Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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jeudi 30 juin 2016

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Bradley John Murdoch "Wolf Creek" de Greg McLean (2005)




De la fiction...

Massacre à la Tronçonneuse, La Colline a des Yeux, La dernière Maison sur la Gauche, Délivrance, Sans Retour... cinq des plus grands classiques du survival, réalisés entre 1972 et 1981. Qu'il s'agisse de familles de dégénérés touchées par le chômage ou les indigènes de contrées perdues au fin fond de marécages, chacune de ces œuvres a su marquer de leur présence un cinéma sans concession, brutal et définitf. Beaucoup se sont essayés depuis à cet exercice de style avec plus ou moins de succès. Wolf Creek est de ceux-ci...

L'américain Ben Mitchell, et les deux anglaises Liz Hunter et Kristy Earl quittent leur petit coin de paradis pour une promenade de trois semaines du coté du bush australien. A bord d'une voiture de location, ils filent tout droit vers Wolf Creek et son célèbre cratère. Un soir, à la belle étoile et autour d'un feu de camp, les deux filles écoutent le récit que leur fait Ben d'un voyageur qui aurait rencontré par une belle nuit, des extraterrestres. S'endormant sur cette histoire, le trio se réveille le lendemain et part à la recherche du fameux cratère. Après plusieurs heures de route, ils arrivent enfin à destination. Ils abandonnent la voiture pour une marche de trois heures qui les amènera sur la crête du cratère.

Les trois jeunes gens profitent du panorama et après s'être reposés un long moment, ils rebroussent chemin vers la voiture. Curieusement, les montres de Ben et de l'une de ses camarades sont tombées en panne. Pire : la voiture refuse de démarrer. Le trio ne sait pas quoi faire et le soleil finit par disparaître derrière l'horizon. Heureusement pour eux, une voiture approche avec à son bord un homme du coin qui propose de leur venir en aide...

C'est en 2005 que sort Wolf Creek, énième survival dont on attend rien de plus que les dizaines qui naissent à travers les décennies. Sauf que le cinéaste Greg McLean semble avoir potassé son sujet suffisamment longtemps pour nous offrir un véritable petit bijou en la matière. N'ayons pas peur des mots : le film est sans doute le plus illustre représentant à avoir vu le jour depuis l'apparition des classiques cités plus haut. Bâtit sur le même principe que ses aînés, l'évolution de l'intrigue et du destin de ses personnages relance indéniablement l'intérêt du genre. 


Violent, brutal, primaire et pessimiste, Wolf Creek est un chef-d’œuvre du genre qui ne souffre d'aucune comparaison. Tiré d'un fait divers réel, nombreux sont les aspects qui donnent à cette œuvre une dimension effroyable. Vous verrez le Bush australien et ses habitants d'un œil nouveau...

...A la réalité

Le film de Greg McLean s'inspire d'un fait divers bien réel étant survenu en Australie. Bradley John Murdoch fut en effet reconnu coupable du meurtre de Peter Falconio sur la route menant dans les territoires nordique d'Australie. La compagne de la victime eut quand à elle beaucoup de chance puisqu'elle parvint à prendre la fuite. Il purge depuis 2003 d'une peine de prison de 28 ans...

mercredi 29 juin 2016

Bud Spencer 1929-2016



Bud Spencer, de son vrai nom Carlo Pedersoli est mort. Ce grand gaillard, issu d'une famille aisée et que l'on connaissait surtout sous son nom d'artiste nous a quitté le 27 juin dernier à la l'âge de quatre-vingt six ans. Qui en voyant la silhouette de ce fameux acteur qui accompagné de son acolyte Terence Hill aurait pu se douter qu'il pratiquait, plus jeune, la natation ? Mais Carlo n'est pas un nageur du dimanche qui fait des brasses à la piscine municipale. A une époque, il bat le record italien sur cent mètres, obtient sept titres nationaux, la médaille d'argent du 100 mètres nage libre des Jeux méditerranéens de 1951 et celle en or pour ceux de l'année 1955.

Il entame sa carrière au cinéma en 1949 mais y fait surtout de la figuration. Beaucoup de westerns spaghetti dès 1967, et dans lesquels, tout comme chez nous Jean-Paul Belmondo, il exécute des cascades sans être doublé. Mais si Bud Spencer (dont le pseudonyme est une contraction de la marque de bière Budweiser et de l'acteur Spencer Tracy qu'il apprécie tout particulièrement) est aussi célèbre, c'est pour le duo que Terence Hill et lui vont former durant une carrière commune longue de dix-huit longs-métrages débutée avec le western Dieu pardonne... moi pas ! et terminée avec Petit Papa Baston que Hill réalisa lui-même en 1994.

Après une longue carrière d'acteur au cinéma dont les apparitions, avec l'âge, se sont espacée dans le courant des années quatre-vingt dix (il jouera notamment dans un certain nombre de séries télévisées jusqu'en 2010), Bud Spencer se lance dans la politique. Le passé le rattrapant, il a finalement reçu son diplôme d’entraîneur de natation en 2007. S'il était italien, il lui arrivait de parler dans un français impeccable. Acteur d'une soixantaine de films, l'immense Bud Spencer s'est donc éteint lundi dernier en fin d'après-midi. Un grand bonhomme d'un mètre quatre-vingt dix et de cent trente kilos a non seulement laissé orphelin sa famille et son ami de toujours Terence Hill, mais des millions de fans également...

