Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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jeudi 31 décembre 2015

Vampires de Vincent Lannoo (2010)



Après deux tentatives infructueuses qui ont couté la vie à différents reporters et cameramen, une chaîne de télévision belge parvient à imposer une équipe de journalistes au sein d'une famille de vampires et de leurs voisins. Georges, Bertha, Samson et Grace sont les quatre membres de la lignée Saint-Germain. Au sous-sol vivent deux de leurs congénères, descendants d'un famille différente de la leur. Si ceux-ci vivent dans la cave, c'est parce qu'ils n'ont pas d'enfant et que leur statut n'est pas reconnu. Derrière une baie vitrée, les Saint-Germain conservent leur Viande. Une jeune femme qui fait don de son sang à chaque repas.

Les Saint-Germain font partie d'une communauté de plusieurs dizaines de vampires qui se réunissent lors de soirées organisées par le plus illustre d'entre eux. Les vampires n'ont pas de tabous. Ils peuvent aussi bien entretenir des relations entre frère et sœur que mère et fils. Afin de subvenir à leur effroyable appétit, il arrive que les Saint-Germain se fassent livrer de la viande de contrebande. En fait, des immigrés, pour la plupart noirs, et en situation irrégulière...
Le réalisateur, producteur et scénariste belge Vincent Lannoo signe deux ans avant le corrosif Au Nom du Fils, un film curieux, hors normes, et lui aussi parfois irrévérencieux. Sous le prétexte de nous montrer le quotidien d'une famille de vampires, le cinéaste mêle, plutôt habilement, faux documentaire, satire sociale et fiction débridée. Un peu comme si l'émission Strip-Tease croisait le fer avec le film culte C'est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde.

Si le principe et la manière de faire de Vincent Lannoo sont au départ assez déstabilisantes, on fini par se laisser prendre au jeu de cette fausse famille de vampires qui en dehors de certains points peut ressembler n'importe quelle autre. Si le chef de famille apparaît comme un individu tout à fait normal, son épouse est un brin dérangée, très excitée à l'idée de recevoir des êtres humains dits normaux. On a d'ailleurs l'impression que la frontière entre son désir de mordre ses invités et celui de répondre à leurs questions est très mince. Le fils, lui, est peut-être le personnage le plus inquiétant de la famille. Amoureux éperdu de l'épouse du chef de la communauté (leur relation aura des conséquences terribles), il ne faudrait pas grand-chose pour qu'il se laisse à sucer le sang de l'équipe de tournage toute entière. Quand à sa jeune sœur, c'est l'adolescente classique. Et comme les vampires ont par défaut l'habitude de se vêtir de noir, elle, pour ennuyer ses parents, s'habille en rose.
Vincent Lannoo s'en prend à l'immigration, à la religion, à l'histoire même, dans un récit parfois manquant de tact (la scène du handicapé aurait pu être acceptable si elle avait été au moins amusante), assez irrévérencieux. Il arrive parfois que l'on sourit ou que l'on s'amuse de certaines situations même si les éclats de rire ne sont pas véritablement au rendez-vous. Le choix de tourner caméra à l'épaule est légitime puisque c'est le scénario qui veut ça. Concernant les dialogues, si certains apparaissent écrits, d'autres semblent réfléchis avant d'être prononcés, ce qui tue un peu le rythme et le semblant de réalisme que veut imposer le récit. Toujours est-il que Vampires demeure une tentative louable et risquée. C'est un peu le trash du grand public. Assez pour en faire parler certains mais sans doute trop peu pour ceux qui ont l'habitude d'en voir bien davantage en matière de provocation...

lundi 28 décembre 2015

Kraftidioten de Hans Petter Moland (2014)



Après le drame, la comédie, le film de guerre et le documentaire, le cinéaste norvégien Hans Petter Moland s'attaque dans son dernier film au polar teinté d'un humour noir très présent. Le récit de Kraftidioten (Chez nous, Refroidis et aux États-Unis In Order of Disappereance) est celui du conducteur de chasse-neige Nils dont le fils et l'un de ses amis ont commis l'erreur de voler des sachets de cocaïne au parrain de la drogue Greven qui somme ses hommes de tuer les deux gamins. Folle de douleur, l'épouse de Nils sombre peu à peu dans la folie jusqu'au jour où elle choisi de partir. Nils, lui, décide d'éliminer scrupuleusement tous les hommes de main de Greven, ce dernier étant lui-même sur la liste des hommes à abattre.
Lorsque le gangster voit la liste de ses gardes du corps diminuer, il est persuadé que l'homme responsable de la mort de ces derniers est "Papa", un gangster originaire de Serbie. Afin de se venger, il fait tuer le fils du Serbe sans imaginer un seul instant que l'homme qui en veut à sa vie est un simple conducteur de chasse-neige. Nils fait appel à son frère, un ancien malfrat rangé des affaires qui lui conseille de faire tuer Greven par un tueur à gages surnommé le Chinois. Mais après avoir été contacté et payé, ce dernier propose à Greven de lui donner le nom de celui qui l'a payé pour le tuer en échange d'une forte somme d'argent...

