Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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lundi 31 juillet 2017

Malabimba de Andrea Bianchi (1979)



Malabimba date de 1979. L'Exorciste de 1972. Si William Friedkin était mort, il se retournerait sans doute dans sa tombe. Force est de constater que le cinéaste responsable du giallo Nue Pour l'Assassin et coupable du très mauvais manoir de la Terreur (qu'il réalisera deux ans après Malabimba) en connaît un rayon dans le registre de l'érotisme. Ce qui ne veut pas dire que le résultat à l'écran soit des plus convaincant.
Puisque le budget ne semble pas avoir suffit pour que cette bande fantastique profite des meilleurs effets-spéciaux de l'époque, on se passe du latex des maquillages et on le remplace par le nylon des collants et des soutiens-gorge qui ne font pas long feu dans ce film qui aurait surtout sa place dans la grille de fin de programmes de la chaîne M6. Andrea Bianchi n'est pas William Friedkin. Quand à Katell Laennec, elle a beau se foutre à poil toutes les cinq minutes, elle n'a à aucun moment la présence à l'écran de la jeune Linda Blair.

Le Pitch ?

Une voyante est convoquée dans la demeure d'une riche famille afin d'invoquer l'épouse défunte de l'un des fils de la propriétaire. Mais rien ne se passe comme prévu et c'est une ancêtre dépravée qui refait surface en prenant possession de la jeune Bimba.

Érotisme hard ou porno soft?

S'ensuivent alors toute une série de scènes érotiques frôlant parfois avec la pornographie. Malabimba ne comptant que sur ces seules scènes particulièrement explicites, le film de Bianchi se révèle d'une pauvreté affligeante question scénario. Quand aux interprètes féminines, elles ne sont, soit pas de première jeunesse, soit trop jeunes pour que l'on éprouve la moindre sensation de chaleur dans le bas du ventre.
Pour autant le film dans son entier doit-il est être jeté aux ordures ? La réponse est non. Il y a quelque chose de malsain dans cette famille qui se déchire, dans ces corps qui se cherchent et se fuient. Quelque détails qui font que malgré tout, on cherche à en savoir encore davantage. Et puis, il y a surtout cette scène de fellation qui ne nous épargne pas et qui montre la jeune Bimba possédée par une ancêtre du nom de Lucrezia (on se demande ou les scénaristes ont été chercher leurs inspiration), faire une « pipe fatale » à son oncle paralysé. Seul moment du film de Bianchi que l'on cataloguera d'anthologique. Pour le reste...

Silent Warnings de Christian McIntire (2003) ★★★★☆☆☆☆☆☆



Avant toute chose, il faut savoir que Silent Warnings est directement sorti en vidéo sans jamais avoir été exploité dans les salles. Réalisé par Christian McIntire, cette petite production de science-fiction tente de concourir dans la même catégorie que le Signes de M. Night Shyamalan dont il reprend la trame principale, allant même jusqu'à en plagier son affiche. Autant le savoir tout de suite, Silent Warnings est assez navrant sous certains aspects. Effets-spéciaux décevants et interprétation moyenne. Quant au récit, afin de combler les vides scénaristiques, le cinéaste nous inflige quelques scènes intimistes entre les personnages, assez ennuyeuses. Entre la jeune interprète dont le personnage se pose des questions existentielles de bas étage et celle qui ose une comparaison entre le décès d'un membre de sa famille et celui du cousin du personnage principal interprété par A.J. Buckley. Assez mensongère dans le principe, l'affiche indique en premier lieu la participation de l'acteur Stephen Baldwin au projet. Sauf que celui-ci meurt au bout de quelques minutes lors d'une scène d'ouverture d'une indigence extraordinaire. Le genre d'avant-propos qui donne envie de très vite déguerpir.
Dès lors, six amis (trois femmes, trois hommes, cela tombe à pic) font route vers Porterville, le patelin aux abords duquel vivait un certain Joe Vossimer avant qu'il ne meurt dans de curieuses circonstances. Son cousin Layne vient alors prendre possession des lieux, accompagné par des amis qui ont accepté de lui venir en aide pour nettoyer la ferme de Joe. Des citadins qui vont avoir la désagréable surprise de découvrir que celle-ci est un taudis. D'innombrables objets jonchent le sol et de la nourriture traîne encore dans de vieilles assiettes prenant la poussière. Quant à l'odeur que dégagent les lieux... elle est pestilentielle. Mais tout ceci n'est rien en comparaison de la découverte que vont faire les six amis. La ferme de Joe, entourée d'un immense champ de blé semble avoir été le théâtre d'un étrange événement. A centre de celui-ci trône un cercle parfait (quoique...). Que certains des amis de Layne pensent être l’œuvre de quelques bouseux de Porterville.

Je veux bien que les jeunes, de nos jours, concentrent leur attentions sur des sujets tout autre que l'éventuelle présence d'extraterrestres ou d'ovnis autour de notre planète, mais de là à demeurer incapables de juger par eux-même la signification de ce cercle que même le néophyte en la matière rapprochera d'office de la légende entourant les 'crop circles'. Sans pour autant être capable de donner un nom précis au phénomène, qui n'en a jamais entendu parler ? Certainement pas eux, j'en suis persuadé. À ce sujet, vous remarquerez très vite que les ambitieux cercles représentés sur l'affiche du film (et qui déjà faisaient preuve d'un sens de l’esthétisme minimaliste), n'ont rien de commun avec la réalité. C'est sans vouloir comparer avec ceux qui brillent de mille formes vus du ciel et exposés un peu partout dans le monde, mais plutôt avec ceux de Silent Warnings. Un cercle. Puis un second. Dont la forme vaguement circulaire (pas besoin d'outils géométriques pour constater que leur contours est approximatif) n'est même pas enrichie par les dessins intérieurs promis par l'affiche.

