Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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samedi 30 novembre 2013

Happiness de Todd Solondz (1999)





Second film de Todd Solondz, "Happiness" conte les destins croisés de trois sœurs, de leur famille et de leurs connaissances. Il y a tout d'abord Joy qui visiblement à du mal à construire une relation sérieuse avec les hommes et notamment avec le dernier qui, au restaurant, après une soirée romantique, lui jette au visage ce qu'il pense d'elle. Sa sœur Trish, persuadée d'avoir trouvé l'homme idéal en la personne de Bill, l'aide parfois à rencontrer des hommes mais les relations de sa jeune sœur avec ces derniers finissent toujours par tomber à l'eau. Bill, lui, est psychiatre et consulte lui-même l'un de ses confrères auquel il confie ne pas être heureux dans son couple. En fait, a seule chose qui e rende heureux, c'est ce rêve récurrent qui le réveille toutes les nuits. Un songe dans lequel il se promène dans un parc sous un soleil d'été et armé d'un fusil, il perpétue un massacre au terme duquel il se réveille toujours heureux. Bill est attiré par les petits garçons et il n'est pas rare qu'il se rende dans une librairie afin de se procurer des magazines pour enfants devant lesquels il se masturbe enfermé dans sa voiture. 

Allen lui, est le type même de l'obsédé sexuel au physique libidineux et malsain qui ne pense qu'au sexe et tout particulièrement à celui de sa voisine et troisième sœur du trio, Helen.
Cette dernière mène la vie dure à sa propre carrière d'écrivain spécialisée dans la pornographie enfantine en considérant ce qu'elle écrit de creux, vide et superficiel regrettant même de ne pas avoir été violée étant enfant afin de pouvoir aborder le sujet du viol de mineur en connaissance de cause. Elle réalise qu'elle ne fait qu'exploiter un sujet tabou comme l'ont fait beaucoup d'autres avant elle.

Helen reçoit fréquemment des appels anonymes d'Allen toujours plus obsédé par le corps de la jeune femme. Il passe aussi beaucoup de temps au téléphone rose avec des hôtesses qu'il prends un malin plaisir à malmener. Il passe tout autant de temps à se masturber dans sa petite chambre minable. Mais son désir véritable est de faire l'amour à sa jolie voisine. Il consulte régulièrement Bill le psychiatre pédophile dans son cabinet et alors qu'il lui raconte ses fantasmes sans jamais omettre qu'il n'a aucun espoir de pouvoir un jour conquérir Helen du fait qu'il est un personnage plutôt insignifiant et ennuyeux, Le psy lui se concentre sur la liste des courses qu'il à prévu de faire après le boulot ne trouvant aucun intérêt aux propos de son patient. Un jour, Joy, triste et en pleurs, croise un élève à elle, Vlad, un chauffeur de taxi, qui peiné de la voir pleurer en pleine rue, lui propose de la raccompagner en voiture jusque chez elle. Ils se retrouvent dans le lit de la belle avant que Vlad ne la quitte au beau milieu de la nuit sans un mot doux pour elle. Le lendemain matin, pleine de rêves et alors qu'elle se rends à son cours espérant ainsi retrouver son nouvel amant, elle est agressée par une jeune femme que l'on pense être la fiancée de Vlad.


Un jour, le fils de Bill, demande à son père l'autorisation d'inviter pour la nuit son petit camarade Johnny, chose qu'accepte sans broncher son père. La soirée commence plutôt bien mais lorsque le fils de Bill décide d'aller au lit, son père tient compagnie à Johnny dans le salon. Le lendemain matin ce dernier se fait porter mal et peu de temps après il se retrouve à l'hôpital. La police rendue sur place lui pose des questions au sujet de la maladie dont il semble être victime et l'on comprends alors toute l'horreur de la situation: le petit johnny a été violé par Bill lui-même... 