R.I.P






Filmographie de Bud Spencer


1949 : Quel fantasma di mio marito de Camillo Mastrocinque
1951 : Quo vadis de Mervyn LeRoy : un garde impérial
1954 : Torpilles humaines (Siluri umani) d'Antonio Leonviola : Magrini
1955 : Un héros de notre temps (Un eroe dei nostri tempi) de Mario Monicelli : Fernando
1957 : Il cocco di mamma de Mauro Morassi : Oscar
1957 : L'Adieu aux armes (A Farewell to Arms) de Charles Vidor : un carabinier
1959 : Annibal, (Annibale) d'Edgar George Ulmer et Carlo Ludovico Bragaglia : Rutario
1967 : Dieu pardonne... moi pas !, (Dio perdona… Io no!) de Giuseppe Colizzi : Hutch
1967 : Cinq gâchettes d'or (Oggi a me domani a te) de Tonino Cervi : O'Bannion
1967 : Pas de pitié pour les salopards (Al di là della legge) de Giorgio Stegani : James Cooper
1968 : Les Quatre de l'Ave Maria (I Quattro dell'Ave Maria) de Giuseppe Colizzi : Hutch Bessy
1969 : La Colline des bottes (La Collina degli stivali) de Giuseppe Colizzi : Hutch Bessy
1969 : Cinq hommes armés, (Un esercito di cinque uomini) de Don Taylor : Mesito
1969 : À l'aube du cinquième jour (Gott mit uns - Dio è con noi) de Giuliano Montaldo : Jelinek
1970 : On l'appelle Trinita (Lo chiamavano Trinità) d'Enzo Barboni : Bambino
1971 : Le Corsaire noir (Il Corsaro Nero) de Vincent Thomas : Skull
1971 : On continue à l'appeler Trinita (…continuavano a chiamarlo Trinità) d'Enzo Barboni : Bambino
1971 : Quatre mouches de velours gris (Quattro mosche di velutto grigio) de Dario Argento : Godfrey
1971 : Amigo, mon colt a deux mots à te dire (Si Puo Fare Amigo) de Maurizio Lucidi : Hiram Coburn
1972 : La Vengeance du Sicilien (Torino Nera) de Carlo Lizzani : Rosario Rao
1972 : La Horde des salopards (Una ragione per vivere, e una per morire) de Tonino Valerii : Eli Sampson
1972 : Les anges mangent aussi des fayots (Anche gli angeli mangiano fagioli) d'Enzo Barboni : Charlie Smith
1972 : Maintenant, on l'appelle Plata (Più forte, ragazzi!) de Giuseppe Colizzi : Salud
1973 : Un flic hors-la-loi (Piedone lo sbirro) de Steno : l'inspecteur Rizzo
1974 : Le Cogneur (Piedone a Hong Kong) de Steno : l'inspecteur Rizzo
1974 : Attention, on va s'fâcher ! (Altrimenti ci arrabbiamo) de Marcello Fondato : Ben
1974 : Les Deux Missionnaires (Porgi l'altra guancia) de Franco Rossi : Père Pedro
1975 : La Grande Bagarre (Il Soldato di Ventura) de Pasquale Festa Campanile : Ettore Fieramosca
1976 : Deux Super-flics (I due superpiedi quasi piatti) d'Enzo Barboni : Wilbur Walsh
1977 : L'Embrouille (Charleston) de Marcello Fondato : Charleston
1978 : Inspecteur Bulldozer (Piedone l'africano) de Steno : l'inspecteur Rizzo
1978 : Mon nom est Bulldozer (Lo Chiamavano Buldozer) de Michele Lupo : Bulldozer
1978 : Pair et impair (Pari e dispari) de Sergio Corbucci : Charlie Firpo
1979 : Cul et chemise (Io sto con gli ippopotami) d'Italo Zingarelli : Tom
1979 : Le Shérif et les Extra-terrestres (Uno sceriffo extraterrestre…poco extra e molto terrestre) de Michele Lupo : le shérif Hall
1980 : Pied plat sur le Nil (Piedone d'Egitto) de Steno : l'inspecteur Rizzo
1980 : Faut pas pousser (Chissa perche… capitano tutte a me) de Michele Lupo : le shérif Hall
1981 : Salut l'ami, adieu le trésor (Chi trova un amico, trova un tesoro) de Sergio Corbucci : Charlie O'Brien
1981 : On m'appelle Malabar (Occhio alla penna) de Michele Lupo : Buddy
1982 : Banana Joe de Steno : Banana Joe
1982 : Capitaine Malabar dit La Bombe (Bomber) de Michele Lupo : Bud Graziano
1982 : Escroc macho et gigolo (Cane e gatto) de Bruno Corbucci : le sergent Alan Parker
1983 : Quand faut y aller, faut y aller (Nati con la Camicia) d'Enzo Barboni : Doug O'Riordan alias Mason
1984 : Attention les dégâts (Non c'è due senza quattro) d'Enzo Barboni : Greg Wonder
1985 : Les Superflics de Miami (Miami supercops - I poliziotti dell'ottava strada) de Bruno Corbucci : Steve Forest
1986 : Aladin (Superfantagenio) de Bruno Corbucci : le génie
1990 : Ange ou démon (Un Piede in Paradiso) d'Enzo Barboni : Bull Webster
1994 : Petit papa baston (Botte di Natale) de Terence Hill : Moses
1997 : Tre per sempre de Franco di Chiera : Bops
1997 : Al limite d'Eduardo Campoy : Elorza
1997 : Fireworks de Leonardo Pieraccioni : le chanteur aveugle
1999 : Hijos del viento de José Miguel Juárez : Quintero
2003 : En chantant derrière les paravents (Cantando dietro i paraventi) d'Ermanno Olmi : le vieux capitaine
2008 : Pane e olio de Giampaolo Sodano : Laris
2008 : Killing is my business, Honey (Mord ist mein Geschäft, Liebling) de Sebastian Niemann : Pepe


