Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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vendredi 30 juin 2017

S-F Années 50: Supersonic Saucer de Guy Fergusson (1956) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Allez, on va être indulgent. Peut-être un peu plus encore que d'habitude. Et ce, pour différentes raison. Tout d'abord parce que Supersonic Saucer est à l'attention des enfants. Et si en tant qu'adulte on n'y voit que peu de matière à réfléchir sur la condition des extraterrestres sur notre planète, la chose demeure assez attendrissante pour attiser la curiosité de ceux qui ont gardé leur âme d'enfant.Ensuite, et cela est assez rare (voire même unique dans les annales du septième art), l'extraterrestre ici présent et nommé Meba a la curieuse capacité de pouvoir se transformer en soucoupe volante. De quoi se passer d'un quelconque engin spatial pour voyager à, travers les étoiles, de sa planète d'origine, Vénus, jusqu'à la notre, la Terre. Immédiatement accepté par deux gamines condamnées à rester en internat durant les vacances, Meba est... comment dire... Trognon ! Trop mimi. Trop craquant. Une paire d'yeux, c'est pratiquement tout ce qui constitue cette créature dont le reste du corps semble caché sous un drap blanc proche de la burka. Un enfant venu d'ailleurs, voilà ce qu'il est. Alors, lorsqu'il vole des gâteaux pour ses deux nouvelles amies, le pauvre Meba se trouve tout bête lorsque celles-ci lui font la morale. Une morale qui crève évidemment l'écran et dont le message pointe directement nos chères têtes blondes assises devant la télé.

Les intégristes ufologues risquent de faire grise mine. Ici, on nage en plein surréalisme. On convoque une bande de gredins dont les projets de vol coïncident avec le fruit d'un méfait orchestré par Meba, encore une fois. Derrière son titre alléchant, Supersonic Saucer n'a que peu (et même pratiquement aucun) rapport avec la science-fiction telles qu'elle est déjà généralement conçue à l'époque. On n'évoque à aucun moment la peur du rouge, ni même Roswell ou la fameuse zone 51. pas d'hommes en noir, de complot scientifico-politique, de petits hommes verts ou gris. Juste une poupée mue par la main d'un accessoire enfoncée dans le... enfin, vous m'avez compris !

Les effets-spéciaux sont totalement caduques, même pour l'époque. Quant à l'histoire, elle demeure d'une mièvrerie indiscutable pour les personnes dont l'âge prescrit est dépassé depuis des lustres. Déjà à l'époque, alors imaginez-donc de nos jours. L'un des principaux soucis de Supersonic Saucer et sur lequel ne s’appesantiront certainement pas ceux qui n'espéraient de toute manière pas en voir davantage, c'est sa durée. Quarante-neuf minutes au compteur, pas une de plus. Si cela semble avoir suffit à son auteur pour y mettre tout ce qui lui est passé par la tête, on imagine le visage qu'aurait arboré le film si un soin supplémentaire avait été apporté au scénario ainsi qu'à l'intrigue. Supersonic Saucer demeure, évidemment, anecdotique à une exception près, et d'une considérable importance. Il y a un fait que le cinéaste trop souvent surévalué Steven Spielberg ne pourra pas nier. C'est la source d'inspiration intarissable dont il s'est abreuvé ici pour réaliser vingt-six ans plus tard son E.T. L'extraterrestre. La preuve par l'image :


jeudi 29 juin 2017

S-F Années 50: the Killer Shrews de Ray Kellog (1959) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Le récit de The Killer Shrews (que l'on peut traduire par Les musaraignes tueuses) se situe non plus sur le continent américain mais sur une île investie par une petite équipe de scientifiques menée par les Docteurs Radford Baines et Marlowe Cragis. Ce dernier est accompagné de sa propre fille, Ann, laquelle semble avoir la curieuse habitude d'accueillir les rares visiteurs vêtue d'un tailleur comme nous pouvons le constater dès sa première apparition. Outre ce fait peu en accord avec le cadre sauvage qui entoure les scientifiques venus triturer les gènes de petits rongeurs (les musaraignes en question), l'arrivée de Thorne Sherman, capitaine d'un rafiot rempli de vivres à l'attention des Cragis, de Baines, mais également du peu sympathique Jerry Farrel, très bel exemple de poltron, va quelque peu perturber la vie pas si paisible du groupe dont les manipulations génétiques ont donné naissance à des créatures à la croissance incontrôlée et incontrôlable.
Les délicieuses petites musaraignes servant à leurs expériences vont en effet subir une transformation inattendue et vont surtout devenir ingérables, envahissant ainsi l'île par leur nombre croissant. L'hypothèse voulant que deux ou trois cent de ces créatures ont investi l'île alors que nous n'en verrons jamais plus que cinq ou six au grand maximum demeure invérifiable.

Réalisé par le cinéaste Ray Kellog, The Killer Shrews est typiquement le genre de produits qui pullulaient dans les années cinquante et qui faisaient le bonheur des drive-in malgré leurs piètres qualités. Ne dérogeant pas à la règle, celui-ci fait donc partie des pires longs-métrages de science-fiction horrifico-fantastique que produisit le cinéma américain de cette décennie riche en péripéties. Il n’est plus question ici d’aller voir au-dessus de nos têtes si d’éventuels petits hommes verts seraient tentés de venir nous rendre une petite visite. Cette fois-ci, on ne pourra reprocher ni à l’armée, ni à une quelconque centrale nucléaire de vouloir nuire à l’humanité puisque c’est une toute petite partie de cette dernière qui a décidé, allez savoir pour quelle raison, de modifier les gènes de nos amies les musaraignes et ainsi de les faire grandir à tel point que des quelques dizaines de millimètres qu’elles mesurent normalement, les voici atteignant les inquiétantes dimensions de chiens de type berger allemand, ou labrador, pour ceux qui préfèrent.
D’ailleurs, on ne tarde pas assez rapidement à deviner que sous les quelques centaines de faux poils qui les recouvrent se cachent des individus de type canin et bien évidemment pas les musaraignes géantes promises par l’intrigue. On a droit à l’éternelle attirance entre le héros (ici le capitaine du bateau) et la fille du docteur Cragis (vous vous souvenez, celle qui porte le tailleur en toutes circonstances). Il demeure là encore une fois un personnage venant contrecarrer les plans du groupe (l’antipathique Jerry Farrel). Plus fort encore, et surtout beaucoup moins évident de nos jours, l’étranger, ou du moins l’homme dit de couleur, est traité de manière assez peu respectueuse puisqu’entre le serviteur mexicain que Farrel aime à traiter moins bien qu’un animal de compagnie (le pauvre mourra de plus des conséquences d’une morsure), le seul noir de l’intrigue (le premier compagnon du bateau, Rook Griswold) est le premier à tomber entre les griffes et les impressionnantes mâchoires des musaraignes géantes. Des créatures dont l’une des principales spécificités (qui les rendent encore plus inquiétante qu’au travers de leur simple agressivité) est de posséder une salive constituée de bactéries causant une mort rapide et douloureuse. Un peu à la manière du dragon de Komodo qui ne se fatigue pas à courir après sa proie puisque mordue, celle-ci est de toute manière condamnée à mourir.