La Scandinavie, encore et toujours, et ici plus précisément la Norvège est le pays d'origine de ce polar assez sombre pourtant bourré d'un humour très, très noir. Kraftidioten se déroule dans un décor enneigé permanent. Si le film devient peu à peu d'un intérêt qui ne faiblira plus jusqu'au générique de fin, les trois premiers quart-d'heure de cette œuvre qui dure presque deux heures sont étonnamment faibles en terme de mise en scène et d'interprétation. Est-ce une volonté du cinéaste d'avoir fait des quelques premiers meurtres commis par le personnage de Nils (l'excellent Stellan Skarsgard) des actes plutôt insignifiant d'un point de vue visuel ? Ou bien est-ce une manière de montrer la froide réalité d'homicides perpétrés par un homme qui n'était au départ pas prédestiné à cela.

Toujours est-il que le film prend par la suite une toute nouvelle dimension. Et ce, grâce à des personnages de la trempe de Pal Sverre Valheim Hagen qui campe un Greven totalement barge. Infantile dans son comportement, il est aussi et surtout un parrain de la drogue qui pousse ses hommes à avoir la gâchette facile. Les meurtres en effet se comptent par dizaines. Que ce soit du côté de la famille de Nils, des hommes de main de Greven ou de ceux du serbe "Papa", tous tombent comme des mouches. Nils suit un rituel qui consiste à enrouler ses victimes dans du grillage avant de les jeter du haut d'une cascade (le grillage ayant d'ailleurs une fonction logique qui sera expliquée par Nils à son frère).

Pal Sverre Valheim Hagen est savoureux et parfois inquiétant. Si lors du premier acte l'interprétation est plutôt étonnante et déstabilisante, on est ensuite littéralement emportés par la mise en scène de Hans Petter Moland. Un vrai polar, noir et glaçant, irrésistiblement drôle, bourré de répliques incongrues qui ne feront sans doute pas rire tout le monde mais qui dans cette histoire sur fond de règlement de compte et de vengeance font très souvent mouche. La Norvège, une fois encore nous offre un petit chef-d’œuvre que l'on ne se lassera pas de voir et revoir encore...

vendredi 25 décembre 2015

Les Frères Pétard de Hervé Palud (1986)



Manu est serveur dans un restaurant chinois. Son pote Momo, lui, vient de se faire virer de l'appartement de son père. Les deux hommes n'ont pas d'argent et pour ne pas dormir dans la rue, ils acceptent de convoyer des statuettes d'Amsterdam jusqu'en France pour le trafiquant de drogue Sammy. Mais ce qu'il ne savent pas, c'est qu'elles renferment de l'herbe. Pour les payer, Sammy leur refourgue un kilo de la marchandise qu'ils devront revendre eux-mêmes.
Ils font la connaissance de Brigitte et Aline chez qui ils vont squatter et vont perdre la marchandise lors d'une transaction. Ils retournent voir Sammy qui leur fait goûter à un nouvel arrivage de cannabis et alors qu'il leur propose un marché, les flics débarquent et arrêtent le trafiquant. Manu et Momo ont eu le temps de prendre la fuite et surtout d'emporter avec eux l'agenda électronique de Sammy qui détient de précieuses données puisqu'il indique la position très précise d'une cache renfermant des dizaines de kilos de résine de cannabis. Alors que Momo parvient à découvrir le mot de passe de l'agenda, les deux hommes foncent tout droit vers l'endroit indiqué, un cimetière. Là, ils découvrent dans un tombeau la marchandise qu'ils découvrent avec la ferme intention de la vendre et ainsi de se remplir les poches. Mais rien ne va se passer comme prévu...

Les Frères Pétard est le troisième long-métrage du cinéaste Hervé Palud qui réalisé deux ans plus tôt un biopic consacré à l'ennemi public numéro Jacques Mesrine et qui plus tard sera l'auteur du grand succès du cinéma français, Un Indien dans la Ville. Jacques Villeret et Gérard Lanvin sont les deux principaux interprètes de cette gentille comédie qui fait partie de cette série d’œuvres humoristiques qui pullulaient dans les années quatre-vingt. Le personnage de Manu qu'interprète Gérard Lanvin rappelle celui qui joua dans Marche à l'Ombre de et avec Michel Blanc. Un peu comme si le musicos d'il y avait deux ans auparavant avait laissé son projet de retrouver celle dont il était amoureux pour retourner en France et survivre en bossant dans un restaurant chinois. Momo, lui, n'est pas vraiment un boulet, mais presque. Fils d'un flic campé par Michel Galabru, il vit tout de même aux crochets de son ami François et trempe dans les mêmes magouilles. Le titre du film fait évidemment référence aux drogues douces déjà très à la mode à l'époque et que le film imaginait déjà à la fin devenir légales.

