu en la personne de l'assassin, vient sonner chez ce dernier pour lui vanter ses qualité de tueur et lui proposer un contrat dans lequel il devra réutiliser son couteau. Un contrat que Depardieu s'empressera d'accepter jusqu'à ce qu'il réalise tout comme ses deux compagnons Carmet et Blier, que la cible visée n'est autre que Rougerie lui-même.


Et le film compte des dizaines de situations toutes aussi abracadabrantes les unes que les autres. Là ou Bertrand Blier semble maîtriser son sujet, c'est qu'à aucun moment le spectateur ne se perds dans le génial cerveau du dialoguiste qu'il est et chaque plan malgré son apparente incongruité, amène la scène suivante, et ceci jusqu'au générique de fin. A aucun moment le cinéaste ne nous perd dans des dérives scénaristiques compréhensible de lui seul.

On prends un immense plaisir à regarder mais surtout à écouter ces acteurs de talent se battre à coup de joutes verbales plus savoureuses les unes que les autres...Chacun d'entre eux joue de façon subtile un rôle à contre emploi alors que la profession exercée par chacun de leur personnage aurait dû les voir se comporter différemment. La machinerie semblant fonctionner parfaitement, On se surprends à y croire finalement...

Buffet froid se déguste comme un bon appétitif...entre amis....

jeudi 23 février 2012

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Henry Lee Lucas "Henry, Portrait Of A Serial Killer" de John McNaughton (1986)


 
De la fiction...

Henry tue. Sans distinction d'âge ou de sexe, il commet des meurtres de manière impulsive mais, de façon méthodique, il n'utilise jamais la même arme deux fois de suite afin de tromper la police qui ne peut ainsi faire aucun rapprochement entre chacun de ses crimes. Couteaux, armes à feu, cordes, tessons de bouteille ou bien encore téléviseurs sont les outils dont il use pour assouvir ses pulsions meurtrières. Il peut se révéler discipliné et suivre sa proie jusque chez elle en prenant soin de noter ses habitudes ou bien totalement spontané en tuant sur un simple coup de tête. S'il n'a pas d'objection à participer au massacre d'un couple et de leur enfant, l'inceste et la nécrophilie restent cependant des pratiques auxquelles il se refuse. Exerçant le métier d'exterminateur de cafards, Henry montre, lorsqu'il n'est pas pris d'une furie meurtrière, le visage d'un honnête citoyen.


Ottis Toole est l'ami de Henry. Les deux hommes vivent ensemble dans un taudis et ne partagent pas au départ le même goût pour le meurtre. C'est Henry qui initie Ottis à cette pratique. Ce dernier prend très vite goût au penchant morbide de son ami. Si Henry revêt le visage du tueur froid, Ottis pratique dorénavant le meurtre de manière ludique. Il y prends très vite goût. A tel point qu'il devient très vite esclave de cette nouvelle "passion". Contrairement à Henry, ce dernier n'oppose aucune espèce de résistance aux pires exactions. Frère de la jeune Becky, il tente à plusieurs reprises d'avoir des relations sexuelles avec elle. Mais Henry veille à ce que son ami n'aille pas jusqu'au bout de ses fantasmes et protège la jeune femme des pulsions de son frère ainé. 


L'arrivée de Becky dans la vie ambiguë de couple hors norme va détruire le peu d'homogénéité qui s'est jusqu'alors imposée entre les deux hommes. S'ils perpétuent ensemble un nombre croissant d'assassinats, il ne se ressemblent en revanche pratiquement pas. Ottis est pervers et sadique quand Henry lui ne fait que tenter de se "guérir" d'un passé traumatisant qu'il ne parvient pas à oublier.


Une amitié sincère nait entre Henry et Becky. On pense même qu'elle seule semble capable de le soigner de ses blessures mais c'est bien l'arrivée de la jeune femme qui va faire "exploser" le quotidien sordide des deux assassins.


"Henry, Portrait Of A Serial Killer" se traine depuis sa sortie en 1986, une sérieuse réputation de film violent, glauque et sanglant. Au regard de classiques tels que "Maniac" et "Schizophrenia" le film se révèle en réalité plutôt sobre. Le sang n'y coule pas tant que ça, et la violence y est plus souvent sous-jacente. Quand à l'aspect morbide, il est très certainement représenté par la seule scène véritablement "difficile" du film durant laquelle Henry et Ottis perpétuent un massacre dans la demeure d'un couple et de leur enfant. Filmée à l'aide d'une caméra amateur, la scène se révèle assurément d'un réalisme assez troublant. Comme les deux films précités ou bien encore l'excellent "Seul Contre Tous" de Gaspard Noé, John McNaughton privilégie le portrait d'un tueur en série plutôt qu'une enquête policière classique. On ne verra d'ailleurs jamais la police intervenir dans aucune d'entre elles. D'un point de vue horrifique, et si l'on zappe toute relation avec l'histoire véridique d'Henry Lee Lucas, le film peut se voir comme un pur film d'épouvante jouant sur une atmosphère quelque peu malsaine mais relativement avare en scène sanguinolentes. D'un point de vue dramatique, le film revêt par contre une apparence particulièrement dérangeante, surtout pour ceux qui s'attendraient à un biopic et surtout pas à un film d'horreur. L'image, l'interprétation et les décors témoignent d'un budget ridicule et c'est bien la mise en scène de John McNaughton et le jeu de Mickael Rooker qui font de "Henry, Portrait Of A Serial Killer" un classique instantané. 


Ce qui dérange dans ce film, c'est la complicité qui se crée entre le tueur et le spectateur, et volontairement mise en œuvre par le cinéaste. Mais peut-être aussi est-ce parce qu'au classique bestiaire fantastique, McNaughton a choisit de montrer le visage d'un vrai monstre et des conséquences qu'ont pu avoir sur lui son enfance et le monde qui l'entoure. L'un des aspects les plus terrifiants du film est le détachement avec lequel Henry et Ottis perpétuent leurs crimes. La ville des états-Unis dans laquelle se situe l'action sert de bac à sable à un binôme de monstres dont les mobiles sont bien différents. Henry se révèle beaucoup moins abjecte que son confrère et même si l'on ne peut à aucun moment légitimer ses actes, on peut malgré tout les comprendre. Ce qui n'est pas le cas d'Ottis qui tue dans l'unique but de s'offrir un moment de pur plaisir orgasmique que pas même une relation sexuelle normale ne semble pouvoir remplacer. C'est en partie ce qui mettra un terme à leur relation, les deux hommes n'ayant objectivement pas grand chose en commun...



