Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 28 août 2016

The Chronicles of Evil de Baek Woon-Hak (2014)



Alors que le commissaire Choi Chang Sik vient d'obtenir une distinction de haut rang, il part fêter cette dernière en compagnie de ses collègues de bureau dans un bar. Rentrant chez lui à bord d'un taxi, il a beau dire au chauffeur que la route qu'il a empruntée n'est pas la bonne, celui-ci fait mine de ne rien entendre et dirige son véhicule jusqu'à un terrain vague où il agresse le policier. Armé d'un couteau, le chauffeur tente de tuer Choi Chang Sik mais ce dernier prend le dessus et tue accidentellement son agresseur. Alors que sa carrière vient de faire un bond en arrière, le commissaire nettoie la scène de crime afin de ne pas éveiller les soupçons sur lui. Abandonnant le corps au pied de sa voiture, il rentre chez lui.

Dès le lendemain matin, un corps est retrouvé suspendu tout en haut d'une grue. Il s'agit de l'homme que Choi Chang Sik à tué la veille. Chargé lui-même de l'enquête, il va tout tenter pour que les éventuelles preuves qui pourraient venir étayer sa responsabilité disparaissent. Mais lors de la perquisition du véhicule de la victime, le jeune inspecteur Cha Dong Jae y découvre le présent que ses collègues et lui ont offert à Choi Chang Sik la veille au soir pour fêter sa promotion. Le jeune policier commence à soupçonner son supérieur hiérarchique, un homme avec lequel il entretient cependant des relations amicales et respectueuses. Alors que l'enquête avance doucement, Choi Chang Sik s'enfonce peu à peu dans un état dépressif. C'est pour lui, le départ d'une véritable descente aux enfers...

Déjà responsable d'un Tube tourné en 2003, le cinéaste sud-coréen Baek Woon-Hak revient plus de dix ans plus tard avec un second long-métrage intitulé The Chronicles of Evil. Peu importe ce que peuvent affirmer certains dans la presse. Que l'on affirme que l'industrie Sud-Coréenne a l'habitude de pomper « sans vergogne » le cinéma américain n'est pas un soucis, ce dernier ne se gênant pas lui-même pour profiter du succès d’œuvres « extra-territoriales » pour en faire de même.


Alors oui, c'est vrai, The Chronicles of Evil n'est pas exempt de défauts. Un peu lent durant la première heure, un héros dont le charisme n'est effectif que durant les dernières quarante minutes, des éléments de scénario, dans de rares occasions, assez peu crédibles, et une grande ressemblance (surtout durant la seconde moitié) avec le chef-d’œuvre de Park Chan-wook, Old Boy. Si Baek Woon-Hak ne parvient pas à égaler ce classique du thriller asiatique, son film n'est cependant pas aussi mauvais qu'on aimerait nous le faire croire. Évidemment, ça ne pétarade pas dans tous les sens. Le film est avare en scènes d'actions mais le récit se révèle à l'occasion, réellement passionnant.
Encore une histoire de vengeance me direz-vous ? Peut-être, oui, mais même si certains ont noté l'absence d'humour dans The Chronicles of Evil, ce menu détail n'entache en rien l'intérêt du film. Concernant le charisme du héros campé par l'acteur Son Hyeon-Joo, il faut donc attendre longtemps avant d'y voir le véritable potentiel. Il est d'ailleurs parfois étonnant de constater à quel point Ma Dong-Seok lui est ici souvent mille fois supérieur.

Si The Chronicles of Evil apparaîtra pour certains d'un profond ennui (on est loin du cinéma américain dégueulant son trop-plein de scènes d'actions), il s'agit d'une très belle réussite qui gagne en puissance à mesure que le scénario déroule son intrigue. Les quarante dernières minutes sont carrément jouissives, avec leur lot d'imprévus et un twist final plutôt bien fichu. Le film de Baek Woon-Hak se clôt d'ailleurs sur une note d'émotion particulièrement convaincante à laquelle la sublime partition musicale de Sangjun Hwang apporte toute sa force...

vendredi 26 août 2016

Bad Taste de Peter Jackson (1987)



Kaihoro, petite ville côtière de nouvelle-Zélande. Alors que des extraterrestres ont choisi de s'y installer afin de coloniser la planète et d'en faire un immense garde-manger dans les humains seront les premières victimes, une escouade de quatre hommes formée par Derek, Ozzy, Barry et Franck est envoyée sur place afin d'éradiquer l'envahisseur et d'étudier la disparition des habitants du coin. Ils découvrent que les extraterrestres ont pris l'apparence d'êtres humains et qu'il sont tous vêtus d'une chemise bleue. Lors de leur missions, ils parviennent à capturer « Franck », un envahisseur, que Derek torture avec un malin plaisir. Mais les cris de l'extraterrestre alertant ses congénères, Derek devient la proie de cinq d'entre eux et poursuivi, il termine sa course en s'écrasant au pied d'une falaise.

Mais Derek n'est pas mort. Au contraire, il est plus que jamais désireux de régler leur compte aux envahisseur. Ses trois acolytes parviennent quant à eux jusqu'au quartier général des extraterrestres où est retenu prisonnier un VRP prénommé giles. L'équipe a peu de temps pour nettoyer la place et surtout pour sauver ce dernier car il doit dès le lendemain, servir de déjeuner au envahisseurs...

