Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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vendredi 27 février 2015

J'ai vu le dernier Terminator !!!



Oubliez la bande-annonce de Terminator : Genisys, c'est un fake. Tout comme son synopsis et son son titre. Tout y est faux. Le véritable nouveau chapitre de la saga est sorti en catimini et sans grands renforts publicitaires il y a trois années déjà. Son Titre ? The Terminators. Après l'avoir vu, je peux l'affirmer sans sourciller : la relève est assurée. On a droit à ce qui est d'ores et déjà comme le meilleur chapitre. Exit les quatre précédents. Leurs réalisateurs peuvent aller se rhabiller.

UN PETIT GROUPE DE SURVIVANTS MENÉS PAR UN SHÉRIF AMORPHE !!!

The Terminators, c'est d'abord une mise en scène de haute volée. Un rythme soutenu qui fait passer ses ancêtres pour des épisodes de Derrick. Une interprétation remarquable pour des rôles pourtant confiés à des acteurs et actrices presque tous inconnus. A part pour le plus célèbre d'entre eux, l'hyper actif A. Martinez que l'on a surtout connu pour son rôle épatant de Cruz Castillo dans le soap opera Santa Barbara. Le plus célèbre ? Non pas vraiment, car plus que tout ce que vous pourrez découvrir dans cette lumineuse œuvre de science-fiction, c'est bien la présence du méconnaissable Arnold schwarzenegger qui risque de vous clouer au sol. Pas simplement pour son extraordinaire charisme à l'écran ni pour le talent qu'on lui connaît pour endosser le costume du Terminator mais bien pour l'effarante transformation physique de l'acteur qui pour l'occasion a fondu comme neige au soleil et s'est fait refaire le visage par les meilleurs praticiens des États-Unis. C'est bien simple, on ne le reconnaît pas. L'acteur a même poussé le vice au point de changer de nom. Ne vous étonnez donc pas si vous ne trouvez pas son nom au générique. Ici le célèbre acteur se nomme Paul Logan. Le seul détail qui mène le cinéphile sur la voie est cet éternel et glacial regard qu'exprime avec une vérité bluffante l'acteur.

Quand au scénario, ce dernier possède tellement de ramifications qu'il serait vain de tenter d'en faire une analyse suffisamment rapide et objective pour en extraire un synopsis succin, mais accrocheur. Disons simplement que pour la première fois dans l'histoire de la saga, et peut-être même dans l'histoire du cinéma de science-fiction en général, vous allez être confrontés à une œuvre qui, par sa force et son ingéniosité, parviendra sans aucun doute à effacer dans vos mémoires tout ce qu'on pu apporter de génie au septième art des cinéastes tels que Stanley Kubrick ou bien Andreï tarkovski. Non, sans mentir, le film est tellement peu avare en hypothèses qu'il faudra sans doute au moins neuf ou dix visions pour l'assimiler PRESQUE entièrement...

UN A. MARTINEZ PLUS PROCHE DU RETRAITÉ QUE DU VÉRITABLE COMBATTANT !!!

… car il faut bien l'avouer... si seulement un seul spectateur est en mesure de le regarder sans s'endormir, c'est qu'il est soit insomniaque, soit qu'il découvre pour la toute première fois de son existence ce qu'est le septième art. Car comme toute autre chose, découvrir un art pour la première fois à quelque chose de magique, et tomber dans le puits sans fond d'une œuvre médiocre sans avoir de référence solide à laquelle se raccrocher peut avoir des conséquences terribles pour l'avenir.

Car en réalité, oui, je l'affirme bien haut, The Terminators est une purge. Terminator : Genisys, lui, aura bien le honneurs d'une sortie cinéma. Et même si la bande annonce ne m'a pas véritablement touché, si elle ne m'a pas vraiment procuré cette impatience qui fait de l'attente une souffrance parfois terrible, Arnold schwarzenegger sera bien de la partie. Vous verrez qu'il n'a pas vraiment changé à part les quelques rides qu'il a au coin des yeux. Paul Logan est lui aussi de la partie, mais ailleurs, et restera éternellement une pâle copie du Terminator campé par l'illustre Arnold. Si l’œuvre signée Xavier S. Puslowski est un nanar de la pire espèce, c'est en partie à cause de l'interprétation de Logan. L'acteur court, et ne fait quasiment que ça, avec sur le visage, l'air convaincu de pouvoir faire oublier son homologue. Sauf que Logan, à trop essayer de battre le record du 100 mètre détenu par Usain Bolt, s'emmêle les pinceaux et chute aux portes de la gloire. Celle des nanars j'entends. 
 
