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dimanche 28 juillet 2013

L'apocalypse selon St George (2.1): Document Of The Dead: première partie: Pré-Production & Production (1985)




Avant d'aborder la seconde trilogie de George Romero consacrée aux Morts-vivants, petit retour sur Document Of The Dead, excellent documentaire retraçant le parcours du tournage de Dawn Of The Dead avec images et témoignages à l'appui. Aujourd'hui, première partie consacrée à la Pré-production ainsi qu'à la production.

Document Of The Dead s'ouvre sur une scène dans laquelle Groucho Marx déclare : "C'est comme la vie à Pittsburgh, si on peut appeler ça une vie". C'est ainsi donc que démarre ce très instructif documentaire essentiellement porté sur les deux premiers volets de la première trilogie des morts-vivants de George Romero. Le cinéaste nous explique que tourner dans la petite ville de Pittsburgh est différent que partout ailleurs. C'est peut-être ainsi pour la liberté qu'elle lui offre que George s'y sent si bien. Elle lui permet de faire ce qu'il veut sans être influencé par tout ce qui touche à la mode. Un esprit d'indépendance qu'il s'efforcera d'ailleurs de conserver tout au long de sa carrière. 

A l'origine de ce Document Of The Dead, des étudiants de la School Of Visual Arts. Réalisé par Roy Frumkes, ce documentaire aborde les étapes essentielles qui vont de la pré-production à la distribution en passant par la post-production. On y fait la connaissance des plus importants élément humains du projet. A commencer par George Romero lui-même. Puis le producteur Richard Rubinstein. Le chef-opérateur Michael Gornick, Carl Augenstein, le chef-électro, Tom Savini, le célèbre spécialiste des effets-spéciaux (qui dans Zombie porte également les costumes d'acteur et de cascadeur). Et enfin les principaux interprètes de Dawn Of The Dead, Ken Foree, Scott Reiniger et David Emge.

Pré-production:

La pré-production concerne avant tout l'écriture, le financement ainsi que l'organisation du tournage. C'est ainsi l'occasion pour nous de découvrir le style de Romero, et ce, à travers les premières plans de Martin, l’œuvre qu'il a mise en scène juste avant Zombie. Une approche qui privilégie l'image à la parole. Ce sont les détails et l'action qui définissent le rôle des personnages et notamment celui de Martin. C'est durant la phase d'écriture que naît le montage. Il y apparaît dans ses grandes largeurs. On notera d'ailleurs que pendant le tournage, le cinéaste ne change rien au script. Le plus flagrant étant le portrait du héros de La Nuit Des Morts-Vivants dont le script ne donne aucun renseignement sur la couleur ou les origines. Ce qui remet en cause certaines idées qui peuvent naître de certaines actions durant le film. Quand à l'ironique conclusion, elle arbore un visage bien différent lorsque l'on apprend que l'acteur principal du film a été choisi non pour sa couleur mais pour son talent. Dès les débuts de Martin, Romero joue avec le temps, définissant ainsi une dimension supplémentaire très facile à déchiffrer (l'image passe de la couleur au noir et blanc) et qu'il ne fera qu'accentuer durant l'intrigue. Le premier montage de Martin durait presque 2h45. Celui de Dawn Of The Dead original fut lui aussi très long, ce qui explique sans doute les différentes versions disponibles selon les régions. Mais ce qui apparaît si long n'est en fait que l'accumulation de descriptions concernant les nombreuses scènes d'action du film et dans lesquelles Romero s'est perdu.

