Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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mardi 29 septembre 2015

Open Grave de Gonzalo Lopez-Gallego (2013)



Un homme se réveille de nuit au beau d'une fosse remplie de cadavres. Il n'a aucune idée de sa propre identité ni des raisons pour lesquelles il se trouve ici. Alors que quelqu'un lui jette une corde afin de lui permettre de s'extraire du trou, une fois à la surface, son sauveteur a disparu. Armé d'un pistolet, il erre dans une forêt, sous une pluie battante, jusqu'à tomber sur maison éclairée. Sans même frapper à la porte il pénètre dans la demeure et entend des murmures. Avançant avec prudence, il tombe nez à nez avec cinq personnes. La peur se lit sur leur visage. L'un d'eux va même soupçonner le nouvel arrivant d'être responsable des morts placés dans la fosse.
Tout comme l'inconnu, chacun d'eux ignore sa propre identité et la raison de sa présence en ces lieux...

Open Grave mélange les genres. Cette œuvre signée du cinéaste espagnol Gonzalo Lopez-Gallego et datant de 2013 mêle en effet avec un certain brio le thriller, l'horreur et le film post-apocalyptique. Tout comme pour ses personnages, le film laisse le spectateur dans le flou le plus complet. Étant donné que le scénario joue sur une certaine attente, il faut donc compter sur le talent des interprètes pour distiller le suspens. Et ça marche ! Bien que le film de l'espagnol s'inspire parfois d’œuvres bien connues (au hasard 28 Jours Plus Tard et toute la vague de films de pseudos-zombies) on apprécie la lente progression qui instaure un climat des plus angoissant.

Bien sûr, Gonzalo Lopez-Gallego n'invente rien. Le genre est même encombré. Et l'on ne parle pas ici de films de zombies très à la mode depuis quelques années mais du principe même qui veut que l'on enferme plusieurs personnages dans un cadre limité (se réduisant souvent à une seule pièce). Ici, il s'agit d'une immense demeure et de la forêt avoisinante. Le talent du cinéaste est de ne pas révéler trop d'éléments à la fois. On ne sait pas vraiment qui sont ces êtres qui rôdent dehors. Des zombies ? Des hommes et des femmes pris de folie furieuse ? Ou bien encore les victimes d'une étrange maladie, semblable à celle de Rec ?
Et concernant les personnages, qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? Et pour quelle raison sont-ils tous réunis ici et surtout, pourquoi n'ont-ils aucun souvenirs ? À ces questions, Gonzalo Lopez-Gallego va apporter une réponse d'abord inattendue mais dont la silhouette se profile petit à petit.

Peu sanglant, Open Grave se révèle pourtant parfois assez morbide. Surtout durant le prologue et sa conclusion qui laissent présager du pire pour ce qu'il reste de l'humanité.

Après avoir signé un Apollo 18 presque majoritairement descendu par la presse et le public, Gonzalo Lopez-Gallego revient à la charge avec une œuvre sombre, pessimiste et pourtant ludique. Open Grave pousse le spectateur plongé en pleine expectative à participer de loin à cette intrigue en se posant les mêmes questions que ses héros. Sharlto Copley prend peu à peu de l'assurance, Thomas Kretschmann perd petit à petit la tête et provoque un climat anxiogène particulièrement réussi, Josie Ho enrobe l'intrigue de sa présence et invoque une part supplémentaire de mystère.
Open Grave est donc une œuvre plutôt bien faite. On demeure cependant loin du chef-d’œuvre, et ceux qui affirment se trouver devant un film dune exceptionnelle originalité devraient pourtant revoir leurs classiques. Le cinéaste espagnol pioche beaucoup dans des œuvres déjà existantes. Heureusement qu'il a pour lui un sacré sens de la mise en scène et des acteurs solides. 

On notera l'ambiance particulièrement  sordide de l'hopital et de ses draps blancs souillés. Un hommage à L'Enfer des Zombies de Lucio Fulci?

 

jeudi 24 septembre 2015

Contracted : Phase 2 de Josh Forbes (2015)



Deux années après la terrible épreuve vécue par Samantha, un virus d'origine criminelle met en péril l'avenir des habitants de Los Angeles. Alors que la jeune femme est désormais décédée et que la police enquête sur les origines de l'épidémie qui a déjà fait quatre victimes, l'un des amis de Samantha avec lequel elle a couché peu de temps avant de mourir semble avoir lui aussi contracté la maladie.
Contracted : Phase 2 fait directement suite au premier volet réalisé et scénarisé par le cinéaste Eric England. Cette fois-ci, c'est Josh Forbes qui s'attelle à la tâche. Alors que dans Contracted, le scénario s'attardait uniquement sur l'évolution de la maladie, les tout(es dernières minutes laissaient présager ce qui allait se dérouler dans cette suite qui s révèle au final, plutôt décevante. Car en effet, l’œuvre de Eric England se terminant d'une manière plutôt inattendue, on sait d'ors et déjà ce qui va constituer le fond de l'intrigue de cette suite.