… à la réalité.

Si le film marque les esprits, il n'est cependant rien en comparaison de l'histoire dont s'est inspiré John McNaughton. Celle de l'un des plus grands tueurs en série de tous les temps. Petit, Henry fut victime de la perversité de sa mère. Cette dernière obligeait son fils à se vêtir de vêtements féminins et le contraignait à assister à ses ébats de prostituée. Le père d'Henry perdit ses deux jambes sur une voie ferrée et mourut de froid une nuit d'hiver alors qu'il se trainait jusque devant la demeure familiale dont sa femme lui refusait l'accès. On suppose qu'Henry aurait perpétré son premier meurtre à l'age de quatorze ans mais ce qui est certain, c'est qu'il tua sa mère alors qu'il n'en n'avait que vingt-quatre. Condamné à plus de vingt ans de prison, il est libéré après dix ans de réclusion et fait bientôt la connaissance d'Ottis Toole qui deviendra son complice et son amant. Si Becky a bien existé, elle n'a jamais été la soeur d'Ottis mais sa nièce. Henry alla jusqu'à l'enlever et la tuer. Le tueur fut condamné pour ce crime et avoua alors être l'auteur de plus de six-cents meurtres. Mythomane avéré, "seulement" deux-cents meurtres purent être authentifier alors que d'autres, ayant eu lieu le même jour mais dans des états bien trop éloignés les uns des autres pour être perpétrés par Lucas lui-même ne purent lui être incombé. Henry Lee Lucas mourut en prison à l'âge de soixante-cinq ans


Si le scénario se focalise avant tout sur le personnage de Henry Lee Lucas, le pedigree de son véritable complice Ottis Toole a de quoi faire frémir. S'il a commis bien moins de meurtres que son acolyte, c'est l'image de cannibale et de pyromane qui retiennent l'attention. Violé par son père ainsi que par son beau-père, sa sœur l'oblige à se prostituer et sa grand-mère le familiarise avec le satanisme. Ensemble, ils participent à des sacrifices d'animaux et à des profanations de cadavres que sa grand-mère exhume dans des cimetières. Comme Henry, il tue pour la première fois à l'age de quatorze ans et pratique l'anthropophagie sur sa victime. C'est sa rencontre avec Henry Lee Lucas qui va accentuer son goût pour le meurtre. Il tuera à six reprise mais ira jusqu'à confesser plus d'une centaine de meurtres. Tout comme Henry, sa peine de mort fut commuée en prison à vie. Il mourut lui-même en prison du sida à l'age de quarante-neuf ans.

mercredi 22 février 2012

Den Brysomme Mannen de Jens Lien (2006)



Dans une station de métro, un jeune couple s'embrasse copieusement. Il n'y a sur le quai personne d'autre qu'eux et Andréas, un homme en sueur d'une trentaine d'années, est visiblement inquiet. Lorsque devant lui une rame se présente, il ne trouve rien de mieux que de se jeter sur les rails.
En un temps indéterminé, un car stoppe sa route au beau milieu d'un désert près d'une station-service. A l'intérieur, un seul passager. Andréas. Alors qu'il pose le pied au sol, le véhicule qui l'a emmené jusqu'ici fait demi-tour et repars au loin. Accrochée au sommet de la station service, une pancarte souhaite la bienvenue à Andréas, visiblement attendu par le propriétaire des lieux qui l'emmène dans l'instant qui suit vers la ville la plus proche. Lorsque Andréas demande vers quel endroit file la voiture, le chauffeur lui répond "chez vous".
Arrivés en ville, l'homme qui conduit le véhicule s'arrête devant l'entrée d'un immeuble, donne un numéro de chambre à Andréas, un jeu de clés ainsi que l'adresse de son lieu de travail. Lorsque Andréas veut en savoir davantage sur ce dernier, l'homme lui répond qu'il est le comptable d'un constructeur en ville.



Andréas a donc un logement, un travail et même, il va le découvrir bientôt, une femme. Mais tout ceci n'a pas l'air de le perturber le moins du monde. Pas même l'étrange comportement des habitants. Comme ces passants qui marchent au beau milieu d'un trottoir sans même prêter attention à l'homme empalé sur la grille de l'immeuble d'Andréas, les tripes à l'air et dégoulinant de sang. Comme les collègues de bureau du nouveau venu qui ne semblent pas réagir face à l'accident qui vient de lui couter un doigt. Ou bien encore ces hommes qu'il croise dans les toilettes publiques d'un bar et qui malgré une grosse consommation d'alcool sont toujours lucides. Un alcool qu'Andréas soupçonne d'être coupé avec de l'eau malgré l'avis contradictoire d'un type assis contre un mur, le veston taché de vomi.

Mais il y a plus étrange encore. Alors qu'il rentre chez lui plus tard dans la journée, Andréas constate avec étonnement qu'il a récupéré le doigt qu'il a perdu plus tôt au travail. Il retourne dès le lendemain là où le car l'a arrêté l'avant veille. Ce dernier d'ailleurs passe justement à ce moment là et Andréas décide alors de le suivre à bord de sa voiture mais perd malheureusement sa trace au bout d'un certain temps.
Andréas ne connait aucune pression au travail. Aujourd'hui, ceux qu'il croise sont attentionnés, son patron est soucieux de son confort et ses collègues les plus proches n'hésitent pas à l'inviter à diner chez eux le soir même. Contrairement aux premières impressions, Andréas montre une certaine aisance durant le repas et va même charmer une jeune femme prénommée Anne et avec laquelle il va bientôt entretenir une relation amoureuse...