Si Peter Jackson ne vous dit rien, alors, désolé, mais nous ne pouvons rien pour vous. Si par contre son nom vous parle, c'est certainement parce qu'il est l'auteur de deux fameuses trilogies adaptées des œuvres de J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit. Mais les plus anciens se souviennent sans doute de lui en raison des quelques longs-métrages gore qui ont fait sa renommée dans les années 80-90. Il n'aura effectivement fallut que trois films pour qu'il soit reconnu à l'époque comme l'un des grands spécialistes du genre. Les Feebles, Braindead (considéré à l'époque comme le film le plus gore de l'histoire du cinéma), et surtout Bad Taste, son tout premier film. Un travail de très longue haleine, qui pris des années à Peter Jackson et son équipe pour voir le jour. Un film bourré d'anecdotes et non des moindres, majoritairement tourné le week-end et ce, durant quatre années. Employant leur temps libre à tourner scène après scène, les fonds nécessaires (estimés à 25000 dollars) ne furent pas rassemblés en une fois et il ne fut pas rare que le tournage soit interrompu pendant de longs mois, comme durant cette période d'un an, et dont l'histoire retiendra l'une des plus étonnantes anecdotes de l'histoire du cinéma.

En effet, alors que Peter Jackson endossait le double rôle de Derek et de Franck, lors d'une scène, on voit l'un des personnages planter un couteau dans le pied de l'autre. Soit, Peter Jackson enfoncer le dit couteau dans le pied de... Peter Jackson. Lorsque Derek plante le couteau, le tournage est interrompu durant un an faute de moyens financiers. Lorsque celui-ci reprend, il débute par le hurlement de Franck. Si à l'écran, l'un et l'autre des événements se succèdent tout naturellement, il est amusant d'apprendre qu'il sont en réalité séparés d'une année entière. Bad Taste est un film gore dans la grande tradition du genre : très sanglant, mais également, fort amusant. Le mauvais goût y est roi, à commencer par le majeur pointé vers le ciel de la fameuse affiche de cinéma.nous ne sommes pas prêts d'oublier certaines scènes cultes : Derek s'écrasant sur un rocher, au pied d'une falaise, ayant écrasé au passage quelques mouettes. La scène du vomi ingurgité par les extraterrestres. Ou encore Derek (zombifié?) dévorant la cervelle d'un envahisseur qu'il a trépané quelques instants plus tôt. Et que dire de la scène finale située dans le vaisseau-maison alien, lors de laquelle Derek « vient à la vie » pour la seconde fois de son existence ?

Les effets-spéciaux sont d'assez bonne facture et sont très inspirés des travaux de Tom Savini, le spécialiste du genre. Le récit, bien que parfois totalement absurde, tient la route. Bad Taste demeure trente ans après sa sortie comme l'un des fleurons du genre avec le Street Trash de Jim Muro...


jeudi 25 août 2016

Green Room de Jeremy Saulnier (2015)



Alors qu'ils s'attendaient à donner une représentation dans une salle de concert, les membres du groupe punk « The Ain’t Rights » s'entendent dire qu'ils devront se contenter d'un restaurant où ils n'empocheront finalement que six dollars chacun. Pour réparer cet affront, Tad, qui les a convié à une interview pour la radio d'un campus, leur propose de se rendre dans une salle de concert à proximité de Portland où ils repartiront cette fois-ci avec trois cent cinquante dollars. Le seul hic, c'est que l'endroit est exclusivement fréquenté par des nazis. Ne voulant pas rentrer bredouille, ils acceptent le contrat.
Une fois sur place, Sam, Pat, et les autres interprètent quelques titres de leur répertoire et notamment une chanson qui provoque le mécontentement du public. Pourtant, à part quelques jets de bouteilles en leur direction, tout se passe bien. Du moins jusqu'à ce qu'ils retournent dans leur loge. Là, ils y découvrent une scène de meurtre. Une jeune femme y a en effet été poignardée et les membres du groupe deviennent alors des témoins gênants. Gabe, l'organisateur du concert téléphone alors à Darcy, accessoirement propriétaire des lieux et lui aussi membre du mouvement nazi...

Après avoir réalisé un Blue Ruin plutôt convainquant, le cinéaste et scénariste américain Jeremy Saulnier nous revient deux ans plus tard avec un film particulièrement efficace. Green Room est un survival qui nous change des sempiternels tueurs en série ou familles de dégénérés qui pullulent au cinéma. Cette fois-ci, il s'agit d'un groupe de punk pris à parti avec des crânes rasés suite à un meurtre commis dans la fameuse Green Room des artistes. D'abord séquestrés, puis volontairement enfermés dans la seule pièce reflétant leur unique planche de salut, Pat et ses compagnons vont vivre un véritable enfer le temps d'une nuit. Tout d'abord armés d'un simple cutter et d'un revolver, il vont devoir faire face à un groupe de « lacets rouges » rompus à la tâche de « nettoyeurs ».