"I am The End"

On croit l'affaire réglée lorsque Samantha meurt, tuée par la police qui, du même coup, la libère de cette terrible souffrance dont le spectateur à pu être le témoin. Sauf que derrière elle, d'autres ont été les victimes de ce fléau dont est responsable un homme qui a lui seul se dit être "La Fin". Un taré de plus en liberté sur lequel la police va avoir bien du mal à mettre la main. A ce propos, l'enquête policière menée par une jeune flic est on ne peut plus insignifiante. Interprété de manière inconsistante par une actrice qui ne semble jamais vraiment croire en son personnage, on se fiche littéralement du déroulement de l'enquête. Quand au phénomène qui transforment ceux qui passent de vie à trépas en zombies récalcitrants, il brise un peu de cet intérêt que l'on porte à cette histoire d'épidémie quelque peu dérangeante.

Amis hypocondriaques, bonjour ! Ceux que les petites coupures infectées mettent mal à l'aise, que les hémorragies nasales incommodent et que les modifications corporelles rendent malades risquent de déguster. Étant moi-même un ancien hypocondriaque presque aguerri à force de contempler des images à faire vomir un thanatopracteur accompli, j'avoue avoir été obligé de détourner le regard à plusieurs reprises. Peut-être suis-je un brin trop sensible ? Si Contracted : Phase 2 n'est pas un trop mauvais film, il est en deçà du premier volet qui possédait certaines qualités qui ont malheureusement fuit ce second projet.
Ce film servant de test à l'hypothétique accomplissement d'un fantasme encore demeuré en l'état (voir le traumatisant Dans Ma Peau de la belge Marina de Van), il ne marquera peut-être l'esprit que de ceux qui ne sont pas coutumiers du genre et de ceux qui, comme moi, ont encore un peu de mal avec le traitement fait au corps humain sous certaines conditions. La fin quand à elle suppose qu'un troisième épisode sera mis en chantier. En espérant qu'il relèvera le niveau de ce second volet qui demeure largement en deçà du premier...


Hysteria de Brad Anderson (2014)



Hysteria est le dernier film en date du cinéaste américain Brad Anderson qui depuis ses débuts n'a commis que très peu de fautes de goût puisqu'à part son très décevant L'Empire des Ombres, il n'a tourné que d'excellents films. Pour sa dernière œuvre, il convoque des artistes aussi confirmés que Ben Kingsley (qu'on verra auparavant dans le Transsiberian de Anderson) et Michael Caine. A leurs cotés, Kate Beckinsale et Jim Sturgess leur tienne la chandelle avec leurs indéniables qualités d'interprètes.
Jim Sturgess est un jeune docteur fraîchement diplômé qui vient parachever sa formation d’aliéniste à l’hôpital psychiatrique de Stonehearst oû l'attend le Docteur Silas Lamb et toute son équipe. Brad Anderson plonge ses acteurs à une époque où l'homosexualité et l’épilepsie étaient encore considérées comme des troubles mentaux. On connaît le soucis du détail du cinéaste qui met en place un environnement réaliste et fourmillant de détails que n'aurait pas renié l'esthète Peter Greenaway. Comme à son habitude, Anderson développe son sujet sans vraiment en fournir les clés bien que dès le départ l'on découvre l'horrible vérité sur cet immense édifice qu'est Stonehearst.

En effet, il nous révèle assez vite que les médecins ne sont pas ceux que l'on pensait et que les geôles souterraines renferment de bien inquiétants secrets. A ce titre, un phénomène bien particulier se produit : Alors qu'en temps normal la frontière entre le bien et le mal est sans équivoque, ici, on a bien du mal à choisir son camp. D'un coté, un "médecin" mégalomane qui rêve de régner sur ce désastreux empire qu'il est en train de fonder sur les cendres de ce qui fut un asile tenu par une équipe de psychiatres et d'infirmières aux méthodes discutables. De l'autre, ces derniers, enfermés dans des cages insalubres et lentement voués à la mort. Si l'on est d'abord acquis à la cause des vrais médecins et infirmières, les propos tenus par le "Docteur" Lamb ont de quoi nous faire réfléchir. Choisissant des méthodes douces pour soigner la folie de ses congénères, son personnage dénote un comportement qui mêle à la fois l'irresponsabilité et l'humanité.