« Si j'bouffe pas, j'vais pas aux chiottes et c'est une réaction en chaîne. Être constipé c'est chiant si j'ose dire. Ça rend d'mauvaise humeur. J'deviens... hum... très contrariant ! »

Wilbur Walsh (Bud Spencer) dans Deux Super-Flics


J'aurais pu vous parler d'Attention, On Va S'Fâcher, d'Attention les Dégâts, de Salut l'Ami, Adieu le Trésor ou encore de Quand faut y aller, Faut y Aller, mais curieusement (ou pas), c'est celui-ci qui m'est d'abord venu à l'esprit : Deux Super-Flics. Peut-être pour ses répliques légendaires dont celle qui trône un peu plus au dessus n'est pas des moindres. Peut-être pour cette apparence débonnaire qui caractérisait toujours les personnages qu'interprétait Bud Spencer ou les faux naïfs qu'endossait son acolyte Terence Hill. Peut-être pour cette assurance si vite effacée du visage des malotrus qui osaient leur barrer la route ou s'en prendre aux moins nombreux mais à plus faibles qu'eux.

Comme dans bon nombre de films du duo, les baffes y claquent comme des coups d'enclume. Des bagarres devenues légendaires. Bud Spencer y est l'homme massif, imperturbable, « muet ». Un roc qui sous les assauts de ses ennemis n'oscille pas d'un iota, campé sur son impressionnante carcasse. Terence Hill, lui, virevolte, sautille, et alors que son acolyte arbore une mine défaite, lui a toujours le bon mot, la blague facile. Cette qui titille ce faux frère jumeau aux basques duquel il s'accroche irrémédiablement.

Deux hommes un peu paumés, sans argent, ni travail, ni rien à manger, et qui par un étonnant concours de circonstances vont être enrôlés dans la police. Deux flics atypiques qui n'ont pourtant pas l'intention de changer leurs habitudes. Des gifles il va y en avoir, et avec elles, des scènes d'anthologie. Qu'ils portent déjà ou non leur uniforme, les personnages Matt Kirby et Wilbur Walsh vont mener la vie dure aux gangsters. Dès l'ouverture et ses répliques cultes. Et plus tard, dans un bar aux prises avec une dizaine de brigands menés par un chef un peu neuneu tout de skaï vétu, pantalon rentré dans les bottes et mèche de cheveu lui barrant le visage.
On a là l'exemple parfait de ce qui fait l'essence même du duo. Entre l'attentisme de l'un et l'exubérance de l'autre. Deux caractères diamétralement opposés mais qui, l'un sans l'autre ne pourraient fonctionner efficacement.

Des films, le duo en a produits de très bons, et d'autres, anecdotiques. Deux Super-flics fait partie du haut du pavé. Le film du cinéaste E.B Clucher (pseudo sous lequel se cachait parfois le cinéaste italien Enzo Barboni) est le premier que tournent Bud Spencer et Terence Hill hors des frontières italiennes. Le succès est tel qu'une suite sera mise en chantier neuf ans plus tard en 1985, Les Super-flics de Miami, cette fois-ci réalisé par Bruno Corbucci...


mardi 28 juin 2016

Evidence de Olatunde Osunsanmi (2013)



Les détectives Reese et Burquez sont dépêchés sur une scène de crime horrible : les corps de plusieurs personnes ont été découverts entièrement calcinés au sein même d'un garage abandonné en plein cœur du Nevada. Les téléphones portables ainsi que les caméras des victimes sont immédiatement rapportés au commissariat où les enregistrements sont scrupuleusement examinés. On y découvre une bande d'adolescents à bord d'un bus conduit par un certain Ben. Le véhicule accueille des individus qui, à part Rachel, Leann et Tyler ne se connaissent. Sur la route, le chauffeur prend un chemin de terre et alors qu'une passagère étrange se plaint d'être filmée par Rachel, le bus est renversé sur le côté, les roues prises dans des fils barbelés.

Une fois que Ben s'est assuré de l'état de ses passagers, ils font route à pieds jusqu'à se retrouver devant un immense garage désaffecté où ne subsistent que quelques poids-lourds. Alors que Ben met tout en œuvre pour y faire fonctionner le réseau électrique, le jeune Steven, fugueur qui a fuit la demeure familiale est retrouvé gravement blessé. Il est la première victime d'un meurtrier qui utilise un chalumeau pour tuer ses proies. De l'autre côté de l'écran, les détectives Reese, Burquez et leur équipe d'enquêteurs cherchent dans les vidéos des indices permettant d'identifier celui qui a perpétré le massacre dans le désert du Nevada...

Le cinéaste Olatunde Osunsanmi n'en est pas à son tout premier coup d'essai en matière de found-fountage puisque quatre années auparavant en 2009, il s'y essaya avec plus ou moins de bonheur à travers son film de science-fiction Phénomène Paranormaux. Avec Evidence, il tente donc à nouveau sa chance en mélangeant cette fois-ci thriller et épouvante. La bonne idée du cinéaste, peut-être la seule parcourant une œuvre qui empiète sur des terre déjà acquises par d'autres cinéastes (Ruggero Deodato pour le plus ancien, Paco Plaza et Jaume Balagueró pour ceux faisant partie des plus artisans du genre), c'est de ne pas avoir uniquement réalisé un film sous l'angle unique du (faux)reportage mais d'y avoir accordé une part plus ou moins importante à l'enquête en cours.