Est-ce l'enfer, le paradis ou bien un monde parallèle auquel est confronté le personnage principal de cette œuvre un brin surréaliste qu'est "Den Brysomme Mannen"? Certainement un peu des trois. Un paradis pour ceux qui aiment vivre sans prise de risque dans un univers aseptisé ou tout est formaté. Puisque les habitants de cette ville ne semblent connaître que cette existence sans odeurs, gouts, couleurs ni encore moins enfants et qu'ils s'en contentent allègrement, pourquoi vouloir changer leurs habitudes. C'est ce que tente pourtant de comprendre malgré tout Andréas (l'épatant Trond Fausa Aurvag, sorte d'avatar norvégien de Roberto Benigni) en élargissant la fissure trouvée dans l'un des murs de la cave de son immeuble. Un trou derrière lequel on entend une jolie mélodie mais surtout derrière lequel une odeur est enfin perceptible. Dans ce monde où croiser un cadavre dans la rue semble normal, où être licencié après avoir émis l'idée simple de désirer croiser des enfants ne révolte personne, où perdre un doigt dans un geyser de sang ne choque pas davantage, Andréas va trouver l'amour. Un petit coin de paradis pour cet homme qui va prendre fin un soir, dans le restaurant qu'il a entièrement réservé pour lui et celle qu'il aime. Lorsqu'il comprendra qu'il n'est pas le seul dans le cœur de cette jolie jeune femme et qu'il n'a pas plus d'importance à ses yeux qu'aucun autre de ses amants, il partira se jeter sous les roues d'une rame de métro. De coeur, on peut aussi se demander si cette jeune amante en a un. Comme tous les autres personnages qui décidément ne semblent ressentir pas le moindre sentiment. A par peut-être cet homme apeuré qui se cache dans la cave de l'immeuble d'Andréas et qui vit à travers ce simple trou pratiqué dans le mur.

 
Finalement, cet univers est bien un enfer pour quiconque aime la vie. La vraie vie. Celle que l'on connait avec ses couleurs, ses émotions, l'amour et l'amitié. Ses contradictions et pas le conformisme général que dégage cette cité qui englue les hommes dans leur morne existence. Tout y est gris, triste, vide et effroyablement froid. Et cela se fait ressentir davantage lorsque vers la fin Andras parvient à mettre littéralement une main au delà de l'univers qu'il partage désormais avec ses congénères. La partition musicale de Ginge Anvik est magnifique, la photographie de John Christian Rosenlund dépouillée et à l'image de ce que l'on a l'habitude de voir dans ce cinéma venu du froid. La mise en scène de Jens Lien est subtile et permet d'acceder facilement, après un léger temps de réflexion, aux idées véhiculées par le brillant scénario de Per Schreiner. De par certains aspects, je crois pouvoir dire que le film se rapproche d'une autre œuvre superbe . Le "Pleasantville" de Gary Ross véhicule en effet le même désir d'ouverture pour un monde que ses habitants croient fermement être parfait. Si ce dernier se termine de manière fort optimisme, il n'en n'est pas de même pour "Den Brysomme Mannen" qui lui se clôt sur le renvoi d'un "homme qui dérange" vers un monde peut-être davantage cauchemardesque que celui dont il vient d'être renvoyé...


mardi 14 février 2012

Amenabar en 3 films: Tesis (1996), Abre Los Ojos (1997), Mar Adentro (2004)



Tesis:

Alejandro Amenabar s'exprime sur le délicat sujet des snuff movies. Un sujet rarement abordé au cinéma. Une certaine fascination s'exerce chez les curieux de tous poils pour ces films illégaux montrant sans tabous tortures, viols et autres meurtres réels filmés en longs plans séquences. D'ailleurs, imprégnés que nous sommes à la vision de ce film d'origine espagnole, on se demande si les micro-scènes qui nous sont proposées et qui sont censées être de véritables séances de tortures ne sont pas finalement véridiques. Certains cinéastes italiens, dans les années 70-80 se vantaient de l'insertion de plans réels dans leurs productions horrifiques tel le "Cannibal Holocaust" de Ruggero Deodato et son atroce carnage final, légitimant ainsi la gratuité de certaines scènes. En fait de réalisme, seuls certains plans construits autour d'un certain nombre de "stock-shots" (inserts d'images "empruntés" à divers documentaires, films ou autres qui n'ont aucun rapport avec le film en lui-même) sont véridiques.

Fort heureusement, le film d'Alejandro Amenabar n'use d'aucun artifice tape à l'œil et nous embarque dans une enquête passionnante et virevoltante sur l'univers de ces films underground. Une enquête qui mène son héroïne jusque sur les traces d'une organisation secrète (dont on ne saura finalement pas grand-chose) spécialisée dans le tournage de snuff movies.

Angela, jeune étudiante en cinéma prépare sa thèse sur la violence dans le septième art et dans le milieu télévisuel. Le professeur Figueroa qui l'aide dans son projet tombe un jour sur une vidéo cachée dans la salle des archives audiovisuelles et est retrouvé mort dans la salle de projection de l'université dans laquelle il a visionné la cassette par Angela qui s'empresse de mettre la main sur l'objet pour aller le visionner chez son nouvel ami Chema, sorte de grunge vivant dans un univers torturé et grand adorateur de vidéos pornographiques et violentes. Ce qu'ils découvrent ensemble dépasse de loin leurs espérances et provoque chez Angela un sentiment de malaise. Sur la vidéo, filmée en un long plan séquence, on assiste éberlués à une longue séance de torture dans laquelle un homme masqué s'acharne sur une pauvre jeune fille attachée à une chaise et sans défenses. Une longue agonie qui nous est fort heureusement épargnée à part quelques rares plans qui laissent augurer de l'abominable contenu de la vidéo.

Chema connaît cette jeune femme. Il s'agit d'une ancienne étudiante disparue il y a deux ans et dont on ne sait pas ce qu'elle est devenue. Angela se met très vite en tête de découvrir qui est derrière cette affaire, laissant sa thèse un temps pour se consacrer à sa passionnante enquête. Elle fait la connaissance d'un jeune homme au comportement étrange, Bosco Herranz, fiancé à une certaine Yolanda, jeune femme extrêmement jalouse, et qui semble ne pas être étranger à toute cette affaire. Angela vit de plus en plus mal cette situation alors que ses investigations la mènent à remettre en question l'intérêt de se lancer corps et âme dans la perspective d'une découverte effroyable. Le professeur Figueroa mort, c'est un certain Jorge Castro qui prend la relève et qui propose à Angela de l'aider pour sa thèse. Un homme étrange qui semble s'intéresser de trop près aux agissements de la jeune femme. Chema, lui, essaie de tempérer l'engouement d'Angela, certainement parce qu'elle est la seule à l'apprécier et le comprendre et qu'il ne veut très probablement pas la perdre malgré son apparente absence d'intérêt pour elle...