Ça a l’air passionnant, et pourtant, The Killer Shrews est d’un ennui abyssal. On se fiche littéralement des dialogues insipides (autant qu’a eu l’air de se foutre Jay Simms de l’écriture du scénario) et du sort accordé aux survivants. Les effets-spéciaux se résument aux perruques canines portées par les chiens, quant à l’interprétation… mouais, peut mieux faire. On se gaussera éventuellement de la méthode appliquée par le capitaine Sherman et les autres pour fuir l’île et monter à bord du bateau consistant à souder plusieurs barils en métal creux à l’intérieur desquels ils prendront place, se mouvant accroupis jusqu’à ressentir l’eau leur monter jusqu’au genou. Car oui, si les musaraignes atteignent ici une dimension insoupçonnée, elles demeurent craintives devant l’élément liquide. Pour amateurs de gros nanars en noir et blanc avant tout…

mercredi 28 juin 2017

S-F Années 50: Fiend Without a Face de Arthur Crabtree (1958) - ★★★★★☆☆☆☆☆





Après les États-Unis avec War of the Satellites de Roger Corman, cette fois-ci, direction l'Angleterre avec Fiend Without a Face du britannique Arthur Crabtree. Petite production horrifique datant de l'année 1958 et traduite chez nous sous le titre Monstres Invisibles (alors que sa réelle signification demeure Ennemi sans visage), Fiend Without a Face n'a d'autre véritable intérêt que d'un point de vue historique, politique et militaire puisque s'inscrivant dans la mouvance d'un certain cinéma de science-fiction entrant dans le cadre de la Guerre Froide qui opposa les États-Unis et l'URSS ainsi que le régime communistes et les démocraties occidentales, avec en point de mire, le nucléaire. Terme le plus souvent entendu dans l’œuvre d'Arthur Crabtree puisque les habitants de la petite ville de Winthrop sont apparemment victimes des retombées radioactives d'une installation expérimentale due aux Forces Aériennes Américaines qui ont mis en place un radar capable de scruter les activités de leur ennemi juré : l'URSS.

Si le cadre employé est celui d'une petite ville du Canada sur laquelle est implantée une base américaine alors que les origines de Fiend Without a Face sont britanniques, l'approche du cinéaste anglais peut s'expliquer par le fait que deux ans plus tôt, en 1956, lors de la Crise du canal de Suez (29 Octobre-7 Novembre 1956), l'Angleterre (mais pas seulement), a dû supporter une menace provenant directement de l'URSS à l'époque ou elle fut dirigée par le politique Nikita Khrouchtchev. Toutes les obsessions de l'époque transpirent donc dans ce petit film mettant en scène des meurtres particulièrement étranges, et dont les cadavres ont été victimes de prélèvements : en effet, le cerveau ainsi qu'une partie de la colonne vertébrale de celles-ci ont été arrachés, laissant ainsi des marques de ponction.

En parallèle à la série de meurtres, Fiend Without a Face émet l'hypothèse selon laquelle les expériences menées par l'Armée seraient responsable des événements. D'ailleurs, la réaction des bovins provenant de l'élevage d'un certain Griselle, première victime à être retrouvée morte, semble d'abord la confirmer. Mais le témoignage de sa sœur, Barbara, corrobore le fait que le problème vient d'ailleurs. Et pourquoi pas alors du professeur R.E Walgate, lequel mène des expériences sur la télékinésie. Relativement bien interprété, Fiend Without a Face demeure au final assez ennuyeux. La faute à une sévère baisse de régime due très certainement à un manque d'inspiration. Alors qu'il date de 1956, si l'on pouvait imaginer un seul instant que le film d'Arthur Crabtree ait pu ensuite un tant soit peu inspirer des cinéastes, on pourrait alors éventuellement indiquer une certaine ressemblance entre le siège des principaux protagonistes dans la demeure du professeur R.E Walgate et celui des personnages de La Nuit des Morts-Vivants dans la maison, lieu central de son intrigue. Et pourquoi même hypothéquer sur l'éventualité que Ridley Scott se soit inspiré (comme il le fit ensuite avec La Planète des Vampires de Mario Bava) des curieuses créatures générées psychiquement par ce même professeur R.E Walgate, lesquelles rappellent sensiblement le Facehugger de Alien, le Huitième Passager. Au delà des quelques apparents intérêts que peut produire Fiend Without a Face sur les amateurs de science-fiction directement issue des années cinquante, le propos demeure ouvertement Prosélytique...