Romero serait-il influencé par Hitchcock ? Le cinéaste se revendique avant tout de Welles et Hawks. Il reconnaît avant tout que le propre du cinéaste est de s'inspirer de ce qu'il a vu, de ce qu'il aimé. Afin d'appuyer ses propos, quelques images de La Nuit Des Morts-Vivants montrent une technique qu'employait déjà le célèbre cinéaste anglais. La Nuit... fut même comparée au cinéma muet. On découvre la source d'inspiration de Romero. En tout cas, le film qui lui a fait aimer ce cinéma d'épouvante auquel il donne vie : La Chose D'Un Autre Monde. On peut d'ailleurs noter des similitudes entre ce dernier et le Zombie de Romero. Le confinement des personnages qui pourtant, sont loin d'être en sécurité. Le danger est partout et même, à une échelle plus ou moins importante, il ne permet jamais aux héros de souffler ne serait-ce qu'un instant.

Si Richard Rubinstein finance le projet, George Romero conserve cependant un contrôle total en ce qui concerne la créativité. Il a écrit le scénario, réalisé le film, puis l'a monté. Mais Rbinstein n'a pas seul financé le projet. Il a fallut également compter sur le soutien du groupe Dario Argento en Italie. Un financement important qui, de l'aveu de George Romero est un avantage et non une contrainte. 

  
Production :

L'équipe tourne maintenant depuis huit semaines dans un immense centre commercial. Si le résultat à l'écran est trompeur, Romero a le droit de n'utiliser les vastes locaux que de 23h à 7h du matin. Aujourd'hui, l'équipe tourne la fameuse scène des tartes à la crème. Une scène totalement improvisée et tournée dans le calme et la bonne humeur. Deux traits de caractère qui définissent assez bien le personnage de George Romero qui préfère tourner dans des conditions idéales plutôt que d'imposer des pressions à ses acteurs ainsi qu'à son équipe de tournage. Le cinéaste aime également se sentir en confiance, ce qui est le cas sur le tournage de Dawn Of The Dead. Plutôt que d'agir comme un véritable dictateur, il préfère écouter les suggestions de ses collaborateurs, quitte à effectuer quelques modifications.

Les fêtes de fin d'année arrivent. Ce qui pose un problème car bien sûr, le magasin va bientôt connaître des changements au niveau de la décoration. C'est ainsi que le tournage est interrompu afin d'éviter de perdre du temps. George Romero en profite pour monter ce qui a pour l'instant été tourné.

Comparativement, Dawn Of The Dead. Possède beaucoup plus d'effets-spéciaux que tous les autres films de Romero. Une charge de travail que l'on doit au grand spécialiste qu'est Tom Savini qui selon les besoins pouvait avoir de cinq à deux-cent maquillages à réaliser. Le maquilleur explique la technique employée pour créer un zombie. On en apprend également davantage sur la technique employée pour les impacts de balles et les explosions. Tom Savini interprète dans le film le rôle d'un biker. Cette nuit, c'est sa disparition qui est filmée. Une scène durant laquelle il doit effectuer une cascade l'obligeant à sauter par dessus une rambarde située au premier étage du centre commercial. La scène nous est montrée alors sous deux angles différents : Le tournage ainsi que la scène telle qu'elle est visible le film une fois terminé.

Malgré l'impression de désordre qui transpire parfois de certains plans, on constate que Romero connaît par cœur le story-board. Les plans, lorsqu'ils ne sont pas purement improvisés ne sont pas le fruit du hasard mais les conséquences d'une véritable réflexion de la part du cinéaste. La meilleure preuve est d'ailleurs visible dans le court extrait de Martin qui démontre le fruit d'un travail sur le story-board et le montage tout à fait stupéfiant.

Malgré le script du départ, il a fallut se rendre à l'évidence. Tourner dans un aussi vaste décor oblige à faire quelques concessions. Il a fallut intégrer l''équipe à la vie du centre commercial. Les propriétaires des lieux étant sensibles au cinéma, ils ont accepté de le prêter généreusement. Payer pour pouvoir y tourner son film aurait été impossible pour George Romero. L'éclairage lui-même pose un problème. L'immensité des locaux oblige le chef-électro à revoir sa copie. Il doit en effet être capable de répondre à chaque impératif comme celui de couvrir cent mètres à l'aide d'un projecteur. Le résultat sur l'écran est pourtant bluffant.

