Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

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dimanche 26 mai 2013

Cycle Fernandel: La Table Aux Crevés de Henri Verneuil (1951)



Dans le petit village de Cantagrel vivent deux clans. D'un côté, celui des républicains et de l'autre, celui des chrétiens. Le seul villageois à faire exception est Capucet, le garde-champêtre, qui passe le plus clair de son temps à boire et qui vote pour le vin qu'il a bu. Proche de Cantagrel, le petit port de Cessigney abrite une quinzaine de familles. Vivant de contrebande, elles restent fidèles à chacun de leurs membres. Quand un jour le conseiller municipal de Cantagrel, Urbain Coindet, retrouve sa femme Aurélie pendue dans la grange de leur propriété, tous les soupçons se tournent vers lui. Et tant qu'à l'accuser de meurtre, le contrebandier Frédéric, qui vient d'être arrêté par le brigadier Jantet, est assuré par son entourage que Urbain l'a de plus dénoncé pour trafic de tabac.

Frédéric est condamné à trois mois de prison ferme. Il aurait pu pardonner à celui qu'il croit être coupable de dénonciation. Malheureusement pour Urbain, celui-ci est amoureux de Jeanne, la sœur de Frédéric, que ce dernier a promis à Rambarde. Mais Jeanne elle aussi est amoureuse de Urbain. Et malgré les menaces proférées à l'égard du conseiller municipal par Frédéric dès sa sortie de prison, Jeanne et Urbain décident de s'installer ensemble. Et parce que vivre dans la région est devenue risquée pour le couple, ils choisissent de quitter Cantagrel. Mais alors qu'il croise la route de Jentet, Urbain apprend de la bouche même du brigadier que Frédéric à été involontairement dénoncé par Capucet trois mois plus tôt alors qu'il était ivre. C'est ainsi que le couple décide de retourner vivre à Cantagrel dans la ferme de Urbain, malgré les menaces qui pèsent sur lui...

La Table Aux Crevés est le premier long-métrage de Henri Verneuil, surtout connu pour avoir été l'un des grands réalisateurs français spécialisés dans le film policier. Jean-Paul Belmondo reste l'acteur auquel il a confié le plus grand nombre de rôles avec des titres aussi célèbres que Cent Mille Dollars Au Soleil ou encore le pseudo-giallo à la française Peur Sur La ville. Pour son premier long-métrage, il fait confiance à Fernandel et lui confie le rôle de Urbain Coindet. L'acteur comique fait preuve ici d'un talent étonnant dans un registre radicalement différent de celui auquel nous sommes habitués. Car en effet, La Table Aux Crevés est un drame et permet à l'acteur de donner libre court à un panel d'expressions tout à fait saisissant.

Son personnage, cynique, fait face à la population d'un village scindé en deux. On y découvre avec effroi les rancœurs enfouies depuis des lustres et qu'un événement va faire resurgir. L'amour est au centre de cette intrigue paysanne aux dialogues bluffants. Car bien au delà de l'excellente interprétation, ce sont bien ceux-ci qui marquent durablement les esprits. L'humour, très noir dont fait preuve le personnage de Fernandel parait presque anachronique et il faudra sans doute attendre le talent d'un cinéaste de la trempe de Bertrand Blier pour retrouver cette verve cinglante assénée ici par un Fernandel magistral. Il faut assister au désespoir d'Urbain, le regard rivé au dessous du corps suspendu à une corde de son épouse Aurélie, et l'entendre asséner un "J'aurai jamais cru que le piton de la suspension soit aussi solide" pour comprendre. Et des répliques telles que celle-ci, le film en compte quelque-unes aussi savoureuses. La Table Aux Crevés ne fait donc pas partie des œuvres les plus connues du cinéaste et de l'acteur mais il offre un vrai moment de détente, entre humour caustique, drame en milieu rural et histoire d'amour contrariée. Un bien beau film...

mardi 21 mai 2013

Cycle Fernandel: Le Mystère Saint-Val de René Le Hénaff (1945)



Désiré vient de remporter un concours de détective amateur. Il s'en vante auprès de son entourage et fait part de son indéfectible sens de l'observation et de son incroyable flair. Son seul défaut finalement, étant de ne pas supporter la vue d'un cadavre. Travaillant dans les assurances, et précisément contre le vol, il arrive au bureau avec trois quart d'heure de retard. Son patron, qui n'est autre que son oncle, Henri, ne sachant pas comment se débarrasser de son neveu du fait de sa parenté, apprend que Désiré a gagné au concours de détective amateur. C'est ainsi qu'il l'envoi résoudre un étrange mystère survenu dans l'immense demeure des Saint-Val dans laquelle le propriétaire des lieux a été retrouvé mort. Désiré accepte avec engouement et part donc enquêter.