Green Room est une œuvre d'une exceptionnelle brutalité. Apparemment, Jeremy Saulnier n'a absolument pas l'intention de plaisanter avec son sujet. Tout d'abord, ses héros n'ont rien de particulièrement attachants. On ne sympathise pas forcément avec ce groupe de musiciens qui siphonne les réservoirs des voitures pour récupérer un peu d'essence et qui produit une musique « primaire ». Ni davantage pour leurs opposants, de fieffés abrutis qui n'ont d'intérêt pour les noirs que la drogue que ces derniers leur fourni. Si le cinéaste parvient à rendre palpable la terreur et l'angoisse, c'est bien sûr grâce à sa maîtrise du sujet mais aussi par son choix d'interprètes. Et avant tout par celui de l'acteur Patrick Stewart, l'adorable Capitaine Jean-Luc Picard de la série Star Trek qui campe ici un chef des nazis froid et dont le calme apparent est véritablement la clé de la peur qui s'insinue chez les spectateurs tandis que les personnages eux sont davantage inquiets à l'idée de sortir du bunker les pieds devant (c'est une évidence), mais également de n'avoir pas d'issue leur permettant d'échapper à leurs poursuivants.

Green Room, c'est également des meurtres d'une grande brutalité, à l'image de la bande-son hardcore qui nimbe l'ambiance dans un nuage de sueur, de sang et de fureur. On en ressort lessivés et convaincus que l'humanité a totalement déserté le plateau à part l'émouvant plan de ce chien (qui pourtant a fait des dégâts) déposant sa gueule sur le bras de son maître fraîchement plombé de plusieurs balles. Jeremy Saulnier signe une petite bombe qui renouvelle à sa manière le genre « survival ». Une œuvre tribale, saignante et radicale...

mercredi 24 août 2016

La Dernière Femme de Marco ferreri (1976)



Alors qu'il a perdu son emploi d'ingénieur dans une usine basée à Créteil, Gérard doit élever seul son fils Pierrot depuis que son épouse l'a quitté. Un jour, il fait la connaissance de la belle Valérie, puéricultrice exerçant dans une crèche. Elle qui devait partir pour la Tunisie avec un certain Michel fait le choix de rester en France aux côtés de Gérard chez qui elle vient s'installer. Petit à petit, la jeune femme s'attache à Gérard, et surtout à Pierrot pour lequel elle commence à éprouver des sentiments maternels.
Gérard a beau proposer à Valérie de sortir, elle préfère rester enfermée dans l'appartement, effrayée par le monde moderne et sa violence. Cette jeune femme sans passé va malheureusement découvrir que celui pour lequel elle a abandonné son projet de départ n''est qu'un homme égoïste, préoccupé par son seul plaisir et n'ayant d'autre intérêt que celui qu'il a développé pour son fils, objet de toutes les attentions. Elle peut heureusement compter sur l'amitié de Gabrielle, l'ex-femme de Gérard, ainsi que sur Michel qui accepte malgré sa déconvenue de venir lui rendre visite dès qu'elle en éprouve le besoin...

Inséré entre La Grande Bouffe et Touche Pas à la Femme Blanche, sortis respectivement en 1973 et 1974, et Rêve de Singe en 1977, La Dernière Femme met en scène l'une des plus belles actrices italiennes de tous les temps et l'acteur français le plus charismatique des années soixante-dix quatre-vingt dans un film acerbe, brutal, parfois primaire mais d'une poésie morbide dont le clou final a sans doute marqué les esprits de tous ceux qui vécurent cette expérience lors de sa sortie en 1976. Gérard Depardieu et Ornella Muti... Couple improbable ou duo dénonçant merveilleusement à travers cette satire sociale le caractère paranoïaque que prennent les événements dans une cité de béton aliénante ? D'un côté la bête, fragile, blessée par l'abandon dont elle a fait l'objet, ne pouvant que se rattacher à son seul lien avec son passé d'époux: son fils. LEUR fils... à Gabrielle et lui. Une Gabrielle interprétée par l'actrice Zouzou. Une femme adhérant en tout point au MLF, le Mouvement de libération des femmes, face à la médiocrité du comportement de Gérard. Car le cinéaste Marco Ferreri ne décrit pas un homme qui s'est abandonné à l'orgueil du mal mais explore l'âme tourmentée d'un individu qui laisse éclater sa nature profonde.

Et puis, face à lui, Ornella Muti. Cette admirable personne au regard bleu, profond, pénétrant... Sans attaches, amoureuse, apeurée, l'âme d'une mère qu'elle ne sera peut-être jamais, celle qu'elle incarne a la pureté, l'innocence et la naïveté de son âge (lorsque l'actrice accepte de se mettre à nu (dans tous les sens du terme), elle n'a alors que vingt et un ans). Trimballant leur silhouette dénudée une bonne moitié du film, Gérard et Ornella sont sublimes, jamais choquant, provoquant un trouble renforcé par le climat étouffant consécutif aux frontières d'un décor étriqué représenté par ce seul appartement. Un couple s'enfermant dans leur amour-haine pendant que dehors, l'homme tente de survivre à ce monde froid et impénétrable auquel, visiblement, Valérie tente par tous les moyens d'échapper (son refus de sortir sur invitation de Gérard).