Lors de la fameuse scène des camions de Dawn Of The Dead. Romero isole les trois acteurs y intervenant afin de manipuler les images. Mêlant différentes techniques, il y accentue le suspens, le rythme et la tension. Retour sur La Nuit Des Morts-Vivants et l'un des plus extraordinaire plan de l’œuvre. Un zombie y est filmé en gros plan avant de reculer et de reveler la présence d'une armée de congénères. Le danger qui n'était jusque là qu’imminent est désormais bien présent. En se servant de l'espace, Romero accentue le danger. Maîtrisant un sujet qu'il n'a jamais vraiment étudié, le cinéaste fait preuve d'un instinct remarquable.

jeudi 25 juillet 2013

Persona de Ingmar Bergman (1966)



Partant de l'indécrottable principe qu'il ne fallait surtout pas visionner la moindre bobine de cet illustre cinéaste qu'est Ingmar Bergman à cause de sa subjective réputation de cinéaste amorphe, il aura fallut plus de trente ans pour qu'échouent (enfin) trois de ses œuvres dans ce salon. Peut-être pas les plus connues (pas de Septième Sceau donc, ni de Fraises Sauvages et encore moins de Fanny Et Alexandre), mais certainement parmi les plus marquantes. Du moins, celles qui donnent envie de se pencher sur ce réalisateur suédois mort en 2007 à l'âge de 89 ans.

Le premier de ces trois films, c'est Persona. Un drame qui s'ouvre sur une série d'images épileptiques. Des visions cauchemardesques. Entre mort et passion maternelle. Des visions fiévreuses qui précèdent les bien curieux rapports que vont échanger une actrice et son infirmière. La première, Elisabeth Vogler (Liv Ulmann) est prostrée dans le silence depuis sa dernière représentation théâtrale trois mois plus tôt. Confiée aux bons soins de la seconde, une certaine Alma qui elle, bien au contraire, n'arrête pas de parler au point de confier à celle dont elle à la responsabilité, des propos intimes qu'elle pensait l'actrice en mesure de garder pour elle. Une relation toute particulière se créée donc autour des deux jeunes femmes. Elisabeth écoute avec soin et note au fond de son esprit tout ce que lui confie Alma. Cette dernière va jusqu'à lui raconter une ancienne et troublante histoire qu'elle a vécue en compagnie d'une amie à elle. La rencontre de deux inconnus avec lesquels elles ont fait l'amour.

Alma raconte qu'elle est tombée enceinte et qu'avec l'aide de son compagnon, elle a avorté. Plus Alma se confie, et plus le silence dans lequel s'est enfermé Elisabeth devient pesant. L'infirmière s'enfonce peu à peu dans un état proche de la dépression. Et ce ne sont pas ses suppliques qui parviendront à sortir Elisabeth de son mutisme...

Persona est une œuvre forte, alambiquée et cauchemardesque. Interprétée essentiellement par deux actrices de talent, elle confronte deux esprits radicalement différents. D'un côté une actrice célèbre qui ne supporte plus l'image qu'elle renvoie, la seule que connaissent d'elle ses admirateurs : les personnages qu'elle interprète au cinéma et au théâtre. On découvrira plus tard qu'un événement beaucoup plus anodin aura eut des répercussions sur son état mental. Entre le désir d'être mère, celui d'aimer l'enfant auquel elle a donné naissance et le dégoût que ce dernier lui inspire, Elisabeth finit par sortir de son rôle d'actrice mais n'arrive pas à assumer celui de mère.

D'où ce silence duquel émerge cet étrange personnage représenté par Alma mais qui, au contact de Elisabeth va se révéler un maillon important de l'évolution mentale de l'actrice. L’île sur laquelle se déroule l'intrigue révèle des limites propres aux rêves dont les contours sont rarement clairement définit. Quelques ingénieux plans et jeux de lumière révèlent la vérité sur la dualité entre les deux jeunes femmes. On comprendra les excès de l'une et le mutisme de la seconde. Deux états ne révélant qu'une seule et même enveloppe. Persona s'exprime sur des sujets aussi divers que l'amour, la mort, l'amitié ou bien encore la trahison.