Alejandro Amenabar joue avec ses personnages comme avec les spectateurs. Chacun agit de telle manière qu'on finit par ne plus savoir à qui faire confiance. Même Angela qui trahi un intérêt autre que celui de préparer sa thèse. Qui est derrière tout ça? Boscoe que tout porte à croire qu'il est l'instigateur unique de cette industrie effroyable ou encore Jorge Castro dont le comportement auprès d'Angela est plus que douteux? Et Chema, lui, n'a-t-il vraiment rien à se reprocher? La mise en scène nerveuse ne laisse pratiquement aucun moment de répit et les retournements de situations sont nombreux et deviennent même frénétiques vers la fin du film. Toutes les cinq minutes, on pense enfin savoir qui est responsable des atrocités perpétuées derrière la caméra pour se rendre compte l'instant d'après que l'on fait fausse route.....jusqu'au dénouement.

Il est amusant de constater que plus le fil de l'histoire progresse et plus l'image s'assombrit, plus l'ambiance devient pesante voire étouffante. La version originale donne un rythme soutenu aidé par des dialogues spontanés et qui vont droit au but. La réalisation ne souffre d'aucun temps mort, ce qui est assez exceptionnel pour un film long de presque deux heures et qui donne le vertige lorsqu'enfin on découvre le fin mot de toute l'histoire. L'Espagne prouve avec ce film (et tant d'autres) qu'elle est une nation capable de nous offrir de petits bijoux cinématographiques qui n'ont pas à rougir devant les productions américaines qui parfois s'avèrent terriblement fades...


Abre Los Ojos:

Enfermé dans la cellule d'un établissement psychiatrique, César s' xplique sur l'accusation de meurtre dont il fait l' objet. Le psychiatre Antonio est à ses cotés pour tenter de comprendre le cheminement qui  l'a mené à commettre ce crime.
César, avant de se retrouver enfermé, était un jeune homme charmant autant que charmeur. Il avait pour habitude de fréquenter les femmes une seule et unique fois. Une manière de conserver sa réputation de Don Juan. A l'aide d'Antonio il tente d'éclaircir l'affaire dont il fait l' objet en revenant sur les origines du problème.
Alors qu'il fête son anniversaire chez lui et que l'ambiance est à son comble, son meilleur ami sonne à la porte et lui présente Sofia, la jeune femme dont il est amoureux. Tout deux offrent à César un cadeau qu'il décide de n'ouvrir que le lendemain et va le ranger avec les autres dans sa chambre sur le lit de laquelle il trouve allongée une jeune femme, Nuria, avec laquelle il a déjà eu une relation. Cette dernière tente par tous les moyens de séduire César mais celui-ci préfère prendre la fuite et se réfugiant auprès de Sofia, lui demandant de bien vouloir l'aider à faire croire à Nuria qu'il sont ensemble. Voyant que celle-ci s'accroche, César attire Sofia dans une pièce voisine et s'enferme à l'intérieur avec elle. Le meilleur ami de César, Pelayo, visiblement enivré, prend très mal le fait de les découvrir tout les deux dans la pièce et préfère quitter la soirée. Après que Sofia lui ai proposé de le suivre, et après le refus de ce dernier, c'est César, voyant que rien ne semble pouvoir faire fuir Nuria qui guette le couple au loin, qui finit par quitter son propre appartement et raccompagner Sofia chez elle.
Le couple passe la nuit ensemble et César semble alors ressentir un véritable amour pour Sofia.

Le lendemain matin il la quitte pour rejoindre son véhicule au bas de l'immeuble. Alors qu'il s'apprête à monter dans sa voiture, une autre s'approche de la sienne et stoppe net à ses cotés. Au volant il reconnaît Nuria qui a passé la nuit à l'attendre et qui habilement réussi à le convaincre de monter dans sa voiture. Sur le chemin elle semble quelque peu troublée car César ne connait ni son adresse, ni son numéro de téléphone bien qu'ils aient eu une relation. Alors qu'elle lui demande ce qu'est le bonheur pour lui et s'il croit en Dieu ,elle appuie sur l'accélérateur dans un virage et fonce dans un ravin. Le véhicule finit encastré dans un mur de béton. Nuria meurt et César se retrouve plongé dans le coma, et affreusement défiguré...

Alejandro Amenabar n' est pas que le réalisateur du surestimé "Les autres". Il ne suffit pas d' y adjoindre une actrice célèbre (Nicole Kidman) pour en faire un film de la trempe de ses précédentes réalisations. Un an après le superbe mais néanmoins terrifiant "Tesis", Alejandro Amenabar revient avec "Abre los ojos", un thriller psychologique teinté de science-fiction. Ce qui saisit au terme de cette longue plongée dans les affres de l' esprit humain, c'est l'extraordinaire enchevêtrement d'événements qui mènent le héros vers une fin tragique. Loin de la linéarité de bon nombre d'œuvres, Amenabar construit la sienne comme les pièces d'un puzzle dont il ne délivre la solution qu'au terme d'une course qui voit un homme, César (Eduardo Noriega) perdre pied au fur et à mesure que la vérité éclate au grand jour. Complexe mais définitivement limpide, la mise en scène du cinéaste est en tout point remarquable. Aidé par un trio d'acteurs fabuleux, il nous emporte dans une danse macabre où se mêlent les sentiments les plus divers, allant de l'émotion purement sentimentale à l'effroi le plus saisissant. Plus qu'un simple thriller axé sur des retournements de situations s'enchaînant à un rythme d'enfer, "Abre los ojos" est aussi une formidable histoire d'amour. Car l'on comprends au terme d'un scénario alambiqué vers lequel tout l' attention se doit d' être à la cause, que César est non seulement l'outil d'une expérience fantastique qui tourne mal mais aussi la victime de ses propres tourments. Le désespoir d'avoir perdu celle qu'il aime au point de l'intégrer dans le rêve post-mortem dont il est sujet est une révélation absolument bouleversante dans la conclusion de ce film magistral.
Amenabar est un cinéaste complet. Autant scénariste que compositeur il traite son sujet avec une maîtrise remarquable. Eduardo Noriega est tantôt charmeur, tantôt bouleversant. Penélope Cruz est superbe quand Najwa Nimri est plutôt mystérieuse.

A savoir qu' un remake, "Vanilla Sky", a été tourné aux États-unis avec la toujours séduisante Penélope Cruz et Tom Cruise dans le rôle principal. Même sans l' avoir vu et même si Amenabar en est le scénariste, je ne vois pas comment, en donnant la responsabilité de la mise en scène à un autre, réussir à faire de ce remake, une œuvre aussi puissante que celle de l' espagnol.