Dès les premiers instants, Olatunde Osunsanmi tente de rendre son œuvre immersive grâce à un effet « bullet-time » plutôt convainquant. Par la suite, on est dans l'habituel film d'horreur caméra portée à l'épaule. Ici, on ne tente pas de convaincre le spectateur qu'il s'agit de vidéos réelles. De toute manière, les ficelles du genre sont tellement énormes qu'on n'y croit plus depuis belle lurette. Il ne tente même pas l'accumulation de « jum-scare » qui au final se révéleraient inefficaces. Le cinéaste compte bien jouer sur le mystère entourant l'identité du tueur en menant le spectateurs sur différentes pistes qui se révéleront évidemment au final, les mauvaises. Alors même que la fin se profile et que l'éventualité de l'identité du tueur se fait plus précise, on est déçu par ce que l'on pouvait supposer être le plus logique et que l'on avait très vite balayé de notre esprit. Sauf qu'en en fait, Olatunde Osunsanmi nous prépare un twist final (presque) inattendu.

Evidence n'est pas un mauvais film en soit. Et dans le genre found-fountage, il ne fait pas non plus partie des plus mauvais. Sauf que pas mal de moments y sont prévisibles, que d'un point de vue scénaristique, on aurait plu s'attendre à mieux, et que le film, outre son aspect documentaire, n'est ni plus, ni moins qu'un petit slasher. A voir quand même...


samedi 25 juin 2016

La Tour 2 Contrôle Infernale de Eric Judor (2016)



Quinze ans après les aventures rocambolesques d'Eric et Ramzy, La Tour 2 Contrôle Infernale revient sur les origines des défaillances intellectuelles des deux zigotos. Mais contrairement au premier volet, cette fois-ci, les deux personnages principaux ne sont plus les laveurs de carreaux mais leurs géniteurs, pilotes pour l'aviation française, et qui lors d'un test de centrifugeuse à l’École de l'Air de Salon de Provence, vont perdre totalement la boule. Alors qu'ils étaient pressentis pour faire partie d'une mission de la plus haute importance, les voici désormais relégués comme bagagistes à l'aéroport d'Aurly-Ouest.

Ernest Krakenkrick et Bachir Bouzouk, c'est leur nom, vont être les témoins d'un bien curieux événement. En effet, alors que les départs d'avions sont tous retardés ou supprimés, ils constatent avec effroi qu'un groupe de terroristes menés par un certain colonel Janouniou, qui n'est autre qu'un ancien militaire ayant officié sur la base aérienne de Salon de Provence, se sont emparés des commandes de la tour de contrôle de Aurly-Ouest. Alors que le groupe, nommé Moustachious, tente de négocier avec le ministre de l'intérieur, Ernest et Bachir mettent tout en œuvre pour reprendre le contrôle de l'aéroport. Ils pourront compter pour cela, sur l'aide de Jean-Peter McCalloway, qui n'est autre que le futur géniteur de John MacCalloway dont le fils de Bachir, Ramzy, tombera amoureux lors des aventures se déroulant dans La Tour Montparnasse Infernale...

Le cinéaste Charles Nemes, auteur du premier volet, n'étant plus de la partie, c'est cette fois-ci Eric Judor qui est aux commandes de La Tour 2 Contrôle Infernale. Endossant donc en compagnie de Ramzy Bédia les costumes des père respectifs des deux héros du premier volet, les deux acteurs retrouvent pour cette suite quelques-uns des interprètes de La Tour Montparnasse Infernale. Serge Riaboukine, dans le rôle de l'un des hommes de main du chef du gang Moustachious et jumeau de De Fursac, le méchant du premier volet, ainsi que l'actrice Marina Foïs dans celui de la conseillère du Ministre, enceinte et future mère d'un bébé qui sera donc la fille de celle-ci dans le premier volet.


Autant le dire tout de suite, La Tour 2 Contrôle Infernale est bien moins amusant que La Tour Montparnasse Infernale. C'est toujours aussi lourd, mais alors qu'auparavant les gags demeuraient malgré tout plutôt drôles, désormais, on sourit sans jamais vraiment rire aux éclats. Et c'est bien dommage car aux commandes du scénario, les auteurs Éric Judor, Ramzy Bédia et Nicolas Orzeckowski font preuve d'une grande imagination en terme de situations comiques. Sauf que la sauce ne prend pas vraiment. Ça se regarde sans trop d'ennui, mais on assiste plus au spectacle comme à une succession de gags plus ou moins inégaux qu'à un récit. Ce qui dénote le peu d'intérêt qu'offre le film. Plus encore qu'Eric Judor et Ramzy Bédia, c'est surtout le musicien/chanteur et désormais acteur Philippe Katerine qui sort du lot. A tel point que l'on a l'impression que le film a été essentiellement conçu autour de son personnage. En dehors de son personnage, La Tour 2 Contrôle Infernale demeure malheureusement assez plat...

Cauchemars à Daytona Beach (UNCUT) de Romano Scavolini (1981)



Georges Tatum est malade. Diagnostiqué schizophrène, il est harcelé par d'incessants cauchemars obsessionnels et souffre d'une très importante amnésie. Enfermé dans un institut spécialisé, les médecins le pensent guéri et décident de lui rendre sa liberté. La première chose que fait Georges est de longer les rues moites des quartiers chauds de la ville. Après avoir assisté à un strip-tease dans un peep-show miteux, il est victime d'une crise d'angoisse et s'effondre au sol.
Une fois remis sur pieds, il prend un bateau qui se dirige vers la Floride, pays de son enfance. Là-bas, il commet son premier meurtre... enfin, pas vraiment puisque tout petit déjà, il a tué ses parents à coups de hache. La raison pour laquelle il s'est retrouvé interné dans un hôpital psychiatrique.