Les relations sexuelles entre nos deux héros auraient pu prendre une forme beaucoup moins séduisantes (lorsque l'on a vu La Grande Bouffe et les réactions disproportionnées du public et de la presse, on pouvait s'attendre au pire), mais Marco Ferreri, derrière sa nocive réputation de cinéaste dénué de raffinement arrive parfois à rendre l'acte d'une beauté inouie. Pour preuve, l'inoubliable scène durant laquelle, Valérie, Pierrot et Gérard sont filmés nus, en ombre chinoise. Malgré la radicalité de certains propos, n'en déplaise à certains, La Dernière Femme est un vrai grand film. A découvrir absolument...


mardi 23 août 2016

The Murderer de Na Hong-jin (2011)



A Yanji, ville chinoise de la Préfécture de Yanbian, le chauffeur de taxi Gu-Nam est couvert de dettes. Il a beau jouer le peu d'argent qu'il gagne de ses clients dans l'espoir de multiplier ses gains, il rentre chaque fois bredouille. Lorsque celui auquel il doit de l'argent lui apprend qu'un homme a payé ses dettes, Gu-Nam est contraint de rendre visite à ce providentiel donateur. Cet homme, c'est Myun, dresseur de chiens, qui propose à Gu-Nam d'effacer sa dette en se rendant en Corée du Sud afin d'y tuer un homme. La tâche est ardue mais le chauffeur de taxi ne peut s'opposer au contrat que Myun lui propose d'honorer.
De plus, l'épouse de Gu-Nam a fuit leur foyer en compagnie d'un amant et a quitté le pays pour se rendre en Corée du Sud. C'est peut-être l'occasion pour Gu-Nam de pouvoir la retrouver. Alors qu'un bateau l'achemine jusqu'en Corée du Sud, Gu-Nam a exactement dix jours pour éliminer sa cible. Mais la tâche risque d'être rude : en effet, l'homme vit au sixième étage d'un immeuble dont l'ascenseur ne donne accès que jusqu'au cinquième. L'escalier donnant au dernier étage et séparé du reste de l'immeuble par une grille infranchissable. Lentement, mais sûrement, Gu-Nam épie l'homme qu'il a la mission de tuer. Jusqu'au dixième jour où, s'il veut avoir une chance de reprendre le bateau qui doit le ramener à Yanji, il se décide enfin à passer à l'action. Mais rien ne va se dérouler comme prévu...

Second long-métrage de l'un des plus importants cinéaste sud-coréens actuels Na Hong-jin, The Murderer est un thriller d'une efficacité et d'une violence redoutables. Digne successeur de The Chaser sorti trois ans plus tôt, le deuxième film du cinéaste est pour une fois dans l'histoire du cinéma sud-coréen, co-produit par l'une des plus grandes maisons de production américaines, la 20th Century Fox. Alors que le premier long-métrage de Na Hong-jin avait coûté 8 millions de dollars, au vu du spectacle auquel on assiste devant The Murderer, on imagine que les investissements furent beaucoup plus importants. Cela se voit sur l'écran.

Des courses-poursuites en voiture qui laissent derrière elles de nombreuses épaves de véhicules. Des « gunfights » pour une fois remplacés par des meurtres perpétrés à l'arme blanche. Si vous aimez la viande rouge consommée « SAIGNANTE », vous allez savourer The Murderer. Exit les armes à feu (ou presque), couteaux, marteaux et haches sont les armes favorites des deux principales factions qui s'opposent mais demeurent, tout comme les autorités, à la recherche de ce pauvre Gu-Nam (l'excellent qui dans The Chaser interprétait le rôle du méchant) tombé dans un piège dont il va devoir, avec beaucoup de difficultés rencontrées en chemin, de dépêtrer.

The Murderer, c'est trois types d'ennemis pour le héros malheureux. D'abord la Police. D'une prodigieuse inefficacité, la seule balle qu'elle parvient à loger, c'est dans le corps de l'un de ses représentants. Et puis, se situe en marge de celle-ci, Myun (Kim Yoon-Seok, l'un des gentils du premier long-métrage de Na Hong-Jin) et sa bande de « chiens sauvages ». C'est la caste des hommes courageux vêtus comme le plus commun des mortels. Face à eux, la bande formée autour du personnage de Kim Tae-Won (l'acteur Jo Seong-Ha) paraît bien propre sur elle et beaucoup moins... « aventureuse »... habillés de costumes, il n'ont pas autant d'assurance que leurs opposants avec lesquels ils vont avoir maille à partir. Et « maille à partir » signifie ici un bain de sang extraordinaire se déroulant surtout durant la seconde moitié du film, la première étant consacrée au suspens entourant le contrat que doit effectuer le héros.

The Murderer est une œuvre exemplaire. Parfois drôle (décidément, cette police...) mais d'une très grande violence, son auteur bat le froid et le chaud comme personne et signe l'un des thrillers les plus magnifiquement interprété et mis en scène de l'histoire du cinéma asiatique...

lundi 22 août 2016

The Chaser de Na Hong-Jin (2008)