Un détail me direz-vous, mais qui complète avec exactitude l'impression générale que l'on ressent devant le film. Le sujet est traité avec médiocrité. Pourtant, durant la première moitié, on a encore envie d'y croire, d'autant plus que certains passages laissent entrevoir un fort potentiel. Malheureusement, la scène tant attendue de l'invasion extraterrestre vient plomber une œuvre, déjà au départ, bien mal partie. Les aliens sont en images de synthèse totalement dépassées et l'affrontement entre Layne, ses amis, et les envahisseurs est pire que tout ce que l'on a pu voir (ou presque) jusque là. Silent Warnings ne marquera donc pas l'histoire du genre et demeure comme un mauvais film de science-fiction...

dimanche 30 juillet 2017

Les Mutants de l'Espace de Bill Plympton (2001) - ★★★★★★★☆☆☆



FAN-TAS-TI-QUE ! Je me suis défloré devant Les Mutants de l'Espace. Première relation sexuelle, délirante, zoophile, spatiale, orgasmique, politique et scientifico-fictionnelle en compagnie du dessinateur américain Bill Plympton. Un univers bien à lui. Bancal, grouillant de contre-plongées, d'angles morts, de traits grossiers, d'hémoglobine. Un langage ordurier, un univers parallèle, des couleurs pastels, un amour passionnel et (TRES) charnel. Un papa astronaute, une fillette qui attend son retour. Un Docteur-Dictateur-Dément. Une bande-son de western, de film d'espionnage et d'oeuvre poétique. Bill Plympton bossant sur sa planche à dessins, à la lumière d'une lampe, agrippé à ses feuillets, donne vie à un univers personnel aussi foutraque que décadent. Aussi beau que monstrueux. Ces Mutants de l'Espace ne ressemblent à rien si ce n'est à l'univers du dessinateur lui-même. Des monstres venus d'ailleurs. Des nez, des pieds, des mains, des bouches ou des langues. Comme si ces créatures venues d'un autre monde où s'est échoué le héros Earl Jensen étaient les pièces d'un immense puzzle constituant l'origine de l'être humain. Serions-nous donc tous issus d'un seul et même lieu ? L'espace et ses confins inaccessibles ? Aucuns de la Terre actuelle mais tous d'une origine commune ?
Un hamster, un cochon, un crocodile ou un vers de terre. Tous mutants, tous dans des proportions gigantesques auxquels Earl a fait l'amour lors d'un sabbat érotico-zoophile (véridique!) pour qu'en remerciement, ils l'aident à se venger du docteur Frubar, président des États-Unis. Un Donald Trump avant l'heure. Tyrannique, despote, caricatural et obscène. Ce qui sépare d'ailleurs le plus ces deux hommes est que celui qu'exhibe Bill Plympton est le genre à vouloir toujours plus d'argent. Quitte à tuer dans l’œuf un projet de milliards de dollars. Quitte à émouvoir la population et la motiver à verser plus ou moins d'argent pour que l'aventure spatiale puisse continuer.

A travers un spectacle en perpétuel délire, Bill Plympton critique une société américaine outrancière. Il s'amuse tout d'abord avec ses crayons, et avec un sens de la mise en scène, à nous faire croire à ce que notre cerveau imagine se passer à l'instant T. Toute cette sexualité refoulée et que l'on aimerait voir s'exprimer n'est que l’œuvre de notre matière grise tandis que l'auteur des Mutants de l'Espace se joue de nous. Et comme pour s'excuser de nous avoir trompés en élargissant les planches, il exécute directement après des pirouettes érotiques fantastiquement drôle. Des rapports solitaires de la secrétaire de direction de l'infâme Frubar, jusqu'aux ébats amoureux de Josie Jensen (la petite fille qui depuis la mort tragique de son père a bien grandit). Une exposition bouillonnante forcée par des traits exprimant avec rage les sentiments les plus sauvages. Principe que le dessinateur reprendra au moment d'exploiter le comportement des citoyens face à l'invasion des mutants du titre. Comme les dialogues, le trait est grossier mais sied parfaitement au style et au découpage de l'intrigue.
Les Mutants de l'Espace n'est pas qu'une pure satire de la société américaine, celle avec laquelle il entretient, semble-t-il, des rapports houleux. Elle sert en réalité davantage de prétexte que de morale à son œuvre. Le film est un tourbillon d'images où se télescopent une liste insensée d'idées juteuses, scabreuses, poétiques ou encore écologiques (et la liste est encore longue) créant ainsi avec Les Mutants de l'Espace, un genre à part entière qui s'éloigne très largement des stéréotypes du dessin-animé sur lesquels Walt Disney et consorts semblaient avoir jusque là, le monopole...

Howl de Paul Hyett (2015) ★★★★★☆☆☆☆☆



Avant d'écrire du bien ou du mal de Howl du britannique Paul Hyett, je voudrais exprimer mon opinion sur le fait que les trains de banlieue londonien ont ceci d'étonnant qu'ils ressemblent davantage à nos rames parisiennes qu'à nos propres trains de banlieue. Très peu de siège en regard de l'espace réservé aux déplacements ce qui laisse peu de moyens de s'asseoir. D'autant plus qu'il ne semble y avoir aucune sangle suspendue au plafond à laquelle se raccrocher en cas de mouvement brutal de l'engin. Pire... ou à vrai dire, mieux : une hôtesse traverses les wagons et propose aux voyageurs à boire et à manger. L'intrigue de Howl se déroulant de nuit, ces quelques spécificités, et notamment la première je suppose, sont peut-être l’apanage unique des voyages nocturnes. Qui sait...
Bon, pour en revenir au film lui-même, si le titre rappelle sensiblement The Howling de Joe Dante, ça n'est pas tout à fait le fruit du hasard puisque le thème y est similaire quoique abordé dans un cadre qui lui est totalement différent. Ici, l'intrigue se déroule donc dans un train de banlieue londonien, vous l'aurez compris. Joe est contrôleur. Mais alors qu'il a terminé sa journée, le voilà forcé d'assurer le remplacement d'un collègue absent. Contraint de rempiler aussitôt, il assure ainsi le contrôle des voyageurs d'un train de nuit. Méprisé par une partie des voyageurs (la blonde s'offusquant à l'idée de payer une amande pour défaut de billet, et la brune à laquelle on donnerait bien une paire de gifles), il croise en chemin une jolie hôtesse avec laquelle il tente d'obtenir en rendez-vous, un couple de vieillards propres sur eux, et quelques voyageurs éparses, très certainement pressés d'arriver à destination. Mais l'arrivée du train mettra beaucoup plus de temps que prévu car en chemin, celui-ci stoppe sa courses très brutalement. A l'extérieur, le conducteur du train vérifie que tout va bien, mais il est attaqué par une créature qui le tue puis le dévore...

Voilà pour le début de cette histoire, vous l'aurez compris, consacré à un cas de lycanthropie. Et pour les retardataires qui auraient loupé le début de l'aventure de nos passagers et de nos agents de l'une des nombreuses compagnies de chemin de fer (contrairement à la SNCF qui détient, elle, le monopole dans notre pays, la lycanthropie désigne la transformation d'un homme en loup. Un lycanthrope est donc... un loup-garou. Comme on peut l'imaginer, l'interruption du train engendrant un arrêt inopiné constitue pour une grande majorité des passagers une manœuvre du moins incompréhensible, et en tout les cas inacceptable. D'où l'énervement de certains d'entre eux. Dont la brune citée plus haut que l'on désespère cette fois-ci de voir terminer ses jours entre les crocs acérés de la créature qui rode alentours. La connerie n'étant pas l'apanage de la jeunesse, quel que soit l'âge des passagers, tous s'emploient à mettre la pression sur le pauvre contrôleur. Zen, très professionnel. Un peu timide et coincé également. Howl quitte l'univers confiné du train pour envoyer ses passagers suivre les rails jusqu'à une ville supposée se situer à plusieurs kilomètres de là.