mardi 27 juin 2017

S-F Années 50: War of the Satellites de Roger Corman (1958) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Pour les membres du programme spatial des Nations-Unies, c'est l'incompréhension. C'est la dixième fois qu'un satellite est envoyé dans l'espace et qu'il explose sans aucune explication. Alors que le concepteur du projet, le Docteur Pol Van Ponder est cette fois-ci bien décidé à embarqué dans le prochain vol, l'un des représentants de l'ONU, Jason Ibn Akad, met tout en œuvre pour que cesse le projet connu sous le nom Sigma. Comme pour étayer les propos de ce dernier, un étrange objet venu des étoiles tombe sur le sol américain. Une sorte de sonde sur laquelle et inscrit un message en latin à l'attention des humains et qui indique très précisément que si l'homme ne cesse de vouloir envoyer des satellites afin d'explorer l'univers, ceux-ci seront irrémédiablement détruits comme les précédents.
Une nuit, Pol Van Ponder reçoit un coup de téléphone de l'un de ses proches lui conseillant de se rendre aussitôt à une réunion de l'ONU où est débattu la continuité ou l'abandon du projet. Malheureusement pour lui, Van Ponder meurt dans un accident de voiture. Lors de la réunion, le virulent Jason Ibn Akad est interrompu dans son discours et tout le monde apprend avec stupeur la disparition du chef du projet Sigma. C'est alors que réapparaît Van Ponder. Contrairement à ce que viennent d'apprendre les membres de l'ONU, l'homme est bien vivant et toujours décidé à monter à bord de la future navette aux côtés de son ami Dave Boyer et de Sybil Carrington qui voue une adoration au Docteur Van Ponder...

Producteur de plus de quatre-cent longs-métrages et réalisateur d'une cinquantaine de films, Roger Corman fut l'un des grands maîtres de la série B fauchée américaine. Surtout spécialisé dans les films d'horreur à petits budgets, il n'en est pas à son coup d'essai en matière de science-fiction lorsqu'il réalise en 1958 le film War of the Satellites puisque trois ans plus tôt il tourna Day the World Ended puis l'année suivante It Conquered the World. Réalisé deux ans après l'excellent Invasion of the Body Snatchers de Don Siegel, War of the Satellites aborde déjà l'épineux sujet de l'existence et des méfaits de l'humanité sur son propre sol. Une maladie qui selon les extraterrestres du film doit être interdit de toute forme d'exploration spatiale. Un message d'avertissement qui sera fort logiquement et officiellement perçu comme un canular par le principal protagoniste dont l'arrêt du projet Sigma est évidemment inconcevable malgré une preuve tangible sur les origines extraterrestres de l'objet écrasé sur Terre : la sonde sur laquelle est gravé le message en latin (langue qui laisse supposer que tout ceci n'est qu'une vague fumisterie organisée sur Terre et visant l'arrêt de toute exploration spatiale) semble en effet avoir été façonnée à l'aide d'un métal inconnu sur notre planète.

Si le sujet est passionnant et l'exploration spatiale prometteuse, le résultat lui, est assez navrant. Le budget minimaliste expliquant sans doute cela, on est pas étonnés de découvrir une suite d'événements assez tristes. Dès lors que le satellite à bord duquel Van Ponder, Dave Boyer et de Sybil Carrington sont montés à bord a quitté le sol terrestre, le film tourne en rond et devient très vite ennuyeux. Roger Corman reprend l'un des aspects les plus intéressants du Invasion of the Body Snatchers de Don Siegel. Son principal protagoniste ne semble en effet pas être celui auquel croit son entourage. De même que les spectateurs qui apprennent très vite que le Van Ponder embarqué à bord de la navette n'est pas celui auquel on pense. Il n'y a donc en définitive aucun mystère entourant le personnage que l'on comprend très vite appartenir à l'espèce extraterrestre ayant tenté de convaincre l'humanité de cesser toute exploration spatiale.
Malgré une idée de départ fort intéressante, Roger Corman exploite peu le filon qui se profile devant lui et fait du scénario écrit à six mains par Jack Rabin, Irving Block et Lawrence L. Goldman, une petite production sans envergure...

lundi 26 juin 2017

Rétrospective (non exhaustive) consacrée au plus grand film d'horreur de tous les temps, ainsi qu'à sa suite (que vous soyez de mon avis, ou non !)



Imaginons-nous un instant ressentir de la peine pour un stupide gallinacé enfermé dans une cage pas plus grande que lui. Ressentir la troublante sensation que le sol va bientôt se dérober sous nos pieds si la jeune femme qui nous est présentée ne parvient pas dans les secondes qui viennent à s'enfuir du piège dans lequel elle est tombée. Rêver secrètement de voir le garçon assis sur son fauteuil roulant se faire découper en rondelles par un fou sanguinaire armée d'une tronçonneuse. Et sans aucun doute même, croire voir s'écouler des milliers de litres de sang dans un film qui n'en propose que quelques gouttes.
Tout ceci est une part infime, presque ridicule même, de ce qui fait de "Massacre à La Tronçonneuse" un monumental film d'épouvante. Le plus grand peut-être de tous les temps. L'un des plus fous aussi. Un portrait de famille unique en son genre. Trois générations qui ont eu le temps de se relever après la catastrophique crise de chômage qui les a touchées. 


Comment se recycler lorsque l'on travaille dans un abattoir et que l'on vous met à la porte, si ce n'est en continuant à exercer sa passion dans les entrailles de touristes malheureux? Du pompiste à l'auto-stoppeur en passant par la maison aux atours luxueux, l'humain, ce qu'il a créé de ses mains et l'environnement qui l'a vu naître, tout devient d'une cruelle incertitude. Il y a dans ce soleil accablant qui laisse pourrir un tatou renversé sur l'asphalte, quelque chose d'inquiétant. Comme le visage inouï du type installé sur sa chaise et qui se complait à griller ce qu'il lui reste de santé sous le regard cyclopéen de l'astre luminescent. Que dire de cette immense bâtisse, seule entité qu'il est aisé de reconnaître dans un premier temps comme unique forme de civilisation face à l'immense et menaçant territoire d'où semblent originaires les individus les plus louches? Cette demeure, source des plus effroyables tragédies est le théâtre de forfaits que même le plus agité d'entre nous serait incapable d'imaginer. 