Aujourd'hui, trente ans plus tard, presque rien n'a changé de ce point de vue et le film demeure une comédie sympathique qui joui plus de situations visuelles que de dialogues percutants. Si l'on prend toujours beaucoup de plaisir à assister au cabotinage des deux acteurs, il demeure cependant difficile de rire aux éclats. Les gags n'en sont pas à proprement parler. Par contre, on retrouve une fois encore une galerie de portraits fort sympathiques. Michel Galabru donc, mais également Josiane Balasko et Valérie Mairesse dans le rôle des deux copines branchées, Daniel Russo en flic zélé, ainsi que Dominique Lavanant et Philippe Khorsand qui campent eux aussi un duo de policiers. On a mêm droit à une courte apparition de l'excellent humoriste Smaïn...


mardi 22 décembre 2015

Marche à L'Ombre de Michel Blanc (1984)



François et Denis débarquent ensemble sur le port de Marseille après avoir passé un temps à Athènes en vivant de petits boulots. Ils ont prévu de remonter en stop jusqu'à Paris où les attend leur ami Gérard qui doit selon François les sortir de la galère, car les deux hommes sont sans domicile fixe. François est un excellent musicien et Denis un boulet passant son temps à râler et à se trouver des maladies imaginaires.
Arrivés dans la capitale, ils apprennent que leur ami a dû quitter Paris précipitamment. Contraints de faire la manche, ils dorment dans un hôtel miteux avant de faire la connaissance d'un homme qui les invite à dormir dans un squat habité par de nombreux immigrés originaires d'Afrique. Là ils vont se mêler à la population, Denis essayant d'entretenir une pseudo relation avec une certaine Marie-Gabrielle et François avec la jolie Mathilde, une danseuse rencontrée près d'un cinéma où les deux hommes firent la manche...

Marche à L'Ombre est le premier long-métrage réalisé par l'acteur comique Michel Blanc. Il y interprète lui-même le rôle de Denis aux côtés de Gérard Lanvin dans celui de François. Le film a sa sortie est un énorme succès puisqu'il réalise 6,1 millions d'entrées. Trente ans plus tard, le film demeure toujours aussi irrésistible. Cela peut se comprendre à travers la qualité des répliques qui rappellent évidemment celles des films de l’Équipe du Splendid dont Michel Blanc fut l'un des membres les plus importants. Si son personnage rappelle celui qu'il campait dans l'excellente comédie Viens Chez moi, J'habite Chez une Copine, ça n'est pas un hasard. En compagnie du cinéaste Patrice Leconte, c'est déjà lui qui en avait écrit le scénario. Marche à L'Ombre raconte donc l'amitié entre deux hommes qui pourtant sont bien différents. Denis est un loser hypocondriaque vivant aux crochets de son ami François, guitariste et saxophoniste hors-pair mais qui a l'air d'avoir baissé les bras après de nombreuses années de galère.

Aux côtés des deux principaux interprètes, on a le plaisir d'apercevoir quelques seconds rôles plutôt... sympathiques. Jean-François Derec en patron d'hôtel infecte et raciste, Bernard Farcy dans le rôle de Christian, un type trè peu recommandable, Patrick Bruel en musicien qui fait la manche, François Berléand en receleur, Domnique Besnehard en barman, et surtout la délicieuse Sophie Duez qui débute ici au cinéma après avoir été choriste et danseuse auprès de Patrick Bruel, et après avoir posé dans le magazine de charme Lui. Son interprétation dans Marche à L'Ombre lui vaudra une nomination pour le César du meilleur espoir féminin.