Librement inspiré de la nouvelle de l'écrivain Edgar Allan Poe Le Système du Docteur Goudron et du Professeur Plume, Hysteria semble en avoir déçu certains. S'il est vrai que le film connaît des ruptures de tons assez inégales c'est parce que le film de Brad Anderson tutoie des genres aussi divers que le drame, le thriller, et parfois même l'épouvante. Le quatuor d'interprètes Ben Kingsley, Michael Caine, Kate Beckinsale et Jim Sturgess porte littéralement le film sur ses épaules. En transposant son œuvre à la toute fin du dix-neuvième siècle, le cinéaste impose un climat très particulier qu'il n'aurait sans doute jamais pu obtenir autrement.

La folie est dispensée à grande échelle au cœur d'une population d'aliénés ayant pris le pouvoir. Brad Anderson démontre surtout qu'avec l'espoir et la motivation les plus sincères, la folie ne peut mener à bien son projet et qu'elle est vouée à l’échec. Hysteria est une fois de plus une belle réusite de la part du cinéaste américain, et on ne lui en voudra pas de ces quelques dernières minutes durant lesquelles il met un terme à son histoire. Inutile, un peu grotesque, et tellement en deçà de tout ce qui a précédé...


mercredi 23 septembre 2015

Shine de Scott Hicks (1996)



"Shine" ou l'histoire véridique du pianiste virtuose David Helgott dont l'enfance menée à travers une éducation judaïque rigide et sévère a rendu d'une exceptionnelle sensibilité. Un père aux méthodes peu conventionnelles, étouffantes et fatales pour l'équilibre de ses enfants et notamment de son fils David puisqu'elles seront sans doute à l'origine de la rupture entre ce dernier et sa famille. Le père, dont on comprends qu'il veuille absolument éviter de reproduire sur ses enfants l'éducation hermétique au monde qui l'entourait afin de préserver le cocon familial dans son entière intégrité, ira finalement bien plus loin encore et fera de David l'objet de ses fantasmes, de ses rêves de jeunesse perdus avec pour principale philosophie celle d'être à tout prix le premier et de gagner, toujours gagner sur tous les fronts (étrange impression alors que lui, le père, perd peu à peu l'emprise qu'il a sur son fils). La mère quand a elle subit sans jamais rien dire et les traits sur son visage marquent son absence d'encouragement et sa totale soumission face au caractère particulièrement orageux de son mari.

Tout finira pourtant par changer dans la morne existence de notre héros puisqu'un concours lui permettra de faire la connaissance d'un homme qui verra en lui un éventuel futur pianiste de génie et lui ouvrira les portes d'une liberté retrouvée et surtout l'espoir d'enfin se libérer du joug de son père pour vivre pleinement de sa passion "presque" sans contraintes. Des pressions qu'il affrontera face à son professeur dans une certaine quiétude et une volonté de toujours s'améliorer dans l'art qu'il pratique : le piano. Sa séparation d'avec son père ne lui a pas fait oublier sa ferveur pour le grand Sergueï Rachmaninov qu'il espère toujours pouvoir interpréter sur scène.

Séparé de sa famille, renié par son propre père et enfin incorporé dans une grande école, David passera des années a étudier le piano afin d'approfondir ses connaissances avec toujours en toile de fond l'ombre de son père. Ses compétences prennent autant d'ampleur que de valeur puisqu'il semble être très apprécié dans son entourage alors que son parler semble traduire une souffrance intérieure de plus en plus présente.

La pleine expression de son talent aboutira lors d'une représentation musicale qui fera de lui le héros de la soirée mais qui sonnera aussi le glas d'un espoir de carrière et de reconnaissance puisqu'à la toute fin de son interprétation d'un concerto de Rachmaninov, David s'effondrera au sol atteint d'une grave dépression nerveuse et ne se relèvera que dix années plus tard,..

Ce résumé succinct n'a malheureusement pas la profondeur de l'image qui nous est ainsi proposée par le cinéaste Scott Hicks et qui relate d'une certaine façon la première étape dans la vie de David Helgott. La seconde qui elle se découvrira aux yeux des curieux de tous poils, peut être considérée comme une sorte de renaissance dans l'existence de David puisqu'elle relatera le retour du héros vers ce auquel il a tendu toute sa vie...