L'image est sombre, on n'y voit pas grand chose, mais j'imagine que cela est censé maintenir une certaine tension. Les dialogues sont à l'image du monde tel qu'il est : navrants ! Mais alors que le cinéaste aurait pu exploiter les environs, voilà qu'il renvoie ses personnages dans le train. Les femmes et les enfants d'abord... ou presque. Le comportement de chacun commence à se préciser. Courageux pour certains, indigne pour les autres. Maintenant que le corps du conducteur a été découvert et que l'une des passagères s'est faite croquer un bout de mollet, on a hâte de voir à quoi ressemble la créature. Surtout que les hurlements du canidé que l'on suppose être le responsable ne laisse plus aucun doute sur ses origines.

Howl est un petit film sans prétentions. Honorable sans jamais véritablement faire d'étincelles. Les interprètes jouent plutôt bien mais les dialogues font défaut. En matière d'horreur, là également, les effets sanglants pêchent par leur trop grande timidité. La modestie du projet transpire à chaque plan mais le rythme est suffisant pour que l'on ne s'ennuie pas. Quelques scènes grotesques font sourires, telles la transformation de l'une des victimes en loup-garou et le fait de la voir rester plantée devant son époux encore bien humain, lui. A voir, une fois seulement...

samedi 29 juillet 2017

Rupture de Steven Shainberg (2016) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Wouaw ! Un synopsis d'enfer, Noomi Rapace en vedette ! Et Steven Soderbergh à la réalisation. Ah non, merde. Erreur de ma part. En fait, si le coupable de cette tragédie (dans tous les sens du terme) se prénomme bien Steven lui aussi, son nom à lui est Shainberg, pas Soderbergh. Si le lapsus a fait effet durant une poignée de secondes, découvrir Rupture fut à n'en point douter une manière assez violente de constater que les deux cinéastes n'ont aucun, mais alors, vraiment aucun point commun si ce n'est leurs origines américaines. Je brosse me direz-vous ? Je vous répondrai : MIEUX ! Je brasse... de l'air. Pour mieux faire durer le suspens. Sinon, pour avoir quelques chose à écrire sur une œuvre qui ne mérite certainement pas que l'on se penche trop sur son contenu. Car le film de Shainberg est une navrante copie. De tout un tas de longs-métrages. De Body Snatchers d'Abel Ferrara tout en passant en revue tous les cas d'abductions présentés aux cinéma. Voilà, l'info est lâchée. Les spoilers se sont enfuis et parcourent désormais librement cet article qui, je l'espère, saura vous raisonner bien avant que vous ayez eu la malchance d'obtenir une copie numérique de ce petit film aux prétentions surévaluées.
Noomi Rapace a beau être une excellente actrice, son interprétation ne nous aura pas épargné le désagrément d'assister à une œuvre dont l'accroche ne demeure finalement que de la poudre aux yeux. Car sur l'écran, le résultat de l'adaptation de ce qui était à l'origine un scénario inspiré par le cinéaste lui-même et écrit par Brian Nelson laisse le spectateur indécis. Comme il n'est pas coutume de le faire dans ce genre d'intervention, je commencerai par la fin, qui pour moi laisse une large place à l'interrogation. L'amour plus fort que... l'instinct primitif du gène ? Ou bien erreur flagrante commise par un cinéaste qui s'est endormi sur son propre script ? La question étant posée, j'ai presque envie d'y répondre alors même que j'ai la certitude qu'elle mêle en une seule réponse, les deux interrogations. En bref, Steven Shainberg semble avoir fait le pari de conserver les émotions chez une femme qui pourtant devrait en être dénuée. N'en avons-nous d'ailleurs pas eu la preuve lors d'une scène prodigieusement ratée durant laquelle sa transformation physique prouvait définitivement son asservissement à l'espèce responsable de son abduction ?

A part cela, le film dresse en accéléré le portrait d'une famille éclatée. Quelques minutes seulement et donc insuffisantes pour s'attacher aux personnages. Noomi rapace en mère de famille désabusée lorsqu'elle est enlevée par une étrange organisation qui la bâillonne et l'enferme à l'arrière d'un semi-remorque. De longues heures de route sans qu'elle ne sache à aucun moment où ses kidnappeurs l'emportent. Résultat : la belle échoue dans un étrange bâtiment plongé dans une lumière perpétuellement glauque. Un univers très 'hostelien' où l'on s'attend à voir défiler de vieux pervers ivres de pouvoir exercer sur la jeune femme leurs fantasmes de bouchers ou de chirurgiens déchus. Pourtant, rien de cela. Ou pas vraiment, en tout cas. Non, rien que des individus louches que l'héroïne comprend être en mesure de la faire passer vers un état supérieur de conscience. Elle n'est pas seule à souffrir de l'absence d'information. Mais en mère courageuse désirant revoir son enfant, elle va user de son savoir-faire ( et du cutter qu'elle cache dans l'une de ses chaussettes) pour fuir le cauchemar dans lequel elle est tombée...

Voilà pour l'histoire. Passionnante, me direz-vous ? Et bien non. Car le film s'enferme dans un huis-clos (genre au demeurant excellent) beaucoup trop lent et pesant. On finit par bailler au cornet devant le calvaire (c'est un comble) du personnage incarné par Noomi Rapace. Sa solitude nous renvoie à la notre et génère un sentiment d'abandon excessif (la jeune femme ne pouvant compter sur personne pour s'en sortir) et parfaitement insupportable. C'est bien simple : j'ai eu, à plusieurs reprises, l'impression de me retrouver enfermé dans la chambre d'un ancien camarade qui un jour avait tenté d'explorer mon intimité... si vous voyez ce que je veux dire. Le genre de sentiment qui vous donne le tournis et vous laisse à penser que la situation est inextricable. Rupture provoque lui-même ce genre de sentiment. Mais alors que l'on rêve à du spectacle, on se retrouve devant une œuvre portée sur la torpeur de son personnage et rien d'autre. Un film, au final, terriblement triste. A ne conseiller qu'aux dépressifs qui ne voudraient surtout pas manquer leur suicide... !!!

