Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 31 août 2014

Serial Mother de John Waters (1994)



Beverly Sutphin est une mère de famille et une femme au foyer parfaite. Ses enfants, Misty et Chip sont d'excellents étudiants et sont époux Eugene, un dentiste aimant. Beverly trie ses ordures ménagères, est passionnée par les oiseaux et participe vivement à la collectivité. Réellement parfaite ? En apparences, car en réalité, elle ne supporte pas la contrariété. Surtout lorsque l'on s'en prend aux membres de sa famille. A commencer par Chip, dont le professeur de mathématiques avec lequel elle a pris un rendez-vous a osé dire à Beverly que son fils devrait consulter un psychiatre. Très mécontente, la mère de famille attend le méchant homme à la sortie du lycée et l'écrase au volant de la voiture familiale.

La police enquête et très vite, l'inspecteur Gracey se met à soupçonner Beverly. Car en effet, une jeune étudiante était présente durant le meurtre, et elle a fait une description très précise du modèle de voiture. La même que celle que l'inspecteur trouve dans le garage des Sutphin. De plus, il trouve dans leur demeure un magasine dont une lettre a été découpée dans la couverture. La même lettre que l'une de celles qui ont été utilisées pour envoyer des lettres d'injures anonymes à l'une des voisines de Beverly, Dottie Hinkie, également harcelée au téléphone.

Ne reste plus pour l'inspecteur Gracey, qu'à trouver des preuves pour arrêter Beverly. Mai entre-temps, les meurtres s'accumulent, Beverly éliminant tous ceux qui pourraient témoigner de sa culpabilité, ainsi que ceux qui s'en prennent à sa famille...

Neuvième long-métrage de John Waters, Serial Mother est une parodie de films de serial killer, comme le souligne d'ailleurs le titre. Dans le rôle principal, Kathleen Turner, actrice célèbre qui joua dans des films aussi divers que Les Jours et les Nuit de China Blue de Ken Russel, ou Qui Veut la Peau de Roger Rabbit ? de Robert Zemeckis. Et qui mieux qu'elle pouvait interpréter le rôle de cette très jolie mère de famille un brin dérangée qui s'attaque à toutes celles et ceux qui ne lui conviennent pas ? Le cinéaste plonge ses personnages dans une époque indéterminée mais que l'on peut supposer être les années soixante comme c'est très souvent le cas dans ses œuvres. Serial Mother est léger, presque sans aucune aspérités si l'on ne tient pas compte des déviances de Beverly. Une famille enfin parfaite, si ce n'est le goût immodéré du fils pour les films d'horreur. Pas de quoi pavoiser. John Waters en profite pour rendre un petit hommage pour le cinéma qu'il aime.

Effectivement, on aperçoit des affiches de cinéma dans la chambre du fiston, et notamment celle de Blood Feast de Herschell Gordon Lewis (dont le film passe sur le petit poste de télévision de Chip). Puis, plus tard, des images de l'une des œuvres du pape du trash Russ Meyer chez un copain des enfants Sutphin, un brin obsédé.

On retrouve Traci Lords dans un rôle minuscule, deuxième apparition chez Waters pour l'ancienne reine du porno. Ricki Lake, qui depuis sa participation sur le plateau de Cry-Baby s'est affinée. Et puis, une fois de plus, la fidèle Mink Stole, la seule a n'avoir jamais manqué un rendez-vous puisque présente depuis le tout premier long-métrage de John Waters.

Serial Mother n'est clairement pas le meilleur film de son auteur. Quand à savoir si l’œuvre est vraiment inspirée d'un fait divers réel (comme à l'air de vouloir le faire croire John Waters en introduction), la réponse est évidemment, FAUX ! Un détail dont on se fiche puisque de toute manière, le déroulement de l'intrigue et la somme d’invraisemblances ruinent toute idée de réalisme. Et c'est que l'on aime chez Waters. Cette folie patente, cette dégénération totale qui plonge les protagonistes dans un tourbillon de folie extraordinairement jubilatoire. Et avec eux, les téléspectateurs. Pas le meilleur donc, mais une excellente petite comédie tout de même...

jeudi 28 août 2014

Cry-Baby de John Waters (1990)



A Baltimore, deux communautés s'opposent depuis des années. Il y a d'abord les « Coincés », qui vivent dans les quartiers chics de la ville. Ils écoutent du Doo-Wop, s'habillent en blanc, et se réunissent à l’École du Savoir-Vivre. Viennent ensuite les « Frocs Moulants ». Ce sont des délinquants juvéniles, des blousons noirs qui boivent de la la bière et écoutent du Rock 'N Roll.