"Abre los ojos", une œuvre au scénario puissant, complexe et enivrant, servi par des acteurs superbes et une mise en scène sans fausses notes. A voir absolument et si possible en version originale.


Mar Adentro:

Le film nous conte l'histoire véritable d'un homme devenu tétraplégique à la suite d'un stupide accident de plongée. Depuis plus de vingt-six ans il se bat pour le droit à l'euthanasie. Vingt-six ans à rester allongé dans le même lit. A ne contempler que l'image que lui offre l'unique fenêtre de sa chambre. A ne rêver que de s'envoler à travers elle tel un oiseau parcourant les prairies et les collines afin de rejoindre l'océan, cet espace de liberté qui il y a longtemps la rendu infirme. Son corps n'est aujourd'hui plus qu'une prison de laquelle il rêve de s'échapper. Mais pour Ramon n'existe qu'une échappatoire : La mort. Malgré l'amour et le soutien de sa famille, malgré la conviction de ses proches que la mort n'est pas l'unique exutoire au mal qui le ronge Ramon ne rêve que de ce jour où une main tendue vers lui l'aimera assez fort pour le délivrer de sa prison de chair.
Et cette personne, Ramon croit l'avoir trouvée en la personne de Julia. Jeune journaliste atteinte d'une légère infirmité et fragile du cœur, cette dernière met tout en œuvre pour que la justice reconnaisse au tétraplégique son droit à l'euthanasie. Le combat est rude. Ramon et son entourage doivent faire face au courroux de la justice et même à celui de l'église. Après avoir témoigné de sa condition dans une émission de télévision, Ramon reçoit la visite d'une jeune femme prénommée Rosa qui très vite semble vouloir prendre les choses en main au détriment de Manuella, sa sœur qui depuis toujours s'est occupée de son frère sans jamais broncher. Envahissante et au premier abord maladroite la jeune femme ne cesse de se convaincre qu'il existe une autre solution pour Ramon que celle de l'euthanasie. Pourtant, et malgré l'attachement flagrant de tout ceux qu'il va être mené à rencontrer, il continuera à vouloir en finir avec son existence.

Julia, qui est hébergée dans la demeure familiale le temps de produire un dossier suffisamment solide pour permettre à Ramon de gagner en justice son droit à l'euthanasie tombe un jour, et par l'entremise de sa sœur Manuella, sur des textes écrits de la main du malade et que ce dernier a fait promettre à sa sœur de brûler, chose qu'elle s'est toujours refusée de faire. Julia lit la totalité du manuscrit et avoue à Ramon que ce dernier est publiable. Entre ces deux êtres que l'infirmité rapproche de manière tout à fait inattendue vont naître des sentiments qui iront bien au delà de l'amitié. A tel point que la jeune femme se résoudra à promettre à Ramon que le jour où seront publiés ses textes, elle retournera le voir, avec en main le tout premier exemplaire du roman et que ce jour là, elle mettra un terme aux souffrances de celui qu'elle aime...


"Mar Adentro" joue sur la corde sensible en exploitant le filon de l'émotion pure sans jamais tomber dans le misérabilisme ni le larmoyant (quoiqu'on peut se laisser aller à quelques larmes). Le sujet n'est pas évident. Il rappelle étrangement "La vie de David Gale" qui lui traite du sujet de la peine de mort d'une manière toute aussi profonde et juste que l'euthanasie dans le film d'Amenabar. Ce qui surprend au premier abord, c'est la simplicité de la mise en scène. Elle force le respect. Même sans avoir jamais vécu une situation aussi dramatique il est aisé d'imaginer que chacun aborderait le comportement du frère, de la sœur ou même du beau-fils de Ramon de la même manière. Lorsque le frère engueule littéralement le tétraplégique, rappelant qu'il a tout sacrifié pour s' occuper de lui, la vérité nous éclate aux yeux quand aux véritables raisons de son emportement: L'amour d'un homme pour son frère que rien ni personne n'arrive à convaincre d'abandonner l'idée de mourir.

Amenabar nous prouve avec tout son talent que les silences et les regards sont tout aussi importants que les mots. On pardonne les égarements de certains, la fuite de Julia et l'entêtement de Rosa qui parfois confine à l'acharnement. Chaque personnage est campé par une actrice ou un acteur formidable de justesse. Quand à Javier Bardem, le génial tueur cynique du sublime "No Country For Old Men" des frères Coen, il est simplement bouleversant dans l'interprétation du rôle de Ramon. Toute en finesse et en justesse. Mais rien ne serait tout à fait pareil sans la superbe musique écrite par Alejandro Amenabar lui-même et qui traverse de sa splendeur le film de bout en bout.
Un TRÈS grand film.

vendredi 10 février 2012

Le Survival


Si le cinéma d'épouvante à engendré un certain nombre de sous-genres, le survival est probablement l'un de ceux qui connaissent actuellement un regain d'intérêt au cinéma. Lister la totalité d'entre eux est pratiquement impossible et c'est pourquoi j'ai choisi de parler de ceux qui à mon goût méritent d'être évoqués, qu'ils aient ou pas marqué le genre.