Georges Tatum n'est donc pas guéri. D'ailleurs, rien ne nous met en condition pour nous faire croire le contraire. Toujours harcelé par d'épouvantables cauchemars, on se doute bien que le héros de Cauchemars à Daytona Beach (titre français largement plus efficace que l'original sobrement intitulé Nightmare) ne va pas se contenter de rendre visite à de vieux amis. Un titre qui a sans aucun doute marqué toute une génération. Celle des années quatre-vingt, des vidéoclubs, des cassettes VHS aux slogans aux accroches avantageant des films parfois monstrueusement nuls. Auréolé du statut d’œuvre culte, Cauchemars à Daytona Beach l'est-il vraiment ? Ou bien ne s'agit-il en réalité que d'une bande horrifique lorgnant sur les grands classiques du genre sans jamais parvenir ni à les surpasser, ni même à les égaler ?

Et bien, un peu des deux sans doute. Car s'il est justement l'objet d'un tel culte, Cauchemars à Daytona Beach ne l'a fort probablement pas obtenu grâce à d'éventuelles qualités scénaristiques. En effet, le film de Romano Scavolini se révèle mauvais. A tel point qu'il est difficile de tenir jusqu'au bout sans fermer l’œil un seul instant. Il faut savoir qu'à l'époque où je l'ai découvert, c'est à dire dans les années quatre-vingt, il y a donc presque trente ans, la seule façon de le dénicher était de louer la cassette vidéo dans l'un des vidéoclubs du coin, pas très loin des pornos qui encombraient les rayons fréquentés par de vieux vicelards en imperméables beiges (!?). A l'époque, la version proposée était écourtée de quelques minutes. Pour les amateurs de gore, évidemment, les plus importantes. Déjà que le film était lent et d'un insondable ennui, il fallait ouvrir très grands les yeux pour y déceler quelques rares résidus d'hémoglobine (l'excellent C.H.U.D dont les effets-spéciaux furent réalisés par le génial Tom Savini connut lui aussi des coupes sévères à l'encontre de plans gratinés).

C'est pour quoi, presque trente ans plus tard, j'ai enfin pris la décision de le voir à nouveau, mais cette fois-ci, dans sa version uncut. Une vraie version uncut, dont les rajouts sont significatifs en terme de scènes sanglantes puisque certains passages manquant dans la version expurgée nous montrent cette fois-ci tout ce qui a pu faire la réputation d'un film qui n'en méritait pas autant, version uncut comprise. Pour celles et ceux qui voudraient découvrir ce monumental étron cinématographique, il serait, avant toute chose, intéressant de lire les quelques phrases qui suivent, inspirée d'un court article trouvé sur le net :


MÔssieur Scavolini lui-même aurait prétendu dans une interview que le cinéaste italien Dario Argento, mondialement connu, et grand maître es-gialli, l'aurait plagié lors d'une scène montrant une victime se baisser en avant et livrant à l’œil de la caméra, le tueur caché dans son dos. Alors, je ne sais pas de quelle œuvre d'Argento Scavolini tient ses propos, mais je rappellerais à sa majesté Scavolini qu'un an avant lui, les géniaux William Lustig et Joe Spinell avaient déjà trouvé cette ingénieuse technique pour le cauchemardesque Maniac, réalisé par le premier et interprété par le second. Quand à se vanter d'avoir mis la main sur un chef-opérateur de Fellini pour son film, lorsque vous aurez le loisir de découvrir Cauchemars à Daytona Beach, vous risquez de rire doucement au vu de la pauvreté des images. Je ne préciserai rien de ce qu'a pu affirmer Romano Scavolini concernant les immense Steven Spielberg et John Carpenter, mais ce gars-là, je vous le dis, est vraiment, vraiment perché (prétentieux avez-vous dit?).
Si Cauchemars à Daytona Beachest mauvais, c'est d'autant plus regrettable que l'acteur principal interprétant le rôle de Georges tatum (Baird Stafford) est lui, par contre, tout à fait saisissant. Et même.... carrément... flippant. Totalement habité par son personnage, il n'hésite pas à donner de sa personne pour rendre son personnage plus effrayant encore que le thème principal du film. Quand au reste, mieux vaut s'asseoir dessus que d'avoir à en discuter. A noter que le doublage français est affreux, ce qui n'arrange évidemment rien aux affaires de Romano Scavolini qui, cependant, semble avoir une très haute estime de son film, et de lui-même d'ailleurs...

vendredi 24 juin 2016

Le Quatrième Homme de Paul Verhoeven (1983)



Gerard Rève se rend à Flushing pour une conférence littéraire où il doit lire et répondre à des questions devant un parterre de fans. Alors qu'il s'apprête à prendre le train, il tombe devant un très beau jeune homme pour lequel il tombe sous le charme. Un fois à bord du train qui l'emporte vers Flushing, Gerard a des hallucinations mystiques effroyables. Homosexuel et alcoolique, cet écrivain chrétien convaincu, a de très fréquentes visions et fait quotidiennement des cauchemars mêlant la vierge Marie à des scènes particulièrement violentes.