La folie elle-même semble être au centre de ce tableau même si la justesse de l'interprétation la fait mettre au second plan pour mettre en avant la relation forte entre l'actrice et son personnage. Mais de folie, il est bien question ici. Elle est sous-jacente mais transpire en réalité à chaque plan, l'une des dernières scènes nous la renvoyant en pleine face de manière saisissante. On appréciera surtout la façon dont Bergman filme ses actrices. Hors-champ ou bien en gros plans, c'est bien grâce à cette prouesse qu'au fil de l'intrigue on distingue la vérité du mensonge et que se dénoue cette histoire de prime abord alambiquée. Persona est un film absolument fantastique. A tous points de vue.

C'est donc ainsi que s'ouvre une passion pour ce cinéaste, et que l'envie de se plonger dans son œuvre se fait plus pressente...

vendredi 19 juillet 2013

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Ed Gein "Deranged" de Jeff Gillen et Alan Ormsby (1974)

Ezra Cobb a toujours vécu en compagnie de sa mère Amanda dans leur vieille ferme familiale depuis la mort de son père, quinze ans plus tôt. Un jour, Amanda est victime d'une attaque d'apoplexie et se retrouve clouée dans son lit, paralysée des deux membres inférieurs. Durant les douze années qui vont suivre, Ezra va s'occuper d'elle jours et nuits, dormant derrière sa porte, la nourrissant, la lavant, lui faisant la lecture et la réconfortant.
Les voisins des Cobb voient en Ezra un fils dévoué, sans même imaginer que derrière les apparences se cache un mal profond qui va véritablement éclore lorsqu'Amanda va décéder. Car l'emprise de cette dernière est telle qu'Ezra ne peut concevoir la vie sans la présence à ses cotés de sa chère maman.

Un an après le décès d'Amanda, Ezra n'a toujours pas accepté sa mort. Il a transformé sa chambre en mausolée, rêve sans cesse d'elle et lui écrit des lettres. Ses voisins le considèrent désormais comme un homme un peu fou mais profondément honnête. Il a laissé tomber son boulot à la ferme et travaille comme homme à tout faire auprès de ses voisins. Ceux-ci ne l'ont pas encore remarqué mais Ezra a totalement perdu la raison. A tel point qu'il parle seul, dialoguant avec sa mère. Celle-ci lui demande de la ramener à la maison. Alors, le soir même Ezra quitte la ferme et se rend au cimetière où est enterrée Amanda. Armé d'une pelle et convaincu que sa mère sera telle qu'elle était de son vivant, il déterre son cadavre et l'emporte chez lui, l'installe dans sa chambre et dépose sa bible sur le torse momifié d'Amanda. Celle-ci étant en très mauvais état, Ezra imagine alors une façon de lui redonner un peu de sa superbe. Il consulte des ouvrages jusqu'au jour où l'idée d'utiliser de la chair humaine lui vient à l'esprit, inspirée lors d'un repas chez ses voisins...