Parmi eux, il y a Wade Walker, dit « Cry-Baby » et sa sœur Piment. Entourés de leurs oncles et tente Tonton Belvedere et Ramona Rickettes, et de leurs amies Mona Mainorowsi, dite « délit de faciès », et Wanda Woodward, ils sont rejetés par les « Coincés » et leur société bien-pensante.

Sauf qu'un jour, Cry-Baby croise la route de la jolie Allison Vernon-Williams. Ils tombent fous amoureux l'un de l'autre. Un coup de foudre qui n'est pas du goût de tout le monde puisque fiancée à l'un des plus sûr représentants de la communauté des « coincés », Allison va provoquer une bagarre entre les deux clans qui va envoyer Cry-Baby derrière les verrous...

Pas de doute possible, nous sommes bien ici devant une œuvre signée John Waters. Son Amour immodéré pour les années soixante transpire à chaque plan. Entre l'image lisse du puritanisme américain et cette frange qui vit en marge de la société comme une paria, le cinéaste s'en donne à cœur joie et propose une œuvre drôle et attachante. Et puisque Divine et sa troupe ont disparu du catalogue d'interprètes du réalisateur de « Pink Flamingos » et consorts, John Waters a convié une foule d'acteurs bigarrés. De Johnny Depp, alors acteur connu pour jouer dans la série à succès 21 Jump Street, à Traci Lords, ancienne actrice pornographique qui fit scandale pour avoir joué dans des films X alors qu'elle était encore adolescente, en passant par le chanteur et musicien Iggy Pop, le film fourmilles de « figures » inoubliables. A commencer par Kim McGuire et son improbable faciès.
 
John Waters emploie une méthode assez particulière pour trouver celui qui interprétera le rôle-titre. Il achète pour trente dollars de magazines pour adolescents et tombe sur une couverture représentant Johnny Depp. Son choix est fait. Quand au personnage interprété par Kim McGuire, John Waters en a eut l'idée cinq ans auparavant. Il devait d'ailleurs être au centre d'un film consacré à un personnage au physique désavantageux. L'idée est abandonnée mais alors que Divine disparaît en 1988, c'est Kim McGuire qui obtient le rôle deux ans plus tard, en 1990.

En réalité, de la troupe originale de John Waters, deux actrice apparaissent dans le film. Mary Vivian Pearce et Mink Stole. Deux apparitions en forme d'hommage puisqu'on ne les aperçoit que quelques instants.

Contrairement à ce que certains ont pensé, ça n'est pas Johnny Depp qui interprète les chansons du film mais des groupes de l'époque ainsi que, pour une majorité d'entre elles, James Intveld et Rachel Sweet. Cry-Baby a depuis été adapté en comédie musicale à Broadway. Si l’œuvre du cinéaste n'est plus aussi irrévérencieuse qu'à une certaine époque, le film demeure néanmoins une excellent comédie, beaucoup critiquée par certains qui n'ont pas cerné l'aspect volontairement naïf et léger du film, voulu par John Waters lui-même...

lundi 25 août 2014

Hairspray de John Waters (1988)



L'émission à sensations que toute la jeunesse de Baltimore suit avec attention s'appelle le « Corny Collins Show ». Nous sommes en 1960 et les jeunes vivent au rythme de cette émission de danse. Madison, Twist, Cha-cha-cha et Mashed Potatoes sont reines et pas un ne manque l'émission présentée par Corny Collins. La ségrégation règne encore dans le pays, point de vue que partage le directeur de la chaîne, Arvin Hodgepile, qui refuse au noirs l'opportunité de participer au « Corny Collins Show ». Le couple star du moment est jusqu'à maintenant formé par Amber Von Tussle et son petit ami Link Larkin.