Alors qu'il est enfin arrivé à destination, il est accueilli par le Dr de Vries, l'organisateur de la conférence et fait très vite la connaissance avec une jeune femme qui ne cesse de le filmer lors de la conférence. Une certaine Christine Halsslag, trésorière et veuve d'un riche et célèbre concepteur de produits d'entretiens capillaires et propriétaire d'un institut de beauté connu dans la région. Christine présente à Gerard l'hôtel dans lequel une chambre a été réservée pour l'écrivain. Situé à proximité du lieu de la conférence, Gerard constate avec effroi que la façade de l'établissement est exactement la même que celle de l'hôtel qu'il a entraperçu dans les visions qu'il a eu dans le train plus tôt dans la journée. L'auteur de romans refuse donc d'y dormir après la conférence et Christine lui propose de passer la nuit chez elle. Après réflexion Gerard accepte suit la jeune femme jusque chez elle. Là, le couple improvisé va passer la nuit dans le même lit, faisant l'amour et s'endormant jusqu'au lendemain matin...

Sixième long-métrage de Paul Verhoeven, Le Quatrième Homme fait partie de ces œuvres sulfureuses dont l'auteur de Basic Instinct s'est rendu coupable durant la partie néerlandaise de sa carrière. L'histoire même de ce film ressemble étrangement à celle qui verra Michael Douglas et Sharon Stone nouer une relation particulièrement ambiguë. Ici, ce sont Jeroen Krabbé (Gerard Rève) et Renée Soutendijk (Christine Halsslag), alors à l'époque égérie de Paul Verhoeven, qui sont les principaux interprétes d'une œuvre mêlant. Quasi-systématiquement cataloguée comme veuve noire dans la majorité des résumés disponibles sur la toile, la réputation que se fait de Christine l'écrivain et loin d'être une certitude. En effet, rien ne vient corroborer les soupçons de Gerard dont les tendances alcooliques provoquent chez cet homme des visions surréalistes particulièrement inquiétantes. Des tableaux d'ailleurs souvent stupéfiants où le sexe, même s'il n'est pas ouvertement reconnu, se mêle au sang et à la religion.

On n'en apprendra finalement pas grand chose sur la très énigmatique Christine, et surtout pas de la bouche de son autre amant, Hermann. Un homme fade, sans véritable charisme malgré un physique avantageux. Tout dans le générique du début de ce Quatrième Homme reflète le contenu du film dans lequel Paul Verhoeven nous invite à nous plonger. C'est même peut-être le seul indice du film qui puisse confirmer les doutes de ceux qui voient en Christine une veuve noire ayant tué ses trois précédents maris. Toujours est-il que derrière les incessantes questions que l'on se pose, on retient avant tout la virtuosité du cinéaste et l'extraordinaire interprétation de Jeroen Krabbé et Renée Soutendijk. Le Quatrième Homme demeure après sa vision et même après des décennies comme une œuvre mystico-religieuse et violente d'une puissance fantastique. L'un des meilleurs films du cinéaste durant sa période néerlandaise, le dernier puisqu'ensuite Paul Verhoeven ira tester ses talents de cinéastes au États-Unis avec un autre film de très grande qualité : La Chair Et Le Sang...

jeudi 23 juin 2016

Spetters de Paul Verhoeven (1980)



A Rotterdam, Rien, Hans et Eef rêvent d'ascension. Les deux premiers sont charpentiers et travaillent pour le compte du père de Hans tandis que Eef travaille, lui, comme garagiste. Tous les trois sont passionnés de moto-cross et supporters du champion hollandais de la discipline, Gerrit Witkamp (Rutger Hauer) que Rien espère pouvoir un jour affronter sur les pistes. Un jour, lors d'une compétition locale animée par le reporter Frans Henkhof, et alors que Rien vient de remporter la victoire, lui et ses deux compagnons font la connaissance de Fientje qui en compagnie de son frère tient une baraque à frites.
Mais la belle en a assez de vendre des croquettes et des saucisses et rêve d'aventure et d'argent. C'est ainsi qu'elle commence à voir de plus en plus Rien alors qu'il est lui-même fiancé à Maya, Fientje voyant une opportunité financière à fréquenter celui qui déjà est considérer comme un futur grand champion de moto-cross. Eef et Hans essaient de s'accaparer l'attention de Fientje mais celle-ci s'accroche à Rien au grand désarroi de Maya. La vendeuse de frites obtient auprès du reporter Frans Henkhof un contrat d'exclusivité qui rapporte une jolie somme d'argent à Rien qui, de plus, lui permet d'être sponsorisé par une grande marque de motos.

Au guidon de leur tout nouvel engin, Hans et lui partent sur les routes les essayer mais un drame survient : Rien est éjecté de la route par un conducteur de voiture imprudent et percute une borne en béton. Le voici désormais paralysé des deux jambes et incapable de se déplacer sans fauteuil roulant. Lors d'une visite à l’hôpital effectuée par Fientje, Rien demande à la jeune femme de ne plus venir le voir. Attristée, celle-ci n'en demeure pas moins convaincue qu'il lui faut changer de vie, quitte à aller voir ailleurs. Et pourquoi pas auprès de l'un des deux amis de Rien...
Pour son cinquième film de sa période hollandaise, le cinéaste Paul Verhoeven réalise un film coup de poing qui sous ses allures de chronique adolescente cache une œuvre parfois très crue(lle), cyniquement drôle (à titre d'exemple : à sa sortie de l’hôpital, Rien se voit offrir un fauteuil roulant, rappelant sa passion pour la moto), et très critique envers la religion et la famille.

« C'est une salope, comme les putains de Babylone... »

Dans une moindre mesure, l'actrice Renée Soutendijk, qui campera plus tard la veuve noir de De Vierde Man, s’immisce déjà dans la vie de nos personnages avec la ferme intention de les « sucer » jusqu'à la moelle. Elle vampirise en effet de ses atours les trois jeunes hommes (véritables gamins qui pour s'octroyer les faveurs de la belle n'hésitent pas à s'adonner à un concours de bites). Une putain comme éructé par le père bigot de Eef (Toon Agterberg) qui passera de l'un à l'autre sans la moindre moralité. Le père de Eef justement... Un être violent, qui prêche la bonne parole tout en battant son fils au grenier. Un fils qui sous la ceinture demeure aussi mou qu'un escargot et s'en prend avec virulence aux homosexuels. Spetters ne serait-il pas une œuvre homophobe et le personnage de Eef son reflet le plus radical ? A moins que ce comportement ne soit consécutif à une identité sexuelle mal assumée ?