Le premier auquel je pense est "La Dernière Maison Sur La Gauche" (1972) de Wes Craven. Film longtemps considéré comme l'une des œuvres les plus malsaines de l'histoire du cinéma, il apparaît aujourd'hui assez sobre au regard d'autres, beaucoup plus graphiques tournés ces dernières années. Abordé de manière réaliste, il conte l'histoire de deux amies qui vont croiser la route d'une bande de malfrats qui vont leur faire subir tous les outrages. Humiliations, tortures morales et physiques, viols seront les méfaits dont elles seront les victimes. Entre les mains de leurs bourreaux, elles n'auront d'autre échappatoire que leur propre mort. Wes Craven choisit de punir les tortionnaires en les offrant en pâtures à des parents ivres de vengeance. Le film aujourd'hui encore, dérange. Mets mal à l'aise. Simplement parce que l'on assiste sans pouvoir intervenir à l'agonie de deux jeunes filles mais aussi parce que l'horreur à laquelle le cinéaste nous invite nous rappelle ces dizaines de fait-divers qui pullulent dans les journaux. Cinq ans plus tard Wes Craven récidive dans le genre avec un autre grand classique du genre, "La Colline a des yeux" (1977). Basé sur une vieille légende remaniée pour l'occasion, l'histoire raconte l'aventure tragique d'une famille décimée par une bande de dégénérés au cœur de collines arides, terrain de jeu propice aux pires exactions. Dans ce décor qui donne parfois le tournis, il n'y a pas d'échappatoire possible. Aucune autorité à des centaines de kilomètres alentours. Aucun point de replis à part l'insignifiante exiguïté d'une caravane. On en vient à se demander si tout ceux qui vivent dans les parages ne seraient pas atteints de dégénérescence mentale. Si le film est moins réaliste, il monte par contre d'un degré dans la sauvagerie. Les agresseurs nous apparaissent tant comme des bêtes que comme nos congénères que l'on se prend même à jouir de l'inévitable vengeance des rares rescapés lorsque son heure sonne enfin. Deux remakes ont été réalisés depuis avec des moyens beaucoup plus importants qu'à l'époque et ces derniers n'ont pas à, rougir devant la comparaison. Beaucoup plus glauques et graphiques, "La Colline A Des Yeux" version 2006 est cependant le seul a parvenir à faire oublier l'original.


Deux ans après "La Dernière..." et trois avant "La Colline...", Tobe Hooper tourne le monumental "Massacre A La Tronçonneuse". LA référence du genre. Sorte de road movie morbide, le film est vaguement basé sur les méfaits de l'un des plus étranges tueurs des États-Unis: Ed Gein. Un type qui aimait d'un peu trop près sa maman et qui tua à deux reprises avant de déterrer une trentaine de cadavres dans le cimetière de Plainfield afin de s'approprier son image. Ici aussi l'on assiste aux exactions d'une famille pas bien dans sa tête. Victimes du chômage et du progrès, les membres de la famille tronçonneuse n'ont trouvé de meilleur moyen à leurs besoins nutritifs que de se nourrir de viande humaine. Si le film possède une si sulfureuse réputation, ça n'est certainement pas pour la seule et unique scène où l'on voit la tronçonneuse entrer (par accident) en contact avec la chair, mais bien parce qu'il distille une atmosphère particulièrement malsaine grâce à une bande-son incroyable et à des décors stupéfiants. L'emblématique Leatherface (tronche de cuir) est depuis entré dans la légende du bestiaire horrifique. Tobe Hooper tourna une suite beaucoup moins sérieuse qui, si elle reste amusante à regarder n'arrive pas au niveau de son ainée. Deux autres films sont sortis sans jamais faire de l'ombre au classique de Hooper, quand au remake, il se révèle d'une très grande qualité. Ce qui n'est pas le cas de la pré-quelle qui a suivi et qui ne possède aucun atout si ce n'est l'aspect graphique. Depuis Hooper n'a pas fait grand chose d'attrayant en matière d'horreur si ce n'est " Le Crocodile De La Mort" sorti en même temps que "La Colline...", un autre survival se passant cette fois-ci dans un motel en plein marécage. Le titre français, pompeux, se réfère à la bête qui vit près du lieu dans lequel le propriétaire fou d'un motel trucide ses clients avant de s'en débarrasser en les jetant dans les eaux putrides du marécage. Une très bonne surprise, la dernière de la part de Tobe Hooper qui ne restera véritablement l'auteur que d'un seul grand classique du cinéma d'horreur.

Quelques-uns des grands noms du cinéma se sont essayé au genre avec un certain succès. A commencer par John Boorman ("Zardoz", "Excalibur") qui avec "Délivrance" (1972, la même année que "La Dernière...") signe un excellent film d'aventure. Quatre américains choisissent de faire du canoë le long d'une rivière de Géorgie. Mais plus que les dangers d'une nature hostile et loin de la vie paisible qu'ils connaissent au quotidien, ils vont devoir braver un danger bien plus terrible que celui d'une rivière bouillonnante. Et ce danger prend la forme de chasseurs autochtones qui vont faire payer à nos héros leur présence indésirable. Si dans une grande majorité des survival les bourreaux se contentent d'éliminer leurs proies sans autres formes de procès, tout comme dans "La Dernière Maison Sur La Gauche", les victimes sont sujettes à des souffrances morales et physiques. Le portrait qui est fait de la population vivant aux abords de ce lieu magnifique qui devient ensuite celui de la perdition, est saisissant et donne le frisson à quelques occasions. "Délivrance" est d'abord un drame humain et sorti du contexte horrifique du survival, il paraît peut-être plus horrible encore que ne le sera celui dont on n'attend finalement pas grande chose d'autre qu'une succession de scènes sanglantes.


Walter Hill lui-même ("Les Guerriers De La Nuit", "48 Heures") s'essaie au genre et obtient un très honorable résultat avec "Sans Retour". Lui aussi choisit un contexte dramatique, lorgnant vaguement vers le film de guerre (du moins, au tout début), pour plonger neuf soldats armés de balles à blanc (!) et qui vont être les proies de cajuns décidés à leur mener la vie dure après une mauvaise plaisanterie. Le décor aussi superbe qu'inquiétant des marécages de la Louisiane est le théâtre d'une chasse à l'homme qui ne laissera personne indifférent et n'octroiera la vie sauve qu'à deux des neufs soldats. Ici aussi le portrait des habitants du coin est saisissant. Jusqu'au bout on doute de chacun d'entre eux, même peut-être aussi de ces dizaines de villageois que rencontrent les derniers soldats lors d'une fête de village (la tension culmine lors du dernier quart d'heure). Le film se révèle assez éprouvant nerveusement. On accompagne les soldats avec le stupide espoir qu'ils vaincront leurs assaillants même sans vraiment y croire.

D'autres films se sont inspirés de ces deux dernières œuvres et même si elles ont du mal à nous faire oublier la luxuriante forêt de "Délivrance" ou l'inquiétant bayou de "Sans Retour", elles parviennent malgré tout à nous faire passer un agréable moment: "Survivance" de Jeff Liedberman (1981) et "Hunter's Blood" de Robert C. Hugues (1986). Contrairement aux autres, le premier confronte ses héros à un unique et dangereux maniaque. Jusque dans le titre le film s'inspire de celui de Boorman sans parvenir à l'égaler. On y croise George Kennedy, acteur connu pour avoir entre autre sauvé de nombreuses vies humaines dans la série de films catastrophe "Airport". Le film de Hugues, s'il n'est pas un chef-d'œuvre du genre, se laisse voir avec un plaisir certain. Certains des personnages sont campés par des acteurs bien connus comme Clu Gulager ou encore Ken Swofford. Le titre du film porte bien son nom car même s'il ne joue pas dans la catégorie "horreur", il possède malgré tout son comptant de scènes sanglantes.