Lorsque le jeune assureur arrive sur les lieux, l'ambiance est sinistre. Il est accueilli par les inquiétants Antoine, le maitre d'hôtel et Suzy, la gouvernante. Assise dans le salon, Madame de Saint-Val présente à Désiré les quelques amis qui sont venus la soutenir : la jeune actrice Suzy Delcourt, le Docteur Dartignac, Max Roberthal, un ami du défunt. Antoine et Rose montent les bagages de Désiré qui commence à investir la demeure afin de trouver pour quelle raison on aurait voulu assassiner Monsieur de Saint-Val.

Mais ce qui n'était encore qu'une vague supposition finit par devenir une certitude pour le jeune enquêteur lorsque est retrouvée morte la propriétaire des lieux. Le Docteur Dartignac diagnostique une mort fulgurante due à une piqûre derrière l'oreille. Désiré découvre plus tard qu'elle a été faite à l'aide d'une sarbacane, celle-là même qui a disparue de la pièce où elle était exposée...

Réalisé en 1945, Le Mystère Saint-Val est la première des deux collaborations entre le cinéaste René Le Hénaff et le prolifique acteur Fernandel (les deux hommes tourneront ensemble cinq ans plus tard Uniformes Et Grandes Manœuvres). Dès lors que le personnage de Désiré pénètre la demeure des Saint-Val, une ambiance lugubre est instaurée. Entre les inquiétants serviteurs, le mutisme dont semblent être victimes les invités de la propriétaire, et l'orgue qui anime la soirée, le spectateur est directement plongé dans une ambiance qui rappelle de part ses décors, certaines œuvres de la Hammer. Certains visages (notamment ceux d'Antoine et Suzy) et la manière dont sont filmés les décors (idée ingénieuse mais très vite abandonnée en cours de route) rappellent l'expressionnisme allemand. Quand au déroulement de l'intrigue, nous ne sommes pas loin de l’œuvre d'Agatha Christie et tout particulièrement de son célèbrissime Dix Petits Nègres (Le roman policier le plus vendu dans le monde). La supercherie, elle, par contre, ressemble à celle d'une œuvre horrifique qui verra le jour trente-six ans plus tard, Happy Birthday To Me.

Fernandel devient donc le bouc émissaire d'une plaisanterie de mauvais goût. Une manière de le mettre face à cette prétention qu'il aime étaler au grand jour. On appréciera l'ambiance générale. Cette petite note d'humour que l'on retrouve dans le comportement de Fernandel et qui désamorce l'angoisse qui pourrait naître des étouffants décors, du comportement curieux des serviteurs et de la série de meurtres dont est témoin le pseudo-détective. Dune aura fantastique et d'une enquête intéressante à suivre, on passe alors à un déluge d'événements dont Désiré, finalement, sortira vainqueur.

Le Mystère Saint-Val s'éloigne donc grandement des œuvres comiques auxquelles Fernandel nous a si souvent habitués. Et si l'humour est omniprésent, on nage surtout en pleine intrigue policière. Une très bonne surprise...