Citer toutes les scènes et toutes les répliques du film qui valent le coup d’œil prendrait un temps fou tant elles s'enchaînent à une vitesse folle. Celle du pub irlandais ou le tee-shirt de Michel Blanc boit sa chope de bière à sa place, celle où défoncé, il n'est, comme va le répéter sa compagne du moment Marie-Gabrielle (Mimi Felixine), plus étanche. Toujours malade (entre infection consécutive à une entorse de la cheville et un décollement de la plèvre pour ne citer que ces deux cas), jamais content et pas courageux pour un sou, c'est à un véritable festival que l'on assiste. François, lui, est plus posé. C'est l'homme fort du duo, du moins, lorsqu'il n'est pas entre les bras de la jolie Mathilde dont il est tombé follement amoureux. Derrière la comédie, Marche à L'Ombre cache aussi une certaine critique sociale à travers ces immigrés obligés de vivre dans des squats délabrés et que la caméra du comédien-cinéaste parvient à rendre attachant. Marche à L'Ombre demeure une très belle réussite dans le domaine de la comédie française et un excellent premier film en tant que réalisateur pour Michel Blanc qui pourtant, attendra dix années avant de retourner derrière la caméra avec Grosse Fatigue...


samedi 19 décembre 2015

Les Enquêtes du département V : Profanation de Mikkel Norgaard (2015)



Le Département V est toujours aussi actif et reconnu comme un service compétent. Toujours aux commandes, les inspecteurs Carl Mørck et Assad peuvent cette fois-ci compter sur leur nouvelle secrétaire, la jeune Rose. C'est après avoir appris la mort d'un ancien policier dont les deux enfants sont morts dans des conditions tragiques vingt ans plus tôt que Carl et Assad décident de ré-ouvrir le dossier d'une affaire jugée bâclée. Les deux inspecteurs mettent tout leur talent au service de la recherche des preuves qui manquaient à l'époque des faits. Plusieurs pensionnaires de l'internat dont faisaient partie les victimes gravitent autour de l'affaire. A commencer par le richissime homme d'affaire Ditlev Pram et son ami de toujours Ulrik Dybbøl. A l'époque, le premier fait la connaissance de la charmante Kimmie Lassen avec laquelle il entretenu une relation amoureuse. Depuis, cette dernière est devenue une sans domicile fixe fuyant un passé qui lui est impossible d'oublier. Pour Carl c'est une certitude : Kimmie est la clé de toute cette affaire et il lui faut à tout pris mettre la main sur elle. Mais il n'est pas le seul à rechercher la jeune femme. Ditlev Pram lui-même a engagé un tueur pour éliminer Kimmie qui pourrait révéler des éléments pouvant faire basculer l'enquête...

Deux ans après le premier, et très réussi, volet de l'adaptation cinématographique de la série de romans écrits par Jussi Adler-Olsen, nos deux héros préférés s'embarquent sur une nouvelle affaire, bien différente de la précédente mais au moins aussi passionnante si ce n'est plu encore. En effet, Les Enquêtes du département V : Profanation, toujours réalisé par le cinéaste Mikkel Norgaard réutilise quelques-une des recettes qui ont réussies au premier épisode. Si celui-ci était connu pour être particulièrement sombre, la suite l'est encore davantage. Profanation est emprunt d'une noirceur que l'on voit le plus souvent dans un registre nettement plus horrifique que le simple polar.

Aux premières loges, les acteurs Nikolaj Lie Kaas et Fares Fares qui continuent à donner le meilleur d'eux-mêmes mais aussi des interprètes et des personnages au moins aussi importants qu'eux. Ainsi, on peut assister à l'extraordinaire prestation de l'actrice Danica Curcic qui n'a pour l'instant que très peu tourner puisque à part un film à venir, elle ne semble avoir joué que dans la série Broen. L'ouvre toute entière s'articule presque entièrement autour de son personnage. Kimmie est l'équivalent de Lisbeth Salander (Noomi Rapace, l'héroïne de l'excellente trilogie Millenium, soit une jeune marginale brisée et ravagée par une vie de galère.

On demeure assez loin des canons hollywoodiens. Le personnage campé par Fares Fares est l'immigré parfaitement intégré qui tempère la démesure d'un compagnon qui n'hésit pas à enfreindre la loi afin de venir à bout d'une enquête durant laquelle son existence va être mise en péril à plusieurs reprises. Comme dit plus haut, Les Enquêtes du département V : Profanation est plus noir encore que le premier épisode. Si sombre d'ailleurs qu'il arrive que le spectateur soit placé dans des situations particulièrement inconfortables. Et cela pas simplement à l'image de la très grande violence dont font preuve certaines scènes de bagarres et de viols. Pour exemple celle durant laquelle Kimmie assiste impuissante à l'overdose de son unique amie, la jeune prostituée Tine, est insoutenable. L'ouvre est appuyée par l'obsédante partition de Patrik Andrén, Uno Helmersson et Johan Söderqvist et par une image crue, triste et froide. Les Enquêtes du département V : Profanation est un chef-d’œuvre et l'on a hâte que le troisième film sorte sur les écrans...



jeudi 17 décembre 2015

Feux Rouges de Cédric Khan (2004)