La France aussi s'y est mise avec des films aussi divers que "Martyrs", "Frontière(s)" ou bien encore "Calvaire". Le principal soucis des œuvres venues de l'hexagone (précisément dans le genre qui nous intéresse ici) est le manque de crédibilité. Absente cette dernière fait passer la majorité de ces films pour de quelconques bandes horrifiques, rarement terrifiante et sans le moindre intérêt. Le premier a fait couler beaucoup d'encre. Trop même. Si bien que le film déçoit et ne vaut pas tout le tapage qui l'a auréolé. A se demander si ceux qui l'ont apprécié s'accoutument de préférence d’œuvres aux scénarios aussi minces qu'un ticket de métro et qui ne sont prétexte qu'à une accumulations de scènes d'horreur (il faut l'avouer, plutôt réussies) qui sonnent creux face à l'indigence de l'histoire. Le second se permet le luxe d'accumuler tous les poncifs du genre sans jamais parvenir à un résultat honorable. On frise même parfois le ridicule, notamment à travers certains personnage peu crédibles. Il faudra attendre "Calvaire", seul film qui sort du lot et véritable cauchemar sur pellicule. Fabrice Du Welz a compris qu'il ne suffisait pas de déverser des litres de sang mais plutôt d'aborder l'horreur sous un angle psychologique pour obtenir un résultat concret. Saisissant!

mercredi 8 février 2012

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Graham Young "Le Manuel D'Un Jeune Empoisonneur" de Benjamin Ross (1995)



De la fiction...

La vie des Young n'est pas des plus trépidante. Le père et la belle-mère passent leur temps devant les émissions musicales télévisées. La fille est avant tout préoccupée par son apparence et fréquente un type idiot. Graham, lui, est un adolescent un peu différent des autres. Il ne partage pas les jeux de ses camarades de classe, reste le plus souvent isolé dans sa chambre, ne fréquente personne en dehors de Mick auquel il va "emprunter" à sa manière la jeune et jolie Sue Buttler. Cette dernière va involontairement l'aider dans sa future démarche en lui procurant des livres interdits que le responsable de la bibliothèque de l'école lui a refusé. Graham est un élève qui s'intéresse principalement aux sciences et notamment celle qui touche aux poisons. Un jour qu'il se trouve en compagnie de son ami dans les sous-sol de l'école, il parcourt un livre et tombe sur un article consacré au sulfure d'antimoine, une substance réputée très instable et qui peut devenir un poison entre les mains de quiconque ne sait pas l'utiliser. D'après Newton cette matière peut même se transformer en un magnifique diamant. Graham commence donc à se construire un minuscule laboratoire sur le plancher de sa chambre mais alors qu'il tente l'expérience, le sulfure d'antimoine explose. Une tragédie pour le jeune homme. Mick et lui ayant l'habitude d'échanger leurs sandwiches, Graham en profite pour ajouter dans les siens un peu de la substance sur laquelle il travaille afin d'en observer les effets mais aussi pour avoir la main mise sur la jeune Sue qui a prévu deux rendez-vous le même vendredi soir avec chacun des garçons. Mick tombe subitement malade et Graham peut donc sortir avec Sue en toute quiétude. Leur relation ne dure que le temps d'un spectacle et un diner en tête à tête. Graham révulse la jeune femme en abordant les accidents, la mort et en lui montrant même la photo d'une infirmière les seins à l'air. A ce propos, lorsque la jeune femme quitte le restaurant, laissant planter là le jeune Graham, elle oublie la boite de chocolats qu'il lui a offerte. On imagine assez facilement ce que ces derniers peuvent contenir et penser que le jeune empoisonneur avait l'intention de faire de Sue, sa prochaine victime).

Comme c'est à chaque fois le cas chez les Young, c'est toujours Graham qui se prend une raclée à la moindre contrariété, surtout lorsque la belle-mère trouve dans la chambre de sa fille des revues pornos. Graham nie qu'elles lui appartiennent, suppose qu'elles puissent être au compagnon de sa sœur et jette même un regard soupçonneux vers son père qui, une fois n'est pas coutume, n'intervient pas. Le lendemain matin, le jeune homme se rend à la pharmacie et demande au propriétaire Mr Goez de lui procurer un tube de thalium dont il mélange le contenu avec les chocolats qu'il avait prévu d'offrir à Sue et les donne à sa belle-mère qui se gave et tombe subitement malade. Un soir, alors qu'il rentre de l'école, Graham apprend de la bouche de son père que sa belle-mère est à l'étage avec le docteur Scott. Connu pour être le petit scientifique de la famille, le médecin confie à Graham le soin de s'occuper du traitement de la malade. Dès lors, ce dernier mélange le thalium avec le médicament de sa belle-mère et s'emploie avec minutie à l'empoisonner à petite dose et noter sur un carnet et jour après jour, l'évolution du mal... Pour se retrouver seul avec sa belle-mère et ne pas avoir à supporter la présence de sa sœur et l'envoyer à l'hôpital, il ajoute aux gouttes pour les yeux qu'elle utilise, un acide qui lui brûle la cornée de l'œil. La belle-mère de Graham dépérit, jusqu'à ne plus ressembler qu'à l'ombre d'elle-même. Elle maigrit, perd ses cheveux autant que la tête. Et Graham continue, froidement à examiner les effets du poison qu'il lui donne quotidiennement. Jusqu'au jour où elle meure. Ensuite, c'est le père de Graham qui souffre des mêmes symptômes. Son fils lui propose de faire appel au docteur Scott mais il refuse. C'est après avoir fait des examens que son fils est découvert. Ma dosé, le poison a laissé des traces. Graham est enfermé dans un institut psychiatrique où il sera le sujet d'un traitement mené par le nouveau psychiatre, le docteur Zeigler.