 Le film de Todd Solondz regorge de scènes de cet acabit. On comprends que le cinéaste à décidé de ne pas ménager son public en lui retournant constamment l'estomac en abordant des sujets souvent difficiles mais toujours avec la pointe d'humour acide qu'on lui connaît. Sur un ton de soap-opéra, il nous embarque là ou il l'entend et à chaque accalmie on tremble à l'idée de découvrir une nouvelle horreur dans le cadre idyllique ou nagent les différents protagonistes. Et c'est sans doute ce décor de carte postale qui rends les événements encore plus horribles les uns que les autres. S'il avait choisi une banlieue malfamée on ne se serait sans doute pas étonné d'y trouver des énergumènes plus infâmes les uns que les autres mais le cadre proposé ici semble être en totale contradiction avec les événements qui s'y produisent. Todd Solondz concentre en très peu de personnages ce que connaît de pires tares un pays comme les états-unis, et une fois de plus il fait mouche....

Encore une perle à enfiler dans la courte filmographie des cinéastes indépendants qui comptent.

samedi 23 novembre 2013

Bunker Paradise de Stefan Liberski (2004)



Mimmo, jeune chauffeur de taxi fauché et vivant chez sa mère, rêve de devenir un jour un grand acteur. Alors, lorsqu'il n'est pas sur les routes à gagner sa vie, il interprète de petits rôles, aspirant à une future reconnaissance dans l'univers du septième art. 

John quand à lui est riche. Très riche même et n'aspire à rien d'autre qu'à l'oisiveté. Avec sa bande il passe des journées entières à boire et prendre des drogues sur fond de musique techno dans l'une des demeures de son père. Un père avec lequel il entretient des rapports difficiles.

Un soir Mimmo est envoyé par le central pour une course qui l'emmène jusqu'à l'entrée de la villa de John. Devant le portail une jeune femme est prostrée, visiblement très éméchée. Le jeune chauffeur de taxi sonne à la porte et tombe sur David, un ami de John, qui lui demande de s'occuper de la jeune femme. Alors que Mimmo s'éloigne à vive allure, la jeune femme, assise à l'arrière du véhicule, ouvre la portière, saute, et se retrouve projetée sur la route. Mimmo, freine alors brutalement, s'approche du corps et ne peut que constater le décès de la jeune femme. Ne sachant que faire, il laisse le corps sur la route et fait demi-tour vers la demeure de John. Tambourinant à la porte il est cette fois-ci accueilli par le propriétaire qui semble ne pas s'intéresser par l'histoire que lui raconte le chauffeur de taxi. David arrive alors mais nie catégoriquement, pourtant devant le fait accompli, qu'il a eu affaire à Mimmo quelques instants plus tôt. Ce dernier menace alors d'appeler la police mais John, qui ne se laisse pas démonter, tient des propos que le chauffeur de taxi comprend vite qu'ils lui seront préjudiciables si jamais la police vient à fourrer son nez dans cette histoire. Menaçant, John demande à David de téléphoner à la police et de lui dire qu'ils ont face à eux un chauffeur de taxi pakistanais qui leur fait des misères, et qui en plus à un cadavre sur les bras. Acculé, Mimmo affirme alors que le central a reçu un appel et qu'il sera très facile d'en retrouver la trace. C'est alors que subitement David se souvient qu'en effet, il a bien appelé un taxi.

Deux jeunes femmes arrivent bras dessus, bras dessous et demandent à John et David de les rejoindre. Ces derniers poussent Mimmo à les suivre dans le salon. Là, plusieurs autres convives dansent, boivent et fument. Hommes et femmes sont tous issus du même milieu social que leurs hôtes et ignorent la présence de Mimmo. Un peu à l'écart de la bande, une jeune femme visiblement mal dans sa peau pose alors son regard sur Mimmo...

Une brochette d'acteurs formidables pour un sujet qui aurait pu tomber dans la caricature mais dont la morale, malgré une fin tragique, est sauve. L'argent ne fait pas le bonheur. C'est ce que semble vouloir dire ce film qui superpose aux images glaçantes d'un univers clos, superficiel et monstrueux, celles d'un Japon traditionnel et humain. Le jeune enfant, pur et dépaysé par un pays qu'il découvre tranche radicalement avec un Jean-Paul Rouve incarnant à lui seul l'image du gosse de riche dont beaucoup d'entre ceux qui rêvent d'être à la place aiment à l'imaginer. Un être froid, superficiel, narcissique, odieux et poudré. Le genre d'homme que le plus commun d'entre nous rêve de ne pas devenir en soit, quitte à rester dans le milieu social qui l'a vu naître. Francois Vincentelli campe quand à lui le rôle de ce jeune chauffeur de taxi basané qui rêve de célébrité et de richesse mais qui se trouve cantonné à de petits rôles, des à cotés que l'on soupçonne parfois n'être qu'affabulation. Une manière de sortir de l' anonymat, de l'obscurité qui l'enveloppe, la nuit, lorsqu'il fait le taximan.