Le nom d'Edward Théodore Gein n'est sans doute pas aussi célèbre que ceux de Charles Manson, Henry Lee Lucas ou Jack l'éventreur, mais pourtant, il servit d'inspiration à de grandes oeuvres cinématographiques depuis, entrées dans la légende. Alfred Hitchcock s'en inspira pour son personnage de Nathan Bates dans Psychose. Tobe Hooper, le papa de Massacre à La Tronçonneuse fit de sa famille de chômeurs anthropophages les enfants illégitimes de ce tueur en série particulièrement croustillant. Si bon nombre de films se sont partiellement inspirés des méfaits de cet homme originaire de Plainfield dans le Wisconsin, c'est certainement l'œuvre signée Jeff Gillen et Alan Ormsby qui respecte au plus près l'histoire de Ed Gein, surnommé alors Le Boucher De Plainfield
Alors que son père est alcoolique, c'est sa bigote de mère qui va façonner la personnalité d'Eddy. Lui interdisant tout contact avec le monde extérieur, elle va lui inculquer la haine des femme et du sexe. Loin de vouoir fuir cet univers étouffant, Gein va au contraire vouer une véritable fascination pour sa mère. C'est sans doute pour cela qu'après la mort de cette dernière, le fiston, un brin dérangé, s'est mis en tête de déterrer du cimetière voisin, toutes les femmes ressemblant de près ou de loin à sa mère. On suppose que le nombre de cadavres découverts dans la ferme familiale se montait à une trentaine. Ed Gein tua également deux femmes qui, selon lui, étaient les portraits crachés de sa maman. La particularité de ce tueur fou était de fabriquer à l'aide de bouts de cadavres, des vêtements, des abats-jour, des gants, etc... Il fut arrêté fin 1957 et mourut en prison en 1984, l'année de ses soixante dix-huit ans.

Deranged transpire le malaise. Pas seulement celui de son personnage principal mais aussi celui de son cadre. Laissé à l'abandon après le décès de sa mère, il perd la tête et transforme la ferme en lieu de culte dans lequel les cadavres s'y entassent. Du sujet original, les cinéastes ont conservé une grande partie, transformant les identités et le nombre des victimes. Si Gein a tué à deux reprises, Cobb fait une victime supplémentaire. Quand aux décors, il respectent assez bien l'état dans lequel fut retrouvée la ferme du tueur en série. Un chaos indescriptible, représentation visuelle de ce que pouvait être l'état psychique de son propriétaire. Finalement moins exubérants que ceux de Massacre à La Tronçonneuse mais tout aussi dérangeants. Deranged a certes vieilli, mais il reste néanmoins la plus fidèle adaptation d'une histoire incroyable survenue dans les années 40-50 aux États-Unis.

samedi 13 juillet 2013

Le Tour de France: Les Triplettes De Belleville de Sylvain Chomet (2002)



En pleine campagne française, Madame Souza, vieille femme d'origine portugaise élève seule son petit-fils, Champion, depuis la disparition de ses parents. L'enfant s'ennuie terriblement dans ce paysage morne. Il n'a pas d'amis et n'a rien à faire d'autre que suivre les émissions de télévision que regarde sa grand-mère. Un soir, ils assistent tous les deux à la retransmission d'un spectacle donné par les Triplettes de Belleville. A la suite du programme, un pianiste joue un air qui semble attirer l'attention de Champion. Madame Souza s'empresse donc d'aller dépoussiérer son piano et de jouer pour son petit-fils mais Champion fuit devant l'ampleur des dégâts. Sa grand-mère lui offre alors un chien qu'il prénomme Bruno. Mais rien n'y fait, le garçon s'ennuie toujours autant. Elle lui fait cadeau d'un train électrique. Il y joue un temps, puis finit par s'en lasser.

C'est en faisant le ménage dans la chambre de Champion que sa grand-mère tombe sur un cahier rempli de photos de cyclistes découpées dans les journaux. Alors qu'il rentre de l'école, l'enfant trouve une bicyclette toute neuve qu'il se dépêche d'enfourcher...

L'automne passe. L'hiver lui aussi. Puis ce sont les années qui défilent. La campagne environnante a laissé la place à une ville aux maisons serrées les unes contre les autres. Pire ! Juste devant la chambre de Champion a "poussé" un pont sur lequel de très nombreux trains passent.

Aujourd'hui, Champion est un jeune homme très mince hormis ses cuisses et ses mollets, particulièrement musclés. Il s’entraîne avec sa grand-mère pour le Tour de France. Bruno fait d'étranges rêves et est devenu une énorme boule de poils qui passe son temps à gueuler contre les trains qui passent devant la maison. Madame Souza prend soin de son champion. Entraînement, massage, tout y passe. Lorsque la première étape du Tour de France démarre, tout se déroule relativement bien pour le jeune homme. Sauf qu'un type louche entièrement vêtu de noir jette des clous sur la route juste après que le dernier concurrent soit passé. Derrière, l'un des pneus de la voiture-balais dirigée par Madame Souza crève, Champion échappant alors à la vue de sa grand-mère...