jeudi 16 mai 2013

Dark Skies de Scott Charles Stewart (2013) - ★★★★★★★☆☆☆



Lacey et Daniel Barret vivent heureux dans une bourgade paisible des États-Unis avec leurs deux fils Jesse et Sam. Lacey est agent immobilière et Daniel est au chômage. Les parents de Jesse aimeraient que leur fils arrête de fréquente son ami Kevin Ratner, un jeune crétin qui aime faire les quatre-cent coups et adore les films pornographiques. Tout semble aller pour le mieux pour la petite famille jusqu'au jour où Sam commence à faire de curieux rêves dans lesquels le hante un étrange marchand de sable. D'étranges événements secouent la famille. Un individu semble s'introduire la nuit dans la demeure durant le sommeil de ses habitants. La nourriture disparaît et quelqu'un semble s'amuser à empiler des objets dans la cuisine, du sol au plafond. De plus, se dessinent sur ce dernier d'étranges symboles. Sur les conseils du shérif, Daniel réactive l'alarme de la maison qui ne tarde pas à résonner dans toute la maison dès la nuit suivante. Pourtant personne ne semble s'être introduit et l'alarme fonctionne parfaitement.

Les jours qui suivent d'autres événements se produisent dans l'entourage des Barret. Chacun à leur tour, le père, la mère et les deux enfants semblent perdre conscience de ce qui les entoure et sont incapables de maîtriser leur corps et de se souvenir des heures qui précédent leur retour à la réalité. Une nuit, Lacey croise la silhouette d'un curieux individu dans la chambre de Sam. Elle fait part de ses doutes à Daniel qui nie alors toute intervention extraterrestre dans les événements qui se produisent.

Alors que la situation devient de plus en plus critique et que Lacey et Daniel ne parviennent pas à trouver une issue heureuse au drame qui pourrit littéralement la vie de leur couple et celle de leurs enfants, il décident de faire appel à Edwin Pollard, un ermite vivant dans une demeure dont les murs sont tapissés de témoignages sur des enlèvements. L'homme leur explique alors qu'ils ne sont pas les premiers à venir frapper à sa porte et que ce qu'ils vivent actuellement a déjà touché de nombreuses personnes. La visite chez cet homme permet enfin à Lacey et Daniel de mettre un mot sur le cauchemar qu'il sont en train de vivre...


"Deux possibilités existent. Soit nous sommes seuls dans l'univers, soit nous ne le sommes pas.Les deux hypothèses sont tout aussi effrayantes."

Cette citation de Arthur C. Clarke qui ouvre , met d'entrée de jeu le spectateur dans l'ambiance. Une prophétie dont on peut examiner l'exactitude durant l'heure trente que dure l’œuvre de Scott Charles Stewart. Un choix personnel qui paraît de prime abord devoir plomber tout le suspens que le synopsis nous fait espérer mais qui finalement n'a que peu d'impact sur le déroulement de l'intrigue. Car il faut avouer qu'à défaut d'un déluge d'effets-spéciaux (qui se résument ici à quelques curieuses et menaçantes silhouettes, un déluge d'oiseaux venant s'écraser contre les murs et les fenêtres de la maison et à une huitaine de caméras branchées filmant vingt-quatre heures sur vingt-quatre toutes les pièces de cette dernière) c'est l'interprétation, la bande-son et la multitude d'événements quis se produisent qui offrent à Dark Skies un suspens et quelques frayeurs véritablement tangibles.

Certains se sont amusés à comparer Dark Skies à Paranormal Activity. Pourquoi ? A cause des caméras. C'est vraiment le seul point commun entre les deux œuvres. Le second n'est qu'une purge infâme pour lequel seuls de très jeunes enfants pourraient éventuellement trouver un intérêt. L comparaison s'arrête là. Dark Skies est éminemment plus intelligent dans son traitement. Sans y adjoindre d'assommants effets-spéciaux, le film apparaît comme un témoignage plutôt réaliste de ce qui pourrait arriver si un jour une famille devait être confrontée à un tel événement. Abordé de manière peu conventionnelle, Dark Skies est donc un très bon film.

vendredi 10 mai 2013

Massacre A La Tronçonneuse de Marcus Nispel (2003)



Lorsqu'en 1974 Tobe Hooper réalise Massacre à la Tronçonneuse, il est bien loin d'imaginer que son film va devenir l'une des œuvres horrifiques les plus célèbres et les plus emblématique du genre. Trente ans après, on en parle encore et de fait, il reste comme l'épisode (suites et remakes confondus) le plus abouti. Trente ans plus tard, Marcus Nispel tourne un remake presque fidèle à l'original. Et pour appuyer cet aspect, il situe l'action en 1974, l'année où est censé se dérouler le drame originel. Là où Hooper nous jetait à la face une pellicule nauséeuse placée sous un soleil de cagnard, Nispel lui préfère un climat ensoleillé, certes, mais beaucoup moins pesant. Beaucoup d'aspects divergent entre le film original et son remake.