Si à l'époque beaucoup de personnes ont affirmé sans sourciller que le film de Tobe Hooper était sanglant sans même l'avoir jamais vu, c'est sans doute à cause de son titre et de l'affiche qui laissaient présager de nombreuses scènes croustillantes. A dire vrai, "Massacre à La Tronçonneuse" joue plutôt la carte de la suggestion et ne contient aucune scène gore, si ce n'est à la toute fin lorsque Leatherface ("Tronche de cuir") se coupe la cuisse par accident avec sa tronçonneuse. Le film repose sur une ambiance pesante, étouffante et angoissante. L'image granuleuse du 16mm, la bande-son et les décors participent à cette terrible impression que la joie et la bonne humeur du petit groupe d'amis qui traverse l'état du Texas va bientôt se transformer en véritable cauchemar. Sally, son frère Franklyn et leur trois amis vont croiser sur la route des individus plus étranges les uns que les autres. Les résidus d'une société qui les a exploité durant des années avant de les pousser sur le bas-côté de la route et d'en faire ainsi des prédateurs sanguinaires incapables de faire la différence entre le bien et le mal. Encore insouciants, les jeunes gens n'hésitent pas à faire monter dans leur van un auto-stoppeur à l'allure étrange et au visage marqué d'une tache de vin. C'est l'occasion idéale pour entrer en contact avec les autochtones du coin et découvrir le mal qui gangrène le pays, créant ainsi la nécessité pour chacun de survivre par tous les moyens quitte à se fourvoyer dans la pire des exactions. Une fois débarrassés de l'inquiétant personnage, chacun se promet de ne plus faire monter qui que ce soit dans le véhicule. Si l'apparence générale de l'auto-stoppeur avait de quoi inquiéter même bien avant de le voir s'agiter parmi ses hôtes, d'autres habitants du coin, d'apparence tout à fait normale, sont peut-être eux-mêmes des individus peu recommandables. Mais comment imaginer que derrière le visage serein d'un pompiste d'une cinquantaine d'années se cache l'un des pires membres d'une famille de dégénérés? Ou qu'une maison d'apparence anodine puisse avoir été reconvertie en abattoir familial? 






Nos jeunes amis vont connaître un destin tragique, tombant l'un après l'autre entre les griffes de personnages grand-guignolesques. Si Tobe Hooper prend son temps pour installer l'intrigue, c'est pour mieux forcer le spectateur à s'attacher aux adolescents et rendre ainsi leur mort plus effroyable encore que s'ils n'étaient que les simples pions d'un jeu de massacre sanguinaire. La mise en scène, tour à tour languissante puis subitement nerveuse, parvient à 

maintenir une pression qui ne se relâchera qu'avec le 
générique de fin. Si la famille d'anthropophages compte autant de portraits saisissants qu'elle compte de membres, c'est celui de Leatherface qui retient l'attention. Caché derrière un masque de chair prélevé sur une anciennes victime, il n'est, malgré toute la folie qui le caractérise, qu'un enfant immature qui joue avec ses proies comme l'aurait fait un autre avec de simples poupées de chiffon. D'une imposante stature, vêtu, outre de son masque, d'un tablier de boucher crasseux, il ne nous sera jamais donné l'occasion de découvrir son visage. Et c'est peut-être ce qui le rend si terrifiant. Car en effet, il devient alors impossible de l'identifier en tant qu'homme mais plutôt comme une forme de monstre façonné par le monde moderne. Impossible donc de se reconnaître en lui et d'accepter ses méfaits. 


L'autre personnage important du film, c'est cette immense bâtisse, agréable vue de l'extérieur mais qui derrière ses murs cache un décor proprement monstrueux. Outre une cuisine qui sert de pièce à l'abattage et au reconditionnement des victimes, le salon possède un "design" cauchemardesque. La "visite" de Pam, la première victime, est l'occasion pour le spectateur d'entrer de plain-pied dans l'univers morbide de Leatherface et sa petite famille. Des centaines d'outils rouillés, d'ossements animaux et même humains, un tapis de plumes ainsi qu'une poule enfermée dans une minuscule cage participent à l'une des scène les plus malsaines de toute l'histoire du cinéma. C'est en apnée et proches du vertige que l'on assiste abasourdis à cette scène véritablement angoissante. On devine déjà que découvert, ce décor va très bientôt servir de tombeau à la jeune femme. 


La suite ne fera que confirmer nos craintes et c'est à une succession de scènes incroyable auxquelles nous aurons droit. Chaque plan semble avoir été étudié pour que ne subsiste que l'essentiel. C'est d'ailleurs dans les scènes coupées proposées dans certaines éditions dvd que l'on constate le choix judicieux effectué sur ce qui devait être montré et sur les scènes inutiles et abandonnées. Dès lors que l'on entre pour la première fois dans l'impressionnante maison de la "famille tronçonneuse", le rythme est si bien soutenu qu'il nous est presque impossible de retenir notre souffle.


Un point important est à noter concernant le confort supplémentaire qu'apporte la version originale par rapport à la version française car même si les dialogues sont rares, le caractère du film change sensiblement et nous projette davantage au cœur de l'action en partie grâce aux prises directes. Ce qui évidemment n'est pas le cas lors d'un doublage.
La bande-son est un intelligent mélange de musique country et de bruitages "suspects". La tronçonneuse participe elle-même au festival de "musique industrielle" auquel nous sommes conviés. Tobe Hooper expliquait justement que cette dernière lui avait permis de faire des économies sur le budget en proposant le son caractéristique de machine de mort plutôt qu'en investissant dans une bande-son classique. La country devient tout au long de l'histoire un simple fil d'Ariane reliant pour un temps le groupe d'amis au monde civilisé. Pour nous, français, cette musique ne faisant pas partie de notre patrimoine culturel, entendre les radios la digérer en sourdine renforce peut-être encore davantage cette terrifiante impression de voir rouler vers des territoires hostiles, lointains et méconnus, les cinq camarades. 



Il est difficile de reprocher au film le moindre défaut et même son "grand âge" lui offre l'avantage de posséder un charme désuet, celui d'une époque définitivement révolue.