Mais alors que la jeune Tracy Turnblad se rend en cachette à l'émission du soir en compagnie de sa meilleure amie Penny Pingleton, un grand bouleversement va s'opérer à Baltimore. Vivant dans un quartier pauvre de la ville avec ses parents Edna et Wilbur, Tracy rêve d'y voir enfin intégrés la population noire encore rejetée par une grande partie des habitants. Une fois affiliée à l'émission, la jeune adolescente parvient à battre sa principale concurrente Amber Von Tussle et tente de se faire entendre. Mais les préjugés étant difficiles gommer, une guerre s'engage entre les Turnblad et les Von Tussle.

Tracy traîne, désormais accompagnée de l'ancien fiancé de sa concurrente, dans le quartier de Harlem, suit des cours de danse prodigués dans un petit disquaire tenue par la célèbre artiste noire Motormouth Mabel et milite pour l'intégration des noirs. Penny, elle si timide habituellement, entretient une relation avec le fils de Motormouth Mabel. Les deux couples ainsi formés vont combattre tous ceux qui s'opposent à eux, profitant des médias pour se faire entendre...

Septième long-métrage de John Waters, Hairspray fait sans doute partie des plus inoubliables comédies des années quatre-vingt. Sorti en 1988, le film a connu en 2007 un remake réalisé par Adam Shankman avec entre autre, dans le drôle d'Edna Turnblad le célèbre acteur John Travolta. La version de John Waters est un concentré de bonheur. De ces films qui vous arrachent un sourire permanent, du début à la fin. Une œuvre pleine d'amour pour son prochain qui ne se limite pas seulement à une succession d'effets comiques mais qui propose un message profond. Encore plus qu'avec Polyester, c'est avec Hairspray que John Waters atteint la maturité.

Il laisse un instant le coté trash de ses œuvres passées pour nous livrer un film plein de fraîcheur. Garni jusqu'à la gueule de musique soul, le film est une comédie musicale qui a la bonne idée de ne pas trop en faire dans le domaine, conciliant ainsi ceux qui aiment ce type si particulier de cinéma et ceux qui lui préfèrent la pure comédie.

Après avoir suivi la carrière de la magnifique Star, Lady Divine, on écrasera une grosse larme de tristesse puisque Hairspray est le dernier film auquel elle a participé. En effet, moins de dix jours après la sortie du film, l'égérie de John Waters a été retrouvé morte, victime d'une stupide Apnée du sommeil... Hairspray, une merveille de petit film dans lequel la Star a su s'effacer au profit de la nouvelle muse de John Waters, Ricki Lake. A noter la présence des chanteuses Deborah Harry (du groupe Blondie) et Pia Zadora...

Divine
9 Octobre 1945 – 07 Mars 1988



Divine*, de son vrai nom Harris Glen Milstead, arrive en 1957 à l'âge de douze ans. C'est là qu'il fait la connaissance de John Waters avec lequel il va tourner une série de films qui vont les rendre tous les deux mondialement célèbres. Également drag-queen et chanteur, Divine sort plusieurs 45 tours. Deux documentaires essentiels ont vu le jour depuis sa disparition. Divine Trash en 1998, ainsi que très récemment, I Am Divine l'année passée...

(* Un article consacré à Divine sera mis en ligne sur CinémArt d'ici quelques mois.)

vendredi 22 août 2014

Polyester de John Waters (1981)



A Baltimore, la famille Fishpaw a bien mauvaise réputation. En effet, Elmer, le père de famille, est directeur du cinéma de quartier et propose des films pornographique, ce qui attire tous les obsédés du coin. Les voisins des Fishpaw protestent devant leur maison mais rien n'y fait, Elmer tient bon. Au grand dam de Francine qui n'en peut plus de cette situation. De plus, leur fille Lu-Lu traîne avec un jeune voyou, Bo-Bo Belsinger et leur fils Dexter sniffe de la drogue et est obsédé par les pieds des femmes. Un mystérieux « écraseur de pieds en série » rode d'ailleurs dans les parages. La police recherche le fou qui s'attaque aux femmes, mais malheureusement sans succès.