Alors que trois de ses filles ont disparu, l'ancien flic devenu proxénète Jung-Ho décide de suivre l'une d'entre elles, Kim Mi-Jin, lorsqu'il s'aperçoit qu'elle a accepté de suivre un client réputé dangereux. Jung-Ho appelle la jeune femme au téléphone alors qu'elle est déjà en compagnie de son client et lui demande de lui fournir l'adresse de celui-ci dès qu'ils seront arrivés chez lui. Une fois entrée dans la demeure du client, Kim Mi-Jin s'aperçoit que le réseau téléphonique ne passe pas et qu'elle ne peut envoyer le message qui permettra à Jung-Ho de la retrouver.
Mais alors que ce dernier pense que le client avec lequel est Kim Mi-Jin revend ses filles à prix fort, l'homme est en réalité un tueur en série particulièrement dangereux. Enfermé dans sa salle de bain, Ji Young-Min saisit un couteau et un burin et tente de tuer la jeune femme à plusieurs reprises. Lorsqu'il arrive à ses fins, on sonne à la porte. Un couple vient s'enquérir de l'état de santé du vieil homme qui habite ici et qui n'a pas donné de nouvelles depuis longtemps. La maison n'appartenant pas à Ji Young-Min, le jeune homme invite le couple à entrer à l'intérieur et les tue. Pour ne pas éveiller les soupçons sur lui, il monte dans le véhicule du couple pour l'éloigner de la demeure mais croise la route de Jung-Ho, toujours à la recherche de Kim Mi-Jin. Lorsque le proxénète constate que la chemine de l'homme qu'il a en face de lui est tâchée de sang, il comprend qu'il a à faire au client de la jeune femme. Acculé, ce dernier prend la fuite mais est très vite rattrapé par Jung-Ho. L'ancien flic maîtrise le suspect jusqu'au moment où une patrouille approche et lui demande ses papiers...

Alors que son troisième long-métrage, The Strangers, sorti le 6 juillet dernier, s'est déjà fait une belle réputation, c'est l'occasion de revenir sur les deux premiers films de Na Hong-Jin, The Chaser et The Murderer, deux joyaux noirs, deux exceptionnels thrillers sud-coréens. Pour commencer, donc, The Chaser. Sorti en 2008, il s'agit du premier long-métrage. Si le scénario est de Na Hong-jin lui-même mais aussi de Lee Shinho et Hong Won-Chan, le film s'articule autour d'un fait divers authentique, celui qui toucha la Corée du sud dans les années 2000. Yoo Young-chul, qui fut l'un des rares citoyens du pays à être condamné à la peine de mort, reconnu avoir tué vingt-six personnes avec la ferme intention d'atteindre le nombre vertigineux de cent. Il s'attaquait essentiellement à des hôtesses de bar, des masseuses et des prostituées. Le cinéaste Na Hong-Jin se réapproprie donc le sujet et fait de The Chaser un authentique chef-d’œuvre du cinéma asiatique en général et du thriller sud-coréen en particulier.


On peut distinguer chez le spectateur, plusieurs états d'esprit à la vision du film. Entre angoisse, sourire et effroi, le film est un modèle du film de « serial-killers » et n'a rien à envier à ses homologues américains. La tension est palpable dès les premiers instants. Na Hong-Jin nous plonge dans une horreur que très rarement les films du genre parviennent à atteindre. Si le suspens de The Chaser se révèle parfois d'une ampleur inattendue, il est de temps en temps contrecarré par des scènes absurdes le désamorçant (les passages consacrés aux mésaventures du maire de la ville).

The Chaser est une chasse à l'homme urbaine magistralement mise en scène. En première ligne, les acteurs Kim Yoon-Seok et Ha Jeong-Woo (respectivement, le proxénète et le tueur en série) font un travail remarquables. Le film est parfois d'un pessimisme extrême. Rarement l'on aura ressenti notre impuissance à agir face aux monstruosités perpétrées par le tueur dont le visage angélique accentue encore davantage l'horreur de ses actes. Alors qu'on s'attend toujours avec un minimum d'espoir que la quête de Jung-Ho pour retrouver Kim Mi-Jin finisse sous les meilleurs augures, on a parfois l'impression d'entendre le rire sournois de Na Hong-Jin, démontrant ainsi que le seul maître à bord, c'est lui. Pour un premier film, The Chaser laisse le spectateur pantois d'admiration. Il le laisse surtout sur les genoux. N'oublions pas non plus la superbe partition musicale de Kim Joon-seok et Choi Yong-rak qui apporte une émotion vive à ce classique instantané du thriller tout court. Un chef-d’œuvre...

dimanche 21 août 2016

Cycle improbable: Viva la Muerte de Fernando Arrabal (1971)



Pour la 600ème parution, démarrage d'un nouveau cycle dont les articles n'apparaitront pas forcément à la suite les uns des autres. Cela dépendra de ma prédisposition à regarder ces œuvres que je ne parviens pas à me convaincre de cantonner à des genres habituellement aisés à identifier...

Le voilà donc ce premier long-métrage du poète, romancier, essayiste, dramaturge et cinéaste espagnol Fernando Arrabal. En partie autobiographique et adapté du roman Baal Babylone qu'il a écrit de ses propres mains, Viva La Muerte dénonce le fascisme et la religion catholique au temps de la guerre d'Espagne. Tout comme son père en fut la victime, celui de son héros, le jeune Fando, est lui aussi dénoncé, enfermé, torturé pour avoir osé prôner l'antifascisme. Un « rouge » comme on dénommait ceux qui comme lui faisaient partie des républicains espagnols et des partisans et défenseurs de la République.