Ma note : ★★★★★★★★★★


Suppléments:

Suites et remakes:

Il n'y a en fait pas grand-chose à dire sur les suites et remakes du chef-d'œuvre de Tobe Hooper tant aucun d'entre eux ne parvient à rendre l'atmosphère putride de ce dernier. Pas même le second volet pourtant réalisé par Hooper lui-même qui a préféré abandonné le coté malsain de son œuvre originale pour plonger ses personnages dans une sorte de comédie noire ponctuée de scènes gores malgré tout réussies. Certains personnages se révèlent pourtant intéressants comme celui du "cuisinier", toujours interprété par Jim Siedow ou encore "Chop Top", version moderne de l'auto-stoppeur, victime du Vietnam nantie d'une plaque de métal dans le crâne. Gunnar Hansen (l'acteur planqué sous le masque de Leatherface dans le premier "Massacre...") est cette fois-ci remplacé par Bill Johnson et Dennis Hooper campe le rôle déjanté du Lieutenant "Lefty" Enright. En comparaison des autres suites celle-ci n'est pas catastrophique mais on reste néanmoins quelque peu déçus par le traitement choisi par Tobe Hooper. Les décors quand à eux connaissent un lifting et se situent dans un décor dantesque du plus bel effet. 
 
"Massacre à la tronçonneuse 3, Leatherface" et "Massacre à la tronçonneuse 4, la nouvelle génération" ne parviennent jamais à rendre hommage au film culte de Tobe Hooper et ne sont rien de plus que deux navets à oublier définitivement. 




"Massacre à la tronçonneuse (le remake)" quand à lui parvient, grâce à de plus amples moyens, à redorer le blason d'une série qui petit à petit a semble-t-il tout fait pour ruiner la réputation du film original. Mais si parfois on retrouve l'ambiance glauque du film de Hooper, c'est davantage au travers d'une multitudes de scènes gores particulièrement crades que de la mise en scène générale. Son statut de remake lui offre l'opportunité de piller sans vergogne sur son ancêtre et fait donc preuve de peu d'originalité. Il ne se démarque donc de lui qu'au travers des scènes d'horreur.


Avec "Massacre à la tronçonneuse : Le Commencement", on atteint cette fois-ci des sommets de nullité. On tente de nous faire croire qu'il va traiter des origines du mal mais évacue cette idée après seulement quelques instants pour nous plonger dans un scénario décevant, une interprétation tout juste passable et surtout des attitudes grotesques. Comme celle de Leatherface par exemple. Il suffit de le voir se déhancher à la manière d'un jeune de banlieue pour rire (involontairement) aux éclats. Le film tente par tous les moyens de choquer au travers de scènes peut-être même plus sanglantes encore que dans le film précédent et ne repose finalement sur rien d'autre. Ce qui faisait la force du tout premier "Massacre..."était cette volonté de suggérer sans jamais montrer afin de forcer l'imaginaire du spectateur. Ici tout n'est qu'un prétexte à étaler des monceaux de barbaque et ainsi écœurer le public. Mais à force de trop en montrer, c'est l'effet inverse qui finit par se produire. On devine toujours ce à quoi l'on va assister sans plus jamais détourner le regard de l'écran.

Massacre à la tronçonneuse 2: ★★★★★☆ ☆ ☆ ☆
Massacre à la tronçonneuse 3, Leatherface:  ☆ ☆ ☆ ☆☆ ☆
Massacre à la tronçonneuse 4, la nouvelle génération: ☆ ☆ ☆ ☆
Massacre à la tronçonneuse, le remake ★★★★★☆ ☆ ☆ ☆ 
Massacre à la tronçonneus, au commencement: ★★☆ ☆ ☆ ☆☆ ☆

Source d'inspiration:


Si "Massacre à la Tronçonneuse" fait aujourd'hui partie des grands classiques de l'épouvante, il ne faut pas oublier qu'il s'inspire de faits-divers qui ont eu lieu dans la région du Wisconsin, à Plainfield très exactement. Edward Gein a, en effet, tué deux femmes dans le courant des années cinquante. Ce qui aurait pu ressembler à un banal fait divers s'est révélé bien plus sordide encore. Car cet homme, vaguement considéré comme l'idiot du village a aussi déterré une trentaine de cadavres de femmes qu'il a ensuite emportées chez lui. Sa ferme, il en a fait un abattoir. Et notamment la cuisine dans laquelle il a dépecé les deux femmes qu'il a tué. Ce tueur nécrophile a donc vécu durant des années au milieu des cadavres dont il coupait les crânes en deux afin de s'en servir comme bol pour le petit déjeuner. Cette histoire inspira Hitchcock pour son film "Psychose" qui lui, aborde davantage l'esprit tourmenté d'un jeune homme toujours en conflit avec sa mère pourtant morte. Hooper retient de l'histoire sordide de Gein, les aspects les plus horribles. Comme la maison qui d'un point de vue extérieur semblait tout à fait quelconque mais dont l'intérieur révélait les fantasmes de son propriétaire. Un tombeau dans lequel il révérait sa mère au point de s'accaparer tout ce qui la lui rappelait.



Lorsque la police est intervenue chez lui après des soupçons portés sur lui, c'est à un décor des plus sordides qu'elle a dû faire face. Cadavres sans tête suspendus par les chevilles et éviscérés dans la cuisine. Une quinzaine de corps pourrissant étendus sur le lit de Gein et sur les montants duquel étaient fixés quatre crânes soigneusement nettoyés. La maison était dans un tel désordre que les investigations furent des plus difficiles. Un policier tomba même nez à nez avec une tête fraîchement découpée (celle de sa seconde victime) et enfermée dans un sac de toile taché de sang.


 

Tout ça parce que la mère d'Ed Gein n'a jamais cessé de lui transmettre sa haine des femmes. Lorsqu'elle est morte, le fils s'est retrouvé seul et à laissé libre cours à ses fantasmes et à développé un étrange rituel consistant à se coudre des vêtements en peau humaine prélevée sur les cadavres de ses deux victimes. Il sortait alors le soir et dansait ainsi vêtu devant sa ferme.
Edward Gein est mort d'un cancer en Aout 1984 alors qu'il purgeait une peine de prison pour ses méfaits...





Attention! cet article comporte une grande somme de spoils et est avant tout dédié aux grands fans de la première heure et à tous ceux qui ont déjà vu le film...