The Darkness de Greg McLean (2016) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Greg McLean fait partie de ces cinéastes dont j'aime suivre la carrière même si je ne m'attache pas forcément à écrire un article chaque fois que l'une de ses œuvres sort sur les écrans. Depuis le diptyque Wolf Creek 1&2 et Solitaire, j'avais hâte de voir qu'elle évolution allait connaître sa carrière, d'autant plus que l'australien tourne très peu (depuis son premier long-métrage en 2005, Greg McLean n'a en effet réalisé que cinq films). Évidemment, l'Amérique s'est emparée du phénomène et les producteurs Jason Blum, Matthew Kaplan et Bianca Martino se sont empressés de participer au financement de l'un de ses derniers bébés. Alors que The Belko Experiment devrait, espérons-le, sortir prochainement sur nos écrans, The Darkness a investit la VOD fin 2016. Une histoire somme toute assez commune puisque l'intrigue tourne autour d'une famille victime de phénomènes paranormaux. D'autre bien avant Greg McLean se sont lancés dans ce type d'aventures, au hasard Steven Spielberg et Tobe Hooper avec Poltergeist ou plus récemment, Conjuring : les Dossiers Waren de James Wan. Deux exemples parmi tant d'autres.
Le film de Greg McLean offre-t-il pour autant une réelle nouveauté au genre encombré des entités maléfiques. Et bien, pas vraiment. En réalité, The Darkness ne fait que reprendre les mêmes idées, sans même y ajouter la moindre originalité. Le thème de l'autiste ayant un impact fondamental sur les événements n'est pas un cas nouveau. Même l'introduction ne fait que s'inspirer de la superbe ouverture de L'Exorciste de William Friedkin. Quant à l'intervention d'une spécialiste, la scène renvoie aux exemples cités plus haut.

Greg McLean a beau être un talentueux cinéaste qui habituellement transforme en or tout ce qu'il touche, ici, le résultat se révèle navrant. Surtout pour un réalisateur de sa trempe. The Darkness ne dure que quatre-vingt douze minutes et pourtant, on s'y ennuie ferme. A tel point que l'on a l'impression qu'il dure au moins une demi-heure de plus, si ce n'est même une heure complète. Marre également de ces bandes-originales qui ne font que d'aller plagier des compositions déjà existantes. Ayant eu jusqu'à maintenant une confiance aveugle en Greg McLean, j'ai supposé un peu trop rapidement qu'il userait de techniques particulières et personnelles pour nous faire sursauter. Sauf qu'il use, et abuse, des Jump-scares. A tel point que les scènes censées nous faire sursauter finissent par devenir risibles. Le principe fonctionnera sans doute une fois. Peut-être deux. Mais sûrement pas trois.

En terme d'effets-spéciaux, The Darkness est relativement sobre. Quelques jolis effets, d'autres un peu ridicules (le jeune Michael disparaissant aux bras d'une tribu indienne), une musique envahissante qui cherche inefficacement à faire atteindre un haut degré d'effroi chez le spectateur, et une structure narrative un peu brouillonne. Qu'a donc été foutre le cinéaste australien chez les gars de Blumhouse Productions ? L’appât du gain ? Une reconnaissance mondiale ? L'opportunité de travailler aux côtés de la star Kevin Bacon ? Pour terminer, je dirais que le film vaut son pesant d'or lors de la scène finale qui terme de ridicule dépasse sans doute tout ce qui a été fait jusqu'à maintenant. Certainement un grand moment de solitude pour l'auteur des géniaux Wolf Creek 1&2 et Solitaire. Certains penseront sans doute que je suis un peu dur avec la note que j'ai accordée à The Darkness. Mais j'ai bien envie d'affirmer qu'elle demeure, peut-être pour la toute première fois depuis la naissance de Cinémart, d'une totale objectivité.Un conseil Greg, retourne en Australie. C'est là-bas que tu as su donner le meilleur de toi-même...


vendredi 28 juillet 2017

Man VS de Adam Massey (2015) - ★★★★☆☆☆☆☆☆




Encore un film dont l'intrigue se déroule dans une forêt. Ça commence à faire beaucoup. D'autant plus que l'auteur de ce Man VS, le cinéaste Adam Massey, décide d'aborder son sujet sous l'angle du 'Found-footage', un procédé lui aussi utilisé dans de nombreux longs-métrages. La différence se situant ici non pas dans la mise à disposition de vidéos retrouvées sur les lieux d'une disparition (à la manière de Cannibal Holocaust, de Blair Witch Project, ou des dizaines de succédanés qui s'en sont inspirés), mais lors du tournage d'une émission diffusée sur le web et dont il s'agit ici apparemment de la troisième depuis sa création. Man VS contient tout ce que le genre laisse supposer d'ennuyeux. Présentation de personnages dont la psychologie n’intéressera pas grand monde, et première moitié défavorisée par des scènes incroyablement inintéressantes mais que le script retiendra tout de même afin d'installer l'intrigue dans le cadre d'une forêt qui deviendra le terrain de jeu exclusif de son principal interprète.
Pour l'occasion, l'acteur canado-grec Chris Diamantopoulos qui depuis ses débuts n'a pas connu une carrière florissante au cinéma puisqu'à en juger par sa filmographie, il a surtout été aperçu dans des séries télévisées. Un grand gaillard, musclé, viril et charismatique qui pour interpréter le rôle-titre de Doug Woods s'est laissé poussé une barbe de trois jours tout à fait dans la mouvance actuelles des baroudeurs survivalistes. Préparé par l'équipe réduite qui l'accompagne à chaque fois sur les lieux de tournage avant qu'il ne soit abandonné à son triste sort, un sac à dos rempli d'objets aussi utiles qu'une canette de soda énergisant, un couteau, une pomme. Pas de quoi aller bien loin, surtout qu'en individu n'ayant pas tant d'expérience que cela dans le domaine du survivalisme en pleine nature, Doug se blesse moins d'une heure après avoir atterri sur son nouvel (et futur) habitat. Une forêt qui doit l'accueillir pour cinq jours avant que ne le récupèrent ses compagnons.

Après avoir fait la connaissance de l'éternel 'redneck' de service (l'acteur Alex Karzis, méconnaissable), le héros se retrouve donc seul et sans véritable moyen de défense. Il faut dire que Duncan (le bouseux en question) n'a pas été très rassurant et a évoqué la possibilité d'une présence animale hostile (comprendre des ours). Comme on peut aisément l'imaginer, des événements répétitifs vont se produire lors du séjour de Doug dans la forêt. Tout commence par des craquements de brindilles, des hurlements d'animaux, et surtout un curieux événement dont le héros va pouvoir constater dès le lendemain matin succédant la première nuit, les conséquences... géologiques. Un séismes d'ampleur (du moins suffisant pour que Doug émerge de son sommeil au beau milieu de la nuit) va transformer le paysage qui s'offre à lui. En effet, du côté opposé de la berge où il se situe, Doug constate qu'une partie de la colline boisée s'est effondrée sur elle-même. Au pied de l'effondrement, le survivaliste constate la présence de dizaines de cadavres de poissons qu'un loup apparemment affamé décide pourtant d'ignorer. Doug en fera tout autant, préférant chasser en tendant des pièges aux lapins sauvages. Se nourrir ici n'est donc pas une question de survie pour lui puisque la nourriture, dans les parages, semble à profusion. Non, le véritable danger est la présence sans doute hostile qui, chaque nuit, semble investir de plus en plus l'endroit où a décidé de monter son camp le héros.