L'aura qui entoure ce premier effort de Fernando Arrabal, vieil ami d'Alejandro Jodorowsky, lui-même scénariste de bandes-dessinées, cinéaste, acteur, mime, romancier, essayiste et poète, et de l'illustrateur, dessinateur, peintre, écrivain, poète, metteur en scène, chansonnier, acteur et cinéaste français Roland Topor (mes doigts reprennent leur souffle), et avec lesquels il créa l'anti-mouvement actionniste Panique, peut se comprendre. Surtout si l'on se replonge à l'époque de sa sortie, en 1971. Le Salo de Pasolini n'est pas encore sur les écrans, tout comme La Grande Bouffe de Ferreri. Quand aux acteurs du Themroc de Claude Faraldo, on ne les entendra grogner que deux ans plus tard en 1973 et ceux du Sweet Movie de Dusan Makavejev ne se complairont dans le vomi, la pisse et la merde qu'en 1974. Autant de films (parmi d'autres) qui provoquèrent chacun à leur manière autant de rejet que de fascination.


Qu'en reste-t-il désormais, à une époque où Internet permet l'éclatement des frontières entre bon et mauvais goût ? Ou tout peut-être visible d'un simple clic et sans qu'aucune instance ne veille à la bonne intégrité morale de nos chères petites têtes blondes ? En réalité, j'ose le dire, pas grand chose. Fernando Arrabal, derrière la légitimité qui semble être la sienne, n'est rien de plus qu'un gamin qui s'amuse d'un peu de sable pour construire un château qui se casse la gueule presque à chaque plan. Si son comparse Alejandro Jodorowsky peu s'enorgueillir d'avoir enfanté des œuvres authentiquement stupéfiantes (de beauté, de magie, de surréalisme), Arrabal maîtrise peut-être son sujet, mais pas le matériel qu'il a entre les mains. On pourra dire ce que l'on veut, que son film est beau (ouais, la berceuse, le générique constitué de dessins surréalistes, œuvre de Roland Topor, mais à part ça?), qu'il est choquant (jouer à découper un scarabée à l'aide d'un cutter, arracher la tête d'un lézard à coups de dents, ou égorger quelques moutons et même un bœuf, ça ne fait pas forcément du bon cinéma), d'autres savent faire mais avec un surplus de style.

Celui d'Arrabal est triste, monté comme l'on passe de vieux documents super 8 sur le mur d'un salon entièrement peint en blanc. Viva La Muerte est-il choquant ? Oui et non. Fantasmagoriquement productif son personnage ? Oui et non. En fait, on a bien saisi une partie du spectacle que veut nous faire bouffer le cinéaste. Cet enfant, c'est lui. Dénué de père, forcément ça rime, foutent le camp les repères. La morale elle aussi. Reste la mère. Aimée, mais également haïe. Fantasmée. Inceste ? Oui et non. Pipi-caca-vomi-sang-orgie-mort. Petite ovation, tout de même, pour le jeune Mahdi Chaouch qui a eu le courage d'endurer les caprices du cinéaste. Une belle performance de sa part. 

Viva la Muerte !

Rappelons-nous que ce cri de ralliement fut créé par le militaire espagnol José Millán-Astray. Une page d'histoire que certains considéreront comme mise en lumière par Arrabal. Cet article consacré à Viva La Muerte manque totalement d'objectivité. Nous sommes en 2016, pas en 1971. La désillusion est immense. Mais alors, que vaudra donc la suite, J'Irai Comme un Cheval Fou... ?

samedi 20 août 2016

I Am Divine de Jeffrey Schwarz (2013)



I Am Divine, c'est l'histoire de Glenn Milstead, un adolescent timide, complexé par son physique d'obèse, homosexuel, malmené par ses camarades qui n'acceptent pas sa différence. Il a beau s'habiller élégamment, fréquenter Diana Evans, une jeune étudiante, durant quelques années, mais rien n'y fait. Afin qu'il s'assume, ses parents lui offrent un salon de beauté. Les clientes sont ravies et veulent absolument que Glenn s'occupe d'elles. Mais c'est lors d'un soirée organisée dans une boite un peu particulière qu'il va véritablement pouvoir se révéler. Déjà ami avec un certain John Waters, lui aussi étudiant, il découvre un monde en dehors des codes. Celui des travestis, de la drogue et des homosexuels. Un lieu où Glenn va pouvoir sa lâcher, comme le précise John Waters. Deux noms indissociables qui vont l'un et l'autre faire la renommée de ce couple cinématographique atypique.

Glenn fait également la connaissance de ceux qui formeront à ses côtés, l'équipe de la « Dreamland ». David Lochary (en compagnie duquel il découvre le monde des Drags-queens), Mary Vivian Pearce, Mink Stole, Sue Lowe et Van Smith.

Alors qu'il a toujours aimé manger (la raison pour laquelle il est si gros), Glenn commence à consommer des drogues. Du LSD, mais surtout de l'herbe pour laquelle il voue une véritable passion. L'équipe et lui commencent à tourner quelques courts-métrages censés demeurés confidentiels : Roman Candles, Eat Your Makeup, The Diane Linkletter Story. Puis viennent Mondo Trasho et Multiple Maniacs, les premiers longs de John Waters. Mais c'est véritablement avec Pink Flamingos que vont être révélés les contours du personnage de Divine, travesti de cent-trente kilos, maquillé à outrance, permettant à Glenn d'exprimer devant la caméra toute la violence qu'il a dû réprimer durant toute son enfance.