Geoffrey Rush (qui interprète David Helgott à l'âge adulte) est simplement sublime de finesse et d'émotion et rends son personnage tout à fait attachant. Le réalisateur lui, plutôt que de chercher à systématiquement arracher des larmes aux spectateurs a su jouer du mal de son héros pour nous servir des scènes très souvent drôles et d'autres beaucoup plus tragiques comme les retrouvailles éphémères entre un David qui se voit toujours comme un petit garçon réservé et un père qui affirme sa position de chef de clan malgré une certaine retenue flagrante de sa part. Cette scène mérite à elle seule que l'on se penche sur ce film. En l'espace de quelques minutes on réalise l'immense talent du cinéaste qui à travers les quelques mots échangés entre le père et le fils arrive à nous chavirer d'émotion. La musique joue beaucoup sur les esprits avec pas mal d'orchestrations si bien que l'on regrette de ne pas profiter plus souvent des talents de David installé face à son piano et ce, surtout dans la première moitié du film.

Un film qui touche au cœur, dont on se souvient longtemps après son visionnage et surtout, un visage qui marque, celui de Geoffrey Rush.

Admirable.

lundi 14 septembre 2015

Massacre Allemand à la Tronçonneuse de Christoph Schlingensief (1990)



Allemagne, 3 Octobre 1990. La réunification allemande s'achève enfin dans le pays coupé jusqu'ici en deux. Les allemands de l'est vont enfin pouvoir se mêler à ceux de l'ouest. Mais cette intégration n'est pas du goût de tout le monde. Certains y voient comme l'invasion d'anciens habitants de l'ex République Démocratique Allemande. Et notamment une famille de boucher de l'ancienne République Fédérale Allemande qui va alors systématiquement assassiner ceux qui viennent de l'autre coté du mur...
A peine croyable... Le cinéaste et homme de théâtre allemand Christoph Schlingensief signe avec ce Massacre Allemand à la Tronçonneuse, une œuvre atypique qui ne l'a sans doute pas, à l'époque de sa sortie, réconcilié avec ceux qui ne l'aimaient déjà pas beaucoup. Deuxième volet d'une trilogie sur l'Allemagne initiée par 100 Jahre Adolf Hitler - Die letzte Stunde im Führerbunker et conclue avec Terror 2000 - Intensivstation Deutschland , Das deutsche Kettensägenmassaker, titre original de cet ovni, est mélange absurde de comédie et d'horreur.

Le cruel manque de moyens se fait ressentir tout au long de cette pellicule dont l'une des rares qualité est ce grain typique du 16mm de l'époque. La bande est aussi crasseuse que l'usine où a été tourné ce moyen-métrage qui n'excède pas les une heure et trois minutes. De quoi faire le tour d'une œuvre totalement barge, interprétée par des acteurs et actrices amateurs qui pourtant se donnent corps et âme à ce projet à ranger dans la section nanars. Car si le titre et certains éléments du décor font clairement référence au classique de l'épouvante Massacre à la Tronçonneuse, le film de Christoph Schlingensief n'en a aucune des qualités. C'est mal joué et mal filmé. Les effets-spéciaux sont dignes des travaux d'un amateur et quand au montage, c'est un bordel sans nom.

Et pourtant... le casting s'en donnant à cœur joie dans les cris d'hystérie, on reste devant l'écran à se demander jusqu'où ira le délire du cinéaste allemand et de ses interprètes. On croise la route de l'acteur Udo Kier (The Kingdom) qui n'est visiblement pas là pour alléger la souffrance du spectateur puisqu'il campe lui-même l'un des personnages frappadingue de la famille de bouchers.
Das deutsche Kettensägenmassaker tente vainement de se raccroche au classique dont il s'inspire au travers de personnages aussi azimutés que ceux de Tobe Hooper. Volker Spengler campe un personnage similaire à l'auto-stoppeur de Texas... et Alfred Edel rappelle quand à lui celui du cuistot-garagiste qui dirige la Famille Tronçonneuse. Quand à Karina Fallenstein, elle est la version germanique de Sally Hardesty (l'excellente Marilyn Burns) mais ne parvient jamais à se hisser à la hauteur de celle dont elle s'inspire. Elle apporte en outre tout ou partie des incohérences du scénario. Agressée, humiliée, cela ne l'empêche pas de se coltiner durant un moment avec celui qui vient de tuer son petit ami. Grotesque !