Un individu qui se joue des peurs de Doug et qui laisse de curieuses preuves de son passage (vol de trophée de chasse, pièces d’échiquier déplacées, etc...). Mieux vaut découvrir Man VS sans avoir fait l'erreur de contempler l'affiche du film puisqu'en effet, son concepteur a eut la très mauvaise idée de lâcher une information cruciale, gâchant ainsi le peu d'intérêt que le long-métrage pourrait générer chez certains d'entre nous. Le pire demeure pourtant dans l'évolution du récit

qui pompe allégrement le Predator de John McTiernan sans une once de talent avant de se tourner vers une vague extraterrestre ayant décimé la population mondiale. Effets-spéciaux à la ramasse (la créature est ridicule)
et duel totalement raté terminent d'achever une œuvre qui, si elle n'avait pas forcément commencée sous les meilleurs augures, ne méritaient pas un tel traitement final... Un petit film, bancal, et terriblement daté malgré son jeune âge...

Un Ticket pour l'Espace de Eric Lartigau (2006) - ★★★★★★★☆☆☆



Bien que Kaddour Merad et Olivier Baroux (duo plus communément appelé chez nous Kad et Olivier ou, Kad et O) aient décidé de se lancer dans une carrière commune dès mars 1992, ces deux comédiens humoristes et réalisateurs ne sont apparus ensemble au cinéma qu'à partir de 2003 avec l'adaptation de leur série consacrée à une enquête criminelle humoristique tentant de répondre à la question suivante : Mais qui a tué Pamela Rose ? Ils tourneront ensuite indépendamment l'un de l'autre quelques longs-métrages mais se retrouveront sur les tournages Rien que du Bonheur de Denis Parent ainsi que Iznogoud de Patrick Braoudé. Le cinéaste Eric Lartigau, celui-là même qui réalisa leur première véritable collaboration au cinéma avec Mais qui a tué Pamela Rose ? retrouve les deux complices pour Un Ticket pour l'Espace en 2006. Film tournant autour d'un sujet qui déjà, à l'époque, pose la question de l'intérêt du public pour l'aventure spatiale. En effet, ce dernier semblant se désintéresser peu à peu pour le sujet, les scénaristes Kad Merad, Olivier Baroux et Julien Rappeneau imaginent l'histoire un peu folle d'un concours organisé par le gouvernement afin de captiver la population. La marche à suivre est on ne peut plus simple. Il s'agit en effet de gratter un ticket (le fameux ticket pour l'espace du titre) et d'y découvrir trois fusées.

Deux gagnants sont invités à participer au grand voyage qui les transportera à bord d'une station orbitale européenne. Deux individus lambda. Ou presque puisque outre la présence de Stéphane Cardoux, père de famille un peu mythomane que l'épouse vient de quitter avec leur enfant, la fusée décollera avec à son bord un dangereux criminel ivre de vengeance. Bien entendu, le scénario ne se contente pas du voyage vers l'espace mais nous présente d'abord ses principaux interprètes. Du colonel Romain Beaulieu dont l'arrivée caricaturale sur la base rappelle sensiblement l'approche parodique de la précédente collaboration entre le duo d'humoristes et le cinéaste Eric Lartigau, jusqu'à Marina Foïs qui en invitée surprise se présente comme une jeune femme amoureuse un peu gauche. Avant le départ, fort logiquement, sont imposés de nombreux testes physiques et psychologiques. On retrouve là, déjà, l'humour si particulier de Kad et O et que chacun absorbera avec plus ou moins de facilité.

Entre le clan des 'pour' et des 'contre', le combat peut commencer. D'un côté, ceux qui adoubent les deux acteurs-humoristes et leur humour parfois totalement absurde. Ça ne vole pas toujours très haut, c'est parfois lourdingue (mais sans jamais être vulgaire), mais c'est aussi, il faut le savoir et l'accepter, leur marque de fabrique. Soit l'on aime, soit l'on déteste. La complicité des personnages de Mais qui a tué Pamela Rose ? est ici mise à rude épreuve puisque nos deux héros (toujours Kad et O) interprètes des rôles à l'opposé l'un de l'autre. D'un côté, un loser, de l'autre, un colonel à la carrière exemplaire. Un Ticket pour l'Espace accumule de nombreux gags, certes, pas toujours très fins, mais dans l'ensemble, le film d'Eric Lartigau demeure d'une très bonne facture dans le paysage humoristique français, au regard de la concurrence qui sortira elle-même quelques rejetons pas toujours convaincants (entre des Bronzés 3, Amis pour la Vie sortant beaucoup trop tard, et une Doublure qui ne retrouvera jamais la grâce et l'écriture du Dîner de Cons). Les 'anti' devraient donc relativiser un peu et prendre le film pour ce qu'il est : une vaste succession de gags sans réel scénario mais qui permet aux amateurs de comédies françaises de passer un très agréable moment de détente en compagnie d'un casting d'actrices et d'acteurs de diverses générations : on aura en effet le plaisir d'y croiser la route de Guillaume Canet, André Dussollier, Pierre-François Martin-Laval, ou encore Thierry Frémont. Une bonne surprise...