Divine-Glenn fait durant sa carrière d'acteur de nombreuses rencontres, dont le représentant du « Pop Art », Andy Warhol. John Waters et lui continueront de tourner ensemble à plusieurs reprises : Female Trouble, Polyester et surtout Hairspray qui consacre définitivement Glenn Milstead. Outre sa carrière au cinéma, il connaîtra un grand succès dans les clubs disco puisqu'il sera la représentation en chair et en os de la mouvance disco homosexuel. Glenn Milstead, né le 19 Octobre 1945, a été retrouvé mort le sept mars 1988, chez lui, dans son lit, victime d'une crise cardiaque...

Le documentaire de Jeffrey Schwarz est un très bel hommage d'un cinéaste à une icône de la contre-culture américaine éternellement liée au cinéma underground de son ami John Waters. Alors qu'en 1998, Steve Yeager réalisait un Divine Trash surtout consacré au cinéma de John Waters et d'une manière générale à tous ceux qui y ont participé (et donc Divine), I Am Divine s'articule lui, autour de la star. Témoignages et images d'archives sont au cœur de ce documentaire essentiel pour tous ceux qui vénèrent Glenn-Divine et le cinéma de John Waters...

vendredi 19 août 2016

La Danza de la Realidad de Alejandro Jodorowsky (2013)







Vingt-trois ans que l'on attendait le retour du réalisateur des cultissimes El Topo, La Montagne Sacrée et Santa Sangre. Vingt-trois ans à attendre que l'acteur, mime, romancier, essayiste, poète et surtout cinéaste Alejandro Jodorowsky réapparaisse dans la vie des cinéphiles du monde entier. Autant d'années à espérer son retour avec cette petite pointe d'angoisse qui nous faisait espérer qu'il n'avait rien perdu de son génie. On aura espéré son retour dès le début des années 2000, et son projet de suite à son immense El Topo, Les Fils d'El Topo, rebaptisé AbelCain à la suite d'un litige avec juridique avec le producteur Allen Klein. En 2010, on annonce un projet commun à Alejandro Jodorowsky, David Lynch et Marilyn Manson intitulé King Shot, mais qui semble à ce jour avoir été rangé dans les cartons. Il faudra en fait patienter jusqu'en 2012, année durant laquelle le cinéaste chilien fait un appel à des dons sur Internet afin de produire son futur projet, La Danza de la Realidad. Après les désillusions passées, on pouvait redouter encore l'abandon de celui-ci. Et pourtant, le dernier film de Alejandro Jodorowsky sort en 2013.

La Danza de la Realidad, c'est avant tout l'histoire d'Alejandro Jodorowsky, vu à travers son propre regard. Première partie de ce qui sera sans doute une trilogie (le second volet Poesia Sin Fin ayant déjà été tourné et la troisième partie déjà évoquée), il nous conte le récit d'Alejandrito, fils de Jaime et Sara Jodorowsky. La petite famille, juive et originaire de Iekaterinosla en Ukraine a bien du mal à se débarrasser de son statut. Installés dans la ville de Tocopilla au Chili, l'ambiance est à la montée du Fachisme et de son plus cruel représentant au pays, le tyrannique Ibáñez. Jaime Jodorowsky et les siens ont beau tout faire pour s'intégrer, ils n'en demeurent pas moins aux yeux de leurs voisins, que de « sales juifs. ». L'existence est rude pour le père, mais également pour le fils, auquel il mène la vie dure. Humilié par Alejandro lors d'une parade où l'enfant est représenté comme la mascotte des pompiers, Jaime est de plus victime d'invectives lorsqu'il tente de subvenir aux besoins des nécessiteux. Voulant prouver à tout le monde qu'il est le plus courageux d'entre tous, il décide de tuer de ses propres mains, celui qui représente le fascisme sur sa terre d'accueil, Ibáñez !

La Danza de la Realidad, c'est certain, ne plaira pas à tout le monde. Il continuera d'alimenter le rejet des anti-Jodorowsky tandis que les fans de la première heure pourront à leur tour également se diviser en deux catégories. D'un côté, ceux qui aveuglés par leur passion pour le cinéaste chilien ne verront dans sa mise en scène qu'un joyau précieux parfaitement maîtrisé et de l'autre, ceux qui noteront les quelques failles de son nouveaux projet.

La Danza de la Realidad est en effet perfectible. Si l'on retrouve une grande part de ce qui fait l’œuvre toute entière du cinéaste, cette place importante qu'il consacre à la religion, la politique et le social, on peut regretter certains choix esthétiques. Sans trop vouloir pencher du côté des disciples du maître, disons que le film manque de patine. L'image, tellement lisse et propre sur elle nuit à l'incroyable spectacle visuel auquel on assiste parfois. Poésie, surréalisme et autobiographie se confondent, jusqu'à atteindre parfois un haut degré d'absurde qui, si à une époque il se révélait pardonnable, est désormais dommageable. On a parfois l'impression d'assister à un Soap opera chilien de plus de deux heures, mais c'est sans compter sur l'extrême maîtrise scénaristique d'Alejandro Jodorowsky qu'on lui pardonne sans mal ses quelques erreurs.