Audrey Marnay est cette jeune fille paumée qui dénature le tableau d'une jeune bourgeoisie à l'existence totalement décalée de celle que l'on connaît. Elle est le chaînon entre la vie qu'elle mène aux cotés de son fiancé et Mimmo auquel elle va se raccrocher pour ne pas sombrer dans le bateau commandé par un John dont le père rêve de ne jamais l'avoir conçu. Un patriarche puissant et autoritaire campé par l'excellent Jean-Pierre Cassel qui pourtant fuit son fils comme la peste, quitte à devoir payer pour cela.

Casimir Liberski, le compositeur, accompagne les instants tragiques de l'histoire ainsi que ceux, beaucoup plus poétiques, d'un Japon resplendissant. Le reste de la bande-son est assuré par une compilation de titres techno. Une musique martiale, binaire et hypnotique à l'image de ce bunker aux arêtes tranchantes, à la façade rugueuse et aux couleurs tristes.

Stefan Liberski assure une mise en scène efficace pour ce petit film méconnu mais diablement excitant.

mardi 19 novembre 2013

Le Grand Restaurant de Jacques Besnard (1966)



Monsieur Septime est le propriétaire d'un somptueux restaurant parisien. Menant son personnel à la baguette, il y reçoit des clients de marques. Un soir, le président d'un état d'Amérique du Sud, Novalès, y pénètre, suivi de très près par Sophia, sa secrétaire, ainsi que par Enrique, chargé de la sécurité du président. Mais alors que le dessert qui a rendu Septime célèbre arrive et que ce dernier s'apprête à y mettre le feu comme le veut la coutume, le gâteau explose et le président Novalès disparaît. Un commissaire divisionnaire s'empare alors de l'affaire et met tout en œuvre pour retrouver le président.

Enrique, lui, débarque furieux dans un appartement où l'attendent quatre hommes. Celui qui est en charge de protéger le président Novalès est en réalité un bandit qui a prévu d'enlever celui-ci mais pas avant la fin de la semaine. Lorsqu'il apprend de la bouche de l'un de ses hommes que ses complices en lui ne sont en rien dans l'enlèvement du président Novalès, Enrique se demande alors qui a bien pu commettre avant lui ce qu'il projetait de faire quelques jours plus tard.

Septime devient très vite le jouet de Sophia d'un coté, et du commissaire divisionnaire de l'autre. S'ensuit alors une série de courses-poursuites entre le restaurateur, la jeune secrétaire, les supposés kidnappeurs et le commissaire divisionnaire. Tous veulent mettre la main sur le véritable responsable de l'enlèvement du président Novalès. Septime croit être l'objet du kidnappeur et pour sauver sa propre existence, il accepte tour à tour d'aider la police, la secrétaire, et même celui qu'il va identifier comme le véritable responsable et pour lequel il va accepter de transporter une très grosse somme d'argent avec lui...

Cinq ans avant de retrouver Bernard Blier et Louis de Funès dans l'incontournable Jo de Jean Girault, les deux hommes se donnèrent déjà la réplique dans ce Grand Restaurant aux dialogues et aux scènes cultes. Une œuvre qui démarre à la façon d'une comédie lorgnant du coté de L'Aile Ou La Cuisse pour se terminer en une course-poursuite digne de la trilogie des Fantômas.

Louis de Funès y est comme à son habitude irrésistible en restaurateur inflexible, acariâtre, dur avec ses employés mais pleutre devant l'imposante stature de son chef cuisinier. Ses méthodes pour encourager ces derniers à donner leur meilleur d'eux-mêmes sont surréalistes : entre ballets et répétitions éreintantes, il est le sujet de quolibets incessants de la part de ses employés qui rient de ses méthodes jugés inappropriées. De Funès en fit des tonnes et c'est pour cela qu'on l'apprécie tant. Un autre aurait paru outrancier quand lui parvient à faire passer ses grimaces, ses gesticulations et ses répliques avec une aisance naturelle. Jeter en pâture au beau milieu d'un vivier d'hommes représentant la loi et d'autres beaucoup moins recommandables, il nous fait rire à gorge déployée.