jeudi 27 juillet 2017

Camera Obscura de Aaron B. Koontz (2017) - ★★★★★★★☆☆☆


Camera Obscura est le tout premier long-métrage du cinéaste américain Aaron B. Koontz qui jusqu'à maintenant n'avait réalisé que quelques courts-métrages. Pour son premier format long, le producteur de Starry Eyes nous offre une descente aux enfers particulièrement efficace. Le genre de film coup de poing qui laisse des traces. Et même si le film n'atteindra certainement jamais le statut de chef-d’œuvre, il demeure néanmoins un film brillant, aux multiples possibilités, invoquant le traumatisme d'un ancien reporter-photographe de guerre autant que le surnaturel. Encore faut-il être conscient de la fragile barrière qui sépare ces deux événements. Tout laisse d'abord supposer que l'histoire tournant autour du personnage de Jack Zeller (l'excellent Christopher Denham) n'est peut-être due qu'au cadeau offert par Claire, son épouse, pour son anniversaire. Un très vieil appareil-photos déniché dans une vente aux enchères. Alors que Jack n'a pratiquement pas mis un pied dehors depuis qu'il est victime de troubles post-traumatiques découlant de son expérience sur le champ de bataille, Claire lui offre l'opportunité de retrouver du boulot. Jack reprend la photographie mais alors qu'il confie une dizaine de pellicules au propriétaire d'une boutique de développement après avoir photographié différentes bâtisses, les photos qu'il récupère plusieurs jours après ne correspondent pas toutes avec celles qu'il a prises. En effet, certains clichés montrent des cadavres. Des corps immortalisés que Jack n'a jamais lui-même pris en photo. Les journaux télévisés diffusent tout d'abord une information concernant la mort d'un homme sur un chantier que Jack a visité et photographié. Il s'aperçoit que les photos sur lesquelles sont représentés des cadavres d'hommes et de femmes prévoient à l'avance le décès de ceux qui y sont photographiés. Mais le pire reste à venir : Claire elle-même semble être l'une des prochaines victimes. La photo la représentant étant datée du jour où Jack et elle ont prévu de fêter leur anniversaire de mariage, le photographe lui propose d'aller dans un autre restaurant que celui dans lequel il avait prévu d'aller et où la mort de Claire semble devoir se dérouler. Mais il est déjà trop tard. Claire attend Jack au restaurant et c'est dépité qu'il court la retrouver. Après le dîner, le couple quitte les lieux et tombent dans un guet-apens. Un homme armé exige de Claire et Jack qu'ils lui remettent portefeuille et sac à main. Le couple s'exécute mais avant de partir, l'homme tire et c'est un inconnu qui à la place de Claire meurt. Sur le cliché, l'image de Claire disparaît et laisse la place au mort. Malheureusement pour elle et Jack (qui ne l'a pas mise au courant des étranges phénomènes qui se déroulent depuis qu'il a acquis l'appareil-photos), sur la photo suivante, la prochaine victime n'est plus un inconnu mais de nouveau l'épouse de Jack. Celui-ci va tout mettre en œuvre pour que son épouse échappe une fois encore à la mort...

Je parlais plus haut de l'expérience post-traumatique de Jack et l'élément surnaturel qui vient mettre un coup de frein au bonheur des Ziller. Mais la principale question que l'on peut se poser est, où demeure la frontière entre le réel, et le cauchemar ? Aaron B. Koontz développe plusieurs idées sans qu'à aucun moment on ne puisse se faire une idée tout à fait claire concernant la réalité ou non des événements. En laissant planer le doute sur les conséquences du traumatisme de son principal personnage, le cinéaste laisse une large place à l'éventualité selon laquelle Jack s'enfonce de plus en plus dans des troubles psychiatriques graves. Sans jamais réellement savoir si oui ou non les photos existent vraiment (on ne notera aucune espèce de réaction du développeur des photos vis à vis de leur propriétaire et quant au seul témoin des clichés, la caméra place son objectif devant les acteurs sans qu'aucune ligne de dialogue ne nous laisse réellement entrevoir ce que suggèrent les photographies).
Plus Camera Obscura déroule sa diabolique intrigue, et plus son héros se trouve dans une situation inextricable, se laissant ainsi transporter dans une succession de meurtres toujours plus sanglants (le climax demeurant sans doute lors du meurtre du quincaillier dont la durée dépasse largement ce que l'on a l'habitude de voir au cinéma). Une tension qui ne cesse de monter jusqu'à ce que le héros atteigne les limites de la folie. Fou ? Sain d'esprit ? À vous de le deviner. Le film est accompagné d'une bande originale intégralement composée par le musicien Steve Moore qui outre quelques albums personnels et la participation à plusieurs groupes à écrit les partitions de plusieurs petits films d'horreur. Sa musique, ici, participe grandement à la tension qui règne. Au final, Camera Obscura est une excellente surprise...

Les Oreilles entre les Dents de Patrick Schulmann (1987) - ★★★★★★★☆☆☆


Mort à l'âge de cinquante-trois ans seulement, le cinéaste français Patrick Schulmann n'aura eu le temps que de réaliser neuf longs-métrages, souvent atypiques. Du plus connu d'entre eux (Et la tendresse ? Bordel ! et sa suite Zig Zag Story) au dernier, réalisé en 1998, Comme une Bête, en passant par l'excellent P.RO.F.S et Les Oreilles entre les Dents. Ce dernier, Patrick Schulmann le tourne en 1987. Il y mélange comédie et policier et retrouve certains interprètes de ses œuvres passées, offrant à certains d'étranges pseudonymes. Jean-Luc Bideau y est Jean-Paul Blido, un criminologue enquêtant sur une série de crimes dont les victimes sont toutes retrouvée mortes les oreilles entre les dents. Fabrice Luchini est sourd (mais pas muet) et se nomme Luc Fabri. A leurs côtés, on retrouve Philippe Khorsand en mythomane épris de reconnaissance commettant un crime en tout point similaire aux autres afin d'être arrêté et rendu célèbre dans les médias. Laurent Gamelon (le professeur de sport dans P.RO.F.S) est un journaliste qui auprès de la jolie Léa Stagnari (Jeanne Marine) mène sa propre enquête afin de confondre le coupable du premier meurtre. Du premier seulement puisque on le découvre très vite, les meurtres suivant vont être commis par des tueurs différents. L'une des victimes, un inspecteur des impôts est tué par un couple dont il avait la charge de vérifier les comptes. Une autre meurt accidentellement alors qu'elle fuit deux agents d'entretien de la municipalité qui pour ne pas être inquiétés, transforment l'accident en meurtre perpétré par celui dont tout le monde parle en ville. D'autres crimes sont commis en ville sans que personne ne parvienne à mettre un nom sur le coupable.

Ou plutôt DES noms puisque l'originalité de ces Oreilles entre les Dents demeure dans le fait qu'il n'existe non pas un meurtrier mais plusieurs. Le coupable que recherchent Max le journaliste et Léa n'est en fait l'auteur que d'un seul meurtre, les autres étant l’ouvre d'opportunistes se servant du prétexte selon lequel il y aurait un tueur en série qui sévit pour se débarrasser d'individus gênants. D'où de nombreux quiproquos et d'innombrables situations ubuesques dont seul Patrick Schulmann avait le secret. Le film concentre alors sont intérêt autour du personnage interprété par Jean-Luc Bideau. Si le métier de profiler semble officiellement exister depuis les années quarante, à l'époque de la sortie de Les Oreilles entre les Dents le terme n'avait jamais été évoqué dans le cinéma français alors même que dès la décennie précédente, le métier de ces enquêteurs s'enfonçant dans la psyché des grands tueurs en série avait été admirablement évoqué dans le glacial Manhunter de Michael Mann. Mais ici, rien de bien sérieux. Aidé de deux enquêteurs criminologues, Jean-Paul Blido tente de dresser un portrait (à géométrie variable) de celui qui terrorise la population et fait parler de lui dans les différents médias. Et comme chaque meurtre est perpétré par un individu différent, forcément, le portrait change également. Ce qui nous vaut des scènes totalement burlesques et une identification du tueur parfois surréaliste.