Si vous voulez vous faire une idée précise de l’œuvre de Christoph Schlingensief, disons que Das deutsche Kettensägenmassaker et à mi-chemin entre le classique de Tobe Hooper cité plus haut et le Desperate Living de John Waters. Vous serez prévenus...



vendredi 11 septembre 2015

Terminator : Genisys de Alan Taylor (2015)



1984. Après une longue période de galère consécutive au bide monumental de son abominable Piranha 2 : Les Tueurs Volants, le cinéaste américain James Cameron va enfin assister à la sortie de son nouveau bébé. Alors que le producteur Ovidio G. Assonitis lui a retiré le contrôle artistique de son premier film, cette fois-ci James Cameron a toutes les cartes en main, d'autant plus qu'à la production, le cinéaste bénéficie de la présence de Gale Anne Hurd qui bientôt deviendra son épouse. De longs mois de pression qui aboutiront à la sortie de son tout premier succès, Terminator. On connaît tous l'histoire de cette machine venue du futur pour tuer la mère du futur héros de la résistance humaine face aux machines ayant pris le pouvoir au vingtième et unième siècle.James Cameron assurera lui-même la réalisation de la suite, Terminator 2 : Le Jugement Dernier dont il a aussi écrit le scénario. Pour beaucoup, cette mouture demeure comme le meilleur épisode de la saga. Nanti d'effets-spéciaux numériques remarquables pour l'époque, le film perd cependant en rythme et devient par là même un peu moins attrayant que son prédécesseur. Une coutume que vont confirmer les troisième et quatrième épisodes de la saga : Terminator 3 : Le Soulèvement des Machines de Jonathan Mostow et Terminator : Renaissance de Mc G ne parvenant jamais vraiment à reconduire l'essence de l’œuvre de James Cameron.
Lorsque trente ans après l’œuvre séminale débarque sur les écrans le cinquième épisode de la saga Terminator, le doute s'installe. Alors même que le mythe s'est quelque peu perdu dans deux chapitres peu convaincants, on est en droit de se demander quel peut bien être l'intérêt de ce nouveau film signé Alan Taylor et reprenant en partie l'histoire originale pour la mêler à un scénario écrit à quatre mains par Laeta Kalogridis et Patrick Lussier.

Une fois les deux heures passées, on demeure perplexe face à ce remake qui n'en est pas tout à fait un tout en remaniant le scénario original et ainsi modifier la mythologie mise en place par James Cameron. Lui-même adoubera le film d'Alan Taylor donnant ainsi à ce Terminator : Genisys toute sa légitimité. C'est à ce point là de la réflexion qu'il faut se demander si le spectateur (et le fan en particulier) peut prétendre ou pas au droit de veto. C'est quand même lui qui va acheter son billet. Et même s'il n'a participé au projet que d'une manière totalement virtuel en lisant la presse et en consultant les sites consacrés au film, c'est lui qui aura le dernier mot en choisissant, ou pas, de se rendre dans la salle obscure de son choix.

Deux heures et quelques secondes. C'est le temps que dure le film. En ouverture, nous sommes plongés en 2029 et l'on assiste à un soulèvement. Non pas celui des machines, mais celui des humains. Ceux de la résistance aux commandes de laquelle John Connor espère pouvoir mener ses hommes à la victoire. On assiste en fait aux prémices de ce qui est arrivé au début du premier Terminator et que James Cameron avait préféré ignorer. Puis, presque plan par plan et entrecoupée de scènes situées dans ce même futur, la suite nous projette en 1984 lorsque Kyle Reese et le T800 furent presque simultanément projetés de leur présent, toujours en 2029, vers le passé. Tout ce qui va suivre jusqu'à la fameuse scène confrontant Arnold Schwarzenegger à trois punks va scrupuleusement respecter le story-board d'origine au point de mettre en scènes décors et interprètes d'une manière aussi authentique que possible. On croirait presque le premier Terminator remanié. Une sorte de remasterisation par procuration qui ne touche heureusement pas l’œuvre originale tout en sublimant le propos de James Cameron. Mais alors que l'on attend que le Terminator arrache le cœur de l'un des punks comme dans la version de 1984, le film dévie et s'approprie l'histoire pour en faire tout à fait autre chose.
Durant une bonne moitié du film de Alan Taylor, on assiste à un mélange étonnant quoique plutôt malin entre une redite de l’œuvre originale et un scénario s'encrant dans la mythologie produite à l'origine par James Cameron.