Hélène et Antoine ont prévu de se retrouver dans un café puis de partir chercher leurs deux enfants restés en colonie de vacances. Il est dix-sept heure. Puis dix-sept et quart. Hélène n'est toujours pas arrivée. Antoine lui téléphone, s’énerve et boit un verre, puis deux, puis trois. Lorsque son épouse arrive, il est un peu agacé.
Sur l'autoroute, il fait chaud et un embouteillage encombre la voie. Antoine s'arrête sur une aire d'autoroute et passe boire un verre dans un bar pendant qu'Hélène l'attend dans la voiture. Le effets de l'alcool commençant à se faire sentir, le couple s'engueule. Antoine sent dans la voix de sa femme, des reproches. Excédé, il roule un peu plus vite, trop même. Dangereusement. Il décide même de quitter l'autoroute et ses bouchons mais Hélène lui reproche son choix. Alors qu'il fait nuit, une fois encore, Antoine a soif. Prétextant d'aller aux toilettes, il s'arrête à nouveau dans un bar. Hélène le menace de prendre la voiture et de partir sans lui. Antoine prend avec lui les clés puis se dirige vers un bar et commande un whisky. Puis deux. Vingt minutes plus tard, lorsqu'il quitte les lieux, il constate que la voiture est vide. Il trouve posé sur son siège un mot laissé par Hélène : elle prendre le train. Antoine a beau crier le nom de son épouse sur le parking, il n'obtient pas la moindre réponse. Il reprend alors le volant et par à sa recherche...

Sur une durée qui n'excède pas les vingt-quatre heures, le personnage d'Antoine (inspiré du roman éponyme de l'écrivain Georges Simenon adapté au cinéma par le réalisateur Cédric Khan, auteur d'une dizaine de long-métrages) va vivre et NOUS faire vivre un calvaire admirablement mis en scène. Feux Rouges n'est rien moins qu'un petit chef-d’œuvre. Principalement interprété par l'excellent acteur français Jean-Pierre Darroussin autour duquel s'articule l'intrigue, le film décortique avec précision les conséquences d'une banale dispute entre mari et femme. Un retard de quelques dizaines de minutes. La consommation d'alcool, la chaleur de l'été et un immense embouteillage, il n'en fallait pas davantage pour que le couple formé par Darroussin et Carole Bouquet en arrive à la rupture.

Mais le récit ne s'arrête pas là. Cédric Khan jette de l'huile sur le feu en incluant des événements qui vont tout faire pour pourrir l'existence d'Antoine. Comme l'auto-radio le prétend à diverses reprises, un malfrat s'est échappé de prison. On se doute bien que ce détail va jouer sur l'avenir de nos héros même s'il aurait pu n'être qu'une information sans conséquences pour eux. Et puis, il y a ces barrages qui retardent Antoine, et ce train qui s'éloigne et qui amenuise ses chances de retrouver Hélène. Feux Rouges explore des genres aussi divers que le drame (ce couple qui s'engueule, Antoine qui boit, Hélène qui fuit), le thriller (le voyage vers Bordeaux avec à bord de la voiture cet effrayant personnage (l'acteur Vincent Deniard) pris en stop par Antoine), et va même au delà puisque la nuit dessine autour de l'intrigue un sillon fantastique que l'on retrouve habituellement dans les rêves, ici, transformés en cauchemar !

La force du film est de maintenir une tension palpable à travers la dérive alcoolique de son principal personnage et ses rencontres avec ceux qu'il est amené à croiser. On soupçonne tout le monde et la nuit crée d'inquiétants fantasmes faisant du moindre inconnu un danger potentiel. Jean-Pierre Darroussin emporte littéralement le sujet avec lui. Entre alcoolisme, dérive comportementale et inquiétude au sujet de la disparition de son épouse, on appréciera le film dans son ensemble et notamment quelques scènes emblématiques comme celle durant presque dix minutes lors de laquelle il va s'acharner sur le téléphone d'un petit bar de province à appeler postes de police, gares SNCF et hôpitaux afin d'obtenir des informations sur la disparition d'Hélène. Cédric Khan réalise un petit bijou, angoissant, haletant et extraordinairement interprété. Il y a d'ailleurs dans Feux Rouges, des points de ressemblance avec une œuvre elle aussi remarquable, L'homme Qui Voulait Savoir de George Sluizer avec l'épatant Bernard-Pierre Donnadieu...

mercredi 16 décembre 2015

Les Enquêtes du département V : Miséricorde de Mikkel Norgaard (2013)



Lors d'une perquisition, l'inspecteur Carl Mørck, son meilleur ami, ainsi que leur collègue tombent tous les trois dans un piège. Alors que l'un deux meurt et que le second se retrouve paralysé à vie, Mørck échappe à la mort de justesse. Ne pouvant plus exercer son métier à la criminelle, son supérieur lui confie la responsabilité d'une nouvelle section appelée Département V. Relégué dans les sous-sols du commissariat afin d'enquêter sur de vieilles affaire depuis longtemps classées, on lui adjoint un assistant d'origine syrienne, Assad.
Pour leur première enquête, les deux hommes jettent leur dévolu sur la disparition d'un politicienne cinq ans plus tôt et que le responsable de l'époque avait bâclée. Très vite, ils vont outrepasser les limites qui leur sont accordées. Ce qui jusqu'à maintenant s'apparentait à un suicide va prendre un tout nouveau visage n'impliquant plus seulement le frère handicapé de la disparue mais également d'autres individus...