Ce volet constitue la première des trois parties d'une trilogie et nous conte non seulement l'histoire d'une famille d'immigrés tentant de s'intégrer dans un pays qui les rejette, mais aussi et surtout le récit d'un homme incroyant (vivant dans une ville où les croyances demeurent une condition essentielle), qui après avoir échoué dans sa tentative de coup d'état va, tel le Christ, effectuer un chemin de croix pour pouvoir retrouver les siens. Le cinéaste confie le rôle de Jaime (qui était le propre père d'Alejandro Jodorowsky) à Brontis, son fils dans la vraie vie, et surtout comédien de théâtre, et que l'on pu découvrir au cinéma pour la première fois il y a quarante-six ans dans El Topo (le gamin, c'était lui), La Montagne Sacrée et Santa Sangre dix-neuf ans plus tard. Le rôle d'Alejandro a lui-même été confié au jeune Jeremias Herskovits, et celui de la mère à l'actrice et soprano Pamela Flores. Si comme dit plus haut La Danza de la Realidad n'est pas exempt de défauts, il reste une œuvre passionnante pour qui saura en faire abstraction. On a déjà hâte de découvrir la suite de l'autobiographie semi-imaginaire du grand Alejandro Jodorowsky...


jeudi 18 août 2016

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Charles Manson "Helter Skelter" de Tom Gries (1976)



De la fiction...


Le 9 août 1969, l'actrice et compagne du célèbre cinéaste Roman Polanski, Sharon Tate, est retrouvée morte à Bervely Hills, dans sa luxueuse demeure. Elle et quatre de ses amis ont effectivement été exécutés par les membres d'une « famille » dont le patriarche est un certain Charles Manson. La presse s'empare de l'affaire et fait grand bruit. Deux jours plus tard, le couple formé par Leno et Rosemary Labianca est à son tour découvert baignant dans son sang. Les circonstances sont identiques. Des messages tracés avec le sang des victimes et découvert dans les deux maisons.

Alors que la police piétine dans un premier tant, elle est ensuite dirigée vers un groupe de marginaux vivant dans un ranch californien. Charles Manson est le gourou d'une secte dont les membres sont des jeunes adultes et adolescents un peu perdus dont leur protecteur cultive le goût pour la drogue et les muselle en leur faisant comprendre l'importance que requiers le fait de vivre dans une peur permanente.

Susan Atkins, Patricia Krenwinkle, Leslie Van Houten ainsi que leur gourou sont arrêtés puis inculpés de meurtres. Le procureur Vincent Bugliosi est alors chargé d'enquêter et de trouver les preuves qui mèneront les accusés jusqu'à une condamnation de prison, voire la peine de mort. Pour cela, il compte sur différents témoignages dont celui de Lind Kasabian, une ancienne adepte. Mais de sa prison, et aidé des membres de la secte encore dehors, Charles Manson parvient à faire naître des tensions relatives aux menaces perpétrées par lui et son entourage.
C'est alors que le procès s'ouvre...

Basés sur des faits authentiques qui se sont déroulés à la toute fin des années soixante, on doit le téléfilm Helter Skelter au réalisateur Tom Gries. Durant plus de trois heures, le cinéaste décortique minutieusement l'affaire Charles Manson qui reste à ce jour l'un des plus célèbres meurtriers de toute l'histoire du crime américain, et même mondial. Celui qui se voulait comme l'incarnation du Christ a abusé de la naïveté et de la perméabilité de ses disciples pour en faire des jouets sexuels et meurtriers, évitant ainsi de se mouiller lui-même dans ces affaires sordides.

Ce téléfilm fleuve se décompense en deux partie. D'une part l'enquête, et d'autre part le procès. Les trois heures que dure Helter Skelter ne sont pas de trop pour mener à bien le récit de ce drame terrible et la mise en scène, ainsi que l'interprétation, rendent passionnantes les deux phases de l'intrigue. On retrouve Marilyn Burns, la « scream girl » de Massacre à la Tronçonneuse » de Tobe Hooper dans un rôle beaucoup plus calme. Steve Railsback campe quand à lui ce Charles Manson plus vrai que nature. George DiCenzo est quand à lui impeccable dans son emploi de procureur épris de justice... Un excellent téléfilm, bien différent du survitaminé et surréaliste Manson's Family mis en boite en 2003 par le cinéaste Jim Van Bebber...





… à la réalité

 la famille » à la fin des années 60 a poussé certains de ses membres à tuer plusieurs personnes dont l'actrice américaine Sharon tate épouse du cinéaste Roman Polanski et alors enceinte de huit mois. Les meurtres qu'il commanditait avaient pour but de provoquer des affrontements entre blancs et noirs, combats dont les conséquences auraient profité à « la famille ». Helter Skelter, à l'origine une chanson du célèbre groupe The Beatles servit de prétexte, Manson réinterprétant ainsi les paroles pour motiver ses troupes. Plusieurs de ses disciples furent condamnés à la prison. Quand à Manson lui-même, il est toujours enfermé en prison et apparaît encore comme un être néfaste pour la société. Curieusement, il a toujours fait l'objet d'une fascination, qu'il s'agisse de ses nombreux fans, ou des « hommages » qui lui sont rendus à travers le cinéma ou la musique...
Charles Manson, gourou d'une secte hippie appelée «
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