Pour fêter les 40 bougies de l’œuvre mythique de Tobe Hooper, celle-ci se voit remastérisée au format 4K (Le terme 4K fait référence à la définition (finesse, précision) de l'image : dans la norme initiale, une base formée de 4 096 pixels — ce qui est aussi la taille de kibioctets — en format 16/9, soit deux fois plus de pixels en hauteur et en largeur par rapport à la norme Full HD, ce qui en fait une image ayant quatre fois plus de pixels (en fait 3 840 × 2 160 pixels contre 1 920 × 1 080 en full HD) soit, à finesse égale, une image quatre fois plus grande. Wikipedia). Les magazines s'empresse de révéler la précieuse information et certains en font la couverture de leur plus récente parution, à l'image de l'excellent Mad Movies qui nous offre quatorze pages consacré à ce qu'il est convenu de considérer comme LE film d'épouvante par excellence. Le magazine nous propose toute une série de témoignage dont deux des plus intéressants: Tobe Hooper, le réalisateur lui-même, et René Château qui a participé durant de longues années à la reconnaissance de cette œuvre ultime que tous ceux qui ne l'ont toujours pas vu vont pouvoir rattraper leur retard. Le moyen ultime de leur faire découvrir (et pourquoi pas reconnaître) l'importance de ce film...



Spoilons un peu...

Les premières images de Massacre A La Tronçonneuse ressemblent à celles de ces œuvres qui promettent le témoignage fictif d’événements terribles s'étant déroulés dans le sud des États-Unis, et très exactement au Texas. Un nom qui sonne dan notre contrée comme un voyage ou une promesse d'évasion particulièrement inquiétants. Nous nous imaginons tout et n'importe quoi sur cette région. Les moins informés d'entre nous doivent avoir encore du mal à imaginer l'aérospatiale et la biotechnologie implantée dans un décor que l'on imagine parcouru de grandes plaines, sources de nourriture pour de grands élevage de bovins. Ces mêmes créatures que l'on imagine vivre dans d'immenses fermes perdues, propriétés de culs-terreux aux mœurs particulièrement douteuses. Si l'intrigue de Massacre A La Tronçonneuse se déroule effectivement dans cette région, peut-être est-ce parce que cette dernière est auréolée d'une réputation particulière ? Ou bien parce que l'équipe de tournage est entièrement originaire de la région ? Toujours est-il que la source d'inspiration, le tueur nécrophile (mais pas du tout en série comme le supposent certains) Ed Gein vivait quand à lui à Plainfield. Petite bourgade du nord des États-Unis. Un garçon gentil, effacé, et un peu dérangé auquel sa maman inculquait de fausses valeurs morales et qui à la mort de cette dernière à tué deux femmes et en a déterré plus d'une trentaine d'autres dans les cimetières de la région.  

Une ouverture crépusculaire

Une ouverture donc, qui laisse la place à un écran devenu tout noir parcouru par une série de flashs d'appareils-photos nous montrant deux cadavres pourrissant. S'ensuit un travelling arrière en contre-plongée nous montrant ces mêmes corps exhibés près d'une tombe dans une posture profanatrice du plus bel effet. Une musique étrange. Qui le restera de bout en bout et une radio émettant l'information qui nous intéresse ici, ainsi qu'une fumée (sable?) qui accentue l'atmosphère lugubre que l'on a le droit d'exiger dans ce type de lieu.  




Quelqu'un s'est-il déjà demandé qui pouvait être celui ou celle qui prenait ces fameuses photos des cadavres ? Et pourquoi pas cet auto-stoppeur fou que nos prochaines victimes vont bientôt malencontreusement prendre à bord de leur van ? Il fait déjà très chaud, une moiteur déjà palpable, accentuée par un générique à la bande-son expérimentale et cacophonique qui sublime (?) toute une série d'éruptions solaires.  
Puis une Lune, prémices de toute l'horreur à venir. Pleine et généreuse. Naturelle et qui va bientôt exposer à nos yeux de voyeurs ébahis un monstre de course-poursuite...

Un tatou, mort, écrasé par un soleil implacable, et, en arrière-plan, l'image floue d'un van vert qui s'arrête au bord de la route. Deux filles et trois garçons, dont l'un est handicapé. Un boulet, un poids, qui va le devenir bientôt davantage encore. S'il n'avais pas ce fichu caractère et ce « courage » dont il va montrer très vite les limites, il pourrait presque devenir attachant. Nous sommes bien dans les années soixante-dix : pattes d'éph, favoris, chemises à fleurs. Et puis surviennent les premiers autochtones. Chapeaux de cow-boys, santiags, le dépaysement n'est pas encore total. Il va bientôt nous submerger mais pour l'instant, Tobe Hooper et son équipe nous l'infligent en douceur. Un cimetière, le même que plus tôt. On sait pourquoi Sally, son frère Franklin et leurs trois compagnons sont venus s'enterrer dans ce trou perdu. Pas pour y faire la fête, non, pour s'assurer que le corps des ancêtres n'a pas été exhumé. S'il y a un vieux cow-boy alcoolique pour déblatérer d'inquiétantes prévisions, c'est pour Franklin. D'ailleurs, durant une grande partie du film, on se demande parfois si ce dernier n'est pas responsable des tragédies qui vont se succéder. Le quintette reprend la route, serré dans un van pas très confortable. Le soleil tape fort dehors et les auréoles de sueur sont davantage marquées que tout à l'heure. Au passage d'un abattoir, Franklin se fait plus bavard, contant les pratiques un peu morbides des bouchers qui y travaill(ai)ent. 