Francine, femme au foyer, découvre qu'Elmer la trompe avec son assistante. C'est grâce Cuddles Kovinsky, ancienne gouvernante ayant hérité de ses anciens patrons, qu'elle apprend que son exécrable époux retrouve en cachette Sandra Sullivan dans un motel. Francine file prendre en photo le couple adultère en plein ébats mais ceux-ci, au lieu de s'inquiéter du procès de divorce que Francine risque de gagner grâce aux preuves d'adultère, harcèlent au téléphoinela pauvre femme qui finit par sombrer dans une grave dépression et dans l'alcoolisme.

Elle apprend de plus que Bo-Bo s'est faite renvoyer de l'école, qu'elle est enceinte de son petit ami, et qu'elle a l'intention d'avorter. Dexter, quand à lui, est arrêté par la police, soupçonné d'être « l'écraseur de pieds en série », puis enfermé. Rien ne va plus pour Francine qui en plus doit se coltiner la présence de sa vieille et insupportable mère...

Premier film en « Odorama* », Polyester de John Waters semble avoir bénéficié d'un budget confortable. Et pourtant non, seuls trois cent mille dollars ont été injecté dans cette œuvre qui tranche nettement avec le coté « crasse » des précédentes. De son équipe des débuts, il ne reste plus grand monde à part Divine, Edith Masey et Mink Stole. Tout juste deux minuscules apparitions de Cookie Mueller et Mary Vivian Pearce.

John Waters aborde un sujet qui le touche de près : la famille. Et celle qui vit dans ce joli petit quartier de Baltimore est atypique. Pornographie, drogue, prostitution, alcoolisme, avortement, délinquance, le cinéaste s'en donne à cœur joie et fait des Fishpaw un conglomérat des pires avatars de notre société. Un microcosme cruel dans lequel tente de surnager une pauvre mère de famille. L'image est propre et l'interprétation honnête. Divine est toujours aussi sexy, malgré le maquillage qui lui coule le long du visage, mais la voir faire les gros yeux et la moue est irrésistible.
Le film possède toujours cet aspect trash de ses œuvres passées, mais aujourd'hui, plus du coté de certains dialogues que du visuel. Surtout, il sait nourrir une passion pour des personnages abjectes, et ici, ils sont en nombre. Il en profite surtout pour égratigner la société américaine, peut-être un peu trop puritaine à son (mauvais) goût. Polyester est donc un excellent film, qui dénote une évolution et une maturité enfin acquise dans la carrière du cinéaste. A voir et à revoir encore et encore...



*Odorama : procédé permettant aux spectateurs d'expérimenter de manière olfactive d'agréables (ou désagréables) situations odorantes, et ce, grâce à une série de vignettes numérotées. Le film s'ouvre d'ailleurs sur un pseudo-chercheur qui explique le fonctionnement du procédé. Des chiffres, de un à dix, apparaissant à l'image et indiquent le moment où le spectateur doit frotter la pastille. Ne reste alors pour lui qu'à sentir les effluves qui s'en dégagent et qui correspondent à celles qu'est censé humer le personnage à l'écran...

mardi 19 août 2014

Desperate Living de John Waters (1977)