ATTENTION LES EFFETS-SPÉCIAUX !!!

Et ça, ça n'est plus vraiment à cause de lui mais d'une mise en scène catastrophique et d'une direction d'acteurs qui rappellera aux amateurs celles d'autres nanars, italiens ceux-là, qui montraient dans les eighties des acteurs faces au danger, rester sur place avec le dynamisme de cancéreux en fin de vie (au hasard, Virus Cannibale de Bruno Matteï). A. Martinez, lui, n'est bon qu'à montrer son faciès fatigué d'ancienne gloire de la télévision brésilienne. Tétraplégique, il paraît comme paralysé devant le danger. En shérif inadapté au risques que son métier, il attend le dernier instant pour prendre des décisions "importantes". Sans doute pour laisser à Paul Logan, forcément essoufflé à force de courir, le temps de rattraper la petite équipe de survivants que le shérif a sous sons aile. Finalement, ce que l'on pourra reprocher le plus a cet immonde film qu'est The Terminator, c'est d'avoir osé s'inspirer d'une licence qui déjà avait du mal à se renouveler (les troisième et quatrième épisodes sont nettement dispensables).

Un détail qui a son importance et qui devra désormais servir de référence à toute celles et ceux qui voudront se lancer dans une œuvre au départ alléchante : Si le film que vous vous apprêtez à voir est distribuée par le Studio The Asylum, vous pouvez d'ores et déjà espérer être déçus. Allez donc voir la listes des productions distribuées par cette boite pour vous faire une idée...

 DES IMAGES DE SYNTHÈSE QUI RENVOIENT 20 ANS EN ARRIÈRE !!!

mardi 24 février 2015

Les Anges Violés de Koji Wakamatsu (1967)





Un an après Quand l'Embryon Part Braconner, Koji Wakamatsu développe à nouveau avec Les Anges Violés une part de ses obsessions envers la gente féminines. Après avoir fait preuve d'une saisissante animosité envers l'adultère et la séparation, il montre cette fois-ci une véritable amertume envers certaines pratiques sexuelles déviantes (pour l'époque) comme le lesbianisme et le voyeurisme. Invité par un quintette d'infirmières dirigé par une sixième dans un foyer, un intrus qui passait par là est attiré par le groupe de jeunes femmes et poussé à jeter un œil par delà un trou pratiqué dans un mur. Celui-ci donnant sur une chambre à l'intérieur de laquelle s'offrent l'une à l'autre deux des infirmières, plutôt que de profiter du spectacle, le jeune homme bondit à l'intérieur de la pièce et abat l'une des deux femmes. 

Commence alors un drôle de spectacle dans lequel l'homme joue le rôle d'un bourreau et les cinq infirmières encore en vie celui de ses proies.

Piégées entre les quatre murs de leur propre demeure, les infirmières attendent avec fébrilité le sort que leur a destiné le jeune homme qu'elles-mêmes ont invité. L'homme est donc armé d'une arme à feu dont il use sur une seconde, une troisième, un quatrième infirmière. Elles tombent les unes après les autres et ce qui rend plus dur encore pour les suivantes l'idée même de mourir est de disparaître sans en connaître les raisons.

"Il y a un serpent enroulé sur lui-même qui te pousse à tuer des gens"

L'une d'elles pourtant, la plus âgée et donc la plus mûre, tente de mettre un terme aux agissements du tueur. Elle dialogue avec lui. Ou plutôt, elle monologue puisque lui est encore sans doute ailleurs et pas encore prêt à entendre ce que lui confie l'ange qui dresse son portrait. La jeune femme affirme tout et son contraire mais devant l’impassibilité du jeune homme se révise et fuit devant ce dernier, allant même jusqu'à se réfugier derrière la protection de chair et de sang que représente la dernière des infirmières encore vivante.