Première rencontre avec les autochtones de la région


Un auto-stoppeur marche sur le bord de la route et le voilà embarqué à bord du van. Les filles font la moue, les garçons aussi d'ailleurs. Il y a comme une lueur de regret dans leur regard, expression qui va s'accentuer au fil des minutes, voire des secondes, surtout lorsque le dingue, ancien boucher au chômage, va se saisir du couteau de Franklin et se taillader la main avec. Merde ! Le gars se trimballe avec un vieil appareil-photo sur lui. Bien que l'atmosphère tendue soit rendue à la perfection au point que l'on y soit collés comme une mouche à merde sur un étron, on ne peut éloigner de son esprit l'image de ces cadavres photographiés juste avant le générique. Si l'auto-stoppeur n'a pas encore montré de signe de violence gratuite, on imagine déjà, et bien avant les personnages eux-même, des possibilités qu'il a de rentrer dans un état de pure folie. Edwin Neal, qui interprète le rôle de ce dingue, est à ce titre totalement crédible. Et même, si au moment il est armé du couteau de Franklin, une arme aux dimensions proprement ridicules vu que le bonhomme est seul devant cinq jeunes gens, on se dit que le pauvre Franklin, placé dans la ligne de mire du taré n'a que peu de chance de s'en sortir s'il venait à l'auto-stoppeur l'envie d'en dessouder un ou deux. Une fois de plus, c'est le handicapé qui en prend plein la gueule. Une petite saignée, et voilà que par miracle, la bande réussi à se débarrasser de l''encombrant passager. C'est à ce moment très précis que l'on reprend son souffle pour la première fois et que l'on se rend compte de l'imprégnation qu'a pu exercer ce doux moment de terreur que l'on a pu vivre. Tobe Hooper jette quelques indices notoires, comme cette photo que l'auto-stoppeur prend, cette empreinte de sang qui laisse sur la portière du van et qui laissent présager du pire. Tout est fait pour que le spectateur soit mis en condition. Ce fameux indigène que l'on imagine vivre là-bas, le voilà enfin personnifié.



[CUT] 
  
Histoire d'un accouchement difficile...

Massacre A La Tronçonneuse fête donc ses quarante ans cette année. 1974, date de sa sortie théorique, le film n'aura connu les honneurs des salles françaises que par trois fois, en 75, 76 et 79. Huit ans, c'est le nombre d'années qu'il aura fallut attendre pour le voir au cinéma et encaisser un choc visuel qui devait être à l'époque encore plus fort qu'aujourd'hui, tant le cinéma, depuis, nous a offert l'occasion d'assister à des horreurs viscéralement saisissantes. Le film écopera d'une interdiction totale avant que Jack Lang, alors ministre de la culture, n'ait l'intelligente idée de faire sauter cette très gênante barrière. René Château, cet homme précieux qui lança grâce à cette œuvre la cultissime collection « Les Films Que Vous Ne Verrez Jamais A La Télévision » afin de rentabiliser l'acquisition du film de Hooper, le propose directement à la vente en VHS. Une manière pour le public de ne pas avoir à attendre tant d'années pour ressentir le malaise que procurent Massacre A La Tronçonneuse et sa famille de dégénérés...


Aparté...

Lorsque l'on n'a que douze ou treize ans au beau milieu des années quatre-vingt, que l'espoir de pouvoir entrer dans une salle de cinéma pour y contempler cet obscur objet du désir est vain et qu'il n'y a aucun vidéoclub pour vous proposer le film à un prix encore décent, il n'y a pas mille solution pour se le procurer. La chance, parfois, sonne à votre porte. Il suffit de lui ouvrir, de l'accompagner en ville, et de la suivre jusqu'à cet endroit où vous avez l'habitude de dénicher des objets parfois inattendus: le marché.
Très peu d'argent en poche (lorsqu'encore, vous avez la chance d'en avoir au moins un peu sur vous), et pas d'idée précise sur ce que vous allez chercher, vous flâner le long des étals. Ça sent bon le fromage, la saucisse et la volaille rôtie. Il y a du bruit partout où que vous tendiez l'oreille. De la musique là-bas, vers votre droite, et à gauche, un type qui gueule en essayant de refourguer aux ménagères des éplucheurs miraculeux. Et puis en face, il y a un immense étal recouvert de cassettes vidéos et audios, de vieux livres de poche abîmés et de disques vinyles. Parmi tout ce que son propriétaire a à vendre, il y a bien quelques chose que vous allez lui prendre. Il faudra être patient, fouiner durant de longues minutes jusqu'à trouver LA perle rare.

Après avoir parcouru des yeux et des doigts des dizaines, des centaines d'articles, l'un d'eux vous "accroche". La VHS d'un film d'horreur coincée entre un porno et une comédie.
Vous ne lisez les magasines spécialisés dans le cinéma fantastique et d'horreur que depuis peu et pourtant, vous avez déjà entendu parler de ce film: Massacre A La Tronçonneuse. Pour être tout à fait honnête, vous n'avez encore jamais espéré le voir au cinéma. Le titre pompeux ne vous donnait déjà alors, pas envie de voir des œuvres aux titres aussi racoleurs.
Pourtant, si Mad Movies, ce magasine pour lequel vous vouez un véritable culte, en parle si bien, c'est parce qu'il doit être important de le découvrir, ici, et maintenant. Quelle vaine. Vos parents ont cheté un magnétoscope il n'y a pas plus d'un mois en arrière. Vous vous saisissez de la jaquette, la retournez dans tous les sens, pas moyen de connaître son prix. "30 francs" vous souffle à l'oreille le vendeur. Vous souriez jusqu'aux oreilles car vous savez que vous aller pouvoir acquérir cet objet de curiosité. Une fois la cassette en main, vous n'avez plus d'autre raison de vivre que de pouvoir l'enfourner dans la gueule du magnétoscope et de découvrir ce qui justifie autant d'éloges de la part d'un magasine en qui vous avez toute confiance. Mais ça, c'est une autre histoire.

Fin de l'aparté...

Quarante ans... trop tard?


Maintenant que Massacre A La Tronçonneuse va enfin ressortir sur les écrans de cinéma, la nouvelle génération va-t-elle saisir toute la teneur du contenu de l’œuvre de Tobe Hooper? Quand on lit que certains ont hurlé de peur devant la projection de Paranormal Activity et que d'autres ne comprennent pas quel puissance peut avoir un classique tel que le Maniac de William Lustig, on peut se demander quel vont être leurs réactions. Ce grain, cette folie... Aujourd'hui, ces aspects sont devenus tellement banals dans le cinéma d'horreur, que seule l'accumulation d'atrocités peuvent avoir encore un impact sur la conscience des adolescents d'aujourd'hui. Faut-il le rappeler? Massacre A La Tronçonneuse n'est pas un film gore ni un film d'horreur dans la mouvance classique. Il s'agit d'un film d'épouvante, un survival, à la manière de La Dernière Maison Sur La Gauche et La Colline A Des Yeux de Wes Craven. Des œuvres, qui, en évitant toute surenchère inutile, parviennent à rendre réaliste les événements auxquels on assiste en tant que spectateurs. Il faut espérer d'ailleurs que l'image de la version remastérisée ne soit pas trop "nettoyée" du grain et des poussières qui font une partie de son charme.