D'origine suédoise, danoise et allemande, Les Enquêtes du département V : Miséricorde est le tout premier volet d'une nouvelle série de films impliquant une équipe d'enquêteurs plutôt réduite puisqu'ils ne sont que deux. Comme s'ils avaient une fois encore besoin de nous le témoigner, les cinémas policiers suédois et danois n'ont jamais été aussi en forme que depuis quelques années. Entre séries et œuvres cinématographiques, ces pays n'ont certainement plus rien à prouver au reste du monde et apportent un plus indéniable à l'univers du polar.

Bien qu'ayant fait quelque peu l'impasse sur ce qui fait la particularité de l'humour scandinave avec Les Enquêtes du département V : Miséricorde, le cinéaste Mikkel Norgaard signe un petit chef-d’œuvre de film policier. Basé sur le premier volet d'une série de six romans écrits par l'auteur danois Jussi Adler-Olsen, Miséricorde semble être le premier d'une lignée de films qui en comptera finalement quatre. Tout y est. De la vie privée compliquée du héros jusqu'aux nécessaires flash-back insinuant peu à peu dans l'esprit du spectateur une corrélation entre des événements passés et l'intrigue sur laquelle nos deux inspecteurs décident de ré-enquêter.

On ne peut pas dire que l’œuvre du danois transpire la gaieté de vie. Tout y semble dramatiquement sombre. L'humour omniprésent habituellement inhérent au cinéma scandinave paraît avoir disparu de cette bande presque horrifique si l'on se situe du point de vue de la victime que l'on comprend très vite avoir été le sujet d'un véritable psychopathe.

La particularité de Les Enquêtes du département V : Miséricorde est d'avoir connu chez nous une première sortie non pas dans les salle de cinéma mais sur Internet à travers des sites de téléchargement tout à fait légaux. L'époque étant ce qu'elle est, le scénario inclus le personnage très attachant de Assad, un musulman pratiquant mais dont les habitudes quotidiennes inhérentes à sa religion ne viennent pas parasiter le propos. En effet, le film est un pur thriller qui évite tout écueil social inutile. Ici, nous sommes au cœur d'une enquête particulièrement sombre dont les différentes ramifications s'imbriquent à la perfection jusqu'au dénouement final.

A peu de chose près, le binôme fonctionne à la manière de Scully et Mulder mais sans l'aspect fantastique de leurs enquêtes et strictement masculine. L'un est plus posé quand l'autre use de méthodes un peu plus musclées. Il manque peut-être un peu de féminité dans cette équipe mais ce petit soucis sera sans doute réparé dès le second épisode de la saga. Les principaux interprètes Nikolaj Lie Kaas, Fares Fares, Sonja Richter, Peter Plaugborg entre autres sont tous parfaitement irréprochables et la superbe partition de Patrik Andrén, Uno Helmersson et Johan Söderqvist colle parfaitement à l'intrigue. Comme à l'aspect esthétique, elle correspond bien aux cannons en vigueur dans ces pays nordique où le temps semble s'être figé. Un bijou...

dimanche 13 décembre 2015

Pioneer de Erik Skjoldbjaerg (2013)



Nous sommes en 1980 en Norvège. Un formidable gisement de pétrole est découvert sous les fonds marins. Les États-Unis épaulent le pays afin d'en extraire les immenses ressources. Entraînés depuis des mois à pouvoir résister à la forte pression des fonds marins, Petter et son frère sont envoyés les premier afin de débuter les travaux qui permettront à la future équipe américano-norvégienne de raccorder les différentes section du pipe-line nécessaire au pompage de la précieuse ressource.
Mais lors de leur descende, un accident survient qui coûte la vie au frère de Petter. Tout le monde s'accorde à accuser Petter d'avoir faillit à sa mission mais lui affirme qu'il a été pris d'un malaise au moment ou l'accident est survenu. Pour lui ne reste plus désormais que connaître la vérité. Et pour l'apprendre, il va devoir mener de front des recherches face à des responsables faisant l'autruche...