Les Oreilles entre les Dents est une excellente parodie de film noir que l'on rapprochera sensiblement du Téléphone sonne toujours deux Fois avec Les Inconnus. Un long-métrage sortant des sentiers battus, à l'humour parfois très noir et aux dialogues incisifs. Une œuvre qui ne dépareille absolument pas dans la filmographie d'un cinéaste qui a su créer un univers qui lui était personnel. Un auteur à part entière, grand cinéphile de son vivant, et dont on ne cesse de regretter la disparition...

mercredi 26 juillet 2017

La Vengeance d'une Blonde de Jeannot Szwarc (1994) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Étrange carrière que celle du cinéaste franco-américain Jeannot Szwarc qui débuta dans le métier de réalisateur de cinéma de l'autre côté de l'Atlantique avec deux films d'horreur (Les Insectes de Feu et le second volet des Dents de la Mer), puis à réalisé entre autre, un film fantastique (Quelque part dans le Temps), un film d'espionnage (Enigma), ou encore un autre de super-héros (Supergirl) avant de débarquer chez nous dans les années quatre-vingt dix pour y tourner quelques films dont La Vengeance d'une Blonde mettant en scène le couple Christian Clavier-Marie-Anne Chazel ainsi que Clémentine Célarié. Le cinéaste retrouvera d'ailleurs trois ans plus tard les deux actrices pour son dernier long-métrage Les Sœurs Soleil avant de quitter définitivement les plateaux de cinéma (et la France) pour se consacrer uniquement aux séries télévisées américaines.
Un 'divorce' avec notre pays qu'on ne lui reprochera pas car, reconnaissons-le, ses rares incartades dans le domaine de la comédie française n'ont rien de franchement passionnant. Demeurant tout de même relativement divertissant de part l'énergie véhiculée par ses interprètes, La Vengeance d'une Blonde demeure une comédie sans génie, aux dialogues (écrits par Marie-Anne Chazel) insipides et à la mise en scène beaucoup trop sobre pour qu'elle se dégage du flot continuel de films qui sortent chaque année sur les écrans de cinéma. Outre la présence du trio cité plus haut, on retrouve également sur l'écran le complice de toujours de Clavier et Chazel, Thierry Lhermitte pour une caricature à peine camouflée du Patrick Sabatier des années quatre-vingt, dents parfaitement blanches et ricanement 'professionnel'. Un personnage pathétique, entièrement fabriqué, animant une émission, elle aussi, apparemment inspirée par celles que présentaient à l'époque l'ancien et célèbre animateur télé.

On croise la route d'Antoine Duléry qui, heureusement pour lui, a depuis fait son petit bonhomme de chemin dans la carrière d'acteur au cinéma et à la télévision, ainsi que la toujours épatante Annie Cordy que l'on regrette de ne pas voir plus longuement, son personnage étant à ce sujet, peu exploité. Assez logique tout de même si l'on tient compte du fait que La Vengeance d'une Blonde tourne surtout autour du trio de tête. D'un côté, les époux Bréha, installés chez Jany, la mère de Corine, qui depuis qu'elle, son époux Gérard, et leurs deux enfants, ont quitté la Bretagne pour Paris. Talentueux journaliste pour une chaîne bretonne, Gérard est convié à rejoindre l'équipe d'une grande chaîne privée dont les locaux sont situés dans la capitale. Dès son arrivée à TV8, il y rencontre la directrice de l'information, Marie-Ange de la Baume, laquelle tente très vite de mettre le grappin sur celui qu'elle compte mettre en avant afin de faire remonter l'audimat du JT nocturne. Mais alors que Philippe Vernom, le présentateur du journal de 20h est victime d'un accident, Gérard prend sa place et c'est le succès immédiat. Les chiffres n'ayant jamais été aussi élevés, il devient le présentateur officiel de ce créneau horaire.
Gérard s'attire les faveurs de Marie-Ange qui lui propose alors un week-end au Maroc. Mais pour ne pas effrayer Carole qui n'a pas été conviée à y participer, Gérard lui fait croire qu'il est invité à participer à un séminaire en Province. Sauf que le jour du départ, Carole s'aperçoit que son époux lui a menti. Dès lors, c'est le clash entre les Bréhat. Jusqu'à ce qu'ils soient conviés à participer à l'émission 'people' animée par Gilles Favier, Carole tente de faire bonne figure...

Voilà pour l'histoire. Pour le reste, c'est le calme plat. Pas de gros gags. Aucune espèce d'originalité dans la manière de mettre en scène les différents interprètes. Alors même que sortaient à quelques mois d'intervalle La Cité de la Peur d'Alain Berbérian et Alain Chabat (principalement interprété par Les Nuls), Le Péril jeune de Cédric Klapisch, ou bien Un Indien dans la Ville de Hervé Palud pour ne citer que quelques exemples de réussites dans le domaine de la comédie française, La Vengeance d'une Blonde demeure bien triste. Reste que le film séduira sans doute les nostalgiques purs et durs de l'équipe du Splendid dont trois de ses plus illustres représentants font partie du casting. Pour le reste, mieux vaut se replonger dans les trois exemples cités ci-dessus...

Planète Rouge de Antony Hoffman (2000) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Un long-métrage au compteur. Pas deux, pas trois, non, juste un seul. On peut se demander pourquoi le cinéaste sud-africain Antony Hoffman n'a pas persévéré dans la même voie, préférant sans doute sa carrière de journaliste à celle de réalisateur de cinéma. On ne lui en voudra pas. Surtout pas après Planète Rouge qui est tout sauf passionnant. Pourtant, il est vrai, au premier abord ce récit d'une planète Mars, dernier recours pour une humanité qui se meurt sur une planète terre sur-polluée, avait de quoi éveiller les sens, laisser parler l'imagination et rêver les amateurs de science-fiction en général et de space-opera en particulier. Sauf que Planète Rouge est le genre de long-métrage taillé pour le grand public. Pas de quoi s'extasier même si les effets-spéciaux ont connu pire comme traitement. La planète telle qu'elle nous est ici dévoilée demeure relativement concrète. On se prête même à rêver de l'hypothèse probable (ou pas) de pouvoir y implanter suffisamment de végétaux pour qu'y naisse une atmosphère respirable par l'homme. Ce que laisse supposer assez rapidement le film puisque dès lors qu'ils sont à court d'oxygène, les membres de la station Mars-1 vont découvrir que respirer sur la planète rouge n'est pas qu'un vieux fantasme mais que leur rêve s'est finalement concrétisé malgré l'état pitoyable des installations construites grâce à des robots envoyés sur Mars lors de précédentes missions où toutes présences humaines étaient absentes.