Peggy Gravier, jeune bourgeoise dépressive et handicapée, vit dans une grande demeure avec son mari et leurs deux enfants. Persuadée que ses deux enfants jouent à des jeux érotiques et ne supportant plus les conditions dans lesquelles elle vit, Peggy prend la fuite en compagnie de son infirmière Grizelda. Cette imposante femme noire qui a tué son époux en l'étouffant en s'asseyant sur son visage et sa maîtresse décident donc de fuir ensemble à bord de la voiture familiale. Perdues en pleine forêt, les deux femmes ne sont pas d'accord sur la route à prendre et, alors qu'elles vont en venir aux mains, un policier surgit dont ne sait où pour mettre un peu d'ordre dans toute cette histoire. La nouvelle du meurtre du mari de Grizelda a fait le tour de la ville et le policier recherche la coupable afin d'arrêter la meurtrière ainsi que sa complice, à moins que les deux femmes n'acceptent de participer à un jeu que leur propose le flic. Un amusement particulièrement dégoûtant. Un flic en portes-jarretelles, ça ne se rencontre pas tous les jours. Encore plus surprenant, il demande aux deux femmes d'ôter leurs sous-vêtements afin de pouvoir les porter lui-même. Après une crise qui s'apparente à un orgasme, le policier indique au duo un chemin qui va les mener vers un village étrange, habité par de pauvres ères, mélange de clochards et de fous en liberté. Perdues, les deux femmes vont très vite se retrouver face à une lesbienne crasseuse, persuadée d'être un homme enfermé dans un corps de femme, et qui les invitera à venir se poser un instant dans son taudis. Moyennant finances, la "gouine craspec" leur proposera un logement fait de carton-pâte qu'un simple coup de vent pourrait faire s'envoler. 

Les deux fuyardes apprennent vite que les habitants de Mortville (le village en question) ont tous quelque chose à se reprocher et après que deux flics, véritables caricatures homosexuelles tout de cuir vêtues les aient arrêtées alors qu'elle allaient participer à un festin peu ragoûtant chez leur nouvelle "amie" lesbienne, elles se retrouvent dans le "royaume" de la reine Carlotta. Véritable tyran au corps adipeux et aux dents aussi noires que les touches d'un piano, elle règne sans partage sur un harem de jeunes éphèbes. Sa fille, la princesse Coo-coo, folle amoureuse d'un certain Herbert, rêve de l'épouser mais sa mère la garde prisonnière dans sa chambre, prétextant qu'elle ne devra se donner à un homme qu'à ses quarante printemps passés... 

Cinq années après son cultissime "Pink Flamingos", John Waters ("Female Trouble", "Polyester", "Cecil B. Demented", etc...) livre au public son film le plus trash, bien plus que "Pink Flamingos" qui déjà avait remué bien des estomacs. Fils spirituel du pape trash Russ Meyer, qui se spécialisa dans les film d'exploitation avec "Vixens", "Supervixens", "Faster Pussycat Kill Kill". Des joyeusetés dans lesquelles il mettait en avant les généreuses poitrines de ses héroïnes, ce qui deviendra son fond de commerce. Waters ira bien plus loin que son idole dans la dépravation et l'indigeste n'hésitant pas un instant à pousser son égérie "Divine" dans ses derniers retranchements notamment dans la fameuse scène de l'étron dans "Pink Flamingos". Bizarrement, nulle trace de la "star" "shemale" dans "Desperate Living". Peut-être a-t-elle (il) ressentit le besoin de faire une pause après toute une série de films franchement underground. On la (le) reverra par la suite dans "Polyester" et "Hairspray", deux très bons films de Waters, beaucoup moins hard mais aussi beaucoup plus matures.

"Desperate Living", c'est un peu le conte de fée rêvé pour tous les barges de la planète avec ses paumés vêtus de haillons, sa ville en décomposition qu'une vieille reine mène à la "braguette" et sa morale de pacotille qui n'est là que pour assurer un spectacle haut en couleurs mais surtout en bruits et en odeurs. Un film où la police viole les femmes en perdition, où l'on accueille à bras ouverts ces dernières sans oublier de cracher ça et là morvelle et insanités... Il faut parfois avoir le cœur bien accroché et surtout accepter l'aspect amateur de ce film Z, n'ayons pas peur des mots, qui saura trouver sa place parmi ces dizaines de films qui sans doute mettront des années avant de franchir le seuil du petit écran, mais qui feront le bonheur des curieux en tout genre.... Et parce que John Waters est véritablement un cinéaste culte, chacun de ses films, du plus hard aux plus soft ("Serial Mother", "Hairspray") mérite sans nul doute une attention toute particulière.

Bienvenue dans un monde ou règnent l'anarchie et l'anticonformisme, le mauvais goût ainsi qu'un incommensurable bordel !!!