Le cinéaste norvégien Erik Skjoldbjaerg signe ici son cinquième film en tant que réalisateur. Autant dire que le scénario de Pioneer était prometteur et le film plein de promesses. Relativement bien interprété, le film nous emporte sur les voies habituelles du thriller avec ce que cela comporte de tension et de suspens. L'acteur Aksel Hennie porte sur ses épaules la quasi totalité du projet puisque le film,outre l'intrigue, se concentre exclusivement autour de son personnage.

Les fonds marins étant un cadre idylliques pour créer une atmosphère claustrophobe, la première du film peut se voir comme la partie la plus intéressante de Pioneer. Si rien ne se gâte vraiment par la suite, l'intrigue retombe un peu lorsque le personnage de Petter enquête sur la recherche de sa propre vérité. On est en terrain connu et même si le rythme et l'interprétation, très bien servis par une bande originale de qualité, empêchent l'ennui de s'installer, il n'y a pas vraiment de surprise à la clé.
Quoique à la toute fin, on peut être surpris de la tournure que prennent les événements quand on sait le mal que s'est donné pendant plus de la moitié du film, Petter qui doit faire face non pas seulement au silence de ses supérieurs et de la totalités des responsables du projet, mais également à plusieurs menaces de mort.

Alors que les américains nous auraient sans doute servi du grand spectacle à grand renforts d'effets-spéciaux, le cinéaste norvégien soigne sa mise en scène grâce à un décor naturel fait de fonds marins islandais et de paysages tout droit originaires des Fjords norvégiens. Sur le papier, Pioneer semblait un projet ambitieux. Le résultat est honnête mais ne marquera sans doute pas durablement les esprits. Partiellement basé sur un scandale qui défraya la chronique norvégienne au début des années quatre-vingt, l’œuvre Norvégienne, allemande, française, suédoise, et finlandaise de Erik Skjoldbjaerg demeure donc une semi-réussite...

jeudi 10 décembre 2015

The Visit de M. Night Shyamalan (2015)



La mère de Rebecca et Tyler envoie ses enfants en Pennsylvanie afin qu'ils rencontrent leur grands-parents qu'ils ne connaissent toujours pas et que leur fille Loretta a quitté sans laisser de nouvelle depuis qu'ils se sont disputés. Armés de caméras et d'un ordinateurs, Rebecca et Tyler ont l'intention d'immortaliser leur séjour qui doit durer une semaine. Doris et John accueillent avec joie leurs petits enfants et très vite, le quatuor apprend à se connaître. Libre de filmer ce qu'ils veulent, Rebecca et Tyler n'ont finalement qu'une seule obligation : se coucher à 21h30 !
Mais très vite, ce qui ressemble à un agréable séjour va se transformer en cauchemar. En effet, lorsque tombe la nuit, Doris est prise de crises nocturnes particulièrement violentes. Elle marche durant des heures dans les pièces de la maison. Il lui arrive même de se mettre entièrement nue et de gratter aux portes. Concernant John, ça n'est pas mieux. Incontinents, il cache ses couches remplies d'excréments dans la grange et est persuadé qu'on le surveille. A travers les images filmées par Rebecca et Tyler, le spectateur est témoin des événements qui vont retenir les deux adolescents dans une demeure qui va devenir le théâtre de leurs pire cauchemar...

Dernier long-métrage en date pour le cinéaste M. Night Shyamalan, The Visit est vendu par certains comme le grand retour d'un réalisateur qui s'était quelque peu perdu dans des œuvres de moindre qualités. Le bonhomme a tout de même signé quelques merveilles telles que Sixième Sens, Incassable ou encore Le Village avant de réaliser le premier épisode de la série télévisée Wayward Pines. Le cinéaste américain d'origine indienne se laisse aller à un effet de mode que beaucoup ont déjà exploité, celui du found-footage. Alors qu'une myriade de ces œuvres sont généralement produites avec des moyens limités, il est intéressant d'assister à l'arrivée d'un produit signé par un maître de l'angoisse qui, même si ses œuvres les plus récentes font preuve de faiblesse, parviendra peut-être à hisser le genre au niveau des meilleurs films accès sur le principe de la caméra portée à l'épaule.