Mis en images par le cinéaste Sylvain Chomet, Les Triplettes De Belleville est un film d'animation au style graphique bien particulier. Démarrant sous l'aspect d'une vieille bobine, le spectacle des Triplettes est honoré par les présences animées de Joséphine Baker, Fred Astaire et Charles Trenet. Du noir et blanc, des lignes verticales et de la poussière dues à l'usure, et surtout une bande-son rétro qui colle parfaitement au contenu. Puis la couleur arrive, toujours dans un style qui diffère de ce que l'on a désormais l'habitude de voir au cinéma. La physionomie des personnages et des décors tranche avec cette fameuse Belleville du titre dont on ne découvre rien avant la tragédie qui va toucher Champion et sa grand-mère. Une cité gargantuesque où sont érigés des buildings monstrueux.

Le royaume de la malbouffe gardée par une copie de la Statue de la Liberté obèse. Sylvain Chomet rend également hommage à l'une de nos plus célèbres accordéoniste : Yvette Horner (ici caricaturée et renommée en Roberte Rivette). Quelques références à Jacques Tati sont à noter (Un extrait du film Jour de France est diffusé sur le petit poste de télévision des Triplettes, et la girouette placée au sommet de la maison de Madame Souza rappelle fortement le facteur du même film).

Les Triplettes De Belleville possède un nombre de qualités indéniables, ce que n'ont pas oublié de préciser certains festival en lui accordant plusieurs prix (l’Étoile d'Or du film 2004 remise par l’Académie de la presse du cinéma français, le Prix Génie 2005 décerné par l'académie canadienne du cinéma et de la télévision et le César de la meilleure musique écrite pour un film en 2004 ), ou en le nominant plusieurs fois ( aux Césars dans les rubriques meilleur film, meilleur premier film ainsi qu'aux Oscars dans les sections Meilleure chanson originale, meilleur film d'animation). Le graphisme (mêlant animation et images réelles), la musique, et surtout l'histoire attachante de ce "couple" attachant et de ces trois stars du music-hall vieillissantes finissent de convaincre sur la réelle valeur de ces Triplettes De Belleville...

lundi 8 juillet 2013

Le Tour de France: Les Cracks de Alex Joffé (1967)



En 1901, toute la ville de Paris se passionne pour la course cycliste du siècle, Paris-San Remo. L'équipe "La Gauloise" utilise cette année le tout dernière modèle de vélo de course. D'un poids de 33 kilos, il s'agit d'une bicyclette entièrement équipée sur laquelle Flavien Serrurier, de "La Gauloise", compte pour remporter la course. Organisée par "Le Cycle", "La Voce Portiva d'Italia" et le concours des grandes villes d'eaux, le Paris-San Remo compte 1300 kilomètres d'une seule traite, avec arrêts à volonté, contrôles fixes et primes. Le champion italien Orlando Orlandi compte bien lui aussi mettre la main sur le titre.

Dans le plus grand secret, Jules Auguste Duroc, petit artisan français et inventeur de génie met la dernière main sur une invention révolutionnaire : un tout nouveau modèle de bicyclette ! Pendant qu'il travaille sur son invention, sa femme Delphine endosse les responsabilités familiales et s'occupe à elle seule de la demeure. Jules englouti l'intégralité des biens de la famille. Il se fait prêter de l'argent par le mont de piété auquel il "confie" ses biens mais est incapable ensuite de rembourser l'argent qui lui a été prêté. Chaises, fusil de chasse, horloge, tableaux, miroirs et même cage à oiseau disparaissent ainsi du décor familial.