On redécouvre en effet la scène du Terminator se relevant des flammes, celle du commissariat, ainsi que celle durant laquelle le T1000 connaît un triste sort. En remaniant l’œuvre originale, Alan Taylor lui donne un coup de jeune, ralliant ainsi la jeunesse actuelle à la faveur du mythe entourant le Terminator. Car plus encore que le film de James Cameron, Terminator : Genisys est une ode à la pyrotechnie et aux effets-spéciaux numériques. Pourtant derrière ce spectacle grandiose se cache les limites d'un scénario qui puise très largement dans une œuvre vielle de plus de trente ans. Le cinéaste se permettant même de changer certains aspects de celle-ci. Les fans auront d'ailleurs noté cet écart faisant de ce cinquième chapitre une immense supercherie. Mais relativisons. Si Terminator : Genisys demeure moins bon que l'original, il a tout de même le mérite de relancer une saga qui s'était enlisée dans deux opus d'assez mauvaise qualité et n'est certainement pas le navet affirmé par certains. Rien que pour cela, il mérite d'exister et d'être vu...


mardi 8 septembre 2015

Raiders of the Living Dead de Samuel M. Sherman (1986) - ★☆☆☆☆☆☆☆☆☆




Je voudrais tout d'abord remercier DJSafe grâce auquel j'ai pu enfin revoir Raiders of the Living Dead que je cherchais alors depuis de nombreuses années. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, allez faire un tour sur son fantastique blog CONTREBANDE VHS. Une mine remplie de trésors introuvables partout ailleurs...

Ça y est ! Le grand jour est enfin arrivé. J'ai mis les petits plats dans les grands, j'ai sorti les couverts en argent, puis j'ai mis au frais ma plus belle bouteille de champagne. Je n'aurai sans doute personne avec lequel la partager mais que cela n'attriste aucun d'entre vous. J'aurai au moins le bénéfice de n'avoir que très peu de vaisselle à laver et celui d'être totalement saoul avant la fin de la projection. Voir Raiders of the Living Dead, et mourir. De peur ? D'ennui ? À vous de choisir le terme qui colle au mieux à cette sensation étrange qui émane de cette pellicule hautement radioactive. Si George A. Romero était mort, il se retournerait sûrement dans sa tombe. Jacques Tourneur, lui, ne doit plus trouver le repos éternel depuis cette fatidique année 1986 où est né Raiders of the Living Dead. Si le nom de Samuel M. Sherman ne vous dit rien, soyez rassurés, à l'époque, moi non plus je ne connaissais pas ce cinéaste qui avant la purge dont je vais vous parler avait déjà signé quelques productions horrifiques restées dans l'ombre chez nous.

Ed Wood peut se rassurer. Il n'est pas le plus mauvais cinéaste que le monde entier s'est évertué à décrire durant des décennies. Mille films tournés par d'autres le prouvent. Cas unique dans les annales du cinéma, Raiders of the Living Dead est sans nul doute le seul film à faire l'unanimité. Pour tout le monde, le message est clair, et chacun s'accorde à dire qu'il est mauvais. Afin de bien vous faire comprendre l'objet de ce rejet systématique dont est victime le film de Sherman, disons qu'à coté de lui, le film de Bernard-Henri Levy, Le Jour et la Nuit, mériterait de passer à la "Cinémathèque Française" chaque jour durant une année entière. Vous commencez à comprendre ?

Mais alors, quel est donc cet objet sur lequel je m’évertue à jurer sans même vous avoir encore donné la moindre information sur son contenu ? Un film de zombies. Mais alors qu'aujourd'hui "t'as l'air d'un con" si tu n'as pas tourné ta propre version du phénomène, à l'époque, en 1986, le genre était surtout monopolisé par le grand, l'immense George Romero, que des petits malins tentaient avec plus ou mois de bonheur (entre autres, Dan O' Bannon et son excellent et drôlatique Retour de Morts-Vivants ) de reprendre à leur compte.

La découverte de Raiders of the Living Dead est une expérience vraiment particulière. Enrichissante d'abord puisqu'elle démontre qu'avec un budget, si petit soit-il, on peut ne pas avoir la fertile imagination d'un Sam Raimi (Evil Dead) et réaliser LE plus mauvais film de l'histoire du cinéma. L’œuvre de Samuel M. Sherman est à l'apogée de ce que l'on pourrait décrire comme du contre-cinéma. Comme certains peintres détruisent leurs toiles sous le prétexte curieux d'agir en tant qu'artistes, Sherman s’évertue à ne filmer que du vide. Visionnaire, le cinéaste érige bien avant Lars Von Trier et Thomas Vinterberg les préceptes du Dogme95 en filmant son film sans éclairage. Des restrictions ici impératives puisque le budget et l'absence de talent de l'équipe de tournage ne lui permettent aucune folie. C'est moche, triste, et tellement lent que l'impression d'assister à l'assaut du plateau de tournage des Feux de l'Amour par une armée de zombies (en réalité, pas plus de quatre ou cinq) saute littéralement aux yeux.