The Visit est donc une œuvre indépendantes financée avec les gains de son précédent et très décevant After Earth. Alors que ce dernier se déroulait sur une planète Terre fictive et dans un futur très lointain, The Visit se veut très terre à terre puisque le principal de l'intrigue se déroule lui dans une ferme de Pennsylvanie et de nos jours. A l'origine, le film aurait dû s'appeler Sundowning. Un titre qui collait parfaitement à l'histoire puisque ce terme désigne un syndrome de psychiatrie caractérisé par une baisse de la vigilance. Une état rencontré dans divers symptômes tels que l’épilepsie ou l'hystérie. Tous les codes du found-footage sont respectés avec tout ce qu'ils comportent d'incohérence. Là c'est encore plus flagrant car même au cœur du danger le plus immédiat, le héros persistent à vouloir tout filmer au péril de leur vie. Ce qui ici ne colle pas tout à fait à l'intrigue, surtout lorsqu'ils n'ont plus qu'un seul désir : celui de fuir cette horrible demeure habitée par de bien curieux individus. The Visit distille très peu d'effets horrifiques. Et même si les jeunes acteurs mettent du cœur à l'ouvrage, on s'ennuie ferme ! À part deux ou trois jump scare qui n'ont rien d'original puisque déjà vu des centaines de fois et un twist final qui n'a assurément pas la saveur de ceux du Village et de Sixième Sens, il n'y a malheureusement pas grand chose à se mettre sous la dent. Dommage...



vendredi 4 décembre 2015

Schneider Vs Bax de Alex Van Warmerdam (2015)



Ç’aurait dû être une journée comme les autres pour Schneider. En ce mardi, c'est son anniversaire. A son réveil, ses deux gamines lui offrent un livre. Quand à son épouse, elle s'apprête à préparer la réception du soir à laquelle participeront les amis du couple. Mais contrairement à ce qui était prévu, Schneider reçoit un coup de téléphone de Mertens, son employeur. Celui-ci exige de Schneider qu'il exécute un contrat. En effet, un certain Bax doit mourir. Mertens promet à Schneider qu'il sera rentré pour déjeuner.

Ç’aurait pu être une journée calme et tranquille pour Bax si sa fille n'avait pas justement décidé de débarqué ce jour-là. Elle et ses problèmes. Bax se débarrasse vite fait de sa petite amie Nadine avant l'arrivée de Francisca. Mertens prévient Bax des intentions de Schneider. Il est l'employeur des deux hommes et à fait croire à chacun d'entre eux que l'homme qu'il doit abattre s'est rendu coupable d'un infanticide. La volonté première de Mertens est de voir mourir Schneider. Le piéger en prévenant Bax du moment très précis où son supposé assassin débarquera près de sa demeure implantée au beau milieu d'un marais. Mais alors qu'il pense envoyer un message à Bax, Mertens se trompe et l'envoie à Schneider. C'est alors le début d'une longue, très longue journée...

Schneider Vs Bax (chez nous La Peau de Bax) est le dernier long-métrage du cinéaste néerlandais Alex Van Warmerdam et dans lequel il interprète lui-même l'un des principaux rôles. Comme à son habitude, le réalisateur de Borgman, Grimm ou encore Ober nous offre une œuvre mêlant tragique et humour. Ce dernier aspect échappera sans doute à certains de ceux qui ne sont pas coutumiers du fait mais il est bien présent. Grinçant, cynique, noir et parfois désespéré. Le cinéaste mélange avec tout le savoir-faire qu'on lui connaît la comédie et le thriller.

Schneider Vs Bax aurait tout aussi bien pu s'appeler une journée de merde tant les événements qui vont s'y produire vont faire du quotidien de nos deux héros Bax et Schneider (l'acteur Tom Dewispelaere) une succession de désagréments dont ils se seraient bien passé. Les personnages sont tous hétéroclites et en même temps ont tous quelques chose de déviant qui les rapproche. On trouve bien sur tout d'abord nos deux tueurs à gages engagés dans un bras de fer très particulier. Une fille dépressive, un grand-père que l'on suppose incestueux et très proche des toutes jeunes filles en témoigne celle qui l'accompagne), une prostituée et un maquereau particulièrement violent. Finalement, il n'y à guère que l'épouse de Schneider et leur deux enfants pour nous rassurer et nous rappeler que dans ce monde, tout n'est pas si noir.

Schneider Vs Bax, cest un peu le théâtre de l'absurde. En témoigne la scène typiquement Warmerdamienne durant laquelle on voit un jeune aveugle se servir un verre d'eau au robinet de la salle de bain de Bax. Une scène totalement incongrue qui n'a aucune espèce de raison d'être (si ce n'est celle d'être conséquente à la prise de drogue de Bax) et qui fait furieusement penser à l'une des scènes les plus amusantes d'Ober et qui voit un commerçant d'empêtrer dans l'emballage d'une arme au profit du héros. Deux ruptures totales de ton extraordinairement placées comme des cheveux dans un délicieux potage. Le dernier long-métrage d' Alex Van Warmerdam est une fois de plus un petit chef-d’œuvre d'humour noir, de plus excellemment interprété par un panel d'acteurs et d'actrices qui croient en leur personnage. On se languit déjà de découvrir le prochain film du cinéaste Néerlandais...
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