Les Anges Violés est le prolongement du précédent film de Koji Wakamatsu. Au delà de ses obsessions, il y développe également son amour pour l'érotisme, démultipliant les corps féminins dénudés et les exposant parfois à outrance devant l’œil pervers de l'objectif. Au départ on assiste à la lente dégradation mentale d'un être qui assume avec la plus grande des difficultés de se retrouver devant la "Femme". Ensuite, les plans répétés de cadavre filmés jusqu'à la démesure reflètent plus l'esprit tourmenté du cinéaste qui abuse de vas et viens dans un mouvement qui se rapproche du tangage d'un bateau prêt à sombrer dans des eaux troubles. On remarquera d'ailleurs que Koji Wakamatsu insiste surtout sur le corps de la troisième victime, allongée sur le dos et baignant dans un mare de sang après avoir reçu une balle dans le bas ventre. Tout un symbole, une manière définitive de refuser à la féminité de s'exprimer. Plus de rapports sexuels possibles et aucune fécondité envisageable non plus. A moins qu'il ne s'agisse de la représentation maladive du cinéaste pour les règles, signe de fécondité chez la femme et début du chaos qui mène forcément à quelque chose de beaucoup trop pernicieux pour que ce jeune homme accepte de la laisser vivre.

Avant d'abandonner ses spectateurs à une poésie étrange dont le sujet est difficilement perceptible, Koji Wakamatsu offre une scène hallucinante durant laquelle il libère l'une de ses victimes en la transformant en l'un de ces fameux Anges Violés. Si le sacrifice reste filmé en noir et blanc, le résultat exhibé devant le regard de l'une des deux seules rescapées est lui proposé tout en couleurs maladives. Celles-ci expriment toute l'atrocité de l'acte et donnent davantage à l'ensemble les atours d'une antichambre de l'Enfer plutôt qu'à ceux d'un chemin pavé de lumière menant au paradis.

Les Anges Violés reste de nos jours bien sobre. Brutal et dénudé (au sens propre comme au figuré), il se regarde lui-même comme une curiosité, un délice japonais déviant qui ravira avant tout les amoureux du septième art avides de découverte.

mercredi 18 février 2015

Que La Bête Meure de Claude Chabrol (1969)



La Bretagne, 3 Janvier. Le petit Michel Thenier revient de la pèche lorsqu'il est renversé par une voiture roulant à vive allure. Le chauffeur ne s'arrête pas et continue sa route tandis que le corps de Michel gît sur le pavé. L'enfant meurt et son père, Charles, traumatisé par la mort de son fils, passe trois mois dans un hôpital psychiatrique. A l'issu de ce séjour, il retourne chez lui après avoir demandé à sa gouvernante Madame Lavenes de faire disparaître tout ce qui pourrait lui rappeler Michel.

Charles n'a désormais plus qu'un objectif : trouver celui ou celle qui a causé la mort de son fils. Durant cinq jours il retourne dans les environs du drame afin de recueillir un maximum d'éléments qui pourront l'aider à mettre la main sur l'identité du coupable. Il a en sa possession un petit carnet dans lequel il note tout ce qui lui passe par la tête. De la manière dont il va se venger, à celle qui va l'amener à l'assassin. Mais il a beau chercher, Charles ne parvient pas à mettre la main sur celui qui a tué Michel. L'écrivain ne peu désormis compter que sur le hasard. Et d'ailleurs, c'est le hasard qui le va le pousser vers celui qu'il cherche depuis des jours.

Sur une petite route de campagne, et alors que la pluie tombe à verse, Charles s'embourbe au milieu d'un chemin de terre. Heureusement pour lui, un homme passe par là et vient lui apporter son aide. Il apprend de cet homme qu'un véhicule s'est déjà retrouvé dans cette situation. Une mustang dont l'avant était abîmé. Conduite par un homme accompagné d'une jeune femme célèbre, la voiture s'était elle aussi embourbée, au même endroit. Le paysan se souvient très exactement de la date : le 3 Janvier, jour où le petit Michel a perdu la vie...