On retiendra des dialogues savoureux et des situations cocasses dont certaines sont restées dans les mémoires. S'il n'en fallait retenir qu'une seule, ce serait sans doute celle durant laquelle Septime détaille la recette du soufflet à la pomme de terre. Face au commissaire divisionnaire et à l'un de ses amis nommé Muller, Louis de Funès prend l'accent allemand et profite du décor pour fondre son visage dans l'ombre de celui-ci et arborer la moustache et la mèche d'Adolf Hitler, renforçant par la même son accent jusqu'à en devenir saisissant de réalisme.

Le casting du film est bien senti, avec les présences entre autres de Pierre Tornade, Paul Prébois, Guy Grosso, Michel Modo, Maurice Rich et Maria-Rosa Rodriguez. Le Grand Restaurant demeure encore aujourd'hui comme l'une des plus belles réussites dans la carrière de Louis de Funès...

samedi 16 novembre 2013

Steadyzine Numéro3



Le Steadyzine nouveau est arrivé. Et vous le trouverez ici:

steadyzine
(cliquez sur l'image pour pouvoir lire le numéro 3 de Steadyzine)

Le blog de son sympathique auteur est quand à lui ici:

==> Steadyblog

Bonne lecture à tous...

Requiem Pour Un Massacre de Elem Klimov (1984) - ★★★★★★★★★★



Florya, jeune adolescent vivant avec sa mère et ses deux sœurs dans un petit village de Biélorussie, rêve de partir à la guerre comme le font tous ceux de son age. Alors que sa mère tente de le convaincre de rester avec sa famille, deux soldats viennent chercher le jeune garçon. Emmené au cœur d'une forêt où sont déjà regroupés plusieurs dizaines de résistants à l'invasion allemande, Florya va apprendre à vivre aux cotés de ceux qui vont désormais remplacer sa famille. Et notamment Kosach, le chef de la résistance ainsi que la très jeune et très jolie Glasha. Cette dernière d'ailleurs, alors que la compagnie se met en marche vers le front, abandonnant derrière elle Florya, va devenir la compagne d'infortune du jeune soldat.  

Seuls, les deux adolescents vont essuyer des bombardements qui finiront par les chasser de la forêt où ils se cachent, à l'abri de l'ennemi. Après être retournés dans le petit village où vivait la famille de Florya pour s'y cacher, lui et Glasha réalisent que plus une âme n'y vit. Glasha constate surtout, alors qu'elle et Florya fuient vers une ile sur laquelle ce dernier semble être certain de retrouver les siens, que le village tout entier a été mis à feu et à sang.   

Lorsqu'elle tente d'expliquer à son compagnon qu'il ne retrouvera jamais sa mère et ses deux sœurs vivantes, ce dernier parait devenir fou et jette la jeune femme dans le marais qui jouxte l'ile. Alors qu'il semble avoir de très mauvaises intentions envers elle, un homme vient à l'aide de Glasha. Un soldat qui va les escorter tous les deux jusqu'au groupe de résistants qui les a abandonnés plus tôt dans la forêt...  

" Requiem Pour Un Massacre " fait partie de ces films que l'on n'oublie pas. Pas seulement parce qu'il témoigne d'un passé historique abominable mais simplement parce qu'en tant qu’œuvre cinématographique, il est de ceux qui ont apporté une nouvelle pierre a cet immense édifice qu'est le septième art. Un film-monstre comme ont pu l'être certaines œuvres comme " Les Diables " de Ken Russel en son temps. Alors que la première demi-heure offre un déroulement somme toute assez classique, la suite démontre à quel point le son et l'image ne peuvent s'imposer l'un sans l'autre. Durant le reste du long métrage, le travail accomplit sur la bande son est absolument remarquable.   

Mélange d'extraits d’œuvres obscures, de cris d'enfants, de bombardements et de nappes angoissantes, le film mêle une certaine poésie morbide à la quête du jeune garçon dont l'aventure sera émaillée de visions cauchemardesques. Le passage dans la forêt, alors que des bombardements (superbement mis en scène) viennent d'être commis par un avion allemand, est à l'image de ce qui sera étalé à l'écran jusqu'au générique de fin. Derrière un sujet grave, au cœur de scènes particulièrement dures, la poésie qui se dégage de certains plans est remarquable. L'angoisse sourde plus de l'ambiance sonore que des scènes à proprement parler.  