Scénario, environnement et casting de timbrés:

Les situations paraissent être sensiblement les mêmes et pourtant, la version de 2003 s'éloigne de celle de 1974 tout en conservant un certain nombre de points communs. La famille Tronçonneuse est bien différente puisque désormais, on y trouve des grands-parents bien vivants (un éclopé et une épouse rigide et bigote), un (pseudo) shérif qui prend un peu trop à cœur son métier, et même un gamin, seul élément de la famille à posséder un reste d'humanité. On compte également quelques autres énergumènes tout aussi frappés, notamment une gargantuesque femelle, aussi écœurante qu'adipeuse. Exit l’autostoppeur (ici remplacé par la victime d'un précédent massacre) et le cuistot-garagiste. On retiendra évidemment la présence du célèbre Leatherface, personnage emblématique de la saga sans lequel celle-ci n'a pas lieu d'être. Les héros de cette nouvelle mouture ne viennent pas rendre vite au cadavre exhumé de deux d'entre eux mais reviennent du Mexique une peluche remplie d'herbe. Très vite, le spectateur est placé au cœur de l'action avec l'apparition d'une jeune femme hébétée croisant la route de cinq jeunes adultes. Le point de départ d'une longue traque entre une famille de dégénérés vivant dans une immense demeure au look extérieur impressionnant, mais qui ne reflète cependant pas l'image bienveillante d'une maison chaleureuse comme c'était le cas dans le film original. Les angles précis de cet enfer de béton sont à priori bien trop menaçants pour que l'on puisse imaginer les héros y trouver de l'aide.

En 1974, les murs de la propriété renfermaient un univers monstrueux et reflétant la folie de ses occupants. Il y régnait une atmosphère dérangeante et étouffante que l'on a du mal à retrouver dans le remake, malgré des décors soignés: Des murs suintant, des réfrigérateurs remplis de bocaux à l'intérieur desquels baignent des restes humains, et un sous-sol, véritable salle de torture où Leatherface laisse libre cours à ses fantasmes nécrophiles. Leatherface justement, qui, si dans le film de Hooper apparaissait comme le monstre ultime caché derrière des masques de peau humaine, n'est plus ici qu'une grotesque copie dont Marcus Nispel fait l'immense erreur de nous montrer le vrai visage. La plus grosse (et navrante) différence, c'est que son monstre nous est décrit comme tel et jamais comme un homme. Celui de Hooper, malgré toute l'horreur que l'on pouvait éprouver pour lui, demeurait bien un être humain. Nispel cherche à rendre à tout prix l'ambiance de l'original sans jamais y parvenir. Le grain si caractéristique du 16 mm ne pouvant pas être remplacé par de simples décors aussi réussis soient-ils.

Rythme et bande sonore:

Marcus Nispel veut assurer un rythme soutenu et permanent. Une volonté louable mais qui tombe à l'eau. En prenant son temps, Hooper plantait le décor et nous accoutumait à ses personnages de victimes, créant ainsi un lien entre eux et le spectateur. Beaucoup moins sérieux, ceux de Nispel ne sont rien d'autres que des fumeurs d'herbes obsédés par le sexe. S'il faut attendre une bonne demi-heure avant que le périple de la seule et unique survivante du film de Hooper n'arrive, le rythme est ensuite si soutenu qu'il ne laisse plus le temps au spectateur de souffler. Le pourtant très convainquant remake est au regard de son ancêtre relativement ennuyeux si on les compare. Points de frissons ni de vrai malaise donc. La musique pioche dans quelques classiques, quand Hooper nous assénait une bande-son curieuse, industrielle, cacophonique et entremêlée de morceaux de country qui pour nous français, rendaient encore plus dépaysant le voyage dans cet enfer américain et rural.