 (John Water entouré par toute son équipe)

samedi 16 août 2014

Female Trouble de John Waters (1974)



A Baltimore, l'écolière Dawn Davenport est réputée pour mettre le désordre dans sa classe. Alors qu'elle perturbe une énième fois les cours, son professeur de géographie la menace de la faire renvoyer. Elle est accusée de manger pendant les cours, de tricher sur ses camarades et de mentir au professeur. C'est Noël, et Dawn attend avec impatience d'ouvrir ses cadeaux. Elle rêve de découvrir la paire de chaussures à la mode qu'elle a commandé. Mais elle est tellement déçue de voir que celles que renferme le paquet qu'elle reçoit des mains de ses parent ne correspondent pas, qu'elle leur hurle dessus, affirmant les haïr, avant de fuir le foyer. Dawn fait de l'auto-stop, est prise par un type dénommé Earl Peterson, qui finit par la violer près d'une décharge.

Neuf mois plus tard, Dawn donne naissance à un bébé qu'elle prénomme Taffy. Pour subvenir à leurs besoins, Dawn est serveuse, elle est go-go-girl dans un bar, se prostitue en compagnie de ses deux amies Chiclet Fryer et Concetta, et s'associe même avec elles pour voler les gens dans la rue. Taffy est insupportable. Dawn refuse de la laisser aller à l'école et d'avoir des amis. N'en pouvant plus, elle se confie à Concetta et Chiclet qui lui conseillent de se rendre dans un célèbre salon de coiffure tenu par Donald et Donna Dasher, et de se faire coiffer par le talentueux Gator.

Une liaison naît entre le coiffeur et Dawn, ce qui n'est pas au goût de l'amie de Gator, Ida Nelson. Ils se marient, mais après cinq ans, Gator ne désire Dawn. Celle-ci, desespérée, se réfugie dans le salon de coiffure. Et justement, Donald et Donna Dasher demandent après elle. Le couple va lui proposer un marché que Dawn va s'empresser d'accepter...

Female Trouble est le quatrième long-métrage de John Waters et le second à être en couleur. Très nettement moins connu que le précédent, Pink Flamingos, il demeure cependant aussi trash et irrévérencieux. Le cinéaste continue donc à s'aventurer vers un cinéma toujours plus extrême et en marge du système. Divine est une fois de plus au centre d'une œuvre qui s'attaque cette fois-ci à la famille et au show-business, devenant une icône auto-proclamée plus belle femme du monde, aux mains d'un couple plutôt malhonnête qui voit en elle un fond de commerce. L'obsession de la gente féminine pour les produits de beauté de tous types prend ici le visage d'un eye-liner directement injecté dans les veines. Une drogue somme toute.

Quelques scènes bien saignantes (et toujours aussi délicieusement mal jouées) viennent émailler le récit. On assiste à un viol, suivi d'un accouchement « fait maison » durant lequel, la sublime Divine arrache le cordon ombilical avec... les dents. Bon appétit ! On retrouve le lot d'acteurs habituels, Cookie Mueller, David Lochary, Divine, Mary Vivian Pearce, Mink Stole, et une Edith Massey qui joue comme personne n'oserait : Probablement l'une des pires « actrices » qu'il nous ait été donné de voir. Divine quand à elle est toujours aussi savoureusement pulpeuse, et malgré sa surcharge pondérale, elle se déplace avec toujours autant de grâce et de finesse, dans des tenues et ornée de coiffures qui défriseraient les vieilles dames qui vivent parmi nous.

Female Trouble ne dérogera donc pas à la règle qui veut que le public sera partagé entre ceux qui idolâtrent les bobines fumantes de John Waters, et ceux qui haïssent ce genre de cinéma outrancier. Toujours-il, que le film ne laisse pas indifférent...

mercredi 13 août 2014

Multiple Maniacs de John Waters (1970)



Une troupe de saltimbanques propose des tours scabreux à qui veut bien donner un peu de son temps. Mr. David harangue les foules, les attire sous une des tentes plantées en toute illégalité dans un parc de Batimore, promettant monts et merveilles et autres joyeusetés décadentes. Des pédés qui se dévorent la bouche, un type qui se fait brûler le dos à l'aide d'une cigarette, un toxicomane sevré de force exhibé en pleine crise de manque, un autre qui ingurgite ses propres vomissures et surtout, oui, surtout, Lady Divine, la vedette de ce show. Mr David attire ensuite les spectateurs déjà bien écœurés dans une deuxième où leur est promis le spectacle d'une monstruosité « extrême, vivante et incarnée ».