L'histoire : Une île, une prison, un journaliste, des bruits qui circulent, un petit génie de l'électronique, un savant fou, des zombies, imaginez un peu ce que l'on peut faire avec une telle matière lorsque l'on s'en donne les moyens. Imaginez ce que cela peut donner lorsqu'un tel scénario est confié à un tâcheron de l'envergure de Samuel M. Sherman. Les actrices et acteurs ne dégagent pas le moindre charisme et donnent l'impression d'avoir été piochés parmi les membres de la famille du réalisateur. Les effets-spéciaux de maquillage rappellent ceux des films d'un autre cinéaste Zédifiant autrement plus jouissif, Bruno Matteï. Quand au récit, il est bourré d'incohérences et de scène ridicules. Comme ce gamin qui, après avoir tué accidentellement le Hamster de son grand-père en tentant de réparer un radio-cassette découvre qu'il est en possession d'une arme redoutable...

Enfin bref, rien de mieux à vous conseiller que d'éviter Raiders of the Living Dead qui ne vaut même pas la peine qu'on lui consacre ne fut-ce qu'une minute...

lundi 7 septembre 2015

Rogue de Greg McLean (2007)



A l'origine prévu dans le cycle "Crocodiles-alligator" du site parallèle L'Idiot Électrique, Rogue devait ouvrir une nouvelle voie à une série d’œuvres portées sur les agressions animalières initiées par le cycle "Requins-mutants". Soit un conglomérat de ce que le septième art est capable de produire de plus indigent. Mais à la vision de cette œuvre signée du cinéaste australien Greg McLean, déjà responsable d'un diptyque efficace basé sur un fait divers réel (Wolf Creek 1&2), il était inenvisageable de le faire disparaître au milieu de titres aussi grotesques que Black Water et Alligator Alley (deux films très prochainement chroniqués sur L'Idiot Électrique). Car oui, Rogue demeure peut-être à ce jour comme l'un des tout meilleurs exemples d'agression animale au cinéma.

A chaque plan, le film transpire l'amour de son réalisateur pour ce magnifique pays qu'est l'Australie. Des terres sauvages extraordinairement mises en scène, de jour comme de nuit. Accentuant l'aspect crépusculaire d'un tel environnement lorsque le soleil se couche, et après une première demi-heure décrivant l'expédition à laquelle est conviée une dizaine de personnes, le film s'enfonce dans l'horreur pure avec cette menace gigantesque qui revêt l’apparence d'un crocodile au dimensions spectaculaires.

L'histoire est au fond, toute bête. Un journaliste venu tout droit de Chicago vient exercer le métier pour lequel il est payé : visiter l'Australie, ses hôtels miteux, ses autochtones crasseux et primaires, pour en faire un compte-rendu. Mais le carnet de voyage du reporter va bientôt être rempli de pages rouge-sang. Parmi les voyageurs ayant embarqué à bord du petit bateau de croisière piloté par la guide touristique Kate, se trouve un couple et leur enfant et dont la mère a survécu à un cancer. Un homme est venu photographier l'extraordinaire site qu'ils vont bientôt tous découvrir. Un autre est venu disperser les cendres de sa défunte épouse. Autour d'eux et des autres voyageurs, un étang deux fois plus grand que le Texas et au fond duquel attendent patiemment d'énormes crocodiles. Évidemment, l'un d'eux va percuter l'embarcation au moment même où celle-ci va oser pénétrer son territoire.


C'est ainsi que l'on passe d'un décor idyllique époustouflant à une vision beaucoup plus angoissante d'un pays qui demeure pour nous totalement inconnu. Et l'on ne parle pas ici uniquement de l'Australie elle-même mais de cet étang immense entouré d'une végétation touffue qui n'autorise aucun écart de conduite. Greg McLean a l'idée judicieuse de développer la personnalité de ses personnages afin de nous les rendre tantôt attachants, tantôt agaçants. Un choix qui passe forcément par une étape rendant le rythme du film pesant. Mais ce manque d'efficacité inhérent à cette seule demi-heure qui ouvre le bal permet par sa lenteur (pour certains spectateurs, visiblement déconcertante), à rendre plus impressionnante encore l'heure qui va suivre.
Le paradis terrestre est alors définitivement éclipsé par une nuit sans Lune simplement éclairée par les torches de l'embarcation et les appareils dont sont munis les voyageurs. Le climat devient à nouveau pesant, mais cette fois-ci d'une manière totalement différente.

L'un des aspects les plus bluffant de Rogue est la présence de l'immense crocodile qui rode autour de nos personnages. Greg McLean a réfléchi durant de longs mois à sa conception. Celle-ci ne se cantonnant pas seulement à son apparence mais à la manière dont la bête surgit hors de l'eau. En fait, ce qui marque les esprits plus que dans toute autre œuvre du genre, c'est le réalisme avec lequel les effets-spéciaux donnent vie au crocodile. C'est bien simple, on a réellement l'impression qu'il s'agit d'un véritable animal alors qu'il demeure en réalité un mélange d'effets visuels numérique et d'animatronic.