Le film de Paul Verhoeven est donc particulièrement cru. Et même cruel. Cru parce qu'il n'hésite pas à montrer des pénis en gros plan, et notamment lors d'une fellation et d'un traumatisant viol homosexuel. Cruel parce qu'il s'attaque à trois jeunes gens, s'ils ne sont pas tout à fait irréprochables en fonction de l'angle que l'on décide de choisir ici, ne méritent sans doute pas le sort qui leur est destiné. Aux commandes du scénario, Gerard Soeteman, encore et toujours lui. La musique cette fois-ci a été confiée à Ton Scherpenzeel. Alors qu'il est sorti aux Pays-Bas en 1980, les spectateurs français ont dû patienter plus de vingt ans pour pouvoir officiellement le découvrir... Il s'agit ici de l'une des œuvres les plus radicales du cinéaste. A noter, la présence discrète du duo formé par Rutger Hauer et Jeroen Krabbe dans l'oeuvre précédente du cinéaste hollandais, Soldaat van Oranje. Spetters est un très bon film, l'avant dernier de sa période hollandaise...

mercredi 22 juin 2016

Soldaat van Oranje de Paul Verhoeven (1977)



Alors que la Seconde Guerre Mondiale va bientôt frapper aux portes de l'Europe, les étudiants Erik Lanshof, Guus Le Jeune, Nico, Alex, Jan et Robby font connaissance lors d'un traditionnel bizutage. Une amitié nait entre ces six jeunes hommes mais la guerre va bientôt changer leur existence. L'Allemagne nazie prend possession du territoire hollandais et Erik et ses amis doivent désormais choisir leur camp. Si certains ont pris la décision de servir leur pays en résistant à l'envahisseur, d'autres vont opter pour la collaboration.
Alors que les juifs sont chassés du pays et envoyés en Pologne où leurs chances de survie sont maigres, Erik offre à son ami Jan l'occasion de fuir vers l'Angleterre à bord d'un hydravion. Mais rien ne se passe comme prévu pour ce boxeur amateur qui est alors arrêté puis interrogé par la Gestapo.

Si Erik a choisit de servir son pays, aidé de son plus fidèle compagnon Guus, et d'Alex, Nico, lui, fils d'une mère allemande, choisit volontairement le camp adverse. Robby, accepte de collaborer avec les allemands non pas par choix mais par contrainte, sa fiancée Esther étant juive elle-même. Malgré les divergences de choix de ces six amis, leur amitié et leur complicité demeurera intacte. Jusqu'à un certain point...

Quatrième long-métrage du cinéaste Hollandais Paul Verhoeven, Soldaat van Oranje, n'est rien de moins qu'un très grand film. Un chef-d’œuvre qui aborde la Seconde Guerre Mondiale sous un angle de vue sensiblement différent puisqu'ici c'est la participation des Pays-Bas à l'événement qui est décrite. La photographie a cette fois-ci été confiée à l'allemand Jost Vacano, Jan de Bont quittant pour un temps le navire (il retrouvera Paul Verhoeven dès 1983 avec l'excellent De Vierde man). On retrouve aux commandes du scénario l'éternel Gerard Soeteman qui aux côtés du cinéaste adapte ici dans l'ouvrage autobiographique d'Erik Hazelhoff, Soldaat van Oranje '40-'45, le récit réel vécu par l'écrivain lui-même.

Le compositeur Rogier Van Oterloo est une fois de plus l'auteur de la superbe bande originale qui accompagne Soldaat van Oranje. Si Rutger Hauer est bien l'interprète principal (et magnifique) de cette œuvre judicieusement décrite comme un film de guerre épique, il ne faut surtout pas omettre l'interprétation des actrices et acteurs qui l'accompagnent. De Derek de Lint à Belinda Meuldijk en passant par Eddy Habbema, Lex Van Delden, Edward Fox, Susan Penhaligon ou Huib Rooymans, tous font un travail magnifique. Sans oublier évidemment l'acteur Jeroen Krabbé dont il s'agit ici de la toute première collaboration avec Paul Verhoeven (on le verra par la suite dans les très controversés Spetters et surtout dans le rôle principal de De Vierde Man). Le film coutera à la production environ cinq millions de florins mais demeurera le plus grand succès de l'année 1977 aux Pays-Bas puisqu'il fera plus d'un million et demi d'entrées dans son pays d'origine.