Que La Bête Meure est sans doute l'un des cinq meilleur films de Claude Chabrol. C'est encore une fois la bourgeoisie d'une petite province (cette fois-ci bretonne) qui sert de toile de fond à un drame éprouvant. Celui d'un homme dont le fils a été renversé par une voiture dont le propriétaire a pris la fuite. Facile alors de se mettre à la place du père et d'imaginer un scénario similaire au sien. Qui aurait envie d'oublier sans même penser à se venger ? Personne évidemment.

Mais comment permettre à cet homme qui part de rien de retrouver la piste du meurtrier sans tomber dans le grotesque ? C'est là le talent du grand Chabrol qui devance les a-priori du spectateur en leur proposant la seule issue finalement valable à la réussite du héros. Ce hasard qui parfois tombe à pique et qui ici permet à l'histoire de tenir la route et de relancer une intrigue qui tournerait sinon en rond.
Le personnage de Charles (campé par Michel Duchaussoy) n'est pas cet homme dur que l'on aurait pu imaginer. Il demeure de bout en bout d'un calme olympien, ce qui le différencie et crée un contraste saisissant avec celui de Paul Decourt (Jean Yanne) le coupable en question. Un homme que l'on déteste immédiatement. Un type dont la mort ne touchera personne, si ce n'est sa propre mère au tempérament similaire. L'intelligence du cinéaste est de faire évoluer le récit vers une voie inattendue. Le schéma classique de la vengeance est ici détruit jusqu'à la conclusion puisque cette haine dont Paul Decourt fait l'objet crée un nid de rancœur dont presque tous les personnages finissent par désirer sa mort.

Faisant référence à quelques écritures antiques célèbres, Que La Bête Meure a l'intelligence de ne pas se constituer comme une simple histoire de vengeance mais s'offre parfois des dialogues riches et une interprétation sensible et remarquable...

jeudi 12 février 2015

Les Noces Rouges de Claude Chabrol (1973)



Pierre Maury et Lucienne Delmare s'aiment follement depuis qu'ils se sont rencontré pour la toute première fois, six mois plus tôt. C'est à la demande de son époux, le député-maire Paul Delamare que Lucienne est entrée en contact avec Pierre Maury. Ce dernier est marié avec Clotilde, épouse clouée au lit et victime de fréquentes crises de nerfs.

Entre Lucienne et Pierre, c'est le coup de foudre. Ils tombent amoureux l'un de l'autre dès leur première rencontre. Ils se voient au bord d'une rivière, ou bien dans un musée où ils restent cachés afin d'y passer la nuit à se faire l'amour. Mais leur situation est délicate. Les amants ne supportent plus d'être séparés. C'est alors que décède l'épouse de Pierre. Libre d'emmener sa maîtresse chez lui, Pierre ne s'en prive pas. Mais il y a encore une entrave à leur amour : Paul ! C'est ainsi que les amants organisent six mois après le décès de Clotilde, l'assassinat du député-maire, un soir, sur une route de campagne.

Mais alors qu'ils sont cette fois-ci totalement libérés de leurs entraves, la police va découvrir la vérité sur l'affaire qu'elle a classé comme un simple accident de la route...

Trois ans après Le Boucher et quatre après Que La Bête Meure propose avec ces Noces Rouges un drame sur fond d'histoire d'amour entre deux amants, contrariée par la présence des époux respectifs et que les adultères décident d'éluder par le meurtre. Une option radicale pour deux être tombés follement amoureux l'un de l'autre. D'un côté, Pierre Maury (le toujours excellent Michel Piccoli), marié à une épouse malade qui ne peut compter que sur son mari. Un milieu étouffant et modeste duquel l'époux aimerait se sortir. Y-a-t-il meilleure occasion que celle qui lui est offerte à travers la relation qui naît entre lui et cette jeune femme charmante, pleine de santé, et qui contrairement à lui vit avec un conjoint rarement présent. Un manque qu'elle comblera dans les bras de son futur amant.

Les Noces Rouges aborde un sujet simple et sans presque aucune fioriture. C'est l'amour fou entre un homme et une femme qui est dépeint ici. Malgré la simplicité du récit, on plonge littéralement avec ces personnages communs qui vont vivre une aventure HORS du commun. Il y a quelque chose de touchant et de désespérant dans cette violence qui anime leur amour. L'impossibilité de lui consacrer tout leur temps tant qu'ils sont enchaînés à leurs époux respectifs.