En fait, un piège dans lequel tombent les spectateurs. En effet, la troupe de Lady Divine n'est qu'un ramassis de voleurs. Faites prisonnières, les victimes du guet-apens n'ont d'autre choix, sous la menace d'une arme pointée sur eux, que d'accepter de se délester de leur porte-feuille et de leurs bijoux. L'une d'entre elles va même perdre la vie, tuée d'une balle tirée par Lady Divine elle-même. Du coup, la troupe prend la fuite, se disperse, laissant seuls Lady Divine, son petit ami David et Rick, membre de la troupe. Les trois compères se réfugient chez Cookie, la fille de Lady Divine. Cette dernire en a marre de David. Quand à lui, il entretient une relation intime avec une maîtresse prénommée Bonnie. Une jeune femme qui ne jure que par lui. Lorsque Lady Divine apprend que David la trompe, son sang ne fait qu'un tour. Elle se jure de tuer le couple adultère. De son coté, David réussi à convaincre Bonnie de la nécessité de se débarrasser de l'encombrante femme qui partage son existence...

Réalisé en 1970, Multiple Maniacs est le second long-métrage de John Waters, reconnu comme l'un des maîtres en matière de cinéma Trash. Un film qui transpire, au delà de son propos sulfureux et de ses situations toutes plus hallucinantes les unes que les autres, un certain esprit de liberté. Une œuvre sans contraintes, sans concessions. Un film tourné dans une certaine illégalité, donc dans l'urgence, mais qui démontre une volonté d'outrepasser tout ce qui a pu être montré d'immoral et d'amoral sur les écrans jusque là. On retrouve déjà une majeure partie des interprètes de Mondo Trasho, le premier long-métrage du cinéaste. Divine, David Lochary, Mary Vivian Pearce, Mink Stole débitent des textes crus, sur un ton rêche qui dénote une haine farouche envers ce qu'ils maudissent. L'autorité et l'église en prennent plein la gueule.

Règlement de compte pour John Waters qui livre une scène proprement hallucinante : Alors que lady Divine vient d'être violée par un couple de toxicos se shootant à la colle, elle file tout droit vers le repère où Bonnie et David se sont retrouvés afin de les éliminer tous les deux. Sauf que Lady Divine croise la route de l'Enfant de Pragues qui l'emmène jusqu'aux portes d'une église à l'intérieur de laquelle elle va connaître une expérience sexuelle hors du commun, mélangeant lesbianisme et religion. On y entend Divine citer des passages de la Bible, John Waters mettant en scène le chemin de croix du Christ après qu'il ait été trahi par Judas. Et tout cela, sur fond d'accouplement bestial entre Lady Divine et Mink, une prostituée religieuse dont le rêve de toujours est de prodiguer l'extrême onction. Il faut voir Divine pénétrée à l'aide d'un rosaire par l'inconnue pour le croire. Un summum d’irrévérence et pourtant, il y a dans cette très spectaculaire scène quelque chose de sublime. Une mise en scène peut-être bancale, des moyens sans doute limités, mais une volonté d'aller si loin dans la provocation que l’œuvre déclenche à ce moment très précis, un mécanisme qui ouvre des perspectives assez curieuses. Une certaine poésie se dégage de cette séance visuelle, auditive et irrévérencieuse. Un spectacle qui donne à Multiple Maniacs les allures d'un péplum trash et bricolé. Mais malgré tout généreux envers le public. Car le cinéaste ne lésine par sur les moyens pour emmener le spectateur là où il le désire. Si les décors n'ont aucun intérêt et que l'interprétation est des plus sommaire, le réalisateur compte sur la motivation de sa troupe de comédiens amateurs pour s'en donner à cœur joie et satisfaire le public.