Basé sur l'étude des rêves, ce remède pose un sérieux problème à Graham puisque ce dernier n'en fait jamais. C'est ainsi qu'il "vole" ceux de son compagnon de chambre Berridge et parvient à se faire accepter comme patient direct du docteur Zeigler. Graham lui raconte ses toutes premières tentatives pour obtenir du sulfure d'antimoine, un diamant. Expérience qui s'est soldée par un échec et que le docteur croit être responsable de tout ce qui a suivi. En voulant créer quelque chose de beau, Graham se serait par défaut lancer dans une entreprise beaucoup moins reluisante. Lorsque Berridge meure pendu, Graham n'a plus matière à rester en contact avec le docteur qui choisi d'arrêter là leur collaboration. Mais alors que tout semble terminé, Graham fait pour la première fois un rêve dans lequel lui apparaît ce fameux diamant qu'il a si longtemps fantasmé. Lorsqu'il en parle avec le docteur Zeigler, ce dernier lui propose de l'aider à retenter l'expérience qui l'a mené à devenir un dangereux empoisonneur.

A ce moment précis du film, on ne sait plus si Graham (Hugh O'Conor) exprime enfin une émotion réelle lorsque l'expérience marche ou s'il la feint dans l'espoir d'être libéré. La principale différence entre le film de Benjamin Ross s'exprime ici, lors du second tiers du film. Le personnage du film use de son temps pour apprendre différents métiers mais aussi et surtout pour tenter d'échapper à l'emprisonnement. Si à la fin le docteur Zeigler lui confie la tache de s'occuper du petit jardin dévolu aux plantes médicinales, le jeune homme n'en n'use jamais à de sombres fins contrairement au véritable empoisonneur qui testa les effets de poisons sur ses codétenus. Par certains aspects, mais dans une moindre mesure, cette partie là du film fait parfois penser au "Clockwork Orange" de Stanley Kubrick.

Graham rentre ensuite dans le rang, est libéré, retourne vivre chez sa sœur mais l'expérience est mal vécue par tout le monde et Graham part s'installer dans une chambre d'hôtel. Il est employé dans une usine qui fabrique des lentilles pour appareils-photos mais lorsque l'un de ses collègues lui parle d'un projet de caméra filmant six-mille images par secondes, ce dernier lui montre l'un des éléments essentiels à la bonne tenue des bobines: le thalium. Enfermé dans une armoire, ce dernier va servir pour de nouvelles expériences à Graham qui, après une déconvenue, choisit comme sujets ses nouveaux collègues de travail.



On le sait très vite, l'empoisonneur est incapable d'échapper à ses pulsions. Si au départ, c'est le comportement de sa belle-mère, de sa sœur et de son père envers lui qui le pousse à se servir d'eux comme cobayes, c'est également parce que certains de ses collègues maintiennent une certaine distance qu'il deviennent à leur tour les victimes de ses horribles expériences. Le véritable empoisonneur était connu pour être un personnage particulièrement froid, ce que tente d'exprimer le visage de Hugh O'Conor qui y parvient mais sans jamais égaler la profonde noirceur de celui du vrai tueur. Le film peut se lire comme une satire sur le milieu familial, psychiatrique et professionnel d'un petit bourg d'Angleterre. Benjamin Ross privilégie l'humour noir au dépend du drame même si certaines scènes sont visuellement éprouvantes (la scène de la belle-mère durant laquelle elle perd ses cheveux). Le film donne même parfois la nausée surtout lorsque l'on voit avec quel soucis Graham questionne puis note dans son carnet l'évolution du mal, s'énervant même lorsqu'il ne parvient pas à obtenir les informations nécessaires à ses recherches. Plus que le portrait d'un tueur, "Le Manuel D'Un Jeune Empoisonneur" est une excellente comédie dramatique réalisée en 1995 par Benjamin Ross. On on notera l'excellente partition musicale et notamment l'ouverture de "Musique Pour Les Funérailles De La Reine Mary", un joyau...


...à la réalité

Graham Young nait le 7 septembre 1947 et meure le 1er Aout 1990 à l'âge de 42 ans. Souvent taxé de tueur en série, il s'agit plutôt d'un "empoisonneur en série" puisqu'il n'a tué qu'à une seule reprise en 1962 et qu'un tueur en série ne peut être appelé ainsi qu'après avoir fait au moins trois victimes. Les poisons le fascinent très vite. Dès l'âge de quatorze ans, il en teste certains sur un ami à lui ainsi que sur les membres de sa famille, ce qui provoquera la mort de sa belle-mère Molly. Certainement tès intelligent, il arriva cependant à Graham d'oublier dans quel aliment en particulier il incorporait le poison et il tomba alors lui-même malade. I fut envoyé à un psychiatre qui redirigea sa famille vers la police. Il fut arrêté en Mai 1962 et confessa les empoisonnements mais comme sa belle-mère fut incinérée après son décès, ses restes ne purent être analysés.

Alors qu'il aurait du passer les quinze prochaines années enfermé dans l'hôpital psychiatrique de Broadmoor, il fut libéré neuf ans plus tard, les médecins étant persuadé qu'il était totalement guéri. Il profita cependant de son long séjour dans cette institution pour empoisonner certains de ses codétenus. Lorsqu'il fut enfin libre, il travailla dans les laboratoires John Hadland qui fabriquaient des lentilles infrarouges dont l'un des principaux éléments était le thallium, le poison dont il avait fait sa spécialité. Si ses nouveaux collègues étaient au courant du passé criminel de Young, ils ne savaient par contre pas pour quelles raisons il avait été enfermé. Les victimes du vrai tueur furent beaucoup plus nombreuses que celles du personnage fictif. Sur son lieu de travail, il empoisonna plus de 70 personnes mais heureusement, aucune ne mourut. On peut considérer que Graham Young lui-même à mené la police jusqu'à lui car à force de trop vouloir suivre et participer à l'enquête de la médecine du travail qui durant un temps supposa que les maux dont souffraient les employés pouvaient provenir du "Bug Bovington", les soupçons se sont porter sur lui. C'est en confiant à l'un de ses collègues qu'il se passionnait pour les produits chimiques et toxiques que ce dernier est allé voir la police.

Graham Young a été arrêté le 21 Novembre 1971. Il portait sur lui un flacon de thalium et les inspecteurs de police ont retrouvé chez lui le fameux carnet dans lequel il notait le fruit des expériences. Young est mort en prison en 1990. Officiellement d'un infarctus du myocarde, mais certains pensent qu'ils aurait été victime de certains codétenus...
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