La famille Duroc compte sur l'oncle Lucien, champion de cyclisme. Mais alors que la bicyclette de Jules est enfin terminée, voilà que l'on sonne à la porte. Maître Charles Mulot, huissier de justice vient prendre possession des quelques biens qu'il reste aux Duroc, dont, la fameuse bicyclette. Refusant de laisser qui que ce soit de mettre la main sur son invetion, Jules file par la fenêtre et prend la fuite. Il se retrouve malgré lui au beau milieu des coureurs participant à la course Paris-San Remo. C'est ainsi qu'il demande à se faire engager afin d'échapper à Charles Mulot qui va, alors, n'avoir de cesse de le rattraper, aidé par Delphine, à bord d'un triporteur...

Tourné en 1967 par Alex Joffé dans une région qu'il connaît bien puisqu'il y possède une maison de campagne, Les Cracks est une savoureuse comédie, légère et rafraîchissante. Bourvil, Robert Hirsch et Monique Tarbès s'en donnent à cœur joie dans cette course folle de Paris à San Remo (course cycliste imaginaire). Comme dans toute bonne épreuve à vélo diffusées dans les médias (et notamment la télévision), on prend un plaisir immense à regarder défiler les paysages. Un décor qui, n'en doutons pas, demeure aujourd'hui le témoignage d'une époque révolue où ne semblaient avoir d'important que les vraies valeurs humaines. Le courage, le respect de la nature, mais aussi, la fourberie et la tricherie. A l'époque, on ne parle pas encore de dopage. Mais pour tromper l'adversaire on sème sur son passage des clous afin que crèvent les pneus de son vélo. On mélange au stand de ravitaillement de fortes doses de somnifère aux cuves de citronnades. Et parce qu'il est peut-être inavouable de mettre ces agissements sur le dos des managers sportifs, on colle la responsabilité de ces actes sur le dos de Charles Mulot. Un huissier qu'endosse l'excellent Robert Hirsch qui campe un personnage rarement antipathique, et au jeu mêlant malicieusement ceux de Tony Curtis (pour la troublante ressemblance physique) et de Charlie Chaplin (pour les pitreries et cette manière toute particulière qu'il a de marcher ou de gesticuler).

Plus encore que Bourvil, qui interprète le rôle de Duroc, c'est bien Robert Hirsch qui fait le show. Lui et Monique Tarbès, actrice, comédienne mais aussi, et cela on a tendance à l'oublier, l'un des principaux personnages de la cultissime émission 1, Rue Sésame, diffusée entre 1978 et 1982. Si le scénario est des plus classique (une course-poursuite entre deux hommes en pleine épreuve sportive), on s'amuse et on rit même beaucoup. D'abord devant les singeries de Robert Hirsch, ensuite devant certaines grandes idées. Comme par exemple la scène entre Bourvil et les deux gendarmes à la frontière entre deux régions de France, "l'apocalyptique " scène durant laquelle la presque totalité du peloton s'endort en chemin, ou encore la scène du train sur le toit duquel Robert Hirsch s'en donne à cœur joie, suivi de près par le triporteur conduit par Monique Tarbès.

Les Cracks est donc une excellente comédie qui a su conserver tout son charme malgré les années. A voir et à revoir encore...

mercredi 3 juillet 2013

World War Z de Marc Forster (2013)



Gerry Lane, son épouse Karen et leurs deux filles Rachel et Constance sont coincés dans les embouteillages lorsque retentit une explosion. S'ensuit une course folle de centaines de piétons fuyant dans le sens opposé à la circulation. Alors qu'un motard a fait exploser le rétroviseur droit de sa voiture et que Gerry cherche à comprendre la raison pour laquelle le policier ne s'est pas arrêté, un second lui demande de remonter dans sa voiture lorsqu'un camion-benne l'écrase en filant à toute allure sur la route noyée de véhicules et de passants terrifiés. De retour à bord de sa voiture, Gerry profite du passage ainsi libéré par le camion devenu fou pour s'engouffrer et quitter les lieux avec sa famille. Mais alors qu'il prend un virage, il est percuté par un véhicule et sa voiture tombe en panne. C'est alors qu'une vague d'individus agressifs déferle sur la ville et s'attaque à quiconque se trouve sur sa route. Saisissant la chande qui leur est offerte, Karen, Gerry et les filles plongent dans un camping-car abandonné en pleine rue et prennent la fuite.