Assez violent, le film nous plonge dans une succession de scènes de dépravation. Une touche d'érotisme (maladif), quelques meurtres (mal filmés), mais surtout, un final impossible à prévoir : Divine violée par un... crustacé géant !!!
A savoir que le sous-entendu concernant le meurtre de l'actrice Sharon Tate (alors épouse du cinéaste Roman Polanski) n'est pas tout à fait innocent. Est-ce pour vendre son œuvre que John Waters laisse entendre que David et Divine seraient les véritables coupables du meurtre sordide dont a été victime l'actrice ? Car en effet, à l'époque où Multiple Maniacs a été tourné, les assassins, Charles Manson et sa clique de tarés, n'avaient pas encore été arrêtés ni même soupçonnés.

Multiple Maniacs demeure encore aujourd'hui une effarante production Trash. Ni son évident amateurisme, ni le manque de moyens, ni même l'âge n'ont eu de prise sur cette œuvre peu connue mais essentielle dans la filmographie du grand John Waters...

dimanche 10 août 2014

Mondo Trasho de John Waters (1969)



Une femme se promène dans un parc lorsqu'elle croise la route d'un pervers qui l'attire dans une forêt et lui lèche les pieds. La victime aime les caresses que lui prodigue l'homme et se met à gémir. Elle ferme les yeux et s'imagine en Cendrillon. Une fois la séance terminée, le pervers s'enva comme il étai apparu, laissant seule la jeune femme qui quitte la forêt bouleversée, traverse une route sans regarder, et se retrouve dans un fossé, renversée par une voiture conduite par Divine, une grosse femme.

Celle-ci ne sachant que faire prend l'accidentée inconsciente à bord de sa voiture puis reprend la route. Arrivée en ville, elle téléphone à un hôpital pour prendre rendez-vous, mais sur le chemin, elle et la jeune femme inconscientes sont enlevées par des hommes en blouse blanche qui le transportent jusque dans un hôpital psychiatrique...

Premier long-métrage de John Waters après une série de courts, Mondo Trasho sent l'amateurisme à plein nez. Le titre donne tout son sens au genre qui va le rendre célèbre même si ici, on est lon d'atteindre les débordements de ses futurs productions. John Water produit, réalise, écrit, filme et monte son film lui-même. Débutant de manière plutôt sinistre (un bourreau décapite réellement des poulets), Mondo Trasho montre très vite ses limites. La mise en scène est plate, l'histoire est franchement inintéressante, les dialogues rarissimes et quelconques, l'image est crasseuse et la musique, trop présente, fini par être étouffante.

Le cinéaste aborde des sujets tels que l'aliénation et la religion. Son œuvre est un grand foutoir, désorganisé, libre et improvisé. Pour la bande-son, hormis les rares dialogues ajoutés au montage, John Waters a pioché dans sa discographie et a créé une sorte de mix pop, roch 'n roll et classique. Sans demander les droits aux différents auteurs, il a condamné son film à l'anonymat. Ce n'est que grâce aux autres médias et à son succès grandissant au fil de ses œuvres que le film de John Waters a pu ainsi se faire connaître.

D'après certaines sources, l'équipe présente le jour où fut tournée la scène de l'auto-stoppeur nu, tout le monde termina en cellule pour avoir tourné en toute illégalité. Mais sûrement avant tout pour exhibition. Des bruits affirment également que l'un des acteurs aurait fait un séjour dans un hôpital psychiatrique après son expérience sur ce film.

Le titre, Mondo Trasho, fait référence au film du pape du trash Russ Meyer, Mondo Topless. Un hommage un peu raté puisque le film de John Waters, qui possède malgré tout un statut culte, est vraiment de piètre qualité et sert surtout la légende de son géniteur plutôt qu'autre chose. Ceux qui ne connaissent pas encore le cinéma de cet auteur atypique ont donc plutôt intérêt à se jeter sur ses œuvres suivantes plutôt que sur celle-ci, au risque d'en être dégoûtés à tout jamais...
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