Pour que soit maintenu un certain intérêt, il va falloir que les scénaristes Chuck Pfarrer et Jonathan Lemkin trouvent quelques bonnes idées afin que l'intrigue ne tourne pas en rond. D'où l'intervention d'un droïde qui lors de l'atterrissage va défaillir et se retrouver en mode 'commando'. De quoi mettre en péril l'équipage de Mars-1 (dont la seule femme est demeurée à bord du vaisseau en orbite autour de la planète). Le droïde a toutes les allures d'un clébard métallique mais la force et la violence d'un fauve. Ni très bon, ni très mauvais, Planète Rouge contient quelques bonnes idées comme autant de mauvaises. Le résultat n'est pas folichon et l'on ne se passionne jamais vraiment pour ces héros, premiers humains à fouler le sol de Mars. On les sent alors bien seuls. Le pauvre Terence Stamp sera le premier à faire les frais d'un atterrissage catastrophique. Tant mieux d'ailleurs, car le discourt philosophico-théologique de son personnage agace assez rapidement (surtout pour ceux qui auront tendance à préférer les théories scientifiques à celles évoquées par les adeptes de croyances religieuses quelles qu'elles soient). A voir sans doute aussi en version originale puisque Stamp (encore lui) est affligé d'un doublage français insupportable. Doublé par le français pourtant talentueux, Michel Ruhl, la voix ne colle jamais au personnage. Un peu comme le Bruce Willis du Cinquième Élément, si vous voyez ce que je veux dire.

Planète Rouge n'est rien de plus qu'un petit film de science-fiction sans ambitions. A part, peut-être celle d'évoquer la possibilité d'une vie extraterrestre. Encore aurait-il fallut l'envisager sous un angle un peu moins grotesque que dans le film d'Antony Hoffman. De gros cafards bien gras, bien juteux, dont l'instinct de survie prend largement le dessus sur l'intellect (dont ils n'ont apparemment pas l'air de se soucier). Pauvres de Val Kilmer et de Tom Sizemore (pour ne citer qu'eux) qui auraient mieux fait de refuser de participer au film. Tout juste la moyenne...

mardi 25 juillet 2017

Père Fils Thérapie ! de Emile Gaudreault (2015) - ★★★★★★★☆☆☆



Avec Père Fils Thérapie, ça n'est pas la première fois qu'en France un cinéaste adapte une œuvre québécoise. Pour mémoire, Isabelle Duval adaptait en 2013 le film de Ken Scott Starbuck et lui donnait pour l'occasion un nouveau titre, Fonzy. Deux ans plus tard, c'est au tour de Stéphane Meunier de s'essayer à l'exercice du remake en proposant une vision personnelle de La Grande Séduction avec Un Village Presque Parfait. L'année dernière sort sur nos écrans trois jours avant la nouvelle année, Père Fils Thérapie, adaptation française de De Père en Flic de Émile Gaudreault, cette fois-ci signée... Émile Gaudreault !Le cinéaste reprend donc les rennes du projet et le scénario qu'il écrivit à l'origine en compagnie de Ian Lauzon, le québécois le remanie cette fois-ci avec l'aide des français Guy Laurent et de Philippe de Chauveron, lequel est désormais célèbre chez nous pour avoir surtout réalisé Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? (la suite étant prévue pour l'année prochaine.
Père Fils Thérapie, c'est tout d'abord un cadre extraordinaire situé dans le par naturel régional du Verdon, et notamment dans les communes de Bauduen, Trigance et Aiguines. Une partie du tournage a été assurée dans les studios « Provence Studios » situés à Martigues. Des décors de rêve pour une comédie légère et plaisante. Le film d' Émile Gaudreault ressemble à ces longs-métrages offrant des cadres estivaux où se retrouvent des vacanciers qui n'ont en commun que le goût de la nature. Sauf qu'ici, il s'agit de thérapie. Seules femmes à bord, Alice Belaïdi (Un Petit Boulot) et Julie Ferrier (Ça se Soigne?) apportent cette petite touche de féminité essentielle à cette œuvre qui tourne autour des conflits opposant des pères à leur fils respectifs.
En toile de fond, une histoire d'enlèvement. Celle d'un flic kidnappé par un dangereux criminel (l'excellent Féodor Atkine). Si les autorités veulent avoir une chance de récupérer leur homme sain et sauf, ils doivent convaincre Charles Perronet, l'avocat du criminel. Perronet entretient des rapports conflictuels avec son fils Fabrice. A tel point que l'épouse de Charles inscrit son époux et leur enfant à une thérapie de groupe axée sur les rapports entre père et fils. Une occasion en or pour la police qui décide d'y envoyer les flics Jacques et Marc Laroche qui eux-mêmes sont père et fils. Afin de se fondre dans le groupe, ils se font passer pour des agents immobiliers. Les deux hommes ont un avantage certain sur leurs collègues : ils ne se supportent pas. Pas besoin alors de faire semblant. Ils n'ont qu'à demeurer le plus naturel possible. En arrière, un binôme constitué de deux policiers, dont Julie Benati, veille à ce que tout se déroule comme convenu.7Lors de la thérapie, chaque membre du groupe va être confronté au mal être que constitue ses rapports, soit avec son père, ou bien avec son fils. Jacques et Marc tentent de se rapprocher de Charles et de Fabrice afin de se lier à eux et pourquoi pas de les convaincre d'aider les autorités à retrouver le policier qui a été enlevé par le client de Charles...

L'idée de départ est assez séduisante avec un Richard Berry que l'on rêve de retrouver aussi hargneux que dans l'épuisant Une Journée de Merde de Miguel Courtois qu'il tourna dix-huit ans plus tôt en 1998, un Jacques Gamblin aussi savoureux dans la comédie que dans le polar, une Alice Belaïdi d'origine algérienne apportant une petite touche d'exotisme, ainsi qu'une Alice Ferrier irrésistible dans le rôle de l'animatrice vouant un véritable culte à son métier. Les seconds rôles prennent une importance presque aussi importante que les principaux interprètes. Waly Dia et Baptiste Lorber campent les fils incompris du duo Berry-Gamblin et le portrait des différents personnages qui accompagnent notre quatuor donne parfois lieu à des situations incroyablement cocasses. Père Fils Thérapie est une sympathique comédie interprétée par de talentueux interprètes capables autant de nous faire rire que de nous émouvoir. Contrat parfaitement rempli...
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