Malgré l'incompréhension générale, Gerry a bien vu un homme se faire tuer sous ses yeux avant de se relever et de rejoindre les rangs de ceux qui, très bientôt, seront définis comme zombies. Après être allés chercher de la nourriture et des médicaments pour leur fille asthmatique, la petite famille se réfugie dans un immeuble et est invité à s'abriter dans l'appartement d'un couple d'étrangers. Thierry, un ancien collborateur de Gerry, apprend à son ami qu'il viendra dès le lendemain matin le chercher lui, ainsi que le reste de sa famille sur le toit de l'immeuble. Ce dernier est assiégé par une horde de créatures humaines assoiffées.

Le lendemain, et alors que Gerry, Karen et les filles sont acheminées en hélicoptère vers un porte-avion sécurisé au milieu de dizaines d'autres familles. Le père retrouve son ancien camarade qui lui signifie son désir de le voir collaborer à une mission visant à sauver ce qu'il reste encore d'humanité. D'abord réfractaire, Gerry finit par accepter lorsque Thierry lui apprend qu'en cas de refus, il se verra dans l'obligation de faire partir son ami et sa famille dans un camp, sur la terre ferme...

Financé et interprété par l'acteur Brad Pitt, World War Z est l'adaptation cinématographique du roman écrit par Max Brooks. Le film sort en retard en raison d'une fin peu convaincante et l'obligation d'en écrire une nouvelle. Anticipation, horreur, guerre et survival se mêlent ici pour un résultat mitigé. Il y a dans l’œuvre de Marc Forster autant de bonnes idées que de choses dont les spectateurs se seraient bien passés. L'entrée en la matière pompe allègrement sur quelques films catastrophes dont on préférera ici oublier les noms pour ne pas faire d'amalgames et de comparaison. Tout juste pourra-t-on noter la troublante ressemblance entre cette fameuse ouverture et le passage terriblement suffocant du chef-d’œuvre de Philip Kaufman, L'Invasion des profanateurs, dans lequel une vision bien plus angoissante d'une invasion nous était proposée. 

Ici on baigne en pleine grosse production avec ce que cela implique comme force visuelle et auditive. Le spectateur gourmand d'effets-spéciaux ne sera pas déçu alors que celui qui est purement fan de films de zombies pourra ressentir un malaise devant les rires provoqués par les rictus grotesques de certains d'entre eux (le zombie rasta grimaçant derrière une vitre du bâtiment de l'OMG). Visuellement, le film n'a rien à se reprocher. Il y a même quelques scènes que l'on n'est pas prêts d'oublier. Celle se déroulant en Israël est sublime et le point culminant du film. Voir Jérusalem du ciel et à bord d'un hélicoptère avant que cette même ville ne soit assiégée malgré la présence d'un mur immense est un moment fort et emprunt d'un symbolisme que beaucoup trouveront peut-être de mauvais goût.

Toujours est-il que World War Z offre son comptant de suspens, d'action et d'effets-spéciaux efficaces, mais manque cruellement de cet élement essentiel dans tout bon film de zombies (si l'on peut évidemment réduire le film à cela) : la peur. A aucun moment l'on ne ressent le moindre frisson. Tout juste certains sursauteront lors d'une apparition menée de manière tout à fait classique aujourd'hui au cinéma mais dont les effets semblent toujours avoir un effet parmi certains d'entre nous. World War Z est donc un bon divertissement que l'on n'aura peut-être malgré tout pas le désir de revoir une seconde fois. On notera la jolie partition musicale de Marco Beltrami...


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