Massacre à la Tronçonneuse 2003 est donc un excellent remake mais qui à côté de celui réalisé par Tobe Hooper fait tout de même pâle figure...

samedi 4 mai 2013

Maniac de Franck Khalfoun (2012)




En 1980, Maniac fait l'effet d'une bombe dans le genre encore très underground du cinéma d'épouvante. Le succès auprès des amateurs du genre ne s'est, depuis, jamais démenti. William Lustig qui s'est jusqu'à maintenant contenté de produire des bandes pornographiques se lance dans un projet dont l'aspect final ne l'éloigne pourtant pas de ses premières amours. Car si le Maniac de 1980 n'offre aucun plan de sexe rapproché, le portrait que fait le cinéaste de son psychopathe demeure encore aujourd'hui comme l'un des plus dérangeants. Un voyage dans l'esprit tourmenté d'un quadragénaire fou amoureux de sa maman, la même qui punissait son rejeton à coups de brûlures de cigarettes. Le film s'auréolait d'une ambiance morbide spectaculaire et des plus flippante. Alors que Lustig filmait son tueur au plus près (l'impressionnant Joe Spinell), Franck Khalfoun place sa caméra entre les mains vengeresses de son meurtrier. Un parti-pris subjectif qui pourra déboussoler mais qui dans le fond, permet au remake de se distinguer de son aîné. En 1980, Lustig choisit les rues crasseuses de New-York où prostituées et couples adultères s'ébattent, créant ainsi un terrain de chasse idéal pour le prédateur en quête de sensations morbides. Le grain de la pellicule vient renforcer l'impression de malaise permanent qui transpire à chaque plan. En 2012, l'image est propre, nette et sans bavures, hormis les parasites qui viennent fausser la perception visuelle du héros (alors en pleine crise de démence) et par là même celle du spectateur.
 
Une appréhension naît chez le fan de la première heure bien avant la sortie du film lorsque l'identité de l'acteur interprétant le Franck Zito du remake est annoncée. Comment Elijah Wood va-t-il pouvoir se mesurer à l'extraordinaire et libidineux Joe Spinell quand le souvenir de son rôle dans Le Seigneur Des Anneaux reste à ce jour dans l'esprit de tous ? Spinell avait l'avantage de n'avoir pas d'efforts à fournir pour donner le frisson. Son visage grêlé, son imposante stature et son charisme naturel suffisaient à eux seuls à donner un cachet particulier à son personnage. Un doute subsiste. Wood est beaucoup plus jeune, arbore le visage de l'innocence et paraît bien frêle à côté des victimes délurées dont il fait son tableau de chasse. C'est pourtant ces détails qui rendent son personnage si troublant. Celui qu'on imagine plutôt côtoyer les boites de nuit va se révéler un prédateur admirable devant la caméra de Khalfoun, le subjectif renforçant cet aspect. Lustig ne lâche jamais son personnage, sa caméra le suivant elle-même comme une prédatrice. 
 
D'un point de vue scénaristique, les deux films sont semblables. Chacun des tueurs est traumatisé par une enfance difficile. Mais si en 1980 celle-ci n'est que suggérée, en 2012 les plans montrant les néfastes conséquences du comportement de la mère de Franck nous sont exposés de manière métronomique tout au long de l’œuvre. Dès les premières minutes, on savait que le film de William Lutig serait bien différent des
Vendredi 13 et autres Halloween. Celui de Khalfoun a le mérite d'éviter cet aspect insidieux qui vérole la majorité des productions actuelles. Des œuvres que pas même l'image poisseuse et les hectolitres de sang ne parviennent à hisser au niveau de celles dont elles semblent s'inspirer. Le Maniac de 2012 est un film adulte qui ne vise pas uniquement les adolescents boutonneux, mais aussi les fans de la première heure qui sont depuis plus de trente ans à la recherche de frissons similaires et qui, il faut bien l'avouer, sont quelque peu restés sur leur faim.
En 1980, les effets numériques n'existent pas encore et il ne peut encore germer dans l'esprit du cinéaste une telle hypothèse. C'est ainsi qu'il fait appel à Tom Savini. LE spécialiste des effets gore à base de latex. Le bonhomme s'en donne à cœur joie. Le film n'est en effet pas avare en plans gore et le travail accompli sur ces derniers demeure encore aujourd'hui une référence inaltérable. Aujourd'hui, et alors que les effets-spéciaux ont fait un bond spectaculaire, Khalfoun a réussit un mariage subtil entre maquillage et numérique. Tant et si bien que l'on a beau scruter le moindre détail, on ne devine jamais quand l'un prend le dessus sur l'autre. 