Le "Massacre" du titre nous est montré sans la moindre précaution dans la dernière partie du film. Durant plus de quarante minutes, on assiste éberlués à l'extermination pure et simple d'un village biélorusse. Et tout cela, à travers le saisissant regard de Florya. Si tous les acteurs sont excellents, la palme revient malgré tout à l'acteur principal Alexei Kravtchenko qui campe justement le rôle de ce jeune garçon. C'est à un ballet sordide auquel on est conviés. On ne compte plus les humiliations et les meurtres auxquels on assiste. Ici pas de héros sur qui compter pour sauver les âmes en peine. Pas de salut pour ces centaines d'hommes et de femmes que les allemands considéraient comme faisant partie d'une race inférieure.  

Même si l'on est hermétique au genre. Même si le sujet finit par agacer ceux qui préféreraient que l'on ne revienne plus dessus. Même si la peur d'assister à des crimes abominables que l'on sait historiques rebute certains. Il est indispensable de prendre son courage à deux mains et de se lancer dans cette expérience ultime. Ne serait-ce que d'un point de vue cinématographique...

samedi 9 novembre 2013

Le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant de Peter Greenaway (1989) - ★★★★★★★★★★



 Attention! Cet article comporte un certain nombre de spoils.

« Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant » situe son action entre le fastueux décor d'une salle de réception aux atours flamboyants, les cuisines enfumées et bruyantes où se préparent les mets les plus raffinés, et les sanitaires immaculés où se joue la rencontre entre la femme du titre et son amant.  

La première tout d'abord. Qui nous donne à contempler les pitreries grotesques d'un tyran qui débauche pour l'occasion un parterre d'individus devant une épouse impuissante à réguler le flots incessant de vulgarités scandées de manière systématique par son restaurateur de mari. Un type qui cache malgré sa verve impressionnante, un personnage gras, ordurier, odieux et autoritaire que personne ne semble pouvoir, ni même vouloir, contredire. La pièce centrale dans laquelle évoluent les personnages est elle-même à l'image de ce pitre. Indécente, vulgaire, exubérante. Sous des tonnes d'artifices qui embourgeoisent les lieux, le monstre rendu fou par l'insidieux soupçon d'adultère de sa femme, renverse tout sur son passage. La toute première scène du film d'ailleurs nous montre combien le personnage peut s'avérer dangereux et l'on craint alors le pire lorsqu'il professe des menaces à l'encontre de celui qu'il découvrira dans les bras de sa femme. Un libraire qui se fera passer un temps pour gynécologue, provoquant ainsi les soupçons du « voleur » qui verra en lui un concurrent potentiel. 

La chasse commence alors entre le prédateur et ses proies (sa femme et l'amant de celle-ci). Promettant de trouver, de tuer et de manger celui qui a osé toucher son épouse, l'homme se lance à sa poursuite entre les cuisines et les toilettes qui furent le cœur d'un amour sincère entre les amants. Immaculées mais pas innocentes, aucun autre témoin que le spectateur n'assistera à leurs furtifs mais néanmoins dangereux ébats. Une pièce froide, impersonnelle, qui tranche rigoureusement avec l'écœurante salle de réception aux tapisseries moyenâgeuses. D'ailleurs si certains détails du film ne marquaient pas de leur empreinte l'époque à laquelle se joue le drame, on supposerait aisément que l'intrigue se situe quelques siècle en arrière. Les plus beaux plans offerts en mets sont sans conteste ceux des quelques scènes finement mises en scène par Peter Greenaway dans l'arrière salle des cuisines. On comprend que le cinéaste alors, avant d'être cinéaste, était peintre. Un art qu'il a su transposer au travers d'images d'une stupéfiante beauté. Les couleurs et le placement des personnages en font des peintures vivantes d'une délicatesse et d'une rigueur artisanale inouïes. Il n'y a guère que le décor des toilettes pour refroidir les rétines chauffées à blanc par tant de beauté.  

« Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant » n'est peut-être pas qu'un prétexte à montrer une succession d'images sorties de l'esprit fertile d'un cinéaste talentueux mais aussi et surtout le talent d'une brochette d'acteurs impliqués dans une histoire de vengeance. Et même de deux puisqu'après que l'amant ait subit celle d'un mari trompé qui a opté pour une solution radicale en l'éliminant, ce dernier sera lui-même victime de celle de sa femme qui exprimera auprès du cuisinier, devenu pour l'occasion son confident, celle voir son mari tenir sa promesse de manger l'homme qu'il a fait tuer. En « libérant » sa femme de son amant, le restaurateur va inconsciemment la délivrer du joug dont elle est victime auprès de ce dernier. On la voit au terme d'une intrigue passionnante devenir enfin maitresse de ses actes et de ses pensées lorsque d'une voix froide et reposée elle ordonne à son mari, menacé d'une arme à feu, de manger le pénis de son amant préalablement préparé par le cuisinier et toute son équipe. 

dimanche 3 novembre 2013

Eyjafjallajökull de Alexandre Coffre (2013)



Valérie et Alain marient bientôt leur fille Cécile. La cérémonie devant avoir lieu dans un petit village de Grèce, il prennent tous les deux l'avion sans se douter qu'il sont à bord du même vol. Valérie et Alain sont divorcés et depuis qu'ils vivent séparés, ils se détestent. Alors, lorsqu'ils tombent nez à nez, les hostilités commencent. Plaisanteries douteuses et insultes fusent jusqu'au moment où ils apprennent que leur avion va devoir se poser en Allemagne à cause de l'éruption volcanique du Eyjafjallajökull en Islande. Alain accepte de payer un caution de plusieurs milliers d'euros contre l'acquisition d'une voiture de luxe habituellement réservée aux VIP. Malheureusement pour lui, il ne peut éviter la présence de Valérie à bord, laquelle va devoir composer avec son ex-mari.

Le voyage vers la Grèce va s'avérer plus difficile encore que prévu. Le voyage d'Alain et Valérie va être émaillé de rencontres étonnantes et d'événements particulièrement cocasses...

Pour son second long-métrage après Une Pure Affaire en 2011, Alexandre Coffre réunit Valérie Bonneton (Des Gens Qui S'embrassent) et Dany Boon (La Maison Du Bonheur). On les avait déjà vus ensembles dans l'excellente série télévisée Les Zacros de la télé, une émission mettant en lumière un couple de beaufs stéréotypés au possible. Eyjafjallajökull décrit le mépris d'un couple divorcé forcé à se subir pour le bien de l'unique trésor qu'ils ont en commun : leur fille. Un voyage qui démarre plutôt mollement et des dialogues qui exercent sur l'esprit des téléspectateurs un curieux sentiment. La première demi-heure est en effet décevante et ne fait qu'accumuler les scènes d'engueulades entre les deux principaux interprètes. Le film démarre véritablement après cette série d'exhibitions pour introduire ensuite ses personnages au cœur d'une œuvre qui se dirige parfois sur des sentiers inattendus. L'un des personnages emblématiques de ce film restera Ezechiel (Denis Ménochet) qui indéniablement marque de sa présence une bonne partie de Eyjafjallajökull. Ce mystique illuminé, ancien taulard explose le carcan de la comédie classique pour l'élever au rang de comédie déjantée.

Valérie Bonneton et Dany Boon forment un couple fictif que l'on aime ou que l'on déteste selon qu'on accorde à l'un des deux le mérite de supporter les réflexions permanentes du second. On s'attend évidemment à un fin heureuse, déjà gravée dans nos esprits puisque formatée. Une happy-end qui ne vient bien sûr jamais entacher le contenu de ce très sympathique Eyjafjallajökull...

samedi 2 novembre 2013

Session 9 de Brad Anderson (2001)