Toute conscience et toute moralité se perdent dès lors que les personnages vivent leur histoire d'amour. Comment expliquer alors ce meurtre abominable dont fait les frais Claude Piéplu, et dont Stéphane Audran est la principale spectatrice ? Comme parfois dans l’œuvre du cinéaste Claude Chabrol, l'enquête policière est reléguée à la toute fin du film, proposant une intrigue secondaire achevée en peu de temps.

Les Noces Rouges demeure malgré son âge un très bon Chabrol même s'il a quelque peu vieilli...


vendredi 6 février 2015

Le Boucher de Claude Chabrol (1969)



Trémolat, petit village du Périgord, est en effervescence. On y célèbre le mariage de l'instituteur Léon Hamel et de sa future épouse. Y assistent tous les habitants du village dont le boucher Paul Thomas, dit Popaul, ainsi que l'institutrice et directrice de l'école de Trémolat, Hélène David. Une relation amicale découle entre eux de cette journée festive et ils se retrouvent régulièrement dans l'appartement qu'occupe Hélène au dessus de l'école.

Alors que dans la région une jeune femme a été retrouvée égorgée, la police et la gendarmerie enquête dans les environs de Trémolat. Un jour, Hélène propose à Popaul de l'accompagner dans les bois afin d'y cueillir des champignons. C'est l'anniversaire de celui-ci et la jeune femme en profite pour lui faire un cadeau : Un briquet.

Quelques jours plus tard, l'institutrice emmène sa classe en promenade au sommet d'une colline. Quand vient l'heure de déjeuner, l'une de ses élèves reçoit quelques gouttes de sang tombées d'un rocher situé au dessus d'elle. Demandant à ses élèves de rester tranquilles, Hélène monte voir ce qui se passe et trouve le corps de la jeune épouse de Léon Hamel morte dans les mêmes circonstances que la première victime.

Elle découvre également aux cotés du cadavre le briquet qu'elle a offert quelques jours auparavant à Paul...

Réalisé en 1969, Le Boucher de Claude Chabrol marque la seconde collaboration entre le cinéaste et l'acteur Jean Yanne (après La Ligne De Démarcation et avant Que La Bête Meurt et Madame Bovary). Contrairement à une bonne partie de ses œuvres, Claude Chabrol ne peint ici aucun portrait social. La bourgeoisie est absente et le film se contente de suivre la relation ambiguë entre un boucher et une institutrice. Jean Yanne n'est ici pa le serial killer emblématique que l'on trouve dans pas mal d’œuvres américaines. Pour le coup, il s'agit là d'un Monsieur tout le monde insoupçonnable que Stephane Audran (l'institutrice en question) finira malgré tout par imaginer être l'assassin qui sévit dans la région avant de se rétracter devant l'intelligence de celui qui ira jusqu'à détourner l'attention de la jeune femme en rachetant à Périgueux une copie de l'objet trouvé aux cotés de la seconde victime.

Le Boucher est un petit bijou plein de sensibilité qui ne verse jamais dans le gratuit et préfère construire son film autour d'une relation d'amitié. Il y a cependant quelque chose de vénéneux dans cette œuvre, et qui trouve son paroxysme à la toute fin du film. Une sensation gênante à laquelle n'est pas étranger le compositeur Pierre Jansen qui signe une partition vraiment troublante. Yanne et Audran s'amusent comme deux enfants jouant au chat et à la souris. Ils se cherchent sans jamais vraiment se trouver, chacun avec sa propre histoire, son vécu personnel.

Le Boucher aurait sans doute mérité de durer quinze ou vingt minutes supplémentaires histoire d'étoffer l'aspect criminel du récit, ce qui n'aurait pas entaché l'intrigue qui de toute manière demeure ici particulièrement mince. Mais ne boudons pas notre plaisir puisque le film est un excellent Chabrol, parmi les meilleurs même, et permet de découvrir un Jean Yanne loin du cynisme qu'on lui connaît mais toujours aussi savoureux. A noter que le film a été en grande partie une source d'inspiration pour l'excellent Entre Ses Mains d'Anne Fontaine...
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