Concernant la bande-son, et même s'il nous arrive d'être agréablement surpris par le travail accompli par Rob sur le film de 2012, elle n'arrive cependant pas à faire de l'ombre à la traumatisante partition de Jay Chattaway sur celui de William Lustig. Entre nappes synthétiques et piano désaccordé, elle foutait à elle-seule une trouille bleue. On vantera tout de même l'approche très eighties de Rob qui injecte des thèmes se rapprochant de l'esprit des années quatre-vingt. 
 
Maniac 2012 - Le petit plus :
 
D'un point de vue strictement personnel, la relation entre le Franck Zito interprété par Joe Spinell et Anna (Caroline Munroe) en 1980 tombait comme un cheveu dans la soupe. Elle permettait sans doute au cinéaste de donner à son héros un peu d'humanité mais brisait la sensation d'étouffement qui emprisonnait les spectateurs. Un bol d'air frais sans doute essentiel aux yeux de William Lustig mais qui ouvrait la porte à une seconde partie beaucoup moins nauséeuse. Le parti-pris de Khalfoun de réitérer l'expérience à cependant un impact bien différent. La première demi-heure du film est lourde et sans saveur. On regrette presque déjà d'avoir jeté un œil sur le remake. Mais quand naît l’ambiguë relation entre Anna et Franck, on est forcément touchés par l'émotion que dégage les scènes qui les lient. Une belle rencontre dans la psyché désordonnée d'un tueur fou qui ressemble pour de TRES courts instants à un être tout à fait normal. 

Maniac 2012 - Le petit moins :
 
La fameuse scène dans le métro restera sans doute celle la plus marquante de l’œuvre de William Lustig. Un véritable cauchemar imprimé sur pellicule, et qui donne à partager ce que doit probablement vivre la proie d'un tueur en série. Une chasse aux confins de la détresse et de la solitude pour une jeune femme aux abois qui trouve refuge dans les toilettes crasseuses d'une station de métro. Un piège dans lequel elle tombe volontairement et qui, bien sûr, se referme sur elle. L'angoisse est terrible. L'attente aussi. Tout (et rien) nous prépare à ce qui va advenir de la jeune femme et pourtant, comme elle, on cesse de respirer dans l'espoir de voir naître une issue heureuse. Kahlfoun décide de donner sa vision de cette scène emblématique. Sauf qu'il décide de livrer sa victime au tueur dans un lieu beaucoup moins exigu. Ce qui atténue quelque peu l'impact de cette scène. Dans le film de 1980, les murs des toilettes sont aveugles. Seuls quelques tags sont témoins de ce qu'il va advenir de la jeune femme. En 2012, c'est au milieu d'un parking que se joue le drame. Des dizaines de voitures, un immeuble à proximité et le choix de tourner le plan en un lieu non confiné rendent possible une fin optimiste. La scène, tournée, en vue subjective écarte alors tout suspense (Où est le tueur? A-t-il abandonné sa proie ?).
 
Maniac 2012 demeure donc un très bel hommage au film de William Lustig. Mais au risque de paraître vieux jeu, il faut reconnaître que le film de Franck Khalfoun est loin de distiller la peur et le malaise auxquels on s'attendait. Au regard de la majorité des films d'horreur qui sortent depuis quelques années, le remake reste cependant très efficace.

mercredi 1 mai 2013

Va, Va Vierge Pour La Deuxième Fois de Koji Wakamatsu (1969)




 
 
Un jour, sur le toit d'un immeuble, une jeune femme est violée par quatre individus. Lorsque ceux-ci en ont terminé avec leur victime, ils prennent la fuite et la laissent évanouie sur le sol. Lorsqu'elle reprend connaissance le lendemain matin, elle aperçoit un jeune garçon qui la veille. Répétant inlassablement que c'est la seconde fois qu'elle est violée, elle supplie le garçon de la tuer. Mais ce dernier refuse, arguant qu'il lui faut une bonne raison pour le faire. Lui même aimerait échapper à cette existence morne qui s'ouvre à lui. Se penchant par dessus la rambarde donnant sur le vide, les deux adolescents pensent durant un moment à se jeter par dessus bord. Puis ils se demandent combien de temps il leur faudrait pour toucher le sol.