Bill Griggs confie à cinq hommes la rénovation d'un ancien asile d'aliénés désaffecté. Il leur assure que s'ils parviennent à terminer les travaux en l'espace d'une semaine ils toucheront chacun une prime s'élevant à 10 000 dollars. La bâtisse est immense et les travaux semblent insurmontables. Phil, Mike, Hank, Gordon ainsi que son neveu Jeff vont donc tout mettre en œuvre pour que les travaux soient finis avant la fin de la semaine. Chacun va pourtant mettre son grain de sel pour ralentir la rénovation, et cela, de manière fort inconsciente. Il y a d'abord Hank qui malgré son age se comporte encore comme un adolescent. Joueur invétéré il n'aspire qu'à gagner. Il sort avec l'ex-femme de Phil qu'il avoue ne fréquenter que pour le sexe. Phil vit assez mal cette situation et le duel permanent que se livrent les deux hommes ralentit l'avancée des travaux. Mike quand à lui aurait pu être un excellent avocat mais a abandonné ses études beaucoup trop rapidement. Alors qu'il descend dans les sous-sols de l'établissement afin de résoudre un problème de fusibles, il découvre dans une remise les pièces à convictions d'une vieille affaire qui toucha l'établissement et qui provoqua sa fermeture définitive. Gordon est le plus âgé des cinq hommes. Il a eu beaucoup plus de mal au départ à imposer la présence de Hank auprès de Phil que celle de son neveu pourtant atteint de nyctophobie.  


Les travaux commencent et permettent à chacun de se familiariser avec les environs. Chambres d'isolement, sous-sols insalubres et mal éclairés, ancienne salle de réception inondée dont le sol est tapi d'amiante. Mike passe un temps fou a passer les vieilles bandes magnétiques trouvées dans la salle des archive située dans l'un des nombreux couloirs du sous-sol. Des pièces à conviction qui relatent les témoignages d'une jeune femme enfermée il y a longtemps dans cet hôpital et atteinte de troubles psychiatriques sévères. Hank quand à lui, alors qu'il asperge d'un produit tags et graffitis laissés par d'anciens squatters dans les niveaux les plus bas de l'asile, trouve une pièce d'argent remontant à l'année 1888. Puis une seconde datant elle de 1983, quelques mètres plus loin. Avant de se retrouver devant un mur troué duquel tombent d'autres pièces, bijoux, billets et divers trésors qu'il s'empresse d'amasser. Gordon lui, entend des voix. Une seule en fait. Celle d'un homme. A vrai dire, l'oncle de Jeff semble surmené. Il vit habituellement avec sa femme, leur enfant et leur chien mais depuis qu'il a frappé celle qui partage sa vie il dort dans un motel... 


Brad Anderson (" The Machinist ") sort " Session 9 " la même année que son " Happy Accidents". Même si les deux films abordent des sujets radicalement différents on retrouve la patte du cinéaste. Alors que l'un conte une histoire d'Amour originale et inédite, le second n'est pas le simple film de fantômes qu'il semble être au premier abord. Beaucoup plus profond que la majorité des films sur le sujet, il permet surtout d'accentuer l'aspect humain des protagonistes. Entre l'homme dont le conflit intérieur rend fou et celui dont les événements étranges qui se produisent alentours permettent d'exécuter un plan sordide, le cheminement qui mène vers la porte de sortie est moins évident qu'il n'y parait. D'ailleurs, Anderson s'amuse à brouiller les pistes à mesure que l'intrigue avance. A l'image de " The Machinist ", il construit une histoire constellée de faux-semblants qui brouillent les pistes. Quel rapport entre le drame silencieux que vit Gordon et la voix qui le hante? Et ces images qui le traquent jusque dans ses rêves? La disparition de Hank semble arranger Phil, oui, mais jusqu'à quel point. A qui appartient cette silhouette rencontrée dans les sous-sols par Hank et qui semble responsable de sa disparition? Qui sont véritablement ces deux hommes que Gordon a vu au travers d'une fenêtre parler avec son ami Phil?
 
Brad Anderson joue avec nos peurs primaires. Celle de l'inconnu, de l'obscurité et de la solitude. Au départ, chacun peut s'identifier au personnage de son choix avant de l'identifier lui-même comme un ennemi potentiel. Les décors eux-mêmes participent à l'angoisse qui sourde et qui se fait de plus en plus présente et pesante. L'angoisse culmine lorsque Hank se sent poursuivit dans les coursives du sous-sol ou bien lorsque Jeff est acculé lui-même dans l'un de ces longs couloirs alors que les ampoules s'éteignent les unes après les autres. Claustrophobie et Nyctophobie latentes sont au rendez-vous. Les acteurs assurent leur part de marché ( David Caruso et Peter Mullan en tête de cortège ), la partition musicale plante le décor et l'environnement dans lequel se déroule l'action est le lieu idéal pour que nos peurs se développent de manière idéale. 
 
Un bon petit film de fantômes qui sort des sentiers battus...
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