Après avoir foulé les territoires de la prostitution à travers une comédie grivoise et au travers d'un drame social ; après avoir sublimé une très belle histoire d'amour, Paul Verhoeven s'attaque donc pour la toute première fois à un chantier impressionnant. Un film de guerre, mais pas seulement. Un film sur l'amitié, la seule, la vraie, de celle qui ne se défait pas même lorsque des choix cruciaux font tout pour la mettre en péril. On y découvre ainsi toute l'horreur d'une guerre abominable. Tortures, interrogatoires, mais également collaboration, et fort heureusement, héroïsme, bravoure et témérité. Deux heures trente. Cent quarante minutes d'un bonheur exquis. De ces œuvres qui vous affublent d'une banane extraordinaire. Traité avec beaucoup de pudeur et interprété par d'immenses interprètes, Soldaat van Oranje sait distiller, au delà de l'action inhérente à ce genre d'ouvrage, une émotion véritablement palpable et un humour qui fait un bien immense. Soldaat van Oranje est une œuvre qui vit et respire. Derrière les agissements de l'occupant se cache également un profond message : l'homme dans toute sa splendeur et son humanité. Je le répète : Soldaat van Oranje est un très grand film, un chef-d’œuvre...

mardi 21 juin 2016

Keetje Tippel de Paul Verhoeven (1975)



Embarquée dans la soute d'un bateau en compagnie de ses parents et de ses frères et sœurs, la jeune Keetje Tippel et les siens ont quitté Frise pour les faubourgs d'Amsterdam où ils comptent bien réussir leur vie et devenir riche. Mais leur désillusion est grande lorsqu'ils constatent que la maison qui leur a été promise n'est qu'un taudis insalubre, investit par les rats et prenant l'eau les jours de pluie. Un type de l'assistance propose cependant au père de Keetje de travailler dans une écurie. Quant à Keetje, il lui offre un travail de teinturière mais les choses se compliquent lorsque la jeune femme s'en prend vivement à l'une de ses collègues dont elle enfonce le visage dans un bain d'acide. Elle est renvoyée sur le champ mais ne tarde pas à retrouver du travail auprès d'un chapelier.

Un jour, alors qu'elle et ses patrons partent vendre dans un orphelinat le fruit de leur labeur, Keetje y aperçoit sa jeune sœur Mina entièrement nue en compagnie d'autre femmes. Keetje comprend qu'elle n'a pas mis les pieds dans un orphelinat mais dans un bordel où travaille Mina. Invitée à proposer elle-même ses services auprès d'un vieux dégoûtant, Keetje met un pied dans le monde de la prostitution. Et comme la jeune femme en a marre de la précarité dans laquelle elle vit, elle va peu à peu plonger et faire des passes. C'est lors de l'une d'entre elles qu'elle fait la connaissance d'Hugo, un homme charmant et apparemment riche qui va la prendre sous sa coupe. Mais alors que Keetje rêve de grandeur, elle déchante très vite lorsqu'elle se rend compte que sa relation avec Hugo risque d'être éphémère...

Troisième long-métrage du cinéaste hollandais Paul Verhoeven, Keetje Tippel est aussi le premier en « costumes ». En effet, le récit se situe au dix-neuvième siècle dans un faubourg d'Amsterdam aux allures de Whitechapel. Des ruelles sombres, enfumées, et l'ombre de Keetje Tipper, jeune fille issue d'une famille pauvre qui voudrait s'en sortir. Pour ce troisième film, on retrouve le quintet de l’œuvre précédente, Turks Fruit. Aux côtés de Paul Verhoeven, le scénariste Gerard Soeteman, le photographe Jan de Bont, l'acteur Rutger Hauer et l'actrice Monique van de Ven dans le rôle de Keetje Tippel.

On est très vite embarqué dans ce biopic inspiré d'un ouvrage autobiographique de l'écrivain Neel Doff qui vécut elle-même dans une pauvreté extrême avant de s'en extraire en posant pour des peintres belges de renom. Paul Verhoeven décrit un faubourg crasseux, envahit par la vermine, contrastant étonnamment avec les quartiers marchands d'une ville où expansion et faillite cohabitent. Le travail remarquable de Jan de Bont (alors compagnon de l'actrice principale) donne lieu à des images parfois magnifiques. Alors que Paul Verhoeven s'apprête à tourner une fresque de très grande ampleur, le budget, pourtant très important pour l'époque l'oblige à revoir ses ambitions à la baisse. Il y décrit trois étapes dans l'existence de son héroïne. Tout d'abord la pauvreté, qu'elle est pour l'instant forcée d'accepter. Un famille nombreuse, une demeure qui tombe en ruine, parfois noyée sous les eaux (un chiot y mourra noyé), et surtout, une sœur, Mina, qui mène la vie dure aux siens, leur imposant tous ses caprices puisqu'elle est la seul à faire véritablement vivre sa famille en vendant son corps. Un contraste saisissant entre cette dernière, pas vraiment jolie, véritable garce (elle se torche les fesses à l'aide d'un ouvrage de Jules Verne appartenant à sa sœur) et Keetje, encore pure et vierge. Ensuite, c'est pour cette dernière, la découverte de la belle vie. Les jolies robes, la nourriture à volonté, mais aussi et surtout les désillusions. Ce qui l’amènera à choisir un camp mitoyen. Celui des révolutionnaires dont la voix gronde jusqu'à l'affrontement final. Elle quitte le confort des bras d'Hugo dont elle n'a pas grand chose à attendre de toute manière, et évite le retour vers les siens, et donc la pauvreté.

Dans son désir de s'accaparer une existence différente faite de dentelles et de cuillères en argent, la jeune Keetje Tippet dont la fortune demeure l'unique but (elle ne cesse d'en parler, même auprès de ses nouveaux « tuteurs » qui veillent sur son bien être) vampirise littéralement le seul qui peut encore la sortir de sa condition. Keetje Tippel est une belle réussite mais qui fait presque regretter que Paul Verhoeven n'ait pu aller au bout de ses ambitions. Comme pour Turks Fruit, c'est une fois encore le compositeur Rogier van Otterloo qui est aux commandes de la partition musicale. Quand au couple formé un instant par Rutger Hauer et Monique van de Ven, s'il est parfaitement interprété, il demeure bien différent de celui du film précédent dans lequel l'amour transpirait véritablement à chaque plan quant ici, l'intérêt prévaut sur les sentiments. Une belle réussite...
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