On peut alors considérer Rogue comme un petit chef-d’œuvre du genre "agressions animales" et Greg McLean comme une valeur sûre du cinéma australien, lui qui avec Wolf Creek avait déjà réalisé une vraie perle du genre "serial killer". Espérons juste que personne n'aura la mauvaise idée de tourner une suite à Rogue . On sait combien la majeure partie de celles-ci font du tort aux œuvres originales...




samedi 5 septembre 2015

Transsiberian de Brad Anderson (2008)



Jessie et Roy parcourent la Sibérie à bord du Transsibérien lorsqu'ils font la connaissance de Carlos et de sa compagne Abby. Ce jeune couple énigmatique qui voyage depuis des années à travers le monde transporte avec lui des dizaines de matriochkas renfermant de l'héroïne. Le couple que forment Jessie et Roy bat de l'aile depuis que ce dernier cherche à avoir un enfant de celle qu'il aime.
Lorsque Roy oublie de remonter dans le train après un arrêt à l'une des gares du parcourt qui doit les amener jusqu'à Moscou, Jessie se retrouve seule en compagnie de Carlos et Abby. Si les deux jeunes femmes entretiennent des rapports amicaux, entre Jessie et Carlos il en est tout autrement. L'homme tente de séduire l'épouse de Roy qu'il vont attendre jusqu'au lendemain en milieu d'après-midi, près de la gare où ils ont décidé de descendre afin de patienter jusqu'à ce qu'arrive le prochain train qui doit leur ramener l'époux de Jessie. Mais rien ne va se passer comme prévu. Carlos va planquer les statuettes dans les affaires de Jessie et va, lors de la visite d'une église abandonnée, tenter de violer la jeune femme...

Brad Anderson, on connait bien ici. Entre le drame fantastique Session 9 déjà chroniqué, la comédie romantico-fantastique Happy Accident et le thriller anxiogène The Machinist à venir, ce cinéaste précieux est beaucoup trop rare au cinéma pour qu'on l'ignore. Avec Transsiberian, il signe une fois encore une œuvre forte qui ne laisse pas indifférent et dont certain rouages l'éloigne des sempiternels gimmicks relatifs au genre. Interprété par Woody Harrelson, Emily Mortimer, Kate Mara, Eduardo Noriega et Ben Kingsley, Transsiberian est un road-movie ferroviaire qui transporte le voyageur au cœur de la steppe sibérienne enneigée pour un voyage au bout de l'horreur. Non pas que le film du cinéaste américain soit un film d'épouvante mais la somme des événement auxquels vont être confrontés Jessie et Roy pourra refroidir plus d'un spectateur.

La grande force de Brad Anderson est de manipuler les apparences avec un tel brio que l'imaginaire du spectateur précède parfois certains événements alors même que leur conclusion emprunte parfois des voies bien différentes de ce que l'on aurait pu supposer. L'oeuvre repose également sur l'interprétation de ses principaux acteurs. La bonhomie de Woody Harrelson, la peur et l'angoisse se dessinant ur le visage d'Emily Mortimer, l'étrange comportement de Kate Mara et celui, plus inquiétant d'Eduardo Noriega et Ben Kingsley.

Transsiberian nous transporte au cœur d'un pays enneigé, le cinéaste appuyant le regard triste de dizaines d'inconnus parcourant les wagons d'un immense train. L'angoisse montant peu à peu, même les sourires de façade semblent cacher de bien mauvaise intentions. La froideur de la photographie colle assez bien avec le récit qui se veut de plus en plus sombre. Quelques situations se révèlent inattendues quand certaines gâchent un peu le tableau. En effet, on regrettera quelque peu que le film verse vers la fin dans l'action, brisant ainsi la monotonie angoissante qui s'est instaurée durant l'heure et demi qui vient de précéder.

Brad Anderson parvient à créer un climat anxiogène qui dépasse le seul cadre de l'interprétation. Le spectateur lui-même ressent un certain malaise au contact de ces autochtones vivant dans une certaine pauvreté, et plus encore auprès d'un Eduardo Noriega au sourire autant ravageur que diabolique. Si vous croyez avoir tout vu en matière de suspens, montez à bord du Transsiberian et laissez vous emporter par cette histoire aussi belle qu'angoissante. A noter la petite participation de l'acteur français Étienne Chicot...
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