La jeune fille fuit, disparaît dans une ouverture à travers laquelle l'eau ruisselle, et se purifie du viol dont elle a été victime la veille. Le garçon la suit, la retrouve nue et prostrée sous la douche improvisée. Il s'approche d'elle. La prend dans ses bras, et tous les deux retournent alors quelques mètres plus bas, sur le toit de l'immeuble.

Le désir de mourir de la gamine est plus fort encore. Lui, ne veut pas être son bourreau. A moins qu'elle trouve une raison suffisante qui le motivera à aider la jeune fille à se libérer de sa triste existence. Afin de motiver ou de dégoutter la jeune femme de son projet de mourir, le garçon lui propose de l'accompagner jusqu'à chez lui, dans la chambre où la veille, il a tué deux couples de dépravés qui ont osé exécuter sur lui des pratiques contre-nature. Écœurée par la représentation vivante de ce qu'elle cherche à atteindre, la jeune fille hésite. Mais bientôt, les violeurs refont surface et le jeune garçon qui jusqu'à maintenant est resté en retrait, se décide à agir pour le bien de sa nouvelle amie...


"Chauffe-toi au soleil jusqu'à ne plus transpirer"

Va, Va, Vierge Pour La Deuxième Fois de Koji Wakamatsu est un nouveau portrait dressé sur deux existence perdues qui se cherchent, se trouvent et se détruisent. Mais ici, contrairement à Quand l'Embryon Part Braconner et Les Anges Violés, les vrais héros ne sont pas les bourreaux mais leurs victimes. Victimes au pluriel car au delà de la jeune fille violée par quatre paumés, il s'agit également de dresser le portrait minimaliste d'un adolescent mal dans sa peau et auquel la vie n'apporte rien de bon, ainsi que celui d'une jeunesse qui n'a pas de repères auxquels se raccrocher et qui se laisse aller à la dérive.

Nos deux héros vivent leur histoire au sommet d'un immeuble dans l'idée de se jeter dans le vide. Là où justement, à quelques dizaines de mètres plus bas la vie s'active et où tous sont étrangers au drame qui se noue. Ils rêvent de quitter cet endroit nu, abandonné, pour venir s'écraser sur un sol où la vie, elle, justement fourmille. Ce toit qui leur sert de décor est aussi vide que leur existence. Ils n'ont pas de contact avec le monde extérieur et tout ce qu'il en connaissent est la violence figuré par le viol collectif dont est victime l'adolescente. Même ce qui apparaît comme un éventuel salut (le réconfort d'une demeure) est perverti par la présence d'adultes pervers vers lesquels ils ne peuvent se tourner. Sous l'apparente tranquillité d'un regard "sous verres", le jeune homme rumine son désespoir sans même parvenir à réagir alors même que la jeune femme est aux prises avec les violeurs. Il est le témoin muet d'un sordide scénario et lorsqu'enfin il parvient à se ressaisir, il est déjà trop tard, et ce n'est pas le massacre dont il se rend responsable qui va évacuer toutes les frustrations dont la jeune fille et lui sont victimes.

Va, Va, Vierge Pour La Deuxième Fois oppose une nouvelle fois la femme à la misogynie et au machisme des hommes. Cette fois-ci pourtant, elle sera épaulée par cet ogre que nous dépeint au fil de sa filmographie Koji Wakamatsu. L'oeuvre alterne les plans de viols et de nudité avec une certaines poésie. Comme pour Les Anges Violés le cinéaste traite certains plans en couleur. Comme pour renforcer l'horreur de certaines situations. On s'attache à ce garçon et à cette adolescente qui approche la majorité et qui pourtant n'est encore qu'une gamine. Une fois encore Koji Wakamatsu dénude son héroïne, ne se formalisant jamais de son âge. Une œuvre à découvrir, elle aussi.
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