Une séquelle à l'autodérision totalement assumée par son auteur


Six ans après avoir ouvert les hostilités avec trois de mes films d'horreur préférés, Maniac de William Lustig, American Nightmares de Buddy Giovinazzo et Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper, c'est bien grâce à ce dernier qu'a été créé Cinémart. Et même si dans l'ordre chronologique il n'est apparu qu'en troisième position, il demeure dans mon cœur et dans mes tripes, le numéro UN. Tous genres confondus. Car comme l'écrivait un journaliste (dont j'ai oublié le nom depuis) de l'excellent magazine Mad Movies, Massacre à la Tronçonneuse n'est pas un chef-d’œuvre de l'horreur, mais un chef-d’œuvre du cinéma tout court. La suite, on l'apprendra assez vite, n'aura jamais été aussi glorieuse pour Tobe Hooper qui signa une ribambelle de longs-métrages dont seuls deux ou trois demeurent dignes de faire partie d'une vidéothèque qui se respecte. L'amour-haine que je cultive envers Massacre à la Tronçonneuse II (toujours réalisé par Tobe Hooper) s'explique de plusieurs manières.
Il y a dans cette suite, autant d'hommage au premier que de trahison. Un culte envers une famille monstrueuse, sans doute, mais également terriblement charismatique. Et même si elle n'est constituée que d'individus dégénérés personnifiant la société américaine, tels que Tobe Hooper put imaginer qu'elle fusse capable d'engendrer, on leur accordera une attirance-répulsion, deux émotions qu'aucune autres « famille » ne parviendra à nous faire ressentir (La Colline a des Yeux ou bien Wrong Turn et ses succédanés). Presque de l'amour. Pour un Leatherface dont les visionnages multiples des aventures duquel ont finit par le rendre presque sympathique. Si l'idée même d'une suite apparaissait comme une idée terriblement saugrenue (à l'époque, le principe des séquelles était assez mal perçu), nous n'avions d'autres choix que d'accepter que Tobe Hooper s'y colle à nouveau. Tant qu'un autre ne lui piquait pas l'idée, nous étions encore en mesure d'en accepter le principe.

Contre toute attente, le cinéaste choisissait alors de prendre un virage à trois cent soixante degrés et de nous offrir un spectacle auto-parodiant presque l’œuvre lui ayant précédé. De cet univers étouffant et attirant les amateurs de films d épouvante comme un aimant ne subsistait plus grand chose. A part des décors toujours plus sordides et une famille s'enrichissant d'un Chop Top (l'acteur Bill Moseley qui n'avait joué jusque là que dans un seul long-métrage) plutôt charismatique. Tobe Hooper octroie à cette suite une dose d'humour presque inattendue, éclipsant par là même tout l'aspect terrifiant de l’œuvre originale. Et c'est d'ailleurs là que le bat blesse. Le public américain ne s'y étant pas reconnu, le film ne connaîtra pas le succès escompté. Il gagnera finalement ses gallons de film culte au fil des années. Au regard des suites catastrophiques qui sont sorties par la suite, Massacre à la Tronçonneuse II revêt finalement l'apparence d'une assez bonne séquelle, toutefois, incapable de faire de l'ombre au premier du nom.

Maintenant, pourquoi ai-je donc choisi d'attendre aussi longtemps avant d'écrire un article sur la suite de MON film d'épouvante préféré ? Parce que jusqu'à maintenant, je n'ai jamais été fervent de cette séquelle. Et ne l'ayant jamais vue autrement que dans sa version française, j'attendais d'avoir l'occasion de le découvrir dans sa langue d'origine. Et cette occasion s'est enfin présentée. Hier soir, vers minuit...
La déception n'en a été que plus grande car que le film soit en version originale ou doublé en français, rien n'y change. Après une ouverture qui réveille nos souvenirs et nous met en appétit en nous rappelant le triste sort accordé à Sally, Franklin et leur trois compagnons, l'histoire de ce second volet démarre accompagné d'une bande-son qui n'a plus rien à voir avec l'étrange score du long-métrage original signé Tobe Hooper et Wayne Bell. Une musique rock, country, diffusée par la station de radio animée par la nouvelle héroïne Stretch (l'actrice Caroline Williams). La brune a remplacé la blonde mais ne possède pas les cordes vocales de l'une des plus grandes scream-girls du septième art. On retrouve l'acteur Jim Siedow dans le rôle de Drayton « the Cook » Sawyer et plusieurs nouveaux venus, tels Bill Johnson qui remplacera au pied levé un Gunnar Hansen (Leatherface premier du nom) qui refusera de jouer pour un cachet qu'il jugera insuffisant. Face à cette famille de dégénérés, Tobe Hooper impose un Dennis Hooper aussi barré que le personnage qu'il interprétera la même année dans l'un des chefs-d’œuvre de David Lynch, Blue Velvet.
Le grand Tom Savini assure des effets-spéciaux relativement sobres lorsque l'on sait que la même année, il produira des maquillages extraordinaires (et terriblement gore) pour le troisième volet de la saga zombiesque de son ami George Romero, Le Jour des Morts-Vivants. Par sa seule existence, cette suite démontre s'il en était besoin, que Massacre à la Tronçonneuse contient à lui seul toute la matière nécessaire pour fait un excellent film d'horreur et d'épouvante. Il était donc parfaitement inutile de réaliser une suite. D'autant plus que l'histoire se révèle peu passionnante. Il ne subsiste pratiquement aucune scène à retenir, à part peut-être quelques bouts par-ci, par-là (Dennis Hooper testant les tronçonneuses qu'il vient d'acquérir). Au final, Massacre à la Tronçonneuse II se révèle particulièrement ennuyeux...
Petite anecdote amusante: l'affiche du film reprend très exactement celle du cultissime Breakfast Club de John Hughes (que j'espère chroniquer un jour en ces pages) sorti un an plus tôt...
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